un combat au plus fort de l`humour
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un combat au plus fort de l`humour
sentier Charlie Chaplin ck bri Ku y e nl ta .S r. Mavis Gallant r. Thomas Bernard fi e le Do stly Other Peop K (Mo PDT O M chich Back d Pic Pic An The Killing) ré r. humour bvd satir r. Poiscaille r. risible r. r. ridicule r. Fellini Nordpresse av. contestataire r. alex vizorek pl. Eric Satie r. Mik r. Karl Zero sme ca av. sar Charlie Hebdo haïl Bo ulg ako v Carré du Dr Folamour r. démocratie du rire negut Von rt Ku r. Offenb ach Zelium ique allée Fini de rire - Olivier Malvoisin ur icat av. car ra a r. Arto Paasilinn Michael Moore Go village r . Pier r. David Lodge es arl re C Le au Panique r. Jouir cosmique r. La vie de Brian r. Antoine Boute er av. Vincent et Stéphane Aubi Roman Catholic Fashion Victims chemin des noirs dessins r Batia Mourt sou UN COMBAT AU PLUS FORT DE L’HUMOUR pont de l’ironie ÉDITO EN COUVERTURE : Lucilius Poète latin (vers 180 - 102 avant J.C.), Lucilius Caius donna à la satura (« mélange » ou recueil de poésies variées) son caractère satirique. RÉDACTION Michaël Avenia, Sébastien Biset, Philippe Delvosalle, DÉTOURS interactif Catherine De Poortere, Marie-Sophie du Montant, J’existe en version interactive ! Enrichie de videos, podcasts, liens web… Noël Godts, Pierre Hemptinne, Yannick Hustache, Igor Karagozian, Jean Nicolas, Catherine Vanandruel Françoise Vandenwouwer RELECTURE Espace Com A pp Name Détours CONCEPTION GRAPHIQUE Delights MISE EN PAGE Téléchargez-moi ! Nathalie Hermelin ILLUSTRATION (COUVERTURES/PANORAGRAMME) Cécile Habran http://www.cecile-habran.be APPLI POINTCULTURE COORDINATION Laurence Callewaert, Restons connectés ! Philippe Delvosalle, Naviguez et partagez en toute liberté les images et les sons qui rejoignent chaque jour nos collections. Marie-Sophie du Montant, Jean Nicolas ÉDITEUR RESPONSABLE Accès en temps réel à : •Nos nouvelles entrées •Nos rendez-vous (expos, conférences, salons d’écoute, rencontres) •Votre compte Tony de Vuyst 6 Place de l’ Amitié 1160 Bruxelles AMBIVALENCE DU RIRE, NERF DU COMIQUE L’idée que certaines espèces animales soient capables d’espièglerie et de rire, bref, de faire de l’esprit, ne fait pas marrer ceux et celles qui pensent que le rire est le propre de l’homme. Et là, déjà, dans cette vieille croyance, le rire est le marqueur d’une hiérarchie arbitraire au sein des êtres vivants, d’un stade supérieur de l’évolution et d’un niveau inférieur, d’une relation entre dominants et dominés. Dans une société où l’espace public démocratique fonctionnerait à merveille, avec une distribution idéale des libertés sociales évacuant toute misère matérielle et psychique, on peut imaginer le règne d’un rire édénique, doux, voire légèrement crétin. Mais ce n’est pas le cas. La société, comme une vielle terre secouée par ses plaques tectoniques, est travaillée par les inégalités entre pays riches et pays pauvres, entre classes sociales, et plus généralement par « la série de couples d’opposés qui se font écho : dominant/dominé, sacré/ profane, ciel/terre, dieu(x)/hommes, haut/bas, supérieur/inférieur, spirituel/matériel, grand/petit, etc., compose un cadre si englobant de nos sociétés qu’elle défie la logique positiviste de l’administration de la preuve. » (B. Lahire, Ceci n’est pas qu’un tableau, La Découverte, 2015). Dans ce jeu de dupes, nous sommes toujours le singe d’un autre. Le rire perlé circule à travers ces rapports complexes de force, comme de fines bulles de nitroglycérine, et ici explose en bonheur empathique et là-bas en déchirures venimeuses. On a tous plus ou moins fait l’objet d’un trait d’humour qui appuie là où ça fait mal, et l’on a tous eu envie, dans certaines circonstances, de proférer la « blague qui tue ». Cela, reporté à l’échelle des communautés, des susceptibilités identitaires enracinées par des strates historiques qui compliquent les ressentiments, les impacts du rire fou deviennent facilement imprévisibles. Le rire élève ou rabaisse, adoucit ou enrage. La satire est un exercice de distanciation, de désacralisation des idées reçues, des personnages importants, des institutions assommantes. Elle peut être fine en s’appuyant sur une sensibilité progressiste des problématiques ou obscure, en flattant les penchants réactionnaires et complotistes. La liberté d’expression justifie-t-elle tous les rires ? Comme pour toute liberté, la société ne doit-elle pas être à même de faire en sorte que ça circule, sans contrainte, comme un régulateur critique, libre de ses cibles certes, pourvu que les règles du jeu soient acceptées par tous/toutes ? Si le rire s’installe trop dans le camp des payeurs, ne devient-il pas arrogant, les dégâts pouvant être considérables ? À travers l’interview de l’humoriste Alez Vizorek, la présentation d’artistes maniant un esprit décalé sur le monde, des bibliographies et filmographies, l’analyse comparée de deux séquences de films (Yanne et Fellini) ou la description d’une marionnette, Détours agence quelques éléments stratégiques en prélude à une approche autant raisonnée que débridée de la démocratie du rire. Pierre Hemptinne Directeur de la médiation CONTACT [email protected] ISSN KENJI KAWAKAMI 2034-581X A pp Name re u lt u tC in Po (K. Kawakami a inventé plus de mille "chindôgu", objets poétiques dont version iOS et android l'inutilité parodie l'utilitarisme matérialiste et dresse ainsi une satire de la raison Téléchargez-moi ! consumériste. Souliers pour sentir le sol, gants multi-fonction ...) 2 SATIRE ET CARICATURE 3 juil. / août / sept. 2015 PANORAGRAMME EXPOS EXPOS « BATIA MOURT SOU » TRAITS D’HUMOUR Couvertures historiques, tracts, affiches, dessins originaux… du périodique satirique depuis sa création. 20 ans déjà ! Liège – 08/08 au 27/08 CHARLIE HEBDO Caricatures éducatives du Gsara : « Comprendre, analyser les médias et décoder leur rôle » en collaboration avec trois dessinateurs de talent — Yakana, Titom et MickoMix. Namur – 01/07 au 29/07 Louvain-La-Neuve 04/08 au 29/08 Charleroi – 01/09 au 29/09 Des couvertures originales, point de départ au questionnement sur la liberté d’expression, la caricature et la défense de l’irrévérence. Charleroi — 01/07 au 29/07 Namur – 04/08 au 27/08 POISCAILLE, JOURNAL SATIRIQUE Satirique, indépendant et totalement liégeois. Les meilleures réalisations de son équipe de dessinateurs et caricaturistes. Alternatif, décalé, ludique. Liège — 01/07 au 29/07 Charleroi – 04/08 au 27/08 Namur – 01/09 au 29/09 NOIRS DESSINS DU COMMUNISME Regard sur l’histoire politique et sociale du XXe siècle en Belgique. (Lumor, Didier Geluck,...) par Culture ULB, CarCoB, CHSG, IHOES, FLL et Mundaneum. COLLOQUE LA DÉMOCRATIE DU RIRE Réflexion sur le jeu démocratique de l'esprit satirique et de la caricature en présence de Ismaël Saïdi, comédien Nelly Quemener, Sociologue Frédéric Moens, Sociologue et anthropologue à l’UCL. Anne Morelli, Directrice du CIERL –ULB, Philippe Marion, Professeur UCL, spécialiste de la caricature et de la bande dessinée. Programme détaillé dans le pense-bête, pages 24-25 Bruxelles — 18/09 Bruxelles – 11/08 au 12/09 4 SATIRE ET CARICATURE 5 juil. / août / sept. 2015 LE GRAND PARTAGE PAROLE DONNÉE ALEX VIZOREK Nous avons eu le plaisir de rencontrer Alex Vizorek pour une interview qui se tenait à la Ferme du Biéreau (Louvain-la-Neuve). Il y faisait une lecture de Pierre et le Loup de Prokofiev, accompagné par l’orchestre de chambre Est/Ouest, sous la direction de Artun Hoinic. POINTCULTURE : AVANT D’ENTRER DANS LE VIF DU SUJET, POUVEZ-VOUS NOUS DIRE QUELQUES MOTS AU SUJET DES KINGS OF COMEDY ? ALEX VIZOREK : C’est bien d’en parler. Ce sont des producteurs et en Belgique il n’y a pas beaucoup de purs producteurs d’humoristes. Leurs activités ont débuté il y a 4-5 ans, alors que je me lançais dans le métier. On s’est trouvés l’un l’autre et il leur manquait un ou deux artistes à pousser. J’avais des gens qui s’occupaient de tout ce qui n’est pas artistique. Parce que j’ai découvert que malgré mes études et ma formation de businessman à Solvay, j’étais très content de pouvoir me concentrer sur tout ce qui était artistique et de déléguer le reste à des gens qui aimaient produire. Nous étions vraiment complémentaires. En Belgique, ces sociétés ne sont pas très nombreuses. Si Vincent Taloche possède sa propre structure de production, d’autres artistes se produisent eux-mêmes comme André Lamy ou François Pirette. Et puis moi, ça me va bien de me sentir soutenu. PC : MINE DE RIEN, L’UN DES BUTS DE SOLVAY, C’EST DE VOUS FAIRE TOUCHER À L’EXCELLENCE. ET C’EST UN PEU CE QUE VOUS FAITES AUSSI. © Mathieu Buyse 6 AV : (stupéfait) Vous êtes gentil ! C’est sûr qu’il m’a été appris dans mes études que 12, ce n’est pas 18, et que c’est plus classe d’avoir 18. Il s’avère