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Dimanche 18 Avril 2010
Rédouane ES-SBANTI, pasteur de l’Eglise Réformée de France,
directeur de FM+, radio protestante locale de Montpellier.
Les mots : guerre et paix (Mt 5,20-26)
Accueil
Bonjour merci de nous ouvrir votre porte ce matin.
Nous vous invitons à entrer dans ce culte par la prière
Il va venir, il vient, il est là !
Quand on attend quelqu’un, c’est fou ce que l’attente peut transformer un être.
A croire que parfois, elle le transfigure.
C’est que quelqu’un qui vient, quelqu’un dont on désire la venue,
quand il vient, les choses et les gens sont différents.
Mais il arrive que parfois, quand l’autre vient,
C’est la surprise, tout est transformé.
La vie change.
Rien n’est plus comme avant.
L’étranger est à notre table,
Il devient fils, elle devient fille,
Beau-père, belle-mère, beau-frère, belle-sœur.
L’étranger devient frère.
Tout est possible alors, quelle que soit la couleur de sa peau,
Celle de ses choix politiques ou de ses opinions.
Quand on accueille ainsi celui qui doit venir,
quand on se laisse surprendre par celui qui vient,
sûr, Dieu est là, il est à notre porte.
Il se cache derrière le visage de l’autre.
Le voici….il vient !
Musique
Sandra Hurtado-Ros, « Otra Mar » 0, Troba Vox.
Louange
Qu’il me fait plaisir de m'adresser à toi, aujourd'hui, Seigneur !
Tu es si facile d'accès, si disponible, qu'il m'est impossible de te parler
avec d'autres mots que ceux qu'on utilise pour s'entretenir avec un ami, un confident !
Il est ardu de comprendre que tu portes à chacun de nous la même attention désintéressée,
que chaque être sur cette terre peut bénéficier de ta protection, de ton amour.
Mais ma foi, Seigneur, me fait voir au-delà de ce mystère et j'ai confiance en toi.
Cette foi est un bien très précieux.
C'est l'outil spirituel qui me conduit pas à pas vers ton Royaume.
Là encore, Seigneur, le doute s'insinue dans mon esprit.
J'ai grand-peine à imaginer un monde sans haine, sans classes sociales,
sans guerres et sans argent. Cela me semble irréalisable.
Mais ma foi, Seigneur, me fait voir au-delà de ce mystère et j'ai confiance en toi.
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La route qui mène à toi est semée d'embûches et parfois, elle me semble infranchissable.
C'est dans ces moments que je sens une force puissante monter en moi.
Elle me donne un regain d'énergie et un goût de vivre qui me surprennent parfois.
Cela me prouve qu'il est profitable de me confier à toi.
Je ne sais comment tu t'y prends pour réconforter avec autant d'efficacité.
Mais ma foi, Seigneur, me fait voir au-delà de ce mystère et j'ai confiance en toi.
Je pense que c'est aussi ma foi qui m'a permis de te parler ainsi, d'ami à ami.
Merci Seigneur. Amen. (Robert Ribert)
Musique
Confie à Dieu ta route, Ô Jésus, mon frère, version instrumentale.
Confession de Foi
Il était une foi qui avait perdu le nord pour cause d'amours mortes et de rêves déçus.
Il était une foi qu'était toute raplapla à force de cœur lourd et d'engelures à l'âme.
Faut dire qu'il faisait froid, sur les routes ici-bas,
faut dire qu'il faisait triste dans ce monde en bataille.
Il était une foi qu'avait une jambe de bois, qu'avançait éclopée dans ce monde de fous,
tenant debout à peine, tenant debout quand même.
Nul ne sait ni comment, ni pourquoi, hormis Dieu, qui sait tout. (auteur anonyme)
Musique
Confie à Dieu ta route, « Confie à Dieu ta route », version instrumentale.
Lecture (Mt 5, 20 – 26)
Evangile selon Matthieu par Béatrice Agénin, Jean Davy, Simone Eine.
Car, je vous le dis, si votre justice ne surpasse celle des scribes et des pharisiens, vous n'entrerez
point dans le royaume des cieux. Vous avez entendu qu'il a été dit aux anciens: Tu ne tueras
point; celui qui tuera mérite d'être puni par les juges. Mais moi, je vous dis que quiconque se
met en colère contre son frère mérite d'être puni par les juges; que celui qui dira à son frère
« Raca » mérite d'être puni par le sanhédrin; et que celui qui lui dira «Insensé » mérite d'être
puni par le feu de la géhenne. Si donc tu présentes ton offrande à l'autel, et que là tu te
souviennes que ton frère a quelque chose contre toi, laisse là ton offrande devant l'autel, et va
d'abord te réconcilier avec ton frère; puis, viens présenter ton offrande. Je te le dis en vérité, tu ne
sortiras pas de là que tu n'aies payé le dernier quadrant.
