Kongo - Marines Editions

Transcription

Kongo - Marines Editions
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de Pearl Harbour à Hiroshima
Simon Liot de Nortbécourt
Marines éditions
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Lorsqu’en 1851, le commodore américain Perry, chargé d’établir des relations avec le Japon, arriva en baie
d’Edo (ancien nom de Tokyo), celui-ci sortait à peine du Moyen Âge. Replié volontairement sur lui-même, le
Japon s’ouvrit enfin au monde par l’intermédiaire des Américains puis des Anglais. Pays insulaire, il lui fallut
rapidement se constituer une flotte pour pouvoir commercer. Une marine moderne prit forme avec des navires anglais, sous le contrôle d’officiers de la Royal Navy. Puis les Japonais commencèrent à commander des
bâtiments de guerre aux chantiers européens, avant de conclure une alliance navale en 1902 avec la GrandeBretagne. Disposant d’une flotte bien entraînée et commandée par de brillants amiraux, le Japon anéantit la
flotte russe à Tsushima en mai 1905, se révélant alors au monde entier comme une puissance naissante. Désireux de voir son influence s’accroître, le Japon resta toutefois aux côtés des Anglais lors de la Première Guerre
mondiale (gagnant alors les bases allemandes dans le Pacifique central) mais se démarqua ensuite d’eux peu
à peu. Jusqu’à la fin des années vingt, les différents gouvernements, la plupart modérés, acceptèrent les programmes navals de la marine tout en refusant une course effrénée aux armements qui aurait mené le pays à
la catastrophe.
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flotte de guerre nippone se développa donc rapidement et - même si tous les programmes ne purent être
respectés pour des raisons économiques - devint en 1941 la troisième marine du monde : elle disposait de
10 cuirassés modernes (deux cuirassés géants allaient entrer en service), une flotte de porte-avions d’escadre
unique, des croiseurs modernes ainsi qu’une flottille de destroyers performants. L’entraînement au combat,
particulièrement le combat de nuit, avait été très poussé (il portera ses fruits lors des premiers mois de la
guerre), les différents armements tels que les canons et les torpilles comptaient parmi les plus efficaces…
Mais à cause du crack boursier de 1929 et de la crise économique mondiale qui s’ensuivit, les officiers les
plus bellicistes s’imposèrent et décidèrent de créer une marine capable de rivaliser avec les États-Unis, enfreignant ainsi le traité de Washington de 1922 qui prévoyait un rapport de 5-3 entre les USA et le Japon. La
Cependant, si elle remporta de nombreux succès, de décembre 1941 à mai 1942, la marine impériale fut
vite incapable de protéger l’ensemble du territoire conquis, la pénurie de carburant limitant notamment son
action. Quant à la construction navale, elle ne put suivre durant le conflit les besoins en réparations ou en
constructions neuves. Plus grave encore, la stratégie était défaillante car la doctrine sur laquelle s’appuyait la
marine se révéla obsolète. Lorsqu’elle entra en guerre, son seul but était de rechercher à tout prix la « bataille
décisive » qu’elle remporterait immanquablement avec ses cuirassés. Tout l’effort mis sur les porte-avions et
sur les croiseurs lourds ne servit à rien puisqu’ils restèrent assujettis à la flotte de bataille sans être suffisamment employés à opérer des raids après la phase de conquête. Restant sur la défensive à la suite de Midway
et de Guadalcanal, la marine japonaise fut écrasée par l’effort de guerre américain malgré des tentatives ingénieuses de contre-offensive. En 1945, la quasi-totalité des navires nippons reposait au fond du Pacifique.
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Musée maritime de Kure, Japon - YAMATO MUSEUM
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Musée maritime de Kure, Japon - YAMATO MUSEUM
Musée maritime de Kure, Japon - YAMATO MUSEUM
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1937
Le Kongo d’origine était reconnaissable à ses canons anti-torpilleurs situés au sommet des tourelles.
Kongo
LeLeKirishima
Kirishina en 1941.