que dans mes études je n’ai pas souvent atteint le 18. Mais j’ai compris qu’il fallait le viser ! Je pense que ce n’est pas un parcours normal pour un humoriste. Enfin, je crois qu’il n’y a pas de parcours normal pour un humoriste et pas plus pour un comédien. Il y a des filières plus évidentes que d’autres. L’essentiel, ce sont toutes ces petites choses que l’on grappille et la façon dont on les rend. À 25 ans, j’avais fait Solvay, du journalisme, j’étais né à tel endroit, de parents nés en tel lieu… ce sont toutes ces petites choses qui font ce que je suis. Et puis, il y a la façon de les rendre qui définit la patte éventuelle de l’humoriste, un peu à la faveur de l’inné et au résultat d’un long travail. PC : DANS VOTRE PAGE PROMOTIONNELLE SUR LE SITE KINGS OF COMEDY, ON PEUT LIRE CES QUELQUES MOTS À LA DEUXIÈME LIGNE : « LE RIRE PEUT VOUS RENDRE INTELLIGENT ». D’OÙ MA QUESTION : LE RIRE PEUT-IL VRAIMENT RENDRE INTELLIGENT OU EST-CE LE PROPRE DE L’INTELLIGENCE DE SAVOIR RIRE OU DE FAIRE RIRE ? AV : Très bonne question (hésitation). Il serait prétentieux pour un public de se prétendre intelligent parce qu’ils ont ri. Je dirais qu’il y a du rire de tête qui découle de l’intelligence que l’on retrouve régulièrement chez les hommes politiques, dans leur sens de la réplique. Enfin, vous avez le rire de ventre. Vous glissez sur une peau de banane et c’est marrant ! Bergson disait : « le rire, c’est la surprise », on s’attend à un scénario A, c’est un B qui se produit et le corps répond en se marrant ! C’est un peu le principe de la chute. Il est censé continuer tout droit et puis non, il tombe. Dans mes spectacles, j’essaie de mélanger ces deux types de rires parce que je les trouve complémentaires. Les spectateurs n’ont besoin d’aucune référence pour venir les voir. Une bonne vanne ne doit pas s’expliquer, ne doit pas se comprendre, elle est évidente. SATIRE ET CARICATURE 7 juil. / août / sept. 2015 PAROLE DONNÉE Entretien : Jean Nicolas Transcription : Yannick Hustache PC : IL ARRIVE CEPENDANT QUE CERTAINS DE VOS INVITÉS À LA RADIO SOIENT LARGUÉS ? AV : J’essaie de ne pas les larguer. L’invité étant le premier auditeur, il est préférable que je le garde avec moi. S’il se sent largué, l’auditeur risque de l’être aussi. Maintenant, parfois, quand je veux les titiller, comme les politiciens, il leur arrive de faire semblant de ne pas comprendre ! PC : TOUJOURS SUR VOTRE PAGE KINGS OF COMEDY, VOUS DITES QUE VOTRE GENRE, C’EST LE GÉNIE EN VERBE. PEUT-ON LE PRENDRE COMME UNE DÉCLARATION D’AMOUR AUX BEAUX TEXTES ? AV : Absolument. J’ai suivi le Cours Florent à Paris. Dans ma tête, j’étais le nouveau Cid et c’était évident que les gens allaient s’en rendre compte. Et nous sommes bien d’accord que personne ne s’en est rendu compte (sourire). Mais j’aimais beaucoup les classiques, les grands textes, les alexandrins que je trouve très beaux et qui demeurent tout à fait contemporains. Ce n’est pas un hasard s’ils ont perduré. En littérature, Flaubert, Zola, ce sont des témoignages, des façons d’écrire, tout aussi essentielles. PC : EN DEHORS DU PUBLIC, QU’EST-CE QUI VOUS PROCURE LE PLUS DE PLAISIR SUR SCÈNE ? LA SCÉNOGRAPHIE, LA GESTUELLE, LE TEXTE, OU LES TROIS ENSEMBLE ? AV : Difficile à séparer. Je suis un humoriste, pas un comédien. Tous les gestes que je peux avoir sur scène m’appartiennent, je ne les crée pas. Mais je sais toujours ce que je dis, quand je dois le dire et où je dois me trouver sur scène. C’est une rigueur que m’a inculquée ma metteuse en scène Stéphanie Bataille. Les humoristes qui prennent un micro, montent sur scène en baskets et racontent des vannes, ce n’est pas mon style. Chaque jour, c’est au même endroit que je dis la même phrase. Mais c’est dans ce carcan que se niche votre liberté. Une fois que vous savez où vous allez, amusez-vous au sein de ce cadre. Le texte, vu que c’est le mien, j’y suis forcément attaché. Notre baromètre, c’est le public. C’est encore plus vrai pour un humoriste que pour un comédien. Pour l’humoriste, c’est primordial. La prestation sera bonne si le public a plus ri que la veille. Pour un comédien, une simple impression peut suffire. Je me considère un peu comme un artisan. L’artisan attache une grande importance à ce que son travail soit reçu et apprécié. On a besoin de ce retour direct. PC : QUELS SONT CEUX QUI VOUS ONT INSPIRÉ, VOS GÉNIES EN VERBE À VOUS ? AV : Desproges bien sûr. Je ne connais aucun humoriste qui peut ne pas le citer. Tout comme Coluche. Aujourd’hui, on est beaucoup d’humoristes. Or dans la génération précédente, ils étaient bien moins nombreux. Il y a plein de trucs à picorer chez Fernand Reynaud, Robert Lamoureux. Dans la génération juste au-dessus de moi, j’aime bien François Rolin, Jean-Jacques Vanier, des gens qui vont vers l’absurde. Par contre, l’écriture ciselée de type Jacques Maillot, Pierre Douglas que j’apprécie toujours, elle a vieilli. Mais attention, il ne faut détester personne. Montrer sans pudeur son travail devant 800 personnes, ça ne se dénigre pas ! De Roumanoff à Dubosc, c’est un capital sympathie qui est à prendre ! 8 PC : PLUS DÉLICAT, QUELS SERAIENT VOS GÉNIES EN GERBE ? PC : CELLE QUI VOUS ENNUIE ? AV : Pour la raison que je viens d’expliquer juste avant, je trouve qu’être négatif nous dessert. Dire du mal d’autres gens, je le fais assez peu. Le succès a toujours une explication, souvent intéressante. Et je respecte le travail d’un type qui se met à poil sur scène. Mais quand des gens piquent des vannes à d’autres, ou traduisent des spectacles d’une autre langue, sans aller jusqu’à les dénoncer, j’éprouve un peu moins de respect. PC : VENONS-EN À VOS CHRONIQUES RADIO. SI POUR VOS SPECTACLES VOUS AVEZ LE LOISIR DE PEAUFINER VOS TEXTES DES MOIS DURANT, POUR L’ANTENNE VOUS NE DISPOSEZ QUE DE QUELQUES HEURES POUR LA RÉDACTION DE VOS CHRONIQUES. VOUS FAITES COMMENT ? AV : Au début, je m’y prenais longtemps à l’avance, avec cette angoisse de n’avoir rien à écrire. La page blanche est quelque chose que je ne connais pas, mais encore faut-il que ce qui arrive le soit de manière qualitative. La veille, il faut que j’aie une idée de départ et cinq ou six débuts d’accroche. Ce matin, j’étais à la RTBF à 5h45 pour passer un peu avant 8 heures. J’avais donc 2 heures 15 pour imbriquer la chose, c’est un travail que je maîtrise bien et un plaisir d’avoir ces deux formes d’écriture complémentaires : celle, mature de spectacle où vous pouvez ajouter ou enlevez des choses, et celle de chronique qui ne sert qu’une seule fois. Et le lendemain tout est à recommencer. PC : À LA RADIO, VOUS N’AVEZ PAS LE TEMPS DE PRENDRE DU RECUL. VOUS JOUEZ AVEC LES MOTS ET LES RÉACTIONS DU PUBLIC ET DES INVITÉS. IL N’Y A PAS UNE MISE EN ABYME DEVANT LES RÉACTIONS DES UNS ET DES AUTRES ? AV : Le truc, quand je suis un tant soit peu véhément avec quelqu’un, j’essaie d’imaginer les quelques répliques qu’il pourrait me rendre et d’anticiper ces réactions et lui répondre. Sinon, il y a une part de vertige que je compare à un travail de pilote de ligne. En cas de problème, plus vous avez d’heures de vol, plus vous réagissez de manière posée et efficace. J’arrive à ne plus être déstabilisé par les réactions d’un invité, mais je suis certain que quelqu’un va un jour trouver un truc pour y arriver. (sourire) PC : JE PENSAIS AU PHILOSOPHE ENTHOVEN À QUI VOUS AVEZ RAPPELÉ QUE CARLA BRUNI AVAIT ÉCRIT UNE CHANSON SUR LUI, POUR ENSUITE LUI DEMANDER S’IL AVAIT ÉCRIT UN LIVRE DE PHILOSOPHIE SUR ELLE, ALORS QU’ILS SONT SÉPARÉS ET QU’ON NE SAIT JAMAIS COMMENT ILS ONT VÉCU CETTE SÉPARATION. AV : J’essaie de ne jamais être méchant avec les gens présents. J’ai compris quelques trucs. Pour un politicien, dites du mal du voisin ou du travail de celui qui est juste à côté, ou dites du mal de celui qui est son concurrent dans son propre parti. L’autre conseil est de mettre des blagues chaleureuses au début pour les prendre avec moi. Si j’ai une pique, je la mets plus loin. AV : Celle dont on ne se souvient plus et pour laquelle on n’a ni souvenir ni retour. De celles qui obligent à être meilleur le lendemain… PC : L’INVITÉ QUI VOUS A LE PLUS IMPRESSIONNÉ ? © Mathieu Buyse PC : JE PENSE ÉGALEMENT À LA CHRONIQUE AVEC STING OÙ VOUS DEVIEZ TOUT TRADUIRE… AV : C’était ma première chronique internationale. Sting, c’est la classe totale : il est à l’anglaise, chemise de bûcheron, généreux. Il s’est bien marré. Certes, je lui laissais le temps de se faire traduire, mais quelle chance de causer cinq minutes à un bonhomme comme ça. PC : NOTAMMENT, QUAND VOUS LUI AVEZ RAPPELÉ QU’IL ÉTAIT PARFAITEMENT COMPLÉMENTAIRE AVEC L’INDIEN RAONI, PUISQU’IL FAISAIT DES DISQUES ET QUE RAONI LES MANGEAIT ! AV : Oui c’est vrai (rire). J’en profite pour revenir sur mon processus de travail et remercier les 2 coauteurs de mes