Le sous-effectif chez les pompiers
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Le sous-effectif chez les pompiers
Parti du Travail de Belgique – Région du Centre Février 2011 Rue de Bouvy 65 – 7100 La Louvière – 0476 91 66 57 DOSSIER DE PRESSE LE CONSEILLER COMMUNAL JAN KEIJZER (PTB) INQUIET DU SOUS-EFFECTIF CHEZ LES POMPIERS En bref ● Le sous-effectif du service incendie est source de graves dangers pour les habitants de la zone qui feraient appel aux secours (pompiers et ambulances). ● Un cas de figure parmi d’autres : le service ne pourrait pas assurer de départ simultané vers deux incendies. ● « Il risque d’y avoir des drames », prévient le Dr Jan Keijzer. POMPIERS – AMBULANCES : Il risque d’y avoir des drames à La Louvière 1. Zone couverte par les pompiers de La Louvière ● Zone couverte : les entités de La Louvière, Le Roeulx, Chapelle-lez-Herlaimont, Manage, Morlanwelz, Seneffe. Soit 150.000 habitants. Cette zone comprend deux importants hôpitaux, des maisons de retraite, de nombreuses écoles, des parcs industriels comptant cinq usines Seveso, d’importants axes autoroutiers, ferroviaires et fluviaux. ● Zone élargie avec lequel il y a aide mutuelle en cas de besoin : Soignies, Braine-leComte, Enghien, Binche. Les services d’incendie de ces communes ne sont composés que de volontaires non postés en caserne. ● En cas de grande catastrophe : aide des services de Mons et Charleroi. 2. Tâches du service incendie Le règlement organique approuvé par les conseils communaux des 12-11-2001 et 18-32002 contient la longue liste de tâches à accomplir par le service des pompiers. Il s’agit de la prévention et de la lutte incendie, de la totalité des transports urgents en ambulance, mais aussi, notamment, des tâches mentionnées dans la circulaire du 29 novembre 1967 : 1. Transport et soins à un asphyxié ou à un noyé ; apport d'oxygène ; 1 2. Explosion ; 3. Personne bloquée dans un ascenseur ; 4. Personne réfugiée sur un toit (notamment s'il s'agit d'un aliéné) ; 5. Dégagement d'une personne ensevelie sous des décombres ; 6. Dégagement d'une personne coincée sous un véhicule (tram, camion, etc...) ; 7. Transport urgent d'un malade ou d'une victime d'accident se trouvant sur la voie publique ou dans un lieu public ; 8. Dégagement d'une personne électrocutée ; 9. Dégagement d'un égoutier (asphyxie dans égout) ; 10. Repêchage d'une personne dans une citerne, dans un canal, dans un étang, etc... ; 11. Encombrement de la voirie avec péril pour les personnes ou pour les biens ; 12. Dégagement d'une personne ayant un membre coincé dans une machine ; 13. Vidange d'une cave inondée à la suite d'inondation ou de rupture de conduite d'eau installée sous la voie publique ; 14. Intervention dans un immeuble pour fuite de gaz nocifs ; 15. Fuite de vapeur dans un immeuble ; 16. Chaudière surchauffée ; 17. Ventilation de locaux envahis par fumée, gaz, réfrigérant ; 18. Intervention pour un avion en difficulté ; 19. Intervention en cas d'inondation ou de catastrophe ; 20. Neutralisation d'une nappe d'hydrocarbure ou d'acide ; 21. Recherche d'une source radioactive pouvant présenter du danger pour la population ; 22. Neutralisation ou destruction de nids ou essaims d’abeilles ou de guêpes. 3. Nombre d’interventions par an Incendies (au moins une pièce en feu) .................................................... 605 Interventions des ambulances................................................................ 7.958 Autres interventions ............................................................................. 1.895 Total .................................................................................................. 10.458 4. Le sous-effectif flagrant Le sous-effectif du service incendie est manifeste : - si l’on sait que chaque jour, le service est contraint de faire appel à plusieurs pompiers en repos (il arrive même qu’il faille rappeler des gens qui viennent de faire la nuit) ; - si l’on compare la situation sur le terrain au règlement organique approuvé par les conseils communaux des 12-11-2001 et 18-3-2002. Le tableau ci-dessous montre en effet que le cadre n’est rempli qu’à 65 %. Et même 59 % si on additionne professionnels et volontaires. 