Prédication
Il y a des mots qui font du bien. Légers comme des papillons, parfumés comme des fleurs, ils nous
mettent le cœur en fête. Ils réjouissent nos relations humaines. Il y a des mots qui font vivre.
Et il y a des mots qui font mal. Lourd comme des obus, efficaces comme des torpilles, ils explosent et
assassinent nos relations humaines. Ils nous mettent le cœur en deuil. Il y a des mots qui tuent.
A l’étalage de notre magasin intérieur, nous avons le choix des mots, nous avons le choix des armes. Il
nous est même possible d’usiner nos mots en fonction de la demande et des situations. Nous pouvons
bricoler un langage amical ou au contraire fourbir des phrases meurtrières. Tout dépend de ce que nous
sommes en train de vivre avec celui ou celle qui nous fait face…
Des écarts de langage, nous en faisons tous. Nous sommes soumis par la vie, et par les autres, à de
telles pressions que nos mots font parfois office de soupape de sécurité. Un mouvement de colère, un
geste de dépit, les barrières sautent. Nos mots, comme des fauves, bondissent, rugissent et mordent. Le
mal est fait. Trop tard pour le retenir. Notre interlocuteur s’éloigne blessé, ou alors il contre-attaque
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pour nous blesser nous aussi. C’est l’engrenage meurtrier de la violence. Nous avons mal, et nous
faisons mal. Nous souffrons, et nous infligeons des souffrances. Nous comprenons ce qui se passe,
mais nous ne pouvons pas l’empêcher. La spirale est lancée et nos relations humaines sont happées vers
l’abîme.
Qui de nous ne traine, comme un boulet au cœur, une relation humaine mal vécue, desservie par la
violence des mots ? Des mots ont été échangés qu’il n’est plus possible de rattraper. Ils sont désormais
gravés sur la pierre tombale qu’est devenue notre cœur. Ainsi est morte une relation d’amour, d’amitié.
Le poids d’une relation morte est lourd à porter. Le désordre intérieur qui en résulte est difficile à
assumer.
Ce matin, l’Évangile nous offre et nous supplie d’arrêter l’engrenage. Nos mouvements de colère, nos
écarts de langage nous entrainent sur la pente du meurtre et vers notre propre condamnation. Il faut
quitter cette pente avant la chute irrémédiable. Il faut désarmer notre langage.
Que se passe-t-il quand nous traitons quelqu’un d’imbécile, de fou ou de n’importe quelle autre injure
puisée dans notre colère ? Que se passe-t-il quand nous nous emportons contre lui ? Nous lui retirons le
droit d’exister en notre présence, nous le punissons de ne pas nous ressembler suffisamment. Nous
pourrions dire : bien sûr qu’il dépassait les bornes et que notre colère est parfaitement justifiée. Nous
pourrions prétendre que nous nous sommes fâchés pour lui rendre service. Mais on n’aide pas
quelqu’un à vivre en le tuant. Même si nous trouvons mille arguments pour excuser notre attitude à nos
propres yeux, il n’en reste pas moins que nous sommes coupables d’atteinte à la vie de l’autre.
« Mais moi je vous dis… » : Par cette première antithèse du Sermon sur la montagne de l’Évangile de
Matthieu, Jésus de sa propre autorité, nous replace devant la volonté de Dieu que nous affadissons et
dénaturons pour sauvegarder notre propre volonté avec nos élans et nos désirs humains.
La volonté de Dieu, Jésus a dû la dégager du fatras des traditions humaines, des couches sédimentaires
qui l’étouffaient. Il a du déblayer parmi les us et coutumes de ses contemporains pour faire réapparaitre
la volonté de Dieu dans tout son éclat, dans toute sa force. Jésus a accompli ce travail en accordant sa
propre volonté à celle de Dieu, en servant Dieu et ses frères plutôt que de se servir lui-même.
Son obéissance ne s’est pas limitée à l’observance de principes formels, elle a revêtu toute sa personne,
elle est devenue sa chair et son sang. Jésus a vécu la volonté de Dieu en s’approchant de ses
contemporains avec des paroles et des gestes d’amour. Il a redressé des corps et des vies tordus. Il a
repris dans la communion de Dieu des exclus et des pécheurs notoires qui soulevaient la colère bienpensante des gens pieux. Il est allé chercher et sauver ce qui était perdu. Il a ainsi introduit sur cette
terre, au milieu des hommes, un espace et un temps nouveaux, l’espace-temps du Royaume de Dieu.