textes. Ils m’écrivent des trucs sur une idée que je leur envoie la veille. Brillants ou pas… Ils apportent un plus, ET pour varier les idées, ET pour éviter de devenir trop prévisible. Mais je suis toujours le maître d’œuvre des chroniques. PC : UN PETIT QUESTIONNAIRE ANODIN POUR SUIVRE. QUELLE EST LA CHRONIQUE QUI VOUS A LE PLUS AMUSÉ ? AV : C’était avec Kad Merad. Il venait de faire un film qui traitait d’animaux. J’ai fait un questionnaire absurde sur les animaux qui a tellement bien fonctionné que je l’ai intégré à mon spectacle. PC : COMME CELLE-CI : « OÙ METTAIT-ON LES ZÈBRES DU ZOO DE JOHANNESBURG DURANT L’APARTHEID ? » AV : Oui, blanc et noir… On ne sait pas, on ne sait toujours pas. PC : CELLE QUI VOUS A LE PLUS DÉSTABILISÉ ? AV : Déstabilisé, mais elle était marrante. Didier Reynders m’est beaucoup rentré dedans et était presque plus drôle que moi. C’est le jeu, si je les titille, ils ont le droit de me répondre. AV : Sting était impressionnant. J’ai un raté, c’est Roger Moore. Un rêve de gosse. Il était annoncé à France Inter et il y a eu grève… Il n’est jamais venu. Les politiciens, en particulier les Français, sont des bêtes de Com’. Quelqu’un comme Arnaud Montebourg ne se laisse jamais embarquer dans votre texte. Il rit quand je me moque de la droite, ne dit plus rien tout en vous regardant quand c’est au tour de la gauche. À cette même question sur France Inter quand j’y suis rentré, quand on m’a demandé qui m’aurait le plus impressionné, j’avais répondu Lauren Bacall. C’est un peu tard maintenant. Je ne vous cache pas aussi que je trouve que c’est chouette d’être là avec ces gens-là (qui ont une carrière). Quand Michel Galabru a descendu les marches de l’émission, j’ai senti un truc. Faut dire qu’il est drôle même quand il respire ! Face à Gérard Lanvin ou Pierre Richard, je reste toujours un peu groupie, mais il faut que l’auditeur sente que je suis un trait d’union entre lui et l’invité. Si l’invité a fait quelque chose de ridicule ou désagréable dans sa carrière, il veut que je lui en parle, que je reste sarcastique. PC : VOTRE ÉCRITURE EST SANS CONCESSIONS. IL Y A TOUJOURS UN RISQUE DE DÉCROCHER L’AUDITEUR OU L’INVITÉ. EST-CE UN RISQUE À COURIR ? AV : J’essaie toujours de faire rire mon interlocuteur pour que le message passe. L’idéologue Vizorek n’intéresse personne. C’est plutôt entre les lignes que ça se joue. Avec Elio Di Rupo, ça passe parce qu’il reste vigilant. À trois en studio avec Roselyne Bachelot, ça jette un froid. L’auditeur se range d’ailleurs le plus souvent de notre côté quand l’invité est méchant avec nous. D’où tout l’intérêt pour les invités de dégager quelque chose de sympathique face à une forme de critique ou d’humour. C’est surtout vrai pour les hommes politiques. PC : VOUS DONNEZ DANS LE REGISTRE SATIRIQUE, MAIS VOUS NE CÉDEZ JAMAIS À LA PROVOCATION GRATUITE OU LA MÉCHANCETÉ PURE. DANS LE FOND, VOUS AVEZ LE CŒUR GÉNÉREUX. PENSEZ-VOUS QUE VOUS LE GARDEREZ TOUJOURS INTACT ? AV : La pire chose pour moi serait de devenir aigri ; qu’on sente dans mes textes que j’en veuille à quelqu’un dans dix ans parce que mes collègues seront des stars et moi pas. Je ne trouve pas ça drôle et ça se sent à l’antenne. Télérama avait écrit Alex Vizorek est un enfant qui a bien préparé ses blagues et est très content de venir les dire. J’ai un côté sale gosse qui s’amuse, un peu fou du roi. Ce droit de rendre ridicules les rois d’aujourd’hui durant 3-4 minutes. À moi de les placer dans une situation qui n’est pas la leur et à l’auditeur de noter la différence avec l’image publique qu’ils donnent d’eux. SATIRE ET CARICATURE 9 juil. / août / sept. 2015 TRANSVERSALES © Berten ANTOINE BOUTE : DU RIRE AU JOUIR COSMIQUE (la révolution biohardcore) Dans le genre étrangeté littéraire, Antoine Boute occupe une place de choix. Écrivain de polars expérimentaux, poète sonore, philosophe, performeur, organisateur d’événements, il explore au fil de ses ouvrages et performances les rapports entre corps, voix, récit, fiction et réalité. Son œuvre est un jeu constamment reformulé, absurde, inquiétant et amusant, auquel il convie qui souhaite y participer. Parmi ses derniers ouvrages, il en est un qui détonne par l’expression qu’il met en œuvre : le rire. Ou plutôt, le « rigolo » – ce qui est drôle, curieux, étrange, surprenant. C’est là un trait caractéristique de l’œuvre d’Antoine Boute, mais il se voit ici consacré par la forme du roman, au titre étonnant : Les Morts rigolos (publié aux Éditions Les Petits Matins, 2014). Un roman au sujet délicat, donc. La mort ? Rigolote ? S’agit-il de rire jaune ? Peut-être. Quoique… non. Vraiment, cet ouvrage fait rire ; il est une vaste blague, au sens le plus littéral. « Nous ne sommes pas ici pour assister au déroulement d’un roman : nous sommes ici pour fabriquer une blague ! », nous assure Boute. Ce livre est d’abord l’histoire d’un type qui raconte sa vie au départ d’une blague, qui est aussi un thriller familial que l'auteur compose avec ses enfants (Victor, 7 ans, et Lucas, 5 ans) « tout en se faisant plein de copines et copains clochards, pornolettristes, kamikazes, grossistes en pétrole, écoféministes, cavaliers anarchos autonomes, aviatrices, tout en théorisant l’écriture qui tue et en refécondant les rapports entre vie, farce, mort et enfance… ». En toile de fond, le projet de ce livre est aussi celui de la révolution des enterrements. « Il ne faut pas penser séparément blague et enterrement. C’est une question d’éthique, une question de respect ». Le business de pompes funèbres expérimentales mis en place par Boute est un concept d’un genre nouveau qui, tout en étant particulièrement lucratif, change fondamentalement notre rapport à la mort. C’est une philosophie, une blague philosophique. Mais pas au sens de la supercherie : au sens de récit qui nous suspend dans l’attente d’un rire, qui vient, qui vient, qui vient. C’en est le suspense ; on en attend la chute. Dispositif d’écriture particulier, ce roman est donc aussi un dispositif de pensée, un appareil de philosophie à la portée de tous – il est en cela sans doute la suite logique de son précédent ouvrage, Tout public (qui avait pour objectif d’écrire un livre « dont le concept serait d’être 100 % tout public, complètement ergonomique à la pensée de toutes sortes de gens », plongeant « tête baissée dans le foisonnant et le burlesque », explosant « philosophie, poésie et art conceptuel par le biais de la masse hétérogène de 10 nos amis lecteurs tous publics »). On y trouve des aphorismes absurdes qui invitent à se poser question : « La preuve de l’existence du rire c’est le réel et vice versa ». Le rire, comme attitude face au monde, comme expression même de la vie, « comme si le tout du monde n’était qu’une blague, une grande et vaste blague pas drôle ». Dans les termes fantasmatiques du poète, Boute pense le rire cosmique, la jouissance cosmique. Un trop-plein de vie qui transcende la mort, qui dans sa mesure n’est rien d’autre qu’une blague, même pas drôle. Un autre roman récent d’Antoine Boute, S’enfonçant, spéculer (publié ce printemps aux Éditions Onlit), explore le même univers décalé, laissant la nature du rire de côté pour explorer les « confins de notre monde civilisé », en donnant à lire un « concentré d’actions destroy et de sexe borderline », une « saloperie de polar dégénéré’ » qui ne fait d’ailleurs pas l’économie d’une bonne dose de philosophie expérimentale ! » C’est par ailleurs d’ivresse dont il est question dans sa contribution à l’ouvrage Ivresses, publié ce printemps aux Éditions (SIC). Le poète y poursuit sa défense et promotion de la révolution biohardcore, qu’il appelle de ses vœux. Par des opérations d’« ivresse sans ivresse », il invite à mettre en chantier cette révolution par l’élaboration « de grandes manœuvres pour sauver le monde » – « oui parce que le monde des humains franchement n’est-il pas sérieusement plouc ? Sérieusement ivre d’une ivresse mauvaise ? » Il nous faut aux yeux du poète retrouver un ensauvagement de type cosmique, travailler à devenir aussi sauvage que le cosmos, parvenir à cette transe fondamentale et ultime qu’est l’ivresse de vivre ; « spéculer en transe en direction du végétal, de l’animal, de l’organique, même de l’infraorganique. Infraorganique : matériel. Il faut aller spéculer du côté, du grand côté de la matière. Mais il faut aller spéculer aussi plus loin : dans l’infraorganique : il faut spéculer à coup de défonce nucléaire. Nucléaire, même infranucléaire. Infranucléaire c’est-à-dire cosmique : il faut spéculer l’ivresse sans ivresse à coup de défonce animale végétale nucléaire cosmique ». En avant pour la révolution biohardcore ! Sébastien Biset SATIRE ET CARICATURE 11 juil. / août / sept. 2015 TRANSVERSALES VINCENT PATAR ET STÉPHANE AUBIER Panique sur