médicaments génériques

C o l l o q u e
La valeur des
médicaments
génériques
R é s u m é d u collo q u e te n u à M o n tr é a l
Presenté par
Les médicaments génériques constituent
la seule composante du système de santé canadien à voir les prix
diminuer. Le 26 octobre, à la lumière de cette constatation, des promoteurs de
régimes d’avantages sociaux, des assureurs et des experts-conseils se sont réunis
à Montréal pour discuter des avantages, sur les plans médical et économique,
à augmenter l’utilisation des médicaments génériques en vue de rendre leurs
régimes plus abordables et plus pertinents d’un point de vue clinique. Le colloque
d’une demi-journée a eu lieu à l’hôtel Fairmont Le Reine Elizabeth.
Des pharmacologues, des chercheurs en réglementation des médicaments,
des experts-conseils en gestion et des conseillers médicaux étaient au nombre
des conférenciers. Trois thèmes sont ressortis de leurs exposés. D’abord, les
génériques, plus anciens, sont souvent aussi efficaces que les médicaments de
marque récents; ils peuvent représenter un choix plus sûr pour les patients car
les médicaments originaux sont sur le marché depuis plus longtemps et leur
profil d’innocuité est mieux compris par les responsables de la réglementation,
les médecins prescripteurs et les patients. Ensuite, la possibilité d’étendre
l’utilisation des génériques au Canada est réelle. Enfin, il est possible de
sensibiliser la population au fait que les médicaments génériques peuvent non
seulement être plus sûrs pour la santé, mais leur utilisation peut aussi améliorer
globalement les avantages sociaux des employés.
On a aussi avancé que la spirale du coût des médicaments peut mettre en
péril certains régimes et que les économies réalisées pourraient profiter aux
employés sous forme d’augmentations de salaire ou d’autres avantages.
Les conférenciers étaient tous d’avis que, sur le plan clinique, les listes
de médicaments représentent l’option la plus sensée pour les régimes
d’avantages sociaux. En ce qui concerne les coûts, le fait de réduire la quotepart des participants lorsque les médicaments prescrits sont des génériques
peut certainement représenter un incitatif pour les employés.
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la valeur des
médicaments
génériques
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Résumé du colloque
26 octobre 2011
hôtel Fairmont Le Reine Elizabeth à montréal
Comprendre
la variabilité
Dr Jake Thiessen
Directeur fondateur,
Faculté de pharmacie,
Université de Waterloo, et
professeur émérite, Leslie
Dan Faculty of Pharmacy,
Université de Toronto.
Examen de la qualité, de la
sécurité et de l’efficacité des
médicaments génériques
U
ne des raisons pour lesquelles les Canadiens
pourraient ne pas profiter pleinement des
économies de coûts qu’offrent les médicaest indiqué sur l’étiquette », affirme le Dr Thiessen.
ments génériques est la perception selon laquelle ces
On constate aussi une variation dans l’effet du médiproduits ne sont pas « identiques » aux médicaments
cament entre les prises d’un patient à l’autre, ainsi que
d’origine. Comme le souligne le Dr Jake Thiessen,
dans la réponse de groupes de patients à un médicadirecteur fondateur de la faculté de pharmacie de
ment selon différentes circonstances.
l’Université de Waterloo et professeur émérite auprès
Le mandat de Santé Canada consiste à s’assurer que
de la Leslie Dan Faculty of Pharmacy à l’Université de
les
médicaments auxquels le public canadien a accès
Toronto, le problème réside dans le fait que la plupart
soient sûrs, efficaces et de haute qualité. Néanmoins,
des gens ne maîtrisent pas tout à fait la science de la
comme l’explique le Dr Thiessen, le gouvernement
variabilité des produits.
canadien n’évalue pas les médicaments pour détermiComme le montre cette science, il y a toujours un
ner s’ils sont supérieurs à des agents thérapeutiques
certain degré de variation entre les produits, voire
dans le contenu d’un même produit, explique-t-il. Par
semblables, ni s’ils sont économiques pour les régiexemple, il est impossible que tous les comprimés ou
mes d’assurance publics.
