Société pédiatrique canadienne sur l`évaluation et la

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Société pédiatrique canadienne sur l`évaluation et la
Document de principes
L’évaluation et la prise en charge
des enfants et des adolescents victimes d’une
commotion liée à un sport
LK Purcell; Société canadienne de pédiatrie
Comité d’une vie active saine et de la médecine sportive
Version abrégée : Paediatr Child Health 2012;17(1):33
Résumé
Les commotions sont des blessures sportives fréquentes,
et elles sont particulièrement courantes chez les enfants et
les adolescents qui participent à des sports organisés ou à
des activités récréatives. Les symptômes de commotion
peuvent être subtils et négligés par les athlètes, les
entraîneurs et les parents. Un enfant ou un adolescent
qui est victime d’une commotion devrait être
immédiatement retiré du jeu et être évalué par un
médecin dans les plus brefs délais. Il devrait éviter les
activités physiques et cognitives pour se remettre de la
commotion. Une fois les symptômes complètement
résorbés au repos, l’athlète peut suivre un protocole
d’effort graduel, supervisé par un médecin, avant
d’obtenir l’autorisation médicale de retourner au jeu. Il
est essentiel que tous ceux qui participent aux activités
sportives pour les enfants et les adolescents connaissent
les signes et symptômes de commotion afin qu’on puisse
poser un diagnostic exact et rapide et amorcer une
évaluation et une prise en charge convenables. Le présent
document de principes remplace celui qui a été publié en
2006.
Mots-clés : Adolescents; Children; Concussion; Return to
play; Sport; Youth
Introduction
Les commotions sont des blessures courantes que subissent
les enfants qui participent à des sports et à des activités
récréatives. D’après les données des Centers for Disease Control
and Prevention des États-Unis, les départements d’urgence
traitent 135 000 commotions cérébrales liées à un sport ou à
une activité récréative chez des enfants de cinq à 18 ans
chaque année [1]. Une étude récente a déterminé que plus de
250 000 patients de huit à 19 ans se sont présentés à des
départements d’urgence des États-Unis en raison d’une
commotion liée à un sport entre 2001 et 2005 [2]. Dans le
groupe des huit à 13 ans, 58 % de toutes les commotions
étaient liées à un sport, tandis que ce pourcentage fléchissait
à 46 % dans le groupe des 14 à 19 ans. Une autre étude
épidémiologique menée aux États-Unis a établi que les
commotions représentaient 8,9 % de toutes les blessures
sportives subies au secondaire et 5,8 % de celles subies dans
les cycles supérieurs [3]. Cependant, les commotions peuvent
être difficiles à diagnostiquer parce que leurs signes et
symptômes peuvent être subtils et faciles à négliger par les
athlètes, les entraîneurs, les parents et même les médecins [4].
Les athlètes qui les minimisent ou ne les reconnaissent pas ne
feront peut-être pas appel à un professionnel de la santé [5].
En 2006, la Société canadienne de pédiatrie (SCP) a publié
un document de principes sur les commotions liées à un
sport chez les enfants [6]. La Third International Conference on
Concussion in Sport a ensuite eu lieu, en 2008, et un
document consensuel mettant à jour les recommandations
relatives à la prise en charge des commotions liées à un sport
a été publié en 2009 [7]. Le document de principes de la SCP
a été révisé à la lumière du document consensuel de 2009,
afin de mieux aider les médecins et les autres professionnels
de la santé à prendre en charge les enfants et les adolescents
de cinq à 18 ans victimes d’une commotion liée à un sport.
Les recommandations de la SCP ne sont que des lignes
directrices, fondées sur des données à jour et des avis
d’experts. Le présent document de principes traite de la
définition et de la classification des commotions, y compris
les signes et symptômes, les explorations, la prise en charge
des commotions, les lignes directrices de retour au jeu (RAJ)
et la prévention. Puisque la science relative aux commotions
évolue, les médecins sont invités à demeurer prudents dans la
prise en charge des enfants et des adolescents victimes d’une
commotion liée à un sport.
