BRIDGE Fig Mag 12 Juillet

B R I D G E
Qui veut gagner des millions ?
Problème n° 52 : Pas si petits !
m 753
n R 10
oAD87
pA732
0
Les enchères (S/Tous) :
Sud
1m
2m
O
passe
passe
N
2p
4m
E
passe
m ARD862
nA5
o4
p9864
Sud joue 4 Piques sur l’entame du Roi de p. Vous mettez l'As du mort mais
Est coupe et rejoue atout. Ouest fournit. Y a-t'il mieux à faire que de tenter
l'impasse à o ?
Solution du problème n°51
Contrat : 4 Cœurs joué par Sud.
Entame : As de Carreau suivi du Roi.
m ARDV
n87
o D4
p 10 9 7 3 2
m 10 4
m 97
N
n D V 10 4 O
n9
E
o A R 10 3
o V97652
S
pD 8 6
pV 5
m 862
nAR6532
o8
pA R 4
Après avoir coupé le Roi de o, un rapide
compte de vos perdantes vous indique
que vous réaliserez onze levées si les
atouts sont normalement partagés 3-2
ou dix en cas de partage 4-1.
Si vous commencez par encaisser l’As et
le Roi de n pour vérifier le partage de la
couleur, voici ce qui va se passer, quand
1210 • LE FIGARO MAGAZINE - 12 JUILLET 2008
les atouts sont 4-1, après avoir donné un
troisième tour de n : Ouest fait la levée
et rejoue o. Vous coupez alors de votre
avant-dernier atout.
À ce stade du coup, il vous reste encore la
possibilité d’essayer de défausser votre p
perdant sur le quatrième m du mort.
Pas de chance, Ouest coupe le troisième
tour de m et rejoue o. Vous devrez encore
abandonner une levée à la défense.
Le coup est sur table à condition toutefois de ne pas tuer le mort à la deuxième
levée et de tirer parti de ses deux atouts
et du doubleton à o.
Le bon plan se précise : donnez un coup
à blanc à n en jouant petit des deux
mains à la deuxième levée.
La défense ne peut plus vous raccourcir :
vous êtes protégé par le dernier n
du mort. Quel que soit le retour, vous
pourrez jouer As-Roi de n et n et tabler
dix levées.
M.L.
Je voudrais, cette semaine, vous parler du tournoi de bridge le plus
extraordinaire, au sens littéral du terme, auquel il m'a été donné
de participer : le Cavendish.
Depuis quelques années, c'est à Las Vegas, en mai, que se déroule
cet événement. En ce lieu symbole de démesure se retrouvent la
plupart des meilleurs joueurs de la planète. Mais il ne suffit pas
d'appartenir à cette élite pour pouvoir y participer, il faut aussi
en avoir les moyens financiers.
En effet, chaque paire invitée à participer doit acquitter non
seulement un droit d'entrée élevé mais aussi engager un pari d'au
moins 12 500 dollars sur ses chances. C'est là qu'interviennent
les "financiers" lors d'une vente aux enchères à l'américaine.
Chaque paire est mise en vente et les paris se succèdent à un
rythme effréné. Sachant que les dotations sont conséquentes
jusqu'à la dixième place, les prix s'envolent très rapidement :
cette année, la cagnotte a atteint 1 200 000 dollars, un record
absolu. On a également battu le record de prix d'achat d'une
paire. Les champions du monde Norvégiens Helgemo - Helness
ont trouvé preneur à 74 000 dollars alors que les habituels
favoris du tournoi - et tenants du titre - Levin - Weinstein n’étaient
vendus « qu’à » 65 000 dollars.
Les investisseurs se lancent ensuite dans des tractations dignes
d'un Monopoly de haut niveau en procédant à quelques échanges
visant à diminuer leurs risques. Les joueurs concernés prennent
des participations, souvent modestes mais largement suffisantes
pour être super motivés. Et le jeu peut alors commencer.
La formule est simple. 26 tables. Tout le monde joue, dans de très
bonnes conditions de calme et de sécurité, la même donne
au même moment. Vous comparez ainsi votre score en IMP aux
25 autres tables. Pour vous donner un exemple : un coup idiot
(manche chutée ou refilée) peut vous coûter 10 x 25 = 250 imp.
Le bridge pratiqué est à la hauteur des enjeux : prise de risque
maximale, tentative permanente de scorer des gros coups…
C'est du bridge “casino” mais de haute volée.
Le gagnant du tournoi, Eric Rodwell, associé à Geoff Hampson
(275 240 dollars de gain pour l’acheteur de leur paire), a réussi son
contrat sur cette jolie donne :
m D V 10
n D 10 9 7 5
o 10 8 2
pD6
m 754
nA62
oD953
pA74
N
O
E
S
m A86
nV843
oAR
pRV93
m R932
nR
oV764
p 10 8 5 2
Au contrat de 3 Sans-Atout, Rodwell reçut l'entame du 10 de n
pour le Roi d'Est qui repartit d'un petit m. Le déclarant prit au troisième tour de la couleur, encaissa As-Roi de o, rejoignit le mort
à p et tira la Dame de o. Quand Ouest fournit, il savait que son
coup était à 100% car il connaissait déjà en Ouest trois m, cinq n
(Est n’a pas rejoué de la couleur) et au moins trois cartes à o.
Il lui suffisait de jouer p pour le 9. Même si Ouest prenait
du 10, il serait contraint de livrer la dixième levée en jouant
sous la Dame de n. Ce maniement lui permettait également
de capturer D-10 de p quatrièmes ou cinquièmes en Est.
Élégant, n'est-ce pas ?
PAR MICHEL BESSIS, www.lebridgeur.com