Les marées noires

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Les marées noires
Les marées noires
Mer et littoral
ISE 4A
Julien BENOIT
Nicolas BLAZY
Pierre-Yves ROIGNANT
Sommaire
I.
Introduction........................................................................................................................ 3
II.
Causes des marées noires .................................................................................................. 4
III. Les conséquences d’une marée noire ................................................................................ 5
1.
Impact sur la faune & la flore................................................................................... 5
2.
Impact sur le littoral ................................................................................................. 7
3.
Impact économique ................................................................................................. 8
4.
Le devenir du pétrole déversé ................................................................................. 8
IV. Lutte ................................................................................................................................... 9
V.
1.
Actions à la source ................................................................................................. 10
2.
Lutte au large ......................................................................................................... 11
3.
Lutte devant le littoral ........................................................................................... 12
4.
Lutte sur le littoral.................................................................................................. 12
Les principales marées noires .......................................................................................... 13
VI. Sitographie ....................................................................................................................... 17
I.
Introduction
Une marée noire désigne une catastrophe industrielle et écologique qui se traduit par
le déversement d'une importante quantité de pétrole brut ou de produits pétroliers lourds
dans la mer. Lorsque cette nappe atteint la zone côtière, on parle alors de marée noire.
Cette nappe d’hydrocarbures survient au naufrage d'un navire, à des problèmes sur une
installation de forage en pleine mer ou d'un dégazage sauvage.
En France, de fréquentes marées noires atteignent nos côtes, comme la catastrophe de
l’Amoco Cadiz, ou plus récemment celle de l’Erika, avec des conséquences dramatiques sur
l’environnement. On estime que 6.0000.000 de tonnes de pétrole seraient déversées chaque
année dans les océans.
II.
Causes des marées noires
Les causes des marées noires sont multiples :
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




Industrie et urbanisation continentales (53%)
Rejets opérationnels et accidents de navires non pétroliers (20%)
Sources naturelles (9%)
Rejets opérationnels de pétroliers (6%)
Accidents de pétroliers (6%)
Exploitations pétrolières offshore (4%)
Déversements de terminaux et de chantiers (2%)
III.
Les conséquences d’une marée noire
Avant toute chose, il est important de comprendre qu’une marée noire se décompose en
trois grandes phases :
1. Une première phase dite de propagation des hydrocarbures en mer :
Durant cette phase de propagation, certains facteurs auront une influence sur la dynamique
de la pollution :


La nature et le type de polluant
Le climat : le vent, les vagues, les courants…
La combinaison de ces facteurs déterminera l’étendue de la pollution ainsi que la période qui
lui sera nécessaire pour atteindre les côtes.
2. Une seconde phase de fixation des hydrocarbures sur les côtes
3. Et en enfin, une phase d’élimination et de dissipation de la pollution
1.
Impact sur la faune & la flore
a)
L’engluement et la souillure
Durant la phase de propagation, d’importantes nappes de pétrole se formeront à la
surface de l’eau. Cette nappe affectera les animaux qui viennent respirer en surface, les
oiseaux qui plongent dans l’eau pour y chercher leur nourriture, les algues ainsi que les
micro-organismes vivant à la surface de l’eau.
Les plus touchés seront les oiseaux de mer ainsi que les mammifères. Leur vie est en effet
étroitement liée à une fréquentation assidue de la surface de l’eau, les premiers pour se
nourrir et se reposer entre deux envols, les seconds pour respirer. La présence
d’hydrocarbures en surface constitue pour eux un risque majeur d’ingestion
et de souillure de la peau ou des plumes. Chez les oiseaux, la souillure du plumage entraîne
une perte d’isolation thermique, de flottabilité et de portance. Chez les mammifères, qui se
lèchent le pelage, la souillure entraîne des risques d’ingestion d’hydrocarbures.
À cela s’ajoutent des risques d’ingestion directe, d’irritation des yeux et des narines,
d’étouffement par engluement ainsi que des effets toxiques affectant l’organisme entier, au
niveau du métabolisme ou du génome.
L’engluement peut être localisé à des organes et provoquer des perturbations pour la
locomotion, l’alimentation.
Les souillures et l’engluement au large affectent aussi les couches superficielles du plancton.
Le plancton constitue le premier élément de la chaîne alimentaire dont se nourrissent les
grands mammifères marins, ceux-ci seront donc également affectés par la pollution. Les
effets du polluant peuvent être localement et temporairement considérables sur certains
peuplements planctoniques. Mais la courte durée du cycle des espèces et l’importance du
brassage des eaux font que les organismes perdus sont vite remplacés, limitant ainsi les
impacts sur les chaînes alimentaires. Cependant, le phénomène de bioaccumulation
favorisera la concentration en hydrocarbures dans des organismes à des concentrations bien
supérieures de celles du milieu.
