5 – Comment la ville se transforme-t

Transcription

5 – Comment la ville se transforme-t
Addis-Abeba, la « Nouvelle fleur ».
Lycée franco-éthiopien Guebre-Mariam, Addis-Abeba, Éthiopie. Textes et documents pour les
enseignants des classes de CE1, CE2, CM1 et CM2, Pascal Bellier, printemps 2015.
5 – Comment la ville se transforme-t-elle durant les années 1920 et la première moitié des années 1930 ?
1913, Ménélik II est officiellement mort. Après l'intermède de Iyassou (1913-1916), Zawditou, la fille de
Ménélik, devient impératrice en 1916 (elle sera couronnée en février 1917) et Ras Tafari régent de l'empire. Ce dernier,
négus (roi) depuis 1928, devient l'empereur Haïlé Sélassié I au lendemain de la mort de Zawditou le 02 avril 1930, et se
fera couronner le 02 novembre 1930, le temps d'aménager la ville pour impressionner les visiteurs étrangers.
La ville désormais organisée suivant trois bandes nord-sud (Arada-Piazza à l'ouest, le guebbi au centre, les
ambassades à l'est) se développe vers le sud, surtout depuis l'arrivée du chemin de fer en 1917. De plus en plus de
maisons rectangulaires sont construites en pierre, souvent à deux étages, essentiellement dans le quartier Arada-Piazza,
et de nombreux bâtiments publics et privés sont bâtis (la liste suivante n'est absolument pas exhaustive, et comporte
certainement des erreurs, n'en doutons pas).
1
2
Écoles : l'école Tafari Makonnen au nord de l'ambassade d'Égypte en 1925, inaugurée en 1928 (aujourd'hui Entoto
3
Technical and Vocational Training College) ; le Lycée Haïlé Sélassié I à l'ouest de l'ambassade de Russie en 1930
4
(aujourd'hui Kokebe Tsebah Secondary and Comprehensive School) ; l'école de filles Itegue Menen au nord ouest
de Sidist Kilo en 1931 (aujourd'hui Yekatit 12 Preparatory School) ; l'école Medhane Alem ouverte en 1931 et
rebaptisée au tout début des années 1940 Balabat School, puisqu'elle accueillait les enfants des « chefs de clans » des
régions Borana, Somali, Kaffa, Asossa... (aujourd'hui Medehane Alem Secondary and Comprehensive School, située à
5
l'ouest de l'hôpital Saint Paul, à Gulele, au nord ouest d'Addis-Abeba) ; l'école nationale arménienne Kevorkoff en
1935 à proximité de l'église arménienne, entre Arada-Piazza et Arat Kilo (aujourd'hui école publique éthiopienne à
1 « La création du Lycée Tafari va complètement bouleverser le système de l'enseignement en Éthiopie. On va y prendre les enfants pour en faire
des citoyens, conception inconnue encore aujourd'hui en Éthiopie. Demain, pense l'Empereur, ces enfants seront les artisans les plus acharnés et
les plus désintéressés de l'unité abyssine. C'est pourquoi tous les élèves du Lycée sont choisis par l'Empereur lui-même. Il est certain que plusieurs
d'entre-eux ne doivent d'être au Lycée Tafari qu'au fait qu'ils sont les fils de quelques ras ou de de quelques chefs influents que le Négus désire
s'attacher. Mais la grande majorité des élèves sont des enfants pauvres auxquels l'Empereur donne une bourse, sous forme d'un salaire versé à
leurs parents, pour qu'ils puissent s'instruire. Ceux qui se distinguent par leur application et par leur intelligence sont ensuite envoyés en Europe,
en Amérique et surtout en Égypte. » Maurice Lachin et Dimitry Weliachew, L'Éthiopie et son destin, Gallimard, Paris, 1935, page 143.