2 Effectif des pompiers de La Louvière Selon le règlement organique Sur le terrain (*) Professionnels Volontaires Professionnels Volontaires 1 - 1 - Officiers 11 2 8 - Sous-officiers 20 4 10 1 Caporaux 20 6 17 2 Sapeurs-pompiers 95 46 60 21 147 58 96 24 Officier-chef de service Total (*) Il s’agit des hommes réellement disponibles. Non compris, donc, les stagiaires et les malades en fin de carrière. Ces pompiers ne sont, bien sûr, pas tous présents en même temps, mais tournent en équipes. De plus, ce sous-effectif continuerait à s’approfondir puisque l’année 2010 a compté 9 départs pour 2 engagements et que les projections de départs sont du même ordre pour 2011 et les années suivantes, vu la pyramide des âges. Les autorités de la Ville ont pris pour principe de ne remplacer qu’un agent communal sur trois partant à la retraite. Qu’en est-il pour les pompiers ? Cette règle ne leur serait pas forcément appliquée, mais cela ne signifie pas pour autant que le sous-effectif sera comblé. En 2010, 186 candidats ont passé l’examen de sapeur-pompier professionnel et 96 candidats l’examen de sapeur-pompier volontaire. Après toutes les épreuves et l’examen médical, il reste 42 personnes restant en lice comme professionnels et 23 comme volontaires. En engageant ces 65 lauréats, le sous-effectif ne sera pas complètement résorbé, mais il serait tout de même fortement réduit. Mais la Ville s’est contentée de placer ces personnes dans une réserve de recrutement. Or, ce qui importe, ce sont les recrutements effectifs qui seront réalisés. Interpellé au conseil communal du 2 février par le conseiller Jan Keijzer, le bourgmestre de La Louvière s’est contenté de répondre que des embauches auraient lieu « bientôt » sans vouloir en préciser le nombre. La cause du sous-effectif est clairement budgétaire : les autorités de la Ville refusent de mettre les fonds nécessaires pour y remédier. Les finances des communes sont, certes, en piteux états. Mais cela ne justifie guère de réduire l’emploi public et certainement pas de mettre la population en danger de mort. 5. Situation sociale du personnel L’argument budgétaire est d’autant moins recevable que la situation sociale des pompiers n’est pas particulièrement avantageuse à La Louvière. a) Sur le plan pécuniaire, les pompiers louviérois sont en-dessous de leur collègues d’autres grandes villes où, par exemple, les prestations du week-end sont mieux rémunérées. b) La Ville projette de faire passer la semaine de travail des pompiers de 36 à 38 heures. Une telle politique, qui va à contre-courant de la tendance historique de réduction du temps de travail, a pour double conséquence de réduire l’emploi et le salaire horaire. c) Les pompiers louviérois accusent un important retard de congés non pris. Ce qui confirme l’importance du sous-effectif. Précisons que les pompiers ont très peu de marge en termes d’actions syndicales, puisque leur sens des responsabilités les pousse à accomplir des prestations urgentes en 3 cas de grève. Il est même arrivé que des pompiers grévistes louviérois soient privés de leur salaire alors qu’ils avaient presté largement leurs heures en raison d’une urgence. Les autorités de la Ville n’auraient-elles pas tendance à profiter de cette situation pour minimiser les problèmes ? 6. Scénarios catastrophes Voici deux cas de figures illustrant le risque réel en matière d’interventions incendie et ambulance. Composition d’une équipe En journée, 16 pompiers (14 la nuit) sont présents en même temps à la caserne de La Louvière : - 1 officier ; - 9 hommes affectés aux incendies (5 pour l’autopompe, 2 pour l’auto échelle, 2 pour le camion-citerne) ; - 2 téléphonistes ; - 3 pour les autres tâches, y compris les ambulances. Il faut au minimum 9 hommes en caserne pour intervenir sur un incendie. Dès que la caserne compte moins de 9 pompiers prêts à partir combattre le feu, il est fait appel à des pompiers en repos. Mais si des appels simultanés arrivent, le sous-effectif peut avoir des conséquences graves. Cas de figure n° 1 Situation initiale : - Une ambulance en route : 2 hommes - Une petite intervention : 2 hommes Survient une autre urgence simultanément, un incendie. médicale nécessitant l’envoi d’une ambulance et, Deux hommes sont partis dans cette seconde ambulance. Sachant que 2 hommes sont affectés à la garde téléphonique, il