COMITÉ D’UNE VIE ACTIVE SAINE ET DE LA MÉDECINE SPORTIVE, SOCIÉTÉ CANADIENNE DE PÉDIATRIE |
1
La définition de commotion
La commotion se définit comme un processus
physiopathologique complexe qui touche le cerveau, est
induit par des forces biomécaniques traumatiques et entraîne
l’apparition rapide d’une atteinte à court terme de la fonction
neurologique qui se résorbe spontanément [7]-[9]. La
commotion peut être causée par un coup direct asséné à la
tête, au cou ou au visage, ou par un coup infligé ailleurs sur le
corps mais qui transmet une force impulsionnelle à la tête [7][9]. La plupart des commotions ne s’associent pas à une perte
de connaissance ou provoquent seulement une perte de
connaissance transitoire (de quelques secondes) [8].
La classification de la gravité de la
commotion
Les systèmes de classification antérieurs des commotions liées
à un sport ont été largement abandonnés parce qu’ils se
fondaient sur des expériences isolées et n’avaient pas été
validés [7]-[9]. La terminologie simple ou complexe proposée
dans le document consensuel de la Second International
Conference on Concussion in Sport [9] et avalisée dans le premier
document de principes de la SCP [6] a également été
abandonnée, parce que les termes ne décrivaient pas
pleinement les entités en cause et ne permettaient pas de
prédire convenablement la gravité des blessures [7]-[10]. D’après
les recommandations actuelles, la prise en charge des
commotions devrait être individualisée d’après les symptômes
et le rétablissement de l’athlète plutôt que d’après la
classification de la gravité, qui ne peut être déterminée qu’en
rétrospective après la résolution des symptômes, le
rétablissement cognitif et la réussite du protocole graduel
d’effort et de RAJ [7].
L’évaluation de la commotion
Les signes et symptômes
Au tableau 1 figurent bon nombre des signes et symptômes
courants que ressentent les athlètes après une commotion.
Ainsi, s’ils éprouvent l’un de ces signes et symptômes après
une blessure, il faut présumer une commotion et amorcer
une prise en charge pertinente [6][7][8][9]. Chez les enfants plus
jeunes, ces signes et symptômes peuvent être discrets, tels que
des maux de ventre, des troubles de digestion et des
changements de comportement plutôt que des céphalées ou
des symptômes cognitifs. C’est pourquoi on ne dépiste pas
toujours la commotion [11]. D’ordinaire, les symptômes se
résorbent au bout de sept à dix jours [7], même si dans
certains cas, ils peuvent se prolonger et même durer des
semaines ou des mois [4][12][13]. Selon certaines données
probantes, le rétablissement d’une commotion serait lié à
l’âge, les enfants plus jeunes s’en remettant plus lentement [14]
[15].
TABLEAU 1
Les caractéristiques des commotions liées au sport
SYMPTÔMES ET SIGNES PHYSIQUES
CHANGEMENTS AFFECTIFS ET ATTEINTE COGNITIVE
DE COMPORTEMENT
TROUBLES DU SOMMEIL
Céphalées
Nausées
Étourdissements
Problèmes visuels
Photophobie
Phonophobie
Perte de connaissance
Amnésie
Vomissements
Perte d’équilibre et mauvaise coordination
Diminution de la capacité de participer au jeu
Irritabilité
Labilité émotionnelle
Tristesse
Anxiété
Émotions inadéquates
Somnolence
Difficulté à s’endormir
Sommeil plus prolongé qu’à
l’habitude Sommeil moins
prolongé qu’à l’habitude
D’importantes séquelles cognitives peuvent découler d’une
commotion, y compris un manque d’attention et de
concentration, une diminution de la vitesse de traitement de
l’information, un déficit mnésique et des troubles
d’apprentissage [11]. Chez les enfants et les adolescents, ces
effets peuvent nuire à la capacité d’apprentissage et à
l’exécution des travaux scolaires [12][13][16][17].