2 « Distribution des prix au Lycée Taffari Makonnen, samedi 4 juillet 1931, sous l'auguste Patronage de S.M. l'Empereur Haïlé Sélassié 1.Cette
solennité avait réuni beaucoup de monde, les grands dignitaires de la Cour éthiopienne, divers membres du Corps diplomatique, les parents et
amis des élèves, membres des missions établies à Addis abeba et tous ceux ceux qui s'intéressent à l'avenir de cet établissement. Un magnifique
programme composé pour faire ressortir le fruit des études intéressa vivement l'assistance. (...) Dans la saynète du Petit Mousquetaire, la mise en
scène ne laissa rien à désirer et la prononciation du français fut parfaite. Dans les chants, deux voix se distinguèrent, celle du baryton Paolos
Badima et celle du jeune Carletto Gullino qui produisirent une grande impression sur l'assemblée. C'est bien la première fois que dans les classes
éthiopiennes ressortent des voix travaillées et dont le maître a obtenu une justesse absolue (...) Les même appréciations sont à répéter pour
l'opérette des Diables rouges qui obtint également un grand succès. Un choeur à quatre voix, en anglais, eut une exécution impeccable (...). Il fut
également donné, en langue anglaise, un acte de la grande tragédie de Shakespeare : Julius Caesar (...) Une mélodie en amharique, accompagnée
d'une flute fut scandée avec beaucoup de mesure par un groupe d'élèves. Puis une saynète en langue amharique amusa beaucoup l'assistance. La
distribution des prix fut partagée en deux séances : une pour la section française et l'autre pour la section anglaise (...). » Le Courrier d'Éthiopie,
seizième année, numéro 28, 10 juillet 1931 (rédacteur L. de Robillard, Addis-Abeba).
3 A ne pas confondre avec la Haile Sélassie I Secondary School créée en 1943 (cette école reprend alors un bâtiment italien qui était le siège de la
Agricultural Research Station, et sera transformée en 1968 en Kotobe College of Teacher Education).
4 « When the School was first founded by Her Imperial Majesty in 1931, it was for boarding students only, and on its opening date there where
about 50 pupils drawn mainly from high-ranking families in which the parents gratefully responded to the oppotunity presented to them for the
education of their daughters. The fees where $ 50 (Marie Theresa) each mount – quite a large sum of money. » The history of the Empress Menen
School, 1931-1956, in Commemoration of the Silver Jubilee, Addis Ababa, 1956, page 41.
5 « Matig Kévorkoff, riche concessionnaire de la Régie éthiopienne des tabacs, président du conseil des kaghoutayin et représentant de
l'éphémère République d'Arménie (1918-1920), qui construisit l'Ecole nationale arménienne Kévorkoff, en 1935 » Boris Adjemian, La fanfare
du négus, les Arméniens en Éthiopie (XIX-XXèmes siècles), Éditions de l'école des hautes études en sciences sociales, Paris, 2013, page 173.
quelques dizaines de mètres de l'école catholique pour filles Nazareth School, école ouverte en 1954)...
« Sans doute le Negus Negrest [l'Empereur] préféraitil exposer son programme de réformes ? « Notre
gouvernement s'est efforcé de créer partout des
écoles, des hôpitaux et des routes nous déclara [le
commissaire à la propagande] (...) » Les écoles
d'esclaves libérés ont pour but de fournir du travail à
des vagabonds qui seraient autrement un fléau de
l'Empire (...). Rien ne pouvait nous renseigner
davantage que l'école dont Sa Majesté Haïlé Sélassié
nous avait parlé : celle des enfants d'esclaves libérés
où garçons et fillettes plantaient des oignons,
empierraient des routes ou tissaient encore à la main.
» Paul Gilson, Le roi des rois, Célébrités d'hier et
d'aujourd'hui, numéro 2, Denoël et Steele, 1935 (45
pages), pages 15 à 17 (dans la même collection, des
biographies de Pétain, Mussolini, Staline...).
« L'atelier de menuiserie », photographie issue de
« L'asile des affranchis d'Addis-Abeba » dans le Voix
de L'Éthiopie, première année, numéro 2, août 1935
(revue disponible sur le site de Bibliothèque nationale
de France, via Gallica, 3 numéros en tout). J'ignore où
se situait cette école.
6
Hôpitaux : le George Memorial Hospital construit à Gulele au nord ouest d'Addis-Abeba à partir de 1922 (aujourd'hui
National Research Institute of Health, anciennement « Institut Pasteur ») ; le Bete Saida Hospital à Siddist Kilo en
7
1924 (aujourd'hui Yekatit 12 Hospital) ; l'hôpital italien au nord ouest d'Arada-Piazza en 1932 (aujourd'hui Ras Desta
8
Hospital) ; le Leprosery Hospital au sud ouest d'Addis-Abeba en 1932 (aujourd'hui un bâtiment du All Africa
Leprosy, Tuberculosis and Rehabilitation Training Centre, ou ALERT Hospital) ; l'hôpital des Adventistes du
9
septième jour à proximité de l'hôtel Finfine en 1934 (aujourd'hui Zawditou Hospital)...
