File

Transcription

File
SOGLITUDES
notes from the thresholds
You can leave your hat on
2/2015
Schon ein zweites Heft:
Eine neue
Schwelle
Diesen Sommer habe ich angefangen, Cello zu lernen.
Jeden Tag ging ich die rue St-Jacques in Paris entlang und hatte oft mein geliehenes Cello auf
dem Rücken.
Das Cello hat mir eine neue Welt eröffnet und mir beigebracht, dass „musikalisch“ oder
„talentiert“ tatsächlich nur Worte sind. Musik zu lernen ist harte Arbeit, besonders weil es sich
dabei um eine neue Sprache handelt, mit eigenen Codes, eigenen Verbindungen und für mich
noch geheimnisvollen Verknüpfungen, wo man von dem „circle of fifths“ lernt und sich täglich abmüht, endlich die richtigen Noten auf den Saiten zu finden. Langsam entspannt sich die
linke Hand und findet den richtigen Griff. Neue Worte, oder schon bekannte Worte, die plötzlich dem richtigen Objekt zugeordnet werden wie „key signature“, oder „diapason“. Wie
immer, wenn ich etwas neues lerne, drehe ich meine Runden im Luxembourg Park und diesmal
ist mir dort nicht die Schwellen-Wahrnehmung eingefallen, sondern ich übte, wie man einen
Bogen hält, gleichzeitig läuft und nicht unbedacht einen unschuldigen Passanten in die Seite
stößt. Also doch wieder Schwellen-Wahrnehmung.
Immer passiert alles gleichzeitig und man weiß nur immer etwas worauf man sich gerade
konzentriert, was einem gerade vertraut ist und wie man diese vielschichtigen Wirklichkeiten
doch zu einer eigenen, einzigen machen kann, die das Leben von einem Moment zum nächsten
ermöglicht. Das Cello hat einen neuen Platz in meiner Welt erobert und auch wenn es für mich
noch immer nicht ganz eindeutig ist, wie ich es richtig zwischen die Beine nehme, ohne dass die
Ecken in meine Haut hinein stechen, bin ich froh, es in der Ecke des Zimmers zu sehen und
den Bogen herauszunehmen, ihn fest zu schrauben und für den kurzen Moment der Hoffnung
dankbar, ich schaffe es vielleicht heute, die richtigen Noten einer Tonleiter zu spielen.
Illustration:
Van Troi Tran
2
Im Sommer lernt der Geist, sich den neuen Herausforderungen zu stellen und die Welt neu
zu erschaffen. Dank der Erfindung von SOGLITUDES habe ich die Schwelle in die
Gesprächswelt meiner Umgebung eingeführt und bin dankbar dafür.
SOGLITUDES
2/2015
Dieses zweite Heft ist an der Schwelle des neuen Jahres, der „rentrée“, und enthält daher
Reisen. Das Cello und die Reise nach Paris, eine kurze Reise nach Triest, um Joyce und Svevo
zu besuchen, die Rückkehr nach Wien, die Entfernung von Boston. Einen Auszug aus meinem
Buch über die Schwellen-Phänomenologie zum Thema Gesichter und Wahrnehmung, und
einen Beitrag zur wunderbaren Ausstellung „Der Wiener Kreis“ an der Universität Wien. Und
ein Kapitel aus „Der Planet Alas-K“, mein Kinderbuch für jeden. Der Umstand, dass ich lerne,
Interviews zu machen, Kontakte herzustellen, Verbindungen und Parallelen aufzuzeigen, auch
wenn es gar nicht meine Absicht war, meine Referenzen wie „Alice hinter dem Spiegel“, oder
Marcel Duchamps „Akt die Treppe hinabsteigend“, dass ich mich freue, wie viele von meinen
neuen Lesern auch What’s up, doc? kennen und lieben, dass ich einigen Lust machte, sich
„Ausgerechnet Alaska“ anzusehen, und wie sehr sich alles vervielfältigt, wenn man andere an
seiner eigenen Welt teilnehmen lässt.
Diesmal geht es um Gesichter. Dort, wo die Begegnung stattfindet und Erkenntnis des
Anderen entsteht. Das Gesicht sagt uns, wie das Gegenüber sich fühlt, und ist auch der Ort an
dem Missverständnisse entstehen, weil die Information, die uns die Augen des Anderen mitteilten, oft nicht so interpretiert wird, wie sie gemeint ist.
Tatjana Barazon
Chrystine und Marc Dugast haben eine Methode entwickelt, die auf dem Gesicht aufgebaut
ist. Die Technik ergibt sich aus der Morphopsychologie, die aus den Gesichtsteilen den
Charakter erklärt. Alle Gesichter ergeben sich zwischen den Extremen der „dilatation“ des
kindlichen Gesichts und der „rétraction“ des Greises, dessen Gesicht nur Haut und Knochen
ist. Von ein paar Grundtypen ausgehend, erklärt Marc Dugast, wie sich der persönliche Stil aus
gewissen Merkmalen ergibt. Im Interview hat er mir erklärt, wie ich selbst funktioniere, und es
war erstaunlich zu erfahren, was so alles in meinem Gesicht geschrieben steht.
Die „Morphocoiffure“ ist eine Psychoanalyse, die im Gesicht beginnt und den Körper mit
einbezieht. Das Innere vereint sich mit dem Äußeren und so entsteht Stück für Stück ein
harmonisches Ganzes. Persönliche Vorlieben für Farben oder Stimmungen werden im
Zusammenhang mit körperlichen Bestimmungen erklärt.
2/2015
SOGLITUDES
3
Un chapeau sans tête
Le visage est le lieu de rencontre. Les émotions exprimées dans les yeux et les traits du visage sont
essentielles à la reconnaissance des autres.
Inspiré de l’entretien avec le morphocoiffeur Marc Dugast, le visage occupe la position centrale thématique dans ce deuxième numéro de SOGLITUDES. Depuis les années 2000, je fais confiance à
Chrystine Dugast qui connaît ma tête, mon visage et mes cheveux par cœur. Son mari Marc a développé la morphocoiffure et a accepté de me présenter sa méthode dans un entretien lors d’une visite à
son salon parisien près de la place de l’Odéon.
La morphologie et la coiffure se combinent pour révéler le potentiel et les
caractéristiques profondes de chaque personne, de chaque visage. De là se dégagent les préférences de chacun, s’expliquent les tendances et les choix, non seulement en amour ou dans la vie professionnelle, mais aussi en ce qui concerne les
ambiances, les couleurs, les vêtements, le style, bref, tout ce qui constitue la personne et son environnement. Marc Dugast regarde la personne et comprend quels
sont ses points forts, et ses points « d’effort », comme il les appelle, à travers les
dispositions des parties du visage. Le front est représentatif du cerveau, la partie
du nez reflète l’affectif, et le menton exprime les instincts. La morphocoiffure
repose sur les principes de la morphopsychologie et propose une approche holistique de la personne pour trouver le style qui exprime parfaitement la personnalité.
Le 30 août 2015, le neurologue anglais et new yorkais Oliver Sacks est
mort. Son ami Israel Rosenfield, avec lequel j’ai eu une entrevue pour
« Soglitudes 1/2015 » en juin, était dans l’avion pour New York à ce moment-là
et avait pensé l’appeler à son arrivée. Avec son humour un peu noir, il m’a dit,
« comme tu sais, c’est trop tard maintenant. »
Oliver Sacks est devenu célèbre grâce à sa façon très personnelle d’analyser les cas neurologiques
qui arrivaient dans son cabinet, de noter ses réflexions et d’en faire des livres passionnants, déroutants
4
SOGLITUDES
2/2015
et drôles. Dans son livre, qui porte le titre du siècle « L’homme qui prenait sa femme pour un chapeau
» (The man who mistook his wife for a hat, 1985, Gerald Duckworth & Co) se trouve le cas le plus
fameux, le docteur P qui en effet prenait sa femme pour son chapeau. Dans cet étrange cas de perte
de perception de l’ensemble, le patient reconnaissait les détails des choses sans pouvoir nommer un
tout cohérent. Il distinguait la forme d’un gant sans pouvoir le nommer, « une forme carrée un peu
allongée avec cinq embouchures, qu’est-ce que cela peut bien être? » Il reconnaissait Albert Einstein
sur une photo grâce à la langue tirée, ou son frère grâce à la forme de sa mâchoire. Mais quand aucun
détail ne lui permettait de former un concept général constitué de plusieurs éléments dans la construction de l’ensemble, il demeurait près des détails, des éléments constituants, il se perdait dans l’absence de lien sans cohérence, des éléments d’un réel qui avait perdu son sens. Docteur P, musicien et
professeur, avait perdu la faculté de nommer les choses et de les concevoir dans
des relations. Ainsi, il avait commencé à accomplir ses tâches quotidiennes en
chantant. La mélodie lui permettait peut-être de recréer le flux du temps, peutêtre aussi de se détendre face à la nécessité de savoir ce que toutes ces choses
pouvaient bien être – sa douche, ses pantalons, sa veste, et la tête de sa femme
qu’il avait essayé de mettre sur sa propre tête, ayant confondu la tête de sa femme
avec son chapeau.