Chantiers
Sur cale
Lancement
En service
Vickers
17/01/11
18/05/12
16/08/13
Hiei
Yokosuka
04/11/11
21/11/12
04/08/14
Haruna
Kawasaki
16/03/12
14/12/13
19/04/15
Kongo
Kirishima
Mitsubishi
17/03/12
01/12/13
19/04/15
Déplacement : 32 220 t
37 200 t
Dimensions :
221.9 x 30.8 x 9.5
Puissance :
Machines :
136 000 ch
Vitesse : 30
4 turbines Kampon, 8 chaudières Kampon ( Haruna : 11 ),
4 hélices
Rayon d’action : 10 000 milles à 18 nœuds
Effectif :
1 437
Protection :
Armement :
Ceinture : 203, pont : 120, tourelles : 230
8 x 356 ( II x 4 ), 14 x 152, 8 x 127 ( II x 4 ), 20 x25,
1 catapulte, 3 hydravions
de juillet 1926 à juillet 1928 ; le Kirishima à
Kure de mars 1927 à mars 1930. La coque fut
renforcée, le blindage du pont fut augmenté
et on passa de trois à deux cheminées. Trois
hydravions pouvaient être embarqués ; le
mât avant se transforma en une superstructure plus importante. Les 36 chaudières furent remplacées par de nouvelles (Kongo :
10, Haruna : 16, Kirishima : 10) et la vitesse diminua de 27,5 à 26 nœuds. Enfin, l’élévation
des canons de 356 mm fut rehaussée de 33
à 43 degrés et on enleva 4 tubes lance-torpilles. Du fait du traité de Washington de février 1922, qui limitait le tonnage de navires
de ligne, le Hiei fut démilitarisé d’octobre à
novembre 1929 et devint navire école. Il perdit sa tourelle arrière de 356 mm, ses canons
Lorsque le Japon voulut se doter d’une
classe de croiseurs de bataille, il décida de
commander la première unité aux chantiers
anglais. Conçu par Sir George Thurston, le
Kongo, premier numéro de la série, fut suivi
de trois autres bâtiments assemblés sur le territoire nippon. Avec un blindage élevé et une
forte puissance de feu, les Kongo représentaient un grand pas en avant. Mis en service
avant et pendant la Première Guerre mondiale, ils ne jouèrent qu’un faible rôle durant
celle-ci. Toutefois, en 1917, le Haruna fut endommagé par une mine allemande mouillée
par le corsaire Wolf. Puis tous, sauf le Hiei,
furent modernisés à la fin des années vingt,
le Kongo à Yokosuka de septembre 1929 à
mars 1931 ; le Haruna à Yokosuka également
15
pour les revues navales. Placés en réserve, ils
naviguèrent ensuite en Chine et à Formose.
En 1940-1941, le blindage des barbettes fut
augmenté et la ventilation revue.
Au début du conflit, les quatre Kongo formaient la 3e division de cuirassés. Le Kongo
et le Haruna étaient rattachés depuis le
29 novembre 1941 à la 2e Flotte du vice-amiral Kondo et partirent pour Makung où ils arrivèrent le 2 décembre, en vue d’un soutien
éloigné des forces d’invasion. Le Hiei et le Kirishima faisaient partie du 1er Koku Sentaï du
vice-amiral Nagumo ayant pour but d’attaquer la base navale américaine de Pearl Harbour. Ils avaient donc quitté le Japon depuis
le 26 novembre. Le Kongo et le Haruna ratèrent un engagement avec l’escadre anglaise
de l’amiral Philipps qui fut finalement coulée
par l’aviation terrestre le 10 décembre en
mer de Chine méridionale. Ils soutinrent ensuite l’invasion de la Malaisie en escortant des
convois. Pendant ce temps, les deux autres,
après l’assaut sur Pearl Harbour le 7 décembre, rentrèrent au Japon. Ils mouillèrent à
Kure le 24 décembre. Cette pause fut brève
de 152 mm, son blindage fut réduit ainsi que
le nombre de chaudières. La vitesse était de
18 nœuds.