10
Églises, mosquées : la mosquée Al-Anwar à Mercato en 1922 (la grande mosquée Anwar) ; l'église grecque
construite à Arada-Piazza entre 1922 et 1926 ; l'église Kuskoam au sud d'Entoto en 1926 ; l'église Yeka à l'est de
l'ambassade britannique en 1926-1927 ; l'église Ourael au sud de Casa Incis dans les années 1920 ; l'église Kidane
11
Mehret au sud d'Entoto au début des années 1930 ; l'église arménienne sur la route d'Arada-Piazza à Arat Kilo dont
6 Hôpital développé par Thomas Alexander Lambie, États-unien alors membre de l'Église presbytérienne d'Amérique du Nord et plus tard de la
Sudan Interior Mission. Il construisit également à Addis-Abeba le Leprosery Hospital.
7 Établissement créé par la Mission catholique italienne et nommé Ras Desta Hospital après guerre en hommage à Ras Desta Damtew, patriote
mort au combat en 1937, comme le Dedjazmatch Guebre Mariam Gari, mort également en 1937 face aux troupes italiennes (d'où le nom du
nouveau lycée créé en 1947 et ouvert en mars 1948 à Addis-Abeba, le Lycée franco-éthiopien Guebre-Mariam).
8 Hôpital nommé par la suite Princess Zänäbä Wärq Hospital avant de devenir ALERT Hospital. A ne pas confondre avec Princess Tsehai
Memorial Hospital construit en 1951, Armed Forces General Hospital depuis 1974.
9 Cet hôpital fut géré par l'Église des Adventistes du septième jour, Église états-unienne, avant d'être nationalisé en 1976.
10 La plus vieille mosquée d'Addis-Abeba est la mosquée Al-Nour (toute fin du XIXème siècle ?), détruite, et aujourd'hui reconstruite au même
emplacement, sur la route de l'Alliance éthio-française.
11 « La première pierre de l'église Saint-Georges-des-Arméniens à Addis-Abeba fut posée en 1928 par l'archevêque Aslanian, venu de
Constantinople. Appelée « Sourp Kévork », elle fut construite grâce à une donation de Mihran Mouradian (...) à la mémoire de son père, Kévork
12
la construction eut lieu de 1928 à 1930 et qui fut consacrée en 1935 ; l'église catholique Lideta sur la route de
l'Alliance éthio-française en 1933 ; l'église Kidist Sélassié (Holy Trinity Cathedral) à Arat Kilo dont la construction
débuta en 1933 et fut achevée après la libération en 1943...
Maisons privées : le palais de Ras Birrou Wolde Gabriel (si la construction débuta sous le règne de Ménélik II,
l'essentiel fut malgré tout construit dans les années 1920) aujourd'hui Addis Ababa Museum ; le palais de l'Abouna
(patriarche de l'Église éthiopienne) à Amist Kilo (mitoyen de l'église Sainte-Marie, Kidist Mariam) à la fin des années
1920...
Magasins, hôtels, industrie : le magasin de Mohammed Ali à Arada-Piazza au début des années 1920 (aujourd'hui la
« vieille poste » d'Arada-Piazza) ; le magasin Kevorkoff à Arada-Piazza en 1931 (aujourd'hui une banque, à côté du
13
restaurant Castelli) ; l'hôtel Badgelling, qui a échappé à l'incendie d'Arada-Piazza, donc antérieur à 1936 ; l'hôtel
Olympia sur la route d'Arada-Piazza à Arat Kilo (maison du Grec Dimitri Petro, ensuite night-club) en 1915 ; la
brasserie Saint-Georges à proximité de Mexico Square en 1922 (1915 selon le calendrier éthiopien)...