Dans cet espace-temps apporté par Jésus, les hommes ont pu apprendre qu’ils étaient aimés et appelés à
la vie, et que la colère de Dieu ne retomberait pas sur eux.
La colère est tombée sur le serviteur obéissant. Jésus, l’instigateur du Royaume parmi les hommes, est
mort en croix victime de la colère de ses contemporains. Il est mort sans colère. Son souci des autres,
son souci pour leur désordre intérieur, l’emportait de loin sur le souci de sa propre personne. En aimant
les siens jusqu’à la mort, en donnant ainsi sa vie, Jésus a cassé le cercle de la violence qui se nourrit de
violence. Il a ouvert le chemin du refus de la violence, et aussi de la violence verbale, en ne répondant
pas aux injures par d’autres injures. Il a enrayé et saboté l’engrenage meurtrier au lieu de l’huiler. Ça
lui a couté la vie, et sa mort nous rend la vie.
Jésus nous a en effet ouvert la possibilité de pratiquer une nouvelle justice qui manifeste la présence du
Règne de Dieu parmi nous et entre nous. Dans cette pratique du Royaume, l’autre devient le critère de
notre action. Notre justice l’emporte sur celle des scribes et des pharisiens dans la mesure où nous
travaillons à la réconciliation des hommes entre eux et cessons de fignoler la déroute des rapports
humains. Notre justice est celle du Royaume de Dieu, dans la mesure où nous agissons et parlons pour
le bien de l’humain plutôt que pour servir notre confort et nos privilèges particuliers.
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Réconciliation. Le mot fait rêver ! La réalité, à vues humaines, n’est pas à notre portée. Est-il encore
possible de se réconcilier quand tout est cassé et dévasté entre nous ? Est-il possible de stopper
l’hémorragie quand nos relations saignent ?
Lors du rassemblement cultuel, nous venons célébrer notre réconciliation avec Dieu. La volonté de
Dieu est que priorité soit donnée à la réparation de nos relations humaines. Inutile de nous présenter
devant Dieu si nous ne voulons plus nous présenter devant celui qui nous en veut, et à qui nous en
voulons. Nous célébrons Dieu en vérité lorsque nous vivons son amour entre nous. Le culte est le
moment où nous nous présentons devant Dieu avec notre vie blessée pour être envoyés les uns vers les
autres afin de remettre en marche ce qui est momentanément grippé. Dieu nous appelle à la vie, nous
offre d’entrer dans sa vie, et nous arrache à notre désordre personnel ou communautaire. Dieu ne veut
pas que nous nous résignions à nos défaites.
Me voici, avec le poids de ma relation morte, avec ma peur, en train de frapper à la porte de l’autre
pour lui demander pardon, et pour lui offrir de se décharger de sa colère, de s’en défaire. Je ne sais pas
comment je serai reçu ; la réaction de l’autre à mon égard ne m’appartient pas. Je vais lui offrir un
espace-temps où il pourra vivre, revivre, en ma présence. Je cesserai de l’agresser, de le harceler, de le
démolir avec mes mots meurtriers. Je lui demanderai de m’accorder à moi aussi un espace-temps où je
pourrai me tenir en sa présence. Peut-être pourrons-nous ensemble nous présenter devant Dieu pour
célébrer son pardon et lui demander de nous affermir dans notre relation ressuscitée, mais tellement
fragile….et de nous aider à ne pas la piétiner à nouveau par la lourdeur de nos mots.
Ce morceau d’Évangile nous interpelle encore à d’autres niveaux. Il interpelle nos Églises séparées qui
se présentent à la table du Seigneur en ordre dispersé, et qui communient chacune chez soi, chacune à
sa propre table. Nous avons tendance à relativiser nos divisions ecclésiales comme nous nous habituons
à nos difficultés relationnelles. L’évangile nous rappelle ce matin qu’il n’y a pas de communion
véritable avec Dieu sans réconciliation préalable entre frères. Le Seigneur attend à sa table, à la sienne
et pas aux nôtres, des frères en Christ réconciliés, désireux de manifester ensemble l’espace-temps du
Royaume de Dieu où les différences ecclésiales sont accueillies et acceptées, et non nivelées et
supprimées.
Musique
Orangeblossom, Everything must change, Souffrance. Wrasse records.