les zygomatiques ! L’un fait penser à un Tintin « cool » qui serait élevé au bon grain électrifié du rock (Vincent Patar), alors que l’autre offre pratiquement le profil d’un laborantin consciencieux au regard pénétrant. Pourtant, les deux composantes de ce binôme semblaient comme naturellement appelées à travailler de concert. Nés la même année (1965), ils ont suivi un cursus scolaire au sein des mêmes écoles – Saint-Luc à Liège, puis La Cambre à Bruxelles en section animation – ont été diplômés la même année (1991), puis sont devenus pour un temps colocataires. Ils fondent bientôt leur propre boîte de production (Studio Pic Pic André) et imposent leur marque de fabrique dès la fin des années 1990 avec une première série de dessins animés narrant les aventures rocambolesques de Pic Pic André et leurs amis. Deux figures animalières, Pic Pic le cochon magicien et André, le cheval féru de pintes, s’expriment avec un accent liégeois (ou verviétois ?) à couper au couteau, se chamaillent pour leur seul plaisir et crèvent l’écran tels les personnages actualisés d’un bon vieux Tex Avery tourné en Absurdie, ce territoire imaginaire et humoristique si voisin de la Belgique. Une belle inventivité narrative et formelle mâtinée d’un gros doigt de satire sociale bouffonne, clins d’œil à la pelle (Frankenstein), le tout lesté de la jouissive vitesse d’exécution d’un titre punk rock qui ratiboise sans mégoter. Et d’ailleurs, nos joyeux drilles n’en finissent pas de saccager leur environnement dans l’insouciance la plus totale à chaque épisode ! Parallèlement, Patar et Aubier réalisent deux courts métrages des Baltus à partir d’images découpées dans des illustrés. Les décors restent les mêmes – une maison dans la montagne –, mais les péripéties de cette famille traditionnelle (deux parents, deux enfants) ressemblent à un dégommage acide et drolatique de nos modes de vie bourgeois et de leurs rituels normatifs et rassurants. Saint-Nicolas est ici un robot tueur dysfonctionnel et une banale sortie au cirque se transforme en une course-poursuite afin d’échapper à un sentiment d’ennui pour le moins plombant ! En 2001, Aubier et Patar attaquent Panique au village, une série de 20 courts métrages d’animation à partir de petites figurines en plastique aux postures figées. Décors et personnages presque habituels (une maison dans une verte 12 campagne montagneuse), mais replacés dans un cadre élargi. Introduction de la ferme de Janine et Steven, leur fille et tous leurs animaux de la basse-cour, mais aussi de Gendarme et quelques bêtes sauvages (ours). Cheval, Cow-Boy et Indien et leurs amis (Facteur) s’appellent uniquement par l’attribut premier qui les définit et n’ont en rien cédé de leur impossible accent belgo-régional. L’aspect dingo-délire est encore accentué par une avalanche ininterrompue de gags qui jouent à plein de cette dichotomie perpétuelle entre panoplie animée de figures pétrifiées dans une scénographie de diaporama enfantin et un rythme de narration speedé symbolisé par des véhicules (tracteur, voitures) qui roulent à tout berzingue. Toujours ce sentiment de jouissance infantile coupable tant dans le saccage répété et gratuit de leur environnement direct, que dans le détournement de figures populaires (Eddy Merckx, un Robin des bois nul au tir) ou encore dans le dynamitage de saynètes de la vie courante (les repas, le dodo, les vacances). S’ajoutent enfin quelques emprunts au monde des adultes (boîte de nuit) et des ajouts issus du bestiaire de la science-fiction (fusée, machine à voyager dans le temps, savants fous). Et ce sont en effet des créatures venant d’un univers liquide parallèle, situé en vis-à-vis du leur, que l’on trouve au cœur de l’intrigue de Panique au village, le film (2009). Un récit toujours ultra vitaminé qui profite (en douce) des avantages du numérique pour doper ses ficelles absurdes (les tonnes de briques commandées par erreur sur Internet), partir en exploration géographique et extra-dimensionnelle hors du village et tenir la distance (plus d’une heure) sans faiblir, une love story chevaline en prime ! Yannick Hustache © Caroline Jacobs - Kubla au Congo CAROLINE JACOBS, COLLAGE Le bestiaire se marre toujours autant… Le coup d’œil sur les images exposées à la Médiathèque de Mons, surprend. Les habitudes culturelles y distinguent d’abord d’anciennes références, de vieilles bestioles en postures satiriques, cela semble sortir de quelques archives. Puis, en s’approchant, on est surpris de découvrir que ces animaux d’un autre temps interpellent le présent. Ils ont repris du service pour se gausser des couacs – éternels ? – qui émaillent l’espace public. Ils exhibent ces incidents qui pourraient passer inaperçus, ou être minimisés en termes d’anecdotes, mais qui prennent dans ces mises en scène, une dimension de symptôme, révélant des « vers dans le fruit démocratique » plus importants qu’on ne le pense. C’est ce que dévoile le dispositif des collages : faire prendre conscience de la monstruosité de certains comportements qui, noyés dans le flot de communication et désamorcés par le désintérêt pour la politique, en viendraient à sembler normaux, en tout cas ne plus susciter une indignation proportionnelle à ce qui est dénoncé. La conjonction d’un matériau ancien et d’une actualité bien de chez nous crée une distance salutaire, un choc bienvenu, un intérêt renouvelé pour l’exercice satirique. Née en 1972, Caroline Jacobs est diplômée en section photographie et arts plastiques (Institut d’Enseignement des Arts techniques et des Arts plastiques de Namur), ainsi qu’en section illustration de l’École supérieure des Arts plastiques et visuels de Mons. Son engagement dans l’animation de nombreux ateliers, sa participation aux expositions collectives « Calva en Folie » (Flénu) ou son travail dans le CEC « Le Coron, Village du Monde », ont probablement aussi aiguisé la sensibilité avec laquelle elle observe le monde et SATIRE ET CARICATURE exacerbe, dans le coup d’œil et sa patte, le sens de la liberté sociale. Voici comment Ninah Fernac qualifie le processus de travail de Caroline Jacobs : « Copier : parmi les caricatures de J.J. Grandville (18031847), elle choisit de façon incisive les scènes où elle reconnaît notre faune : ses travers et revers, scandales et ridicules, frasques, indécences et violences. Couper : elle cisèle ensuite le fragment d’une autre image ou bien encore le slogan, le mot d’ordre, le titre médiatique, la parole malheureuse, la formule racoleuse, l’article de loi, le lieu commun. Coller : elle accole, met en scène et en page bêtes, objets et alphabet et nous assistons – amusés médusés abusés – au spectacle d’une collision collusion de significations. » Pierre Hemptinne 13 juil. / août / sept. 2015 ANALYSE DE SÉQUENCES © Jean Yanne / Federico Fellini, 1972 ROMAN CATHOLIC FASHION VICTIMS Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil (Jean Yanne, France 1972) Roma (Federico Fellini, Italie-France 1972) Dans son premier long métrage, l’acteur, écrivain et compositeur satirique Jean Yanne incarne Christian Gerber, un journaliste radio qui revient d’un reportage auprès de guérilleros sud-américains. En posant le pied sur le sol français, il découvre, non sans agacement, la énième mutation de sa station, Radio Plus, dirigée par les seuls vents (changeants) du marketing et voguant désormais sous la devise « Plus près de Dieu » (« On a d’abord été plus près de la femme, plus près des jeunes, plus près de la nature, plus près des couples, plus près du sexe et maintenant on est plus près de Dieu !?! »). Même les publicités diffusées à l’antenne ont été adaptées : « Et au Commencement, Dieu aurait créé OdorNet s’il avait connu la chlorodicétylaminase qui détruit les odeurs corporelles » ou « Aux Noces de Cana, Jésus demanda que fussent servis en premier les bons vins, puis les mauvais. Si les Noces de Cana se déroulaient de nos jours, il n’y aurait que de bons vins : les vins de la Treille ardente. Prenez et buvez-en tous, car ceci est du vin ! » Dans les locaux très sixties de la radio (plastic, plexiglas, formes rondes, couleurs vives) deux mannequins comme sorties du studio photo de Blow-Up (Michelangelo Antonioni, 1966) ou du monde de la mode de Qui êtes-vous Polly Maggoo ? (William Klein, 1966) essaient en compagnie d’un styliste caricatural (chapeau, chasuble en jean, cape violette sur les épaules, breloques autour du cou, talons) de nouvelles robes d’hôtesses. Portant des déclinaisons assez sobres – juste légèrement féminisés – d’éléments vestimentaires du clergé de base (col blanc, dentelles) les deux modèles sont mis en scène comme deux corps stricts (droits, très verticaux et assez figés) et noirs et blancs dans un monde de rondeurs et de couleurs (oranges et mauves de l’ère psychédélique). Ce