La Bundeswehr en opération
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La Bundeswehr en opération
La Bundeswehr en opération Publication éditée à l’occasion du 15e anniversaire du premier mandat parlementaire autorisant des engagements armés de la Bundeswehr à l’étranger La Bundeswehr en opération Publication éditée à l’occasion du 15e anniversaire du premier mandat parlementaire autorisant des engagements armés de la Bundeswehr à l’étranger I N T R O D U C T I O N Trois repères historiques : 1949, 1989 et 1994 Pour la République fédérale d’Allemagne l’année 2009 est une année de commémoration bien particulière, d’une grande importance également pour l’histoire de la Bundeswehr. La consultation du « calendrier » des jours de commémoration doit être autre chose qu’une formalité. Les repères historiques peuvent aider à faire le point, à mieux situer et comprendre les défis d’aujourd’hui et de demain. Il y a 60 ans, la Loi fondamentale était adoptée, et la Républi que fédérale créée. Choisir la voie conduisant à un Etat de droit libre et démocratique était la condition préalable à l’intégration de l’Allemagne dans la communauté des Etats occidentaux. Sur le chemin du recouvrement progressif de sa souveraineté nationale, la jeune République fédérale devint en 1955 membre de l’Alliance atlantique et entreprit peu après la constitution de forces armées allemandes. La Bundeswehr a depuis une place particulière dans notre histoire en tant que première et unique armée de conscription d’une démocratie contrôlée par le pouvoir parlementaire. En considération des expériences faites au cours de l’histoire, le parlement a dès le départ assumé une responsa bilité particulière visàvis de la Bundeswehr, qu’il s’agisse de législation, de l’institution de la fonction de commissaire parlementaire aux forces armées au profit du parlement (Bundestag) ou de budgétisation. 2 L A B U N D E S W E H R E N O P E R AT I O N La Bundeswehr est associée pour une grande partie à Il y a 15 ans, le 22 juillet 1994, le Bundestag fut consulté l’intégration de l’Allemagne dans la communauté des Etats pour la première fois au sujet d’un engagement armé de démocratiques et elle apporte une contribution décisive à la Bundeswehr. Ce premier mandat parlementaire d’un enga la préservation de la paix et de la liberté de notre pays ainsi gement armé (embargo des NU à l’encontre de la République que de ses alliés et partenaires. fédérale de Yougoslavie et surveillance de l’application de l’interdiction de survol de la BosnieHerzégovine) inaugura une En 2009, nous commémorons également le début de la ère nouvelle pour la Bundeswehr en tant qu’une « armée en révolution pacifique en RDA il y a 20 ans, la chute du mur opération ». La réalité opérationnelle conditionne aujourd’hui le 9 novembre 1989 et la réunification de l’Allemagne le la structure et le quotidien de notre Bundeswehr. Au cours des 3 octobre 1990. Les conséquences du processus de réunifi 15 dernières années, plus de 260 000 militaires, femmes et cation, en particulier l’intégration du personnel et du matériel hommes ont été en opération, c’est plus que l’effectif de paix de l’armée nationale populaire (NVA) dissoute, ont alors actuel de la Bundeswehr. confronté la Bundeswehr aux défis les plus exigeants de son histoire. L’intégration d’anciens personnels de la NVA et l’idée Les trois repères – 1949, 1989 et 1994 – témoignent d’une « armée de l’unité » ont joué un rôle exemplaire sur le concrètement de la contribution apportée par la Bundeswehr parcours de la réalisation de l’unité interne de l’Allemagne. à la liberté et à la sécurité de notre pays depuis plus de 54 ans et du fait que le lien entre les forces armées et l’ordre constitu La fin de la guerre froide fut également synonyme d’un tionnel constitue le fondement de toute décision politique : bouleversement fondamental de l’environnement de politique pour la protection de l'Allemagne ainsi que de ses citoyennes de sécurité, qui a profondément transformé la Bundeswehr et citoyens. en termes de missions et structurellement. Les défis à relever en termes de politique de sécurité sont devenus plus complexes et moins lisibles. Les risques et les menaces pour l’Allemagne ne se sont pas amoindris au cours des dernières années, mais ont enregistré une évolution et un glissement qualitatifs. INTRODUCTION 3 S O M M A I R E Introduction 2 1 La Bundeswehr jusqu’en 1989/90 6 1.1 Sous le signe de la « guerre froide » : 8 la création de la Bundeswehr et la période ayant précédé celleci 1.2 Sous le signe des « représailles massives » : 12 mise sur pied et montée en puissance de la Bundeswehr 1.3 Sous le signe de la « riposte graduée » : 17 la Bundeswehr entre politique extérieure de détente et mutation de la société 2 La Bundeswehr dans un processus d’évolution : 22 de la défense du territoire national à une « armée en opération » 2.1 La réunification politique 24 2.2 La Bundeswehr « armée de l’unité » 26 2.3 Adaptation à une nouvelle donne sécuritaire 28 3 La Bundeswehr et le parlement 30 3.1 Le parlement et la création de la Bundeswehr 32 3.2 Les opérations extérieures de la Bundeswehr sous mandat parlementaire 38 4 La politique de sécurité et de défense de la République 40 fédérale d’Allemagne 4 4.1 Défis sécuritaires du XXIe siècle 42 4.2 Les fondements de la politique de sécurité allemande 44 4.3 La sécurité interconnectée 46 4.4 Le rôle de la Bundeswehr 48 L A B U N D E S W E H R E N O P E R AT I O N 5 Les opérations de la Bundeswehr aujourd’hui terminées 50 5.1 Irak 52 5.2 Cambodge 52 5.3 Somalie 53 5.4 Rwanda 53 5.5 Koweït 54 5.6 Macédoine 54 5.7 Indonésie 55 5.8 Ethiopie/Erythrée 55 5.9 République démocratique du Congo 56 5.10 Géorgie 58 6 Les missions actuelles de la Bundeswehr 60 6.1 BosnieHerzégovine 62 6.2 Kosovo 68 6.3 La lutte contre le terrorisme international 74 6.4 Afghanistan 78 6.5 République démocratique du Congo 88 6.6 Liban 90 6.7 La Bundeswehr dans la lutte contre la piraterie 94 7 Missions d’observation actuelles de la Bundeswehr 98 7.1 Soudan : UNMIS 100 7.2 Soudan : AMIS/UNAMID 102 8 Prévention nationale des crises/groupes de soutien en cas de crise 104 9 Distinctions pour déploiements à l’étranger 108 9.1 Médaille de la Bundeswehr pour militaires ayant servi en opération extérieure 110 9.2 Croix d’honneur de la Bundeswehr pour actes de bravoure 112 10 Le Mémorial de la Bundeswehr 114 Mentions légales 116 SOMMAIRE 5 Le chancelier fédéral Konrad Adenauer (au centre) et le ministre fédéral de la Défense Theodor Blank (à gauche) rendent visite aux troupes à Andernach, 20 janvier 1956 (IMZ Bw/Munkler) LA BUNDESWEHR JUSQU’EN 1989/90 1 Le chancelier fédéral Konrad Adenauer (au centre) et le ministre fédéral de la Défense Theodor Blank (à gauche) rendent visite aux troupes à Andernach, 20 janvier 1956 (IMZ Bw/Munkler) 1.1 Sous le signe de la « guerre froide » : la création de la Bundeswehr et la période ayant précédé celleci 1.2 Sous le signe des « représailles massives » : mise sur pied et montée en puissance de la Bundeswehr 1.3 Sous le signe de la « riposte graduée » : la Bundeswehr entre politique extérieure de détente et mutation de la société LA BUNDESWEHR JUSQU’EN 1989/90 7 1 1.1 LA BUNDESWEHR JUSQU’EN 1989/90 Sous le signe de la « guerre froide » : la création de la Bundeswehr et la période ayant précédé celleci [1] [1] Le colonel comte Baudissin à Andernach vers 1956/57 (SZ Photo/Strobel) [2] Le ministre fédéral de la Défense Theodor Blank (au centre) et les généraux de corps d'armée Adolf Heusinger (à gauche) et Hans Speidel (à droite) fraîchement nommés devant l'entrée de la caserne Ermekeil à Bonn, 12 novembre 1955 (Bundeswehr) [3] Des soldats de la Bundeswehr aux urnes lors des élections législatives de 1957 à Munich (SZ Photo) 8 L A B U N D E S W E H R E N O P E R AT I O N [2] [3] Après l’effondrement au terme de la Deuxième Guerre place dans l’Etat démocratique. Sur la base de ces travaux, elle mondiale, l’Allemagne était moralement, économiquement et élabora un mémorandum qui sera essentiel pour la mise sur pied politiquement anéantie. Après la capitulation signée en mai ultérieure de la Bundeswehr. 1945, elle faisait face à un avenir incertain sous occupation alliée. Sous le présage d'une guerre froide naissante entre l'Est Dès octobre 1950, Adenauer désigna le député CDU (Union et l'Ouest, la partition politique du pays ne tarda pas à devenir chrétiennedémocrate) Theodor Blank qui sera le « délégué du une réalité. L’URSS mit en place une dictature communiste dans chancelier fédéral pour les questions relatives au renforcement sa zone d’occupation de l’Allemagne de l’Est et entreprit d’élar des troupes alliées ». Son service, appelé aussi « administration gir systématiquement sa propre sphère d’influence. De l’autre Blank » (Amt Blank), est considéré comme la cellule initiale du côté, les puissances victorieuses USA, GrandeBretagne et France futur ministère de la Défense. Les conseillers militaires les plus regroupèrent progressivement leurs zones d’occupation en Alle proches de Blank furent les anciens généraux de la Wehrmacht magne de l’Ouest, créant ainsi dans cette partie de l’Allemagne Hans Speidel et Adolf Heusinger. Dès le printemps 1951, ils les conditions préalables à la mise en place de structures démo évoquaient avec des représentants des puissances occidentales cratiques. ce que pourrait être le cadre des futures forces armées ouest allemandes. Par une politique conséquente d’arrimage à la communauté des Etats occidentaux, la République fédérale, créée en 1949, Considérées de prime abord comme des forces de l'Alliance et accéda en 1955, sous l’égide de son premier chancelier fédéral ancrées dans la démocratie, elles constituaient quelque chose Konrad Adenauer, à une large souveraineté. Au fur et à mesure de totalement nouveau dans l'histoire allemande. Leurs pères de l’aggravation du conflit EstOuest et en regard de l’agressivité fondateurs, considérant le poids de l’histoire, se trouvèrent croissante de l’Union soviétique en matière de politique exté confrontés à un immense défi : une organisation militaire effi rieure, apparurent des systèmes d’alliance de sécurité occiden cace devait être mise en place, en accord avec la démocratie et taux, en particulier l’OTAN (Organisation du Traité de l’Atlantique un ordre sociétal pluraliste. Dans cette perspective, les anciens Nord), créée le 4 avril 1949. officiers Ulrich de Maizière et comte Wolf von Baudissin furent les concepteurs les plus influents de l’idée de l’« Innere Führung » L'un des éléments marquants de l'ancrage à l'Ouest de la Répu (formation morale et civique). Encore aujourd’hui, ce concept blique fédérale d'Allemagne fut et demeure encore aujourd’hui donne corps à la perception que le militaire doit avoir de lui sa participation militaire à la communauté de sécurité occiden même dans une démocratie – celle du « citoyen en uniforme ». tale. Elle fut d'abord recherchée dans le cadre européen et Ce rôle inédit a fait l’objet d’un ancrage dans la loi sur le statut finalement concrétisée en 1955 par son adhésion à l'OTAN. juridique des militaires (Soldatengesetz), qui entra en vigueur le Au fur et à mesure du processus d’intégration à l’Occident, 1er avril 1956. Celleci ne restreint les droits civiques du soldat le gouvernement fédéral réfléchissait déjà intensément depuis que dans la mesure de l’absolue nécessité requise par le service. 1950 à la création de ses propres forces armées. Ainsi, le soldat atil le droit de s'impliquer largement dans la vie L’éclatement de la guerre de Corée fin juin 1950 accéléra cette vote actif et passif. politique en dehors de la Bundeswehr et d’exercer son droit de évolution. La menace émanant de l’Est semblait plus forte que jamais. Le besoin urgent en troupes supplémentaires pour la La structure militaire au sommet de la hiérarchie laissait égale défense de l’Europe occidentale rendit les Alliés plus ouverts ment entrevoir un renouveau. La doctrine de l’interarmisation visàvis d’un réarmement de l’Allemagne de l’Ouest. En suscita un grand intérêt. Dans « l’administration Blank » déjà, concertation avec les Alliés, et sans en informer l’opinion un seul département était compétent pour toutes les tâches de publique, Adenauer fit convoquer une commission d’experts planification militaire. Ce n’est que peu avant la mise en place militaires. Celleci, réunie début octobre 1950 dans le couvent que les directions de l’armée de terre, de l’armée de l’air et de de Himmerod dans le massif de l’Eifel, consacra ses travaux aux la marine furent détachées. Les intérêts des forces interarmées questions de principe de la défense de l'Europe occidentale, continuaient d’être garantis par le chef d’étatmajor de la de la structure des futures forces armées ainsi que de leur Bundeswehr. Le général Adolf Heusinger devint, le 1er juin 1957, LA BUNDESWEHR JUSQU’EN 1989/90 9 1 LA BUNDESWEHR JUSQU’EN 1989/90 le premier titulaire de ce poste. Il était le militaire le plus gradé et ment. Entre 1950 et 1953, le mouvement appelé « Ohne mich » le premier conseiller du gouvernement pour les affaires militaires. (ce sera sans moi), eut un grand écho dans la population. Seul l'étatmajor de la Bundeswehr ou des armées et les services Ce mouvement rassemblait dans de nombreuses manifestations centraux lui étaient immédiatement subordonnés. S’agissant des gens ayant des origines et des motivations les plus variées. de questions générales, il était habilité à donner des instructions Les protestations publiques n’ont jamais entièrement cessé aux chefs d’étatmajor des trois armées, mais ceuxci ne lui depuis la création de la Bundeswehr. Au cours des années 50, étaient pas directement subordonnés. elles reprirent régulièrement, par exemple lorsque fut adopté le service militaire obligatoire pour tous ou envisagée l’éventualité La séparation fonctionnelle et organisationnelle des forces d’un armement atomique de la Bundeswehr. Au Bundestag armées et de l'administration de la Défense constituait, elle également, le réarmement était un thème central. Les aussi, une rupture majeure dans la tradition militaire allemande. divergences d’opinion transcendaient tous les partis politiques. En 1956, celleci fut inscrite dans la constitution. Les préroga Le SPD (Parti socialdémocrate), le plus important parti tives d’autorité sur l’armement et l’administration ainsi que sur d’opposition, n’était dans le principe, certes, pas opposé au les crédits affectés étaient ainsi confiées à des fonctionnaires réarmement, mais il craignait une aggravation de la division de civils. Toute une série de motifs avaient contribué à cette déci l’Allemagne qui pourrait résulter d’un plus fort ancrage à sion. Il y avait en premier lieu l’idée de décharger les militaires l’Ouest de la République fédérale. des tâches administratives et de confier cellesci essentiellement à des spécialistes de l’administration. Ceci correspondait Un aménagement des orientations constitutionnelles pour la largement à un principe moderne, selon lequel les institutions Bundeswehr fut opéré par l’entrée en vigueur, le 28 juin 1968, étatiques – ici en l’occurrence les forces armées – se devaient de ce que l’on appela les lois relatives à l’état d’urgence (Not de se concentrer sur leur cœur de métier respectif. En outre, il standsgesetze). Elles constituent aujourd’hui encore le noyau convenait d’aborder les affaires administratives et la politique des lois constitutionnelles régissant les armées. Leur rédaction d’acquisition sur la base des principes généraux de l’administra et finalement leur adoption par la grande coalition Kiesinger/ tion et de l’économie, et non pas selon le principe purement Brandt furent notoirement accompagnées de discussions et militaire de la passation d’ordres. de controverses. Beaucoup de groupes sociétaux, tels que syndicats, églises, scientifiques et médias, craignaient une Dès le départ, l’administration de la Bundeswehr appliqua entrave aux principes de l’Etat de droit et de la démocratie. un principe très progressiste : au titre de ce que l’on appela Il convient de noter que le débat touchant aux lois relatives à « solution Bundeswehr », l’ensemble des forces armées devait l’état d’urgence prit brusquement fin avec l’entrée en vigueur être suivi et soutenu par une administration de la Défense de cellesci. Depuis, personne n’a prétendu sérieusement que homogène. Des administrations autonomes pour les armées ces lois aient jamais porté atteinte aux libertés individuelles ou respectives, comme cela avait été en partie le cas dans les aux droits civiques. En conclusion, la législation de 1968 portant armées allemandes dans le passé, demeuraient exclues. sur l’état d’urgence peut être considérée comme un exemple d’aménagement réussi de la Loi fondamentale imposé par des Les principes majeurs de la constitution interne des futures défis politiques. forces armées furent ainsi ancrés alors qu’étaient lancés dans le même temps les préparatifs organisationnels en vue de la La disposition centrale était et demeure l’article 87a alinéa 2 de première phase de la mise sur pied des forces. Avant même la Loi fondamentale (Grundgesetz, GG), selon les termes duquel qu'elles ne prennent le nom de « Bundeswehr », les forces les forces armées ne peuvent intervenir sur le territoire national armées furent officiellement créées en 1955 par la mise en qu’à des fins de défense et dans la mesure où la Loi fondamen place d'un « ministère fédéral de la Défense » le 7 juin et la tale l’autorise expressément. L’objectif du législateur constituant nomination, le 12 novembre 1955, des 101 premiers militaires de 1968 était de poser d’emblée une réserve constitutionnelle par le ministre de la Défense Theodor Blank. à l’engagement des forces armées, c’estàdire à ne l’autoriser que dans des cas clairement définis, l’inscrivant ainsi dans le 10 En République fédérale, le réarmement fut par périodes violem cadre de l’Etat de droit, et de conditionner un élargissement ment contesté. Une grande partie de la population, marquée par du contexte d’emploi des forces armées allemandes à une le souvenir encore récent de la guerre, s’y opposait catégorique nouvelle décision du législateur constituant. Simultanément, L A B U N D E S W E H R E N O P E R AT I O N [1] [1] Manifestation contre le réarmement, 8 janvier 1955 (SZ Photo) on inséra dans la Loi fondamentale les habilitations expresses régissant l’engagement des forces armées audelà du cadre de la défense : prestations d’assistance à la suite d’accidents et de catastrophes (article 35 alinéas 2 et 3 de la Loi fondamentale ; on avait encore en mémoire l’intervention juridiquement insuffisamment fondée de la Bundeswehr lors du razdemarée de Hambourg), engagement en cas d’état de défense ou de tension (article 87a alinéa 3), soutien aux forces de police en cas d’état d’urgence interne (article 87a alinéa 4 en liaison avec article 91). LA BUNDESWEHR JUSQU’EN 1989/90 11 1 1.2 LA BUNDESWEHR JUSQU’EN 1989/90 Sous le signe des « représailles massives » : mise sur pied et montée en puissance de la Bundeswehr [1] [1] Signature des accords de Paris, 23 octobre 1954 (SZ Photo) Après des années de préparatifs, la mise sur pied pouvait enfin démarrer en 1956. Le 3 janvier, les premiers volontaires prenaient leur service dans les unités d’instruction de l’armée de terre (Andernach), de l’air (Nörvenich) et de la marine (Wilhelmshaven). Des dizaines de milliers de candidatures, pour la plupart émanant L'entrée en vigueur des accords de Paris le 5 mai 1955 ouvrit d'anciens combattants de la Wehrmacht et tous grades confon la voie à la mise sur pied de forces armées ouestallemandes. dus, avaient été soumises au ministère de la Défense. Le comité Dès le 9 mai, la République fédérale d’Allemagne, désormais d’expertise du personnel avait vérifié dès 1955 les profils des largement souveraine, devenait membre de l’OTAN. candidats aux postes d’encadrement militaires, afin de garantir que seules des personnes dont le comportement avant 1945 Toutefois, elle ne disposait toujours pas de forces qui lui n’était pas suspect pouvaient être intégrées à la Bundeswehr. étaient propres. De par son adhésion, elle s'était engagée à placer sous le commandement de l'Alliance en l’espace La constitution des effectifs était un grand problème à tous les de trois ans douze divisions de l'armée de terre, un an plus échelons d’affectation. C’est pourquoi un règlement juridique tard 22 escadres de l'armée de l'air ainsi que 172 navires et particulier prévoyait un transfert des cadres bien formés de la bateaux de la marine. Les effectifs étaient limités à un maxi police fédérale des frontières vers les forces armées. Environ mum de 500 000 hommes. En prenant en compte les forces 9 500 d'entre eux profitèrent de cette opportunité. Les armées territoriales restant sous commandement national, « groupes de service » des forces armées alliées constitués le maximum était fixé à 605 000 hommes. d'Allemands représentaient un autre vivier de recrutement important. Les Alliés euxmêmes, et les EtatsUnis en particulier, prirent largement en charge la première dotation en équipement 12 L A B U N D E S W E H R E N O P E R AT I O N de la Bundeswehr en armes et en matériel et fournirent leur Adenauer, le nouveau ministre de la défense, FranzJosef Strauß, soutien à l’instruction et à la formation. plaida vivement, à partir de fin 1956, en faveur de l’équipement de la Bundeswehr en systèmes vecteurs d’armes nucléaires. Les D’emblée, toute la planification partait du principe que les forces têtes nucléaires ellesmêmes restaient sous autorité américaine. armées ouestallemandes ne pourraient être mises sur pied avec Cette procédure fut adoptée fin 1957 comme « système à double l’effectif nécessaire qu’en instituant un service obligatoire. clé » pour tous les Etats membres de l'OTAN. L’adoption du service militaire obligatoire pour tous suscita en 1956 une controverse et un débat parlementaire violents. Le Contre la résistance de l’opposition parlementaire et un fort 7 juillet 1956, le projet de loi de la coalition gouvernementale mouvement de protestation (« combattons la mort atomique »), put finalement être adopté. Peu après, début avril 1957, les commença en 1958 l’équipement de la Bundeswehr avec des 10 000 premières recrues du service militaire obligatoire faisaient systèmes de missiles nucléarisables d’un type US ancien. A leur entrée dans les casernes. partir de 1963, l’armée de l’air reçut les missiles US à moyenne portée « Pershing ». Ses nouveaux bombardiers « Starfighter » Indépendamment de cela, les objectifs fixés initialement pour la pouvaient également recevoir des armes nucléaires, ce qui était montée en puissance des effectifs et des matériels s’avérèrent très d’autre part déterminant pour leur mission. Depuis 1959, rapidement être trop ambitieux. A plusieurs reprises, ils durent l'armée de terre allemande était équipée des missiles américains être nettement révisés à la baisse, entre autres lors d’âpres à courte portée « Honest John », un système de vecteurs négociations avec les Alliés. Ce n'est qu'en 1963 que la montée nucléaires qui sera complété par des missiles américains à courte en puissance de la Bundeswehr, alors forte de presque 400 000 portée plus performants du type « Sergeant » à partir de 1963. hommes, fut achevée pour l’essentiel. La 12e et dernière division de l'armée de terre devint opérationnelle et fut assignée à l'OTAN En dépit de réserves initiales de la part des partenaires de en 1965. l’Alliance, le côté allemand gagna bientôt la confiance de ceuxci et fut associé de manière appropriée au commandement L’intégration dans les structures internationales de l’OTAN a militaire de l’OTAN. Avant même qu’une unité allemande ne soit fortement marqué la Bundeswehr dès le départ. C’est pourquoi assignée, le général Hans Speidel prit en charge, le 1er avril 1957, un commandement militaire suprême traditionnel, tel que par le commandement suprême des forces terrestres de l’OTAN en exemple un étatmajor général national, n’était pas indispensable Europe centrale. Dès 1961 et jusqu’à 1964, le général Adolf pour elle, car la plupart des unités étaient sous commandement Heusinger assuma en tant que premier Allemand la présidence OTAN et leur conduite opérative devait relever des étatsmajors du comité militaire permanent de l’OTAN. Es qualité, il apporta de l’OTAN en cas d’état de défense. D’un autre côté, le droit une contribution majeure au développement de la nouvelle de regard dans l’Alliance donnait la possibilité d’influencer la stratégie de l'OTAN de la « riposte graduée ». planification de défense de celleci. Depuis fin 1954, la doctrine de l'OTAN s'inscrivait sous le signe des « représailles massives » Ce n’est que dans les années 60 que la Bundeswehr disposa d’une (massive retaliation). Elle reposait sur la dissuasion nucléaire capacité opérationnelle répondant aux standards OTAN. Dès stratégique. En outre, elle prévoyait le recours précoce à des armes 1957, des unités de la marine et de l'armée de terre participaient nucléaires tactiques si la supériorité conventionnelle d’un assail aux manœuvres de l'OTAN afin de faire avancer l’intégration lant soviétique devait l'y contraindre. En raison de son infériorité militaire. Au début des années 60, l’Allemagne et la France conventionnelle, l’OTAN planifiait une défense le long du Rhin. conclurent des conventions concrètes de coopération militaire, A partir du milieu des années 60, renforcée par la Bundeswehr, et à partir de 1961, la Bundeswehr fournit un contingent pour l'OTAN put prendre davantage en considération les idées alle la force d’intervention mobile (AMF) de l’OTAN. mandes d'une « défense de l'avant » à la frontière orientale de la République fédérale d'Allemagne. La Bundeswehr fit rapidement ses preuves en matière d'assis tance lors de catastrophes naturelles sur le territoire national ou L’OTAN s’efforça, à partir du