Comme le dit notre texte, nous sommes en chemin, et tout est ouvert et possible. Même si aux
différents niveaux que nous avons mentionnés, notre passé est encombré de choses déplaisantes, il est
encore possible de laisser advenir un espace-temps différent. Dans l'avenir que Dieu nous ouvre dés à
présent, nous sommes appelés à entrer ensemble, en nous appuyant les uns sur les autres pour vaincre
les blessures que nous nous sommes mutuellement infligées. Nous sommes appelés à nous remettre en
marche pendant qu'il est encore temps, à avancer dans la vie, vers la vie, en laissant la mort derrière
nous. Amen
Musique
Orangeblossom, Everything must change, Souffrance. Wrasse records.
Prière
Tenir la route :
Un mot, bien plus qu’un mot, une réalité décisive, impérative.
Il faut tenir la route, c’est la loi.
C’est la loi des entreprises,
C’est la loi de toute société qui veut marcher, qui veut réussir, qui veut s’en sortir.
Tenir la route, c’est, après s’être fixé un objectif, s’y tenir coûte que coûte.
Envers et contre tout, contre vents et marées, en serrant les dents et les poings.
Autour de nous, regarde-les, ceux qui tiennent la route, ce n’est pas par hasard,
Ce n’est pas un « coup de pot ».
Il ne s’agit pas d’une question de chance, ni de température, ni de climat.
Il s’agit de cet effort quotidien de cette volonté qui met debout,
Debout, quelque soit le temps,
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Debout, quelque soit les événements.
Regarde-les ces gens de tous les jours,
Regarde-toi, peut-être.
Ces professeurs, ces institutrices, ces mécanos, ces travailleurs de force,
ces gens du commerce et de la route, du théâtre.
Ils sont là, ils doivent être là, debout.
Debout, devant leurs élèves,
Debout, devant leur machine,
Debout, devant leurs clients,
Debout, toujours debout en scène, devant le public.
Debout, alors que peut-être les gosses sont malades,
Debout, alors que la terre encore toute fraiche recouvre le corps d’un être aimé,
Debout, alors que tout simplement on n’en peut plus.
Le cœur n’y est pas, la gorge est serrée, mais il faut y aller, y aller quand même !
Et toi aussi Seigneur, tu viens, et tu me dis :
« Allons, tient le coup, malgré tout.
Je te l’ai dit, je te le dis encore, par mes prophètes :
Si les jeunes gens se fatiguent,
Si les athlètes s’effondrent…
Ceux qui mettent leur espérance en moi,
Ceux-là tiendront la route….
car je leur tiens la main. (d’après Robert Riber)
Notre Père, qui es aux cieux
Que ton nom soit sanctifié,
que ton règne vienne,
Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel.
Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour.
Pardonne-nous nos offenses
comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés
et ne nous soumets pas à la tentation
mais délivre-nous du mal
car c’est à toi qu’appartiennent le règne, la puissance et la gloire
pour les siècles des siècles. Amen
Musique
Confie à Dieu ta route, Prends ma main , version instrumentatle
Le Seigneur de Pâques
Avant de reprendre notre route, un rappel :
On a essayé par la violence,
il a continué avec l’amour.
On a essayé par les crachats,
il a continué dans le silence.
On a essayé par le mensonge,
il a continué dans la transparence et la vérité.
On a essayé le découragement et la peur,
Il a continué dans la confiance en la volonté du Père.
On a essayé par l’humiliation et le ridicule,
Il a continué dans la dignité.
On a essayé par les clous,
il a continué avec le pardon.
On a essayé par la solitude et l’angoisse.
Il a continué en se remettant entre les mains du Père.
Alors on a essayé par la mort,
car la mort, c’est connu, est la solution finale,
personne ne peut aller au-delà,
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car la mort est l’ultime puissance,
l’obstacle dernier sur lequel chacun trébuche,
même le plus grand, même le Fils, fût-il le bien-Aimé de Dieu.
Mais il a continué.
Animé par l’amour du Père,
il est entré dans la mort comme on entre dans un obstacle qui verrouille le passage !
Il a été brisé.
Son corps, son âme.
Il est mort sur une croix.
Mais il a continué et il est passé : le Père l’a remis debout !
Il est Vivant !
Depuis ce jour-là, la violence et la haine n’ont plus le dernier mot !
C’est fait à jamais, la mort est définitivement entamée, et l’entaille ira s’agrandissant, car désormais la
mort a perdu son pouvoir.
Pour l’éternité la pierre a été roulée, un passage a été ouvert : c’est Pâques pour toujours
Bon dimanche à vous, bonne vie à vous !
Musique
Taizé instrumental, Gloria in Terra Pax, Naïve
.
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