qui n’est d’ailleurs pas sans provoquer le courroux du commanditaire : « Permettez-moi de vous dire que c’est exactement consternant… C’est lugubre ! C’est sinistre ! Il faut quelque chose de jeune, quelque chose qui éclate ! Qui soit plein de couleurs, de lumière ! » Des tenues ecclésiastiques éclatantes, pleines de couleurs et de lumières (pour la jeunesse, on repassera), le Directeur de Radio Plus aurait pu aller les chercher, cette même année 1972, du côté des costumes imaginés par Danilo Donati pour la séquence du défilé ecclésiastique de Roma de Fellini. À la fin de ce portrait personnel et diffracté des strates multiples de sa ville de cœur, le cinéaste italien investit le palais prestigieux, mais décrépi de la Princesse Domitilla. Dans la pénombre, on y dépoussière et y hisse à la lumière les portraits géants d’hommes d’Église. On se prépare pour un grand show mondain. L’espace architectural est démesuré : quand Son Excellence apparaît, il n’est qu’une petite tache rouge dans le coin de l’écran. Le public s’installe – les noirs, les rouges et le blanc dominent la palette des couleurs – et le défilé peut commencer : « Modèle n° 2 : tourterelles immaculées. Cornette amidonnée, ailerons battants. Très utile dans les couvents mal ventilés », « Modèle n° 4 : Tenues sportives pour une Église moderne. Au Paradis, toujours plus vite » (curés en patins à roulettes), « Modèle n° 5 : conçu pour les curés de campagne » (large fente à l’arrière, pour la conduite du vélo)… Fellini filme cette séquence non sans maestria, mais dans une mise en scène et des mouvements de caméra qui tendent à se faire oublier. L’image est déjà tellement chargée de détails dans les costumes, les tronches des acteurs, etc. que la caméra peut filmer la scène en respectant son caractère de défilé (un catwalk en U, espace d’un parcours codifié : une entrée, un passage dans le champ visuel puis une disparition, suivie d’une nouvelle apparition) et les réactions du public. S’il y a escalade et crescendo dans le baroque et la démesure (jusqu’à l’apparition d’un Pape digne d’un carnaval brésilien en mode art cinétique), c’est un peu par la musique et les fumigènes que cela se met en place, mais surtout par les costumes eux-mêmes qui culminent dans des sortes de robes ecclésiastiques « boules à facettes » ou illuminées, qui font dialoguer l’imagerie du vitrail avec celle de la vitrine et transforment les hommes d’Église qui les revêtent en hommes-sandwichs de la Lumière divine. Et au fur et à mesure que les vêtements gagnent en luxe, les visages qu’ils coincent dans leurs encolures perdent en vie (se dessèchent, se momifient, se teintent de couperose). Dans ces deux cas, les réalisateurs assoient leur satire sur une triple stratégie : le déplacement (par exemple déplacer des éléments du monde de la mode – le spectacle, la scène, le costume – vers celui du culte), la greffe (par exemple greffer des éléments de l’imaginaire religieux sur les différentes facettes d’activité d’une radio commerciale) et l’accentuation (le crescendo baroque de Fellini). Philippe Delvosalle 14 SATIRE ET CARICATURE 15 juil. / août / sept. 2015 PLAYLISTS PLAYLISTS FICTION (1) FICTION (2) Michaël Avenia QUAND LE CINÉMA S’AUTOPARODIE GET SHORTY (Barry Sonnenfeld, 1996) – VG2361 Chilli Palmer, petit brigand fan de cinéma, débarque à Hollywood et va aider un producteur dans l’embarras et l’incapacité de produire son film. Avec un humour féroce et une belle brochette d’acteurs, Barry Sonnenfeld nous plonge dans le monde trouble des séries B et du financement de film. HOLLYWOOD ENDING (Woody Allen, 2002) – VH4985 Woody Allen se mue ici en réalisateur sur le déclin. Le processus auto-psychanalitique qui lui est propre domine cette fois encore la mise en scène et il en profite pour donner une vision peu reluisante et décalée des gens du showbiz et du statut de créateur. JOE LIMONADE (Oldrich Lipsky, 1964) – VJ0379 Parodie de l’industrie hollywoodienne, mais surtout hommage au cinéma des débuts, « Joe Limonade » détourne les codes du western à des fins comiques. Que ce soit sur le fond ou dans la forme, « Joe Limonade » est une comédie à la fois dynamique et inventive. LAST ACTION HERO (John McTiernan, 1992) – VL0635 Arnold Schwarzenegger s’autoparodie dans ce film qui mêle action, humour et suspense. Mais avant tout, « Last action hero » porte un regard amusé sur les films d’action de série B et les clichés dont ils abreuvent les écrans. 16 THE EXTRAS (Ricky Gervais, 2005-2006) VE0458 + VE0459 Après nous avoir régalés avec The office, sa vision drolatique du petit univers mesquin d’un patron tyrannique, Ricky Gervais investit cette fois les plateaux de tournage. Côtoyant de vrais acteurs dans leur quotidien déluré, son personnage en quête de reconnaissance nous emmène dans les coulisses mouvementées du Septième art. LE ZINZIN D’HOLLYWOOD (Jerry Lewis, 1961) – VZ3551 Jerry Lewis enrichit son cinéma burlesque d’un regard satirique sur le Studio système propre au cinéma hollywoodien. Il nous montre l’envers du décor de l’usine à rêve, décortique les maillons de la chaîne de production d’un film avec l’humour bête et féroce qu’on lui connaît. FOLIE-FOLIE (Stanley Donen, 1978) – VF0918 Conçu comme un double programme (avec un petit bout d’un troisième au milieu), Folie-folie, film testament de Stanley Donen, est un hommage au cinéma d’avant-guerre. Mais un hommage également critique des systèmes de production d’alors quand les studios s’adressaient à un public conquis d’avance et recyclaient à l’envi les mêmes recettes. JACKY AU ROYAUME DES FILLES (Riad Sattouf, 2014) – VJ0386 En République démocratique et populaire Bubunne, les femmes ont le pouvoir, commandent et font la guerre, et les hommes portent le voile et s’occupent de leur foyer. Parmi eux, Jacky, un garçon de vingt ans a le même fantasme inaccessible que tous les célibataires de son pays : épouser la colonelle, fille de la dictatrice, et avoir plein de petites filles avec elle. Mais quand la générale décide enfin d’organiser un grand bal pour trouver un mari à sa fille, les choses empirent pour Jacky : maltraité par sa belle-famille, il voit son rêve peu à peu lui échapper… LA FOLLE HISTOIRE DE L’ESPACE (Mel Brooks, 1987) – VF5541 Dans une galaxie lointaine, la guerre des gadgets fait rage. Après avoir stupidement dilapidé l’atmosphère de leur planète, les spaceballs décident d’enlever la jeune princesse Vespa afin de contraindre son père à ouvrir le bouclier thermique de Druidia. Une parodie délirante et pleine de verve de « la guerre des étoiles ». TONNERRE SOUS LES TROPIQUES (Ben Stiller, 2008) – VT0351 Un casting d’enfer pour un voyage… au bout de l’enfer ! En tête d’affiche : Tugg Speedman, la star du film d’action, en chute libre depuis ses trois derniers navets. À ses côtés : Jeff Portnoy, spécialiste des comédies (très) bas de gamme… Au total, cinq ego surdimensionnés au service du « plus grand film de guerre de tous les temps ». Sur le papier, ça se tient, mais sur le tournage tout dérape. 99 FRANCS (Jan Kounen, 2007) – VN0148 Octave est le maître du monde : il exerce la profession de rédacteur publicitaire, il décide aujourd’hui ce que vous allez vouloir demain. Pour lui, l’homme est un produit comme les autres. Octave travaille pour la plus grosse agence de pub du monde : Ross & Withcraft, surnommée « La Ross ». Il est couvert d’argent, de filles et de cocaïne. Pourtant, il doute. Deux événements vont bouleverser le cours de la vie d’Octave. LA VIE DE BRIAN (Terry Gilliam, 1979) – VV3993 Sur le même principe que The holy Graal, les Monty Python se penchent sur la vie de Brian, frère jumeau de Jésus Christ, moins populaire que ce dernier toutefois. Se mélangent avec beaucoup de brio une réelle recherche historique (sur les conditions de vie quotidienne par exemple) et le délire des Python. La scène de la lapidation, digne d’anthologie, est restée dans toutes les mémoires. TOUT LE MONDE IL EST BEAU, TOUT LE MONDE IL EST GENTIL (Jean Yanne, 1972) – VT5551 Le président de « Radio Plus » licencie Paul Gerber. Sans emploi, celui-ci monte une comédie musicale sur la vie de Jésus. Succès considérable. Gerber réintègre Radio Plus avec les pleins pouvoirs. Il décide de démystifier la profession. La liberté de ton provoque la répression. Gerber est forcé de partir… avec de belles indemnités. Une comédie au vitriol sur le monde de la radio. SATIRE ET CARICATURE 17 juil. / août / sept. 2015 PLAYLISTS LIVRES OUVERTS DOCUMENTAIRE LE ROMAN SATIRIQUE, ŒUVRE DE VIGILANCE LIVRES OUVERTS Jean Nicolas Françoise Vandenwouwer FINI DE RIRE (Olivier Malvoisin, 2012) – TQ3211 Initié en 2006 lors du lancement de l'association Cartooning for Peace à New York dans le sillage de l'affaire des caricatures de Mahomet, "Fini de rire" explore cette question à travers ceux qui en tant qu'artistes et journalistes sont à l'avant-garde d'un combat au cœur des enjeux politiques et sociétaux du 21ème siècle : les dessinateurs de presse. "Fini de rire" utilise le dessin de presse comme on ouvre un livre d'histoire : pour comprendre les enjeux, prendre de la distance, analyser et construire sa propre opinion. DANS LA PEAU DE JACQUES CHIRAC (Michel Royer & Karl Zero, 2006) TH2151 Autobiographie non autorisée qui retrace la carrière de l’homme politique depuis son entrée au gouvernement Pompidou en 1967 jusqu’en 2006. Il s’agit pour le chef de l’état, dont la voix est imitée par Didier Gustin, d’établir le bilan de ses années de pouvoir à un an des élections présidentielles et législatives de 2007. CAPITALISM, A LOVE STORY (Michael Moore, 2009) – TL1431 Quel prix l’Amérique paie-t-elle son amour du capitalisme ? Il y a quelques années, cette « love story » paraissait bien innocente. Aujourd’hui pourtant, le rêve américain s’est mué en cauchemar et ce sont les familles qui en paient le prix avec leurs emplois, leurs foyers, leurs économies. 