Sport et commotion cérébrale
Transcription
Sport et commotion cérébrale
Sport et commotion cérébrale JF Chermann (Hopital Léopold Bellan Paris) Présentation de la problématique Boxe, rugby…..tennis Augmentation nette de son incidence depuis 20 ans - modification des morphotypes, augmentation de la force des impacts - meilleure sensibilisation des parents - meilleure formation des médecins Différencier professionnels et amateurs - l’importance des médias entraînant un risque de mimétisme des amateurs mais aussi des jeunes par rapport aux joueurs de Haut niveau Epidémiologie (USA) 1. 2 millions de cas par an (foot US, hockey sur glace, basket, sport le plus pratiqué) 2. 2011 : la commotion cérébrale devient un fléau national 3. on parle en nombre, risques au basket, hockey/G, foot US, catch : de 1990 à 1999, augmentation au hockey (+ 269), au foot US (25 % soit 77 footballeurs)… 4. Sports de combat : foot US, rugby, hockey/G, équitation, basket, handball, ski, sports mécaniques (motos), patinage 5. sports et nombre de licenciés : peu de boxeurs, beaucoup de judokas (40 000 licenciés en boxe, 600000 en judo) en France. En France, le football en a beaucoup (sport le plus pratiqué) La commotion cérébrale ne fait pas appel à la chirurgie, est peu neurologique d’où une certaine ANOSOGNOSIE à son égard 1 Travail avec CNOSF, les médecins fédéraux (et surtout la FF Rugby) Sur les KO ; pertes de connaissance (Journal de Traumato du Sport) Dangerosité des commotions cérébrales Répétition, reprise trop précoce, intérêt de la notion du syndrome du second impact (++ chez l’enfant), accumulation des commotions avec le risque de survenue d’une « Encéphalopathie chronique post traumatique » (démence du boxeur : Laurent Dauthuile) Pourquoi le « second impact » ? Et pourquoi des décès chez les moins de 20 ans ? Complications à court terme Une nouvelle commotion avec prolongement du syndrome post commotionnel (maux de tête, irritabilité, troubles du sommeil…) Survenue d’une autre blessure Syndrome du second impact (< 20 ans) Altération de la performance sportive en cas de reprise précoce avec un risque accumulatif de 80 % Etude US : suivi de 3439 joueurs de foot US Pros de 1955 à 1988 avec différenciation selon postes rapides (quatter back..) et postes lents. Augmentation du nombre de décès par causes neurologiques (SLA, Parkinson, démence) au niveau des postes rapides Diminution de l’espérance de vie sur ces mêmes postes par rapport à la population générale Facteurs Pronostic Signes importants La perte de connaissance, l’amnésie +/- longue rétrograde et antérograde, la persistance de signes fonctionnels, Des antécédents de commotion Complications à long terme Si la répétition des commotions dépasse 5, le risque est augmenté Insuffisance anté hypophysaire… Encéphalopathie chronique post traumatique… Prévention des commotions Equipement ? Possible intérêt du protège dents, inefficacité du port d’un casque à part un possible intérêt psychologique Règles préconisées Sortir le commotionné immédiatement du jeu avec interdiction de pratique le même jour Le retour à la pratique ne se fera qu’après disparition de tout symptôme (avec reprise par paliers) et négativité des tests psychologiques Solutions préventives Changer les règles : foot US, rugby (mêlée et rachis cervical), port du casque en boxe amateur et surtout diminution du nombre de rounds, nouvelles catégories de poids. En rugby il faudra se pencher sur les phases de ruck 2 Sensibilisation des Sportifs Banque de cerveaux des sportifs décédés aux USA en vue d’une étude sur l’encéphalopathie chronique post traumatique ; il n’y a pas d’équivalent en France Il n’y a pas de service de neuropathologie Comment faire face aux « sub-commotions » ? La sortie transitoire des joueurs susceptibles d’avoir subi une commotion est-elle une bonne chose ? Le joueur sorti peut très bien n’avoir pas d’amnésie mais resté « vaseux » avec une impression de décalage, de ralenti (signes ++) Encéphalopathie chronique post traumatique Chermann Etude in vivo (tests neupsychologiques) Après une douzaine de KO Après une quinzaine de coups sur la tête En boxe, chez les amateurs, sur 36 études à long terme on n’a pas retrouvé de preuves de complications à long terme, mais il y a moins de rounds et le combat est moins long En équitation (danger sur chaque chute), ont été retrouvés des troubles mnésiques isolés, 10 commotions cérébrales sans anomalies neurologiques En football, attention aux têtes répétées chez les « arrières » sur des longues transversales ; il y aurait danger