Oliver Sacks souffrait lui-même de prosopagnosie, l’incapacité de se souvenir
des visages. Il devait alors faire preuve d’ingéniosité pour faire en sorte que les
autres ne se rendaient pas compte du fait qu’il n’avait pas vraiment d’idée précise
au sujet de leur identité. Le visage même de personnes très proches et bien connues de lui ne lui était pas familier. Dans un article pour le New Yorker, Oliver
Sacks avait décrit sa difficulté à reconnaître les visages (Face-blind, 30 août 2010).
Il raconte qu’il s’était à maintes reprises excusé auprès d’un grand homme barbu
de lui être rentré dedans, avant de réaliser qu’il s’agissait de lui-même.
Ce qui est intéressant c’est la façon dont il dit remédier à ce problème. Pour
reconnaître un chemin, il repère des endroits précis comme un immense panneau avec un nom de
rue. Pour reconnaître un ami, il se souvient de sa barbe. Celui qui a de la difficulté à reconnaître les
2/2015
Illustration:
Van Troi Tran
SOGLITUDES
5
visages doit alors se repérer grâce à des détails comme une moustache ou des lunettes. Les visages «
normaux » n’ont rien d’exceptionnel et ne donnent donc aucune indication pour reconnaître la personne. Mais dans le cours habituel des choses, nous ne dirions pas que nous reconnaissons un ami
grâce à sa barbe, car cela voudrait dire que nous ne le reconnaîtrions pas sans la barbe.
Le visage peut être le miroir de la pensée ou le reflet de la personnalité, et peut-être que nous avons
effectivement le visage que nous méritons à quarante ans. Le visage est seulement un point
de repère parmi d’autres dans la création de l’identité. La personne est à la fois différente et
semblable à chaque fois que nous la percevons. Elle a un ton de voix bien à elle, une façon
de bouger, une certaine façon de respirer, d’incliner la tête, un parfum n’appartenant qu’à
elle. Tout ce qui définit quelqu’un est dans le mouvement général de la personne et non
seulement dans le visage. Mais le visage est une unité en elle-même, comme Marc Dugast
explique dans l’entrevue qui suit. « Je vois tout dans le visage. Le corps n’est qu’une continuité du visage. »
Dans le texte d’Oliver Sacks sur le visage, on peut lire une description du visage comme
un ensemble fait de pièces précises, comme un puzzle. Comme si on pouvait reconnaître un
puzzle par l’observation de ses pièces. Effectivement, comme par magie, on reconstitue un
puzzle sans pouvoir dire exactement comment ni pourquoi on savait que telle pièce va à tel
endroit. Mais chaque pièce prise isolément ne peut pas faire sens, ni vraiment servir à
reconnaître le puzzle tout entier ou même apparaître immédiatement comme faisant partie
de lui. Le visage est un ensemble en lui-même et exprime une personne, plus qu’il constitue
le visage d’une personne par ses parties, il s’agit d’un ensemble dans un ensemble constitué par la personnalité. Si on perd la reconnaissance d’une personne par son visage, on se concentre sur des détails,
des parties composantes qui prennent le relais. On cherche l’identité dans un fragment, comme dans
le grain de beauté sur le coin de la lèvre de Cindy Crawford.
La réflexion sur l’importance du visage pour l’identité se retrouve aussi dans le livre de Kobo Abe,
La face d’un autre (Stock, 1999). Un professeur de chimie a le visage brûlé lors d’une expérience. Il doit
alors vivre avec la figure derrière les bandages. Il décide de se construire un nouveau visage, mais il ne
6
SOGLITUDES
2/2015
peut pas simplement faire un masque, parce que le masque ne respire pas, ne transpire pas, n’exprime
pas d’émotions. Son nouveau visage doit être un autre soi, une alternative à son ego précédent, un
autre qui pourra séduire sa femme à sa place. Il cherche son nouveau visage parmi les passants dans
les rues de Tokyo. Il cherche un bon visage qu’il acceptera comme sien. Il trouve le bon visage et en
fait un moule. Il crée son masque, mais rencontre des difficultés matérielles; il doit refaire une peau
qui réagit aux changements d’humeur, qui se laisse dilater et contracter pour rire ou pleurer, un masque qu’il pourrait porter comme son visage, non pas pour se cacher mais pour
montrer un autre soi, une nouvelle version de lui-même. Pour trouver son parfait visagemasque, le narrateur étudie les types faciaux selon un livre « Le Visage », de Henri Boulan.
Si cela est un livre imaginaire ou existant n’est pas la question pour l’auteur.
“First, trace a large circle, using the nose as the center, and making the radius the
distance between the nose and the tip of the chin. Next, on the same center make a small
circle, taking as radius the distance between the nose and the lips. There are two types of
face, depending on the relationship between these two circles: concave and convex.
Further, one may obtain a total of four basic facial types by differentiating between bony
and fatty types of each:
1. Concave type, bony: strong projection of the flesh in forehead, cheeks and chin.
2. Concave type, fatty: slight swelling of the fatty tissue in forehead, cheeks and chin.
3. Convex type, bony: sharply pointed face, centering around the nose.
4. Convex type, fatty: slight frontal projection, centering around the nose.
Of course, these do not cover all facial types. The four basic types may be further ramified in any
number of secondary types, depending on a synthesis of contradictory factors. However, as far as I
was concerned, there was no need to trouble myself with such subtleties. Since I would build up the
tissue from the bottom, layer on layer, things could not be expected to go according to calculation. As Illustration:
long as I did not forget the base itself, I could well let the rest take whatever course it would. “ (Kobo
Van Troi Tran
Abe, The Face of Another, 1964, Penguin, Modern Classics, p.52)
2/2015
SOGLITUDES
7
“My funnel hat!”
The Knight of the Round Ear took great care this time not to miss the fourth star that led to
Alas-K. He also paid attention to his visor, as he needed to keep an eye out for the Kitchen
Giraffe. The visor stayed open this time when he stepped into the Imagination, he stopped the
stars he was standing on, and looked around. Wishes were swirling and turning. When they
noticed the Knight of the Round Ear, they stopped a little before they moved on. They rarely
got to see a fully formed reality face to face. He was so strong that traveling through
Imagination could not affect his stability. He would not go back to being a possibility. Not like
the Kitchen Giraffe.
The Knight of the Round Ear looked around and started asking the wishes. “Hey, do you
know where I can find the Kitchen Giraffe?” The wish that was closest to him needed to go to
Alas-K quickly as he was meant for a brown bear so he brushed by him, and was gone. Wishes
were very bright and the information they contained was visible when you looked at them the
right way. The Knight started to understand how to read the wishes by looking through them.
He noticed that most wishes were about bears, and many were about rabbits. But when he looked closer, he noted that some wishes were aimed at other shapes. He tried to focus on colors
too, as he knew that the Kitchen Giraffe’s funnel hat was indigo blue.
The Knight moved further in the Imagination and by looking through the wishes and listening to them, he understood what things children wanted most. When wishes were about bears,
he understood that they needed to be comforted, that they wished for a soft and pointy muzzle
and round ears and the perfect bear shape so that they would have a bear to hug and feel
happy. The Knight embraced the feeling of hope and tenderness that traveled along with those
wishes, and continued to look for the Kitchen Giraffe in the clouds of fog formed by the cluttered wishes. He tried to move slowly to keep his visor open.
“An Appropriate Horse!” He suddenly heard a wish passing by closely and stopping for a
moment. It was one of his own. The Appropriate Horse wish had no specific quality, as the
8
SOGLITUDES
2/2015
Knight had never explained to anyone what he needed an Appropriate Horse for,
or even what it looked like. His wish had created a random horse, an expression of
pure horse-ness so to speak.
“It is not a funny hat, you see. It is a funnel hat!” The Kitchen Giraffe tried to
explain to the wishes for a “funny hat” that they were not in the right place.
Sometimes wishes could get distracted by sloppy pronunciation. “My hat is not
funny. It is a beautiful funnel hat, you see.” She said with determination, carefully
enunciating the word “funnel.”
And then, finally, the Knight of the Round Ear spotted the Kitchen Giraffe in
the middle of a twirl of wishes, where nothing was defined, where neither shape
nor color existed. “It is a very important tool needed to put liquid in a bottle, you
see. And if I don’t wear my hat, I am just a regular, striped giraffe without any
connection to a kitchen.”
“Hey! You must be the Kitchen Giraffe!” The Knight of the Round Ear cleared
his throat and called her name.
“Oh! Excuse me, wishes. I think somebody is calling me, you see.” And she turned her head first to one direction and then to another, and then she tried to make
a circle with her head, as there was no right way up in the Imagination.
“Kitchen Giraffe!” The Knight called again, and he noticed that his voice was
fading a little when he called her. He cleared his throat and tried again. “Kitchen
Giraffe!”
“Yes, what is it? Who is calling me?”
“Over here! I am the Knight of the Round Ear.”
“Oh, you are a bear.” The Kitchen Giraffe said with distinct disapproval when
she saw him.
2/2015
Illustration:
Van Troi Tran
SOGLITUDES
9
“Yes, I am.”
“Bears don’t like me. And I am not so sure that I like them very much either, you see.”
“But I am here to take you back to Alas-K.”