14
Bâtiments publics gouvernementaux : Berhannena Selam Printing Press en 1921 ou 1923 ; la gare en 1929
(bâtiment conçu par les architectes Lagrave et Barrias ; pose de la première pierre le 13 février 1928 et inauguration le
15
03 décembre 1929) ; le Parlement à Arat Kilo en achevé en 1934 (alors que la constitution fut adoptée en 1931) ; le
palais Leoul genet au nord ouest de Siddist Kilo en 1935 (bâtiment qui abrite aujourd'hui le musée ethnologique et
l'Institute of Ethiopian Studies, dans l'Université d'Addis-Abeba) ; le Hager Fikir Theatre à Arada-Piazza en 1935
(premier théâtre africain en Afrique) ; le ministère de l'éducation en 1935 (bâtiment aujourd'hui intégré à l'école
anglaise, Sandford School, dans le quartier Kabana)...
(d'où le nom du patron : saint Georges). Elle fut consacrée en 1935. » Les Boyadjian, photographes arméniens à la cour du Négus, Connaissance
des Arts, 2007.
12 Bâtiment désormais intégré à la Nativity Catholic Cathedral High Scool ou Lideta Catholic Cathedral School ouverte en 1953. « Cathédrale
catholique, rue Wavell-Tel. 1667. Construite en 1933. De style néo-roman. Desservie par les Prêtres Catholiques Éthiopiens. Offices le dimanche
en rite gheez à 6 h en rite latin à 9 h et à 10 h, en semaine à 6 h. » Guide Addis Abeba, français et anglais, Département de la Presse et de
l'Information, Merha Tebeb Printing Press, Addis Ababa, 1951-1952, page 108.
13 Cet incendie détruisit une grande partie de ce quartier quelques jours avant l'entrée des troupes italiennes dans la capitale le 05 mai 1936 :
l'hôtel est situé près du cinéma Empire, cinéma construit durant l'occupation italienne de 1936 à 1941, tout comme le cinéma Ethiopia,
anciennement cinéma Italia. « Addis-Abeba offrait un bien triste spectacle. Presque toutes les habitations et presque tous les magasins (ceux des
Européens en particulier) avaient été pillés et incendiés, les édifices publics avaient été détruits, les ghébis impériaux eux-mêmes dévastés. Même
les lions symbolisant l'empire déchu avaient été tués. Un vent de fureur sauvage et dévastatrice avait passé sur la ville où l'on voyait encore le plus
grand désordre. Aucun service organisé, des cadavres, des charognes, des meubles et des objets par-ci par-là. Impuissants ou complices, des
soldats de la garde impériale parcouraient la ville où les coups de fusil qui claquaient dans les rues montraient la persistance de la violence et du
désordre. Seules les légations, un petit nombre d'habitations de type européen défendues par quelques particuliers bien armés, la gare du chemin
de fer et quelques maisons éloignées du centre avaient échappé à la destruction. » Maréchal Badoglio, Commentaires sur la campagne d'Éthiopie,
Grasset, Paris, 1937, pages 223 et 224 (il faut avoir l'esprit que cette vision est celle de l'envahisseur qui cherche à montrer la « sauvagerie » des
Éthiopiens et à présenter positivement l'occupation italienne, synonyme d'ordre et de respect des biens et des personnes).
14 Le bâtiment actuel est situé à Arat Kilo, face au Tourist Hotel, et fut inauguré en 1966. « La première imprimerie connue à Addis-Abeba dont
la production soit attestée est l'Imprimerie éthiopienne que S. Wright date de « the end of the first decade of the twentieth century », au plus tard
donc de la fin de 1910. » Alain Rouaud, « Le Courrier d'Éthiopie (1913-1936) : un journal éthiopien en langue française », dans Proceedings of
the eleventh International Conference of Ethiopian Studies, Addis Ababa, 1991, page 713.
15 « The present Parliament Building was constructed in 1933, but was enlarged and redecorated in 1941. A clock tower was added later », Trade
directory and Guide book to Ethiopia, Information, Documentation and Press Department of the Addis Ababa chamber of commerce, Addis
Ababa, Ethiopia, 1967, page 45. La tour avec l'horloge fut, semble-t-il, ajoutée en 1955, 25 ans après le couronnement impérial. De nombreux
auteurs confondent l'année de la promulgation de la constitution en 1931, et l'année de la construction du bâtiment, du Parlement proprement dit
(de 1933 à 1935 selon les sources, 1934 selon la plupart).