milieu des années 50, de compenser à l'étranger. Au printemps 1960, l’armée de l’air achemina pour la l’infériorité conventionnelle par l’équipement de ses forces avec première fois du fret humanitaire vers la ville d’Agadir au Maroc, des armes nucléaires tactiques. Soutenu par le chancelier fédéral détruite par un tremblement de terre, des militaires du service de LA BUNDESWEHR JUSQU’EN 1989/90 13 1 LA BUNDESWEHR JUSQU’EN 1989/90 [1] Commandement territorial du SchleswigHolstein [1] Entretien avec des candidats souhaitant entrer dans la Bundeswehr, 1956 (SZ Photo/Strobel) [2] Extrait du Livre blanc 1975/76, page 97, la « défense de l’avant » (Bundeswehr) L'armée terri toriale assure la liberté de manœuvre des forces de l'OTAN. Commande ment terri torial Nord Commande ment terri torial Sud [2] 14 L A B U N D E S W E H R E N O P E R AT I O N La mission de l'armée de terre Avec ses unités affectées à l'OTAN, l'armée de terre défend à proximité des frontières et côte à côte avec les alliés les zones d'action qui lui sont assignées. santé y installant pour leur part un centre de secours. De manière une distanciation d’avec la Wehrmacht. En 1965, consciente de similaire, une assistance fut apportée en 1962 en Iran après un sa propre tradition grandissante, la Bundeswehr reçut ses propres destructeur tremblement de terre. Lors de la première grande emblèmes qui lui furent remis par le président fédéral. intervention sur le territoire national, pendant le razdemarée qui affecta la côte de la mer du Nord en 1962, 40 000 soldats de A l’instar de la nouvelle tradition dont se réclamait la Bundeswehr, la Bundeswehr apportèrent leur assistance pour consolider les le concept politiquement voulu de l‘« Innere Führung » (forma digues et les barrages et évacuer les populations. Neuf militaires tion morale et civique) ne reçut pas toujours un accueil positif. perdront la vie aux cours de ces engagements. L’intervention de Ses adversaires le trouvaient trop peu militaire et trop éloigné la jeune armée contribua grandement à surmonter les réserves de la réalité. La rapide montée en puissance de la Bundeswehr qui existaient dans la population du pays visàvis de sa propre laissait toutefois peu de temps pour s’attarder à ce type de armée. conflits. Dans le même temps, des scandales tels que le « drame La Bundeswehr eut également de nombreuses difficultés à sur une vive attention de la population et jetèrent une lumière monter lors de la montée en puissance interne. On était amené peu avantageuse sur la mise en œuvre des principes de à travailler avec d’anciens militaires qui, en raison de leur passé l’« Innere Führung » au sein des unités. de l’Iller » (1957) ou « l’affaire Nagold » (1963) suscitèrent dans la Wehrmacht, étaient marqués non seulement militaire ment, mais aussi politiquement. Dans le même temps, l’Etat Dans ce contexte, le commissaire parlementaire aux forces démocratique imposait une nouvelle identité en rupture avec armées Helmut Heye luimême se dit alors « inquiet au sujet de la continuité de la tradition militaire allemande. Les nouveaux la Bundeswehr ». Sous cet intitulé, il se livra dans l’hebdoma modèles exemplaires sont encore aujourd’hui des événements daire illustré « Quick » à une critique, allant audelà de son et personnages de l’histoire allemande qui symbolisent l’idéal rapport annuel, de la mauvaise application des principes de de liberté, en particulier les réformes prussiennes, qui sont l’« Innere Führung » et déplora le manque de soutien non intimement liées au nom de Gerhard von Scharnhorst, ainsi seulement de la part des commandants militaires et des services que la résistance militaire contre le régime nationalsocialiste. au sommet de la hiérarchie, mais aussi de la part du parlement. Le commandement de la Bundeswehr s'est appliqué à faire Dans le climat tendu de la fin des années 60, des hauts gradés reconnaître le mérite de la résistance militaire allemande, y hostiles de l’« Innere Führung » donnèrent à nouveau de la compris en allant à l’encontre de réserves largement répandues. voix. Le chef d’étatmajor adjoint de l’armée de terre, le général A titre fortement symbolique, la caserne de la Bundeswehr de de division Hellmut Grashey, qualifia publiquement l’« Innere Sonthofen, une ancienne école de cadres nationalsocialiste, Führung » de « masque » qu’il était temps de faire tomber. fut dénommée d’après le général d’armée Ludwig Beck, un des dirigeants de la résistance contre Hitler. Dans son message relatif Peu après, une étude réalisée sous la responsabilité du chef au 15e anniversaire de l'attentat du 20 juillet 1944, le chef d'étatmajor de l'armée de terre, le général de corps d'armée d'étatmajor des armées Adolf Heusinger rendit pour la première Albert Schnez, demandait la définition d’un nouveau modèle. fois officiellement hommage à l'exemple que constituent les Helmut Schmidt, alors ministre de la Défense du nouveau gou conjurés contre Hitler pour les militaires de la Bundeswehr. vernement SPD/FDP, limogea Grashey et réserva un examen Peu de temps après, d’autres casernes furent dénommées critique à l’« étude Schnez ». Le concept de l’« Innere Führung » d’après de telles personnalités de la résistance. fut alors consigné à titre permanent dans le Livre blanc de 1970 comme étant un noyau essentiel de la Bundeswehr. La nouvelle tradition dont se réclame la Bundeswehr trouva en 1965 un ancrage officiel dans ce qu’il est convenu d’appeler l’« arrêté sur la tradition » (Traditionserlass). Les soldats de la Bundeswehr ayant servi pendant la guerre devaient pouvoir assumer les faits d’armes de la Wehrmacht ainsi reconnus. En 1982 suivit un deuxième « arrêté sur la tradition », qui marquait LA BUNDESWEHR JUSQU’EN 1989/90 15 1 LA BUNDESWEHR JUSQU’EN 1989/90 [1] [1] Le président fédéral Theodor Heuss, le général de corps d’armée Hans Röttiger, premier chef d’étatmajor de l’armée de terre, et le général d’armée Adolf Heusinger rendent visite aux troupes lors d’une manœuvre de la 2e division d’infanterie mécanisée, 13 septembre 1958 (IMZ Bw/Baumann) et démissionna le 12 août. Il avait tenté en vain d'obtenir du ministère une modification organisationnelle qui lui paraissait nécessaire. Finalement, il exprimera également publiquement sa critique. La démission de deux autres généraux haut placés fit que l’affaire En 1966, la Bundeswehr fut secouée par plusieurs crises et graves prit la dimension d’une « crise des généraux ». Ceuxci désap accidents. Une série de crashs révéla de graves défauts techniques prouvaient l’« arrêté sur les syndicats » du 1er août 1966, qui sur l’avion de chasse alors le plus moderne de l’armée de l’air, le autorisait les militaires sous contrat et les militaires de carrière à « Starfighter ». s’organiser en syndicats. Le chef d’étatmajor des forces armées, Heinz Trettner, se considéra comme courtcircuité par le ministre La « crise du Starfighter » culmina en 1966, alors que 22 appa et demanda à être relevé de ses fonctions. reils s’écrasèrent, coûtant la vie à 15 pilotes. En septembre 1966, on eut également à déplorer un grave accident dans la marine, Par ailleurs, cette année fut aussi assombrie par les répercussions lorsque le sousmarin « Hai » sombra dans la mer du Nord et de la première récession économique majeure dans l'histoire de qu’un seul des 20 membres d’équipage put être sauvé. la République fédérale. Depuis 1963, le budget de la Défense, en hausse rapide auparavant, stagnait aux environs de 18 milliards Le problème non résolu des « Starfighter » prendra une dimension 16 de DM. Des ressources financières restreintes contraignaient à la politique au cours de cette même année. Le chef d'étatmajor de réduction, au report et à la suppression de certains programmes l'armée de l'air, le général de corps d'armée Werner Panitzki, ne d'armement. En termes d’organisation, les économies étaient voulait pas endosser cette responsabilité plus longtemps encore surtout visibles dans l’armée de terre. L A B U N D E S W E H R E N O P E R AT I O N Sous le signe de la « riposte graduée » : la Bundeswehr entre politique extérieure de détente et mutation de la société Les crises de Berlin (1961) et de Cuba (1962) conduisirent à une 1.3 à partir de 1973, le désarmement des forces conventionnelles dramatique escalade de la guerre froide, au cours de laquelle les en Europe (MBFR). Tandis que les efforts de désarmement superpuissances purent entrevoir brièvement l’abîme d’une guerre stratégique conduisirent en 1972 et 1979 à des traités de nucléaire. Par la suite, les relations entre les USA et l’URSS com contrôle des armements, les négociations sur les armements mencèrent à se détendre lentement, mais notablement. L’OTAN conventionnels demeurèrent tout d’abord sans succès. adopta en 1967 la nouvelle stratégie de la « riposte graduée » (flexible response) qui misait sur une dissuasion militaire et un Par ailleurs, la détente subit de lourds revers à la fin des années 70. dialogue politique. Depuis 1976, l’URSS renforçait son potentiel de missiles à courte et moyenne portée à têtes nucléaires. C'est surtout l'adoption des A partir de 1969, la nouvelle « Ostpolitik » (politique d’ouverture missiles à moyenne portée SS 20 qui fut à l'origine d'un déséqui à l’Est) du gouvernement dirigé par Willy Brandt fut pour beau libre stratégique. A l’initiative du chancelier de l’époque, Helmut coup dans la détente. Sa devise était « le changement par le Schmidt, l’OTAN réagit le 12 décembre 1979 avec ce que l’on rapprochement ». Peu de temps auparavant, des troupes du Pacte appela la « double décision ». Celleci annonçait l’adoption des de Varsovie envahissaient la Tchécoslovaquie alliée et mettaient un nouveaux systèmes de missiles Pershing II et de missiles de croisière terme à la politique de réforme du pays (« Printemps de Prague »). si les négociations avec l’URSS devaient échouer. Dans le même L’OTAN réagit avec vigilance, mais n’intervint pas militairement. temps, la situation internationale s’aggrava encore avec l’entrée des troupes soviétiques en Afghanistan le 25 décembre 1979. La fin des années 60 vit une concrétisation de la détente de la politique mondiale. A partir de novembre 1969, les USA et De part et d'autre du rideau de fer, l'Europe centrale assista l’URSS négocièrent à Helsinki la réduction des armements à une dernière phase de réarmement nucléaire. L’espoir déçu stratégiques (SALT), et l’OTAN et l’URSS négocièrent à Vienne, d’une « paix sans armes » suscita au début des années 80 LA BUNDESWEHR JUSQU’EN 1989/90 17 1 LA BUNDESWEHR JUSQU’EN 1989/90 [1] [1] Remise du premier char de bataille « Leopard » au ministre fédéral de la Défense KaiUwe von Hassel (à gauche) et au général de corps d’armée Ulrich de Maizière, chef d’étatmajor de l’armée de terre, 9 septembre 1965 (Bundeswehr) [2] Couverture du premier Livre blanc paru en 1969 (Bundeswehr) 18 L A B U N D E S W E H R E N O P E R AT I O N [2] un nouveau mouvement de protestation, faisant état de son les universités de la Bundeswehr devint rapidement un critère insatisfaction dans de nombreuses marches pour la paix et identifiant de la formation des officiers. manifestations monstres. La formation des officiers d’étatmajor fut également réformée, Au même titre que les évolutions en politique extérieure, la leur qualification réévaluée et adaptée aux besoins du service mutation de la politique intérieure conduisit également vers un public. L'école d'étatmajor, fondée peu avant, en 1967, fut nouveau conflit sociétal avec les forces armées. dissoute. Le nouveau stage de base proposé aux futurs officiers La Bundeswehr se trouvait dans une situation difficile. Les de la Bundeswehr à Hambourg. d'étatmajor est dispensé depuis 1973 à la « Führungsakademie » scandales et affaires contribuaient à susciter le regard méfiant et même l’hostilité d’une notable proportion de la population. Au sein du corps des officiers luimême se reflétaient des Pour le mouvement appelé « opposition extraparlementaire » visions variées du profil professionnel du soldat. Alors que (Außerparlamentarische Opposition, APO), né du mouvement l’« étude Schnez » de 1969, déjà mentionnée, incarnait étudiant des années 60, l’armée incarnait l’atteinte à la liberté l’attitude conservatrice au sein du commandement militaire, et l’esprit antidémocratique. un groupe de jeunes souslieutenants rédigea, en 1970, un Dans les faits, la rapide mise sur pied de la Bundeswehr avait (« souslieutenants 70 »). En réplique à cette initiative, les conduit en termes d’organisation et techniquement à un « capitaines de Unna » exigèrent, fin 1970, un recentrage blocage des réformes. Egalement en termes de politique de sur la mission militaire. contreprojet portant sur la conception du métier de soldat gestion des ressources humaines, la Bundeswehr courait le risque d’être à la traîne de la mutation de la société. Le ministre La nouvelle ère était aussi caractérisée par un renforcement du de la Défense d’alors, Helmut Schmidt, donna pour cette raison travail de relations publiques de la Bundeswehr. Ainsi, depuis en 1969/70 le coup d’envoi d’un processus de réforme et 1969, les « livres blancs » du gouvernement fédéral traitant de réorganisation. Au plus haut niveau de commandement, de la politique de sécurité ont contribué à une plus grande l’« arrêté de Blankenese » (Blankeneser Erlass) du ministre transparence. Enfin, la Bundeswehr a su gagner des sympathies fédéral de la Défense, en date du 6 avril 1970, précisa et grâce au large soutien apporté lors des jeux olympiques de conforta la position du chef d'étatmajor de la Bundeswehr et Munich en 1972. celles des chefs d'étatmajor des armées. Ces derniers devinrent tant au niveau organique qu'au niveau hiérarchique les chefs suprêmes de leur armée respective. A d’autres égards également, la Bundeswehr était depuis les années 70 de plus en plus en phase avec son temps, indépendamment du persistant faceàface interne entre les Une réforme importante fut la réorganisation des filières de « réformateurs » et les « traditionalistes ». Exemplaire fut à formation initiale et continue dans les forces armées. Conformé ce titre la création du « Big Band » de la Bundeswehr en 1971. ment aux recommandations d’une commission chargée de la La même année, il y eut même un arrêté prenant en considéra formation, les militaires sous contrat et de carrière se voyaient tion la nouvelle mode capillaire en autorisant les soldats à proposer une formation professionnelle civile ou un diplôme porter provisoirement un « filet à cheveux ». En 1975, les scolaire de grande qualité. Ceci devait permettre de rompre forces armées s'ouvraient pour la première fois aux femmes, les structures sclérosées de l’effectif, mais aussi de rehausser dans un premier temps toutefois aux seuls officiers féminins l’attractivité du métier de soldat. du service de santé. Au centre de la réforme se situait la fondation d'établissements La normalisation croissante était également visible dans les d'enseignement supérieur de la Bundeswehr à Munich et signes militaires distinctifs. A l’occasion du 25e anniversaire de Hambourg le 1er octobre 1973. L’obtention d’un diplôme la Bundeswehr, le président fédéral institua les distinctions d'enseignement supérieur devint ainsi la règle pour les officiers. honorifiques de la Bundeswehr auxquelles on avait délibérément Quatre ans plus tard déjà, les limites de capacité étaient atteintes renoncé lors de sa création. avec un total de 4 570 étudiants inscrits. Faire ses études dans LA BUNDESWEHR JUSQU’EN 1989/90 19 1 LA BUNDESWEHR JUSQU’EN 1989/90 [1] [2] [3] [4] [1] Des soldats américains participant à l’exercice REFORGER Certain Shield sont accueillis à leur atterrissage en Allemagne par le général de corps d’armée Klaus Naumann (à droite), (alors général commandant le Ier corps d’armée, puis du 1er octobre 1991 au 8 février 1996 chef d’étatmajor de la Bundeswehr) ainsi que par le général américain Crosbie E. Saint (2e de droite à gauche), 10 septembre 1991 (IMZ Bw/Modes) [2] « Achats » aux EtatsUnis : trois destroyers de classe « Lütjens », ici le « Lütjens », sont mis en service en 1969 (IMZ Bw/Oed) [3] Développement à l’échelle multinationale : premier vol du MRCA Tornado, 14 août 1974 (IMZ Bw/Oed) [4] Défilé du Corps européen à Paris, 14 juillet 1994 (Bundeswehr) 20 L A B U N D E S W E H R E N O P E R AT I O N La modernisation et l’ouverture de la Bundeswehr améliorèrent, et par la modernisation d’unités anciennes. Au début des certes, les relations entre la société et les forces armées, mais années 80, la mission de la marine allemande fut élargie à certaines réticences demeuraient toutefois. La persistante impo l’espace opérationnel maritime en mer de Norvège. pularité du service militaire obligatoire pour tous, la peur d’une guerre atomique et la force sans cesse croissante du mouvement Le concept de l’OTAN de la défense de l’avant intégrée ainsi pacifiste conduisirent à une forte augmentation du nombre des que le progrès technique rendirent indispensable, à la fin des objecteurs de conscience. La confrontation publique atteignit années 60 et surtout ensuite dans les années 70, la mise en son paroxysme lors de la question du stationnement de nou service de nouveaux véhicules de combat et de nouveaux veaux missiles à la fin des années 70 et au début des années 80, systèmes d’armes. La Bundeswehr devenait ainsi mieux à même lorsqu’il y eut même des encerclements de casernes ainsi que d’accomplir sa mission de dissuasion conventionnelle dans le des débordements de violence à l’encontre de la Bundeswehr. cadre d’une « riposte graduée ». La Bundeswehr était également en pleine mutation en termes d’organisation et d’équipement. Depuis la fin des années 60, la Bundeswehr fut dotée de nom L'armée de terre prit une nouvelle physionomie au travers du fabriqués dans un cadre soit national, soit international. A titre modèle 3 de l’armée de terre (à partir de 1970) et du modèle 4 d’exemple parmi de nombreux projets, l’armée de terre fut (à partir de 1980). Au milieu des années 70, elle passait de dotée du char de bataille « Leopard » et du VBCI « Marder », 33 à 36 brigades sans que son effectif de 340 000 hommes ne l’armée de l’air, entre autres, de l’avion polyvalent « Tornado », subisse de grands changements. Grâce à l’allégement et la successeur du « Starfighter », et la marine de la frégate de la breux gros matériels nouveaux, qui avaient été développés et restructuration des unités et à la dotation avec de nouvelles classe 122, développée conjointement par l’Allemagne et les armes, la capacité de frappe de l’armée fut renforcée. Son noyau PaysBas à partir de 1975. dur restait constitué par l’artillerie ainsi que l’arme blindée et l’infanterie mécanisée. La coopération internationale croissante correspondait à l’inten sification de la coopération pratique avec les forces armées d’au La défense territoriale et les activités des réservistes, restées de tres nations de l’OTAN. Dès sa mise sur pied, la Bundeswehr, en compétence nationale, prirent une importance croissante. A la particulier l’armée de l’air, avait externalisé une grande partie de fin des années 60, les dizaines de milliers de militaires regroupés sa formation et de ses manœuvres dans certains pays étrangers dans les forces armées territoriales seront rattachés à la force membres de l’OTAN. De même, de 1969 à 1993, ont eu lieu les de manœuvre et placés sous le commandement du chef d'état exercices annuels REFORGER (Return of Forces to Germany) des major de l'armée de terre. Dans le cadre du modèle 4 de l'armée forces américaines, qui étaient suivis de grandes manœuvres de terre, les 12 brigades de protection du territoire constituaient, avec la Bundeswehr et d’autres forces armées de l’OTAN sur le en cas de conflit, un renforcement notable de la force de territoire de l’Allemagne de l’Ouest. manœuvre. A la fin de la période de la guerre froide fut prise une décision A la fin des années 70, l’armée de l’air vit son effectif porté déterminante. Au niveau politique le plus élevé fut décidé, en à 110 000 soldats et fut dotée d’une nouvelle structure de 1987, entre la France et l’Allemagne la création d’une première commandement. Lors de l’acquisition de nouveaux systèmes grande formation multinationale, qui fut constituée en octobre d’armes, les unités navigantes étaient prioritaires, bien que, 1990 en tant que Brigade francoallemande. L’intégration des toutefois, la composante atomique de leur mission opération forces armées des Etats de l’UE et des Etats membres de l’OTAN nelle eut perdu de son importance. fut ainsi encore renforcée. Elle est synonyme d’un processus d’intégration progressive de nombreux éléments de l’armée de La marine maintenait à un niveau égal ses effectifs d'environ terre allemande dans des grandes unités multinationales de 38 000 hommes depuis la fin des années 60. Son importante l’OTAN et de l’UE, qui perdura dans les années 90. flottille de réserve fut dissoute vers le milieu des années 80. En contrepartie, sa capacité opérationnelle fut considérablement renforcée par la mise en service de nouveaux navires et bateaux LA BUNDESWEHR JUSQU’EN 1989/90 21 Le mur de Berlin devant la porte de Brandebourg après l’ouverture de la frontière par la RDA (IMZ Bw/Lehnartz) LA BUNDESWEHR DANS UN PROCESSUS DE MUTATION : DE LA DEFENSE DU TERRITOIRE NATIONAL A UNE « ARMEE EN OPERATION » 2 Le mur de Berlin devant la porte de Brandebourg après l’ouverture de la frontière par la RDA (IMZ Bw/Lehnartz) 2.1 La réunification politique 2.2 La Bundeswehr « armée de l’unité » 2.3 Adaptation à une nouvelle donne sécuritaire L A B U N D E S W E H R D A N S U N P R O C E S S U S D E M U TAT I O N : D E L A D E F E N S E D U T E R R I T O I R E N AT I O N A L A U N E « A R M E E E N O P E R AT I O N » 23 2 2.1 L A B U N D E S W E H R D A N S U N P R O C E S S U S D E M U TAT I O N : D E L A D E F E N S E D U T E R R I T O I R E N AT I O N A L A U N E « A R M E E E N O P E R AT I O N » La réunification politique [1] [2] [1] Signature du « Traité 2 plus 4 » par les ministres des Affaires étrangères (assis de gauche à droite) James Baker (USA), Douglas Hurd (RoyaumeUni), Edouard Shevardnadze (URSS), Roland Dumas (France), Lothar de Maizière (RDA) et HansDietrich Genscher (République fédérale d’Allemagne) à Moscou, 12 septembre 1990 (IMZ Bw/Reineke) [2] Cérémonie d’adieux aux unités du groupe des forces Ouest. Le chancelier fédéral Helmut Kohl et le président russe Boris Eltsine passent en revue la formation d’honneur du bataillon de garde sur la place Gendarmenmarkt, 31 août 1994 (IMZ Bw/Modes) [3] Première promesse solennelle dans les nouveaux Länder à Bad Salzungen, 19 octobre 1990 (IMZ Bw/Zins) [4] Cérémonie d’adieux aux troupes alliées occidentales stationnées à Berlin avec cérémonie de grande retraite devant la porte de Brandebourg, 8 septem bre 1994 (IMZ Bw/Modes) 24 L A B U N D E S W E H R E N O P E R AT I O N [3] En plus de l’exode massif, ce furent surtout les pacifiques « manifestations du lundi » nées à Leipzig qui firent subir une pression croissante au régime du SED. L’insatisfaction et la déception des citoyens de la RDA visàvis de l’ancien système ainsi que la volonté de changements fondamentaux dans la politique et la société constituaient le ferment de la « révolution pacifique » qui conduisit à la chute du mur, à la fin du règne du SED, et finalement à la réunification allemande. Le parachèvement de l’unité allemande était toutefois tributaire de l’approbation des quatre puissances victorieuses de la Deuxième Guerre mondiale. Dès la fin du mois de janvier, le chef de l’Etat et de parti soviétique Mikhaïl Gorbatchev opéra une volteface dans la mesure où il n’opposait plus d’objection de principe à une union politique entre les deux Etats allemands. Lors des « entretiens du Caucase » avec le chancelier fédéral [4] Helmut Kohl pendant le mois de juillet, il donna également son accord pour qu’une Allemagne réunifiée puisse être membre Avec l’accession au pouvoir du chef d’Etat et de parti soviétique de l’OTAN. Entre les mois de mars et septembre 1990, les deux Mikhaïl Gorbatchev fut initié un processus durable de détente Etats allemands négocièrent avec les anciennes puissances dans les relations entre les USA et l’URSS. La politique de victorieuses dans le cadre des « entretiens deux plus quatre » « perestroïka » (restructuration) et de « glasnost » (transparence) l’avenir de l’Etat allemand. Le 31 août, les représentants de de Gorbatchev conduisit, à partir de 1986, à de plus grandes la République fédérale et de la RDA signaient le « Traité libertés politiques pour les Etats membres du Pacte de Varsovie. d’unification » par lequel, sur la base de l’article 23 de la Loi Au printemps de 1989, le régime communiste commença à fondamentale, la RDA adhérait à dater du 3 octobre1990 à syndical « Solidarnosc ´´» avait fait connaître au monde la soif l’espace géographique régi par cette Loi fondamentale. 