18 Si la satire se manifeste de manière plus évidente et virulente par le dessin caricatural, la littérature en pratique depuis longtemps un art nuancé d’ironie, d’absurde ou de burlesque. Les écrivains fustigent et démontent inlassablement les fonctionnements et dysfonctionnements, travers, excès des hommes, de leurs sociétés et de l’édification de leurs cultures. La satire sociale tient sa place sur les scènes littéraires de tous les continents, de toutes les époques, censurée ou pas selon les régimes sous lesquels elle s’écrit. FIN DE CONCESSION (Pierre Carles, 2010) – TQ3201 Sous l’identité d’un improbable journaliste uruguayen, Pierre Carles alias Carlos Pedro, mène une enquête sur la privatisation de la première chaîne télévisée française : Pourquoi la concession de TF1 au groupe Bouygues est-elle renouvelée automatiquement depuis 1987 ? Pierre Carles tire les leçons de ses années de combat contre les moulins à vent médiatiques, et s’interroge sur la stratégie à adopter pour porter des coups à un pouvoir qui a appris à esquiver. THE CORPORATION (Mark Achbar, 2003) – TL2501 En deux heures et demie, The corporation soulève de très nombreuses questions, essentielles, rares et passionnantes, sur l’entreprise. Si elle a, légalement, les mêmes droits qu’un individu, pourquoi se conduit-elle de façon si peu humaine ? Ce documentaire montre que le comportement de l’entreprise correspond en tous points à celui d’un psychopathe : Égoïste, menteur, se moquant totalement du bien-être et du respect d’autrui. LE FILS DU DIEU DE L’ORAGE Arto Paasilinna – 1984 « Vous autres, fonctionnaires êtes vraiment des gens incroyablement têtus, soupira Rutja. Mais que vous le croyiez ou non, je suis le fils du dieu de l’Orage. » Un jeune dieu est envoyé sur terre afin de détourner les Finnois du christianisme et de les ramener vers leurs dieux véritables. Il est chargé en outre d’observer le mode de vie des Finnois. Il s’incarne dans le corps d’un modeste antiquaire avec lequel il a conclu un pacte, celui-ci se retirant momentanément de ses affaires qu’il laisse aux mains du fils du dieu de l’Orage… Auteur prolifique, Arto Paasilinna ne se lasse pas d’observer d’un œil goguenard ses compatriotes et d’en broder des aventures. MAÎTRES ANCIENS – COMÉDIE Thomas Bernhard – 1985 Virulente critique du monde de l’art, celui des musées et celui de la culture d’État, par laquelle Thomas Bernhard s’attaque à tout ce qui participe d’une société dite démocratique et cultivée. Le discours captive, perturbe et maintient le lecteur sur le fil d’un réel bâti comme un château de cartes que le souffle du rire peut (doit !) réduire à néant. « Vous avez la force de transformer le monde en caricature, la plus grande force de l’esprit, a-t-il dit, qu’il faut pour cela, cette seule force de survie, a-t-il dit… » LE MAÎTRE ET MARGUERITE Mikhaïl Boulgakov – 1967 Chef-d’œuvre de la littérature, censuré et publié plus de vingt ans après la mort de son auteur, le roman s’inscrit dans la tradition des récits fantastiques russes, doublé du caractère satirique des écrits de Boulgakov. Le diable, agent perturbateur par excellence, incarné en la personne d’un étrange professeur expert en magie noire, s’installe temporairement à Moscou. Il déclenche une cascade d’événements surnaturels ou fantastiques qui viennent perturber le fonctionnement de la société moscovite. Délation, corruption, internements, hystérie collective… Boulgakov s’empare du mythe de Faust et démonte les mécanismes d’organisation d’une société totalitaire et les travers des hommes qui la constituent. LE BERCEAU DU CHAT Kurt Vonnegut – 1963 Un journaliste « réunissant la matière d’un livre ayant trait à la bombe atomique… » se retrouve pour les besoins de l’enquête sur une île des Caraïbes, aux mains de businessmen et sous l’emprise d’une religion clandestine « afin de donner plus de piment et de piquant à la vie religieuse du peuple ». Politique, histoire, religion, sciences, tourisme, la société occidentale est passée au crible de la plume satirique de Vonnegut. « Si j’étais plus jeune, j’écrirais une histoire de la bêtise humaine… » L’IDÉE DE SPECK Mavis Gallant - 1980 Un directeur de galerie parisien veut offrir à l’Occident le peintre qui assurerait le renouveau artistique attendu désespérément par le monde de l’art. Il décide de remettre sur la scène un obscur peintre français décédé en réalisant une grande exposition de son œuvre. Mavis Gallant plante son personnage dans une bourgeoisie parisienne en pleine confusion entre les courants des divers mouvements politiques, idéologiques et spirituels, et se joue pour le plus grand plaisir du lecteur des uns comme des autres. CHANGEMENT DE DÉCOR UN TOUT PETIT MONDE JEU DE SOCIÉTÉ David Lodge – 1975, 1984, 1988 « Rummidge et Euphoria sont des lieux sur la carte d’un monde burlesque peuplé d’êtres imaginaires, un monde qui ressemble à celui dans lequel nous nous trouvons, mais qui ne correspond pas toutefois rigoureusement à lui. » Dans ces trois romans, David Lodge décortique d’une plume ironique et corrosive les travers de la société anglaise, des différentes sphères politiques, sociales, intellectuelles et spirituelles qui composent ce tout petit monde. SATIRE ET CARICATURE 19 juil. / août / sept. 2015 REVUE DU WEB LE GORAFI NORDPRESSE BAKCHICH POISCAILLE ZELIUM Anagramme et contrepartie satirique du journal « Le Figaro », le Gorafi est certainement un des sites satiriques les plus sérieux et les plus réputés du monde francophone. Son slogan est en soi tout un programme : Depuis 1826, toute l’information de sources contradictoires. Tous les articles sont faux, mais leur rédaction si proche de la presse traditionnelle qu’il est arrivé que cette même presse se fasse piéger par le Gorafi. Créant des polémiques et des commentaires acerbes sur la crédulité des gens et le manque de professionnalisme des journalistes. En un mot, tout est faux, mais tellement vrai. Comme le Gorafi, Nordpresse joue le miroir satirique du journal Sudinfo qu’il pastiche sans retenue pour nous livrer des informations basées sur de la vraie actualité, mais que l’on détourne pour nous en offrir une lecture complètement délirante. Nordpresse se présente comme un journal de l’info insolite, de l’actualité insolite… C’est sans doute pour mieux tromper le lecteur ! La seule chose qui soit insolite, c’est de voir comment par de la fausse information on peut nous en dire autant sur la folie de notre monde. Revue satiriste et caricaturiste française, Bakchich souligne sa philosophie et sa ligne éditoriale par cette simple phrase : Satire juste. Moins délirant que le Gorafi et Nordpresse, Bakchich se veut plus sérieux et investigateur. La part que Bakchich accorde à l’esprit satirique consiste plutôt à nous faire sourire et à nous rappeler que décidément ce monde n’est pas toujours très beau, mais qu’il faut tout de même sourire un peu. Plutôt que de se lancer dans le registre des faux articles purs et durs, Bakchich préfère tirer juste et précisément sur la part d’ombre de notre société. Le Poiscaille est un journal satirique indépendant et totalement liégeois de 20 pages, animé par une trentaine de bénévoles formés aux techniques du journalisme et de la caricature (ULg, Saint-Luc…). Tous les deux mois, la rédaction publie des articles sur la politique liégeoise et la société civile ainsi qu’une foule de caricatures. Plus on est de fous, plus on rit ! Zélium, c’est une centaine de bénévoles, dessinateurs, journalistes et chroniqueurs, c’est 3 ans de publications, de festivals et de rencontres. Malgré la crise de la presse et la prédominance du modèle numérique, Zélium fait le pari d’une publication satirique imprimée, indépendante