Aldi en Suisse
Transcription
Aldi en Suisse
avenue du Grammont 9, 1007 Lausanne –Suisse [email protected] - www.uniterre.ch Edito du journal du mois de novembre 2004 Aldi en Suisse La course au dumping des prix ? Théo et Karl Albrecht sont, paraît-il, les hommes les plus riches d’Allemagne, avec une fortune de 47 milliards de francs. Ils sont aussi les propriétaires de la chaîne de magasins de vente au rabais Aldi. Ceci explique cela ! il n’y a bientôt plus de mots assez forts pour caractériser de tels accaparements de richesse, qui résultent d’une politique systématique des prix les plus bas possibles, à tous les échelons des filières alimentaires et non alimentaires. Aldi ne s’en cache d’ailleurs pas, et affiche en long, en large et en travers sa politique d’écrasement des prix. Aldi vient d’annoncer son intention de s’implanter en Suisse, avec la création d’un Centre de distribution et de 30 à 40 succursales en Suisse romande ainsi que la préparation d’une opération similaire en Suisse allemande. Ce n’est pas une bonne nouvelle pour les paysans suisses. Il faudra bien en effet que la nouvelle entreprise de distribution se démarque d’une façon ou d’une autre de Migros, Coop et Denner pour arriver à s’implanter dans le pays. Or Aldi ne connaît apparemment qu’un seul mode de fonctionnement: l’achat de quantités maximales d’un nombre très limité de produits standardisés n’importe où sur les marchés mondiaux, aux prix les plus bas possibles. L’entreprise ne fait pas dans la dentelle, elle ne va pas s’égarer dans une offre diversifiée de produits labellisés aux origines et provenances connues, ni s’engager dans des transactions de commerce équitable vis à vis des paysans du Sud ou du Nord. Aldi ne privilégie manifestement plus du tout les relations commerciales de proximité, ni la valorisation du travail des personnes et des entreprises des régions où elle s’installe. En ce qui concerne les produits agricoles et alimentaires, cela signifie avant tout le recours à l’agriculture et aux élevages industriels mondialisés, et des risques accrus, notamment au niveau des contaminations par les OGM. Aldi a fait miroiter la création d’un certain nombre d’emplois en Suisse, et prétendu que les salaires de leurs futurs employés seraient plutôt supérieurs à la moyenne du commerce de détail suisse, en contradiction manifeste avec les principes économiques fondamentaux de l’entreprise. Les promesses n’engagent que ceux qui les prennent pour argent comptant. Pour l’agriculture en tous cas, c’est une pression supplémentaire qui risque fort de s’ajouter aux autres, à moins d’un rejet viscéral peu probable des consommateurs, ou d’un effort au contraire plus marqué des autres distributeurs vers la fourniture de produits de l’agriculture indigène. Aldi a les dents longues, mais son approche comporte au moins une carence majeure, qui pourrait vite se révéler fatale. Tout son édifice repose sur une dépendance totale de transports planétaires à des prix de dumping, sur le recours à des énergies fossiles non renouvelables trop bon marché dont l’évolution du coût à la hausse devrait s’accélérer à l’avenir. En réponse à l’annonce de ses projets d’implantation en Suisse, Uniterre va demander un entretien à la direction de l’entreprise, pour connaître de première main la politique d’achat qu’elle entend mener vis à vis des produits agricoles suisses. Uniterre