à partir de 436 têtes/an (étude + tests neuros). Après 1320 têtes/an on parle de seuil (troubles faire une IRM) En foot US on retrouve 17% de troubles cognitifs et de signes d’Alzheimer Insuffisance antéhypophysaire Déficit en IGF, ACTH, GH, cortisol … Chez un enfant en cas de commotion cérébrale, faire une courbe Taille et Poids tous les 6 mois Les signes Perte de connaissance, convulsions Troubles de l’équilibre et de la vision Maux de tête, fatigue Etat confusionnel, troubles mnésiques Somnolence, troubles du sommeil Ralentissement des idées Irritabilité, tristesse, impression d’ivresse Hypersensibilité aux bruits et à la lumière Diminution des performances 3 La transmission des informations neuronales est déréglée par perturbation de la sécrétion des messagers chimiques, des substances inflammatoires sont déversées, le cerveau gonfle légèrement et la pression dans la boîte crânienne augmente un peu d’où l’apparition de céphalées, nausées, somnolence… D’où l’intérêt du test de Maddock et de ses questions simples, si suspicion de « CC » à la recherche d’une amnésie post traumatique Sur quel stade sommes-nous ? Dans quelle mi-temps sommes-nous ? Quelle équipe a marqué les derniers points ? Contre quelle équipe as-tu joué la dernière fois ? Ton équipe a-t-elle gagnée le match précédent ? Punch Drunk Syndrome Martland 1928 Décrit chez les boxeurs enchaînant les KO et les combats Démarche ébrieuse Syndrome parkinsonien Lésions périvasculaires (Punch Drunk persistant expliqué par le remplacement des µo hématomes par de la gliose) Troubles du jugement, du comportement, de la mémoire Démence, ataxie, syndrome parkinsonien, tremblements (Ray Sugar Robinson) Aspect macro de troubles microscopiques L’encéphalopathie chronique post traumatique (ECPT) Dépôt de protéine 10 à 20 % des boxeurs pros ont des séquelles Pratique > 10 ans Retraite à un âge > 28 ans KO nombreux et grand nombre de combats Tactique et technique d’évitement défaillantes Anomalies du cytosquelette dans lequel on va retrouver des lésions princeps : problèmes au niveau de la protéine TAU avec dégénérescence neuro-fibrillaire empêchant les molécules de circuler dans la cellule ; par contre pas de dépôt de DNP (ce qui en fait la différence avec l’Alzheimer) On retrouve les mêmes « taupathies » dans d’autres sports (foot, foot US, catch) (DNF et protéine TAU) ; dans le foot US ont été décrits des décès vers l’âge de 40-45 ans précédés de troubles de l’humeur, syndromes dépressifs et TS) Facteurs de risques de l’ECPT Atteinte du seuil de commotion cérébrale Reprise avant une récupération complète Sports professionnels Pratique particulière Obésité, HTA, diabète Reconnaître une commotion cérébrale reste très insidieux - dans l’immédiat : troubles mnésiques, troubles de la statique - le lendemain, fatigue +++, état vaseux, céphalées (coup au cerveau) Il faut alors un repos complet de 48 h, même pour l’activité intellectuelle… 4 Sports de combat autorisant le « hors combat » Monroche. Médecin Fédéral de la « Savate » Mesures pratiques de prévention Port d’un casque ? non Age pour combattre ≥ 18 ans, âge limite 35 ans Arbitrage capital Présence obligatoire d’un médecin Surveillance des entraînements, c’est le point faible car les accidents sont plus fréquents à l’entraînement et on dénombre 1 accident grave ou 1 décès tous les 2 ans Rappel de 4 types de hors combat (HC) Par incapacité simple En raison d’une blessure ou d’un traumatisme crânien Pour trouble de la conscience Pour trouble cérébral Soit toute modification des capacités physiques du combattant Le HC sera soit « technique » (arbitre ou soigneur), soit médical via le délégué officiel 1) Incapacité simple à poursuivre l’activité Par « jet de l’éponge » ; il peut nécessiter un examen médical et entraîner un arrêt d’activité de 7 jours 2) Syncope sans atteinte cérébrale PC brèves dues à un réflexe du système cardio vasculaire ou traumatique (coup violent au niveau des testicules par exemple) Il y a parfois décompte du temps par l’arbitre Décisions surtout fonction de l’altération causale initiale 3) Par blessure non cérébrale Epistaxis, luxation, entorse…on oriente alors le blessé vers un spécialiste ou vers les urgences ; il y a parfois révision de l’aptitude ensuite 4) Trouble de la conscience, même transitoire entraîne 27 jours d’arrêt complet et nécessite un examen médical préalable à la reprise. En fait examen neurologique soit en urgence soit secondaire Examen neurologique préalable à la reprise de l’entraînement et/ou de la compétition Conséquences médicales immédiates de tout HC : l’appréciation du médecin de la rencontre (+++ les minutes qui suivent l’évènement) Rôle du médecin de la rencontre Assurer les 1ers soins et le transfert Rédaction d’un rapport et tirer les conséquences médicales (1 fiche) en mentionnant tout incident ou accident et les éventuelles investigations complémentaires Le passeport médical doit être remis au délégué officiel sous pli cacheté (à destination de la Fédé pour le suivi) ; y préciser l’inaptitude temporaire et les examens possibles à venir. 