et subversive, sans publicité ni actionnaires. Son credo, c’est la rigolade séditieuse, la marrade subversive, c’est la plume explosive et le crayon en pétard. https://www.bakchich.info/ http://lepoiscaille.be/ http://www.legorafi.fr/ http://nordpresse.be/ Ayant pour seuls crocs l’humour, l’autodérision et l’impertinence dont manquent cruellement les mastodontes médiatiques, Le Poiscaille est un empêcheur de penser en rond et rebat constamment les cartes des vérités absolues. http://www.zelium.info/ CARICATURES &CARICATURE Cet espace rédactionnel a été fondé en janvier 2007 par Guillaume Doizy. Depuis les années 1990, la caricature suscitait un nouvel intérêt dans les milieux universitaires et enseignant. Mais en 2007, il manquait encore un site dynamique se donnant pour objectif de réunir les contributions éparses et surtout de tenir à jour le calendrier des actualités de la recherche sur la caricature. En proposant des articles en ligne, des analyses de fond, en annonçant les colloques, en relayant les appels à contribution, les expositions ou même les petites annonces de collectionneurs, en publiant des comptes rendus d'ouvrages ou des billets d'humeur, le site permet à tous de connaître cette actualité de la recherche sur la caricature, de s'intéresser aux grandes questions qui traversent le petit milieu porté à s'intéresser à cette histoire de la satire visuelle. http://www.caricaturesetcaricature. com/ CENTRE D’ACTION LAÏQUE Le Centre d’action laïque (CAL) est une association sans but lucratif qui assure la défense et la promotion de la laïcité en Belgique francophone. Au travers de ses différentes implantations régionales et locales, la laïcité s’implique dans la vie de la cité. Elle réfléchit, débat et agit sur tous les aspects de notre vie en société : égalité homme femme, enseignement, début et fin de vie, interculturalité, enfermement, assuétudes, libertés… La régionale de Charleroi du Centre d’action laïque s’est vue confier il y a deux ans l’abondante collection privée de Pierre Duculot constituée d’exemplaires du magazine Charlie Hebdo. Depuis lors et de façon plus intensive suite à l’attentat de Paris le 7 janvier 2015, le CAL met ces exemplaires à disposition des associations afin de faire vivre la culture du débat, le questionnement sur la liberté d’expression et la caricature ainsi que la défense de l’irrévérence qui sont autant de garants de la libre pensée au cœur du projet de la laïcité et de notre société démocratique. L’ESSENTIEL Avant de devenir un journal en ligne, L’Essentiel était un journal tout court, édité depuis 1990 par la FUNOC (organisme de formation pour adultes ayant vu le jour en 1977 dans la région de Charleroi). Le site www.journal-essentiel.be est né lui en 2001 et sa maquette a été entièrement revue par Banlieues en 2011. Ce site a un sous-titre : « L’information simple comme bonjour ». Les informations sont rédigées dans un français facile et présentées en respectant les règles de lisibilité. Il s’adresse à tous, sans prérequis nécessaire et particulièrement à un public peu familiarisé avec la lecture. L’essentiel développe des cahiers thématiques pour l’éducation permanente, dont un sur la caricature et ses enjeux. http://www.journal-essentiel.be/?Charlie-le-Prophete-et-la-libertehttp://www.journal-essentiel.be/ http://cal-charleroi.be/index.php/fr/ expositions/charlie-hebdo-expo http://www.laicite.be/ Jean Nicolas 20 SATIRE ET CARICATURE 21 juil. / août / sept. 2015 L’OBJET EN QUESTION MISTER PUNCH Donnez un bon coup de punch SOUS L’ANGLE ÉDUCATIF Castelet Punch « Les clowns à l’hôpital », un projet reconnu et soutenu par le service santé à votre morosité de la Cocof ainsi que par le CHU Saint- L’HUMOUR EN MILIEU HOSPITALIER, UNE NÉCESSITÉ ? Pierre, le CHU Érasme. www.clowns-hopital.be La marionnette Punch, de son nom originel Punchinello, est aussi célèbre en Angleterre que l’est Guignol en France ou Pulcinella (Polichinelle) en Italie. C’est un personnage tragicomique qui est à la fois grotesque, malicieux, cynique et jaloux. En somme, il accumule en sa joyeuse personne tous les vices et les abus d’un homme entièrement soumis à ses passions ! Mais il s’inscrit dans la droite ligne des traditions théâtrales élisabéthaines qui mettaient en scène les mœurs brutales de son époque (XVIe siècle) qui était tout entière dominée par la violence des guerres et des ambitions dynastiques. Il aurait été joué pour la première fois à Londres en 1662 par Pietro Gimonde, montreur de marionnettes à fils. Mais ce n’est qu’au 18ème qu’il s’impose vraiment. D’abord comme personnage secondaire dans des pièces de théâtre pour marionnettes à fils, ensuite sous la forme de marionnette à gaine dans des castelets ambulants qui ont parcouru les rues anglaises tout au long du 19ème siècle. Et c’est là qu’il va prendre la forme, le caractère et la réputation définitifs qu’on lui connaît depuis ce jour. Il passionne les foules au point de devenir un phénomène national, tant et si bien que chaque année, lors de la May Fair (foire de mai), il est mis à l’honneur et on fête son anniversaire le 9 mai au London’s Covent 22 Garden qui n’est autre que son lieu de naissance officiel. D’apparence caricaturale avec son corps difforme, son masque outrancier et son gros nez tordu, Punch est l’exemple typique de la marionnette contestataire qui attaque à coup de gourdin tout ce qui lui fait obstacle. C’est ainsi qu’il transpose les moralités défaillantes des hommes en parodiant cette cruauté humaine qui, semble-t-il, ne connaît aucune limite. Le personnage traditionnel, qui n’est pas celui que l’on joue habituellement devant les enfants, est si expéditif que dans la pièce Punch & Judy, il n’hésite pas à tuer son enfant, sa femme, le policier et tous ceux qui se présentent à lui, jusqu’au diable lui-même ! Bastonnade incessante qui le mène toutefois, et selon les versions, à trouver son chemin de rédemption. Mister Punch est une marionnette qui, comme tant d’autres, est capable de nous émerveiller et de nous faire rire, même quand il nous conte les histoires les plus sombres. À la seule condition que nous n’ayons pas perdu cette souplesse de l’esprit qui consiste à vivre l’impensable avec l’imaginaire d’un enfant. Une forme d’esprit satirique qui ne peut s’endormir avec une histoire horrible en tête sans chercher à lui redonner une autre fin. Jean Nicolas Mister Punch Bibliographie sélective : - Moussa Nabati, L’Humour-thérapie. Paris, Le Livre de poche, 2010. - Henri Rubinstein, Psychosomatique du rire. Paris, Robert Lafont, 2003. - Caroline Simonds et Bernie Warren, Le Rire médecin : journal du docteur Girafe. Paris, Pocket, 2004. - Adams Patch, Docteur Patch Adams : quand l’humour se fait médecin. Montréal, Éditions internationales Alain Stanké, 2000. L'humour (et plus particulièrement encore le rire, l'une de ses résultantes) occupe une place d'importance dans notre quotidien. Il structure tout un pan de notre vie sociale et se présente comme un contrepoint bienvenu à nos tracas de tous les jours. Dès lors, associer le rire aux notions de soins, de thérapies (physiques ou psychologiques) ne semble pas si absurde. Car outre ses effets bénéfiques sur notre psychisme, ses conséquences physiologiques sont observables : il favorise le sommeil, stimule la digestion, renforce le système immunitaire, diminue le stress… Bref, le rire apporte, grâce à son rôle dédramatisant et empathique, un surcroît d’efficacité aux soins prodigués et s’avère dès lors un vecteur utile, voire même un complément essentiel, aux thérapies médicales traditionnelles. Michaël Avenia — Service éducatif La présence de clowns auprès d’enfants malades, en difficulté familiale ou psychologique, va d’abord susciter la surprise, l’étonnement, puis parfois le rire… lorsqu’il daigne pointer le bout de son nez ! Les clowns à l’hôpital, 2015 - © Yves Herman Les artistes concernés savent que le rire ne se commande pas, ils opèrent de manière nuancée, dans le respect de l’autre, sans acharnement zygomatique… S’ils osent l’humour dans des situations aussi sérieuses, c’est parce qu’ils sont persuadés que le rire agit tel un tranquillisant sans effets secondaires, comme une véritable détente pour le corps et pour l’esprit. Un argument qui a été attesté dans un récent colloque « Rire pour ma santé » : Au-delà des bienfaits pour la santé mentale et physique, l’humour crée du lien social. Il agit comme ciment dans la relation, en famille, au sein du couple, entre amis, au travail. Le rire, par son authenticité, sa complicité et sa spontanéité, restaure le contact et participe à l’inclusion sociale. Partager l’humour et le rire à l’hôpital, c’est donc, pour ces artistes, prendre conscience qu’ils sont déclencheurs de joie et d’enthousiasme ; les cultiver et les diffuser