Ralentissement du délai de réaction
Troubles de concentration
Troubles de la mémoire
Confusion
Impression d’être dans le brouillard
Impression d’être étourdi
L’œdème cérébral diffus fatal est une rare complication du
traumatisme crânien chez les enfants et les adolescents [17][18].
On pense que ce phénomène, qui se produit presque
exclusivement chez les enfants et les adolescents, résulte
d’une perte de l’autorégulation de la réserve de sang dans le
cerveau, ce qui entraîne une rapide congestion vasculaire
cérébrale et une augmentation de la pression intracrânienne.
2 | L’ÉVALUATION ET LA PRISE EN CHARGE DES ENFANTS ET DES ADOLESCENTS VICTIMES D’UNE COMMOTION LIÉE À UN SPORT
Il se peut alors que la situation se détériore en une hernie du
tronc cérébral, un coma et la mort [4][17][18]. Cette perte de
l’autorégulation vasculaire cérébrale constituerait également
le mécanisme de traumatisme du syndrome de deuxième
impact, un événement rare et souvent fatal qui se déclare
chez les athlètes d’âge pédiatrique. On croit que ce syndrome
se produirait lorsqu’un athlète est victime d’une deuxième
commotion alors qu’il ressent encore des symptômes d’une
commotion précédente. L’athlète s’effondre et tombe
rapidement dans le coma [4]. On craint beaucoup ce
syndrome, mais on ne possède pas de données probantes
pour déterminer si ces événements catastrophiques sont bel
et bien attribuables à un deuxième impact [18]. Il s’agirait plus
probablement de cas d’œdème cérébral diffus causés par un
traumatisme du cerveau immature [18].
L’évaluation initiale
Si on craint qu’un jeune athlète ait été victime d’une
commotion, il devrait arrêter immédiatement l’activité et être
retiré du jeu ou de l’entraînement. S’il est inconscient, il faut
présumer d’un traumatisme de la colonne cervicale et
prendre les précautions qui s’imposent (c’est-à-dire minerve et
planche, transfert en ambulance à un département
d’urgence). Il faut vérifier les voies aériennes, la respiration et
la circulation d’un athlète inconscient [6]-[9][12][16].
Il faut maintenir l’athlète conscient sous étroite observation
afin de déceler tout signe de détérioration [6]. Des symptômes
peuvent se manifester ou s’aggraver plus tard pendant la
journée ou le lendemain. Tout athlète victime d’une
commotion devrait être évalué par un médecin dans les plus
brefs délais, y compris une évaluation neurologique complète
et une évaluation de la fonction mentale [6]-[9]. Un joueur ne
devrait jamais retourner au jeu s’il est symptomatique [4][6]-[9].
Les athlètes victimes d’une commotion présentent souvent
une diminution de l’attention, un délai de réaction plus long
et des pertes de mémoire, qui peuvent les rendre moins aptes
à éviter des situations dangereuses et accroître leur risque de
nouvelle commotion ou d’autre traumatisme [19]. Dans le
doute, il faut les retirer du jeu!
Après l’évaluation médicale, l’athlète ne devrait pas être laissé
seul pendant les 24 heures à 48 heures suivant la commotion.
Un adulte responsable, idéalement un parent, doit surveiller
l’enfant ou l’adolescent afin de déceler une aggravation des
symptômes (p. ex., grave céphalée, vomissements persistants,
activité convulsive) et vérifier tout signe de détérioration
pendant la nuit (p. ex., respiration anormale, convulsions).
Puisqu’il faut dormir pour se rétablir, il ne faut toutefois pas
réveiller l’enfant ou l’adolescent pendant la nuit s’il a été
victime d’une commotion. Si on constate des signes de
détérioration, l’enfant ou l’adolescent devrait subir une
réévaluation immédiate au département d’urgence [6].