De 1934 à 1940, on les refondit tous complètement (Kongo à Sasebo de juin 1935
à janvier 1937 ; Hiei à Kure d’avril 37 à janvier 1940 ; Haruna à Kure d’août 33 à septembre 1934 ; Kirishima à Sasebo de novembre 1934 à juin 1936). Cette mesure
était nécessaire pour que les porte-avions
d’escadre soient protégés par des navires
aussi rapides qu’eux. La longueur augmenta
de 214,6 à 219,6 m. Le blindage (et donc le
tonnage) s’accrut lui aussi, les derniers tubes
lance-torpilles furent supprimés et de nouvelles turbines et chaudières portèrent la
vitesse à 30 nœuds. L’armement antiaérien
fut remanié : ils possédaient 8 x 127 mm et
20 canons de 25 mm. Une catapulte et un
système de rails furent disposés juste devant
la tourelle de 356 mm n° 3. Trois hydravions
de reconnaissance furent embarqués. Le Hiei
reçut une superstructure nouvelle qui servit pour les cuirassés Yamato. En effet, il fut
choisi par Hiro-Hito comme navire impérial
Malgré son désarmement en 1929, le Hiei fut reconstruit en cuirassé rapide au cours des années 30
et reçut une superstructure spéciale qui influença celle des supercuirassés Yamato.
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16
la bataille des Salomon orientales le 24 août.
Le 14 septembre, le Kongo fut attaqué sans
succès par des bombardiers US. Puis, dans
la nuit du 13 octobre, le Kongo et le Haruna
(vice-amiral Kurita) arrivèrent devant Henderson Field à Guadalcanal pour pilonner la
piste d’aviation. Pendant deux heures, ils la
bombardèrent à l’aide de plus de 400 obus
de 356 mm, détruisant au moins 40 avions
et ébranlant le moral des marines. La bataille
des îles Santa Cruz, treize jours plus tard, n’eut
aucun effet sur la classe, seul le Kongo subit
l’attaque d’Avenger. Bien que se révélant être
une victoire japonaise, la bataille de Santa
Cruz laissait toujours les combats de Guadalcanal (surnommé « île de la mort » par les
Japonais) en suspens. Aussi, le vice-amiral
Kondo demanda au vice-amiral Abe d’écraser une fois pour toutes Henderson Field.
Les navires nippons (Hiei et Kirishima) se présentèrent avec leur escorte le 12 novembre
au soir mais les Américains étaient sur zone.
Bien que repérés, les Japonais profitèrent de
leur expérience du combat de nuit : une salve s’écrasa sur le croiseur léger Atlanta tuant
l’amiral Scott. Le Kirishima détruisit le pont
du San Francisco qui réussit à survivre. Au final, Abe n’avait perdu que deux destroyers ;
cependant le Hiei, touché par une cinquantaine d’obus, se retira piteusement. Très abîmé, il fut découvert par l’aviation américaine
qui l’acheva à la torpille. Il semblerait que le
Hiei fut sabordé mais des doutes subsistent
toujours sur la cause finale de sa disparition.
En tout cas, Abe fut relevé de son commandement par Yamamoto, furieux de la perte
du navire. Quant au Kirishima il revint le 14
pour tenter d’accomplir la mission. Cette
fois-ci, les Américains l’attendaient de pied
puisque Nagumo repartit début janvier pour
la prise de Rabaul et le bombardement de
Port Darwin. Le 21 février 1942, la jonction
fut faite entre Nagumo et les deux autres
Kongo aux îles Célèbes, en baie de Sterling.
Ils restèrent en alerte du 10 au 25 mars puis
se préparèrent pour le raid en Océan Indien.
Le Kongo, le Hiei, le Kirishima, et le Haruna
étaient placés sous les ordres du vice-amiral
Mikawa. Le 26 mars, l’opération débuta : la
flotte appareilla et pendant un mois elle effectua une opération spectaculaire. Le Kongo
fut néanmoins attaqué par des bombardiers
anglais Blenheim le 9 avril mais ne fut pas
touché. L’amiral Nagumo rentra en métropole le 22 avril. Les quatre navires entrèrent
alors en carénage. Le 27 mai 1942, le Kongo
et le Hiei quittèrent Hashirajima appartenant
à la 2e Flotte du vice-amiral Kondo pour participer à la bataille de Midway. Le Haruna et
le Kirishima accompagnaient alors la flotte
de porte-avions de Nagumo censée détruire les défenses de l’atoll et leurs adversaires
américains. Le plan échoua, les cuirassés ne
purent empêcher la perte des porte-avions
le 4 juin malgré leur DCA ; ils furent même
attaqués par des appareils américains. Le 6,
le Kongo et le Hiei partirent pour le Nord en
vue d’une contre-attaque américaine qui ne
se réalisa pas. Après ce désastre, l’organisation de la classe fut remodelée : le Haruna
rejoignit le Kongo à partir du 10 juillet tandis
que le Hiei et le Kirishima (Sentai* 11) furent
regroupés. Le Kongo et le Kirishima furent dotés d’un radar type 21 le 1er août. Durant les
batailles des Salomon et de Guadalcanal, ils
furent tous intensément engagés. Arrivés à
Truk (grande base navale japonaise dans les
îles Caroline) mi-août, le Sentai 11 prit part à
17
et Wake en septembre et octobre 1943. Les
deux cuirassés retrouvèrent Sasebo à la fin
de l’année. Du 30 janvier au 14 février 1944,
ils furent réarmés, l’armement secondaire
diminua (au final : 8 x 152 mm) au profit de
deux autres affûts doubles de 127 mm et
12 x 25 mm. Le 15 mai, ils arrivèrent à Tawi
Tawi ayant quitté le Japon le 11. Après mazoutage, ils escortèrent les porte-avions de la
3e division. Pendant l’opération A-Go, bataille
de la mer des Philippines, ils ripostèrent aux
attaques aériennes ennemies et protégèrent
du mieux qu’ils purent le Chiyoda le 20 juin.