Des particules d’hydrocarbures dispersées dans l’eau peuvent être accumulées sur des
muqueuses sensibles, des branchies, les encrasser et en provoquer la dégénérescence. Un
animal, aux mécanismes filtreurs affectés, pourra ingérer suffisamment de pétrole pour
subir un effet toxique tout en étant incapable de se nourrir.
Chez un animal aux branchies affectées, l’organisme sera incapable d’assurer son
oxygénation et des hydrocarbures solubles pourront pénétrer par la voie respiratoire dans le
système sanguin. Ces situations se rencontrent en particulier chez les mollusques filtreurs
lorsqu’une dispersion naturelle ou chimique fait qu’il y a de fortes concentrations
d’hydrocarbures dans la colonne d’eau.
b)
Les effets toxiques
En plus de l’engluement et la souillure, certains constituants sont toxiques pour les
animaux et végétaux marins. C’est le cas des HAP, qui présentent une stabilité importante
dans les milieux. Ils sont considérés comme des contaminants prioritaires des écosystèmes
tant terrestres que marins pour leurs potentialités cancérigène et mutagène.
De plus, de récentes études menées sur le personnel de nettoiement des plages et
côtes ont montrés la survenance d’un risque sanitaire non négligeable. En effet, des
médecins et chercheurs espagnols ont montré que ces derniers souffraient de plus
d'affections respiratoires que des sujets n'ayant pas été exposés au cours d'opérations de
nettoyage et qu'ils présentaient aussi des modifications de leurs chromosomes.
2.
Impact sur le littoral
La distance séparant le lieu de déversement et la côte, la morphologie littorale, les
vents et les courants permanents et saisonniers jouent sur l’importance et la forme de la
pollution qui affecte le littoral. La nature du littoral le rendra plus ou moins sensible à la
pollution. Les plus sensibles seront les littoraux abrités tels que les estuaires ou les marais
salants. En effet, les sédiments fins les retiennent sur de longues périodes. Les
hydrocarbures affectent alors rapidement et fortement les peuplements d’invertébrés
du sédiment et les parties des végétaux en contact avec l’eau. A l’inverse, les côtes de type
rocheuse seront moins exposées. Attention, il est important de noter que ces côtes
rocheuses restent néanmoins sensibles aux marées noires. En effet, les populations d’algues
et de mollusques qu’elles abritent se retrouvent détruites par asphyxie, le pétrole formant
sur la roche une couche imperméable en cas de non intervention de l’homme.
3.
Impact économique
a)
Frais de lutte & de nettoyage
La mobilisation de moyens humains (les équipes de lutte et de sauvetage des oiseaux et
mammifères, les professionnels) et techniques (du matériel spécialisé ainsi que des
opérateurs) demande la mise en place d’un financement complexe et important. L’appel à
des moyens privés pour la surveillance des nappes et la lutte en mer et à terre (aéronefs,
bateaux de pêche, matériel de travaux publics, matériel agricole) ajoute des dépenses qui
atteignent rapidement des sommes considérables.
Exemple : Le cout de la marée noire Erika représentent prés de 500M€ pour « seulement »
20.000 tonnes de fioul déversé.
b)
Dommages économiques purs
L’ensemble des professions liées à l’exploitation des côtes et du littoral se retrouvent
directement impactées. Les pêcheurs n’ont plus l’autorisation de pécher, les ostréiculteurs
se voient interdire la vente de leurs produits, les plages sont interdites aux usagers ce qui se
répercute sur les professionnels du tourisme, et s’est ainsi toute une chaine de fournisseurs
et de clients qui voit son activité ralentie.
4.
Le devenir du pétrole déversé
En fonction du type de pétrole, la proportion de pétrole évaporé ou dispersé varie. Le
devenir du pétrole dispersé reste néanmoins toujours tributaire des mêmes mécanismes tels
qu’exposés ci-dessous :
Il est important de remarquer que la dégradation naturelle du pétrole est longue puisqu’elle
se fait sur plusieurs années, et qu’elle n’est pas totale. Il restera toujours une partie du
pétrole dans l’eau sous la forme de sédiments.
Mécanisme de dégradation du pétrole par les micro-organismes
IV.
Lutte
Les marées noires provoquent dans le milieu marin des dommages très importants qui
affectent aussi bien les écosystèmes que les activités économiques telles que la pêche,
l’aquaculture et le tourisme. Au vu de l’importance et de l’étendue des impacts d’une
telle marée, les premières mesures de lutte sont la prévention. Mais malgré les moyens mis
en œuvre des déversements accidentels ont toujours lieu. Face à ces déversements il existe
différents moyens de lutte qui sont fortement conditionnées par les conditions
météorologiques, la nature du pétrole incriminé (lourd ou léger) et la proximité de sites
sensibles à protéger (écosystèmes remarquables, productions aquacoles, sites
touristiques…). Les interventions se font donc en conséquence de l’urgence de la situation,
des enjeux et des possibilités techniques, ce qui peut mener à des actions désespérées et
nocives pour l’environnement dans l’espoir de protéger certains sites sensibles.