Les explorations
L’imagerie diagnostique
La commotion est un traumatisme crânien fonctionnel plutôt
que structurel. Ainsi, les résultats de la neuro-imagerie
structurelle
classique
(radiographie
crânienne,
tomodensitométrie, imagerie par résonance magnétique
[IRM]) sont normalux et ne sont donc pas recommandés
systématiquement [6]-[9]. Si on craint un traumatisme
structurel (déficit neurologique focal, activité convulsive,
perte de connaissance prolongée), il faut procéder à des tests
d’imagerie pertinents [6]-[9][20].
Des techniques d’imagerie plus spécialisées, telles que la
tomographie par émission monophotonique, la tomographie
par émission de positrons et l’IRM fonctionnelle, réussiront
peut-être à démontrer des anomalies physiologiques et
fonctionnelles après une commotion, mais elles en sont aux
premières phases de leur mise au point et ne sont donc pas
systématiquement accessibles ou recommandées [7].
Les tests neuropsychologiques
Il est démontré qu’en cas de commotion, l’évaluation
neuropsychologique a une valeur clinique et peut représenter
un outil utile pour orienter les décisions de RAJ [13][17][19][21].
De nombreuses études ont permis d’évaluer de brefs tests
neuropsychologiques (30 minutes) au sein de la population
d’athlètes, y compris des tests classiques sur papier [17][19][21] et,
plus récemment, des programmes informatisés comme
ImPACT et CogSport [17][21]. Si on décide d’utiliser
l’évaluation neuropsychologique après une commotion, les
experts recommandent d’obtenir des données de base auprès
de tous les athlètes au début de chaque saison, avant une
commotion éventuelle, afin d’en maximiser l’utilité clinique
[8][9][19]. Cependant, cette évaluation ne devrait pas être isolée;
il est essentiel de la répéter.
Une préoccupation unique est soulevée à l’égard des tests
neuropsychologiques auprès de la population pédiatrique : les
enfants et les adolescents sont en période de développement
cognitif rapide. Les études faisant appel à des programmes
neurocognitifs informatisés démontrent une amélioration
considérable de la performance entre neuf et 18 ans pour ce
qui est des tests de réaction simple et des tests de temps de
réaction de choix, de la mémoire fonctionnelle et des
nouveaux apprentissages, les changements de fonction les
plus importants étant observés entre neuf et 15 ans [17]. Ces
changements développementaux risquent de constituer une
variable confusionnelle des évaluations après une commotion
parce que l’amélioration de la maturation peut compenser
une atteinte cognitive liée à un traumatisme. Les enfants et
les adolescents peuvent devoir reprendre l’évaluation de base
jusqu’à tous les six mois [17]. Les coûts, le temps et les
ressources nécessaires pour effectuer les tests de base dans le
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3
groupe d’âge pédiatrique empêcheront peut-être l’adoption
systématique d’évaluations neuropsychologiques [16][22]. Par
conséquent, ces évaluations ne sont pas recommandées
systématiquement au sein du groupe d’âge pédiatrique.
Le Sport Concussion Assessment Tool (SCAT) a été mis au point
en 2004 pour procéder à l’évaluation médicale des
commotions chez les athlètes [9], puis il a été mis à jour en
2009 (SCAT2) [7]. Cet outil a été conçu pour permettre de
procéder à une brève évaluation neuropsychologique de
l’attention et de la mémoire dans le domaine du jeu [7][9].
L’outil SCAT2 contient des analyses plus détaillées, telles
qu’un système de pointage des erreurs d’équilibre (BESS) et
l’échelle de coma de Glasgow, et il est recommandé chez les
athlètes de dix ans et plus (voir la rubrique intitulée Ressources
supplémentaires) [7]. Même s’il n’est pas encore validé, cet outil
peut aussi être utilisé à l’urgence ou en cabinet pour évaluer
le rétablissement d’une commotion. Il faudrait élaborer des
outils d’évaluation propres aux enfants [4][23].
Chez les athlètes victimes de commotions multiples ou qui
démontrent des symptômes prolongés, un test
neuropsychologique détaillé et adapté à l’âge effectué par un
neuropsychologue formé peut s’imposer pour repérer des
déficits cognitifs précis et contribuer à la planification
pédagogique [7][16][19].