Les deux cuirassés étaient alors commandés
par le vice-amiral Yoshio Suzuki. Mais le Haruna fut atteint par une bombe. Le 22 juin,
les restes de la première Flotte Mobile - dont
les Kongo et Haruna - mouillèrent dans la
baie de Nakagasuku à Okinawa. Le Kongo
entra en cale sèche à Kure en été où il reçut
deux radars type 13 et 22 ainsi qu’un nombre considérable de canons de 25 mm (tout
comme le Haruna). Passant à 100, il atteignit
ferme. L’engagement nocturne commença
en faveur des Japonais puisque le Kirishima
endommagea son homologue l’USS South
Dakota. Néanmoins le cuirassé Washington
commandé par le brillant contre-amiral Lee
ouvrit le feu sur le Kirishima qui fut irrémédiablement touché. À l’état d’épave, il fut sabordé le 15 novembre. Ayant perdu deux cuirassés, Yamamoto refusa d’exposer tout autre
navire de ligne. Après avoir couvert le repli
japonais à Guadalcanal début février 1943,
le Kongo et le Haruna furent immobilisés à
Sasebo du 27 février au 13 mars et virent leur
DCA augmenter à 28 x 25 mm (perdant en
échange deux de 152 mm), décision prise à
la suite de la destruction de leurs sister-ships.
Le Haruna reçut un radar type 21. Le 12 mai,
ils se préparèrent à repousser l’offensive américaine sur Attu dans les îles Aléoutiennes
mais restèrent finalement en baie de Tokyo.
Ils arrivèrent à Truk en septembre et participèrent aux tentatives nippones de repousser
la flotte américaine qui bombarda Tarawa
18
*division.
Le Kirishima, vu ici en 1939 avec le porte-avions Akagi,
fut le premier navire de ligne japonais à être détruit par guidage radar, en novembre 1942.
Musée maritime de Kure, Japon - YAMATO MUSEUM
Musée maritime de Kure, Japon - YAMATO MUSEUM
Le Haruna en 1934. Le mât ‘ pagode’’ devint une caractéristique des cuirassés japonais reconstruits.
À Midway, il ne fut pas endommagé malgré des attaques aériennes.
lui ; mais, face à une résistance hargneuse
des Américains, Kurita préféra se replier. La
flotte fit demi-tour ; le Haruna se sépara ensuite du Kongo. Le 16 novembre 44, le Kongo
appareilla de Brunei. Le 21, alors qu’il se trouvait dans le détroit de Formose, il fut torpillé
par le sous-marin USS Sealion. Trois engins
firent mouche provoquant une explosion.
Le Kongo coula à 5 h 24 ne laissant que 237
survivants. Resté dans les parages de Lingga
et de Singapour, le Haruna arriva à Sasebo le
10 décembre 44 avant de mouiller à Kure le
12. Il fut intensément bombardé par l’aéronavale américaine les 24 et 28 juillet 1945, et
chavira le 28 vers 16 h 15.