45 ans vaciller en Pologne. Depuis plusieurs années déjà, le mouvement de liberté qui régnait dans la sphère d'influence soviétique. après la fin de la Deuxième Guerre mondiale, l’Allemagne avait retrouvé son unité étatique et sa pleine souveraineté. En République démocratique allemande (RDA), de plus en plus de gens cherchaient un moyen de quitter le pays. Au cours de Le retrait des troupes alliées de Berlin et de l’Allemagne de l'été 1989, la Hongrie ouvrit inopinément sa frontière vers l’Est fut ensuite rapidement effectué. Particulièrement significatif l'Autriche. Beaucoup de citoyens de la RDA saisirent leur chance fut le retrait par la Russie des 380 000 hommes du groupe des et s’enfuirent à l’Ouest. forces Ouest jusqu’alors présent sur le territoire de l'exRDA. En été 1989, les protestations publiques prirent de l’ampleur en 1994, la brigade russe de Berlin fut la dernière formation à Immédiatement après la cérémonie d’adieux officielle le 31 août RDA. Les citoyens se rebellaient de plus en plus fortement contre quitter l’Allemagne. Peu après, les Berlinois prirent congé des le régime du Parti socialiste unifié de l’Allemagne de l’Est (SED). puissances de protection alliées occidentales de Berlin lors d’un Les citoyens revendiquaient la démocratisation (« nous sommes cérémonial militaire. le peuple ») et la réunification (« nous sommes un peuple »). L A B U N D E S W E H R D A N S U N P R O C E S S U S D E M U TAT I O N : D E L A D E F E N S E D U T E R R I T O I R E N AT I O N A L A U N E « A R M E E E N O P E R AT I O N » 25 2 2.2 L A B U N D E S W E H R D A N S U N P R O C E S S U S D E M U TAT I O N : D E L A D E F E N S E D U T E R R I T O I R E N AT I O N A L A U N E « A R M E E E N O P E R AT I O N » La Bundeswehr « armée de l’unité » La réunification allemande devint effective le 3 octobre 1990. L'installation de la Bundeswehr dans les nouveaux Länder se A partir de cette date, le ministre fédéral de la Défense détenait fit en étroite coopération avec les nouveaux gouvernements l’autorité de commandement sur les quelques 90 000 soldats de ces derniers. La Bundeswehr maintint le contact avec les restant de l’ancienne armée nationale populaire (NVA) de troupes soviétiques en Allemagne et se mit en relation avec l'exRDA. L’effectif de la Bundeswehr atteignait désormais les forces armées de ses nouveaux voisins, à savoir la Pologne 521 000 soldats. Dès la mijuillet 1990, sa réduction à 370 000 et la Tchécoslovaquie, plus tard la République tchèque. hommes avait fait l’objet d’un accord germanosoviétique, qui fut confirmé dans le cadre du « Traité Deuxplusquatre » Le service militaire obligatoire, réduit à 12 mois depuis le du 12 septembre 1990. 1er octobre 1990, renforça la cohésion de notre pays. Il rassembla des jeunes gens de l’Est et de l’Ouest pour servir Face à cette situation, la Bundeswehr dut repenser rapidement conjointement et apporta ainsi une contribution décisive à sa philosophie et adapter ses structures militaires. Il devint l’« armée de l’unité ». bientôt évident que, dans le processus de réunification, le rôle des forces armées fédérales allemandes ne toucherait pas que les aspects de la politique militaire, mais qu’il leur reviendrait également un rôle important en termes sociopolitiques. Simultanément, la réunification initia une mutation de dimen sions historiques pour la Bundeswehr. Celleci s’accéléra au cours des années 90 au fur et à mesure de l’évolution de l’environnement de politique de sécurité. En termes de ressources humaines et d’organisation, la Bundes wehr se voyait confrontée au plus important défi depuis sa création. Pour l’intégration dans la Bundeswehr des matériels et des personnels de la dissoute NVA et la création d’une « armée de l’unité », il n’y avait en l’occurrence ni modèle disponible ni planification à long terme. Un nouveau concept de stationnement des unités et des services tenait compte de la nouvelle situation prévalant après la réunifi cation. Dans les nouveaux Länder et à Berlin furent stationnés 58 000 soldats et mise en place une administration militaire spécifique. Le commandement Est de la Bundeswehr et une antenne du ministère fédéral de la Défense s'installèrent dans l'ancien siège officiel du ministère de la défense nationale et de la NVA à Strausberg. [1] 26 L A B U N D E S W E H R E N O P E R AT I O N Ecole technique de la marine Stralsund WarnemündeRostock Office de la marine Sanitz Laage Flottille de patrouilleurs rapides Ladeburg Escadre de missiles solair Strausberg Berlin Escadre de chasse Postdam HolzdorfBrandis Escadre de missiles solair Dresden Musée de l‘armée de l‘air Ecole fédérale d‘administration de la Défense Institut fédéral des hautes études de sécurité Centre d’études d’histoire militaire Réseau de la formation morale et civique 1) Escadre de transport aérien Ecole d’officiers de l’armée de terre [2] 1) > Ecole d'information et de communication de la Bundeswehr > Eléments du Zentrum Innere Führung (Centre de formation morale et civique) > Institut des sciences sociales de la Bundeswehr [1] Le drapeau de la RDA est baissé à Strausberg pour la dernière fois, 2 octobre 1990 (Bundeswehr) [2] Plan du transfert d’unités et d’organismes des anciens Länder dans les nouveaux Länder en date de l’année 1994 (Bundeswehr, Livre blanc 1994) L A B U N D E S W E H R D A N S U N P R O C E S S U S D E M U TAT I O N : D E L A D E F E N S E D U T E R R I T O I R E N AT I O N A L A U N E « A R M E E E N O P E R AT I O N » 27 2 2.3 L A B U N D E S W E H R D A N S U N P R O C E S S U S D E M U TAT I O N : D E L A D E F E N S E D U T E R R I T O I R E N AT I O N A L A U N E « A R M E E E N O P E R AT I O N » Adaptation à une nouvelle donne sécuritaire [1] [2] La Bundeswehr absorba 2 285 installations et emprises précé demment occupées par l’exNVA ainsi que le groupe des forces Ouest et dont beaucoup nécessitaient une réhabilitation. Une partie d’entre elles furent dépolluées et continuèrent d’être [1] La Bundeswehr apporte son soutien lors de travaux civils d’arpentage en Saxe et en Thuringe, 1995 (Bundeswehr) [2] Tradition et modernité : la nouvelle Ecole d’officiers de l’armée de terre à Dresde (Bundeswehr/PIZ Heer) [3] Des chars de bataille de l'armée nationale populaire de l'exRDA attendent leur destruction à Löbau, 15 avril 1992 (IMZ Bw/Modes) utilisées militairement. D'autres furent affectées à une utilisation civile (reconversion). Les camps de manœuvre furent débarrassés des restes de munitions et autres pollutions résiduelles. Parallèlement, la Bundeswehr accompagna le processus de réunification en fournissant une assistance technique, entre La Bundeswehr se vit aussi confrontée, en 1990, à l'héritage autres dans les domaines de l’arpentage ou du déminage de matériel du conflit EstOuest. Dans les nouveaux Länder en l’ancienne « bande de la mort » le long de la frontière inter particulier, il convenait de procéder à un désarmement et de allemande. remédier aux conséquences de l’activité militaire sans égards pour la nature et l'environnement. La situation stratégique résultant de la réunification de l’Alle magne et de la désintégration de l’Union soviétique comme du Selon les dispositions du « Traité Deuxplusquatre », environ Pacte de Varsovie conduisit à un changement fondamental dans 2 300 chars de bataille, 9 000 véhicules blindés et spéciaux, la politique de sécurité et de défense de l’Allemagne. 5 000 systèmes d’artillerie, de défense antimissiles et antiaé 28 rienne, 700 avions de transport et de combat, 192 navires et Une menace militaire imminente pour l’Allemagne apparaissait 85 000 véhicules automobiles devaient être désarmés. Plus d’un comme peu probable dans le nouvel environnement. Pour million d’armes portatives, 295 000 tonnes de munitions et autant, et globalement considérés, les risques n’avaient pas 4 500 tonnes de propergols pour missiles étaient à éliminer en changé, mais avaient seulement connu un glissement qualitatif. respectant l’environnement ou à affecter à un autre usage. La Bundeswehr était tenue de réagir en conséquence. L A B U N D E S W E H R E N O P E R AT I O N [3] Une commission indépendante, convoquée par le ministre de la Avec des impératifs de calendrier très serrés, la Bundeswehr Défense de l’époque, Gerhard Stoltenberg, et chargée de définir adapta ses structures à des exigences en partie entièrement les futures missions de la Bundeswehr, proposa en septembre nouvelles. Des capacités non requises jusqu’en 1989 pour la 1991 de faire également participer la Bundeswehr à des défense de l’Allemagne faisaient défaut et durent être nouvelle opérations internationales des Nations unies. Le successeur de ment créées. D’autres missions perdirent de leur importance. Stoltenberg, Volker Rühe, promulgua le 26 novembre 1992 les « Principes directeurs de la politique de défense », qui inaugu L’état des lieux réalisé sous le ministre fédéral de la Défense raient une réorientation de la Bundeswehr. La mission principale Rudolf Scharping et intitulé « La Bundeswehr au seuil du XXIe de la Bundeswehr demeurait en l’occurrence la défense nationale siècle » ainsi qu’une commission indépendante convoquée et collective dans le cadre de l’Alliance, pour laquelle on mainte par le gouvernement fédéral d’alors sous la dénomination nait les « forces de défense principales ». En outre, la Bundeswehr « Sécurité commune et avenir de la Bundeswehr » pointèrent devait être dotée de « forces de réaction aux crises », également de nets déficits de la Bundeswehr et aboutirent à un concept de dans la perspective de missions de prévention des conflits et de « réforme intégrale de la Bundeswehr ». gestion des crises dans le cadre de l’OTAN et d’engagements dans le cadre de missions internationales en faveur de la paix. C’est En mai 2003, le successeur de Rudolf Scharping, Peter Struck, dans ce contexte que se situa la participation de la Bundeswehr promulgua de nouveaux « Principes directeurs de la politique de à l’opération des NU en Somalie. sécurité », qui concrétisaient le besoin de réforme de la Bundes En raison de la situation en matière de politique de sécurité et les plus probables que sont la prévention des conflits et la gestion des crédits budgétaires disponibles, des plans pour une nouvelle des crises à l’échelle internationale, le processus d’adaptation de wehr. Afin de permettre à la Bundeswehr de faire face aux missions réduction de l’effectif de la Bundeswehr à 340 000 soldats furent la Bundeswehr – la transformation – fut renforcé. Trois nouvelles rendus publics en juillet 1994. catégories de forces furent créées : les forces d’intervention, de stabilisation et de soutien. Ce processus donna le coup d’envoi aux modifications de structure, d’équipement, d’armement et de stationnement de la Bundeswehr. L A B U N D E S W E H R D A N S U N P R O C E S S U S D E M U TAT I O N : D E L A D E F E N S E D U T E R R I T O I R E N AT I O N A L A U N E « A R M E E E N O P E R AT I O N » 29 Vue dans la salle plénière (BPA/Bienert) LA BUNDESWEHR ET LE PARLEMENT 3 Vue dans la salle plénière (BPA/Bienert) 3.1 Le parlement et la création de la Bundeswehr 3.2 Les opérations extérieures de la Bundeswehr sous mandat parlementaire L A B U N D E S W E H R E T L E PA R L E M E N T 31 3 3.1 L A B U N D E S W E H R E T L E PA R L E M E N T Le parlement et la création de la Bundeswehr L’initiative politique promouvant la mise sur pied de forces Aussi assistaton, de l’été 1955 au printemps 1956, et ce en armées ouestallemandes émana pour une part essentielle du dépit de toutes les divergences, à un déploiement d’efforts chancelier Konrad Adenauer. Le Bundestag afficha sa détermina communs et convergents au sein du parlement. De cette tion à participer à la conception du fond et de la forme des « grande coalition militaire » non officielle émergea le nouvelles forces armées et à ne pas laisser le soin de cette tâche « deuxième amendement militaire » de la Loi fondamentale, au seul gouvernement. Sa participation était d’autant plus lequel fut adopté par le Bundestag le 6 mars 1956, avec 20 voix indispensable qu’il s’agissait d’ancrer la souveraineté militaire contre seulement. Depuis, en temps de paix, c’est le ministre de dans la constitution. C’est à plus des deux tiers de la majorité la Défense qui détient le pouvoir de commandement sur les requis que le Bundestag adopta, le 26 mars 1954, l’amendement forces armées, le chancelier fédéral l’assumant en cas de surve nécessaire de la Loi fondamentale. nance de l’état de tension ou de défense. Le président fédéral, en tant que chef de l'Etat, ne conserve que des droits honori Conscients des expériences du passé – la fin de la guerre fiques. Par conséquent, le « commandement suprême » est remontait à peine à dix ans – les parlementaires, transcendant soumis au contrôle du parlement. Par ailleurs, le Bundestag les clivages politiques existant entre eux, s’accordèrent sur les exerce de par son pouvoir budgétaire une forte influence sur points essentiels, à savoir : les forces armées doivent être les effectifs et la structure des forces armées. A travers la assujetties au droit et à la loi et soumises au contrôle du commission du budget, le parlement participe à l’élaboration parlement, et le commandement militaire ne doit pas pouvoir du budget de la Défense et contrôle les dépenses. se rendre autonome. 32 L A B U N D E S W E H R E N O P E R AT I O N [1] [1] Le chancelier fédéral Konrad Adenauer lors du débat sur le réarmement et l’amendement de la Loi fondamentale, 26 février 1954 (Bundesbildstelle) L A B U N D E S W E H R E T L E PA R L E M E N T 33 3 L A B U N D E S W E H R E T L E PA R L E M E N T [1] [2] [1] Réunion de la commission de la Défense, 1955 (Bundestag/Neher) [2] Fritz Erler (SPD) lors du débat sur le service militaire obligatoire, 4 juillet 1956 (IMZ Bw/Munker) [3] Le premier commissaire parlementaire aux forces armées Helmut von Grolman (à droite) lors de sa première visite officielle auprès du ministre fédéral de la Défense Franz Josef Strauß (à gauche), 9 avril 1959 (Bundesbildstelle) 34 L A B U N D E S W E H R E N O P E R AT I O N [3] La question de l’adoption du service militaire obligatoire fut, en le statut juridique des militaires, loi sur le service militaire revanche, beaucoup plus fortement controversée. obligatoire, loi sur les pensions des anciens militaires et de De mars à juillet 1956, Bundestag et Bundesrat (la chambre des armées, etc.). leurs ayants droit, règlement de discipline générale dans les Länder) menèrent une bataille sans précédent autour de cette loi sur le service militaire. Le SPD suivit son porteparole en matière Au cours de ces dernières années, la commission de la Défense de politique de défense, Fritz Erler, et rejeta le projet gouverne a continué d’être sollicitée dans le règlement de ces questions en mental. Bien que traditionnellement tout à fait en faveur du raison de l’augmentation du nombre des opérations extérieures, service militaire obligatoire, le SPD privilégiait l’idée plus actuelle par exemple dans le cadre de l’élaboration de la loi sur les d’une armée professionnelle nettement plus restreinte et savait pensions d’invalidité des militaires participant à des opérations qu’une forte minorité de la population partageait cette analyse. extérieures et de leurs ayants droit (Einsatzversorgungsgesetz) Au petit matin du 7 juillet 1956, la décision du Bundestag en 2004 ou de la loi sur le maintien au sein des armées des tomba. Au terme de 18 heures de délibérations en session finale, militaires blessés en opération (Einsatzweiterverwendungsgesetz) le projet de loi fut adopté à la majorité des voix de la coalition en 2007. gouvernementale. En dépit de cette évolution, l’axe d’effort de la commission s’est Soucieux d’améliorer le contrôle des forces armées et de la poli déplacé vers le contrôle parlementaire de la Défense, autrement tique de défense par le parlement, le Bundestag installa une dit du ministère fédéral de la Défense, des forces armées et de commission ad hoc. Celleci porta dans un premier temps le nom l’administration fédérale de la Défense. La commission de la de « commission pour les questions de sécurité européenne » Défense est une institution imposée par la constitution au titre pour devenir plus tard « commission de sécurité du Bundestag ». de l’article 45a de la Loi fondamentale et est la seule commission Sous son premier président, FranzJosef Strauß (Union chré du Bundestag à pouvoir se constituer ellemême en commission tiennesociale, CSU), elle deviendra le précurseur de l'actuelle d’enquête. En outre, la commission de la Défense joue un rôle « commission de la Défense ». Plus tard, son président, Richard important en matière de consultation sur les questions du Jaeger (CSU), et son adjoint, Fritz Erler (SPD), travaillèrent à sa budget de la Défense. tête en bonne intelligence tout au long de la phase décisive de la première législation militaire. Au même titre que toutes les autres commissions, la commis sion de la Défense a le droit de se saisir, de sa propre initiative, C’est aussi la commission de la Défense qui régla la question de dossiers relevant de son domaine de compétence, audelà de l’appellation des nouvelles forces armées. C’est finalement des dossiers qui lui sont transmis par l’assemblée plénière, la dénomination de « Bundeswehr » qui l’emporta le 22 février et de formuler des recommandations en la matière. Les 1956, loin devant les autres noms proposés, à savoir délibérations sur de tels dossiers au sein de la commission « Wehrmacht des Bundes » et « Streitkräfte ». La commission reposent, dans la plupart des cas, sur un rapport demandé par de la Défense traite toutes les questions relatives à la politique la commission auprès du ministère de la Défense, présentant de défense, qu’il s’agisse des engagements de la Bundeswehr, une situation donnée ou exprimant un avis sur des informations de l’acquisition de systèmes d’armes ou encore des rémunéra émanant de tiers. Bien que l’avis formulé par la commission tions et des pensions. de la Défense à l’issue de telles délibérations ne soit pas juridi La commission de la Défense remplit principalement deux mis moins une importance considérable du point de vue politique. sions : elle prépare les décisions de l’assemblée plénière dans Dans la pratique, cette procédure est l’instrument auquel le cadre de la procédure législative et assiste également le la commission a le plus souvent recours dans le cadre de parlement dans l’exercice de sa fonction de contrôle visàvis l’exercice du contrôle parlementaire du gouvernement fédéral. du gouvernement. Elle correspond au droit octroyé aux commissions par le quement contraignant pour le gouvernement, il revêt néan règlement intérieur du Bundestag de convoquer, à tout Initialement, l’essentiel des activités de la commission de moment, un membre du gouvernement fédéral à une session la Défense se concentrait sur la législation militaire (loi sur (article 68 du règlement intérieur du Bundestag). L A B U N D E S W E H R E T L E PA R L E M E N T 35 3 L A B U N D E S W E H R E T L E PA R L E M E N T [1] [2] [1] Le commissaire parlementaire aux forces armées Reinhold Robbe (4e de droite à gauche) remet le rapport annuel 2008 à la présidente de la commission de la Défense du Bundestag Ulrike Merten (2e de gauche à droite), SPD, ainsi qu’aux porteparole de la commission, 26 mars 2009 (Deutscher Bundestag/Lichtblick/Melde) [2] Réunion de la commission de la Défense, 25 janvier 2006 (Deutscher Bundestag/Oed) [3] La commissaire parlementaire aux forces armées Claire Marienfeld rend visite au contingent allemand IFOR, 18 mars 1996 (IMZ Bw/Modes) 36 L A B U N D E S W E H R E N O P E R AT I O N [3] Enfin et surtout, la commission de la Défense imposa, avec la synthèse des enseignements tirés au cours de l’année le « deuxième amendement militaire », la fonction d'un précédente. C’est essentiellement un « cahier de doléances » « commissaire parlementaire aux forces armées » qui, en tant et non un rapport de la situation globale de la Bundeswehr. qu’organe auxiliaire, assiste le Bundestag dans l’exercice du contrôle parlementaire sur la Bundeswehr. Ce rapport procure au parlement et, du fait de sa retranscription dans les média, à l’opinion publique un haut niveau de transpa A ce titre, la loi instituant le commissaire parlementaire aux rence concernant l’état de choses à l’intérieur des forces armées forces armées règle les questions de la nomination et du statut et sert également de base aux parlementaires dans les processus juridique. Le commissaire parlementaire aux forces armées est de décision politique. Les rapports annuels sont donc un moyen élu par le Bundestag à bulletin secret pour une durée de cinq très utile pour attirer l’attention du parlement sur les préoccupa ans, à la majorité des membres du Bundestag, et est nommé tions et les revendications des militaires et des forces armées par le président fédéral. Faisant partie du pouvoir législatif, dans leur ensemble. l’organe sert également au parlement d’instance de contrôle des forces armées. Le commissaire parlementaire intervient Le premier à avoir exercé la fonction de commissaire parlemen dans deux cas de figure : sur instruction du Bundestag ou de taire aux forces armées fut le général de corps d’armée (cr) la Commission de la Défense aux fins de vérification de faits Helmuth von Grolman, lequel prit ses fonctions le 3 avril 1959. déterminés ou, et telle a été sa tâche principale jusqu’à mainte L’actuel commissaire parlementaire aux forces armées, Reinhold nant, à sa propre initiative, selon son appréciation en conscience, Robbe, est le dixième à exercer cette fonction importante depuis lorsqu’il a connaissance de circonstances laissant supposer son instauration. une violation des droits fondamentaux des militaires ou des principes de l’« Innere Führung ». Autre organe assurant une fonction de contrôle : la commission Par ailleurs, le commissaire parlementaire aux forces armées Loi fondamentale prévoit que les effectifs, l’organisation et occupe la fonction constitue égalemant une instance de recours. l’armement de la Bundeswehr doivent apparaître dans le budget. Tous les militaires ont le droit, quel que soit leur grade, de La commission du budget examine et approuve le budget fédéral du budget au sein du Bundestag. L’article 87a alinéa 1er de la s’adresser à tout moment directement au commissaire parle et, ce faisant, également le budget de la Défense. Ses décisions mentaire aux forces armées, c’estàdire sans passer par la voie doivent être ratifiées par l’assemblée plénière du Bundestag. hiérarchique. C’est la raison pour laquelle tous les militaires reçoivent une instruction concernant les tâches de cet organe dès leur formation de base. Le commissaire parlementaire aux forces armées est habilité visàvis du ministère fédéral de la Défense et des organismes qui lui sont rattachés à exiger la fourniture de renseignements et la consultation de dossiers et à rendre visite à tout moment – à l’improviste également – aux unités et services en Allemagne comme sur les théâtres d’opérations. Ces visites créent un rapport de proximité avec les personnels de la Bundeswehr et véhiculent une impression authentique. Le commissaire parlementaire aux forces armées soumet chaque année au parlement un rapport des enseignements tirés. La mission du commissaire parlementaire aux forces armées étant celle d’une instance de contrôle et de recours, ce rapport fait L A B U N D E S W E H R E T L E PA R L E M E N T 37 3 3.2 L A B U N D E S W E H R E T L E PA R L E M E N T Les opérations extérieures de la Bundeswehr sous mandat parlementaire A la suite de la réunification allemande en octobre 1990, les at tentes des Alliés à l’égard de la République fédérale d’Allemagne se sont accrues. Cette dernière devait assumer davantage de responsabilités à l’échelon international et jouer un rôle plus actif au sein des Nations unies, de l’OTAN et l’UEO. Durant la seconde guerre du Golfe en 1990/1991, la communauté internationale revendiqua même un engagement militaire de l’Allemagne en dehors de la zone OTAN. Si l’Allemagne n'envoya pas de militaires dans la zone de crise, elle stationna néanmoins des avions de combat en Turquie. Ni le monde politique allemand ni la Bundes wehr n’étaient préparés à ces nouveaux défis. La seconde guerre du Golfe déclencha en Allemagne la discussion sur la question de la participation de la Bundeswehr à des enga gements armés sous mandat de l’ONU et de l’OTAN. Auparavant déjà, des missions avaient à plusieurs reprises conduit la Bundes [1] Page de garde du document d’information hebdomadaire sur les opérations extérieures « L’information du parlement » (Bundeswehr) [2] La Cour constitutionnelle fédérale lors de la prononciation du jugement relatif aux opérations extérieures de la Bundeswehr, 12 juillet 1994 (ullstein bild/ Fotoagentur imo) [1] wehr à l’étranger, mais toujours pour des besoins humanitaires et similaires, et si ses hommes étaient armés, ce n’était qu’à des fins d’autodéfense. Le jugement confirmait que la République fédérale d’Allemagne La participation de la Bundeswehr aux missions mandatées par en tant que membre légitime au sein de systèmes de sécurité tels les NU en Somalie en 1992 et dans l’exRépublique fédérale de que l’ONU et l’OTAN était habilitée à participer avec ses forces Yougoslavie à partir de 1993 exacerba le débat politique concer armées à des engagements prévus et régis par ces systèmes. nant les engagements armés à l’étranger des forces armées Cela inclut la participation à des engagements armés à l’étranger. allemandes en vue du maintien et de l’imposition de la paix. L’arrêt précisait cependant que tout engagement de ce type Il atteignit son summum lorsque le SPD et le FDP (Parti libéral) requérait en principe l’approbation préalable du Bundestag. portèrent plusieurs plaintes devant la Cour constitutionnelle En entérinant, également pour des raisons historiques, la fédérale. « réserve parlementaire », l’arrêt fonda le caractère d’« armée parlementaire » de la Bundeswehr. Cette dernière rejeta les plaintes dans son arrêt du 12 juillet 1994. Les juges s’appuyèrent sur l’article 24 alinéa 2 de la Loi fonda A l’occasion de l’arrêt de la Cour constitutionnelle, une session mentale pour justifier leur décision : extraordinaire du Bundestag eut lieu le 22 juillet 1994, lors de laquelle s’installa un débat passionné sur la signification de cet arrêt « Pour sauvegarder la paix, la Fédération pour la politique extérieure et de sécurité de la République fédé peut adhérer à un système de sécurité rale d’Allemagne et des possibilités d’action qui l’accompagnent. mutuelle collective ; elle consentira à cet A l’issue de ce débat, la demande du gouvernement fédéral fut effet aux limitations de ses droits de acceptée par le Bundestag au scrutin nominal à 421 voix pour, 48 souveraineté qui établissent et garantissent