“The planet of bears, where all they do is insult me? No, thank you. I prefer to stay a possibility,
maybe something better will become of me here.” She raised her muzzle and turned her long neck
away from the bear.
“Come on.” He said, and stretched out his arms to her.
“No, thank you. I think I’d rather stay here.” And in the corner of her eye, a little tear formed.
“Come on, Kitchen Giraffe, I will set up the Nuzzle Fest and it is going to be great fun. You will
see.”
“The Nuzzle Fest?”
“Yes, the game that determines the bears that get to go to Earth and spread happiness among children with our famous Nuzzle.”
“Do you participate in that?” The Kitchen Giraffe asked the Knight of the Round Ear.
“No, I only put everything in place. And I coach the bears beforehand, with Adelaide’s help.”
“You coach them? How do you do that when you don’t do the Nuzzle yourself ?”
“I just tell them what to do. That’s my job. And I have to go back there now to do it.”
“Why don’t we stay here in the possibilities for a while?”
“Let’s just go, this is such a vague place.”
“I don’t know how, you see.”
“Of course you do. Now that you have your hat back, let’s go.”
10
SOGLITUDES
2/2015
“I don’t have my hat back yet, you see.”
The Kitchen Giraffe was still in the middle of defending her very special identity in a flow of conflicting wishes that rushed by her and swirled and sometimes covered her completely. “My blue funnel hat is essential to my head, and so are my stripes.” And every time she asserted that, the Knight
of the Round Ear witnessed a stronger coloration in her stripes. But the hat itself needed to be recreated too, so every time the wishes concentrated on her hat, there was a kind of flicker on her head
in the shape of a blue funnel. “I need my hat, you see. I am the Kitchen Giraffe, after all.”
The Knight of the Round Ear understood that it might help her endeavor if he also believed in
her, and so he said to the wishes: “This is the Kitchen Giraffe, you see. She has black and white stripes and a blue funnel hat!” And indeed, with his help, the hat suddenly had a stable enough shape to
sit firmly on her head, between her ears. She looked up, and when she felt that her hat had come to a
stable existence she looked upon the bear in armor in a very different way.
“Thank you, Knight! You gave me back my hat!”
“No problem, Kitchen Giraffe. I mean, you need your hat if you want to make it in the world,
right?” He mumbled, as he did not really know what else to say.
“Oh, this is so very lovely of you!” And she batted her eyelashes at him.
He blushed. “No need to thank me.”
“Of course, I need to thank you, you gave me back my existence.”
“Well, you seemed so ambivalent in your state.”
“Yes, I was.”
The Knight of the Round Ear suddenly forgot about his Appropriate Horse and smiled at her.
“Can we go home now?”
2/2015
“The Mystery
of the
Planet Alas-K”
from
Chapter 13
Many thanks
to Deirdre
Barrett for her
lovely editing.
SOGLITUDES
11
Montre-moi ton visage, je te dirai qui tu es
M : Bonjour Tatjana.
T : Bonjour Marc, je suis curieuse de connaître un peu plus la méthode de morphocoiffure
que vous avez développée.
M : Oui, je vais vous parler de vous.
T : De moi!
Entretien avec
Marc Dugast,
morphopsychologueconseil
M : Oui, à travers les traits de votre visage, je vous dirai comment vous fonctionnez, quels
sont vos points forts…vos points d’efforts. Et vers quel métier il est préférable de vous diriger,
cela vous intéresse ?
T : Oh, mais oui!
M : Je peux aussi vous parler de votre vie personnelle, ce vers quoi vous irez chercher, ce que
vous préférez en tout cas.
T : D’accord.
M : Alors, dans un premier temps, j’observe toute la silhouette. C’est la forme, la morphologie, qui m’intéresse.
T : Avant de parler de moi, parlez-moi donc de vous, j’aimerais connaître un peu votre
histoire.
M : Mon métier est morphopsychologue-conseil en image de soi. J’utilise les lois morphopsychologiques: la loi de la rétraction et de la dilatation, la loi de tonicité et de l’atonie, la loi d’équilibre et d’harmonie, la loi de mouvement et d’évolution. De là se dégage une meilleure connaissance de l’être qui permet de parfaire l’élégance du paraître. En harmonisant l’intérieur et l’extérieur la personne acquiert une meilleure confiance en elle, un sentiment de bien-être. La techni-
12
SOGLITUDES
2/2015
que se base sur le jalon du visage, le modelé, les récepteurs, les étages dominants et les dissymétries faciales. Ces termes donnent le ton de l’analyse.
T : Pourquoi vous êtes vous intéressé à cela ?
M : Je coiffais le fils du docteur Corman qui a créé la morphopsychologie, il
était psychiatre lui aussi. J’avais déjà entendu parler de la morphopsychologie,
et je me suis dit que cela pourrait être intéressant pour mon métier. Mais il m’a
dit que son père était à la retraite maintenant, qu’il ne faisait plus ça. Quelques
mois plus tard une amie, directrice artistique dans le pays de la Loire, m’en
parla de nouveau et je suis donc allé voir Carleen Binet, professeur de morphopsychologie, qui a aussi écrit l’ « Abc de la morphopsychologie » (Pocket, 2008) et
j’ai suivi ses cours pendant quatre ans. On m’a ensuite demandé de faire un
mémoire pour confirmer mes études et établir le lien entre la beauté, la coiffure, l’esthétique et la morphopsychologie. Et ce soir-là, je devais être missionné, j’ai noté sur un bout de papier les lois de la morphologie en les reliant avec
la géométrie qu’on utilise en coiffure, j’ai expérimenté… et en fin de compte
c’était juste. J’ai alors présenté le mémoire au docteur Corman lui-même, j’avais
la chance de le connaître, il avait 92 ans. Il me dit : « C’est complètement
incroyable ce que vous avez fait, vous venez de me donner une leçon de morphopsychologie. J’ai enseigné cela toute ma vie et vous venez de me donner ma
première leçon. » Il m’a fait peur. Il m’a dit : « Vous venez d’appliquer la morphopsychologie à un domaine pratique, et en plus à la coiffure, c’est invraisemblable, je comprends le sens de la morphopsychologie en vous entendant parler
de la coiffure. »
T : Et c’est parti de là ?
M : Le rapport que j’établissais entre les lois de la morphopsychologie et la
coiffure était juste. J’ai donc développé la morphocoiffure comme méthode.
Les lois morphologiques permettent d’établir l’harmonie entre le visage et la
2/2015
Louis Corman et la
morphopsychologie
La morphopsychologie fut créée
par la psychiatre nantais Louis
Corman en 1937. Il s’inscrit dans
une tradition qui établit un lien
entre les traits de caractère et
l’apparence. Déjà Pythagore,
Aristote ou Hippocrate se sont
intéressés à cela, plus récemment aussi C.G. Jung. Corman a
développé la loi dilatation-rétraction suite aux découvertes du
médecin Claude Sigaud. Selon
lui, la personnalité se trouve
entre ces deux dimensions extrêmes. Le visage du bébé est le
type dilaté, tout en rondeur, et
l’autre est celui du vieillard,
dominé par les os, la peau tirée,
un visage rétracté. Aucun visage
ne correspond exactement à ces
extrêmes, mais tous les visages
se situent entre les deux.
SOGLITUDES
13
personnalité. Le visage exprime la personnalité, elle peut être agressive ou passive, mais change
aussi selon les saisons. Le coiffeur doit capter le désir du moment chez sa cliente. La dilatation
engendre une coiffure ample, volumineuse, adaptée au présent. La rétraction demande une coiffure concentrée autour du visage.
T : Selon les lois de l’harmonie ?
M : Oui, pour chaque personne, l’harmonie entre les traits du visage et la personne, la coupe
sera parfaitement adaptée à la personnalité. On cherche à harmoniser les volumes entre les différentes parties, cérébrale, affective et instinctive. On adapte aussi la partie gauche et la partie
droite selon la morphologie. Le côté droit correspond au présent, le côté gauche à l’enfance,
pour les gauchers c’est l’inverse. Dépendant des récepteurs, la coiffure changera de volume, elle
sera plus ou moins statique. Selon les dissymétries faciales, le coiffeur dégagera dans quelles
parties du visage les cheveux doivent tomber pour le protéger ou au contraire le mettre en
lumière. Cela se manifeste aussi dans les reflets, la couleur doit apporter des nuances entre le
côté clair et le côté obscur.
T : Expliquez-moi un peu plus cette technique.
M : Oui. Alors, en ce qui vous concerne, je regarde la forme générale, la longueur, la largeur,
la profondeur, la forme générale.
T : Vous prenez des mesures ?
M : Non, je n’en ai pas besoin.
T : C’est une impression générale ?