La prise en charge
Le principal aspect de la prise en charge des commotions est
le repos [6]-[9], tant physique que cognitif [6][7][9]. L’enfant ou
l’adolescent blessé ne devrait pas pratiquer de sports, faire de
l’exercice, participer à des activités récréatives comme le vélo
ou se chamailler avec ses amis et ses frères et sœurs. Le repos
cognitif inclut la limitation des activités qui exigent une
concentration mentale, telles que la lecture, la rédaction de
textos, l’écoute de la télévision, l’utilisation de l’ordinateur et
les jeux électroniques. Les athlètes victimes d’une commotion
devront peut-être même rater l’école ou faire adapter leur
programme d’apprentissage pendant qu’ils ont des
symptômes, afin d’éviter l’aggravation des symptômes
imputable à l’effort mental nécessaire pour effectuer le travail
scolaire [6][16]. S’ils doivent s’absenter de l’école, leur retour
devra alors être graduel (p. ex., des demi-journées) à mesure
que les symptômes se résorberont. Si ceux-ci ne s’aggravent
pas et ne se manifestent pas de nouveau, les athlètes pourront
reprendre l’école à temps plein. S’ils doivent s’absenter de
l’école pendant une période prolongée (plus de quelques
semaines), en raison de symptômes persistants, l’aiguillage
vers un spécialiste possédant des compétences en matière de
commotions deviendra peut-être nécessaire.
Les médicaments
L’utilisation de médicaments pour traiter les commotions
chez les athlètes d’âge pédiatrique n’a pas fait l’objet d’études.
L’acétaminophène ou l’ibuprofène peut contribuer à atténuer
la gravité et la durée des symptômes après une commotion,
mais aucune recherche probante n’étaye cette assertion pour
l’instant. Dans certaines situations, une pharmacothérapie
peut permettre de traiter des symptômes prolongés précis, tels
que les troubles du sommeil, la dépression ou l’anxiété [7].
Cependant, les athlètes ne devraient pas prendre de
médicaments susceptibles de masquer les signes et symptômes
de commotion lors de leur RAJ [7].
Le retour au jeu
La décision relative au RAJ est l’une des plus difficiles et des
plus controversées dans le domaine de la prise en charge des
commotions. Jusqu’à présent, aucune étude prospective à
double insu n’a évalué les lignes directrices de RAJ chez les
jeunes athlètes victimes d’une commotion [23]. Cependant, les
experts s’entendent pour affirmer que les décisions relatives
au RAJ devraient être plus prudentes et personnalisées chez
les athlètes d’âge pédiatrique [7][23].
Un athlète victime d’une commotion ne devrait pas être
autorisé à reprendre ses activités tant que la totalité des signes
et symptômes ne se seront pas résorbés et qu’il n’y aura pas
été autorisé par un médecin [6]-[9][23]. Les enfants et les
adolescents ne devraient pas être autorisés à reprendre le jeu
le jour même [7][23]. Lorsqu’ils ne présentent plus de
symptômes depuis plusieurs jours, ils devraient respecter un
protocole d’effort graduel, supervisé par un médecin (voir le
tableau 2) [6]-[9][23]. Chaque étape devrait durer au moins 24
heures. Si les symptômes ne se manifestent pas de nouveau,
les athlètes peuvent passer à l’étape suivante. S’ils se
manifestent, ils devraient se reposer pendant 24 heures à 48
heures avant d’essayer de progresser de nouveau, à partir de
la dernière étape dans laquelle ils étaient asymptomatiques.