Voici une liste de bâtiments construits à Addis-Abeba de 1917 à 1930, durant le règne de l'impératice Zewditu, selon les auteurs
de Historic buildings of Addis Ababa, preservation in town planning (Addis Ababa, january 1990).
Résidences de nobles : Bezunesh Habte Michael, Azag Terefe Wolde Gebrel, Dedjazmatch Habte Michael Yinadu, Siruk Hiruy,
Grazmach Haile Michael, Tsehafetiezaz Haile Wolde Rufie, Afenegus Atnafe, Bilata Sahle Tsedalu, Ras Kassa Hailu,
Dedjazmatch Gebre Sellassie Baryagabir, Tidenekialesh Wolde Giorgis, Fitaourari Atnafseged Wolde Giorgis, Ligaba Tasew
Walelu, Woizero Yimtubezina Habte, Ras Mulugeta Yigezu, Afenegus Atnafseged, Bilata Tesfaye Nake, Balambaras Berhane,
Asalafi Haile Michael Yimer, Wolde Michael Yimer, Kegnazmach Wolde Michael Desalegn, Ras Getachew Abata,
Dedjazmatch Wonderad Defabachew, Woizero Setegnalem Argaw, Dedjazmatch Debebe Andargachew, Dedjazmatch Ayalew
Birru, Dedjazmatch Admasu Birru, Tsehafetiezaz Gebre Sellassie Redi.
Résidences de non nobles : Livalerio Glass Work, Azalech Gobena, Hakim Negussie, Staff of Beta Saida Hospital, Mussie
Yacob, Tidenekialesh Wolde Giorgis, Hakim Workeneh.
Bâtiments publics : Etege Menen School, Teferi Mekonnen School, Bete Saida Hospital, Railway Station.
Voici une liste de bâtiments construits à Addis-Abeba de 1930 à 1935, durant le règne de l'empereur Haïlé Sélassié jusqu'à
l'invasion italienne, selon les auteurs de Historic buildings of Addis Ababa, preservation in town planning (Addis Ababa,
january 1990).
Résidences de nobles : Bilatengeta Lorenzo Tiezaz ; Ras Adefrisew ; Fitaourari Tessema Garedew ; Bilata Hiruy Wolde
Sellassie ; Dedjazmatch Asfaw Kebede ; Ras Mekonnen ; Prince Mekonnen ; Dedjazmatch Gebre Mariam ; Tsehafetiezaz
Wolde Giorgis ; Kegnazmach Mekonnen ; Dedjazmatch Letyibelu Gebre ; Woizero Askale Balcha ; Beszunesh Habte Michael ;
Fitaourari Mengesha Geneme.
Résidences de non nobles : Elias Papasinos ; Ahmed Salah ; Ashod Bogorian ; Aster Seyum ; (Berhane Public School) ;
Teshome Behre.
Bâtiment public : Parliament.
L'hôtel Olympia dans les années 1930 (les deux toits pyramidaux ont disparu par la suite), sur la route d'Arada-Piazza à Arat Kilo
(Adoua Street), à droite après le pont Makonnen en venant d'Arada-Piazza. L'hôtel Badgelling est à votre gauche (le bâtiment de
style indien) sur la photographie de droite, photographie de mars 1966.
« Depuis le temps de Ménélik, à la place des térébinthes, des sycomores et des oliviers sauvages, on a planté des eucalyptus qui
ont tout envahi et font de ce village africain une grande forêt, où l'on peut tantôt se croire perdu en plein cœur de l'Afrique, et
tantôt égaré dans un lotissement de banlieue, car au bord de la route qui traverse de part en part les enclos, des mercantis de
toute espèce, Grecs, Italiens, Géorgiens, Arméniens, Arabes et Hindous, ont construit des boutiques, bars, dancings, hôtels,
cinémas, un tas de bâtisses hétéroclites qui ont l'air misérable, précaire et désolé, de toutes les choses que l'Orient veut
emprunter à l'Europe. » Jérôme et Jean Tharaud, Le passant d'Éthiopie, Plon, Paris, 1936, pages 80 et 81.
Le magasin Kevorkoff à Arada-Piazza, l'hôpital italien et la cathédrale catholique Lideta (photographies des années 1930).