M : Ce qui est important c’est l’interaction entre les parties, et la vie qui se dégage de la personne, c’est là qu’on saisit la personnalité pour l’approcher de plus près. Votre forme générale,
si je la dessine, sera assez arrondie sur l’ensemble, le corps et le visage. Je ne vais pas donner
des angles très marqués. Avec une forme arrondie, la féminité est toujours prioritaire, et par là,
le sens d’adaptation à l’environnement. Une forme masculine est plutôt en lutte. Le côté mas-
14
SOGLITUDES
2/2015
culin va toujours engendrer la résistance, le côté féminin est plus adapté. Chez la femme « américaine » souvent, l’esprit masculin est fort, le côté indépendant domine, mais en ce qui vous
concerne, la forme féminine est bien prioritaire. Elle est un peu solide, avec une bonne ossature, une bonne densité aussi, la forme est assez compacte, surtout au niveau du corps, le fondement est un peu plus doux, mais il a été renforcé. Votre visage reste plus féminin. Le corps est
un peu tendu, mais moins le visage. Ce n’est pas une incohérence, c’est dans le bon sens des
choses, il y a un peu plus de tonicité dans le corps que dans le visage.
T :Ah oui.
M: Cette forme arrondie est un peu ovalisée, ce qui amène des premiers traits de caractère.
Elle est moyennement large, assez équilibrée, le visage n’est ni trop large, ni trop fin, l’adaptation à l’environnement est donc relative, c’est une « dilatation », une ouverture vers l’extérieur,
avec un léger besoin de sélectivité. Pour vous sentir bien où vous êtes, il est important pour
vous de choisir d’abord, mais vous allez vous adapter assez vite après.
Ensuite, on retrouve le besoin d’ouverture à la fois sur le fond et sur la forme. Dans votre
fonctionnement principal, il y a une forte intuition naturelle de l’environnement. Votre adaptation relative est très spontanée, à la fois sur le plan mental, affectif et instinctif. Les trois étages
captent l’immédiateté. Vous allez naturellement faire les choses en fonction de ce que vous pensez qui est bien, pas forcément de façon méthodique, ou selon ce qu’on vous dit de faire, ce
n’est pas vous. Vous faites en priorité confiance à votre intuition naturelle. Sur le fondement,
quand je fais un rapport avec l’image de soi, je vois le besoin de rester dans un environnement
féminin.
T :Pourriez-vous préciser?
M :Une ambiance féminine, c’est la souplesse, la douceur, les bons rapports, les nuances, on
n’aime pas le conflit, on préfère l’harmonie. Les couleurs chaudes, orange, rose saumon, des
tons doux.
T : Est-ce que j’aime la compétition selon vous ?
2/2015
SOGLITUDES
15
M : On peut être compétitif, mais toujours dans le bon sens, jamais « contre », mais dans le
bon sens, réussir oui, mais toujours dans la bienséance, vous n’aimez pas être dans l’esprit de
rapports de force, ce n’est pas vous. Ensuite deux parties se dégagent chez vous : la partie cérébrale et la partie affective.
T : Dans le visage ou dans le corps ?
M : En fait, le corps n’est qu’une continuité du visage. Je vois tout dans le visage.
T : Vous voyez ça en proportions ?
M : Oui, proportions, énergie, tonicité, équilibre. L’intuition est forte chez vous, le mental va
jouer un grand rôle, mais ce sera toujours le cœur qui choisira votre chemin. Le besoin affectif
est immédiat, il y a un bon contact, mais assez mesuré, et modéré, sans excès. L’aspect humain
et relationnel est prioritaire, quoi que vous fassiez, sinon vous n’existez pas. La partie affective
est la partie médiane que je viens de décrire. Maintenant je passe à la partie cérébrale, la partie
haute du visage, l’os frontal, les temporaux, et puis toute la zone oculaire.
T : Les yeux donc.
M : Oui, les yeux font partie du mental, on pense et on traduit sa pensée par ses yeux, ainsi
parfois un seul regard suffit, on n’a pas besoin de parler. La partie médiane, donc les pommettes, les joues, le nez nous donnent l’aspect relationnel, affectif et sentimental. La partie
instinctive, la mâchoire, les dents, c’est là où on prend notre assise dans ce monde. Les instincts
sont liés aux trois fonctions primaires – la nourriture, l’analité et la sexualité, et par là, la reproduction aussi.
Chez vous, la partie cérébrale est ogivale, les yeux sont bien présents, le tout est un peu
arrondi, lissé, donc l’intuition et la captation de l’environnement sont prioritaires. Un mode
d’emploi, un plan de la ville vous fait perdre patience. Vous allez capter tout spontanément et
trouver le chemin intuitivement.
T : Pourtant, souvent on me dit que je devrais être plus spontanée.
16
SOGLITUDES
2/2015
M : Vous êtes spontanée. Quand on vous dit d’avoir plus confiance, on aimerait que vous ayez
un peu plus de sensibilité, vous pouvez vous bloquer. Vous aimeriez avoir plus d’ordre, oui.
T : Oui, j’ai besoin de mettre de l’ordre souvent.
M : Je suis d’accord. La confiance est prioritaire, donc vous ne voyez pas toujours les mauvais
coups. Parce que ce n’est pas vous, vous êtes dans l’harmonie.
T : Ça se travaille?
M : On peut apprendre à avoir un peu de distance, mais vous êtes naturellement dépendante
de l’autre, il peut y avoir un peu de « naïveté ».
T : Pour être en confiance avec les autres, je dois établir un rapport personnel ?
M : Le besoin de se sentir bien avec les autres est là. Le côté négatif chez vous est le manque
de distance et le besoin de dépendance, aussi le côté possessif, quand vous aimez vous aimez
bien garder, donc ce n’est pas facile pour vous de lâcher, cela rejoint le côté enfant, le côté naïf
comme je disais tout à l’heure. « C’est à moi, je ne veux pas que quelqu’un d’autre l’ait. » Un
sentiment de frustration quand on n’obtient pas ce qu’on souhaite, quand on le souhaite.
T : Ah bon ? Je ne me sens pas concernée du tout…
M : La partie instinctive est au service des deux autres parties. Elle est là pour agir, pour faire
ce qu’il y a à faire, la partie affective décide, et l’instinct va faire. Mais ce n’est pas lui qui décide
chez vous. La partie instinctive, donc l’ambition, l’argent, amasser, acquérir, tout ce qui est
matériel, ne vous intéresse pas.
T : Vous voyez ça dans ma mâchoire? Que l’argent ne m’intéresse pas? C’est écrit ici?
M : Oui. Ce n’est pas votre priorité. Si vous quittez, vous ne vous battrez pas pour essayer de
garder les meubles. Mais vous aurez peur de manquer parfois, c’est là que l’instinct se manifeste. Vous aimez être dans un environnement sécurisant sur le plan matériel, pour ne pas avoir à
vous en occuper. Vous ferez tout pour vous mettre dans un environnement sécurisé.
2/2015
SOGLITUDES
17
T : Peut-être en ce moment, oui.
M : Non, tout le temps. C’est vous. Vous préférez fonctionner dans votre boîte à idées làhaut, échanger, communiquer. Gagner coûte que coûte ce n’est pas cela qui vous motive, ce
n’est pas l’ambition qui va faire que vous allez vous battre.
T : Mais est-ce que la reproduction est là aussi ?
M : (rit) Oui, elle est là. Ce n’est pas pour ça qu’on ne reproduit pas.
T : Juste pour savoir, ce n’est pas une priorité non plus ? Vous avez dit : les instincts, la sexualité, la reproduction, c’est dans la même partie du visage, dans la mâchoire.
M : Comment expliquer? Ce n’est pas que ce n’est pas une priorité chez vous, parce que ça
fait bien partie de la vie naturelle, mais le besoin de se faire plaisir, dans le sens extérieur est
plus important chez vous.
T : Donc je dois concevoir la reproduction comme un plaisir avant de l’accepter ?
M : Tout à fait. C’est dans ce sens-là que ce sera fait. Mais pas dans le sens « ça doit être fait »,
tout ce qui « doit » être fait ne vous intéresse pas. Donc vous ferez les choses parce que le cœur
vous le dit, parce que vous y trouvez de la joie, mais pas parce que vous allez gagner de l’argent,
ou parce que cela va construire votre vie de manière pérenne.
En synthèse : Il y a un bon équilibre, votre fonctionnement est assez simple, vous n’êtes pas
quelqu’un de compliqué. Quand on vous pose un problème, vous avez déjà la solution, vous ne
la trouvez pas.
T : Comment ?
M : Quand vous avez un problème, vous avez immédiatement l’intuition de la solution. Vous
connaissez la solution, mais de la démontrer vous intéresse moins.
T : Intéressant. Parce que quand je prends des photos ce sont quasiment toujours des détails.
Souvent des choses qui ne vont pas ensemble en apparence.
18
SOGLITUDES
2/2015
M : La photo, c’est votre œil. Donc lui va focaliser de façon plus détaillée, il a une recherche
qualitative aussi. Un besoin d’être concret, pragmatique dans la visualisation, qui ne se retrouve
pas dans la pensée globale, plus vaste que l’œil lui-même, qui lui est plus focalisé sur les détails.
T : Donc mon œil se concentre sur les détails, et mon esprit sur la globalité ?
M : Oui, justement, l’inconscient s’intéresse aux choses plus vastes, plus globales en général.
T : Merci, Marc, pour cet entretien.
2/2015
SOGLITUDES
19
Visage et Seuil
Nous protégeons notre vie intérieure tout en montrant notre sensibilité, même malgré nous,
par notre visage.