TABLEAU 2
Le protocole de retour au jeu graduel des athlètes victimes d’une commotion liée à un sport
Étape de réadaptation
Exercice fonctionnel à chaque étape de réadaptation
Objectif de chaque étape
1. Aucune activité
Repos physique et cognitif complet
Rétablissement
2. Exercice aérobique léger Marche, nage ou vélo stationnaire
Pas d’entraînement en résistance
4 | L’ÉVALUATION ET LA PRISE EN CHARGE DES ENFANTS ET DES ADOLESCENTS VICTIMES D’UNE COMMOTION LIÉE À UN SPORT
Accroissement de la fréquence cardiaque
3. Exercice propre au sport Exercices de patinage au hockey, de course au soccer
Pas d’impact à la tête
Ajout de mouvement
4. Exercices d’entraînement Progression vers des entraînements plus complexes (p. ex., exercices de passes au
sans contact
football et au hockey)
Peut commencer progressivement l’entraînement en résistance
Exercice, coordination et charge cognitive
5. Pratique plein contact
Après l’autorisation du médecin, participation à un entraînement normal
Rétablissement de la confiance et évaluation
des compétences fonctionnelles par les
entraîneurs
6. Retour au jeu
Jeu normal
Source : référence [7]
La prévention
Les facteurs modifiant la prise en charge des
commotions
Certains facteurs peuvent influer sur la prise en charge des
commotions et présager le potentiel de symptômes prolongés
ou persistants [7]. Il est important de tenir compte de ces
facteurs, y compris un âge plus jeune, des antécédents de
commotions multiples et des comorbidités (comme un
trouble d’apprentissage ou un trouble de déficit de l’attention
avec hyperactivité) dans l’anamnèse des commotions, car ils
peuvent justifier une prise en charge dépassant les simples
conseils relatifs au RAJ. D’autres examens exploratoires, tels
qu’un test neuropsychologique en bonne et due forme et une
neuro-imagerie, peuvent prendre plus d’importance dans un
tel contexte. Les athlètes victimes d’une commotion qui
présentent des facteurs précis devraient être pris en charge
par une équipe multidisciplinaire, incluant des médecins
possédant des compétences précises en matière de
commotions [7].
Les soins à l’athlète victime de multiples commotions
constituent un sujet de controverse. Des données probantes
laissent supposer qu’un tel athlète risque davantage d’être
victime d’autres commotions, et que les traumatismes
peuvent être cumulatifs [24]. À l’heure actuelle, il est prudent
d’évaluer chaque athlète personnellement. Si de nouvelles
commotions provoquent une aggravation des symptômes, si
les symptômes se manifestent après un impact moins
important, si le style de l’athlète, sa position ou son sport le
rendent plus vulnérable à de futurs traumatismes ou s’il a un
trouble d’apprentissage ou des symptômes cognitifs
persistants, il faut envisager de le changer de position ou de
lui faire choisir un autre sport, qui comporte moins de
risques de traumatisme crânien [6][23].
Aucune donnée probante n’établit que le matériel protecteur,
y compris les casques et les protecteurs buccaux, prévient les
commotions [25]. Dans certains sports, des données probantes
indiquent que les casques certifiés assurent bel et bien une
protection contre des traumatismes crâniens, tels qu’une
fracture du crâne [8][9][26][27][28]. Les casques approuvés (voir la
rubrique intitulée Ressources supplémentaires) devraient être
portés en tout temps dans le cadre de tous les sports de
contact et de toutes les activités sportives comportant un
risque de traumatisme crânien (c’est-à-dire le vélo, la planche
à roulettes, le patin à roues alignées, le ski de descente, la
planche à neige et les activités équestres) [6]-[11]. Il est
important que le matériel soit ajusté, porté comme il se doit
et bien entretenu [29]. Le matériel protecteur endommagé doit
être remplacé rapidement, et le matériel usé doit également
être remplacé, conformément aux recommandations du
fabricant.
Il est essentiel d’admettre que les casques « anti-commotions »
n’existent pas. Les joueurs peuvent se sentir protégés des
traumatismes crâniens lorsqu’ils portent un casque, et
adopter un style de jeu plus agressif (par compensation), se
rendant ainsi plus vulnérables aux blessures [6]-[9][30]. Pour
réduire au minimum le risque de commotions, les athlètes
devraient également respecter les règles de leur sport et faire
preuve d’esprit sportif.