Les opérations sont également différentes suivant le types de côtes : rocheuse ou sableuse.
En France un établissement spécial a été mis en place pour lutter contre les marées noires :
Le CEDRE (Centre de documentation de recherche et d'expérimentation sur les pollutions
accidentelles des eaux). Il a été créé en 1978 à la suite du naufrage du navire pétrolier
«Amoco Cadiz» pour améliorer la préparation à la lutte contre les pollutions accidentelles
des eaux et renforcer le dispositif d’intervention français. Il est responsable, au niveau
national, de la documentation, de la recherche et des expérimentations concernant les
produits polluants, leurs effets, les méthodes et les moyens spécialisés utilisés pour les
combattre. Sa mission de conseil et d’expertise englobe aussi bien les eaux marines que les
eaux intérieures.
Il existe différents choix de type de lutte que l’on peut répertorier en quatre catégories :
 Actions à la source
 Lutte au large
 Lutte devant le littoral
 Lutte sur le littoral
1.
Actions à la source
Il existe plusieurs moyens de lutte contre les marées noires mais il y a également différentes
étapes à respecter : Lors d’un déversement de pétrole, les efforts de lutte se portent en
priorité sur la source de la pollution. Il faut donc commencer par la localiser (où se trouvent
la fuite dans l’oléoduc, où se situe le pétrolier qui a déversé sa cargaison ou encore de quelle
plateforme la fuite provient-elle ?)
Une fois la source de la pollution identifiée et localisée les efforts de lutte sont différents
suivant la source.
Dans le cas des pétroliers il existe deux problèmes : le navire naufragé et la nappe de
pétrole.
 Pour le navire naufragé : il faut s’intéresser à la distance du pétrolier aux côtes et à la
présence de sites refuges ( ports ou baie dans lesquels peuvent être amenés des
bateaux qui déversent leur cargaison. Le site est ensuite fermé pour bloquer le
pétrole à l’intérieur et empêcher une trop grande dispersion du polluant.) Il faut
également prendre en compte la présence de sites sensibles pour empêcher d’y
apporter du pétrole. Il est aussi nécessaire d’alléger le navire (transvaser son
chargement vers un autre navire)
 Pour la nappe de pétrole : Si elle ne menace pas la côte il n’est pas nécessaire
d’intervenir, il vaut mieux réaliser un suivi de sa dégradation et rester vigilant à son
devenir. Sinon il est possible de brûler la nappe, ou encore d’utiliser des dispersants
Quand les côtes sont menacées, l’objectif est d’empêcher au maximum l’arrivée de la
nappe sur les sites les plus sensibles.
2.
Lutte au large
Les différents types de lutte au large sont :
 Disperser le polluant dans la masse d’eau à l’aide de produits dispersants mais il faut
vérifier que cette technique ne créé pas plus de dommage qu’elle n’en évite. En effet, bien
que les dispersants transforment la nappe de pétrole en microgouttelettes plus faciles à
dégrader par les micro-organismes et moins dangereuses pour les grands organismes marins
(oiseaux, cétacés…), leur toxicité est avérée et ils risquent de contaminer la colonne d’eau,
les sédiments et leurs organismes.
 Confiner par barrages et récupérer à l’aide
de pompes et de récupérateurs :
 Chaluter par barrages récupérateurs ou à
l’aide de navires équipés de bras récupérateurs
 Epandre des absorbants sur la nappe et récupérer à l’aide de chaluts de surface :
L’utilisation d’absorbants flottants pour fixer et agglomérer un pétrole ou d’autres polluants
en cas d’accident est une technique couramment employée sur les plans d’eau calmes et
dans les ports pour récupérer de petites pollutions. On peut avoir recours, à titre provisoire,
à des moyens de fortune tels que la paille ou la sciure de bois. Ces produits peuvent
constituer un bon choix, s’il n’y a pas contact avec l’eau avant ou pendant le processus
d’absorption. Ces produits, appelés absorbants, agissent par phénomènes d’adsorption (en
surface) et d’absorption (en masse). Ils sont disponibles en vrac, sous forme de poudres,
fibres, copeaux, fines particules et conditionnés sous forme de tapis, feuilles, rouleaux,
barrages. Ce ne sont pas les produits absorbants ou agglomérants efficaces qui manquent,
depuis l’écorce de pin naturelle jusqu’aux composés synthétiques les plus élaborés. Le plus
souvent ils ne sont pas utilisés dans les conditions qui conduiraient à une efficacité
maximale.