Le problème de liaison des propriétés présuppose un percept initial pur ou indéterminé. On
suppose d’abord que le système cognitif enregistre des éléments indistincts ou indéterminés
comme une texture, une couleur ou une forme, séparément les unes des autres. Avant même de
réunir des perceptions différentes dans un même sens ou un même objet, nous supposons pouvoir faire l’expérience de ces éléments séparément. Et cela pose en lui-même un problème phénoménal. Nous ne faisons pas l’expérience de la pure blancheur ou de la pure rondeur d’une
bille.
Dans un seul moment de perception, un très court instant, nous comprenons le sens d’une
scène, nous identifions un visage, nous saisissons la signification d’un regard. Très souvent, un
seul coup d’œil semble suffire, et pourtant, une infinité d’aspects et de détails nous échappent
en même temps. Cependant, dans ce seul coup d’œil sont contenus tous les aspects de la chose
ou de la scène ou du regard en question. Par la compréhension momentanée, nous sommes
face à la totalité projetée par l’intention dans ce court instant, ce fragment de perception. Notre
perception fragmente le réel, et grâce à cette fragmentation, rend possible chaque moment. Les
possibilités sont contenues dans chaque moment, chaque expérience, chaque perception et font
varier les points de vue et donnent à la réalité son aspect en évolution. Ce qui n’empêche pas
que la compréhension d’un seul point de vue suffise à représenter un objet en totalité.
C’est grâce à toute cette richesse de points de vue possibles que nous reconnaissons des choses du premier regard. La dialectique perceptive déploie un éventail de positions possibles
adoptées par rapport aux choses dans le monde. Le potentiel de changement permet précisément la manifestation à laquelle nous avons affaire à un moment précis. Une chose peut être là,
ou absente, et entre ces deux extrêmes se jouent toutes ses possibilités d’existence qui rendent
possible la seule réalisation actuelle qui n’est qu’une parmi toutes.
20
SOGLITUDES
2/2015
Le seuil de la perception est imperceptible. Nous ne changeons pas consciemment de point
de vue et nous ne passons pas volontairement d’un aspect à un autre. Nous ne pouvons pas
analyser chaque changement consciemment car nous ne pourrions plus vivre normalement si
nous devions reconsidérer chaque aspect dans le moindre détail. Le mouvement des paupières
exprime le changement de position et de perspective et permet aussi sans doute notre perception fluide et sans ruptures. Le mouvement incessant de l’œil est une contribution à la sensation
de stabilité. Un seuil est observable dans l’effectivité du passage d’un moment à un autre, d’un
point de vue isolé à un autre, et surtout, le seuil correspond au moment entre ces deux autres
instants. Un moment est d’ailleurs uniquement considéré comme isolé d’un autre si on se pose
en observateur par rapport à des moments passés, donc ultérieurement.
On distingue dans chaque moment de perception un ensemble de l’avant-plan qui se présente
comme la figure par rapport à un arrière-plan, le fond, comme dans le vase de Rubin.
Le vase de Rubin
est une des images
les plus parlantes
pour illustrer le problème de la figure
par rapport au fond,
mais elle illustre
aussi le changement
de l’attention à l’un
ou a l’autre des éléments de la scène :
le vase ou les deux
visages de profil.
2/2015
SOGLITUDES
21
Les frontières assignées par la perception selon le stimulus qui est mis en avant sont aussi illustrées par d’autres illusions visuelles connues comme le carré de Necker qui peut « sauter »
dans notre esprit et soudain, une autre face est mise en avant et nous percevons une autre perspective. Dans le cas du carré de Necker et du vase de Rubin, une fois les deux aspects reconnus, nous pouvons accepter l’ambivalence et changer de l’un à l’autre presque selon notre
volonté. Dans l’illusion optique Müller-Lyer cependant, même si nous savons que les deux segments sont de même longueur, l’illusion persiste et nous voyons les flèches pointant vers l’intérieur comme constituant les bouts d’une ligne plus longue.
Cube Necker
(a)
Illusion Müller-Lyer
(b)
Pour reconnaître et lier les éléments entre eux, plusieurs mécanismes de perception permettent de considérer le seuil et de l’introduire comme notion de passage entre les points de vue de
la scène devant nous. Le passage (switch) d’une portion de réalité à une autre passe de seuil en
seuil car nous ne sommes jamais entièrement dans quelque chose. Notre mémoire crée et recrée
le réel au fur et à mesure, et de la même façon, notre champ de vision contient toujours un
fragment d’un réel qui renvoie à autre chose. Quand nous faisons varier notre perspective,
comme quand nous inclinons le miroir, nous voyons toujours une autre partie qui nous manque. Surtout, nous nous rendons compte que nous projetons toujours sur la partie immédiatement dans la perception en supposant qu’elle est plus grande, que notre point de vue peut
varier infiniment.
22
SOGLITUDES
2/2015
Reconnaissance du visage et émotions
La reconnaissance du visage dépend de la reconnaissance de l’émotion exprimée par ce visage. Notre propre capacité à exprimer ces émotions conditionne la possibilité de reconnaître ce
que notre vis-à-vis exprime et peut donc souffrir si nous faisons altérer notre propre visage.
David Neal de l’université de Southern California et Tanya Chartrand de l’université Duke
North Carolina ont publié un article sur l’altération de la reconnaissance des émotions chez les
autres à cause d’injections de Botox qui immobilise certaines terminaisons nerveuses et nous
rend ainsi incapables de reproduire une émotion observée. Grâce à cette fonction de miroir
nous pouvons comprendre notre entourage et nous devons reproduire les émotions des autres
dans notre propre visage. Si cette fonction est perturbée, notre relation au monde change et
nous ne pouvons plus agir en adéquation. Toute la reconnaissance d’objets pourrait être liée à
un miroitement interne, une sorte de reproduction ou recréation automatique des éléments de
notre environnement. Et uniquement grâce à cette reproduction nous pourrions comprendre ce
qui se passe.
La reconnaissance du visage de quelqu’un dépend aussi de la dernière fois que nous l’avons
vu. Si le visage lui-même a changé en dehors des limites naturelles du changement, toute l’histoire de la perception par rapport à ce visage semble altérée. On ne se souvient plus comment
la personne était avant. On voit d’ailleurs bien que l’on n’arrive plus à se souvenir des visages
de ses amis d’enfance quand ils étaient plus jeunes, si nous avons encore un contact régulier
avec eux. Au contraire, un ami que l’on n’a pas vu depuis des années semble imprimé dans
notre mémoire tel qu’il l’était la dernière fois que l’on l’a vu. Cette création de la mémoire face
à la conscience est illustrée par plusieurs cas étudiés par Rosenfield et Sacks (Rosenfield, 1994 ;
Sacks, 1995) comme celui du docteur P qui avait confondu la tête de sa femme avec son chapeau.
Le cas le plus frappant était sans doute pour ma génération l’actrice Jennifer Grey qui avait
joué « Baby » dans le film de 1987 Dirty Dancing (avec Patrick Swayze) et a subi une chirurgie
2/2015
SOGLITUDES
23
plastique qui transforma complètement son visage. Non seulement, on ne la reconnaissait plus,
mais sa carrière en a tellement souffert qu’elle ne réussit plus qu’à jouer son propre rôle dans
une série où un élément comique était justement sa chirurgie plastique. Récemment, on peut
penser à Hugh Grant, Rupert Everett, Ben Stiller qui semblent complètement différents. Et il
est même arrivé que je voie un film (Wild Target, le Remake récent du film Cible émouvante de
1993) dans lequel Rupert Everett était supposé jouer. Je ne l’ai pas reconnu parmi les acteurs,
seulement un personnage semblait être Rupert Everett portant un masque. Et là, j’ai connecté
les informations sur le cerveau qui crée une nouvelle image de l’objet en question à chaque
nouvelle interaction. Car maintenant, même quand je vois une vieille photo de lui, le cerveau
sait qu’il a changé d’apparence et refuse en quelque sorte de lui restituer l’ancienne apparence
totalement.
Ce phénomène arrive moins quand on regarde des vieilles photos de personnes qui n’ont pas
subi d’opération. Mais même là, il semble qu’il y ait une certaine réticence perceptive à restituer
l’ancienne image dont on sait qu’elle est là, mais que l’on ne réussit pas à rattraper. Le visage de
l’enfant peut sembler éternel parfois, même s’il changera énormément pendant la croissance.
Mais parfois, quand on regarde un visage d’enfant, on a l’impression qu’il est parfait, et qu’il
pourra rester ainsi. On a tendance à immobiliser des moments dont on sait qu’ils ont un potentiel de changement.
24
SOGLITUDES
2/2015
Eine Stadt an der Schwelle
Triest ist eine schöne Stadt mit einem atemberaubenden Hafen, der überraschend auftaucht,
wenn man vom Bahnhof in das Stadtzentrum geht. Plötzlich sieht man das Meer links und es
ist somit gut, hier zu sein. Die Entspannung, die Triest vermittelt, kommt von diesem doppelten Charakter, zwischen dem Meer und dem Berg, dem besonderen Licht zwischen Wasser und
Höhe, eine Stadt an der Schwelle.