capsules d’une ordonnance soient absolument idenEn fait, « ce dont nous disposons au Canada, ce
tiques et contiennent le dosage exact indiqué sur
sont des critères stricts d’approbation des produits
l’étiquette. De la même façon, il est impossible que
qui nous permettent de déterminer si deux produits
tous les lots d’un même fabricant
sont identiques ou diffésoient identiques les uns aux
rents », conclut-il. Cette
« Un produit de qualité est
autres. Ainsi, les gens seraient
« règle d’or » nous garanconforme aux exigences
tit que tout médicament
surpris d’apprendre qu’un « proréglementaires quand la
générique approuvé par
duit de qualité (qu’il s’agisse d’un
Santé Canada est identimédicament de marque ou d’un
variation de son contenu se
générique) est conforme aux
(sous réserve d’une
situe à un niveau acceptable, que
exigences réglementaires quand
variation acceptable) au
la variation de son contenu se par exemple un écart maximal médicament d’origine sur
situe à un niveau acceptable,
de 10 % par rapport à ce qui le plan de la qualité, de la
sécurité et de l’efficacité.
par exemple un écart maximal
est
indiqué
sur
l’étiquette. »
de 10 % par rapport à ce qui
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Payer jusqu’au
bout du rêve
Alan Cassels
Chercheur en politiques
pharmacologiques,
École des sciences de
l’information sur la santé,
Université de Victoria
Peut-on rêver d’une liste de
médicaments fondée sur la valeur ?
U
n médecin a dit un jour à Alan Cassels, chercheur
en politiques pharmacologiques à l’École des
sciences de l’information sur la santé de l’Univerments d’ordonnance devraient envisager de remanier
sité de Victoria, qu’il ne prescrivait que les médicaments
leurs listes de médicaments, affirme Alan Cassels. Pour
les plus chers pour la raison suivante : « ils produisent un
promouvoir un usage sécuritaire et économique des
meilleur effet placebo ». Cette anecdote illustre une permédicaments, la liste doit être fondée sur une inforception des Canadiens à l’égard des méwdicaments et
mation indépendante et de haute qualité pour les
de l’assurance médicaments qu’Alan Cassels considère
tiers-payants, les patients et les prescripteurs. Grâce à
comme l’une des plus problématiques, à savoir : les médicet étayage, la liste de médicaments peut inclure à la
caments plus chers sont meilleurs que les autres. Le coût
fois des substitutions par des génériques et des substides régimes d’assurance médicaments flambe quand
tutions thérapeutiques (c.-à-d., des médicaments moins
cette idée se conjugue à d’autres perceptions erronées
coûteux mais cliniquement équivalents).
telles que : « si mon médecin prescrit un médicament et
L’éducation et la communication sont essentiels
que j’en ai besoin, mon régime doit le rembourser »;
au
succès d’une liste de médicaments gérée, et les
« mon médecin donne des échantillons gratuits de médicaments parce qu’il se soucie de ma santé » et « les
employeurs doivent être disposés à y investir des resmédicaments sont gratuits; ils ne me coûtent rien ».
sources. « Éduquer les tiers-payants, les patients et les
Malgré le coût croissant de l’assurance, plus de la
prescripteurs sur le principe de la valeur en contreparmoitié de tous les régimes d’employeurs offrent une
tie de l’argent contribuerait à promouvoir un usage
liste de médicaments ouverte ou
plus rationnel des médicaments »,
qui ne comporte aucune restricsouligne Alan Cassels. S’ils se per« Éduquer les tierstion. La plupart de ces régimes
mettent d’interroger leur médecin
payants,
les
patients
sur les raisons pour lesquelles ce
étant basés sur une coassurance
et les prescripteurs sur dernier prescrit tel ou tel médicade 80 % à 100 %, les employeurs
portent pratiquement seuls le farle principe de la valeur ment ou distribue des échantillons
deau de l’escalade du coût des
gratuits, les patients ont de plus
en
contrepartie
de
médicaments, et les employés sont
grandes chances de recevoir le
l’argent contribuerait à médicament le plus efficace, et non
peu motivés à chercher de la valeur
le plus récent ou le plus populaire.
dans leurs ordonnances.
promouvoir un usage
« Si on prend la peine de le réaLes employeurs à la recherche
plus rationnel des
liser,
le rêve d’un régime axé sur la
de nouveaux moyens de faire face
médicaments. »
valeur est à notre portée. »
aux coûts croissants des médicaPAGE 3 de 9
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L’expérience
américaine
Dr Steven Goldberg
Vice-président
aux affaires médicales à
Express Scripts Inc.