voix contre et 16 abstentions ; elle autorisa l’engagement armé un ordre pacifique durable en Europe et conformément à la décision du gouvernement fédéral du 15 juillet entre les peuples du monde. » 1994 portant sur la participation des forces armées allemandes à des opérations de l’OTAN et de l’UEO destinées à imposer les 38 L A B U N D E S W E H R E N O P E R AT I O N [2] résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU visant à faire respec moins avoir été préalablement informé de la situation d’urgence. ter l’embargo dans l’Adriatique et l’interdiction de survol de la Les missions humanitaires n’impliquant pas les militaires dans des BosnieHerzégovine. interventions armées n’exigent pas l’approbation du parlement. L’arrêt de la Cour constitutionnelle fédérale demandait au législa Le gouvernement fédéral s’engage à informer régulièrement le teur de codifier de manière plus précise la forme et l’étendue de la parlement des engagements en cours. Le Bundestag dispose en participation du parlement dans le cadre d’engagements armés. Le revanche d’un « droit de rétractation ». Il peut à tout moment 3 décembre 2004, le Bundestag adopta la loi portant sur la partici retirer son approbation concernant un mandat ayant déjà été pation du parlement (Parlamentsbeteiligungsgesetz). Cette loi fixe octroyé. la procédure que doit suivre le gouvernement dans le cadre du dépôt de demandes. La loi portant sur la participation du parlement entra en vigueur le 24 mars 2005 et est appliquée régulièrement depuis. Elle fit Selon les termes de cette loi, le gouvernement fédéral doit en prin ses premières preuves lorsqu’il s’agit de prolonger l’engagement cipe demander l’accord du Bundestag avant le début de l’engage armé des forces allemandes destiné au soutien de la mission de ment. La demande du gouvernement doit préciser la mission surveillance AMIS au Darfour/Soudan. opérationnelle, le théâtre d’opérations, la durée et le coût de l’engagement, le cadre juridique, l’effectif maximal du contingent Suite à la demande déposée par le gouvernement fédéral, la à engager ainsi que ses capacités. Le parlement peut ensuite statuer période de discrétion conformément à la « procédure d’approba en faveur ou contre cette demande à la majorité simple. Il n’est pas tion simplifiée » arriva à expiration le 11 mai 2005 sans que ni les possible de modifier la décision. Seuls des engagements en cas de fractions ni les députés du Bundestag n’y eussent fait opposition. menace imminente, tels que des opérations de sauvetage, peuvent La demande fut ainsi considérée comme acceptée et le mandat être approuvés a posteriori par le parlement. Celuici doit néan comme prolongé. L A B U N D E S W E H R E T L E PA R L E M E N T 39 Symboles de l’intégration de l’Allemagne (Bundeswehr) LA POLITIQUE DE SECURITE ET DE DEFENSE DE LA REPUBLIQUE FEDERALE D’ALLEMAGNE 4 Symboles de l’intégration de l’Allemagne (Bundeswehr) 4.1 Défis sécuritaires du XXIe siècle 4.2 Les fondements de la politique de sécurité allemande 4.3 La sécurité interconnectée 4.4 Le rôle de la Bundeswehr LA POLITIQUE DE SECURITE ET DE DEFENSE DE LA REPUBLIQUE FEDERALE D’ALLEMAGNE 41 4 4.1 LA POLITIQUE DE SECURITE ET DE DEFENSE DE L A R E P U B L I Q U E F E D E R A L E D ’ A L L E M A G N E Défis sécuritaires du XXIe siècle [1] [1] Réunion du Conseil des ministres de la Défense de l’UE à Wiesbaden, 1er mars 2007 (IMZ Bw/Rott) 42 L A B U N D E S W E H R E N O P E R AT I O N En ce XXIe siècle, la situation en matière de politique de sécurité La recrudescence de la criminalité organisée, du trafic de globale n’a plus beaucoup à voir avec les risques et les défis drogue et des attaques lancées à partir d’Internet démontrent auxquels l’Allemagne était encore confrontée à l’époque de la la vulnérabilité des sociétés occidentales dans le contexte de guerre froide. Plus fortement qu’autrefois, l’Allemagne est la mondialisation. Que ce soit dans les domaines du commerce appelée aujourd’hui à engager sa responsabilité dans le monde international, des investissements, des déplacements ou de la et à parer activement à ces risques et relever ces défis. Toutefois, communication et du savoir, on assiste à une croissance des engager sa responsabilité ne signifie pas forcément s’engager dépendances réciproques. Toute perturbation ou interruption militairement. Il revient au gouvernement fédéral et au parle durable du réseau de relations global aurait de lourdes ment d’examiner de très près les instruments et ressources conséquences sur la prospérité économique et la stabilité qu’il conviendrait d’employer dans la défense des intérêts de sociale. Dans de nombreux Etats, on observe un manque de l’Allemagne en matière de politique extérieure et de sécurité. respect de l’Etat de droit, des principes de démocratie et de la bonne gouvernance et, pour certains d’entre eux, un Après la guerre froide, et notamment au cours des dernières effondrement et une déliquescence de l’Etat. Un extrémisme années, les évolutions en matière de politique de sécurité prirent religieux ainsi que les conséquences du changement climatique, une dimension plus vaste et plus dynamique – les chances et des flux migratoires et de la pauvreté de masse ou des pandé les risques liés aux évolutions en matière de politique de sécurité mies viennent très souvent aggraver cette situation. se côtoient –, eu égard en particulier au système de la commu nauté internationale et à la cohésion entre les Etats occidentaux. Dans le contexte de la progression de la mondialisation et des interdépendances, la sécurité de l’Allemagne est aujourd’hui indissociable des évolutions en cours en Europe et dans le monde. Actuellement, la sécurité de l’Allemagne n’est pas menacée par les forces armées d’un autre Etat, par contre, il existe de nouveaux risques et dangers. Les plus grandes menaces émanent du terrorisme international et de la prolifération des armes de destruction massive et de leurs systèmes de vecteurs. Des acteurs étatiques mènent, en dehors des mécanismes de contrôle reconnus, des activités de recherche nucléaire, conjuguées à des essais destinés à développer les technologies propres aux missiles balistiques et à en augmenter la portée. Ceci vient compromettre l’efficacité et la fiabilité de traités internationaux, conduit à une instabilité régionale et globale et oblige l’Allemagne à prendre des précautions pour assurer sa protection. LA POLITIQUE DE SECURITE ET DE DEFENSE DE LA REPUBLIQUE FEDERALE D’ALLEMAGNE 43 4 4.2 LA POLITIQUE DE SECURITE ET DE DEFENSE DE LA REPUBLIQUE FEDERALE D’ALLEMAGNE Les fondements de la politique de sécurité allemande Les objectifs et les principes de la politique extérieure et de des Etats. La maîtrise des défis qui nous attendent exige la sécurité allemande n’ont guère changé au cours des dernières coopération multinationale au sein des Nations unies, de décennies. Les grandes lignes de la politique de sécurité demeu l’Alliance atlantique et de l’Union européenne ainsi qu’entre rent la garantie d’une vie dans la paix et la liberté, la protection ces organisations afin qu’au XXIe siècle la sécurité puisse être contre les menaces ainsi que le maintien de la sécurité et de la garantie de manière durable. Chacune des organisations prise prospérité. C’est dans ce cadre de référence que l’Allemagne isolément n’a ni les compétences ni les forces nécessaires pour encourage l’imposition du droit international, le respect des relever ces défis. Elles ne peuvent être pleinement efficaces droits de l’homme et des principes humanitaires. La politique que si elles coopèrent entre elles. extérieure et de sécurité est toujours au service de la paix. La mission qui, en vertu de la Loi fondamentale, nous incombe L’Allemagne est intégrée dans des institutions, organisations de défendre l’Allemagne et ses alliés et de protéger les citoyens et partenariats internationaux et contribue ainsi à consolider contre les attaques, les menaces extérieures et le chantage la sécurité, y compris à l’intérieur de ses frontières. Le pilier politique demeure inchangée. Cela inclut la capacité de contri de la politique allemande de sécurité demeure le partenariat buer à la prévention des crises et des conflits ainsi qu’à leur transatlantique basé sur des valeurs et des intérêts communs. maîtrise et à la conduite d’opérations de relèvement postérieures Par ailleurs, il faut noter que l’un des objectifs majeurs dans le à ces crises et conflits. A ce titre, échoient à la Bundeswehr un cadre de la défense des intérêts de l’Allemagne consiste en un rôle et une importance essentiels. renforcement de l’Europe en tant que centre géographique de 44 prospérité sociale et de sécurité. Globalement, il s’agit pour Une politique de sécurité responsable exige une base solide et des l’Allemagne d’utiliser son influence au sein d’organisations objectifs clairs. L’édition 2006 du « Livre blanc sur la politique inter et supranationales dans le but de poursuivre l’amélioration de sécurité de l’Allemagne et sur l’avenir de la Bundeswehr » de la cohérence et de la capacité d’action de la communauté constitue un document d’orientation et de référence en L A B U N D E S W E H R E N O P E R AT I O N [1] [2] [1] Le ministre fédéral de la Défense Dr. Franz Josef Jung présente le Livre blanc 2006, 25 octobre 2006 (IMZ Bw/Rott) [2] Le siège des NU à New York, 14 août 2007 (IMZ Bw/Rott) matière de politique de sécurité et de défense de notre pays Aussi le Livre blanc tiretil trois conclusions essentielles : sur la base duquel la sécurité et la prospérité des citoyennes et citoyens en Allemagne seront préservées à l’avenir également. Premièrement : Il y a lieu de faire face aux risques existants pour notre sécurité L’ouvrage englobe en même temps les définitions des valeurs, ainsi que pour les droits de l’homme sur la base d’une approche objectifs et intérêts principaux de la politique extérieure et de préventive. sécurité de l’Allemagne et une adaptation rigoureuse de la définition du terme de « sécurité » au nouveau contexte. Deuxièmement : En cette époque de mondialisation, il n’est plus possible de qui, outre des moyens militaires, inclut en priorité des moyens séparer sécurité extérieure et sécurité intérieure. Ces deux politiques, diplomatiques, économiques ainsi que des moyens dimensions de la sécurité sont intimement liées et font souvent en faveur de l’aide au développement. Il est nécessaire d’adopter une approche globale interconnectée appel aux mêmes instruments. Les risques sécuritaires ne peuvent plus être considérés uniquement ou essentiellement Troisièmement : sous des aspects militaires. Seule une approche globale de la Les mesures de prévention des crises devront s’inscrire de plus politique de sécurité, déployée à l’échelle nationale et dépassant en plus dans un cadre multinational. les compartiments de politique, ainsi que les structures de politique de sécurité interconnectées correspondantes peuvent La politique de sécurité allemande au XXIe siècle est donc garantir la sécurité au XXIe siècle. orientée sur une approche préventive, interministérielle, interconnectée et multilatérale. LA POLITIQUE DE SECURITE ET DE DEFENSE DE LA REPUBLIQUE FEDERALE D’ALLEMAGNE 45 4 4.3 L A P O L I T I Q U E D E S E C U R I T E E T D E D E F E N S E D E LA REPUBLIQUE FEDERALE D’ALLEMAGNE La sécurité interconnectée Les conclusions émanant du Livre blanc 2006 forment la clé de société civile. Il y a lieu de donner aux acteurs non étatiques la voûte du concept de sécurité interconnectée. Le concept de possibilité de s’impliquer activement dans le travail des acteurs sécurité interconnectée signifie une plus grande harmonisation étatiques. De nos jours, les stratégies purement nationales qui ne et une orientation résolument interministérielle des objectifs, sont pas intégrées dans un concept multilatéral n’ont que peu de des processus, des structures, des moyens et capacités dont chance d’aboutir à quelque chose. C’est pourquoi il convient disposent les différents acteurs engagés dans le domaine de d’harmoniser et de coordonner les activités et les programmes la sécurité. La sécurité interconnectée évolue à l’échelon aux niveaux national, régional et international. Qui plus est, international et supranational et concerne au même titre les la coopération étroite entre différents acteurs étatiques, acteurs étatiques et non étatiques. Par conséquent, pour économiques et sociaux dans un cadre multinational permet reprendre la devise « la meilleure crise est celle qui ne sera pas », d’éviter que des Etats ou des organisations ne soient dépassés une interconnexion des ministères est une condition indispensa par la situation à laquelle ils font face. ble à une réussite durable, notamment dans le domaine de la prévention des crises. Le processus d’élimination des facteurs et structures entravant le développement d’une région de crise ne peut et ne doit toute Les fondements de cette entreprise commune et interministé fois pas intervenir seulement de l’extérieur. Les forces sociales et rielle ont été définis dès mai 2004 avec le plan d’action intitulé politiques qui soutiennent durablement ce processus doivent « Prévention civile des crises, règlement des conflits et consolida émerger de l’intérieur même de ces régions de crise. Il revient tion de la paix ». Adopté par le gouvernement, ce plan d’action aux sociétés respectives des pays partenaires de prendre à leur est l’émanation d’une volonté politique de faire évoluer, au compte les processus de réforme et de développement. La niveau interministériel, les concepts de prévention des crises prévention des crises structurelles doit donc intervenir dans un déjà existants en définissant des options d’action concrètes et esprit de coopération, dans la mesure où elle est tributaire de la d’ancrer ces concepts dans la conscience collective. volonté de paix de ceux qui sont directement concernés. Ce plan d’action constitue un signe politique déterminant en La prévention des crises structurelles passe par le développement faveur d’une synergie interministérielle des instruments et et le soutien, dans les régions de crise, de structures étatiques ressources dont dispose l’Allemagne en matière de politique démocratiques efficaces pour éviter les conflits et rassembler les extérieure et de sécurité dans l’esprit du concept élargi de moyens permettant de mettre en œuvre un large éventail de sécurité. A travers la mise en œuvre du plan d’action, le mesures de prévention des crises, par la promotion d’une société gouvernement fédéral réaffirme sa détermination à axer du savoir pour consolider les potentiels de paix au sein de la progressivement ses contributions à la paix, à la sécurité et au population civile ainsi que par la création d’une base écono développement, notamment dans des pays en voie de trans mique et écologique destinée à améliorer les perspectives formation et de développement, davantage sur des actions d’existence des personnes concernées. préventives et à en accroître ainsi l’efficacité et la durabilité. Il identifie la promotion de l’Etat de droit, des droits de l’homme, Font également partie de la stratégie globale nécessaire de la démocratie et de la sécurité, la réforme du secteur de la l’évolution du droit international public, la judiciarisation des sécurité, le soutien des potentiels de paix au sein de la société conflits (juridiction pénale et d’arbitrage internationale), la poli civile ainsi que la garantie des chances d’existence comme étant tique de défense des droits de l’homme en tant que politique les leviers stratégiques d’une politique de prévention des crises. préventive en faveur de la paix et l’intensification du recours aux sanctions civiles. En améliorant les conditions économiques, 46 Par ailleurs, une stratégie de prévention des crises et de maîtrise sociales, écologiques et politiques dans les pays de coopération, des conflits exige, pour être cohérente, de renforcer la participa la politique de développement, en particulier, contribue à empê tion des organisations non gouvernementales (ONG) et de la cher et à résorber les causes structurelles de la violence. L A B U N D E S W E H R E N O P E R AT I O N [1] [1] Projet commun entre la Bundeswehr et l’organisation humanitaire Cap Anamur : des soldats de la Bundeswehr s’entretiennent avec un membre de Cap Anamur, Kunduz, 19 octobre 2004 (IMZ Bw) LA POLITIQUE DE SECURITE ET DE DEFENSE DE LA REPUBLIQUE FEDERALE D’ALLEMAGNE 47 4 4.4 LA POLITIQUE DE SECURITE ET DE DEFENSE DE LA REPUBLIQUE FEDERALE D’ALLEMAGNE Le rôle de la Bundeswehr Dans un monde de globalisation et d’interconnexion, les fron Au regard des défis auxquels nous sommes confrontés en ce tières nationales et les grandes distances n’offrent plus qu’une XXIe siècle en matière de politique de sécurité, l’armée n’a donc protection très limitée contre les évolutions déstabilisantes et les pas perdu de son importance. L’importance de l’armée n’a fait foyers de danger. Les risques d’aujourd’hui sont plus hétérogènes, que se déplacer. Dans le contexte des défis en matière de poli plus diffus, plus complexes et le plus souvent guère prévisibles. tique de sécurité internationale, les moyens militaires ne peuvent plus être considérés comme des moyens primaires mais comme L’Allemagne a reconnu que l’emploi de forces militaires peut être des moyens complémentaires si l’on veut garantir la sécurité tant nécessaire lorsque l’on veut contrer des crises dès leur émergence au niveau international qu’au niveau national. afin que cellesci ne se transforment pas en conflits. Grâce au large éventail de moyens d’action militaires et politicomilitaires L’armée et les capacités particulières dont elle dispose occu dont elle dispose, la force armée peut non seulement juguler pent un rôle, important soit, mais pas exclusif. Les moyens la violence ou y mettre fin par la contrainte, mais également militaires ne sont censés être utilisés que là où les moyens contribuer à résorber les causes de cette violence. civils ne sont pas appropriés ou pas disponibles ou lorsqu’ils Par conséquent, la Bundeswehr étant un instrument d’une lieu que si, suite à une analyse de la situation politique et politique globale et préventive de sécurité et de défense, il est à une décision prise par le gouvernement fédéral et le indispensable pour l’Allemagne que cette armée soit perfor parlement, il s’avère absolument nécessaire et indispensable. mante. Elle doit être en mesure, sur la base d’un concept élargi L’engagement des forces doit être limité et poursuivre un s’avèrent infructueux. L’engagement des forces armées n’a de sécurité interconnectée, d’assumer des tâches et des missions objectif clairement défini. Il doit s’inscrire, dans toute la s’inscrivant dans le contexte des défis du XXIe siècle. D’autant mesure du possible, dans un environnement multinational. plus que, sans les capacités militaires de la Bundeswehr, nous ne serions pas en mesure d’honorer nos engagements pris au niveau international. 48 L A B U N D E S W E H R E N O P E R AT I O N [1] [1] Un militaire de la Bundeswehr chargé de la formation de la police afghane (Bundeswehr) Mais l’engagement de moyens et de capacités militaires ne peut, Ces dernières années, la Bundeswehr a fait l’objet de profondes abstraction faite de toutes les considérations politiques, être mesures d’adaptation à ses nouvelles tâches. La structure, les systématiquement exclu ou invoqué uniquement en cas d’échec processus, le personnel et l’équipement ont été alignés sur l’évo d’autres options. lution permanente des exigences. Ainsi, l’analyse en structures interdépendantes a gagné les esprits au sein de la Bundeswehr. Au niveau stratégique, les capacités militaires devraient être prises en considération, tant sur le plan national que sur le plan multi Les contributions de la Bundeswehr dans le cadre de l’action national, dès le début dans un processus de planification politique globale menée par l’Etat en matière de prévention sécuritaire intégré. Aux niveaux opératif et tactique, il est nécessaire d’établir interconnectée sont multiples, allant de l’engagement des forces une coordination prononcée avec les capacités et acteurs civils. Le armées allemandes dans la mise en œuvre de mesures de sécuri fait que l’Allemagne continue de s’investir de manière soutenue, sation d’éléments civils par des moyens militaires dans des régions à travers l’engagement de la Bundeswehr, dans les opérations de crise à la participation à des opérations de rétablissement et multinationales lui garantit un droit de regard approprié, une de maintien de la paix en vue de la mise sur pied d’institutions marge de manœuvre et la possibilité d’exercer une influence au étatiques et démocratiques et de la reconstruction économique sein des organisations internationales. et sociale, en passant par l’aide à la formation et à l’équipement militaires, la fourniture de conseils en phase de transformation Depuis le début des années 90, la Bundeswehr est de plus en du secteur sécuritaire des pays en crise et le soutien actif des plus souvent engagée dans des opérations extérieures. Les effectifs pays candidats à l’adhésion à l’OTAN et à l’Union européenne. des contingents déployés ont connu une croissance constante, et les missions et les tâches sont devenues de plus en plus globales L’exemple de l’Afghanistan illustre bien comment l’Allemagne y mais aussi plus risquées. Actuellement, la Bundeswehr est enga suit, également avec ses forces armées, une approche élargie gée dans des opérations extérieures avec un effectif d’environ interministérielle s’inscrivant dans l’esprit de la sécurité intercon 7 400 militaires masculins et féminins. nectée, approche qui prend en compte à part égale les actions d’urgence immédiates et les actions nécessaires à long terme. LA POLITIQUE DE SECURITE ET DE DEFENSE DE LA REPUBLIQUE FEDERALE D’ALLEMAGNE 49 IFOR (décembre 1995 à décembre 1996) Mission de l'OSCE SFOR (août 2008 à juin 2009) (décembre 1996 à décembre 2004) UNOMIG MACEDOINE (mars 1994 à juin 2009) (différentes opérations) UNSCOM (août 1991 à septembre 1996) OEF (KOWEIT : février 2002 à juillet 2003) UNAMIC UNMEE (octobre 1991 à mars 1992) (février 2004 à octobre 2008) UNTAC (mai 1992 à novembre 1993) UNOSOM II (août 1992 à mars 1994) ARTEMIS AMM UNAMIR (septembre 2005 à mars 2006) (juillet à décembre 1994) (juillet à septembre 2003) EUFOR RD CONGO (juillet à décembre 2006) Un aperçu des anciennes opérations extérieures de la Bundeswehr Missions de l’OTAN IFOR Missions de l’UE AMM Missions des NU UNAMIC Implementation Force, BosnieHerzégovine Aceh Monitoring Mission, Indonésie United Nations Advance Mission in Cambodia, Cambodge MACEDOINE CONCORDIA UNAMIR Opérations Essential Harvest, Amber Fox, Allied Harmony Opération de l’UE en Macédoine avec le soutien de l’OTAN United Nations Assistance Mission for Rwanda, Rwanda Lutte contre le terrorisme international SFOR EUFOR RD CONGO UNMEE OEF Opération de l’UE en République démocratique du Congo United Nations Mission in Ethiopia and Eritrea, Ethiopie/Erythrée Operation Enduring Freedom, 2002/2003, au Koweït Stabilisation Force, BosnieHerzégovine ARTEMIS Opération de l’UE en République démocratique du Congo Mission d’observation de l’OSCE en Géorgie UNOMIG United Nations Observer Mission in Georgia, Géorgie UNOSOM II United Nations Operation in Somalia II, Somalie UNSCOM United Nations Special Commission, Irak UNTAC United Nations Transitional Authority in Cambodia, Cambodge La Bundeswehr participe également à des opérations extérieures ne figurant pas dans cette liste LES OPERATIONS DE LA BUNDESWEHR AUJOURD’HUI TERMINEES 5 Un aperçu des anciennes opérations extérieures de la Bundeswehr 5.1 Irak 5.2 Cambodge 5.3 Somalie 5.4 Rwanda 5.5 Koweït 5.6 Macédoine 5.7 Indonésie 5.8 Ethiopie/Erythrée 5.9 République démocratique du Congo 5.10 Géorgie L E S O P E R AT I O N S D E L A B U N D E S W E H R A U J O U R D ’ H U I T E R M I N E E S 51 5 L E S O P E R AT I O N S D E L A B U N D E S W E H R A U J O U R D ’ H U I T E R M I N E E S 5.1 Irak 5.2 [1] [2] Cambodge L’attaque du Koweït par l’Irak de Saddam Hussein en août 1990 Le régime de terreur des « Khmers rouges », la guerre avec et son occupation survinrent alors que la République fédérale le Vietnam et la guerre civile ont entièrement détruit les struc d’Allemagne se trouvait dans la phase finale des « entretiens tures sociales et étatiques de ce pays. Un accord conclu en 1991 deux plus quatre » et que la réunification des deux Etats alle entre les différentes factions de la guerre civile confia aux Nations mands était au centre de l’action politique nationale. La commu unies un rôle décisif dans le futur processus de paix. Le Cam nauté internationale réagit à la crise du Golfe, l’Allemagne en bodge fut placé sous la quasitutelle administrative de l’ONU, voya des troupes pour protéger la Turquie, partenaire de l’OTAN. afin qu’il puisse aménager sa transition vers un avenir de paix et Le 17 janvier 1991, la coalition internationale lança une attaque procéder à des élections libres. contre l’Irak baptisée « opération Desert Storm » qui aboutira à la libération du Koweït. Les combats prirent officiellement fin le C’est sur la base de la résolution 717 du Conseil de sécurité des 28 février 1991. A la suite de cette guerre, le Conseil de sécurité Nations unies du 16 octobre 1991 et d’une décision du ministère des Nations unies décréta le 3 avril 1991 avec la résolution 687 fédéral de la Défense du 25 octobre 1991 que la Bundeswehr l’instauration d’une mission de contrôle des armes NBC en Irak participa à l’opération de préparation UNAMIC (United Nations (UNSCOM). Advance Mission in Cambodia) au Cambodge. Jusqu’à 15 mili taires issus du service de santé furent déployés d’octobre 1991 La Bundeswehr participa à l’opération UNSCOM (United Nations à mars 1992 dans ce pays asiatique au titre de cette opération Special Commission) d’août 1991 au 30 septembre 1996. 