L`addition conjointe d`acetyl-L-carnitine et d`acide lipoique dans l

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L`addition conjointe d`acetyl-L-carnitine et d`acide lipoique dans l
L’addition conjointe d’acetyl-L-carnitine et d’acide lipoique
dans l’alimentation protégerait du stress oxydatif et
améliorerait la perte de mémoire liée à l’âge
Les mitochondries sont des organites intracellulaires
responsables du métabolisme énergétique. Elles transforment
les molécules de glucose et d’acides gras en énergie
directement utilisable par la cellule sous forme d’adénosine
tri-phosphate, ou ATP. Cette production d’énergie se fait en
présence d’O2 et libère une importante quantité de radicaux
libres susceptibles d’oxyder les molécules avoisinantes. La
présence d’antioxydants dans la cellule la protége de ces
attaques radicalaires. Avec l’âge, la capacité de protection de
ces molécules antioxydantes diminue dans la plupart des
cellules. La principale conséquence est une élévation de
l’oxydation des lipides, des glucides, des protéines et des
acides nucléiques, compromettant ainsi le bon
fonctionnement cellulaire. Les mitochondries elles-mêmes,
source de la production des radicaux libres, sont parmi les
premières cibles de ces altérations.
Une diminution avec l’âge du nombre de mitochondries
fonctionnelles, de leur consommation d’oxygène ou de leur
production d’ATP a souvent été rapportée dans la littérature.
Celle-ci pourrait être responsable de nombreuses altérations
physiologiques observées en fin de vie comme la baisse de
l’activité locomotrice ou la diminution de l’acuité sensorielle.
Elle pourrait aussi être responsable de la perte neuronale liée
à la maladie d’Alzheimer ou à la maladie de Parkinson, et
des troubles cognitifs ou moteurs qui leurs sont associés.
L’intégrité de la fonction mitonchondriale chez des animaux
dont la longévité était augmentée par une restriction
alimentaire chronique est en faveur de cette hypothèse.
L’amélioration des fonctions cognitives de patients atteints de
la maladie d’Alzheimer par la supplémentation en lipides
protecteurs du stress oxydatif va dans le même sens. Deux
études expérimentales publiées simultanément aux Etats-Unis
dans le même numéro des Proceedings of National Academy
of Sciences apportent des arguments supplémentaires en
faveur du rôle du stress oxydatif et des mitochondries dans la
perte de mémoire liée à l’âge.
La L-carnitine est une molécule favorisant le transport des
acides gras libres du cytoplasme de la cellule vers l’intérieur
des mitochondries. Sa forme acétylée, la L-acétyl-carnitine, a
la particularité de pénétrer facilement dans les cellules et de
franchir plus aisément la barrière hémato-encéphalique que sa
forme native. C’est elle qui est préférentiellement utilisée
dans
les études expérimentales et cliniques. Son
performances des animaux de 24-28 mois
(en % des animaux de 4 mois)
témoins
traités
consommation d’O2
52
86
taux d’oxydation hépatique
130
95
mémoire spatiale
25
41
mémoire temporelle
37
52
administration chez le rat améliore la production d’énergie
des mitochondries ainsi que les fonctions cognitives. Par
contre, elle a aussi pour effet de réduire les capacités
antioxydantes des cellules hépatiques.
L’acide R-α−lipoique est un antioxydant qui pénètre
également dans la cellule et améliore aussi la fonction
mitochondriale. C’est un co-enzyme qui joue un rôle essentiel
dans le transport des glucides à travers les membranes
cellulaires et mitochondriales. Son administration chez la
souris a un effet positif sur la mémoire. L’idée des auteurs de
ces deux articles a été d’associer ces deux molécules, la Lacétyl-carnitine et l’acide R-α−lipoique, dans une essai de
supplémentation alimentaire.
Des rats mâles âgés de 24 mois, âge correspondant à leur
espérance de vie moyenne, ont été traité durant 4 à 7
semaines avec ces deux molécules ajoutées dans l’eau de
boisson ou dans la nourriture. Cette supplémentation
augmente la consommation d’O2 et la production d’énergie
des mitochondries isolées à partir du foie, sans pour autant
augmenter le stress oxydatif des cellules hépatiques.
L’activité locomotrice est diminuée avec l’âge chez les
animaux témoins non traités, mais maintenue dans le groupe
supplémenté. La mémoire spatiale, mesurée à l’aide du
labyrinthe de Morris, ainsi que la mémoire temporelle
estimée à l’aide de tests auditifs ou visuels, baissent entre 4 et
24 mois chez ces animaux. La supplémentation en L-acétylcarnitine et acide R-α−lipoique durant 7 semaines améliore
significativement les performances mnésiques, spatiales et
temporelles, sans toutefois atteindre le niveau des animaux
adultes. Le taux d’oxydation des acides nucléiques dans les
cellules nerveuses de l’hippocampe, et plus particulièrement
des ARN, est réduit par le traitement, tout comme les lésions
mitochondriales analysées en microscopie électronique.
Ces données montrent que l’association de deux
suppléments alimentaires connus pour améliorer la
production d’énergie des mitochondries, tout en les
protégeant du stress oxydatif que génère cette augmentation
de consommation d’O2, peut en partie prévenir le déclin de
l’activité physique et cognitive souvent lié à l’âge. Les effets
de ce type de traitement à long terme sont toutefois inconnus
et demanderaient à être vérifiés chez l’homme
B. Corman
CEA/Saclay, Gif-sur-Yvette
Liu J, Head E, Gharib A.M, Yuan W, Ingersoll R.T, Hagen T.M, Cotman C.W, Ames B.N. Memory loss in old rats is
associated with brain mitochondrial decay in RNA/DNA oxidation: partial reversal by feeding acetyl-L-carnitine and/
or R-α-lipoic acid. Proc. Natl. Acad. Sci., 2002, 99: 2356-2361.
Hagen T.M, Liu J, Lykkesfeldt J, Wehr C.M, Ingersoll R.T, Vinarsky V, Bartholomew J.C, Ames, B.N. Feeding acetyl-Lcarnitine and lipoic acid to old rats significantly improves metabolic function while decreasing oxidative stress. Proc.
Natl. Acad. Sci., 2002, 99: 1870-1875.
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