Les entraîneurs jouent un rôle important dans la réduction
du nombre de commotions. Ils doivent s’assurer qu’on
enseigne à leurs athlètes les bonnes techniques sportives,
telles que la bonne exécution des mises en échec au hockey,
du tacle au football et des jeux de tête au soccer, et que ceuxci les mettent en application. Ils devraient également favoriser
le respect et le bon esprit sportif chez leurs joueurs.
Les modifications et le respect des règlements contribuent à
réduire le risque et l’incidence de commotions [8][9][30]. Il est
démontré que les règles exigeant que les poteaux des buts
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5
soient rembourrés au soccer et au football et que le plaquage
avec la tête soit interdit au football réduisent le nombre de
commotions [4]. Au hockey, l’élimination des coups à la tête,
l’interdiction des mises en échec par l’arrière, l’interdiction
des mises en échec chez les plus jeunes ainsi que la
proscription des batailles pourraient contribuer à diminuer le
nombre de traumatismes crâniens subis dans ce sport [8][9][31].
Le fait de décourager la participation à des sports dans
lesquels on fait la promotion des coups à la tête, tels que la
boxe, pourrait également réduire le risque de commotion
chez les enfants et les adolescents.
L’éducation au sujet des commotions
Il est capital que les athlètes, les entraîneurs, les parents et les
dispensateurs de soins, de même que quiconque supervise les
enfants et les adolescents qui participent à des activités
sportives, soient conscients des signes et symptômes de
commotion et de leur prise en charge convenable [5]. Pour
obtenir plus de renseignements sur les commotions et la prise
en charge des athlètes victimes d’une commotion, consulter
la rubrique intitulé Ressources supplémentaires.
Recommandations
La Société canadienne de pédiatrie fait les recommandations
suivantes au sujet de l’évaluation et de la prise en charge des
commotions liées à un sport chez les enfants et les
adolescents :
• Les athlètes, les parents, les entraîneurs et quiconque
travaille avec des enfants et des adolescents qui font du
sport devraient connaître les signes et symptômes des
commotions liées à un sport.
• Un athlète victime d’un traumatisme crânien pendant
une activité sportive devrait être immédiatement retiré du
jeu et ne pas être autorisé à retourner au jeu pendant la
partie. L’athlète devrait être surveillé de près en cas de
signes de détérioration, et il ne devrait pas être laissé seul.
• Tous les athlètes victimes d’un traumatisme crânien
devraient être évalués par un médecin dans les plus
brefs délais.
• L’imagerie diagnostique n’est pas recommandée
systématiquement à moins qu’on craigne un traumatisme
structurel.
• L’athlète devrait se reposer après la commotion, jusqu’à
ce que tous les symptômes se soient résorbés. Le repos
doit être physique autant que cognitif.
• Les décisions relatives au retour au jeu devraient être plus
modérées, prudentes et personnalisés chez les athlètes
d’âge pédiatrique.
• Les athlètes victimes de commotion qui présentent des
facteurs précis peuvent avoir besoin d’être pris en charge
par une équipe multidisciplinaire, y compris des
médecins possédant des compétences précises à l’égard
des commotions.
• Il faudrait porter un casque approuvé dans tous les sports
de contact et lors de toute activité comportant un risque
de traumatisme crânien (p. ex., vélo, planche à roulettes,
patin à roues alignées, ski, planche à neige ou activités
équestres). Il faudrait porter tout le matériel protecteur
correctement, bien l’entretenir et le remplacer
conformément aux recommandations du fabricant.
• Il faudrait enseigner aux athlètes les bonnes techniques
sportives et un bel esprit sportif afin de contribuer à
réduire les traumatismes.
• Les organisations sportives et leurs officiels devraient
adopter et mettre en vigueur des modifications aux règles
sportives visant à réduire le risque et l’incidence des
traumatismes crâniens.
• La totalité des provinces et des territoires devraient
instaurer des lois exigeant que les associations sportives
régionales et les conseils ou commissions scolaires se
dotent d’une politique écrite sur le dépistage et la prise en
charge des commotions, laquelle respecte le principe des
lignes directrices de la Société canadienne de pédiatrie sur
les commotions, et qu’ils la mettent en vigueur.