Minaret de la mosquée Al-Nour et l'église arménienne (photographies des années 1930).
Le Parlement (carte postale des années 1950-160) et le nouveau palais impérial inauguré en 1935 (photographie non datée).
La brasserie Saint-Georges à Addis-Abeba (photographie non datée) et le marché d'Arada-Piazza en 1931.
Addis-Abeba au début des années 1930 ; « Addis-Abbeba, l'empereur Ménélick arrivant aux courses », 1911 (Jan Meda ouvert en
1903, qui servira également d'aéroport) ; magasin de photographe (photographie non datée).
16
La ville s'est modernisée durant les années 1920 et jusqu'à l'invasion italienne : pour gérer la circulation
automobile, une police spéciale est créée en 1924 ou 1925, des routes sont asphaltées et de nouvelles sont dessinées ;
l'éclairage public est installé le long de certaines avenues ; la gare est inaugurée le 03 décembre 1929, tout comme la
statue du Lion de Judah devant cette dernière inaugurée le même jour ; la fontaine en l'honneur du ras Makonnen est
17
construite au début des années 1930 ...
Pour le couronnement de Ras Tafari en novembre 1930, futur Haïlé Sélassié I, la ville se transforme de
18
nouveau : la statue équestre de Ménélik II est inaugurée le 01 novembre 1930, la veille du couronnement impérial,
devant l'église Saint-Georges dans un espace aménagé pour l'occasion ; un monument surmonté d'une étoile à trois
branches est construit à Arada-Piazza (en référence à Haïlé Sélassié I, puissance de la Sainte Trinité) ; deux arches sont
élevées (une à Arada-Piazza et l'autre entre Arat Kilo et Siddist Kilo) ; un obélisque est installé à Arat Kilo...
Cérémonie d'inauguration du Lion de Judah devant la gare (03 décembre 1929) et la gare en 1937.
Procession pour le couronnement impérial (02 novembre 1930), collection Thesiger.
16 « Nous essayons à notre tour de gagner l'hôtel Impérial. (...) Dès les premiers tours de roue, notre auto s'arrête, coincée dans un inextricable
enchevêtrement de mulets, d'ânes et de chameaux. (...) Le long de l'avenue qui monte de la gare jusqu'à notre hôtel, nous apercevons un camion
dépassant une longue ligne de dromadaires lourdement chargés (...). Des terrassiers maniant en cadence de primitifs pilons de bois dont ils
concassent le macadam de l'avenue, s'écarteront pour laisser passer un rouleau compresseur, sorti des plus modernes ateliers d'Europe. » Jean
d'Esme, A travers l'empire de Ménélik (première édition 1925), Office colonial d'édition, Paris, 1947, pages 54 et 55.
17 « De nouvelles rues et avenues se sont ouvertes et, en 1935, existe le plus important rond-point d'Addis-Abeba, qui est la place dite Seddetkilo
(les six voies) entre le nouveau Palais de l'Empereur et l'hippodrome, d'où partent effectivement six rues dans toutes les directions. Avec 40 000
maisons, 100 000 habitants dont 5 000 étrangers, 500 automobiles qui circulaient sur des rues asphaltées, le téléphone, 7 commissariats de police,
plusieurs journaux, des cinémas, une gare et 11 légations, Addis-Abeba était une ville. » Edouard Berlan, Addis-Abeba, la plus haute ville
d'Afrique, Grenoble, 1963, page 72.
18 « La ville constitue depuis les années 1920 la vitrine de la modernisation de l’Éthiopie entreprise par le régent, Tafari Makonnen. Ce processus
est amplifié à l’approche du couronnement. Du mois d’avril aux premiers jours de novembre, le roi des rois supervise quotidiennement les
travaux dans la capitale dont les voies principales sont aménagées. Ses rues sont pavées, pourvues de trottoirs et d’électricité, et ponctuées de
nouveaux monuments. En septembre, la ville a ainsi été repeinte, nettoyée, réparée et, ce qui ne pouvait l’être, dissimulé derrière des palissades. »
Estelle Sohier. « Addis-Abeba et le couronnement de Haylé Sellasé. Mise en scène d'une ville, réinvention d’une cérémonie » dans Annales
d’Éthiopie, 2013, vol. 28, p. 177-202 (http://archive-ouverte.unige.ch/unige:36870).