3.
Lutte devant le littoral
Les enjeux sont différents lorsque la lutte se fait près du littoral. En effet les côtes sont des
zones sensibles il est donc important de les protéger et d’empêcher le pétrole de les
atteindre. Les différents points lors de la lutte sont :






Intervenir sur les nappes en mer proches du littoral
Protéger par des barrages les zones sensibles du littoral
Dévier les nappes dérivantes vers des zones peu sensibles
Retenir les nappes sur les zones touchées pour éviter l’extension des aires polluées
Confiner et récupérer le polluant devant la côte (mêmes techniques qu’au large)
Disperser prudemment, par épandage limité de dispersants, sous contrôle écologique
4.
Lutte sur le littoral
La lutte sur le littoral est différentes des autres types de lutte. En effet elle requière une main
d’œuvre très importante. De nombreux bénévoles sont alors mis à contribution. Les
opérations de lutte contre une marée noire de grande ampleur peuvent demander la
mobilisation en quelques jours et la gestion pendant plusieurs semaines à plusieurs mois de
dizaines de milliers de personnes d’origines très diverses : des fonctionnaires civils et
militaires de l’État ; des fonctionnaires et contractuels de collectivités territoriales ; du
personnel d’entreprises privées ; des bénévoles venus de près ou de loin, individuellement
ou en groupes.
La quasi-totalité de ces intervenants n’a aucune expérience de la lutte contre une marée
noire.
Il faut donc non seulement les équiper, les nourrir, les loger, les encadrer, mais aussi les
former en quelques heures à leur rôle et aux précautions à prendre pour ne pas ajouter à la
pollution les dégâts d’une intervention maladroite.
Les différentes méthodes utilisées sont :
 Mettre en œuvre des chantiers de nettoyage, avec une bonne chaîne de traitement
des déchets : Il y a deux types de nettoyage : le grossier ( Retirer la couche de pétrole
à la pelle et/ou faire un décapage grossier à basse pression en envoyant le pétrole
vers la mer en le gardant confiné grâce à un barrage flottant) et le fin ( retirer les
restes de pétrole aux tractopelle et décaper à forte pression)
 Limiter les interventions au strict nécessaire dans des sites très sensibles tels que les
marais
 Prendre les mesures d’interdiction de commercialisation ou d’accès nécessaires
 Evacuer et traiter les déchets récupérés
 A l’issue des opérations, restaurer les sites de stockage de déchets, les accès
aménagés et la flore souillée
V.
Les principales marées noires
Lieu : Koweït
Quantité : Plus de 800.000 tonnes de pétrole
Date : Janvier 1991
Cause : Sabotage et bombardements sur les
réservoirs lors de la Guerre du Golf
Lieu : Etats-Unis (Louisiane)
Quantité : Pl us de 670.000 tonnes de pétrole
Date : avril à juillet 2010
Cause : Explosion de la plateforme pétrolière
Deepwater Horizon
Lieu : Golfe du Mexique
Quantité : Plus de 500.000 tonnes de pétrole
Date : 3 juin 1979
Cause : Déversement du puits de pétrole Ixtoc Uno
Lieu : Angola
Quantité : 260.000 tonnes de pétrole
Date : 28 mai 1991
Cause : Naufrage de l'ABT Summer
Lieu : France (Bretagne)
Quantité : 227.000 tonnes de pétrole
Date : 16 mars 1978
Cause : Naufrage de l'Amoco Cadiz
Lieu : Pays de Galles
Quantité : 121.000 tonnes de pétrole
Date : 18 mars 1967
Cause : Naufrage du Torrey Canyon
Lieu : Pays de Galles
Quantité : 73.000 tonnes de pétrole
Date : 15 février 1996
Cause : Naufrage du Sea Empress
Lieu : Etats-Unis (Alaska)
Quantité : 40.000 tonnes de pétrole
Date : 24 mars 1989
Cause : Naufrage de l’Exxon Valdez
Lieu : France (Golf de Gascogne)
Quantité : 20.000 tonnes de pétrole
Date : 12 décembre 1999
Cause : Naufrage de l'Erika
VI.
Sitographie
http://marees.free.fr/marees-noires.html
http://www.dictionnaire-environnement.com
www.notre-planete.info
http://www.enerzine.com/604/4356+561-marees-noires-dans-les-eaux-interieuresfrancaises+.html
http://www.robindesbois.org/dossiers/atlas_pollution_eau_douce_080304.pdf
http://www.marees-noires.com/
http://fr.wikipedia.org/wiki/Mar%C3%A9e_noire
http://www.cedre.fr/fr/lutte/index.php