Les médecins devraient prendre la défense de leurs patients,
comme suit :
• Décourager la participation à des activités sportives qui
font la promotion des traumatismes crâniens.
• Informer les entraîneurs, les écoles et les décideurs du
milieu du sport des signes et symptômes de commotion et
de la nécessité de fournir une évaluation médicale et une
autorisation avant qu’un athlète blessé puisse retourner
au jeu.
• Appuyer le mandat selon lequel la totalité des entraîneurs
d’organisations sportives soient éduqués au sujet des
commotions.
• Soutenir l’élaboration de politiques sur les commotions
au sein des organisations sportives.
• Lorsque l’athlète ne présente plus de symptômes depuis
plusieurs jours, il peut entreprendre un protocole
progressif de retour au jeu, sous supervision médicale.
6 | L’ÉVALUATION ET LA PRISE EN CHARGE DES ENFANTS ET DES ADOLESCENTS VICTIMES D’UNE COMMOTION LIÉE À UN SPORT
• Appuyer les lois exigeant le port obligatoire d’un casque
certifié dans le cadre de la totalité des sports ou des
activités où il existe un risque important de traumatisme
crânien.
7.
• Préconiser des recherches pour mettre au point du
matériel protecteur mieux adapté afin de contribuer à
prévenir les commotions liées au sport.
8.
Ressources supplémentaires
9.
On peut trouver plus d’information sur les commotions et la
prise en charge des athlètes ayant une commotion dans les
sites Web suivants :
• Pensez d’abord Canada : particulièrement la page 14 de
Certified helmets recommended for different activities, à
l’adresse, page 14.
• Centers of Disease Control and Prevention (États-Unis) :
www.cdc.gov/concussion/HeadsUp/youth.html
• Sport Concussion Assessment Tool 2
10.
11.
12.
13.
• Pocket SCAT2
• Kit pour commotion cérébrale de L’Hôpital de Montréal
pour enfant
14.
Remerciements
Le comité de la pédiatrie communautaire, le comité de la
prévention des blessures, le comité de la santé de
l’adolescent, le comité des soins aigus et le comité d’action
pour les enfants et les adolescents de la Société canadienne
de pédiatrie de même que l’Académie canadienne de
médecine du sport et de l’exercice et Pensez d’abord Canada
ont révisé le présent document de principes.
15.
16.
17.
Références
1. Centers for Disease Control and Prevention. Concussion in
Sports.
www.cdc.gov/concussion/sports/index.html
(consulté le 2 juin 2011).
2. Bakhos LL, Lockhart GR, Myers R, Linakis JG. Emergency
department visits for concussion in young child athletes.
Pediatrics 2010;126(3):e550-6.
3. Gessel LM, Fields SK, Collins CL, Dick RW, Comstock
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COMITÉ D’UNE VIE ACTIVE SAINE ET DE LA
MÉDECINE SPORTIVE
Membres :
Tracey
L
Bridger
MD;
Kristin
Houghton md MD; Claire LeBlanc MD (présidente); John F
Philpott MD; Christina G Templeton MD (représentante du
conseil); Thomas J Warshawski MD
Représentante : Laura K Purcell MD, Société canadienne de
pédiatrie, section de la médecine du sport et de l’exercice en
pédiatrie
Conseillers : Carolyn A Emery MD; Stan Lipnowski MD;
Peter Nieman MD
Auteure principale : Laura K Purcell MD
Aussi disponible à www.cps.ca/fr
© Société canadienne de pédiatrie 2013
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L’ÉVALUATION
ETobtenir
LA PRISE
EN CHARGE
DES ENFANTS
ET DES des
ADOLESCENTS
VICTIMES D’UNE COMMOTION LIÉE À UN SPORT constituent pas une démarche ou un mode de traitement exclusif. Des
consultez notre politique sur les droits d'auteurs.
variations tenant compte de la situation du patient peuvent se révéler
pertinentes. Les adresses Internet sont à jour au moment de la publication.

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