Des listes de médicaments et
des incitatifs pour favoriser
l’utilisation des génériques
S
elon le directeur médical d’un important gestionnaire de régimes d’assurance médicaments
aux États-Unis, les régimes d’avantages sociaux
au Canada pourraient être plus rentables et
Ces médicaments comptent pour quelque 20 % des
plus viables, tout en procurant les médicaments les plus
coûts des régimes au Canada et leur prix augmente
sûrs, s’ils s’inspiraient de l’expérience américaine.
d’environ 15 % par année.
Le Dr Steven Goldberg, vice-président aux affaires
Le Dr Goldberg estime que pour favoriser une
médicales chez Express Scripts Inc., une société de
plus grande utilisation des médicaments génériques
gestion de régimes d’assurance médicaments regrouau Canada, une gestion plus dynamique des
pant 60 millions de participants, explique que la mesure
régimes s’impose.
la plus importante a été de favoriser une plus grande
Aux États-Unis, l’expérience a montré que le
utilisation des médicaments génériques.
meilleur moyen de favoriser l’utilisation des médiAux États-Unis, 72 % de toutes les ordonnances sont
caments génériques est de fonder les régimes sur
délivrées pour des médicaments génériques, contre
une liste de médicaments et d’amener les promo59 % seulement au Canada.
teurs à adopter des incitatifs, par exemple éliminer
« Les médicaments génériques améliorent la qualité
la quote-part de l’employé pour les ordonnances de
des soins tout en contribuant à ralentir l’escalade du
médicaments génériques.
prix des médicaments, soutient le
L’utilisation de listes de médicaDr Goldberg. Chaque fois qu’un
ments – médicaments approuvés
médicament de marque est utipar un comité indépendant de
lisé alors qu’il existe un générique
spécialistes comme étant les trai« Chaque
fois
qu’un
équivalent, c’est une perte sèche
tements les plus adéquats pour
pour le régime. »
médicament de marque diverses maladies – a mené à une
Le Dr Goldberg ajoute qu’il est
plus grande utilisation de médicaest utilisé alors qu’il
de plus en plus urgent de réduire
ments génériques aux États-Unis
existe
un
générique
le gaspillage étant donné la hausse
comparativement au Canada, selon
équivalent, c’est une
de l’utilisation – et des prix – des
le Dr Goldberg.
médicaments spécialisés destinés
On peut considérer que les
perte sèche pour
à traiter le cancer et des maladies
médicaments génériques sont
le régime. »
inflammatoires comme la sclérose
parmi les médicaments les plus
en plaques et l’arthrite rhumatoïde.
sûrs car ils existent depuis plus
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longtemps que les médicaments de marque récents.
« Le travail scientifique exigé pour qu’un médicament
soit approuvé par la Food and Drug Administration implique souvent des milliers de personnes, mais lorsque le
médicament est sur le marché, il est testé sur des millions
de patients, ce qui augmente d’autant les expériences
et les données accumulées », explique le Dr Goldberg.
Il souligne par ailleurs qu’au cours des 25 dernières
années, 21 des 25 principaux rappels de médicaments
concernaient des médicaments de marque.
Lorsque les participants aux régimes – de même que
les promoteurs et les assureurs – comprennent que les
médicaments génériques sont plus économiques et
souvent même plus sûrs que certains médicaments de
marque récents, ils constatent que l’utilisation de médicaments génériques est bénéfique non seulement pour
leur santé, mais pour la viabilité économique à long
terme de leur régime dans le contexte de la hausse du
prix des médicaments.
« Il est important de sensibiliser la population au
profil d’innocuité des médicaments génériques et aux
avantages de la réduction des pertes pour le régime »,
poursuit le Dr Goldberg.
Il conclut que l’augmentation du taux de prescription de médicaments génériques – pourcentage des
ordonnances de médicaments génériques par rapport
aux médicaments de marque – pourrait être accélérée
par les moyens suivants :
• Traitement par étapes. Exiger du participant qu’il
essaie d’abord un médicament générique avant
d’opter pour un médicament de marque.
• Variation progressive de la quote-part. Ajuster la
quote-part du participant selon le type de médicament : réduction ou suppression pour un médicament
générique, réduction pour un médicament de marque
à faible coût, augmentation pour un médicament de
marque à prix élevé.