118 en septembre de la même année ! Peu
après le débarquement de MacArthur début octobre aux Philippines, l’amiral Kurita
fut chargé d’annihiler la flotte de débarquement stationnant devant Leyte. Pour cela,
il disposait d’une puissante force de frappe
dont les deux Kongo. Le 25 octobre, au petit matin, l’escadre japonaise arriva face à
Samar, dernier rempart avant Leyte. Le contre-amiral Sprague qui commandait un petit groupe de porte-avions d’escorte prit le
parti de s’opposer à Kurita. Le destroyer Hoel
attaqua le Kongo qui répliqua de plusieurs
salves de 356 mm, touchant mortellement
le destroyer téméraire. Le Kongo ne fut que
légèrement atteint par des Helldivers, le Haruna échappa aux torpilles lancées contre
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1941
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F
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Le cuirassé Fuso en mer après sa mise en service.
Il disposait alors de 12 canons de 356 mm mais les tourelles centrales étaient mal positionnées.
Le Fuso en 1941.
Fuso
Yamashiro
Chantiers
Sur cale
Lancement
En service
Kure
11/03/12
28/03/14
08/11/15
Yokosuka
20/11/13
03/11/15
31/03/17
Déplacement : 34 700 t
39 154 t
Dimensions :
212,75 x 30,48 x 9,5
Puissance :
Machines :
Rayon d’action :
Effectif :
75 000 ch
Vitesse : 24,7
4 turbines Kampon, 6 chaudières Kampon, 4 hélices
11 800 milles à 16 nœuds
1 400
Protection :
Armement :
Ceinture : 305, pont : 96, tourelles : 305
12 x 356 ( II x 6 ), 14 x 152, 8 x 127 ( II x 4 ), 16 x 25,
1 catapulte, 3 hydravions
Fuso
pour servir de navire d’entraînement. Une
plateforme de décollage fut installée sur sa
seconde tourelle avant, la rendant inutilisable dans sa fonction première, mais contribuant utilement ainsi aux essais japonais en
la matière. Plus tard, en 1927-1928, les mâts
de misaine furent modifiés (comme sur les
Ise) avec l’ajout de projecteurs et de deux
canons de 80 mm. Afin de les moderniser, ils
furent refondus au début des années trente
(1930-1935) aux chantiers de Kure (Fuso) et
de Yokosuka (Yamashiro). Ils reçurent une très
haute superstructure en « pagode » qui allait
devenir une caractéristique des cuirassés japonais reconstruits. De nouvelles turbines
Les Fuso furent les premiers cuirassés
« modernes » construits par le Japon. Mis en
chantier peu avant la Première Guerre mondiale, ils possédaient un armement secondaire classique (16 x 152 mm) mais le principal était placé de façon inhabituelle : les deux
tourelles centrales, séparées par une cheminée, se trouvaient décalées d’un niveau. Radicalement différents des navires antérieurs
car plus grands, plus puissants et plus rapides
(22 nœuds), le Fuso et le Yamashiro participèrent aux opérations de la Triple Alliance dans
le Pacifique, modestement cependant.
Lors des débuts de l’aéronavale japonaise
en 1921-1922, le Yamashiro fut réquisitionné
21
et chaudières furent installées à l’intérieur
d’une coque agrandie, dotée de ballasts et
de bulges anti-torpilles. Une des deux cheminées fut enlevée, la protection du pont
consolidée, les tubes lance-torpilles supprimés. En échange, on installa huit canons de
127 mm, 16 x 13,2 mm (Fuso) ou 8 x 13,2 mm
et 2 x 40 mm (Yamashiro) ainsi qu’une catapulte (sur la tourelle centrale avant pour le
Fuso et à l’arrière pour le Yamashiro) et trois
hydravions. La catapulte du Fuso sera replacée à la poupe peu avant le début de la
guerre. Le Yamashiro pouvait se différencier
du Fuso par quelques petits détails. Le principal concernait les tourelles de 356 mm : alors
que le Fuso avait ses deux tourelles centrales
orientées différemment, le Yamashiro avait
ses tourelles tournées toutes les deux vers
l’arrière. De plus, la superstructure n’avait pas
tout à fait la même forme. En 1937, ils perdirent 2 de 152 mm ; en 1941, ils disposaient
d’une batterie de 16 x 25 mm.