5 Cumul des « HC du 4ème type» Un 2ème HC dans la même saison entraîne l’arrêt complet pendant 4 mois Sur plusieurs saisons successives ou non, le cumul de 4 HC amène un arrêt complet de la compétition Passeport médical pour les assauts et combats Spécifique à tous les licenciés Seul le médecin peut en prendre connaissance (historique et HC) Il est strictement personnel 1 affiche a été créée en 2011 par les commissions médicales des fédés des arts martiaux et des sports de combat et de contact ; son but est la détection des commotions cérébrales en essayant de les prévenir. Elle s’adresse aux sports affinitaires ; chaque mot en a été pesé. Elle a été officialisée par le CNOSF. 3 règles d’or Arrêt immédiat des compétitions et entraînements Ne pas cacher l’incident aux arbitres, médecin, coach, club… Consulter et observer le repos prescrit Extension au permis de combat Il faut éviter un cumul trans fédérations sportives. Les sports autorisant le « Hors combat » sont les fédérations de boxe anglaise, de la savate et boxe française et disciplines associées (DA), de Muaythaï, de sports de contact et DA, de full contact Difficultés rencontrées Chaque fédération veut garder secrète sa liste de tireurs Les règlements médicaux sont éclectiques et à centraliser Pour centraliser les informations l’idéal est un organisme indépendant respectant la confidentialité. Comment trouver les sources de financement ? Création d’un permis à points en 2013 ? 6 Prise en charge des commotions cérébrales dans le rugby de la sortie du terrain au retour à la compétition Nicolas Barisien (Médécin Fédéral de la FFR) Toute commotion cérébrale est un traumatisme cervical en puissance Le joueur prend un coup, n’a pas perdu connaissance, faut-il le sortir ? L’arbitre lui parle, faut-il appeler le médecin ? Signes objectifs Perte de connaissance (PC), crise convulsive, obnubilation, troubles de l’équilibre entraînent la sortie du terrain Score de Maddock à la demande de l’arbitre Sur quel stade sommes-nous ? Dans quelle mi-temps sommes-nous ? Quelle équipe a marqué les derniers points ? Contre quelle équipe as-tu joué la dernière fois ? Ton équipe a-t-elle gagnée le match précédent ? 1 seule erreur entraîne la sortie Sur le bord du terrain et durant les 3 premières heures : 4 étapes Si le joueur présente 1 des 4 signes objectifs ou si 1 réponse au questionnaire de Maddock est fausse, on le sort S’il n’y a pas de signe et qu’il a bien répondu mais que par la suite sa façon de jouer est devenue bizarre Tout comportement de jeu inhabituel doit alors faire demander sa sortie définitive du terrain avec demande d’examen complémentaire si nécessaire. Si le score, de Glasgow est entre 12 et 13 (habituellement 14 ou 15), on le sort O. Ouverture des yeux (la meilleure réponse) Sous-total /4 4 = Ouverture spontanée des yeux 3 = Ouverture des yeux à la demande 2 = Ouverture des yeux en réponse à la douleur 1 = Pas d’ouverture des yeux M. Meilleure réponse motrice Sous-total /6 6 = Obéit à la demande 5 = Localise la douleur 4 = Réactivité en flexion orientée 3 = Réactivité en flexion réflexe 2 = Réactivité en extension 1 = Absence de réponse motrice V. Meilleure réponse verbale Sous-total /5 5 = Réponse orientée 4 = Réponse confuse 3 = Mots inappropriés 2 = Sons incompréhensibles 1 = Absence de réponse verbale Score de Glasgow (O+V+M) Total /15 7 Test d’équilibre en tandem Déterminez le pied dominant : “Si vous aviez à taper dans un ballon, quel pied utiliseriez-vous ?” « Mettez un pied devant l’autre, de telle sorte que les orteils de votre pied arrière touchent le talon de votre pied avant. Le pied arrière doit être le pied dominant. Équilibrez bien votre poids sur les deux pieds, posés à plat l’un derrière l’autre. Vous allez devoir rester ainsi en équilibre pendant 20 secondes en laissant vos mains sur les hanches et en fermant les yeux. Je vais compter le nombre de fois ou vous allez être déséquilibré et quitter la position. Si vous êtes déséquilibré et quittez la position, ouvrez les yeux, reprenez votre