805 destinée à préparer la mission UNTAC (United Nations Transitio vols d’hélicoptère CH53, soit l’équivalent de 3 982 heures de vol nal Authority in Cambodia). C’est sur la base de la RCSNU (armée de terre), et 4 452 vols avec l’avion C160 « Transall », (Résolution du Conseil de sécurité des Nations unies) 745 du soit 4 071 heures de vol (armée de l’air), furent effectués dans le 16 février 1992 et d’une décision du gouvernement fédéral du cadre du soutien de cette mission en prestations de transport, en 8 avril 1992 que la Bundeswehr assura, du 22 mai 1992 au capacités d’évacuation sanitaire ainsi qu’en capacités de trans 12 novembre 1993, le soutien médical pour la mission UNTAC port aérien destinées aux experts de l’UNSCOM. 30 soldats de et pour certaines parties de la population civile avec environ l’armée de terre étaient engagés à Bagdad (Irak) et sept soldats 150 militaires issus du service de santé et un hôpital de campagne de l’armée de l’air à Bahreïn pour les besoins de cette mission. doté de 60 lits. Environ 3 500 traitements hospitaliers et plus de 110 000 traitements ambulatoires y furent réalisés. Avec la mission UNTAC, la participation de l’Allemagne à des opérations extérieures prenait une nouvelle dimension. C’était la première fois qu’un contingent allemand d’une importance significative était engagé dans une opération extérieure. 52 L A B U N D E S W E H R E N O P E R AT I O N 5.3 Somalie 5.4 [3] Rwanda [4] Une autre opération extérieure relativement importante suivra Les affrontements ethniques, cruels dans certains cas, ayant pour la Bundeswehr, à savoir l’UNOSOM II (United Nations Ope persisté au Rwanda pendant une longue période entre la popu ration in Somalia). Suite à une guerre civile et à la désintégration lation majoritaire, celle des Hutus détenant le pouvoir dans le des structures étatiques, une catastrophe humanitaire de grande pays, et celle des Tutsis minoritaires menèrent à une guerre civile ampleur était à déplorer en Somalie. Pour y remédier, les Nations sanglante, à laquelle l’accord de paix de 1993 devait mettre fin. unies autorisèrent plusieurs opérations de paix dans ce pays est Les affrontements interethniques atteignirent pourtant leur africain. Sur la base de la RCSNU 814 du 25 mars 1993 et de la paroxysme en 1994 pour se transformer en un génocide qui aura décision du Bundestag du 21 avril 1993, environ 1 700 militaires fait plus de 800 000 victimes chez les Tutsis. Ce génocide ne de l’armée de terre furent déployés à Belet Uen (Somalie), environ prendra fin qu’avec l’arrivée d’une armée tutsie en provenance 600 soldats de la marine ainsi qu’environ 120 soldats de l’armée d’Ouganda. de l’air à Djibouti et à Mombasa (Kenya) pour assurer un pont aérien entre le Kenya et la Somalie (du 25 août 1992 au 21 mars Dans ce contexte, en soutien à la mission des Nations unies 1993) et le soutien logistique des troupes onusiennes (du UNAMIR (United Nations Assistance Mission for Ruanda) au 28 août 1993 au 23 mars 1994). 650 vols humanitaires, environ Rwanda, l’armée de l’air allemande installa, du 18 juillet au 30 projets d’aide humanitaire et plus de 18 000 traitements 31 décembre 1994, un pont aérien au départ de Nairobi (Kenya) médicaux furent réalisés dans le cadre de cette mission. et de Johannesbourg (Afrique du Sud) à destination de Goma (Zaïre) et de Kigali (Rwanda) pour ravitailler les réfugiés rwandais. Cette mission s’appuyait sur la RCSNU 872 du 5 octobre 1993. 30 soldats effectuèrent 80 vols à bord du Boeing 707 et 208 vols à bord du C160 « Transall ». [1] L’hélicoptère de transport moyen CH53 en opération pour les Nations unies, 16 septembre 1996 (IMZ Bw/Modes) [2] UNTAC, hôpital de campagne de la Bundeswehr à Phnom Penh, 28 juillet 1992 (IMZ Bw/Modes) [3] UNOSOM II, Belet Uen, 14 juillet 1993 (IMZ Bw/Modes) [4] Un « Transall » sur la piste d’atterrissage d’une escadre de transport aérien (IMZ Bw/Modes) L E S O P E R AT I O N S D E L A B U N D E S W E H R A U J O U R D ’ H U I T E R M I N E E S 53 5 L E S O P E R AT I O N S D E L A B U N D E S W E H R A U J O U R D ’ H U I T E R M I N E E S 5.5 Koweït 5.6 [1] [2] Macédoine L’attentat perpétré par le réseau AlQaïda sur le World Trade L'Ancienne République Yougoslave de Macédoine a été le théâtre Center à New York et sur des cibles à Washington le 11 septem d’une intervention de stabilisation de la part de la communauté bre 2001, et sur lequel nous reviendrons plus tard, conduisirent internationale, en raison de son voisinage immédiat avec la à de vastes opérations de lutte contre le terrorisme international, région de crise que constituait le Kosovo, mais de plus en plus dont une partie se poursuit encore aujourd’hui. En vue de également en raison de tensions et de la menace d’une guerre protéger la population koweïtienne et les forces de la coalition civile entre différentes ethnies. Dans les années 2001 à 2003, la stationnées au Koweït dans le cadre de l’opération Enduring Bundeswehr participa en Macédoine aux opérations de l’OTAN Freedom (OEF) contre d’éventuelles attaques terroristes ou Essential Harvest, Amber Fox, Allied Harmony et Concordia. militaires à l’aide d’armes de destruction massive, la Bundeswehr Ces opérations s’appuyaient sur la RCSNU 1371 de 2001 et sur déploya dans le cadre de l’OEF au Koweït, suite à la décision du plusieurs décisions du Bundestag (29 août 2001, 27 septembre Bundestag du 16 novembre 2001, 250 militaires spécialistes de 2001, 13 décembre 2001, 22 mars 2002 et 23 octobre 2002). défense NBC équipés de six VAB de reconnaissance NBC de type La Bundeswehr avait pour mission, en conjonction avec d’autres « Fuchs » du 10 février 2002 au 4 juillet 2003. Egalement dans partenaires de l’OTAN, de rassembler et de détruire sur le terri le cadre de l’OEF, l’armée de l’air fournit, du 26 novembre 2001 toire macédonien les armes ayant été remises volontairement au 10 janvier 2002, un soutien en matière de transport aérien par les groupes armés ethniques albanais (Essential Harvest) destiné au transport des forces américaines de l’Allemagne ainsi que de protéger les observateurs des organisations vers la Turquie. A raison de 116 vols pour 1 250 heures de vol, internationales (UE et OSCE). Environ 500 soldats allemands environ 540 tonnes de matériel et 160 passagers furent trans participèrent à l’opération Essential Harvest (29 août 2001 au portés.transportiert. 27 septembre 2001). Au total, 3 700 armes environ et près de 400 000 munitions, grenades et explosifs furent collectés. Environ 220 et 70 militaires allemands respectivement participè rent aux opérations Amber Fox (du 27 septembre 2001 au 16 décembre 2002) et Allied Harmony (du 16 décembre 2002 [1] OEF Koweït, exercice de décontamination, 1er février 2003 (IMZ Bw/Pauli) [2] Task Force Fox, poste d’observation allemand à Skopje, 25 mars 2002 (IMZ Bw/Modes) [3] Destruction d’armes (AMM) [4] Un officier allemand (à gauche) s’entretient avec le général de corps d’armée indien Lidder, commandant de la force, Khartoum, 3 avril 2006 (IMZ Bw/Rott) au 31 mars 2003) qui suivirent. Par la suite, l’Union européenne réalisa pour la première fois une opération militaire PESD faisant appel aux capacités de planification de l’OTAN (conformément aux accords dits de « Berlin plus »), à laquelle participèrent environ 400 soldats de 27 nations. 70 soldats de la Bundeswehr furent engagés dans cette opération appelée « opération Concordia » (du 31 mars au 16 décembre 2003). 54 L A B U N D E S W E H R E N O P E R AT I O N 5.7 Indonésie 5.8 [3] Ethiopie/Erythrée [4] En vue de contrôler si l’accord de règlement pacifique du conflit La Bundeswehr participa à la mission UNMEE (United Nations passé le 15 août 2005 entre le gouvernement indonésien et le Mission in Ethiopia and Eritrea) de février 2004 à octobre 2008 « Mouvement pour un Aceh libre » était bien respecté, l’Alle en détachant deux observateurs militaires. La mission surveillait magne participa à la mission AMM (Aceh Monitoring Mission) depuis juillet 2000 le cessezlefeu négocié entre l’Ethiopie et en envoyant quatre observateurs militaires. Cette mission d’une l’Erythrée dans le cadre des « accords d’Alger » qui mirent fin durée de six mois (du 15 septembre 2005 au 15 mars 2006) fut à deux ans de conflit frontalier entre les deux pays. L’UNMEE réalisée sur la base d’une décision du gouvernement fédéral du soutint, par ailleurs, la commission frontalière indépendante 16 septembre 2005. mandatée par les Nations unies dans le cadre de la délimitation du tracé des frontières entre l’Ethiopie et l’Erythrée définitive C’est dans le contexte de la catastrophe du Tsunami (Noël 2004) ment fixé en avril 2002. Le mandat de l’UNMEE consistait pour que fut réalisée une mission de l’UE de désarmement et de réin l’essentiel en la surveillance de la zone démilitarisée et des tégration d’anciens résistants au gouvernement indonésien dans positions des parties au conflit, la coordination des activités la province d’Aceh dans le nord de l’Indonésie. La mission AMM des Nations unies dans les zones frontalières, notamment du rassemblait environ 220 observateurs au total qui se trouvaient programme humanitaire de protection antimines, ainsi que le sur place depuis le 15 septembre 2005. Participèrent également soutien de la commission frontalière (administration, logistique, à la mission, outre les Etats de l’UE, les Etats membres de déminage dans la zone de démarcation). Aucun progrès réel l’ASEAN Thaïlande, Brunei, Singapour, Philippines et Malaisie n’a été enregistré dans le cadre du processus de paix entre (soit au total près de 90 observateurs). L’Allemagne était repré l’Erythrée et l’Ethiopie depuis la décision de la commission sentée par neuf observateurs au total : cinq experts civils déta frontalière indépendante d’avril 2002. La commission frontalière a chés par le ministère des Affaires étrangères et quatre soldats fixé le tracé des frontières fin novembre 2007 et a déclaré sa allemands en civil envoyés par la Bundeswehr. mission comme accomplie. Pour diverses raisons, les deux parties n’ont pas reconnu les décisions de la commission frontalière. Placée sous le commandement de l’UE, la mission fut perçue Bien que le Conseil de sécurité des Nations unies eût prolongé dans toute la région comme un signe visible de l’engagement la mission jusqu’au 31 juillet 2008 à travers la RCSNU 1798 actif de l’Europe dans le règlement d’un conflit qui couvait (2008), les membres de la mission stationnés en Erythrée durent depuis longtemps. Cela valut à l’Europe un regain de prestige être transférés vers l’Ethiopie en février 2008 en raison du en matière de politique étrangère en Asie du SudEst. La contri blocus des livraisons de gazole instauré par l’Erythrée. Le bution de l’Allemagne y fut concluante. Le 15 mars 2006, la 31 juillet 2008, le Conseil de sécurité des Nations unies mit un mission prenait fin pour les soldats allemands. terme à la mission. L’exécution de la mission prit fin en octobre 2008. L E S O P E R AT I O N S D E L A B U N D E S W E H R A U J O U R D ’ H U I T E R M I N E E S 55 5 L E S O P E R AT I O N S D E L A B U N D E S W E H R A U J O U R D ’ H U I T E R M I N E E S 5.9 République démocratique du Congo En raison de guerres (civiles) interminables, d’une mauvaise gestion de l’économie, de la corruption, des conflits ethniques, de l’ingérence de certains Etats voisins et du débordement de conflits dans les Etats limitrophes (le Rwanda, par exemple), la République démocratique du Congo, située au cœur de l’Afrique, est devenue l’un des foyers de crise du continent africain. Jusqu’à présent, l’Allemagne a participé à deux reprises à des opérations aujourd’hui terminées dans ce pays. Artemis EUFOR RD Congo La première opération autonome de l’UE, baptisée « Artemis », Dans le cadre du processus de paix et en vue de la formation qui fut menée dans les provinces orientales du Congo Ituri et d’un gouvernement démocratique légitime, les parties au conflit Kivu visait à empêcher une catastrophe humanitaire. Devant convinrent de procéder à des élections présidentielles libres et l’absence d’une puissance régulatrice et l’insuffisance des capaci transparentes pour le Congo. Les principaux rivaux étaient le tés et prérogatives de la mission onusienne MONUC de l’époque président en exercice, Joseph Kabila, et son opposant, l’ancien (agissant en vertu du chapitre VI de la Charte des Nations unies), chef rebelle JeanPaul Bemba. Entre le 30 juillet et le 30 novem les Nations unies craignaient un massacre au sein de la popula bre 2006, la Bundeswehr participa à l’opération EUFOR RD tion civile si la communauté internationale n’intervenait pas. Congo de l’UE, lancée sur la base de la RCSNU 1671 (2006) et C’est pourquoi l’Union européenne mit en œuvre l’opération de la décision du Bundestag du 1er juin 2006, en déployant Artemis, placée sous la conduite de la France, pour donner le 780 soldats dans la République démocratique du Congo. La temps aux Nations unies de transférer les forces de la MONUC II mission consistait à soutenir la mission de paix onusienne dans la zone de déploiement de l’Ituri et d’établir la pleine capa MONUC (Mission des Nations unies en République démocratique cité opérationnelle conformément au chapitre VII de la Charte du Congo) dans le cadre de la sécurisation de ce qui constituait des Nations unies. Le théâtre d’opérations principal des troupes les premières élections libres depuis 40 ans. Un contingent de l’UE était la ville de Bunia située à l’est du Congo. d’environ 2 100 militaires issus des Etats membres de l’UE devait empêcher toute perturbation dans le déroulement des élections. La Bundeswehr soutint l’opération Artemis du 18 juillet au A travers la mise en place d’un environnement sécurisé, la popu 25 septembre 2003 en effectuant des missions de transport lation congolaise fut encouragée à participer au scrutin. La pré aérien sur l’axe AllemagneOuganda avec le C160 « Transall », sence du contingent européen contribua à ce que les élections, en mettant à disposition un Airbus A310 pour les besoins de qui débutèrent au Congo le 30 juillet 2006, se déroulèrent pour l’évacuation sanitaire (Medical Evacuation) ainsi que des officiers une large part dans un climat calme et paisible. Le rapatriement d’étatmajor en vue du soutien de la conduite de l’opération. des soldats allemands stationnés à Kinshasa et à Libreville Celleci était basée sur la RCSNU 1484 (2003) et le mandat du (Gabon) débuta le 1er décembre 2006 et s’acheva le 22 décem Bundestag en date du 18 juin 2003. Au total, 35 soldats furent bre 2006 conformément à la planification. engagés dans les missions de transport aérien, environ 60 dans les missions d’évacuation sanitaire et deux au quartier général 23 nations au total prirent part à l’opération. Cela représentait Artemis en France. Près de 300 tonnes de matériels furent un effectif de 2 400 soldats. Outre la France et l’Allemagne, les transportées en plus de 1 370 heures de vol avec le C160 deux plus grands pourvoyeurs de troupes, la Belgique, l’Italie, « Transall ». les PaysBas, la Pologne, la Suède, l’Espagne et le Portugal four nirent des contributions importantes ; par ailleurs, l’opération [1] Visite à l’école primaire Saint Paul de Kinshasa, nouvellement aménagée avec le soutien de l’Allemagne, 24 octobre 2006 (IMZ Bw/Bienert) [2] Théâtre d'opérations : le Congo (Bundeswehr) reçut également le soutien de la Turquie, de la Finlande, de l’Autriche, de l’Irlande, de la Grèce, du Luxembourg, de la Slovénie, du RoyaumeUni, de Chypre et, à titre temporaire, de la Suisse. L’opération conduite par l’UE était sous commande ment allemand, le quartier général stratégique ayant été installé au Commandement opérationnel de la Bundeswehr situé dans la localité de Schwielowsee près de Potsdam. 56 L A B U N D E S W E H R E N O P E R AT I O N [1] CAMEROUN GUINEE EQUATORIALE Libreville Bunia REPUBLIQUE DU CONGO OUGANDA GABON RWANDA REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO Kinshasa BURUNDI TANZANIE [2] La zone de déploiement de la mission EUFOR RD Congo englobait la totalité du territoire congolais à l’exception des provinces de l’est (Orientale, Maniema, Nord et SudKivu). La zone de déploiement du contingent allemand était limitée à Kinshasa. L E S O P E R AT I O N S D E L A B U N D E S W E H R A U J O U R D ’ H U I T E R M I N E E S 57 5 5.10 L E S O P E R AT I O N S D E L A B U N D E S W E H R A U J O U R D ’ H U I T E R M I N E E S Géorgie : UNOMIG et mission d’observation de l’OSCE UNOMIG OSCE A la suite de la dissolution de l’Union soviétique, un conflit armé Le 27 août 2008, après la fin du conflit entre la Russie, l’Abkha émergea dans l’ouest de la Géorgie autour de l’Abkhasie, qui sie et l’Ossétie du Sud, d’un côté, et la Géorgie, de l’autre, le proclama son indépendance, un statut que la Géorgie ne recon gouvernement fédéral avait ordonné la participation de jusqu’à nut pas. La mission baptisée « United Nations Observer Mission 15 observateurs militaires à une mission de l’OSCE en Géorgie. in Georgia » (UNOMIG), organisée en août 1993 avec la partici La mission avait pour objectif de surveiller la bonne exécution pation, par moments, de 136 observateurs militaires issus de du plan de paix en six points axé essentiellement sur la frontière 33 Etats, avait en premier lieu pour tâche de surveiller la zone administrative avec l’Ossétie du Sud. Dans un premier temps, de sécurité mise en place entre la Géorgie et l’Abkhasie et de l’OSCE ne demanda que l’envoi de deux observateurs militaires. créer les conditions préalables à un retour sécurisé et organisé Ces derniers furent déployés dans la zone de conflit le 28 août des réfugiés de guerre. L’Allemagne participa à partir de 1994, 2008. à travers l’envoi de jusqu’à 20 militaires, à la mission de paix qui constituait un engagement non armé ne nécessitant pas un mandat parlementaire. Le contingent allemand, composé d’observateurs militaires et, avant tout, de personnels issus du service de santé, comptait par moments 12 soldats. La Bundes wehr fut ainsi le pourvoyeur de l’ensemble du dispositif de soutien médical prévu pour la mission et le plus grand contin gent militaire national. Les missions d’observation, même non armées, peuvent abriter des risques pour l’intégrité corporelle et la vie. Ainsi un hélicop tère des Nations unies fut abattu le 8 octobre 2001 lors d’un vol de patrouille. 9 membres de la mission, dont un officier allemand du service de santé, y trouvèrent la mort. Le conflit qui, en août 2008, opposa la Russie et l’Abkhasie soutenue par la Russie, d’un côté, et la Géorgie, de l’autre, n’a pas pu être empêché par l’UNOMIG. La mission fut mandatée par le Conseil de sécurité des Nations unies pour durer jusqu’au 15 juin 2009. En raison des évolutions politiques les plus ré centes dans la région, le mandat ne fut pas prolongé et expira. 58 L A B U N D E S W E H R E N O P E R AT I O N Cette mission a également pris fin en juin 2009. [1] ABKHASIE FEDERATION DE RUSSIE Soukhoumi ZONE DE SECURITE Gali OSSETIE DU SUD Tskhinvali Zugdidi GEORGIE Tbilissi TURQUIE ARMENIE AZERBAIDJAN [2] [1] Un militaire allemand (à gauche) et un militaire suédois (au centre) effectuent une mission de reconnaissance en Géorgie en qualité d’observa teurs non armés des Nations unies. En arrièreplan, un militaire russe armé assurant la protection (Bundeswehr) [2] Théâtre d'opérations : la Géorgie (Bundeswehr) L E S O P E R AT I O N S D E L A B U N D E S W E H R A U J O U R D ’ H U I T E R M I N E E S 59 EUFOR ALTHEA KFOR (depuis décembre 2004) (depuis 1999) ISAF OAE (depuis 2001) (depuis janvier 2002) UNIFIL (depuis octobre 2006) UNAMID (depuis janvier 2008) auparavant AMIS UNMIS OEF (depuis 2005) (depuis novembre 2001) EUNAVFOR ATALANTA (depuis décembre 2008) EUSEC RD CONGO (depuis mars 2006) Un aperçu des opérations extérieures actuelles de la Bundeswehr Lutte contre le terrorisme international Missions de l’OTAN ISAF Missions de l’UE EUFOR ALTHEA Missions des NU UNAMID OAE International Security Assistance Force, Afghanistan European Union Force, BosnieHerzégovine KFOR EUNAVFOR ATALANTA Kosovo Force, Kosovo Opération de l’UE de lutte contre la piraterie au large des côtes de la Somalie African Union United Nations Hybrid Operation in Darfur, Soudan, succédant à l’opération AMIS (African Union Mission in Sudan) Operation Active Endeavour, zone méditerranéenne (opération de l’OTAN en vertu de l’article 5 du Traité de l’Atlantique Nord) UNIFIL OEF United Nations Interim Force in Lebanon, Liban Operation Enduring Freedom, Base à Djibouti, Corne de l'Afrique EUSEC RD CONGO EU Security Sector Mission de réforme en République démocratique du Congo UNMIS United Nations Mission in Sudan, Soudan 6 LES MISSIONS ACTUELLES DE LA BUNDESWEHR Un aperçu des opérations extérieures actuelles de la Bundeswehr 6.1 BosnieHerzégovine 6.2 Kosovo 6.3 La Bundeswehr dans la lutte contre le terrorisme international 6.4 Afghanistan 6.5 République démocratique du Congo 6.6 Liban 6.7 La Bundeswehr dans la lutte contre la piraterie LES MISSIONS ACTUELLES DE LA BUNDESWEHR 61 Une patrouille de la SFOR quitte le camp de Rajlovac, 20 juin 1997 (IMZ Bw/Modes) BOSNIEHERZEGOVINE 6.1 Une patrouille de la SFOR quitte le camp de Rajlovac, 20 juin 1997 (IMZ Bw/Modes) LES MISSIONS ACTUELLES DE LA BUNDESWEHR 63 6.1 L E S M I S S I O N S A C T U E L L E S D E L A B U N D E S W E H R [1] [1] Pont aérien international vers Sarajevo, 8 août 1994 (IMZ Bw/Modes) [2] Une équipe CIMIC allemande constate les dommages de guerre dans la banlieue de Sarajevo, 1er décembre 1997 (IMZ Bw/Modes) 64 L A B U N D E S W E H R E N O P E R AT I O N [2] Avec la disparition de l’affrontement global qu’était le conflit audessus de la BosnieHerzégovine. L’hôpital militaire, quant EstOuest, l’effondrement de la Yougoslavie multiethnique a à lui, a accueilli près de 800 patients pour un traitement en donné lieu à l’éclatement d’une guerre civile opposant les diffé hospitalisation et environ 3 000 pour un traitement ambulatoire. rentes ethnies en BosnieHerzégovine. L’expulsion des minorités, l’escalade croissante des violences et les infractions massives aux L’accord de paix négocié à Dayton et signé à Paris le 14 décembre droits de l’homme ont amené la communauté internationale à 1995 (General Framework Agreement for Peace [GFAP] ou l’ac intervenir à partir de 1992 et à réaliser, avec la participation de cord dit de Dayton) a mis un terme à la guerre en exYougoslavie. la Bundeswehr, plusieurs opérations militaires dans les Balkans Aux termes de la RCSNU 1031 (1995), l’OTAN a été mandatée à occidentaux. la midécembre 1995 de surveiller les aspects militaires contenus dans l’accord de Dayton et, au besoin, de les imposer par la force. En dehors de l’aide humanitaire fournie dans le cadre du pont Pour ce faire, elle a d'abord déployé en BosnieHerzégovine l’IFOR aérien de Sarajevo (de juillet 1992 à mars 1996), la Bundeswehr (Implementation Force, 1995/96) puis, à partir de décembre a également participé aux opérations Sharp Guard (de juillet 1996, la SFOR (Stabilisation Force). La République fédérale 1992 à juin 1996) et Deny Flight (d’avril 1993 à septembre d'Allemagne a fourni une contribution substantielle à ces enga 1996). Environ 600 militaires allemands ont été engagés dans gements militaires internationaux dès le début de la mission. ces opérations sur la base des RCSNU 713 (1991), 757 (1992), 781 (1992) et 787 (1992). Durant l’opération Deny Flight, les Depuis 1996, un total d’environ 63 500 militaires de la Bundes avions AWACS ont réalisé 5 048 vols de surveillance ; dans le wehr ont participé sous le commandement de l’OTAN aux cadre de l’opération Sharp Guard, plus de 74 000 navires ont opérations de maintien de la paix en BosnieHerzégovine et été interpellés, un peu moins de 6 000 arrêtés et inspectés en Croatie. Les éléments allemands CIMIC (coopération civilo – dont quelque 260 par des unités allemandes – et plus de militaire), mis en œuvre de juin 1997 à décembre 2004, avaient 1 400 navires ont été déroutés. La marine, elle, a effectué environ au départ pour mission principale de fournir de l’assistance aux 700 vols de reconnaissance avec ses avions de patrouille réfugiés et rapatriés. Dans ce contexte, ils ont, entre autres, maritime. remis en état environ 1 800 logements et reconstruit ou rénové 42 écoles. Depuis juin 2004, des militaires allemands CIMIC Des militaires allemands ont également soutenu la mission interviennent dans le cadre des LOU (Liaison and Observation UNPROFOR (United Nations Protection Force). Pour appuyer la Units) pour recueillir des renseignements nécessaires à l’appré force de réaction rapide déployée en exYougoslavie et faciliter ciation de la situation dans le secteur civil. aux unités des NU le retrait éventuel de la Croatie, la Bundes wehr a, sur la base de la RCSNU 998 (1995) et de la décision Après environ neuf ans, le 2 décembre 2004, l’OTAN a terminé adoptée par le Bundestag le 30 juin 1995, participé à cette missi avec succès l’opération SFOR et transféré la responsabilité de on du 8 août au 19 décembre 1995 en mettant à disposition la stabilisation de la Bosnie à l’Union européenne. Pour assurer environ 1 700 militaires, en mettant en place un hôpital militaire cette mission, l’UE a, au titre de la PESD, lancé l’opération EUFOR francoallemand ainsi qu’en envoyant 14 avions de reconnais Althea, la plus importante opération militaire terrestre jamais sance « Tornado » et un certain nombre d’avions de transport réalisée sous la bannière communautaire européenne. Au « Transall ». Sur les plus de 920 vols réalisés, 160 l’ont été départ, l’EUFOR avait assumé son rôle avec les mêmes structures LES MISSIONS ACTUELLES DE LA BUNDESWEHR 65 6.1 L E S M I S S I O N S A C T U E L L E S D E L A B U N D E S W E H R et le même effectif que son prédécesseur, la SFOR. Le Bundestag Toute autre réduction de l’engagement militaire international a approuvé l'engagement pour la première fois le 26 novembre sera fonction des progrès politiques concrets que le pays pourra 2004. réaliser à l'avenir. L’Allemagne respectera les obligations qu’elle a contractées, jusqu’à la fin de l’opération Althea conduite sous Surveiller et recueillir des informations sur zone, servir dans les étatsmajors internationaux et assurer le soutien et le ravitaille ment de ceuxci, telles sont aujourd’hui les activités principales des militaires allemands engagés dans le cadre de l’EUFOR Althea. Depuis décembre 2007, ils sont logés soit dans le camp multina tional de Butmir, soit dans des maisons LOT (Liaison and Obser vation Teams) installées dans les villes de Sarajevo, de Foca, de Gorazde et de Konjic, au beau milieu de la population. Les quatre LOT allemandes ont pour vocation d’apprécier la situation générale en mettant à profit leurs multiples contacts avec les représentants de la vie publique et d’être disponibles pour la population bosniaque grâce à leur présence en continu sur le terrain. Les travaux que les LOT effectuent dans leurs zones de responsabilité respectives sont dirigés par cinq centres de coordi nation régionaux. La présence des militaires des LOT apporte la preuve que la communauté internationale continue à s’engager militairement dans la région. Pour les citoyens bosniaques, ils sont les garants de la sécurité et de la paix. Depuis le début de l’an 2009, l'armée de l'air allemande assure au profit de l’EUFOR le transport aérien tactique des malades et blessés (AirMedEvac) pour une période de six mois. L’évolution que la BosnieHerzégovine a connue ces dernières années, et plus particulièrement la stabilité de sa situation sécuri taire ont permis de réduire la présence militaire de l’opération Althea d'environ 6 500 soldats en 2004 à quelque 2 200 au début de 2008. En mars 2009, le contingent allemand comptait au total environ 140 soldats. Hier comme aujourd’hui, l’Allema gne et l’Europe attachent une importance particulière à ce que l’évolution pacifique et démocratique dans les pays des Balkans occidentaux se poursuive. Depuis 1995, des progrès considér ables ont pu être réalisés dans la mise en œuvre de l’accord de Dayton. L'un des aspects essentiels de cette évolution positive est la réforme déjà engagée des forces armées. Faciliter la mise en œuvre de cette réforme, telle est depuis décembre 2004 la mission principale du quartier général de l'OTAN à Sarajevo, qui est situé, à l'instar de l’étatmajor de l’UE, dans le camp de Butmir. L'Allemagne participe à ce quartier général en détachant un officier supérieur comme conseiller auprès du ministère bosniaque de la Défense. 