Dépassant les 24.5 nœuds, la classe Fuso
était trop lente pour soutenir le rythme des
porte-avions d’escadre. De plus, ils étaient jugés insuffisamment blindés, ce qui les fit reléguer au second plan. Ils restèrent donc au
mouillage dans l’attente de la bataille « décisive » (le fameux duel au canon entre cuirassés qui devait démontrer la supériorité de la
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Le Fuso et le Yamashiro furent tous les deux anéantis le même jour, le 25 octobre 1944 dans le détroit de Surigao.
22
que sur Biak en Nouvelle-Guinée. Du 20 juillet
au 10 août, la DCA fut élargie à 110 x 25 mm
(Fuso) ou à 92 x 25 mm (Yamashiro) avec
l’installation de radars types 13 et 22. En octobre 1944, le Fuso commandé par le contre-amiral Ban, et le Yamashiro par le contreamiral Shinoda, formaient le gros de l’escadre
du vice-amiral Nishimura chargé de forcer
le détroit de Surigao, au sud de Leyte, pour
écraser la flotte de débarquement ennemie
avec l’aide de Kurita venant du nord. Appareillant de Brunei le 22 octobre, Nishimura dirigea ses navires vers l’entrée du détroit sous
les assauts répétés des avions américains qui
endommagèrent le Fuso par une bombe.
Le 25 au matin, la force japonaise se heurta
à la Task Force de l’amiral Oldendorf, constituée de six cuirassés anciens, huit croiseurs
plus une trentaine de destroyers et quarante
patrouilleurs torpilleurs. Écartant sans peine
les vedettes lance-torpilles, les cuirassés furent pris à partie par les destroyers adverses.
Vers 3 heures, l’USS Melvin lança deux torpilles sur le Fuso. Touché, ce dernier continua
le combat mais, à 3 h 45, les soutes à munitions explosèrent avec une brutalité terrifiante, coupant le bâtiment en deux épaves
enflammées qu’acheva au canon le croiseur
Louisville. Bien que torpillé, le Yamashiro se
dirigeait toujours vers l’accès au détroit lorsqu’il fut soudain pris sous le feu des cuirassés
américains. Rapidement, la superstructure
fut réduite en poussière, ses tourelles - hors
d’usage - au silence. Brûlant de la poupe à la
proue, le Yamashiro se retourna et s’engloutit
avec Nishimura dans les flots.
Le seul fait marquant des Fuso fut ainsi d’avoir participé au dernier affrontement
de l’Histoire entre cuirassés.
marine japonaise), gardés en Mer Intérieure
comme force de réserve. Les Fuso ne sortirent
des eaux territoriales que très peu : ils partirent
pour les îles Bonin le 8 décembre 1941 mais
rentrèrent au Japon le 13 et poursuivirent sans
résultats les porte-avions US du raid Doolittle dont les B-25 avaient bombardé Tokyo le
18 avril 1942. En juin, ils firent partie de la flotte
de diversion des îles Aléoutiennes (opération
AL). Suite à l’échec du plan MI en juin (victoire
américaine à Midway), ils restèrent avec les Ise
au Japon. Après quelques carénages, le Fuso
et le Yamashiro participèrent à des exercices
en décembre 1942, le Fuso étant alors navire
d’entraînement jusqu’au 15 janvier 1943. Lorsque le 8 juin, le Mutsu explosa à Hashirajima
(voir Nagato), le Fuso se trouvait sur place et
permit la récupération de 353 survivants grâce à ses embarcations de sauvetage. Il avait
été prévu que la classe Fuso soit transformée
en cuirassé/porte-avions ; cependant l’idée fut
abandonnée à cause de l’importance de tels
travaux (de toute façon l’aéronavale japonaise
n’avait plus que quelques mois à vivre). Seule
la classe Ise fut concernée. Du 18 au 22 juillet,
ils furent placés en cales sèches à Kure et reçurent un radar type 21. La DCA passa à 37 x
25 mm. Ils prirent part ensuite au renforcement de Truk. Le Fuso y arriva le 23 août avec
troupes et matériels divers. Il y fut rejoint le
20 octobre par son sister-ship. C’est sur le
trajet Truk-Kure que, le 5 novembre 1943, le
Yamashiro, escortant le porte-avions Junyo,
fut touché par une torpille ainsi que le Junyo.
Heureusement, elle n’explosa pas ce qui laissa
le cuirassé indemne.
Peu actifs au début de l’année 1944, le Fuso
et le Yamashiro revinrent au Japon en juin
après une tentative avortée de contre-atta-
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