Avis : Mise en place d`un dispositif d`aide aux devoirs gratuit

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Avis : Mise en place d`un dispositif d`aide aux devoirs gratuit
Séance plénière du 18 juin 2015
AVIS DU CONSEIL ÉCONOMIQUE, SOCIAL ET ENVIRONNEMENTAL RÉGIONAL AQUITAINE
Mise en place d'un dispositif d'aide aux devoirs gratuit au profit des lycéens d'Aquitaine
Vu le rapport de saisine de M. le Président du Conseil régional d’Aquitaine relatif à la
« Mise en place d'un dispositif d'aide aux devoirs gratuit au profit des lycéens
d'Aquitaine »,
Vu l’avis de synthèse de la commission « Emploi et formation »
Le CESER Aquitaine prend acte de l’initiative de mettre en place un dispositif d’aide aux
devoirs gratuit au profit des lycéens d’Aquitaine. Il a conscience qu’il existe un réel besoin en
la matière.
Le dispositif présenté dans le rapport est issu d’un dispositif existant au Québec (cf. organisme
Allo prof) et l’outil présenté dans un premier temps concerne la mise en place d’un service
d’aide aux devoirs en ligne du lundi au jeudi de 17h à 20 h, et qui fonctionnera via la plateforme d’appels de la région, dédiée en journée à l’opération Coups de Pouce. Les autres
services complémentaires pouvant être offerts seraient vus dans un second temps.
Ce dispositif n’a pas mené à la convergence des points de vue au sein de l’assemblée
consultative régionale. Si l’ensemble des conseillers s’accordent sur la nécessité de remédier à
l’échec scolaire et au décrochage des lycéens, certains estiment que le dispositif présenté ne
répond pas à cette question complexe. D’autres conseillers, estiment a contrario que
l’expérimentation proposée peut être utile et amène une réponse concrète notamment pour
les lycéens dont la résidence est éloignée des structures aidantes existantes.
Le CESER a soulevé un certain nombre de questions et estime globalement que la proposition
manque de précisions.
Il aurait apprécié pouvoir disposer de données et de repères qualitatifs sur les résultats de
l’application du dispositif au Québec. Les indications chiffrées transmises relèvent plus de la
description d’une activité que de la mesure de ses effets.
L’assemblée socioprofessionnelle souhaiterait des précisions sur les outils permettant d’évaluer
le degré de réussite du dispositif, ainsi que sur l’organisation qui l’entoure, notamment par
rapport à la méthodologie et la pédagogie utilisées dans l’aide aux devoirs. « Allo Profs »
québecois est tenu par des enseignants pratiquant quotidiennement le programme dispensé. Le
nombre d’appels enregistrés (« 7404 appels la première année et 14 000 en 2013) ne permet
pas d’apprécier la réussite du dispositif.
Le CESER regrette que les associations oeuvrant pour le soutien scolaire et les associations de
parents d’élèves n’aient pas été contactées, consultées et invitées à participer au processus.
En effet, notre assemblée considère que si ce dispositif d’aide aux devoirs devait se mettre en
place, il devrait aller dans le sens de la prise en considération et de la complémentarité avec
les acteurs existants du soutien scolaire. Le dispositif en question doit s’inscrire dans un cadre
existant et y trouver sa place, y compris en lien et par rapport à ces acteurs.
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Sur le principe d’avoir recours à un dispositif d’aide aux devoirs externalisé, là aussi les avis
divergent : certains conseillers estiment que la baisse des moyens accordés à l’Education
nationale ne doit pas pour autant justifier le principe d’une aide aux devoirs « externalisée »
de façon systématique. Ils estiment pour leur part, que ce dispositif s’inscrit dans la
continuité des réformes éducatives menées ces dernières années visant à la privatisation de
l’Education. Il conviendrait de regarder les causes expliquant l’échec de l’école dans la prise
en charge du décrochage et travailler à remédier aux difficultés identifiées, dans la mesure où
l’aide aux devoirs devrait en principe, faire partie de la mission de l’Education nationale.
Une partie du CESER est d’avis que ce dispositif ne constitue pas en soi un dispositif de lutte
contre le décrochage mais relève davantage d’une politique de communication. Le dispositif
proposé dans le rapport n’aurait pas véritablement vocation à permettre de lutter contre le
décrochage.
Certains conseillers s’interrogent sur les impacts potentiels d’un manque de contact direct
des lycéens avec leurs interlocuteurs en termes de suivi effectif et d’efficacité de l’aide. Ils
souhaiteraient que soit évalué l’existant et en tirer les conséquences en termes de
performance, de qualité et de résultats. Ainsi, l’utilisation de « Léa » (l’environnement
numérique de travail) devrait faire l’objet d’une reconsidération et d’un renouvellement pour
en améliorer le fonctionnement.
Pourtant, certains conseillers ont également relevé plusieurs aspects susceptibles de se révéler
positifs :
- Tout d’abord, étant donné que l’aide est gratuite, elle pourrait permettre à des
lycéens dont les parents n’en ont pas les moyens, d’avoir accès à une aide en matière
de soutien scolaire.
- Certains conseillers estiment que le recours à des moyens tels qu’internet ou les SMS
correspondent à des modalités de communication particulièrement adaptées aux
jeunes.
- La mise place d’un service téléphonique en ligne de 17h00 à 20h00, représente un
point positif notamment pour les lycéens habitant les zones enclavées.
- Enfin, le recrutement d’étudiants de master pourrait, pour certains d’entre eux,
représenter une opportunité d’avoir d’une part, une expérience pédagogique et d’autre
part, une source de financement pour leurs études.
En conclusion, considérant la mise en œuvre d’une telle initiative, le CESER Aquitaine
dans son ensemble s’interroge sur le décalage entre le dispositif tel que mentionné en l’état et
l’ambition affichée de lutter contre le décrochage.
AVIS ADOPTÉ A LA MAJORITÉ ABSOLUE
2 avis contre : Gilbert HANNA pour Sud-Solidaires, Alain REILLER pour la FSU
6 abstentions : Jean-Louis BOST, Jacqueline BRET, Christian MARY, Claudine MILOX,
Jacques PAULIAT pour l’Union régionale CGT-FO, Nadine PRUÉ-PESSOTTO pour l’UFC Que
Choisir
Le Président,
Luc PABOEUF
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