1914-1921: Triest-Zürich-Paris
1914-1921: Triest-Zürich-Paris – Das steht am Ende von Ulysses, und damit wird jedem Leser
des Buches anvertraut, dass das Buch über Dublin gar nicht in Dublin geschrieben wurde.
Inspiriert war Joyce von Triest, und von Nora Barnacle, seiner leidenschaftlichen Begleitung.
Am 20. Oktober 1904 kamen James Joyce und Nora Barnacle aus Dublin nach Triest. Bei
seiner Ankunft sagte Joyce zu Nora, sie solle am Bahnhof auf ihn warten, während er loszog
um sich um eine Bleibe zu kümmern. Auf dem Platz Unita Dell´Italia wurde er von Matrosen
in eine Schlägerei verwickelt und musste vom englischen Konsul aus dem Gefängnis ausgelöst
werden. Er kehrte nach einigen Stunden zur wartenden Nora zurück. Ein erstaunlicher
Willkommensgruß für den Schriftsteller, der in dieser Stadt die Idee zu Ulysses hatte, einige
seiner bekanntesten Werke verfasste und eine Freundschaft zu dem anderen Triester Autor,
Italo Svevo, aufbauen konnte.
Triest ist die Stadt, in der Svevo und Joyce einander trafen, Svevos Heimatstadt und Joyces
Wahlheimat bis er 1919 nach Paris zog und dort die nächsten zwanzig Jahre verbrachte. Italo
Svevo, Bankier und Schriftsteller, wurde ein guter Freund von James Joyce, 1907, als er an der
Berlitz School von Joyce Englisch Unterricht bekam.
2/2015
SOGLITUDES
25
In der Via San Nicolo 32, wo jetzt Zara ist.
In der Konditorei Pirona in der Largo Barriera Vecchia 12, in der
Joyce oft den Triester Nuss-Strudel Presnitz aß, hatte er angeblich die
Idee zu Ulysses. Ich konnte das nicht genau nachvollziehen, da die
Konditorei geschlossen war, als ich dort war.
Nur ein paar Monate nach ihrer ersten romantischen Begegnung im
Juni 1904 kamen Joyce und Nora nach Triest. Der Tag, an dem James
Joyce Nora zum ersten Mal liebte, war der 16. Juni 1904 und dies ist
auch der Tag an dem Ulysses spielt. Der Tag, an dem für ihn das ganze
Leben stattfand, der ewige und universelle Tag, an den Joyce das Maß
setzt, den Alltag überhaupt auszudrücken. Heute wird der 16. Juni
als Bloomsday gefeiert, genannt nach Leopold Bloom, dem
Protagonisten des Romans, dessen Vorbild Italo Svevo war.
Immer die eigene Stadt
Statue von James Joyce, Via Roma 16,
vom Triester Skulptor Nino Spagnoli,
2004 zum 100-Jahr-Jubiläum von
Joyces Ankunft in Triest aufgestellt
26
SOGLITUDES
Italo Svevo schrieb immer in Triest, und über Triest. Ihm geht es
auch immer um seine Heimatstadt. Joyce schreibt immer über Dublin,
wo auch immer er sich aufhält. Sein Werk Dubliners liefert die
Unterlage zu Ulysses, scheint aber im Rückblick, wie Marcel
Duchamps oder Picassos frühe Bilder, wie eine Übung bevor das
Detail zur Universalität wird. Erst muss der Künstler üben und seine
Technik verfeinern, bevor er sich über diese Einschränkung erheben
darf, wenn er es wagt. Die Beschreibung der Details von Menschen
und Verhaltensweisen, die er kennt, der Sprache und der
Gewohnheiten, die ihm vertraut sind, sind für ihn die einzige Art, das
Universelle auszudrücken. Jeder Ort besitzt Eigenheiten und die
Menschen, wo sie auch immer sind, entfalten ihre Gewohnheiten und
2/2015
Merkmale. Ulysses ist der erste Roman des Bewusstseinsstroms, in dem nicht nur
die Personen handeln oder fühlen, sondern wo der Leser unmittelbar am
Bewusstsein der Figuren teilhat. Daher ist es nicht entscheidend, wo das
Anzeigenbüro ist, in dem Leopold Bloom arbeitet, oder an welchem Strand er eine
Frau beobachtet. Jedes Büro, jeder Strand, jeder Brief, jeder Moment der Erregung
kann durch Joyces Vermittlung als universeller Moment gelten. Auch wenn Ulysses
in Dublin spielt und die Eigenheiten der irischen Stadt dort verewigt wurden, so
kann man doch Triest im Roman nachvollziehen.
Ein Tag so wie jeder Tag, mit Aktivitäten, Gedanken und Gefühlen von drei
Personen. Wenn Leopold Bloom, der Hauptdarsteller von Italo Svevo inspiriert ist,
wer sind Molly und Stephen, die anderen beiden? Da Joyce in Ulysses den
Bewusstseinsstrom verwendet, kann man beim Lesen nicht unterscheiden, wer
gerade am Strand spazieren geht, sich mit Mulligan streitet oder den Brief eines
Bewunderers liest. Der Leser geht mit Joyce von einem zum anderen über. In
Triest hat es zu dieser Zeit im Cavana Bezirk mehr als vierzig Bordelle gegeben,
Joyce hat diese als „institutions of public insecurity“ bezeichnet. Auch in Ulysses
spielt ein ganzes Kapitel in Drama-Form in einem Bordell.
Joyce blieb mit Nora fünfzehn Jahre lang in Triest, sein Bruder Stanislaus kam
auch nach Triest und unterrichtete auch an der Berlitz Schule, Joyce hat auch seine
Schwester Eileen nach Triest geholt. Von 1914 an hat Ulysses Joyce beschäftigt,
und am 2. Februar 1921 hat er die Arbeit daran, wie geplant, beendet, an seinem
40. Geburtstag. James Joyce hat Dublin verlassen, weil es ihn beengt hat. Er hat
sich Triest ausgesucht und dort Dubliners geschrieben, und derzeit gibt es eine
Ausstellung im James Joyce Museum in Triest die sich „Triesteners“ nennt. Das
Joyce Museum und das Svevo Museum befinden sich im selben Haus.
Der Platz Unita dell’Italia ist ein guter, beruhigender Ort, wo das Licht gut einfällt und es einige Cafes gibt, in denen man länger sitzen kann ohne bedient zu
werden, wo man den Blick auf die Weite, den Hafen, die menschliche Dimension
2/2015
SOGLITUDES
27
des Platzes genießt und sich fragt, wieso Triest ausgewählt wurde, um Ulysses zu
schreiben. Es scheint, als ob man sich hier mehr Zeit für alles nimmt, denn bedient
wird man lange nicht, außer es ist Zeit für den Aperitivo, den bekommt man rasch
und plötzlich, und erstaunlich viele Köstlichkeiten dazu, die man gar nicht bestellt
hat. Mini Pizza, Shrimps Cocktail, Spießchen mit Wurst und Käse, Chips Varianten,
alles kommt rascher als das Mittagessen.
Triest hat die Stimmung der sonnigen Küste, ganz kleine Straßen, mit spärlichem
Lichteinfall zwischen bunten Häusern und blauem Himmel. Entspannt an manchen
Orten, dann wieder laut und gedrängt wie eine Großstadt. Die Kontraste sind stark,
das Licht sanft und grell, vom Meer reflektiert. So klein sind manche Straßen, dass
ich die Straße unseres Hotels dreimal verpasst habe, und das nicht nur weil mein
Orientierungssinn sehr schlecht ist. Es war jedenfalls gut, sich auf diesem ganz kleinen Stück des Weges zu verirren, denn dort treffen sich der Spazierweg James Joyce
und der Spazierweg Italo Svevo. Und ich bekam so ein erstes Gefühl für die literarische Stadt Triest. Ich merkte mir daher gut die Via Cavana und den Hortis Park, wo
auch eine Universitätsbibliothek ist. Vor dieser Bibliothek steht eine Statue Svevos,
auch Joyce hat auch eine Statue, auf einer kleinen Brücke, die über den Kanal führt.
Die Brücke daneben trägt seinen Namen.
Triest gehört Svevo und Joyce
Joyce nahm sich Svevos literarischer Karriere an und es ist ihm zu verdanken,
dass Svevos Schriften Aufmerksamkeit bekamen und Ruhm erlangten. Nicht zuletzt
weil er veranlasste, dass La coscienza di Zeno auf Französisch übersetzt wurde und in
Frankreich erschien, wo es begeisterte Kritiken bekam. Joyce hat Italo Svevos Frau,
Livia Veneziani, ein Kapitel in Finnegans Wake gewidmet, Anna Livia Plurabelle. Ist
Livia auch das Vorbild für Molly oder war es doch Nora, mit der er eine jahrelange
28
SOGLITUDES
2/2015
Leidenschaft gelebt hat? Es scheint, als ob Joyce von Svevos Frau fasziniert war. Er
beschrieb ihre Haarpracht als goldbraune Mähne.
Joyce hatte neun verschiedene Adressen in Triest, die heute alle mit einem James Joyce
Wegzeichen versehen sind. Im Cafe Stella Polare las er seinem Bruder aus Dubliners vor,
und dort kann man den Spazierweg Svevo und den Spazierweg Joyce auch nachverfolgen. Ganz nahe an der Berlitz Schule und einer der Adressen, an denen Joyce gewohnt
hat.