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Il est temps d’agir
François Joseph Poirier
Actuaire et associé
chez Mercer
Modifier les régimes d’assurance
médicaments afin de profiter de
la baisse des prix
«L
es diverses réformes des régimes d’assurance
médicaments au Canada réduisent le prix de
détail des médicaments génériques, mais la
plupart des promoteurs de régimes privés ne profitent
pas dans une juste mesure des économies réalisées. Les
d’ordonnance et de la marge bénéficiaire sur les médipromoteurs doivent donc dès maintenant être proactifs
caments
s’applique seulement aux régimes publics
et gérer les coûts liés aux médicaments en favorisant une
dans la plupart des provinces. Ainsi, les payeurs privés
plus grande utilisation des médicaments génériques. »
risquent de payer des marges plus élevées et doivent
C’est le conseil que donne François Joseph Poirier,
rester à l’affût à cet égard. « Il est encore plus important
actuaire et associé chez Mercer, aux promoteurs de
aujourd’hui qu’il y a deux ans de connaître les stratégies
régime. M. Poirier dirige l’équipe du secteur pharmade gestion des coûts, fait remarquer M. Poirier. De plus,
ceutique de Mercer et conseille les clients sur la gestion
des risques financiers et les stratégies à adopter dans le
les promoteurs de régimes privés devraient intervenir,
le cas échéant, et veiller à ce qu’une plus grande procadre des régimes d’assurance médicaments.
portion de leurs dépenses liées aux médicaments soit
M. Poirier rappelle qu’au cours des deux dernières
années, la plupart des provinces ont procédé à des
affectée aux médicaments génériques plutôt qu’aux
réformes visant à plafonner les
médicaments de marque, et ce,
sommes exigées pour le coût
en intégrant à leur régime une
des ingrédients des médicaliste de médicaments. »
« Les promoteurs
ments génériques. C’est ce qui
L’autre question qui mérite
fait baisser le prix de détail des
attention
concerne les économies
de régimes privés
médicaments génériques à
escomptées à la fin des brevets.
devraient intervenir et
L’équipe de M. Poirier a analysé
25 % de l’équivalent de marque
veiller à ce qu’une plus
quatre médicaments de marque
en Ontario et au Québec, à 35 %
couramment prescrits : Lipitor
en Colombie-Britannique, en
grande proportion de
Saskatchewan et en Nouvelle(cholestérol), Effexor (dépresleurs
dépenses
liées
Écosse et à 45 % en Alberta.
sion), Neurontin (douleurs neuaux médicaments soit
Mais alors que la majorité des
ropathiques et crises d’épilepsie)
règles concernant les prix ont été
affectée aux médicaments et Naproxen (inflammation).
appliquées à tous les payeurs,
génériques plutôt qu’aux Résultat, lorsque les brevets sont
arrivés à échéance, les ordonM. Poirier souligne que le plamédicaments
de
marque. »
nances pour les médicaments de
fonnement des frais d’exécution
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marque de remplacement (Crestor, Cipralex, Lyrica et
Celebrex, respectivement) ont monté en flèche.
M. Poirier ajoute qu’il s’agit d’un domaine où la
gestion active favorisant l’utilisation de médicaments
génériques pourrait aider les promoteurs de régime à
maintenir le coût des médicaments peu élevé.
Selon M. Poirier, le meilleur moyen d’exercer un contrôle sur le prix des médicaments est sans contredit
la carte de paiement direct (la base de données de
Mercer montre que le quart des promoteurs n’en ont
pas) conjuguée à une liste de médicaments approuvés. Les promoteurs doivent s’assurer que l’émetteur
de la carte-médicaments réduit la marge bénéficiaire
à 10 % du coût des ingrédients, sans permettre l’ajout
de frais supplémentaires
La liste de médicaments doit donner lieu à différents niveaux de remboursement : 90 % et même
100 % pour les médicaments génériques à faible
coût et les médicaments de marque sans générique
existant; remboursement moindre pour les médicaments pour lesquels il existe un substitut moins cher.
La quote-part de l’employée est ainsi plus élevée pour
les médicaments coûteux lorsque la liste propose une
option moins coûteuse.
Pour conclure, M. Poirier souligne qu’afin de maximiser les économies, au moins 70 % des médicaments
prescrits devraient être des médicaments génériques.
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Pour réduire les
risques financiers
Des experts répondent
aux questions
QP
eut-on avoir la certitude que
les médicaments génériques sont aussi
efficaces que les médicaments de marque ?
Dr Jake Thiessen : Oui. La différence
est infime et ne dépasse pas le degré
de différence existant entre deux lots du
même médicament de marque. Chaque
nouveau lot du fabricant diffère légèrement
du précédent, et la différence entre le
générique et l’équivalent de marque est
aussi minime que cette différence.
