le-monde-musee-debout-avril 16 - Le Plus Grand Musée de France
Transcription
le-monde-musee-debout-avril 16 - Le Plus Grand Musée de France
..........._.....�� ... --·- ... CULTURE l 15 Avec Musées debout, l'art aussi a son agora Place de la République, un collectif interroge le rôle de la culture dans la société et la construction de soi S î, n ·is n e de la pater1re pour quel Il y a plein de , transmettre votre épilo votre impression ·emières pa :onsacrée à me du«PiaJX, rues, ses fenê tendais l'occa urais raconter ne autobiogra déplacer le caposé, quel rner«La àviez refusé. :ovie. Et mettait j'avais connus :bard Horowitz, ation depuis le re l'avait caché ;qu'au cou dans �assemblait les jer. Un épisode teven Spielberg. ;i}m de, dtsr ur la place de la République occupée, il est d'abord venu seul, la copie d'une toile de Zurbaran sous le bras. Mais très vite des curieux se sont approchés, des discussions ont pris corps, et l'histoire de l'art a fait irruption sur la place, entre une fanfare joyeuse et une tente consacrée aux militantsfreegan, opposés au gas pillage alimentaire. Nuit debout venait de donner naissance à l'un de ses nombreux rejetons: Mu sées debout. Au gré des dialogues s'est ainsi dessiné un collectif mouvant, né du désir de« remettre le musée au cœur du débat public, et le débat public au cœur du mu- . sée », résume son créateur, Guillaume Kientz. _ Conservateur au Louvre, il a im provisé cette agora à titre pure ment privé, en tant que « citoyen amoureux des arts, afin de rappeler que, dès ses origines, le musée a été un outil de lafabrique du citoyen, et non le lieu de l'entre-soi d'une élite. L'appropriation de la beauté est un facteur essentiel de la fabrique du vivre-ensemble». Le week-end et certains soirs, le rendez-vous s'est donc instauré, invitant badauds et militants de tout poil à évoquer ensemble « l'œuvre d'art qui a changé leur vision du monde». Un écho au Centre Pompidou Sur une corde à linge, des cartes postales de tableaux, Christ en croix notamment. A chacun de prendre la parole, quelques ins tants. Artaud, Vuillard, L'Homme qui marche de Rodin, les métopes du Parthénon défilent dans les conversations à bâtons rompus. En quelques mots, dire la révolu tion engendrée dans sa vie par ce « L'appropriation de la beauté est un facteur essentiel de la fabrique du vivre-ensemble» GUILLAUME KIENTZ conservateur au Louvre et créateur de Musées debout manuel italien d'histoire de l'art, dont les pages élimées révèlent combien il a été chéri. Evoquer le souvenir de l'historien Daniel Arasse, qui sut si bien offrir son savoir, ou la révélation qu'a été la lecture d'Emst Gombrich. Ensem ble se feuillette aùssi un ouvrage sur Botticelli, fourmillant de mille détails, fugue de végétaux et de paraboles fleuries. Tiens, voilà Le printemps ! Bel augure pour cette initiative (@MuseesDebout sur Twitter), où se mêlent mille ques tions : le peu de place accordé à l'art dans l'éducation, le prix des musées, le poids du mécénat ou le lien entre patrimoine et citoyen neté. Certaines voix s'élèvent pour re gretter l'absence du monde de la culture dans les Nuits de Républi que... Les groupes informels Mu sées, Biblio, Auteurs et Orchestre se sont tous mis peu à peu « de bout>>. Mathilde Villeneuve, codi rectrice des Laboratoires dJ\.uber villiers, et Charlène Dinhut, char gée de programmation au Centre Pompidou, voient dans ce forum d'un nouveau genre un écho revi gorant à leur volonté « de creuser Bruxelles, olao11 p. +ru .. � - -- au sein de [leurs] institutions des lieux d'intelligence collective, d'ap prentissage et de création en com mun, en interaction avec des pro blématiques sociales et politiques. L'art doit être pensé comme un es pace de rencontres, le lieu du vi vant. Inclusion des minorités, gou vernances pyramidales, statutjuri dique des artistes plasticiens, assu rance-chômage des intermittents... Les institutions culturelles ne sont pas exemptes de ces remises en question levées par Nuit debout». Heureux hasard, le Centre Pom pidou inaugure, vendredi 22 avril, son festival Hors Pistes, consacré à l'esprit de révolte. « Je ne pensais pas que l'on serait autant dans l'air du temps>>, avoue sa fondatrice, Géraldine GoJl).ez. Elle est néan moins bien décidée à créer un flux entre République et le forum de Pompidou. Ici, c'est avec le livre qui a changé votre vie que vous pour rez venir, afin de l'offrir à une bi bliothèque participative autour de laquelle se constitueront des « anarchives de la révolte». Sont aussi conviés, de façon in formelle, tous les artistes pa�ici pant à Nuit debout, tandis que des débats se tiendront autour des lan ceurs d'alerte, avec Julian Assange en invité d'honneur (par le logiciel de messagerie audio et vidéo Skype). Occupy Pompidou? C'est ainsi qu'un journal espagnol avait qualifié ce festival, dans son édi tion donnée à Malaga. « Ce n'est pas forcément l'idée, modère Géral dine Gomez. Mais il y a à Nuit de bout un espoir et une énergie dé bordante, qui traverseront forcé ment notre festival. » Hors pistes, mais pas hors jeu. • EMMANUELLE LEQUEUX