66 L A B U N D E S W E H R E N O P E R AT I O N la bannière de l’UE. [1] 9 LOT 11 LOT RCC 4 RCC 1 7 LOT RCC 5 RCC 3 9 LOT Sarajevo Gorazde RCC 2 9 LOT Konjic Foca [2] [1] La SFOR assure le transport scolaire d’enfants serbes, 9 février 2000 (IMZ Bw/Wiecki) [2] Théâtre d'opérations : la Bosnie Herzégovine (Bundeswehr) LOT RCC Liaison and Observation Team Regional Coordination Centre LES MISSIONS ACTUELLES DE LA BUNDESWEHR 67 Poste de sécurité de la Bundeswehr devant le monastère des Saints Archanges aux environs de Prizren, 23 février 2005 (IMZ Bw/Mandt) KOSOVO 6.2 Poste de sécurité de la Bundeswehr devant le monastère des Saints Archanges aux environs de Prizren, 23 février 2005 (IMZ Bw/Mandt) LES MISSIONS ACTUELLES DE LA BUNDESWEHR 69 6.2 L E S M I S S I O N S A C T U E L L E S D E L A B U N D E S W E H R Lorsque, en 1998, le conflit du Kosovo s’est aggravé, tous les Les 14 appareils ont effectué près de 500 sorties. Parallèlement, efforts entrepris au niveau international visaient à obtenir l’OTAN a conduit des opérations d’aide humanitaire au profit une solution pacifique tant par des mesures politiques et diplo des réfugiés en Albanie et Macédoine. Jusqu’à 3 100 militaires matiques que par des sanctions économiques, et à prévenir de la Bundeswehr ont soutenu ces opérations. En adoptant le d'autres actes de violence. 10 juin 1999 la RCSNU 1244 (1999), le Conseil de sécurité des NU a réuni les conditions de l’engagement des personnels civils Ces efforts se reflètent dans les résolutions 1160 et 1199 que et militaires chargés de mettre en œuvre le règlement de paix le Conseil de sécurité des NU a adoptées en 1998 en vertu du au Kosovo. chapitre VII de la Charte des NU. En octobre 1998, la menace de frappes aériennes par l'OTAN a conduit le régime de Milosevic Depuis, cette tâche est assurée par la KFOR (Kosovo Force), à suspendre temporairement ses plans initiaux. Avec la participa l’UNMIK (United Nations Interim Administration Mission in tion de l’Allemagne, on a ensuite mis en place une mission de Kosovo), l'OSCE et l’UE. La mission prioritaire de la KFOR, forte vérification de l’Organisation pour la sécurité et la coopération de quelque 15 000 militaires en provenance de 33 nations en Europe (OSCE) et envoyé une force d’extraction de l'OTAN en (mars 2009), consiste à instaurer et à garantir un environnement Macédoine en vue d’assurer la sécurité des observateurs de sûr. Dans ce contexte, elle protège notamment les minorités et l’OSCE. le retour des réfugiés et des personnes déplacées, assure la liberté de mouvement, confisque les armes illégales et réprime C’est à l’automne 1998 que le Bundestag a mandaté pour la la criminalité transfrontalière. première fois plusieurs opérations liées à la crise du Kosovo. Depuis le début de l’opération en juin 1999, des éléments CIMIC Suite à l’échec des pourparlers de Rambouillet et de Paris en sont également déployés au Kosovo où ils avaient pour mission février et mars 1999 et face aux interventions systématiques et prioritaire, tout comme en BosnieHerzégovine, d’organiser les contraires aux droits de l’homme que des forces armées et de relations civilomilitaires, de participer à la planification et à la sécurité serbes ont menées à l'encontre des Albanais du Kosovo, conduite des opérations militaires ainsi que d’informer, de con le recours à la force militaire est resté le seul moyen pour mettre seiller et de soutenir les organismes et acteurs civils. En même un terme à une catastrophe humanitaire qui avait déjà commen temps, ils étaient responsables de l’assistance directe aux popu cé. Dans le cadre de l'opération Allied Force, l'OTAN a réalisé des lations, de la remise en état d’écoles et d’infirmeries ainsi que de actions aériennes contre la République fédérale de Yougoslavie la formation dans le domaine de l'agriculture. pendant un total de 79 jours. A l’époque, l'Allemagne a participé pour la première fois avec des forces armées à une opération de rétablissement de la paix de l’Alliance. La Bundeswehr y a pris part avec les avions « Tornado » qu’elle avait déjà mis en œuvre en BosnieHerzégovine. 70 L A B U N D E S W E H R E N O P E R AT I O N [1] [2] [3] [4] [1] La Bundeswehr distribue des repas dans le camp de réfugiés de Neprostreno près de Tetovo, 7 avril 1999 (IMZ Bw/Modes) [2] Avion de combat « Tornado » de la 1re escadre opérationnelle de l’armée de l’air allemande avant son décollage à Piacenza/ Italie, 15 juillet 1998 (IMZ Bw/Noll) [3] Un convoi de la Bundeswehr traverse Skopje pour se rendre au Kosovo, 13 juin 1999 (IMZ Bw/Modes) [4] Des membres du bataillon du génie de Gera participent aux travaux de reconstruction au Kosovo, 17 avril 2000 (IMZ Bw/Modes) LES MISSIONS ACTUELLES DE LA BUNDESWEHR 71 6.2 L E S M I S S I O N S A C T U E L L E S D E L A B U N D E S W E H R Depuis mai 2006, la KFOR s’articule en cinq MNTF (Multinational est également possible si le besoin s’en fait sentir. De plus, Task Forces). Son quartier général est situé à Pristina. En mai l’EULEX se verra affecter environ 1 100 agents locaux dès qu’elle 2006, l’Allemagne avait d’abord pris le commandement de la aura adopté sa structure définitive. MNTF South et y occupe actuellement – selon un principe de rotation – le poste de commandant en second. Les quelque Après avoir été lancée officiellement à la mifévrier 2008, 3 500 militaires dont cette force dispose à l’heure actuelle l’EULEX Kosovo a atteint sa capacité opérationnelle début viennent d’Allemagne, de Bulgarie, d’Autriche, de Suisse et décembre 2008, date à laquelle l'UNMIK avait déjà largement de Turquie. Fournissant en moyenne environ 2 200 militaires, achevé le transfert des responsabilités. Cependant, l’indépen l’Allemagne est l’un des trois plus gros contributeurs de troupes dance du Kosovo a également entraîné l’élargissement du au Kosovo. spectre d'engagement de la KFOR qui doit désormais accomplir deux missions supplémentaires. D’une part, elle a pour rôle de Après avoir déclaré son indépendance le 17 février 2008, la coordonner le bon déroulement de la dissolution du KPC République du Kosovo fut reconnue par la République fédérale (Kosovo Protection Corps), une organisation de la protection d’Allemagne le 20 février 2008. Jusqu’à présent, plus de civile d’urgence qui, rassemblant aussi d'anciens combattants 50 Etats ont reconnu l’indépendance de l’ancienne province kosovars albanais engagés dans la lutte de libération, doit être serbe, dont la majorité des pays membres de l’UE et de l'OTAN. dissoute en vertu des dispositions de la constitution du Kosovo. La Serbie et la Russie, elles, n’ont pas encore franchi le pas D’autre part, la KFOR a été chargée de faciliter et de surveiller et continuent à désapprouver l’indépendance du Kosovo. Le la mise en place au Kosovo des nouvelles forces de sécurité 8 octobre 2008, l’Assemblée générale des NU a décidé sur militaires. Cette « Kosovo Security Force » (KSF) pourrait former demande serbe de saisir la Cour internationale de justice en vue le noyau des futures forces armées kosovares et constitue un d’obtenir de celleci un avis d’expert non contraignant relatif élément essentiel de la stratégie de sortie de l'OTAN. La mise à la légitimité de la déclaration d’indépendance kosovare. Il est sur pied de la KSF doit donc se faire avec la plus grande circon peu probable que la Cour internationale de justice présente spection. son avis avant 2010. L’Allemagne participe aux efforts visant à réduire le KPC moyen Avec la déclaration d’indépendance, la communauté internatio nant une aide financière apportée par le ministère des Affaires nale s’est vue investie de nouvelles missions qui sont indispens étrangères. Pour ce qui est de la création de la nouvelle KSF, ables à la création d’un Kosovo multiethnique, démocratique qui aura également pour tâche la protection civile d'urgence, la et basé sur les principes de l'Etat de droit. Dans cette optique, Bundeswehr soutient ce processus par le détachement de l’UE a décidé la mise en place d'une mission civile de police et 15 conseillers et formateurs militaires ainsi que par la mise à de justice (EULEX). L’Allemagne y participe avec environ 140 disposition de 204 véhicules usagés. La formation des premiers policiers, juges et procureurs. Au fur et à mesure de sa montée membres de la KSF, qui mettra probablement deux à cinq ans en puissance, l'EULEX s'est vu confier des missions essentielles pour atteindre sa pleine capacité opérationnelle, a débuté le par l'UNMIK qui a nettement réduit sa présence. L’EULEX Kosovo 2 février 2009. Bien que les efforts déployés conjointement par a pour vocation d'aider les institutions du Kosovo, y compris les la KFOR, l'UNMIK et, en partie déjà, par l’EULEX aient permis autorités judiciaires et les organismes chargés de l’application d’améliorer nettement la situation sécuritaire au Kosovo, la des lois, à progresser sur la voie de la viabilité et de la responsabi stabilité actuelle reste toujours fragile. La présence de la force lisation. De plus, elle est appelée à faciliter la poursuite de la internationale et, par là, la poursuite de la mission KFOR sont mise sur pied et du renforcement d’un système judiciaire multi donc indispensables pour garantir un environnement sûr et ethnique indépendant ainsi que de services de police et de stable. Les militaires allemands apportent une contribution douane multiethnique reposant sur l’Etat de droit. L'EULEX substantielle à la stabilisation de la région tout entière. Kosovo est la plus importante mission civile jamais lancée par l’UE dans son histoire. Son effectif est d’environ 1 900 personnes, parmi lesquelles figurent, en dehors des quelque 1 500 policiers, des juges, des procureurs, des agents de douane et des experts administratifs. L’envoi de quelque 300 policiers supplémentaires 72 L A B U N D E S W E H R E N O P E R AT I O N [1] MNTF N Mitrovica MNTF C Pristina Pec MNTF W Gnjilane MNTF E Prizren MNTF S [2] [1] Une patrouille effectue des contrôles à Prizren, 12 avril 2000 (IMZ Bw/Modes) [2] Théâtre d'opérations : le Kosovo (Bundeswehr) LES MISSIONS ACTUELLES DE LA BUNDESWEHR 73 Un attentat terroriste d’une ampleur inattendue : le deuxième avion civil détourné explose le 11 septembre 2001 dans le World Trade Center à New York (dpa) LA LUTTE CONTRE LE TERRORISME INTERNATIONAL 6.3 Un attentat terroriste d’une ampleur inattendue : le deuxième avion civil détourné explose le 11 septembre 2001 dans le World Trade Center à New York (dpa) LES MISSIONS ACTUELLES DE LA BUNDESWEHR 75 6.3 L E S M I S S I O N S A C T U E L L E S D E L A B U N D E S W E H R Le 12 septembre 2001, un jour seulement après les attentats interdire, dans le cadre des missions de contrôle maritime, le terroristes perpétrés à New York et Washington, le Conseil de ravitaillement des groupes terroristes et les déplacements de sécurité des Nations unies à adopté la résolution 1368 (2001) ceuxci en mer. A ce jour, c’estàdire entre mai 2002 et avril selon laquelle ces attentats représentent une attaque armée 2009, cette force a été six fois commandée depuis un navire contre les EtatsUnis d’Amérique et une menace pour la paix amiral allemand pour une période de trois à quatre mois. et la sécurité internationales. La base des unités allemandes engagées dans la Corne de La résolution a confirmé la nécessité de prendre toutes les l’Afrique est le port de Djibouti en Afrique de l’Est. La Bundes mesures voulues pour écarter les futures menaces, tout en wehr y a déployé un groupe de liaison et de soutien performant soulignant le droit des EtatsUnis d’Amérique à la légitime pour assurer le soutien logistique des militaires allemands sans défense individuelle et collective reconnu à l’article 51 de la lequel il ne serait pas possible de conduire une opération navale Charte des NU. Le même jour, le Conseil de l’Atlantique Nord d’une telle ampleur et d'une telle durée. Le volume du contin a décidé de considérer les attentats terroristes comme une gent maritime allemand a été adapté au cours de l’opération : attaque dirigée contre tous les membres de l’Alliance et ob à l’heure actuelle, les moyens engagés comprennent une frégate ligeant ceuxci, comme le prévoit l’article 5 du Traité de portehélicoptères, le groupe de liaison et de soutien basé à l’Atlantique Nord, à s’assister mutuellement. Le 2 octobre 2001, Djibouti, une équipe de liaison auprès du commandement l’OTAN a, pour la première fois dans son histoire, déclaré l’état américain USNAVCENT à Manama au Bahreïn et, temporaire de défense collective. Le Bundestag a confirmé le 19 septembre ment, un avion de patrouille maritime. L’Allemagne compte 2001 les obligations imposées à l’Allemagne par l’article 5 du parmi les rares nations à soutenir l'opération de façon ininter Traité de l’Atlantique Nord. rompue depuis 2002 par l'envoi de navires et d'avions de sa marine. Avec sa décision arrêtée le 16 novembre 2001, pour la première fois le Bundestag a donné le feu vert à une coopération de forces Parallèlement à l’opération Enduring Freedom, l’OTAN réalise armées allemandes avec les EtatsUnis et les autres pays de la en Méditerranée l’opération Active Endeavour sur la base de coalition antiterroriste dans la lutte militaire contre le terrorisme l’article 5 du Traité de l’Atlantique Nord. Initialement conçue international. Sur la base de cette décision, la Bundeswehr prend pour assurer une « présence ostensible » dans la région, Active part aux opérations Enduring Freedom (OEF) et Active Endeavour Endeavour a évolué vers une opération destinée à protéger les (OAE). L’opération Enduring Freedom, conçue sur le long terme, a navires de commerce des alliés contre des agressions terroristes. pour objectif de neutraliser les installations de commandement Dans ce cadre, des navires allemands (frégates, pétroliers, et d’entraînement des terroristes, de combattre, capturer et ravitailleurs et sousmarins) ainsi que des avions de patrouille traduire ceuxci en justice ainsi que d’empêcher des tiers durab maritime se sont vu attribuer une multitude de tâches dont, lement de soutenir des activités terroristes. entre autres, des escortes dans le détroit de Gibraltar, des actions de surveillance maritime dans toute la Méditerranée, la fouille Depuis le 23 novembre 2001, un airbus A310, basé à l’aéroport de navires suspects ainsi que la sécurisation depuis la mer des de CologneBonn, est mis à disposition pour assurer l’évacuation jeux olympiques d'Athènes de 2004. Les opérations effectuées sanitaire stratégique par voie aérienne (STRATAIRMEDEVAC) dans le détroit de Gibraltar sont suspendues depuis le 29 mai dans le cadre de l’opération Enduring Freedom et d'autres 2004. engagements. Les dangers émanant du terrorisme international n’ont pas 76 Début février 2002, un contingent de la marine allemande a été encore été écartés. Les combattre de manière systématique par déployé dans la Corne de l’Afrique pour participer à l’OEF. Avec des moyens politiques, diplomatiques, d’aide au développement, les navires et les avions des partenaires de la coalition, il forme de police mais aussi militaires reste l’un des défis principaux une force multinationale qui est engagée dans plusieurs zones devant lesquels se trouve placée la communauté internationale. maritimes (mer Rouge, mer d’Oman, golfe d’Aden, eaux du L’Allemagne ne s’est pas soustraite à sa responsabilité. littoral somalien, mer d’Arabie) pour protéger la navigation Sa participation ininterrompue aux opérations Enduring Freedom maritime internationale contre des attaques terroristes et pour et Active Endeavour en témoigne clairement. L A B U N D E S W E H R E N O P E R AT I O N [1] [2] ARABIE SAOUDITE OMAN ERYTHREE YEMEN DJIBOUTI ZONE D'OPERATIONS SOMALIE ETHIOPIE KENYA [3] [4] [1] Théâtre d'opérations : l’OEF (Bundeswehr) [2] OAE : des patrouilleurs surveillent le trafic maritime dans le détroit de Gibraltar, 3 décembre 2003 (Bundeswehr) [3] OEF : la frégate « MecklenburgVorpommern » à Djibouti, 20 février 2003 (Bundeswehr) [4] Le sousmarin « U 16 » quitte le port de Eckernförde pour sa mission dans le cadre de l’OAE, 20 janvier 2004, (IMZ Bw/Eisner) LES MISSIONS ACTUELLES DE LA BUNDESWEHR 77 Des soldats de la Bundeswehr en patrouille à pied sur la route principale de Feyzabad, 8 juin 2008 (IMZ Bw/Stollberg) AFGHANISTAN 6.4 Des soldats de la Bundeswehr en patrouille à pied sur la route principale de Feyzabad, 8 juin 2008 (IMZ Bw/Stollberg) LES MISSIONS ACTUELLES DE LA BUNDESWEHR 79 6.4 L E S M I S S I O N S A C T U E L L E S D E L A B U N D E S W E H R [1] En Afghanistan, la Bundeswehr apporte une contribution en Afghanistan. Après la conclusion de cet accord, le Conseil importante à la protection des citoyennes et citoyens en de sécurité des Nations unies a délivré avec sa résolution 1386 le Allemagne. mandat pour une force internationale d'assistance à la sécurité, mettant ainsi en œuvre une demande formulée en ce sens dans L'intervention militaire de la communauté internationale a l'accord de Bonn. Le Bundestag a mandaté l’engagement permis d’interdire aux éléments terroristes d’AlQaïda et à ceux de la Bundeswehr en Afghanistan pour la première fois le qui les soutiennent de regagner leurs anciens sanctuaires et 22 décembre 2001. Les élections parlementaires et provinciales zones d’opérations en Afghanistan. Le gouvernement fédéral du 18 septembre 2005 qui ont entraîné la constitution, le et la communauté internationale se sont fixé comme objectif 19 décembre 2005, du premier parlement afghan librement élu de garantir la persistance de ce succès et de contribuer à la depuis 1973 marquent la fin du processus de démocratisation création d’un Etat afghane stable et en état de fonctionner. prévu dans l’accord de Bonn. Renforcer l’autonomie de l’Afghanistan, tels sont l’intérêt principal de la communauté internationale et la clé du succès. Acteur majeur dans le cadre de l’ISAF, l‘Allemagne partage, certes, la responsabilité de l’intégralité de l’opération, mais l’essentiel de son rôle consiste à s’acquitter de l’obligation 80 Dans cette optique, le gouvernement afghan se voit apporter politique et militaire particulière qu’elle a contractée visàvis des aides dans le cadre de l’opération otanienne International du Nord de l’Afghanistan en étroite consultation avec les Security Assistance Force (ISAF). Cette dernière est le fruit du partenaires de l’Alliance. La contribution allemande à l’ISAF a processus dit de Bonn qui consiste à mettre en œuvre les actions pour but de permettre la reconstruction du pays avec des visant à créer, comme cela a été convenu le 5 décembre 2001 moyens locaux. Tous les partenaires au sein de l'OTAN savent dans l’accord de Bonn, des conditions stables et démocratiques que la reconstruction est une condition essentielle de la sécurité L A B U N D E S W E H R E N O P E R AT I O N HQ RC NORTH, FSB PRT Kunduz Mazare Sharif JOWZJAN PRT PRT Taloqan Feyzabad Feyzabad KUNDUZ BALKH Taloqan Kunduz TAKHAR BADAKHSHAN FARYAB Pole Khomri Meymaneh SARE POL FSB PRT PAT HQ RCN SAMANGAN BAGHLAN Forward Support Base Provincial Reconstruction Team Provincial Advisory Team Headquarters Regional Command North (NOR) PRT Meymaneh (SWE) PRT Mazare Sharif (HUN) PRT Pole Khomri [2] [1] Construction d’une école à Chuga près de Kunduz avec le concours de la Bundeswehr, 10 décembre 2003 (IMZ Bw/Jeserich) [2] Zone de responsabilité allemande dans le nord de l’Afghanistan (Bundeswehr) et vice versa. La sécurisation de ce processus par des moyens La participation de l’Allemagne à l'ISAF et son engagement militaires reste donc indispensable. dans le secteur civil ont pour but d'aider les organes d'Etat Les trois champs d'action qui déterminent l’engagement alle afghan ainsi qu’au personnel des Nations unies et de la commu mand en Afghanistan seront, comme par le passé, les suivants : nauté internationale des donateurs d’assurer la reconstruction 1. L’exercice du rôle de « Key Partner Nation » dans la région du pays dans un environnement sûr. En même temps, lors des afghans à maintenir la sécurité permettant au gouvernement nord. 2. La coordination étroite de toutes les actions militaires avec les efforts en matière de reconstruction civile. 