Triest hat aber auch Rilke empfangen und die Duineser Elegien sind in dem Schloss
Duino entstanden. Heute im Besitz der Familie Thurn und Taxis waren dort oft Gäste
anzutreffen wie Mark Twain oder Victor Hugo, 1906 ist Ludwig Boltzmann dort gestorben. Rilke hat auch einen Spazierweg dort, zwischen den Felsen von Sistiana und Duino.
Triest ist tief von der literarischen Anwesenheit seiner Autoren geprägt und behält eine
ruhige, weltoffene Stimmung, die vom Meer bestimmt ist. Der Hafen und der Canal
Grande haben eine Anziehungskraft, in der die Zeit still hält. Man könnte dort noch einige schöne Bücher schreiben und die Zeit vergessen. Triest ist immer an der Schwelle von
Meer und Karst, an der Kreuzung von drei Kulturen, die im verklärten Licht der untergehenden Sonne zu einer Versöhnung kommen. Vieles scheint kompliziert, doch mit
dem Blick auf das Meer wird plötzlich alles ganz einfach, und ich wäre gerne dort noch
länger sitzen geblieben.
2/2015
SOGLITUDES
29
Der Wiener Kreis
Exaktes Denken am Rande des Untergangs
20.05.215- 31.10.2015
Ausstellung im Hauptgebäude der Universität Wien
Kuratoren: Karl Sigmund und Friedrich Stadler
Architektur: Hermann Czech
Digitale Medien: Peter Weibel
Wissenschaftliche Mitarbeit: Christoph Limbeck-Lilienau
Aufbruch ins Denken
Zum ersten Mal habe ich vom Wiener Kreis gehört, als ich vor vielen Jahren eine Führung
durch das Haus Wittgenstein in der Wiener Kundmanngasse machte.
Der Wiener Kreis war ein philosophischer Zirkel, der 1924 von einem Philosophen, Moritz
Schlick, einem Mathematiker, Hans Hahn, und einem Sozialreformer, Otto Neurath, gegründet
wurde, um eine wissenschaftliche Weltauffassung zu entwickeln und zu verbreiten. Die Gruppe
funktionierte zwischen 1923 und 1936 und wurde aufgelöst als ihr Hauptvertreter, Moritz
Schlick, an der Wiener Universität ermordet wurde. Der Wiener Kreis hat aber bis heute
Auswirkungen auf das internationale geistige Geschehen.
Derzeit gibt es noch bis Ende Oktober die Ausstellung „Der Wiener Kreis. Exaktes Denken
am Rande des Untergangs“ im Hauptgebäude der Wiener Uni zu sehen. In dieser von
Friedrich Stadler und Karl Sigmund zusammengestellten philosophischen Ausstellung lernt
man den Hintergrund dieser Forschungsgruppe kennen, die sich mit der Verwissenschaftlichung der Philosophie befasste und sich um eine adäquate Ausdrucksform für die Sprache
der Philosophie bemühte. Wodurch zeichnet sich wissenschaftliche Erkenntnis aus?
30
SOGLITUDES
2/2015
Haben metaphysische Aussagen einen Sinn? Worauf beruht die Gewissheit logischer Sätze?
Wie ist die Anwendbarkeit der Mathematik zu erklären? Diese Fragen wurden regelmäßig
diskutiert.
Der Wiener Kreis ging aus dem Verein Ernst Mach hervor und versammelte Philosophen
und Mathematiker wie Rudolf Carnap, Kurt Gödel, Karl Menger, Ludwig Wittgenstein, später
auch Karl Popper. Von der Auseinandersetzung zwischen Ernst Mach und Ludwig Boltzmann
über die Existenz von Atomen bis zum Streit zwischen Popper und Wittgenstein über die
Realität philosophischer Probleme hat der Wiener Kreis fundamentale Fragen gestellt, die bis
heute die Forscher beschäftigen.
Der Wiener Kreis
Ausstellung an
der Universität
Wien
Die Ausstellung hat die Herausforderung, philosophische Fragen und Inhalte mit kulturellen
Geschehnissen zu vereinen, und bringt in einer reichen Kombination Inhalte mit Wort und Bild
dem Publikum näher. Begleitende Texte und Apps führen den Besucher durch das wissenschaftliche Suchen und die Arbeit des Philosophen selbst wird so dargestellt und vermittelt.
Eine nicht sofort ersichtliche Linie, die sich jeder Forscher selbst suchen muss, ist in dieser
Weltpremiere der Ausstellung über eine philosophische Gruppe zu sehen. Der Besucher kann
den Weg der einzelnen Forscher nachgehen, die wichtigen Stationen ihres Lebens besuchen, mit
unterstützenden Dokumenten etwas mehr oder viel mehr erfahren. Man folgt Moritz Schlick
nach Massachusetts wo er seine Frau Blanche heiratet. Im Bereich „Das rote Wien“ stellt man
mit Schrecken fest, dass er von einem Studenten auf einem Stiegenaufgang an der Universität
erschossen wurde. Man erfährt, dieser hätte den Professor für beruflichen Misserfolg verantwortlich gemacht, aber es ging vielleicht auch um romantische Rivalität.
Ein zentraler Aspekt dieser Ausstellung ist die Geschichte, die zur Vertreibung des Wiener
Kreises aus Wien führte. Die abstrakten Forschungen Carnaps und Gödels bilden die Vorreiter
für die praktische Anwendung der Algorithmen, die unser heutiges Leben begleiten.
Die Herausforderung, Philosophie visuell darzustellen, wird dank Peter Weibels Kenntnis von
digitalen Medien vermittelt. Die Ausstellung soll auch nach Karlsruhe an das Center for Art
and Media wandern, dann nach New York an die Universität Columbia, nach England nach
2/2015
SOGLITUDES
31
Cambridge oder London. Die Umsetzung von philosophischen Themen in Form einer musealen Vermittlung geht so ihren Weg.
Seit 1991 gibt es das Institut Wiener Kreis durch die Initiative von Friedrich Stadler, und es
ist seit 2011 Teil der Universität Wien. Friedrich Stadler ist Professor für Philosophie und
Geschichte an der Universität Wien und mit Karl Sigmund, Professor für Mathematik, einer der
Kuratoren der Ausstellung. Er hat mit mir ein Gespräch an seinem Institut geführt.
T : Guten Tag, Herr Professor. Wie kam es zu dieser schönen Ausstellung?
F.S. : Die Geschichte ist etwas labyrinthisch. Einerseits gab es den äußeren Anlass, 650 Jahre
Universität Wien, und andererseits gab es im Vorfeld unterschiedliche Überlegungen. Mein
Kollege Karl Sigmund, der Mathematiker, hat den Vorschlag zur Ausstellung gemacht. Ich hatte
ursprünglich gar nicht daran gedacht, und war umso erfreuter als das Rektorat zustimmte und
wir mit diesem sehr komplexen Projekt begannen. Es ist übrigens die erste Ausstellung international über den Wiener Kreis. Die Arbeit geht zurück in das Jahr 2013.
T : Das ging aber dann doch ziemlich rasch.
F.S. : Die theoretischen Vorarbeiten waren ja vorhanden. Das Institut Wiener Kreis existiert
seit 1991 und ist seit 2011 Teil der Universität Wien und hier hat sich einiges an Expertise
angesammelt. Material und Publikationen hatten wir schon und mussten daher nicht aus dem
Nichts beginnen. Im Grunde war es eine Spezifizierung im work in progress.
T : War das Institut Ihre Idee?
F.S. : Das Institut war meine Initiative im Zusammenhang mit der Überlegung, das Erbe des
Wiener Kreises hier an der Universität Wien zu verankern. Mit Kollegen, einem ProponentenKomitee, damals noch Rudolf Haller, und andere, unterstützt durch die Stadt Wien und das
Wissenschaftsministerium. Es hat sich sehr gut entwickelt und wurde international und auch
hierzulande wahrgenommen. Mit der Übernahme des Instituts in die Universität ist eine gewisse Stabilisierung und Institutionalisierung in Lehre und Forschung eingetreten.
32
SOGLITUDES
2/2015
T : Hat das Institut auch eigene Studenten?
F.S. : Im Rahmen des Instituts „History and Philosophy of Science“ bin ich in beiden
Studienrichtungen, Philosophie und Geschichte, tätig und bei dieser Doppelprofessur werden
auch Inhalte „Wiener Kreis, Logischer Empirismus und die Folgen“ behandelt. Wir haben dazu
auch eine Fächer übergreifende Studienmöglichkeit aufgebaut, Master in History and
Philosophy of Science, und es gibt auch ein Doktorats-Programm, „The Sciences in Historical,
Philosophical and Cultural Contexts.“ Es ist daher ein wissenschaftsgeschichtlicher
Schwerpunkt an der historisch-kulturwissenschaftlichen Fakultät im Rahmen der Fakultät für
Philosophie gegeben. Das Institut ist an der philosophischen Fakultät angesiedelt, Philosophie
und Bildungswissenschaft.
T : Man kann aber beschließen, man möchte speziell am Institut Wiener Kreis studieren?