équilibre et la position, et à nouveau fermez les yeux. Je vais commencer à chronométrer lorsque vous allez fermer les yeux ». Chronométrez l’athlète pendant 20 secondes et notez le nombre de rupture de position (les mains quittent les hanches, les yeux s’ouvrent, les pieds se soulèvent, se déplacent, l’athlète chute, …). Si le nombre de ruptures d’équilibre est > 4, on sort le joueur et il a 48 h de repos A 48 h consultation avec un neurologue ou un neurochirurgien pour voir l’évolution de ces symptômes (questionnaire établi par la commission médicale de la FFR et examen neurologique) Détermination des Critères devant faire hospitaliser le joueur lors des 3 premières heures Toute perte de connaissance franche de plus d’une minute Tout signe neurologique déficitaire Obnubilation, somnolence, supérieure à 30 minutes Amnésie de plus de 3 heures Vomissements répétés Crise convulsive Troubles de la coagulation Suspicion de lésion rachidienne cervicale associée Impossibilité d’assurer une surveillance prolongée de plusieurs heures Pas d’avis médical disponible Et sinon Remettre la fiche d’information à l’intention du joueur et de sa famille pouvant se résumer à un repos complet physique mais aussi intellectuel (pas de jeu vidéo, pas d’ordinateur) Vous ne pouvez pas quitter seul le stade, vous devez donc être accompagné(e) par une personne de votre entourage dont le nom sera indiqué ci-dessous et dans le rapport médical initial. Vous n’êtes pas autorisé(e) à conduire votre véhicule jusqu’au lendemain. Reposez-vous et suspendez toute activité physique intense qu’elle soit ou non liée à votre sport pendant au moins 48 h. Évitez les jeux vidéo Toute consommation d’alcool est interdite pendant ces 48 heures, y compris la bière. 8 Ne prenez pas de somnifères, d’aspirine ou d’anti-inflammatoires stéroïdiens ou non, de dérivés morphiniques ni codéinés etc Dater et signer Ceci afin de ne pas pérenniser les symptômes (équivalent d’une entorse du cerveau) A 48 h, consultation auprès d’un neurologue compétent en Commotion cérébrale 1 fiche de questionnaire Information standard Batterie de tests avec scores Test de mémoire immédiate puis de + en + compliqué 1 test d’équilibre bipodal puis unipodal sur chaque pied Il va falloir, alors, se prononcer, évaluer le niveau de la « CC » pour décider ou non le retour au jeu, + le grade augmente, + la durée du repos va croître Grade 1 : pas de PC ni d’amnésie post traumatique Grade 2 : PC < 1min, amnésie < 30 min ou symptômes > 24 h Grade 3 : PC > 1 min Quand pourra-t- il rejouer ? 1, 2, 3 semaines ? Adulte jeune (≤ 20 ans) : 3 semaines quelque soit le grade C’est la 2ème commotion dans les 12 mois : 3 semaines C’est la 3ème dans les 12 mois : 3 mois Attention au syndrome du double impact ou à l’accumulation des commotions (+++) Retour au jeu après repos physique et intellectuel de 48 h Va se faire par paliers sur 24 à 48 h Entraînement doux (vélo, piscine, marche) Entraînement physique normal hors rugby et musculation Entraînement rugby sans contact A ce point, nouvelle consultation et évaluation neurologiques Si elle est satisfaisante Entraînement avec contact Retour à la compétition La question à se poser sera toujours : quand peut-il reprendre : dans 8, 15, 21 jours ? Evaluation pré saison Objectifs de cette évaluation : servir de référence en cas de survenue d’une « CC » au cours de la saison Permettre le suivi du statut cognitif des joueurs au fildes saisons afin de mettre en évidence un éventuel déclin qui pourra être corrélé au nombre cumulé de « CC » Elle se fait par l’intermédiaire du neurochirurgien ou du neurologue référent du club à chaque début de saison Au niveau du secteur fédéral (diagnostic et sortie du terrain) Lésion grave (évaluer en 1er le trauma cervical) évidente 9 L’arbitre avertit l’entraîneur qui seul prend la décision de sortir le joueur en l’absence d’un médecin. Cette information doit être inscrite sur la feuille de match par l’arbitre Le diagnostic étant médical doit être fait dans les 3 h Si on suspecte une « CC », le joueur doit être sorti 5 min (et remplacé temporairement comme pour un saignement) ; on procède à son examen, on fait ou non le diagnostic de CC qui sous entend la sortie définitive ou le retour au jeu. Ce protocole a été expérimenté en Coupe du Monde puis étendu cette année au Top 14 (Championnat de France) Epidémiologie Constitution d’un observatoire médical du Rugby qui débute cette saison avec le Top 14 et qui concerne le Rugby PRO et la filière de Haut Niveau FFR : 400.000 licenciés et ≈ 2000 pros 10