3. La formation et le soutien des forces de sécurité afghanes. contacts avec la population locale, il importe de créer un climat de confiance et de montrer que les militaires de l’ISAF sont là pour aider. A cet effet sont mis en place, dans un cadre interministériel (du moins si l’Allemagne en est responsable), LES MISSIONS ACTUELLES DE LA BUNDESWEHR 81 6.4 L E S M I S S I O N S A C T U E L L E S D E L A B U N D E S W E H R [1] [2] [3] [4] [1] Des militaires allemands ayant trouvé a mort sont accompagnés à leur dernière demeure, Kunduz, 22 mai 2007 (Bundeswehr) [2] Des soldats de la Bundeswehr en patrouille à pied sur la route principale de Feyzabad, 8 juin 2008 (IMZ Bw/Stollberg) [3] Soldat en patrouille en montagne près de Kaboul, 13 mai 2008 (IMZ Bw/Houben) [4] Policier allemand chargé de la formation de la police en Afghanistan dans le cadre de la mission EUPOL, 4 juin 2008 (IMZ Bw/Stollberg) 82 L A B U N D E S W E H R E N O P E R AT I O N des PRT (Provincial Reconstruction Team), constituées chacune En dehors d’une nette amélioration des conditions de vie de sa d’une composante civile et d’une composante militaire. Les PRT population, l’Afghanistan enregistre aussi des progrès dans la reflètent le concept fondamental sur lequel repose l’engagement reconstruction du pays luimême et de ses institutions allemand en Afghanistan: la philosophie de l'« approche globale > Le 4 janvier 2004, le peuple afghan s'est donné une constitu et intégrée ». tion. Celleci confère au président, au gouvernement ainsi qu’au parlement la légitimation démocratique sur les plans L'idée de base de l’approche allemande est d'adapter la structure d’une PRT aux particularités régionales, aux structures sociales régional et national. > A ce jour, quelque 3 500 écoles ont été construites et 30 000 ainsi qu’à l’évolution de la situation sécuritaire dans la région enseignants ont reçu leur formation initiale et une formation nordest de l’Afghanistan. Elle est mise en œuvre grâce à la continue. Le nombre d’élèves a quintuplé pour passer à coopération entre des personnels civils et militaires en proven quelque 6,5 millions, dont un tiers de filles. Plus de 50 000 ance de quatre ministères fédéraux, soit le ministère de la étudiants, dont un quart de femmes, sont aujourd’hui inscrits Défense, le ministère des Affaires étrangères, le ministère de à l’une des 19 universités du pays. Cela leur offre de meilleures l’Intérieur et le ministère de la Coopération économique et du perspectives d'avenir et contribue substantiellement à l’accélé Développement. L’approche intégrée confère aux PRT un maxi ration du processus de reconstruction. Dans le même temps, mum de souplesse pour agir en fonction de la situation. la formation réduit de manière draconienne la sensibilité des jeunes à la propagande islamiste. Faire participer la population concernée dès le début de la mission > Jusqu’ici, environ 1 800 des 2 300 kilomètres de la route de et dans des domaines aussi variés que possible permet de ren ceinture traversant l’ensemble du pays ont été renouvelés, forcer le sens des responsabilités et la volonté de coopérer. près de 25 % des 34 000 km de piste rurale ont fait l’objet Il s'agit de donner un « visage afghan » à tous les efforts entre d’une remise en état. L’accès aux marchés qui a été rendu pris dans le pays. Cela signifie non seulement de réaliser des possible par ces travaux est une condition essentielle de opérations avec la participation des forces de sécurité afghanes ou de rendre cellesci aptes à mener des actions en autonome, l’essor économique. > Un total de 7,7 millions d’engins explosifs ont été neutralisés mais aussi de convaincre la population de plus en plus des pro sur une superficie d'environ 1 000 kilomètres carrés avec grès que les autorités gouvernementales afghanes ont réalises 3 000 villages, soit environ deux tiers de la superficie où on dans le domaine de la reconstruction. présume la présence de mines. Aujourd’hui, les habitants des régions concernées peuvent se rendre sans danger sur les Placées sous le commandement de l'ISAF, les PRT apportent leur terres dépolluées et y gagner leur vie par l’agriculture et soutien à d'innombrables projets de reconstruction ; elles servent l’élevage du bétail. d’intermédiaire entre les parties au conflit, aident lors du désar > Plus de 5 millions de réfugiés sont déjà revenus et n’ont pas mement des milices afghans et soutiennent la mise sur pied d'un regretté leur décision grâce à l’aide substantielle internationale corps de police national et de l'armée afghane. D’une manière dont ils ont bénéficié (construction de 170 000 maisons, générale, toutes ces actions et les contacts entretenus avec aménagement de quelque 10 000 points d’eau...). Environ les autorités et les populations locales contribuent à améliorer 5 000 familles ayant perdu leur domicile ont pu s'installer sur l’environnement de sécurité. les terres qui leur avaient été attribuées par le gouvernement. > Près de 85 % de la population dans tout le pays a désormais Les PRT de Kunduz et de Feyzabad sont dirigées par un organe accès à des soins médicaux de base. bicéphale composé d’un commandant militaire et d’un responsa > Les forces de sécurité afghanes ont déjà assumé la responsa ble civil du ministère fédéral des Affaires étrangères. A Taloqan, bilité d’une partie de la ville de Kaboul et se verront confier, la Bundeswehr dispose aussi d’une PAT (Provincial Advisory selon les planifications actuelles, également celle de la province Team). de Kaboul. LES MISSIONS ACTUELLES DE LA BUNDESWEHR 83 6.4 L E S M I S S I O N S A C T U E L L E S D E L A B U N D E S W E H R Malgré les succès énoncés cidessus, l’Afghanistan affiche tou apporte un soutien considérable à l’aide à la reconstruction, aide jours des déficits importants au niveau de la reconstruction de qui a été nettement intensifiée, notamment ces derniers temps. ses structures étatiques et sociales. Côté sécurité, la situation reste tendue et freine le développement dans tous les domaines : Alors que, en 2006, les sommes dépensées au titre de l’aide à c’est notamment le Sud et l’Est mais aussi le Nord et l'Ouest de la reconstruction s’élevaient encore à 80 millions d’euros, les l'Afghanistan qui ont enregistré en 2008 un accroissement du prévisions pour 2009 partent d'un montant de 170,7 millions. nombre d’attentats et de tentatives d'attentat. La Bundeswehr Les mesures de reconstruction effectuées par la Bundeswehr a elle aussi à déplorer des soldats blessés ou tués au combat. sont très nombreuses : à ce jour, elle a réalisé bien plus de 800 projets dans les domaines de l’infrastructure, de la formation et L’ISAF a subdivisé le territoire afghan en cinq zones de responsa de la santé et investi pour cela environ 5,1 millions d’euros. bilité. La stabilisation du Nord est assurée par l’Allemagne. Elle dirige le commandement régional Nord dont le quartier général De surcroît, depuis 2006, presque 10 millions d’euros (dont et la base logistique sont implantés à Mazare Sharif. 5,07 millions issus du budget de la Défense) ont été consentis pour financer les PDF (Provincial Development Fund). Jusqu’à Dans cette région essentielle à la pacification du pays, la Bundes fin 2008, ils ont permis de réaliser dans les provinces de Kunduz, wehr constitue l’épine dorsale de l’ISAF. L’Allemagne y porte de Takhar et de Badakhshan plus de 350 projets de taille réduite la responsabilité de 25 % du territoire afghan, c’estàdire dans les domaines de l’alimentation en eau, de l’agriculture, de d’une zone presque aussi grande que la moitié de l’Allemagne l’infrastructure et de la formation. et abritant près de 30 % de la population afghane. Le fait que la Bundeswehr agit comme employeur et donneur Compte tenu de la nécessité de doter le pays à terme d'une d’ordre a également un impact sur le développement économi stabilité autonome et sachant que la sécurité de celuici a besoin que du Nord de l’Afghanistan. Citons notamment, en dehors d'un visage afghan, la Bundeswehr continue à focaliser ses des quelque 850 personnels civils afghans travaillant pour le activités sur la formation des forces de sécurité afghanes. Par ce contingent allemand de l'ISAF, les programmes d’infrastructure moyen, il est possible de rétablir la confiance de la population militaire : construction d’une nouvelle piste de décollage et dans la capacité d’action du gouvernement et de réduire d’atterrissage à l’aéroport de Mazare Sharif grâce à l’investis progressivement l’engagement militaire. Depuis début 2009, sement par l’OTAN d’un montant allant jusqu’à 31 millions l’Allemagne met à disposition sept OMTL (Operational Mento d’euros (contribution allemande : environ 20 %), construction ring and Liaison Team) pour la formation de jusqu’à 7 500 soldats et entretien de camps, de routes et de ponts à Mazare Sharif, afghans. La Bundeswehr assume la fonction pilote pour aider Kunduz, Taloqan et Feyzabad ainsi que mise en place d’infra l’armée afghane à mettre en place une école logistique et envi structures au profit de l’ANA (Afghan National Army) et de sage d'investir dans ce projet 8,5 millions d’euros d’ici à 2012. l’ANP (Afghan National Police). De plus, elle étudie les possibilités de soutenir les forces armées afghanes dans la mise en place d’une école du génie à Mazare En 2009 et 2010, l’Afghanistan connaîtra pour la deuxième fois Sharif et d’un collège de défense à Kaboul. La formation du depuis 2004 et 2005 des élections présidentielles et parlemen corps de police, elle aussi, continuera à être réalisée avec l’aide taires démocratiques. La communauté internationale aidera la des 45 policiers militaires allemands. population afghane à les mener à bien. La Bundeswehr, elle aussi, prend part aux préparatifs en ce domaine. L’inscription des La Bundeswehr assume d'énormes responsabilités dans le con électeurs, une étape indispensable à la réalisation des élections, texte international en engageant des unités dans le Nord de et l’élection présidentielle, sont déjà achevées. Le fait qu’elles se l’Afghanistan, en y assurant la présence de la QRF (Quick Reac sont déroulées pour une large part dans le calme est sans aucun tion Force) et en apportant des contributions à l’opération dans doute dû à la qualité avec laquelle ce processus a été préparé et son ensemble. Le contingent allemand, actuellement fort de accompagné par les militaires de la Bundeswehr et d’autres quelque 4 300 militaires pour un plafond de 4 500 fixé dans le acteurs. mandat, constitue, de par son importance, le troisième détache ment engagé dans le cadre de l’ISAF. Depuis 2002, l’Allemagne 84 L A B U N D E S W E H R E N O P E R AT I O N [1] Mazare Sharif RC NORTH RC EAST Bagram Hérat RC CAPITAL Kaboul RC WEST Kandahar RC SOUTH [2] [1] Construction d’aqueducs, Dahana Ghori/nord de l’Afghanistan, 7 octobre 2007 (IMZ Bw) [2] Division de l’Afghanistan en commandements régionaux (Bundeswehr) RC Regional Command LES MISSIONS ACTUELLES DE LA BUNDESWEHR 85 6.4 L E S M I S S I O N S A C T U E L L E S D E L A B U N D E S W E H R [1] Le développement et la sécurité en Afghanistan sont largement dans les pays voisins. Parmi ces derniers, c'est le Pakistan qui tributaires de la situation en matière de trafic des stupéfiants. exerce la plus grande influence sur la situation en Afghanistan. Plus de 90 % de l’opium offert chaque année sur le marché Les deux pays ont une frontière commune de presque 2 500 km : mondial vient d’Afghanistan. Les bénéfices réalisés avec ce pro elle est en grande partie ouverte, se perd souvent dans le paysa duit servent à financer les milieux activistes de l’adversaire, l’ac ge montagneux qu’elle traverse et est donc difficile à contrôler. tion clandestine des Taliban et le trafic d'armes. Pour promouvoir Pour obtenir une amélioration durable de la situation en Afgha le développement et la sécurité en Afghanistan, il faut priver les nistan, il est indispensable de protéger le pays contre toute im rebelles de leurs ressources financières. Si on a enregistré ces portation d’instabilité et d’activités terroristes. Seule une coopé dernières années une diminution des surfaces utilisées pour la ration avec les voisins permet de venir à bout de cette tâche. production de drogues, c’est dû aux avantages proposés à ceux qui sont prêts à gagner leur vie par un travail différent. Néan Etablir en Afghanistan une paix durable et une stabilité solide moins, les vrais bénéfices sont ceux réalisés après la récolte, demande avant tout du temps. Dans la plupart des cas, les amé c’estàdire lors de la transformation et de la vente du produit. liorations, bien que visibles, ne s’obtiennent que ponctuellement La lutte contre la drogue sur le territoire national relève de la et graduellement. Avec notre approche interministérielle et responsabilité du gouvernement afghan. Elle aussi doit revêtir un intégrée, dont la mise en œuvre se reflète notamment dans « visage afghan » pour remporter un succès durable et renforcer l’engagement des PRT et les résultats mesurables obtenus par la confiance de la population locale dans le gouvernement. Les ceuxci, nous avons emprunté la bonne voie pour renforcer la Afghans n’ayant pas encore les moyens de résoudre le problème sécurité et la stabilité en Afghanistan. à eux seuls, l’aide apportée par la communauté internationale reste indispensable. La sécurité en Afghanistan est directement liée aux relations entretenues avec les Etats de la région et à la situation régnant 86 L A B U N D E S W E H R E N O P E R AT I O N [2] [1] La chancelière Angela Merkel rend visite aux membres de la Bundeswehr en Afghanistan, 6 avril 2009 (IMZ Bw/Beck) [2] Une école obtient du nouveau mobilier avec l'aide de la Bundeswehr (Bundeswehr) LES MISSIONS ACTUELLES DE LA BUNDESWEHR 87 L’emblème de l’opération de l’UE au Congo (Bundeswehr) REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO 6.5 L’emblème de l’opération de l’UE au Congo (Bundeswehr) Avec la mission EUSEC RD Congo (mission de conseil et A l’heure actuelle, l'EUSEC est soutenue par deux officiers d'assistance en matière de réforme du secteur de la sécurité supérieurs de la Bundeswehr qui lui apportent leur expertise en République démocratique du Congo), l’UE soutient depuis en matière de réforme de l’armée de terre et de gestion du 2005, à la demande du gouvernement de transition congolais, personnel. De plus, un sousofficier allemand a été détaché la réforme des forces armées congolaises et la mise sur pied comme conseiller adjoint pour faciliter la mise sur pied d’une de brigades intégrées multiethniques. brigade de l’armée de terre implantée à Kinshasa. Elle est réalisée parallèlement à la mission EUPOL RD Congo, La participation à cette mission civile dans le cadre de la qui est responsable de la réforme de la police et de la justice politique européenne de sécurité et de défense n’exige pas congolaises, et en collaboration étroite avec la MONUC et le de mandat du Bundestag. Comité international d'accompagnement à la transition (CIAT1). En plus de sa mission initiale consistant à conseiller les états majors et les brigades intégrées des forces congolaises, l’EUSEC a mobilisé d’autres experts pour soutenir chaque armée de ces forces dans son domaine spécifique. Depuis décembre 2005, l’EUSEC assure aussi la gestion d’un projet destiné à organiser le paiement des soldes des brigades 1 Le CIAT est composé de représentants des cinq pays membres permanents du Conseil de sécurité des NU ainsi que de l'Afrique du Sud, de l'Angola et de la Belgique. intégrées, activités qui constituent pour l’instant le volet principal de sa mission. LES MISSIONS ACTUELLES DE LA BUNDESWEHR 89 Maritime Task Force (MTF) de l’UNIFIL : passation de commandement entre l’Allemagne et l’Italie sur la frégate « Bayern » au large du Liban (en arrièreplan, la frégate « Hessen »), 29 février 2008 (IMZ Bw/Rott) LIBAN 6.6 Maritime Task Force (MTF) de l’UNIFIL : passation de commandement entre l’Allemagne et l’Italie sur la frégate « Bayern » au large du Liban (en arrièreplan, la frégate « Hessen »), 29 février 2008 (IMZ Bw/Rott) LES MISSIONS ACTUELLES DE LA BUNDESWEHR 91 6.6 L E S M I S S I O N S A C T U E L L E S D E L A B U N D E S W E H R Le Conseil de sécurité des Nations unies a constaté dans sa De plus, dans le cadre de la RCSNU 1701 et des résolutions résolution 1701 (2006) du 11 août 2006 que la situation au complémentaires, l’Allemagne apporte à la marine libanaise, Liban après la guerre estivale entre Israël et le Hezbollah sur une base bilatérale, un soutien important dans les domaines constituait une menace pour la paix et la sécurité internationales, de la formation et de l’équipement. Les actions d’aide à la et a demandé aux parties au conflit de cesser les hostilités de formation ont eu lieu aussi bien en Allemagne qu’au Liban. façon définitive. Le soutien allemand a pour but de rendre la marine libanaise progressivement apte à protéger ses côtes en toute autonomie, Par la même résolution, il a prolongé le mandat de l’UNIFIL confortant ainsi de manière décisive le rôle du Liban lors de (United Nations Interim Force in Lebanon), qui avait été établie l’exercice de sa souveraineté. en 1978, et a autorisé cette dernière à porter ses effectifs à 15 000 soldats. De plus, grâce à l’élargissement important de D’octobre 2006 à fin février 2008, la MTF, initialement composée sa mission audelà du mandat fixé au titre des RCSNU 425 et de 13 navires de différentes nations, était placée sous com 426 (1978), l’UNIFIL peut désormais aider le gouvernement du mandement allemand. Le 1er mars 2008, cette responsabilité Liban à exercer son autorité sur l’ensemble de son territoire a été confiée à l’EUROMARFOR (European Maritime Force), qui national et contribuer de façon efficace à atteindre les objectifs a été dirigée au départ par l’Italie, puis par la France. Depuis le de la résolution. 1er mars 2009, la MTF est commandée par la Belgique. Même après la passation du commandement, l’Allemagne continue A terre, le théâtre d’opérations de l’UNIFIL est délimité au sud à apporter des contributions maritimes substantielles à la MTF par le fleuve Litani, à l’ouest par la frontière avec la Syrie et de l’UNIFIL et à soutenir la marine libanaise. au nord par la « Ligne bleue », la ligne d’armistice de 1978 reconnue par les Nations unies. En mer, il inclut une zone située au large de la côte libanaise, à savoir les eaux territoriales libanaises et l’espace maritime s’étendant jusqu’à environ 45 milles nautiques à l’ouest de la côte libanaise. Vient s’y ajouter l’espace aérien audessus des deux zones précitées. Sur la base de la décision du gouvernement fédéral en date du 13 septembre 2006, le Bundestag a mandaté, pour la première fois le 20 septembre 2006, la Bundeswehr pour être engagée dans le cadre de l'UNIFIL. La MTF (Maritime Task Force) de l’UNIFIL au sein de laquelle agit le contingent allemand soutient le gouvernement libanais dans la sécurisation de sa frontière maritime. Parmi les missions nombreuses figurent notamment le commandement de l’opéra tion maritime, la surveillance de la zone maritime située dans l’espace opérationnel maritime défini par les Nations unies, la sécurisation de la frontière libanaise depuis la mer, le contrôle du trafic maritime – y compris les contrôles des cargaisons et des membres d’équipage tels que prévus par les règles d’enga gement des NU – ainsi que le déroutement des navires suspects et les opérations maritimes d’interdiction. 92 L A B U N D E S W E H R E N O P E R AT I O N [1] Nicosie CHYPRE SYRIE Limassol AMO LIBAN TTW Beyrouth AMO TTW Area of Maritime Operations Territorial Waters Damas Naqoura [2] ISRAEL [1] Formation de membres de la marine libanaise sur le ravitailleur « Elbe », 13 décembre 2008 (Bundeswehr) [2] Théâtre d'opérations de la MTF (Maritime Task Force Force) de l’UNIFIL (Bundeswehr) Amman JORDANIE Jérusalem LES MISSIONS ACTUELLES DE LA BUNDESWEHR 93 L’emblème de l’opération EUNAV FOR Atalanta à bord de la frégate « RheinlandPfalz » (Bundeswehr) LA LUTTE CONTRE LA PIRATERIE 6.7 L’emblème de l’opération EUNAV FOR Atalanta à bord de la frégate « RheinlandPfalz » (Bundeswehr) LES MISSIONS ACTUELLES DE LA BUNDESWEHR 95 6.7 L E S M I S S I O N S A C T U E L L E S D E L A B U N D E S W E H R Au cours de l’année 2008, la fréquence des actes de piraterie Le but que l’Union européenne poursuit avec l’opération EU au large des côtes somaliennes a augmenté dramatiquement. NAVFOR Atalanta est de protéger les navires du PAM et du trafic Au total, 251 navires ont été attaqués et des centaines de mem maritime général évoluant autour de la Corne de l’Afrique et bres d’équipage ont été pris en otage. De plus, les attaques ont jusqu’à 500 milles nautiques au large de la côte somalienne, pris une nouvelle dimension : les pirates ont utilisé plus souvent de dissuader les pirates présents dans ces zones et, par là, des armes lourdes à chargement rapide et des lanceroquettes d’endiguer la piraterie. Sur la base du mandat du Bundestag, antichar, et ils ont étendu une partie de leur zone d’opérations la marine allemande participe depuis le 19 décembre 2008 à des eaux côtières à la haute mer. l’opération avec une frégate portehélicoptères. En outre, sont mobilisés des forces chargées de missions de protection, de Le gouvernement fédéral a décidé le 10 décembre 2008 de logistique et de soutien santé ainsi que des policiers militaires participer à l’opération EUNAVFOR (European Union Naval Force) et du personnel de liaison. A titre préventif, le mandat a été Atalanta réalisée par l’Union européenne dans le cadre de la formulé de manière à pouvoir déployer jusqu’à 1 400 soldats, politique européenne de sécurité et de défense. Le 19 décembre autorisant ainsi le recours à d’autres forces navales allemandes 2008, le Bundestag a approuvé cet engagement. présentes sur zone si la situation l’exige. L’opération EUNAVFOR Atalanta a pour mission de dissuader et Dans la lutte contre les attaques, les forces engagées peuvent de combattre les pirates opérant au large des côtes somaliennes. arrêter des personnes pour les déférer aux autorités de poursuite Elle doit d’une part assurer l’acheminement, compromis par judiciaire. La poursuite judiciaire relève de la responsabilité les attaques des pirates, de l’aide humanitaire destinée à la nationale de l’Etat qui place les pirates présumés en garde à population somalienne en détresse. L’opération doit d’autre vue. Au cas où cet Etat ne voudrait ou ne pourrait pas procéder part protéger le trafic maritime civil sur les routes commerciales à une poursuite judiciaire, il peut remettre la personne en de la région, empêcher les prises d’otages et les demandes de question entre les mains d’un Etat tiers, tout en respectant les rançons et imposer le respect du droit international. standards juridiques en vigueur. Dans le cas de l’Allemagne, une poursuite judiciaire ne sera engagée que lorsqu’il y a atteinte La Somalie compte environ 1,1 million de personnes déplacées à des biens juridiques importants ayant un rapport suffisant avec internes. De surcroît, 3,25 millions de personnes, c’estàdire l’Allemagne. A plusieurs reprises déjà, des frégates allemandes bien plus d’un tiers de la population, ont, selon les Nations ont réussi à repousser des attaques dirigées contre des navires unies, besoin d’aide humanitaire. Ces chiffres révèlent que le marchands et à arrêter les pirates présumés. Ces derniers ont pays est l’une des principales régions de crise dans le monde sur été ensuite remis aux autorités kenyanes en vertu d’un accord le plan humanitaire. A cause de la situation sécuritaire difficile, de transfert conclu par l’UE. beaucoup d’organisations d’aide humanitaire ont finalement été obligées de réduire fortement leurs activités en Somalie Le 18 juin 2009, le Bundestag a décidé à une grande majorité ou d’y mettre fin. 90 % de l’aide humanitaire fournie par les l’extension du théâtre d’opérations vers les Seychelles, permet livraisons du Programme alimentaire mondial (PAM) est achemi tant ainsi à l’EUNAVFOR Atalanta de lutter aussi contre les née par voie maritime. La protection assurée par l’opération pirates agissant de plus en plus loin des eaux côtières. EUNAVFOR Atalanta revêt donc une importance capitale pour l’approvisionnement en vivres de la population somalienne. L’opération EUNAVFOR Atalanta aide à faire davantage respecter le droit et la loi. En même temps, elle contribue à améliorer la La plus importante route commerciale reliant l’Europe, la pénin situation humanitaire en Somalie et à protéger le commerce sule arabique et l’Asie traverse la zone maritime située au large maritime. C’est pourquoi l’Allemagne porte un grand intérêt à de la Somalie et notamment le golfe d’Aden. En tant que pays la réalisation de cette opération et une participation active à exportateur, l’Allemagne attache une importance particulière celleci. à la sécurité des routes commerciales, d’autant plus qu’elle est également dépendante de l’importation de matières premières qui arrivent en grande partie par voie maritime. 96 L A B U N D E S W E H R E N O P E R AT I O N [1] ARABIE SAOUDITE OMAN ERYTHREE YEMEN DJIBOUTI ZONE D'OPERATIONS SOMALIE ETHIOPIE KENYA TANZANIE [2] [1] Des pirates sont embarqués sur la frégate « RheinlandPfalz » à l’issue de leur capture, 3 mars 2009 (IMZ Bw) [2] Théâtre d'opérations de l’opération Atalanta (Bundeswehr) LES MISSIONS ACTUELLES DE LA BUNDESWEHR 97 Entretiens avec des réfugiés dans le camp de Jebel Aulia, 3 avril 2006 (IMZ Bw/Rott) MISSIONS D’OBSERVATION ACTUELLES DE LA BUNDESWEHR 7 Entretiens avec des réfugiés dans le camp de Jebel Aulia, 3 avril 2006 (IMZ Bw/Rott) 7.1 Soudan : UNMIS 7.2 Soudan : AMIS/UNAMID M I S S I O N S D ’ O B S E R VAT I O N A C T U E L L E S D E L A B U N D E S W E H R 99 7 M I S S I O N S D ’ O B S E RVAT I O N A C T U E L L E S D E L A B U N D E S W E H R 7.1 Soudan : UNMIS Le Soudan, le plus grand pays d’Afrique, est ébranlé par plusieurs longues guerres civiles régionales qui ont des origines ethniques, religieuses et économiques. La guerre qui sévit dans le sud du Soudan a commencé dans les années 1980 lorsqu’un conflit entre la partie nord, en grande partie arabomusulmane, et la partie sud, chrétienne et pluriethnique, a été aggravé par une dispute concernant l’exploitation de riches gisements pétrolifères. Dans sa résolution 1590 (2005) adoptée le 24 mars 2005, le Conseil de sécurité des Nations unies a décidé la création de la mission UNMIS (United Nations Mission in Sudan) au Soudan. [1] Cette mission fait partie d’un engagement de grande envergure de la part des NU au Soudan et vise à observer le respect de l’accord de paix global signé à Nairobi le 9 janvier 2005 entre le gouvernement soudanais et le Mouvement populaire de africaine (UA) et des NU au Soudan/Darfour et coordonner avec libération du Sud du Soudan (SPLA/M2). Cet accord a mis fin à cellesci le redoublement des efforts déployés pour encourager une guerre civile sanglante qui durait depuis plusieurs dizaines la paix au Darfour. d’années et qui avait causé près de 2 millions de victimes et déplacé environ 4 millions de personnes à l’intérieur du pays. En sus, l’UNMIS est autorisée en vertu du chapitre VII de la Dans le cadre de la mission UNMIS, 10 000 militaires au Charte des NU à garantir la protection du personnel, des installa maximum sont déployés. Ce contingent est secondé par une tions et du matériel ainsi que la sécurité et la libre circulation du composante civile qui participe à la mise en place de structures personnel des NU, des organismes humanitaires et du personnel démocratiques s’inspirant des principes de l’Etat de droit. En des commissions de surveillance, constituées de membres des 2005, les NU ont formellement sollicité, à plusieurs reprises, anciennes parties au conflit et de personnel des NU. De la même le concours du gouvernement fédéral. Pour la première fois, le façon, l’UNMIS est autorisée, sans préjudice de la responsabilité 22 avril 2005, le Bundestag allemand a approuvé l’envoi d’un du gouvernement soudanais, à protéger les civils rencontrés maximum de 75 soldats. sous menace imminente de violence physique. L’UNMIS est également chargée de soutenir les anciens belligérants dans la La mission, définie dans les résolutions pertinentes du Conseil promotion des principes de l’Etat de droit et le maintien des de sécurité des NU, consiste à contrôler, de concert avec les droits de l’homme. anciennes parties au conflit, l’observation de l’accord de paix de Nairobi et à apporter un soutien au programme de La contribution de l’Allemagne à la mission UNMIS représente désarmement, de démobilisation et de réintégration des anciens le plus grand apport provenant d’un seul pays quant aux combattants ainsi qu’aux programmes des NU mis en place dans observateurs militaires et l’une des plus importantes parmi la région. Il s’agit notamment d’aider les anciens belligérants celles qui émanent des nations européennes dans le cadre global à mettre en place des projets de déminage humanitaire et à de la mission. En mars 2009, 35 militaires allemands étaient organiser un corps de police civile. En outre, l’UNMIS doit se engagés dans le cadre de l’UNMIS. tenir en rapport étroit avec la mission commune de l’Union 2 100 Sudanese People’s Liberation Army/Movement L A B U N D E S W E H R E N O P E R AT I O N [2] [1] Des observateurs des NU participent à la mission UNMIS lors de la diffusion des ordres au camp de Rumbek/SudSoudan, 5 avril 2006 (IMZ Bw/Rott) [2] Un observateur allemand des NU en compagnie d’enfants réfugiés au camp de Jebel Aulia, 3 avril 2006 (IMZ Bw/Rott) M I S S I O N S D ’ O B S E R VAT I O N A C T U E L L E S D E L A B U N D E S W E H R 101 7 M I S S I O N S D ’ O B S E RVAT I O N A C T U E L L E S D E L A B U N D E S W E H R 7.2 Soudan: AMIS/UNAMID [1] Le Darfour, région située à l’ouest du Soudan, constitue un L’axe majeur de l’OTAN reposait sur le soutien apporté lors autre foyer de crise. Le conflit, qui a fini par prendre la forme de transferts stratégiques de contingents africains de l’AMIS d’un nettoyage ethnique, pour accéder au pouvoir politique et le renforcement de la capacité de commandement de l’UA et maîtriser les facteurs économiques, entre la population (« Capacity Building »). africaine du Darfour et, principalement, la milice arabe à cheval « djandjaouid », soutenue par le gouvernement soudanais, L’aide fournie par l’UE a principalement porté sur les secteurs a coûté la vie à plus de 250 000 personnes et est à l’origine de police (formation et conseil) et armée (transport aérien, postes l’exode de plus de 3 millions d’habitants. Parallèlement à cette d’étatmajor logistique, aide à l’équipement, conseil en planifi crise intérieure au Soudan, le conflit qui règne au Tchad ne cation, observateurs militaires, surveillance aérienne). Tout laisse pas d’exercer son influence sur le Darfour. La décision d’abord, il s’agissait de transferts et de remplacements de d’envoyer l’AMIS (African Union Mission in Sudan), qui a pour troupes en ayant recours à des capacités de transport aérien but d’observer le respect de l’accord de cessezlefeu conclu fournies par les nations ou prises à bail. D’autres prestations à N’Djamena (Tchad) entre le gouvernement soudanais et les visaient à renforcer la faculté de l’UA de prendre en charge des groupes de rebelles « Armée/Mouvement de libération du responsabilités. Par ailleurs, l’UE a fourni 28 officiers destinés Soudan » (A/MLS3) et « Mouvement pour la justice et l’égalité » aux étatsmajors opérationnels de l’AMIS pour l’aide logistique 4 (JEM ), a été prise par l’UA le 28 mai 2004 au Darfour. et 16 observateurs militaires. L’AMIS a reçu le soutien de l’UE (à partir de juillet 2005) et En se référant aux résolutions 1556 (2004) et 1564 (2004) de l’OTAN (à partir de juin 2005) au niveau du transport adoptées par le Conseil de sécurité des Nations unies les aérien stratégique, de la formation, de la planification et de 30 juillet et 18 septembre 2004, le Bundestag a mandaté, le l’équipement. 