F.S. : Ja, natürlich man kann zu mir oder einem Kollegen mit einem Thema im Bereich
Wissenschaftsphilosophie kommen, und sich mit einer Masterarbeit spezialisieren oder im
Rahmen des Doktorats.
T : Sehr gut. Und jetzt ein bisschen zur Ausstellung selbst. Wie hat die Arbeit dazu ausgesehen? Haben Sie viel selbst verfasst?
F.S. : Das war Teamwork. Jeder hat etwas beigetragen. Wir hatten schon Texte. Die wurden
teilweise überarbeitet, neu geschrieben. Mein Kollege Karl Sigmund war federführend.
Christoph Limbeck und der Architekt haben gemeinsam mit Peter Weibel die Struktur der
Ausstellung geschaffen. Wir haben uns in regelmäßigen Arbeitssitzungen herangetastet.
T : Wie haben Sie die Schwierigkeit, Philosophie visuell darzustellen, bewältigt?
F.S. : Die Tafeln mussten mit viel Lektüren und Korrekturen, Reduktionen, Ergänzungen,
bearbeitet werden. Die größte Herausforderung war die Kombination von Bild und Text, welche Bilder, welche Rechte sind damit verbunden, das Copyright, etc. Also ein hoch aufwändiges
und komplexes Unternehmen, aber es hat Spaß gemacht und es hat sich gelohnt. Wie die
positiven Reaktionen zeigen. Man muss ja nur das Gästebuch ansehen.
2/2015
SOGLITUDES
33
T : Ja, ich finde sie wunderschön. Es ist Ihnen gelungen, die philosophische Arbeit bildlich
darzustellen, und es wird vermittelt, wie der Drang zur Präzision doch dem Chaos der
Eindrücke und der zahlreichen Wege standhält.
F.S. : Das freut uns sehr, die Reaktionen sind ermutigend. Und so hat sich der Aufwand ja
auch symbolisch bezahlt gemacht.
T : Ist das eine der ersten Philosophie Ausstellungen? Oder vielleicht sogar die erste? Wissen
Sie von anderen?
F.S. : Es gab schon Ausstellungen zu einzelnen Personen, wie Karl Popper, oder Ludwig
Wittgenstein, Adorno, die so genannten großen Genies, aber unsere ist die erste zu einer philosophischen Gruppe, einer Schule. Über den Wiener Kreis ist es eine Weltpremiere und die
begleitenden Publikationen sind ein ergänzendes Angebot zur Vertiefung. (Karl Sigmund, Sie
nannten sich Der Wiener Kreis. Exaktes Denken am Rand des Untergangs. Wiesbaden, Spektrum,
2015) Es erscheint auch ein Katalog. Das Zielpublikum liegt sowohl innerhalb als auch außerhalb der akademischen Sphäre. Die Ausstellung richtet sich an alle, die sich mit der
Geistesgeschichte des zwanzigsten Jahrhunderts auseinandersetzen, da muss man gar nicht
Spezialist sein.
T : Ja, das finde ich gut, das habe ich ja auch vor mit meiner Zeitschrift. Haben Sie auch
international viele Kontakte?
F.S. : Ja, natürlich. Da der Wiener Kreis emigrieren musste und in die anglo-amerikanische
Welt eingegangen ist, haben wir ausgezeichnete Kontakte mit englischen und amerikanischen
Instituten. Auch Frankreich ist in letzter Zeit dazu gekommen. Nordeuropa auch. Wir nutzen
diese Kontakte, die sich auch in unseren Publikationen widerspiegeln, sehr intensiv in Form
von Vorträgen, Konferenzen, Vorträgen bei der Summer School zum Beispiel.
T : Wie sehen die Pläne für die Zukunft aus?
F.S. : Es gibt auch nächstes Jahr wieder eine Summer School „Science, Democracy and
Values?“, mit Vortragenden aus den USA. Im Juni haben wir einen großen Kongress „Ernst
34
SOGLITUDES
2/2015
Mach Zentenarium“ (1838-1916), 16.-18. Juni 2016, das liegt nahe, er ist Vorläufer des Wiener
Kreises und Pionier der historischen Wissenschaftsforschung. Vom 21. bis 25. September 2015
findet der XII. Internationale Kant Kongress an der Universität Wien statt mit dem
Schwerpunkt „Natur und Freiheit, Kant und der Wiener Kreis“. Wir werden auch kleine
Schwerpunkte haben wie Friedrich Weismann, Mitdiskutant von Schlick und Wittgenstein.
Andere Forschungsprojekte wie Wien-Berlin im Zusammenhang mit dem logischen
Empirismus. Und ein zweites über Carnaps Tagebücher von Christian Damböck. Das Neurath
Projekt von Günther Sandner haben wir auch schon angesiedelt. Christoph Limbeck will auch
die Verbindungen zwischen Schlick und Bühler aufarbeiten, da wir den Exil-Nachlass von Karl
und Charlotte Bühler bekommen haben. Außerdem haben wir auch das Ziel, dass die
Ausstellung weiter wandert.
T. :Wohin wandert sie denn?
F.S. : Zuerst mal nach Karlsruhe, das ZKM Center for Art and Media, an dem Peter Weibel
tätig ist. Dann eine Station in den USA und eine in England.
T : Wissen Sie schon Genaueres?
F.S. : Wir sind in Verhandlung mit der New Yorker Universität Columbia, unsere
Wunschdestination, und in England haben wir Cambridge oder London ins Auge gefasst.
T : Ich hoffe, die Idee von philosophischen Ausstellungen wird aufgegriffen und weiter
geführt. Wissen Sie von anderen Projekten?
F.S. : Es gibt eine Idee über Brentano für 2017. Es gibt immer mehr Menschen, die
Philosophie auch als Ausstellungsinhalt sehen, also wir bleiben positiv in dieser Richtung.
T : Das freut mich, ich bin auch sehr an dieser Idee interessiert. Vielen Dank für das
Gespräch.
2/2015
SOGLITUDES
35
IMPRESSUM
Die Zeitschrift
SOGLITUDES fördert
den freien Austausch
zwischen den
Forschungsbereichen
und ermöglicht die
Verbreitung von aktuellen Entdeckungen auf
Deutsch, Französisch
und Englisch.
Volkswirtschaftliche
Verlags GmbH,
Schottenfeldgasse 93,
1070 WIEN.
FN 128722y
UID: ATU 148909.
ISSN2412-415X
ISSN 2412-4168 (online)
soglitudes@gmailcom
Subscription: Austria:
40 Euro inkl. Mwst
International: 50 Euro
per issue: 8,50 Euro
incl. VAT
International:
9,00 Euro (no VAT)
©Tatjana Barazon.
36
SOGLITUDES behandelt Themen, die den Übergang von einem Zustand in einen anderen
beschreiben. Von „soglia“, italienisch für Schwelle, und solitude, französisch für Einsamkeit,
denn an der Schwelle ist niemand einsam.
Diese philosophische Zeitschrift enthält Beiträge, die das philosophische und kulturelle
Geschehen in Europa und Amerika vorwiegend aus der Sicht der Schwellenphilosophie
betrachtet. Im Vordergrund stehen Übergänge und Grenzsituationen. Diese Übergänge sind im
Gedanken, in der Wahrnehmung und im Sehen zu beobachten. Von einem Detail wie einem
Tintenfass zu einer ganzen Szene in der Klasse schalten das Auge und der Geist an der
Gedankenschwelle hin und her. „Change blindness“ oder „Multiple Object Tracking“ sind
Beispiele für die vielen Bezeichnungen, die es in der kognitiven Wissenschaft für
Schwellenwahrnehmung gibt. Die Hauptinspiration kommt von James Joyces „Ulysses“, Lewis
Carrolls „Alice“ und Kafkas „Türengleichnis“. Der Mensch steht immer an der Schwelle eines
neuen Anfangs und entscheidet sich für die Richtung seiner Entwicklung. In jedem dieser
Momente findet ein Übergang statt, von einem Teil zum Ganzen. In der Anthropologie geht es
um Riten und Zeremonien, die den Übergang von einem Zustand zum anderen feiern, wie es
Victor Turner als „Liminalität“ beschrieben hat. In der Literatur ist es oft die Liebe, die eine
Schwellensituation zu Tage bringt. Orpheus will seine geliebte Eurydike aus der Unterwelt retten, doch zweifelt er im letzten Moment, ob sie auch hinter ihm ist, und verliert sie so an der
Schwelle. Es kann auch eine schwierige Entscheidung sein, die uns an der Schwelle verweilen
lässt, wie das Türengleichnis in Kafkas „Prozess“ zeigt. Der Mensch sucht Zugang zum Recht,
doch zweifelt er an der Schwelle und zögert, den richtigen Moment zu wählen oder zu
erkennen.
Die Beiträge werden in Form von Unterredungen mit führenden Experten in Philosophie,
Literatur, Psychologie, Archäologie und Geschichte die Hauptthemen illustrieren.
SOGLITUDES
SOGLITUDES enthält Beiträge auf Deutsch, Englisch und Französisch.
SOGLITUDES erscheint vier Mal im Jahr, online und print.
http://soglitudes.weebly.com/threshold-news.html
2/2015

Documents pareils