La fontaine Ras Makonnen dans la première moitié des années 1930, avant l'invasion italienne, et la fontaine Ras Makonnen
aujourd'hui. Cette fontaine fut construite dans les années 1930 en l'honneur de Ras Makonnen, père de Haïlé Sélassié I. Durant
l'occupation italienne, le buste de Ras Makonnen fut détruit, et reconstruit ensuite après la libération en 1944 (?). L'achèvement du
chemin de fer en 1917 permit le transport de pompes pour les différentes fontaines publiques.
Arc de triomphe construit pour le couronnement (sans doute celui d'Arada-Piazza), photographie non datée pour celle qui est en
haut à gauche, photographie de 1930 pour celle qui est en couleur. Obélisque d'Arat Kilo (détruit aujourd'hui), photographie des
années 193019.
19 « Sur le tracé du défilé, le cortège franchit ensuite deux arcs de triomphe érigés d'une part entre l’église de Saint-Georges et le gebbi de
Menelik II, puis entre ce palais et celui de Hāyla Sellāsē, situé sur une colline un peu plus au nord de la ville. Les deux arcs se ressemblent
sensiblement. Ils sont bâtis à partir d’une charpente recouverte de plaques de « fibre ciment » et s’élèvent à une quinzaine de mètres de hauteur.
Des représentations du Lion de Juda les surplombent, et pour le second une pancarte proclamant « Vive l’Empereur Hāyla Sellāsē Ier » en
français, aux lettres surlignées par des ampoules électriques. (...) L’obélisque a été dressé dans la lignée du second arc, peu avant l’arrivée au
palais de Hāyla Sellāsē, où devait se dissoudre le cortège ce jour-là. Sa forme rappelle celle des stèles d’Aksum, dressant de ce fait un parallèle
entre Addis-Abeba et la ville historique du sacre des rois éthiopiens. » Estelle Sohier. « Addis-Abeba et le couronnement de Haylé Sellasé. Mise
en scène d'une ville, réinvention d’une cérémonie » dans Annales d’Éthiopie, 2013, vol. 28, p. 177-202.
Photographies des années 1930.
« C'était le premier jour des festivités officielles, qui devaient commencer par l'inauguration du monument à la gloire de
Ménélik. La cérémonie était prévue à dix heures. Irène Ravensdale et moi nous rendîmes sur place en voiture, une demi-heure à
l'avance. Là, à l'emplacement de l'arbre qui servait naguère de gibet, se dressait le monument recouvert d'un linceul de soie verte
et brillante. Tout autour, une aire pavée, une balustrade et des plates-bandes d'où émergeaient, cà et là, les pousses tendres d'un
gazon fraichement semé. (...) L'empereur s'avança, lut son discours et tira sur le cordon. Il y eut un bruit de soie déchirée, et une
grande statue équestre en bronze doré à la feuille fut partiellement dévoilée. Des hommes accoururent et repoussèrent les plis
d'étoffe avec des perches. Un morceau de tissu, hors de portée de leurs efforts, continuait à flotter en l'air, accroché aux oreilles
et aux yeux du cheval. L'entrepreneur grec monta sur une échelle et décrocha le lambeau importun. » Evelyn Waugh, Hiver
africain, voyage en Éthiopie et au Kenya (1930-1931), Petite bibliothèque Payot/Voyageurs, 2002, pages 53 et 56. Écrivain et
journaliste britannique, Evelyn Waugh fut envoyé par le Times pour assister au couronnement de l'empereur Haïlé Sélassié I à
Addis-Abeba en 1930.
Guebre Sellassie, Chronique du règne de Ménélik II roi des rois d'Éthiopie, atlas, Maisonneuve frères éditeur, Paris, 1930, carte
VII.
Addis-Abeba après les incendies et les pillages qui se sont déroulés juste avant l'entrée des Italien dans la ville le 05 mai 1936.

Documents pareils

Pourquoi Addis-Abeba finit-elle par devenir définitivement la capitale

Pourquoi Addis-Abeba finit-elle par devenir définitivement la capitale même emplacement que la première (architecte grec Orphanaides et ingénieur italien Castagna) et fut rénovée, suite aux bombardements italiens durant la guerre italo-éthiopienne (1935-1936), après l...

Plus en détail