BRIDGE Fig Mag 2 Fevrier

L’ART DE VIVRE
BRIDGE
PAR JEAN-CHRISTOPHE QUANTIN
www.lebridgeur.fr
UN HOMME D’HONNEURS
Problème n°29 : Coûteuse économie
76
D 10 3
R D V 10 7
432
0
A R 10 4
AV2
432
A V 10
Les enchères (S/Pers) :
Sud
O
N
E
1SA
3SA
passe
2SA
passe
6 juin 1944 : le jour du Débarquement des alliés sur les plages
de Normandie, l’acteur américain George Raft (inoubliable
Charles Binnaggio dans Du rififi à Paname) organise une
swimming-pool party dans sa luxueuse villa de Los Angeles.
Soudain, des cris ! Un enfant est en train de se noyer.
Un homme se jette à l’eau, plonge et remonte à la surface avec
l’imprudent. Le gamin est sauvé. Le héros ? Un ami d’enfance
de Raft, Benjamin « Bugsy » Siegel, le célèbre tueur de la Cosa
Nostra (la mafia italo-américaine). Mais Siegel fut surtout celui
qui comprit le premier le potentiel énorme d’un village
perdu au milieu du désert du Nevada, Las Vegas.
Cette histoire vraie aurait pu rester anecdotique si le gamin en
question, alors âgé de 3 ans, n’était autre que Paul Soloway,
l’un des plus grands champions de bridge de tous les temps,
disparu il y a peu.
Détenteur de cinq Bermuda Bowl (le plus prestigieux
des championnats du monde par équipes) avec quatre
partenaires différents, Paul « Win ‘em all Paul » Soloway
comptait à son palmarès hors norme une trentaine de titres
nationaux américains et possédait le plus grand nombre
de master points (valeur de base du classement U.S).
Paul Soloway avait pourtant attendu son vingt-cinquième
anniversaire pour faire du bridge son métier. Puis il intégra
en 1971 les Aces de Dallas, une formation de six joueurs
professionnels soutenue financièrement par le magnat texan
du pétrole Ira Corn. Ces dix dernières années, Soloway œuvrait
au sein du Nickell team (du nom de l’homme d’affaires
Nick Nickell, le financier de l’équipe) en face de l’un de ses
plus anciens partenaires, Bob Hamman.
Depuis le 5 novembre dernier, Paul Soloway a retrouvé son
sauveteur au paradis des affranchis. Nul doute que l’un et
l’autre ont eu bien des choses à se raconter.
L’efficacité de la paire Hamman-Soloway reposait en partie
sur un style très agressif à l’enchère et un jugement très sûr
en enchères compétitives, comme le démontre cette donne
issue de la finale de la Bermuda Bowl 1999 gagnée par les
Américains contre les Brésiliens.
Sud joue 3SA. Ouest entame du 6 de .
R V 10 6 5 3
752
3
V 3 2
Solution du problème n°28
Vous avez la possibilité, en tentant
Contrat : 4 Cœurs.
Entame : Valet de Pique pour la Dame l’impasse au Roi d’atout, de ne pas
perdre de levée à si le Roi est en Est.
du mort et le Roi d’Est.
Vous pouvez également défausser le
D5
perdant de votre main sur un DV98
du mort.
D 10 7 2
Il est donc essentiel de choisir par
AR5
quelle manœuvre commencer.
V 10 9 4
R8762
En montant au mort à pour tenter
N
R42
3
l’impasse à , vous réaliserez onze
O
E
A3
9654
levées si le Roi est placé. En revanche,
S
V984
D 10 3
en cas d’échec, Ouest rejouera et la
défense aura le temps d’affranchir
A3
une levée dans la couleur.
A 10 7 6 5
Le bon choix se précise : après avoir
RV8
pris le Roi de de l’As, refusez l’im762
passe à . Encaissez l’As avant de
Quand vous jouez un contrat à l’atout, rejouer . Ouest fait la levée, tire un
commencez par compter vos per- maître et contre-attaque à .
dantes. Ce simple calcul vous aidera Prenez du Roi, enlevez le dernier atout
souvent à trouver le meilleur plan de la défense et jouez pour l’As du
de jeu.
flanc. Vous ferez ensuite le reste des
Sur cette donne, vous risquez de perdre levées.
quatre levées, une par couleur. Si vos Quel que soit votre niveau de bridge,
perdantes à et à (l’As) ne peuvent prenez le temps de compter vos
pas disparaître, il n’en est pas de même levées, avant de faire votre plan
de jeu.
M.L.
pour les deux autres.
XXX
LE FIGARO MAGAZINE - Samedi 2 Février 2008
D7
RD9864
R 8 5
D5
N
O
E
S
98
AV3
A V 10 7
R 10 9 4
A42
10
D 9 6 4 2
A876
S
Mello
O
Soloway
N
Janz
Est
Hamman
passe
4
contre
1
4
2
passe
1
2
passe
Reconnaissons que l’ouverture de Hamman tout comme
son soutien à 2 dans trois cartes ne correspondent
pas aux canons habituels. Par contre, la surenchère à 4 se
justifie pleinement, en attaque-défense.
À 4 Cœurs, le jeu de la carte ne pose pas de problème insurmontable. En admettant que le flanc commence par
deux tours de et joue atout, vous prenez au mort et jouez
vers la Dame. Ultérieurement, vous couperez un et,
si le Valet de n’est pas tombé, ferez l’impasse à la Dame
de sur Est.
En ne concédant qu’une levée de chute à 4 contré,
Paul Soloway permit à son équipe d’encaisser 11 points,
qui contribuèrent à la victoire finale.