QQ
uelle est la différence entre la
substitution générique et la substitution
thérapeutique ?
Dr Thiessen : Par substitution générique, on
entend le remplacement d’un médicament
de marque par un générique. Il s’agit de la
même molécule active, fabriquée par une
autre compagnie. Par exemple, célécoxib
est un terme chimique – ou nom générique
– et Celebrex est le nom de marque, mais
leur composition chimique est identique.
Dans le cas de la substitution
thérapeutique, on tente de voir s’il existe une
autre molécule ou une autre médication ayant
le même effet, mais à un prix moindre. Il ne
s’agit pas du même produit chimique, mais
d’un produit appartenant à la même classe de
médicaments et qui donne le même résultat.
QC
omment les employeurs peuvent-
ils améliorer la gestion de leur régime
d’avantages sociaux ?
Alan Cassels : Ils doivent commencer
par établir une liste de médicaments. Par
exemple, nous estimons à 15 % l’économie
que pourrait réaliser le régime d’assurance
médicaments du syndicat des enseignants
de la Colombie-Britannique en adoptant la
liste du régime de santé de la province, soit
celle qui s’adresse à tous les citoyens de la
Colombie-Britannique.
Le Syndicat des travailleurs canadien
de l’automobile (TCA Canada) et le
Syndicat des travailleurs et travailleuses
des postes sont d’excellents exemples de
gestion d’une liste de médicaments. Ils ont
quelques années d’avance sur de nombreux
employeurs quant à l’adoption d’une liste et
ils font en général affaire avec des assureurs
sans but lucratif.
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François Joseph Poirier : Nous avons
toujours abordé les avantages sociaux en
établissant une comparaison avec ceux que
d’autres entreprises offrent à leurs employés.
Or cette formule est dépassée. Nous devons
maintenant sensibiliser les employeurs, les
salariés et les syndicats à toute la question
des médicaments et aux moyens de
générer des économies, lesquelles pourront
s’appliquer à des augmentations de salaire.
Q L es régimes privés peuvent-ils s’inspirer
des listes provinciales ?
Dr Steven Goldberg : Nous pouvons
concevoir un régime d’avantages sociaux qui
atteindra des objectifs précis d’économies
dans une année. Prenons l’exemple de
notre travail auprès de l’un de nos clients,
un gouvernement d’état aux États-Unis.
Nous avons pu atteindre les objectifs
d’économies fixés grâce à l’adoption
d’une liste de médicaments comportant
exclusivement des génériques pour un
groupe de fonctionnaires (parmi lesquels de
nombreux législateurs). Lorsque nous avons
évalué l’utilisation des médicaments dans
ce groupe de plus de 100 000 employés,
nous avons constaté que sur une période de
trois mois, moins de 25 personnes avaient
présenté des demandes de dérogation.
Et plusieurs de ces cas ont été réglés
simplement par le dialogue entre un
directeur médical d’Express Scripts et le
médecin du participant.
QB
ien des gens ont la perception que ce
sont les employeurs – ceux qui paient
pour le régime – qui ne réagissent pas à la
situation. Attendent-ils d’atteindre le point
de rupture ?
François Joseph Poirier : Ils attendent
seulement qu’on leur présente une
demande de remboursement d’un demimillion de dollars !
Certaines pharmacothérapies de longue
durée ont un coût équivalent à celui d’une
invalidité totale. Au cours des 10 dernières
années, nous avons adopté des stratégies de
gestion de l’invalidité et les employés doivent
traverser diverses étapes pour toucher des
prestations d’invalidité. Or les médicaments
représentent exactement le même risque
financier et nous devons agir en conséquence.
Alan Cassels : J’étudie le rôle que joue
l’industrie des médicaments de marque
dans la prise de décision. Des gestionnaires
de ressources humaines sont invités à des
conférences où on tente de les convaincre
qu’ils devraient payer pour les médicaments
les plus récents – et les plus onéreux – afin
que les employés reprennent le travail
rapidement. Or rien ne prouve qu’une liste de
médicaments sans réserve accélère le retour
au travail. En fait, les listes qui favorisent
l’utilisation de médicaments plus anciens
(souvent des génériques) présentent une
mesure de sécurité supplémentaire, car les
médicaments plus anciens ont été « testés »
sur un plus grand nombre de personnes.
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