3 décembre 2004, la Bundeswehr afin qu’elle fournisse un soutien à l’AMIS. Depuis décembre 2004, une contribution essentielle de [1] Des militaires de l’Union africaine (AMIS) descendent d’un Airbus allemand à N’Djamena pour changer d’avion, 20 novembre 2004 (IMZ Bw/Treybig) l’Allemagne à la mission AMIS a résidé dans l’aide régulière apportée lors du remplacement des troupes du contingent africain, soit en ayant recours à des véhicules de la Bundeswehr, soit en prenant à bail des capacités de transport aérien civil. 3 4 102 Sudan Liberation Army/Movement Justice and Equality Movement L A B U N D E S W E H R E N O P E R AT I O N EGYPTE ARABIE SAOUDITE LIBYE Depuis le 1er janvier 2008, l’UNAMID (African Union/United Nations Hybrid Operation in Darfur) a pris la relève de l’AMIS au Darfour. Etant donné que l’AMIS n’avait pu atteindre les SOUDAN objectifs fixés, le gouvernement soudanais a accepté en été 2007 le stationnement d’une « mission hybride » UA/NU TCHAD composée de 19 500 militaires masculins et féminins au ERYTHREE Khartoum maximum ainsi que de deux composantes policière et civile. Sur le plan du droit international, la base en est la RCSNU 1769 AlFacher du 31 juillet 2007. La tâche essentielle de l’UNAMID est de continuer à mettre en application, sans délai et de manière efficace, l’accord de paix au Darfour ainsi que les conclusions issues des négociations de paix menées sous la direction des envoyés spéciaux des Nations unies et de l’Union africaine. ETHIOPIE L’UNAMID doit assurer, outre sa propre défense, la protection REPUBLIQUE CENTRAFRICAINE de la population civile en proie à des coups de main armés. Pour ce faire, la mission peut se prévaloir d’un mandat solide REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO en vertu du chapitre VII de la Charte des Nations unies. OUGANDA KENYA Darfour Le mandat allemand pour la participation à l’UNAMID, adopté le SudSoudan 15 novembre 2007 par le Bundestag et prévoit une implication de 250 militaires au maximum dans les secteurs suivants : > Transport aérien stratégique, > personnel individuel affecté aux organes de commandement Près de la moitié de tous les remplacements de contingent (rotations) est effectuée en collaboration avec la France. Il s’agit et quartiers généraux formés dans le cadre de l’UNAMID, concrètement de l’utilisation de la base française de N’Djamena > experts chargés de tâches de liaison, de conseil et de soutien, au Tchad, de l’emploi en commun d’engins aériens allemands et > aide à l’équipement technique et à la formation visant les français ou même du financement commun des rotations. Au nations qui envoient des troupes et total, l’Allemagne a participé directement ou indirectement à > sûreté rapprochée et aide d’urgence. huit remplacements de contingent. L’Allemagne envoie des experts destinés à l’étatmajor du Malgré l’aide apportée par la communauté internationale, les quartier général de l’UNAMID basé à AlFacher (situation en quelque 8 500 militaires et policiers déployés durant la phase mai 2009 : 3 militaires allemands) et continuera d’assurer le finale de l’AMIS n’ont pu obtenir une amélioration durable de la transport aérien lors de relais de personnel du contingent situation humanitaire et sécuritaire. Après de longs pourparlers des Etats contributeurs de troupes. diplomatiques, les Nations unies et l’Union africaine ont donc décidé, avec l’assentiment du gouvernement soudanais, de mettre en place la mission de paix UNAMID, conduite en commun par l’UA et les NU. M I S S I O N S D ’ O B S E R VAT I O N A C T U E L L E S D E L A B U N D E S W E H R 103 Drapeau sur le toit du Bundestag à Berlin, 15 juillet 2003, (IMZ Bw/Stollberg) PREVENTION NATIONALE DES CRISES/GROUPES DE SOUTIEN EN CAS DE CRISE 8 Drapeau sur le toit du Bundestag à Berlin, 15 juillet 2003, (IMZ Bw/Stollberg) P R E V E N T I O N N AT I O N A L E D E S C R I S E S / G R O U P E S D E S O U T I E N E N C A S D E C R I S E 105 8 P R E V E N T I O N N AT I O N A L E D E S C R I S E S / G R O U P E S D E S O U T I E N E N C A S D E C R I S E L’Allemagne est consciente de sa responsabilité visàvis de la Selon la situation, les KUT sont composés de quelques militaires protection de ses ressortissants à l’étranger et en mesure de les et de membres du ministère des Affaires étrangères et conseil évacuer d’un milieu peu sûr situé en zone de crise. Pour effectuer lent sur place le directeur de la représentation diplomatique des opérations de sauvetage et d’évacuation, la Bundeswehr allemande respective et ses collaborateurs. En temps de crise, dispose de forces spécialisées. et si nécessaire, les groupes de soutien apportent une aide active lors de l’évacuation de ressortissants allemands, voire de Dans le cadre de la prévention des crises affectant les représen ressortissants de l’UE et d’autres pays, qui dépendent de cette tations diplomatiques à l’étranger et des mesures préventives aide ou qui en ont fait la demande auprès de l’ambassade ayant pour but de protéger les ressortissants allemands se d’Allemagne. Le groupe de soutien procède constamment à trouvant à l’étranger, le ministère fédéral des Affaires étrangères une évaluation de la situation, se tient en contact avec les Etats et le ministère fédéral de la Défense ont conclu, en l’an 2000, partenaires, développe et vérifie en permanence les options un accord interministériel concernant « l’envoi de groupes de d’action et assure ou coordonne l’aide médicale. soutien en temps de crise » (Krisenunterstützungsteam, KUT) auprès des représentations diplomatiques allemandes à Depuis qu’on a décidé, en 2002, d’envoyer des KUT auprès des l’étranger » et, par la suite, un accord relatif à la mise en œuvre représentations diplomatiques allemandes à l’étranger, plus de d’un système d’information de prévention des crises. 50 missions ont été effectuées dans presque 90 pays différents. Il a été procédé à des évacuations de ressortissants, entre autres, L’objectif poursuivi par l'emploi des KUT est d’élaborer la meil en Bolivie, en Côte d’Ivoire et, récemment, au Liban. leure protection des ressortissants allemands à l’étranger en cas de situations de crise. Pour y parvenir, il s’agit surtout d’apporter Grâce à l’introduction du système de KUT et à la création d’une un conseil approprié aux ambassades concernées, de rassembler banque de données pour prévenir les crises, tant le ministère les informations pertinentes dans les régions menacées de crise fédéral de la Défense que le ministère fédéral des Affaires et d’élaborer une planification et une préparation préventives étrangères disposent d’un instrument de prévention et de de mesures d’évacuation en temps de crise aiguë. Pour atteindre maîtrise des crises qui permet aux deux ministères de réagir ce but, l’expertise disponible aux ministères fédéraux des Affaires rapidement et de façon informelle dans le monde entier en cas étrangères et de la Défense est mise à contribution de la façon de crise et de développement de crise. La mise en service de la plus appropriée et fédérée dans les KUT, qui alors, de manière ces groupes de soutien a fait preuve de ses qualités pardelà les préventive, sont mis en action dans les Etats dans lesquels une domaines de compétence ministérielle. crise semble possible, est prête à se déclencher ou s’est déjà déclarée. Au cours de la planification annuelle en matière de prévention des crises ou à la demande du ministère fédéral des Affaires étrangères, les groupes de soutien sont envoyés auprès des représentations diplomatiques allemandes à l’étranger lorsqu’une crise est en train ou sur le point de se développer. La durée de l’intervention dépend de la situation sur le terrain, mais en général ne dépasse pas quelques jours. L’envoi sur place de KUT ne correspond pas à une intervention armée de forces militaires allemandes à l’étranger, mais à l’envoi de personnels ayant le statut diplomatique issus de différents ministères en vue d’apporter conseil aux représentations diplomatiques respectives situées à l’étranger. De ce fait, l’accord du parlement n'est pas obligatoire. Les membres d’un groupe de soutien sont placés sous les ordres de l’ambassadeur concerné. 106 L A B U N D E S W E H R E N O P E R AT I O N [1] [1] Des membres de la division des opérations spéciales sont prêts à intervenir dans le cadre d’opérations de sauvetage, d’évacuation et de protection, 31 janvier 2006 (PIZ Heer/Bannert) P R É V E N T I O N N AT I O N A L E D E S C R I S E S / G R O U P E S D E S O U T I E N E N C A S D E C R I S E 107 Un signe visible de remerciement : la médaille de la Bundeswehr pour militaires ayant servi en opération extérieure (Bundeswehr) DISTINCTIONS POUR DEPLOIEMENTS A L’ETRANGER 9 Un signe visible de remerciement : la médaille de la Bundeswehr pour militaires ayant servi en opération extérieure (Bundeswehr) 9.1 Médaille de la Bundeswehr pour militaires ayant servi en opération extérieure 9.2 Croix d’honneur de la Bundeswehr pour actes de bravoure D I S T I N C T I O N S P O U R D E P L O I E M E N T S A L’ E T R A N G E R 109 9 D I S T I N C T I O N S P O U R D E P L O I E M E N T S A L’ E T R A N G E R 9.1 Médaille pour mili taires ayant servi en opération extérieure Le 26 juin 1996, au cours d’une cérémonie organisée à Bonn, La médaille de la Bundeswehr pour militaires ayant servi en le ministre fédéral de la Défense Volker Rühe a procédé à la opération extérieure est décernée aux participants à des actions remise des premières médailles de la Bundeswehr pour militaires humanitaires et des opérations de maintien ou de rétablissement ayant servi en opération extérieure. Il a décerné à 26 militaires de la paix à l’étranger. Cette médaille, qui comporte trois échelons, masculins et féminins, des réservistes et des employés civils la est faite de métal bronzé, argenté ou doré et présente sur son récompense, créée par lui en avril 1996, pour leur engagement avers l’aigle, emblème de la République fédérale d’Allemagne, sous statut militaire sur les Balkans, en BosnieHerzégovine entouré d’une couronne de laurier. Le ruban, aux couleurs (IFOR). Ces personnes ont été les premières à recevoir cet insigne, nationales (noir, rouge et or), est assorti d’une agrafe qui spécifie ce qui montre de manière particulièrement visible que les forces la mission. Jusqu’à présent, il existe 35 agrafes correspondant aux armées sont passées d’un corps procurant une formation mili 35 opérations/missions à l’étranger dans lesquelles la Bundeswehr taire à une armée en opération. Outre cette médaille, il existe a été engagée. Elles vont de l’intervention au Kosovo (KFOR), en une seconde décoration militaire, décernée en particulier aux passant par l’opération antiterroriste de la marine allemande dans membres de la Bundeswehr en mission à l’étranger : la croix la région de la Corne de l’Afrique (Enduring Freedom), l’aide d’honneur de la Bundeswehr pour actes de bravoure, distinction militaire fournie lors du tsunami en Indonésie (Aceh) et du trem créée par le ministre fédéral de la Défense Dr. Franz Josef Jung. blement de terre au Pakistan (Swift Relief), à l’affectation de militaires à des missions effectuées par les Nations unies, par exemple au Soudan/Darfour (UNAMID) jusqu’à l’intervention en Afghanistan dans le cadre de l’ISAF (International Security Assistance Force). En février 2009, le ministre fédéral de la Défense a accordé la 35e agrafe dans le cadre de l’opération Atalanta conduite avec la participation de la marine allemande pour lutter contre la piraterie au large des côtes somaliennes. La médaille pour militaires ayant servi en opération extérieure, tous échelons confondus, a été décernée jusqu’ici plus de 200 000 fois. Depuis 2004, la participation réitérée à la même mission peut être récompensée par l’attribution des nouveaux échelons argent et or de la médaille. La médaille en bronze continue d’être décernée après 30 jours de service dans une opération à l’étranger, celle en argent est remise après 360 jours de service et celle en or après 690 jours. Il n’est pas obligatoire que ce service ait été effectué en une seule et même fois. En 2003, le président fédéral Johannes Rau a approuvé la modification correspondante du décret de création. Jusqu’à présent, il y a 4 969 titulaires de la médaille en argent et 273 de la médaille en or (situation au 20 avril 2009). En outre, le décret de création a été complété pour que les membres de forces armées étrangères puissent être récompensés. Ils peuvent recevoir une distinction en raison de services exceptionnels rendus à la Bundeswehr pendant des opérations à l’étranger. 110 L A B U N D E S W E H R E N O P E R AT I O N [1] [2] [3] [4] [1] Médaille IFOR (Bundeswehr) [2] Médaille SFOR en argent (Bundeswehr) [3] Médaille SFOR en or (Bundeswehr) [4] Médaille Atalanta (Bundeswehr) D I S T I N C T I O N S P O U R D E P L O I E M E N T S A L’ E T R A N G E R 111 9 D I S T I N C T I O N S P O U R D E P L O I E M E N T S A L’ E T R A N G E R 9.2 Croix d’honneur pour actes de bravoure [1] [1] Remise des médailles KFOR de la Bundeswehr et de l'OTAN au contingent allemand KFOR, mai 2006 (Bundeswehr) Les nouveaux échelons (argent et or) remontent à l’initiative du Le 13 août 2008, le ministre fédéral de la Défense Dr. Franz Josef Commandement des forces terrestres à Coblence. Ils tiennent Jung a créé, comme cinquième et nouveau degré de distinction, compte du fait que, depuis la création de la médaille en 1996, la croix d’honneur de la Bundeswehr pour actes de bravoure. Le le nombre des opérations a augmenté dans une mesure qui 18 septembre 2008, le président fédéral Horst Köhler a approuvé n’était absolument pas prévisible. Suite aux événements du cette récompense de la Bundeswehr pour actes de bravoure. Le 11 septembre 2001, les opérations internationales dans lesquelles 10 octobre 2008, la révision du décret de création a été publiée la Bundeswehr a été engagée ont pris une dimension encore dans les deux journaux officiels Bundesanzeiger et Bundesgesetz plus importante. Pendant les opérations, les exigences aussi ont blatt et, de ce fait, est entrée en vigueur. Depuis lors, il est possible augmenté et, surtout, sont devenues multiples. De nombreux de rendre hommage aux militaires qui a ont fait preuve d’actes militaires et des civils ont déjà participé à plusieurs opérations et d’une bravoure exceptionnelle allant bien audelà de ce qu’exige assumé les risques et supporté les contraintes de telles missions. la loi relative au statut des militaires. Aux termes du § 7 de cette De manière générale, les décorations sont remises dans le pays loi, la vaillance fait partie des devoirs élémentaires d’un soldat, d’engagement par les commandants locaux au cours d’une homme ou femme. Ils prêtent serment, ou promettent solennel cérémonie militaire qui a lieu juste avant le retour vers la terre lement, de « défendre vaillamment le droit et la liberté du peuple natale. allemand ». Il n’existe rien de comparable dans les autres corps de La médaille pour militaires ayant servi en opération extérieure d’une exposition au danger de sa propre intégrité corporelle. métier. Ceci inclut de prime abord l’acceptation tacite du principe est une distinction nationale qui a reçu l’approbation du président fédéral et qui est conforme aux dispositions de la loi La fréquence de plus en plus rapprochée des opérations extérieu sur les titres, ordres et insignes datant du 26 juillet 1957. res conduites sur le plan mondial avec la participation de la Bundeswehr est à l’origine de la création de la croix d’honneur de la Bundeswehr pour actes exceptionnels de bravoure. Ces missions internationales posent de hautes exigences et présen tent un danger pour la vie et la santé des soldats. Depuis la 112 L A B U N D E S W E H R E N O P E R AT I O N [1] [2] [3] [1] Croix d’honneur de la Bundeswehr pour actes de bravoure (Bundeswehr) [2] Croix d’honneur de la Bundeswehr pour actes [3] Croix d’honneur de la Bundeswehr pour actes de grand mérite, notamment pour des actions individuelles remarquables lors de l’accomplisse ment du devoir militaire au risque de l’intégrité corporelle de la personne ou de sa vie (Bundeswehr) de grand mérite, notamment pour des actions individuelles remarquables lors de l’accomplis sement du devoir militaire sans risques pour l’intégrité corporelle de la personne ou sa vie (Bundeswehr) participation de l’Allemagne aux opérations aériennes de l’OTAN lui incombait. Le cas échéant, il faut également présenter le style au Kosovo contre la Serbie en 1999, les messages adressés par des de commandement exceptionnel mis au jour dans la situation députés, les remarques exprimées sur Internet, des pétitions desti concrète de la mission ainsi que le mode d’action indépendant, nées au Bundestag, les commentaires des associations de person résolu et couronné de succès, adopté dans une situation incertai nel de réserve et des publications dans la presse ont montré que ne. les citoyens et citoyennes, les hommes et femmes politiques et les médias approuvent l’attribution d’une distinction pour récom La révision du décret de création datant du 13 août 2008 a enrichi penser le courage. Un signe clair et net fut donné le 13 décembre les cinq degrés de distinction, en sus de la récompense pour actes 2007 par la commission des pétitions du Bundestag : Les députés de bravoure, de deux autres décorations spéciales : la croix d’hon ont accueilli positivement la résolution recommandée par la neur en argent bordée d’émail rouge pour services exceptionnels, commission, qui prévoyait d’examiner la reconnaissance des en particulier actions individuelles remarquables sans risques pour services particulièrement remarquables rendus par des membres l’intégrité corporelle de la personne ou sa vie, et la croix d’honneur des forces armées en leur décernant un insigne de bravoure. en or bordée d’émail rouge pour services rendus au risque de l’intégrité corporelle de la personne ou de sa vie. De cette manière, Toute proposition de remise d’une croix d’honneur de la Bundes et à la différence du passé, les croix d’honneur se voient rehaussées wehr pour actes de bravoure doit être justifiée par écrit. Il doit de l’extérieur et se distinguent de celles qui sont décernées pour ressortir de manière claire et nette de cette justification que les fidèle accomplissement du devoir et services rendus dépassant la actes méritoires dépassent de beaucoup ce que l’on peut atten moyenne. dre de la « vaillance élémentaire » (devoir de base stipulé au § 7 de la loi sur le statut des militaires). Il faut décrire concrètement L’hommage rendu en décernant la médaille pour militaires ayant dans quelle mesure la personne a dû faire montre d’un compor servi en opération extérieure ou la croix d’honneur pour actes de tement courageux et d’une maîtrise de la peur, tout en mettant bravoure ne constitue pas une distinction matérielle, mais corre en grand danger sa vie et sa santé, pour remplir avec endurance spond à un geste significatif hautement symbolique en tant que et patience et dans le respect de la morale la mission militaire qui preuve tangible de gratitude et de reconnaissance. . D I S T I N C T I O N S P O U R D E P L O I E M E N T S A L’ E T R A N G E R 113 A l'intérieur du Mémorial se trouve une salle du silence : la Cella (IMZ Bw/Bienert) LE MEMORIAL DE LA BUNDESWEHR 10 A l'intérieur du Mémorial se trouve une salle du silence : la Cella (IMZ Bw/Bienert) Les militaires de la Bundeswehr se sont engagés par leur serment C’est pour cette raison que le ministre fédéral de la Défense à servir loyalement la République fédérale d'Allemagne et, sur la Dr. Franz Josef Jung avait décidé d’ériger au second siège du base de notre ordre constitutionnel, à défendre vaillamment le ministère, en plein cœur de Berlin, un mémorial dont la première droit et la liberté du peuple allemand. Cela implique également pierre fut posée le 27 novembre 2008. L’inauguration a eu lieu en dernière instance de risquer son intégrité corporelle ou sa vie. le 8 septembre 2009. L’emplacement a été sciemment choisi : Depuis la mise sur pied de la Bundeswehr en 1955, plus de 3 100 les principales décisions du parlement et du gouvernement sont militaires et civils sont morts pour notre pays dans l’exercice de prises à Berlin et mises en œuvre pour la Bundeswehr au siège leurs fonctions, ce chiffre comprenant aussi les décès dans le du ministère fédéral de la Défense de Berlin, à savoir au Bendler cadre des opérations extérieures. block. Honorer la mémoire des personnes qui ont perdu leur vie lors Le Mémorial permet de rendre hommage à tous les membres de de leur engagement pour la communauté est considéré au sein la Bundeswehr : aux militaires, aux membres de l’administration de toutes les sociétés comme un devoir collectif et fait partie de la défense ou à d’autres personnels civils qui ont donné leur intégrante de l'identité culturelle. Les forces armées rendent vie pour notre pays lors de l’exercice direct ou indirect de leurs hommage à leurs soldats disparus dans différents lieux commé fonctions. Les différentes formes de service peuvent ainsi être moratifs : l’armée de terre à Coblence, l’armée de l’air à Fürsten honorées dans l’esprit d’une identité professionnelle commune feldbruck et la marine à Laboe. Jusqu’à présent, il manquait à tous les membres de la Bundeswehr. toutefois un lieu central permettant d’honorer dans un cadre digne la mémoire de l’ensemble des membres de la Bundeswehr, A l’intérieur du Mémorial, on peut lire la dédicace suivante qui militaires ou civils, morts pour la République fédérale d’Allemagne résume l’idée maîtresse de ce monument : « Aux membres de dans l’exercice de leurs fonctions. notre Bundeswehr morts pour la paix, le droit et la liberté ». LE MEMORIAL DE LA BUNDESWEHR 115 MENTIONS LEGALES Editeur Bundesministerium der Verteidigung Stauffenbergstraße 18 10785 Berlin Situation Juin 2009 (2 ème édition) Conception Gratzfeld, Wesseling Crédits photographiques : > AMM (Aceh Monitoring Mission) > BPA (Office de presse et d’information du gouvernement fédéral) > Bundesbildstelle (Photothèque fédérale) > Bundesministerium der Verteidigung (Ministère fédéral de la Défense) > Bundeswehr > Deutscher Bundestag/Bildarchiv (Bundestag/ photothèque) > dpa (Agence de presse allemande) > Einsatzführungskommando (Commandement opérationnel de la Bundeswehr) > IMZ Bw (Centre d’information et de médias de la Bundeswehr) > PIZ Heer (Centre d'information et de la presse de l’armée de terre) > SZ Photo (Süddeutsche Zeitung/photothèque) > ullstein bild/Fotoagentur imo (ullstein bild/ agence photo imo) Impression Köllen Druck+Verlag GmbH, Bonn Informations complémentaires sur le web : www.bmvg.de www.bundeswehr.de www.weissbuch.de www.einsatz.bundeswehr.de Cette publication a été élaborée dans le cadre du travail d’information du ministère fédéral de la Défense. Elle est distribuée gratuitement et n'est pas destinée à la vente. 116 MENTIONS LEGALES