reste alors 8 hommes disponibles. Normalement, il faut minimum 9 pompiers (10 en comptant l’officier) pour partir sur l’incendie. Cela signifie qu’une équipe incomplète devra partir, avec cela comprend comme risque pour la population et les pompiers. Les téléphonistes doivent alors rappeler des pompiers en repos. Mais cela prend du temps. D’autant que pour ne pas devoir payer du personnel qui resterait en stand by, il n’y a pas de réelle garde. Les pompiers rappelés ne sont donc pas forcément à proximité de la caserne. Ils peuvent être en excursion à la mer ou en visite chez leur tante à Liège. Il faut donc les appeler un à un jusqu’à trouver des hommes disponibles. Puis attendre leur arrivée à la caserne. C’est seulement à ce moment que le convoi peut partir combattre les flammes. L’équipe aura facilement perdu 15 à 20 minutes. Un retard qui peut avoir des conséquences dramatiques. Cas de figure n° 2 Situation initiale : - Une équipe est en train de combattre un incendie : 9 hommes (+ 1 officier) - L’incendie nécessite une ambulance : 2 hommes Survient un second incendie. Hors téléphonistes, il ne reste que 2 hommes à la caserne. Impossible de partir à deux sur un incendie. Il va donc falloir trouver 7 réservistes, voire 9 si ce second incendie a également fait des blessés. Un temps précieux va donc être perdu pour cette intervention. 4 Des renforts peuvent être également demandés à des pompiers de la zone élargie (Binche par exemple), mais ceux-ci sont des volontaires et ne sont donc pas postés à leur caserne. En cas de catastrophe importante, il peut être fait appel aux pompiers de Mons ou Charleroi, mais ceux-ci doivent parcourir au moins 25 kilomètres avant d’être sur les lieux. Un tel cas de figure – deux habitations en feu simultanément – ne s’est pas encore présenté, mais à raison de 605 incendies par an, l’hypothèse n’a rien d’invraisemblable. Il est déjà arrivé qu’à cause du sous-effectif, des pompiers arrivent en retard sur une voiture en feu. 7. L’état du matériel En 2003, les pompiers de La Louvière ont intégré une nouvelle caserne près de la gare du Sud. Ce qui ne veut pas dire qu’ils ont obtenu, par la même occasion, du matériel (flambant) neuf. Relevons toutefois que l’état du matériel est un problème relativement secondaire par rapport à celui du sous-effectif. a) Les auto-échelles Il a fallu attendre janvier 2011 pour qu’une nouvelle auto-échelle arrive. Vu sa complexité, il faudra toutefois attendre quatre ou cinq mois d’instruction pour qu’elle soit opérationnelle. En attendant, voici le matériel en caserne : - une auto-échelle (30 mètres) de 27 ans qui ne fonctionne plus du tout. - une auto-échelle (30 mètres) de 17 ans dont le système électronique de la nacelle ne fonctionne plus. Une intervention sans nacelle réduit la qualité des interventions et représente, en outre, un danger physique pour les pompiers. Dans le passé, il est arrivé qu’un pompier perde plusieurs orteils à cause d’une manœuvre inopinée de pliage de l’échelle. - un élévateur (26 mètres) d’une trentaine d’années, très souvent en panne (il est arrivé que 200 litres d’huile tombe du vérin) sur lequel les pompiers appréhendent de travailler. b) Les autopompes Il y a quatre autopompes : une neuve, une d’une dizaine d’années et deux très anciennes. L’une d’elles aurait 32 ans. c) Accès internet L’accès à internet, qui dépend de l’intranet de la Ville, est indisponible au corps de garde, alors qu’internet fournit aux pompiers des données précieuses (informations sur des produits chimiques, vue satellite des lieux d’intervention…). 8. Conclusion Le récent drame survenu à Imagimons rappelle que les incendies peuvent faire des victimes parmi la population, mais aussi parmi les pompiers. Le sous-effectif représente donc un danger pour ces deux catégories. « Depuis que je suis conseiller communal à La Louvière, je me soucie tout particulièrement de l’emploi public au sein de la Ville, indique Jan Keijzer, élu local du PTB. Dans le cas des pompiers, le sous-effectif est criminel. Il risque d’y avoir des drames. Je voudrais que le bourgmestre Jacques Gobert prenne la mesure du danger, et y remédie, avant qu’une catastrophe survienne. » Marco Van Hees, 0473 411 021 Jan Keijzer, conseiller communal PTB, 0477 66 08 11 5