autour d’eux devient une mission à la fois culturelle et humanitaire. N’est-ce pas une priorité dans une société en quête de sens ? Catherine Vanandruel — comédienne-clown intervenante en pédiatrie SATIRE ET CARICATURE 23 juil. / août / sept. 2015 PENSE-BÊTE programme de la thématique Satire et caricature EXPOSITIONS EXPOSITIONS LECTURE PUBLIQUE COLLOQUE BATIA MOÛRT SOÛ TRAITS D’HUMOUR ROMANS À CARACTÈRE SATIRIQUE LA DÉMOCRATIE DU RIRE À l’occasion des 20 ans de publications du Batia Moûrt Soû (1995-2015), une trentaine d’artistes répondent à l’appel lancé par Achille Chavée : « Qu’allons-nous devenir avec la culture obligatoire ? » (Au demeurant, Le Daily-Bul, 1969) L’exposition est un parcours à travers les couvertures historiques, tracts, affiches, dessins originaux… du périodique satirique depuis sa création, avec un focus sur le Cabaret des âmes, rubrique de Fanchon Daemers qui revisite l’histoire des anarchistes, de Liège à Mons, en passant par La Louvière. L iège – 08/08/15 au 27/08/15. Une exposition de caricatures éducative et itinérante Une analyse drôle et (im)pertinente sur le récit médiatique des attentats de janvier 2015. Depuis lors, lutter pour la liberté d’expression et le respect du débat démocratique s’impose plus que jamais. Comprendre, analyser les médias et décoder leur rôle, constitue un objectif éducatif essentiel pour ne pas tomber dans le piège de l’amalgame et de la stigmatisation. En collaboration avec 3 dessinateurs de talent — Yakana, Titom et MickoMix —, le GSARA a imaginé une exposition pédagogique pour nous faire rire et réfléchir sur le traitement médiatique de ces questions aussi sensibles que cruciales. Toutes les infos sur www.gsara.tv/caricatures. Une initiative du GSARA avec le soutien de la Fédération Wallonie Bruxelles. CHARLIE HEBDO La régionale de Charleroi du Centre d’Action Laïque s’est vu confier il y a deux ans l’abondante collection privée de Pierre Duculot constituée d’exemplaires du magazine Charlie Hebdo. Depuis lors et de façon plus intensive suite à l’attentat de Paris le 7 janvier 2015, nous mettons ces exemplaires à disposition des associations afin de faire vivre la culture du débat, le questionnement sur la liberté d’expression et la caricature ainsi que la défense de l’irrévérence qui sont autant de garants de la libre pensée au cœur du projet de la laïcité et de notre société démocratique. N amur C harleroi « NOIRS DESSINS DU COMMUNISME » – 01/07/15 au 29/07/15. (L’exposition de Charleroi sera accompagnée d’une seconde exposition hommage du « Batia Moûrt Soû », journal satirique belge qui a collaboré avec Charlie Hebdo) N amur – 04/08/15 au 27/08/15. POISCAILLE, JOURNAL SATIRIQUE Idépendant et totalement liégeois, Le Poiscaille (20 pages) est un bimestriel animé par une trentaine de bénévoles. Un but : proposer aux Liégeois une information alternative, décalée, référencée, ludique. Retrouvez pendant trois mois, à travers la Wallonie, les meilleures réalisations de son équipe de dessinateurs et caricaturistes ! L iège – 01/07/15 au 29/07/15. C harleroi N amur – 01/07/15 au 29/07/15. L ouvain -L a -N euve C harleroi – 04/08/15 au 29/08/15. – 01/09/15 au 29/09/15. Le Parti communiste de Belgique (PCB) attaque le trône, l’Église, les États-Unis, le militarisme, la droite, le patronat et les socialistes, mais jamais les dirigeants syndicaux. Le dessin politique, de son côté, revêt parfois un aspect lyrique, voire tragique, quand il exprime par son esthétique, la solidarité avec les opprimés. La presse communiste, au sens large, n’a pas recouru systématiquement à l’illustration graphique. Mais par le biais de rencontres très riches entre artistes et communisme, la création de ces dessins politiques constitue tout un regard sur l’histoire politique et sociale du XXe siècle en Belgique, sur les enjeux internationaux, l’élan de solidarité avec les peuples opprimés et les victimes du fascisme. Une richesse rétrospective. Exposition ULB culture, CarCoB, CHSG, IHOES, FLL, INEM, Mundaneum B ruxelles Lecteur infatigable, animateur hors pair, instituteur, formateur, bibliothécaire-directeur, Jean-Claude Tréfois (45 ans de découvertes littéraires) lit quelques extraits bien choisis de romans à caractère satirique, comique ou cruel, avant d’animer le débat avec les personnes présentes. René Goscinny, Jacqueline Harpman, Arthur Masson, Amélie Nothomb, Dino Buzzati, Daniel Adam, tous trouveront écho dans les lectures de Jean-Claude Tréfois et dans les réactions du public dont l’imagination et l’intelligence nous emmènent souvent hors des sentiers battus de la critique littéraire. Une réflexion sur le jeu démocratique de l'esprit satirique et de la caricature Durée de la lecture publique : 1h30. Peut-on réduire l’humour à une fonction sociale dont le but essentiel, pour ne pas dire unique, est de nous distraire de nos mauvaises humeurs ou de nos fatigues temporaires ? Peut-on s’imaginer que les seules distinctions humoristiques de la satire ou de la caricature sont de nature frivole, ludique ou vulgaire ? Enfin, peut-on croire que le rire n’a pas d’utilité pour le débat public ou qu’il n’est pas assez intelligent pour posséder une dimension réformatrice pour tous ceux qui veulent vivre la vie et non plus la survivre dans le doute, les contradictions et les crispations d’un monde en crise ? L iège Conférenciers : – Date à confirmer C harleroi – 15/09/15 Ismaël Saïdi, comédien, réalisateur et scénariste. Auteur de la pièce Djihad. Nelly Quemener, sociologue Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3. Frédéric Moens, Directeur des études à l’IHECS, Sociologue et anthropologue à l’UCL. Anne Morelli, Directrice du centre interdisciplinaire d’étude des religions et de la laïcité ULB. Philippe Marion, Professeur à l’UCL, spécialiste de la caricature et de la bande dessinée. B ruxelles – 18/09/15 – 11/08/15 au 12/09/15. – 04/08/15 au 27/08/15. – 01/09/15 au 29/09/15. 24 SATIRE ET CARICATURE 25 juil. / août / sept. 2015 1) B /2 ) B / 3) D / 4) C / 5) A et D / 6) 1-B, 2-A, 3-C, 4-D / 7) A 8) A, B et C / 9) B / 10) D / 11) C / 12) A, B et D / 13) A-2, B-4, C-1, D-3 /14) D /15) B-D-A-C-E QUIZ’ IN /Illustrations © D.R. Marie-Sophie du Montant 6/ QUI EST QUI ? 1 Max Linder / 2 Harold Lloyd / 3 Oliver Hardy / 4 Buster Keaton 9/ QUI A ÉCRIT : « IL FAUT RIRE DE TOUT. C'EST EXTRÊMEMENT IMPOR TANT. C'EST LA SEULE HUMAINE FAÇON DE FRISER LA LUCIDITÉ SANS TOMBER DEDANS. » A Pierre Dac / B Pierre Desproges / C Coluche / D Winston Churchill 12/ QUELLE EST LA PARTICULARITÉ DU BALLET COMIQUE DE LA REINE ? A 1/ LAQUELLE DE CES ŒUVRES N’APPARTIENT PAS AU REGISTRE DE LA SATIRE ? 3/ QU’EST-CE QUI NE CONSTITUE PAS UN EFFET COMIQUE SELON HENRI BERGSON ? B C L'œuvre est considérée comme le premier ballet de l'histoire (1581) D A 7/ DANS LES DENTS DE LA MER, LA RÉPLIQUE DU REQUIN-TUEUR SE PRÉNOMME BRUCE, SURNOM DONNÉ PAR STEVEN SPIELBERG EN RÉFÉRENCE À : A Pantagruel de François Rabelais A Le diable à ressort A Bruce Ramer, son avocat B La Franciade de Pierre de Ronsard B Le pantin à ficelles B Bruce Lee, à cause du film Le Jeu de la mort C Don Quichotte de Cervantès C L'effet boule de neige C Amy Irving, surnom de sa première femme D L'aversion D Bruce Springsteen, à cause de la chanson « No Surrender » C’est une création du maître à danser Balthasar de Beaujoyeulx B 4/ QU’EST-CE QU’UN CAMÉO ? A Une sorte de petit chameau B Un caramel espagnol L'apparition fugace d'une personnalité, dans un récit 8/ MONTY PYTHON : LA VIE DE BRIAN DE TERRY JONES (1979) EST FRAPPÉ DE CENSURE. MAIS OÙ ET QUAND ? Dans Les Aventuriers de l'arche perdue : C3PO et R2D2 sont représentés dans un hiéroglyphe A C Jupiter est joué par François 1er Les victimes de Circé, transformées en bêtes, sont interprétées par les membres de la Cour D 10/ JEAN YANNE EST AUSSI PRODUCTEUR, SAUF D’UN DE CES FILMS : Les Voyages de Gulliver de Jonathan Swift D 14/ BEAUCOUP DE BOURDES AU CINÉMA, MAIS CI-DESSOUS UNE SEULE EST FAUSSE : A Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil B Moi y'en a vouloir des sous A En Norvège pendant quelques mois C Touche pas à la femme blanche B En Irlande jusqu'en 1987 D Êtes-vous fiancée à un marin grec ou à un pilote de ligne ? C En Italie jusqu'en 1990 D En Angleterre jusqu’au décès de la Reine Elisabeth II Dans Les Sous-doués passent le Bac : la machine à apprendre dit « L'ONU a été fondé en 1942 » B Dans Star Wars, épisode IV : un « stormtrooper » se cogne la tête à une porte C Dans Gladiator : on voit une bonbonne de gaz à l’arrière du char D C D 2/ COMMENT A ÉTÉ ACCUEILLI LE ROMAN D'ALPHONSE DAUDET TARTARIN DE TARASCON (1872) ? Par les hourras des chasseurs de casquettes A Une broche en pierre 5/ QUELLE EST LA PARTICULARITÉ DU JOURNAL HUMORISTIQUE "LA BOUGIE DU SAPEUR" CRÉÉ EN 1980 ? Les solutions des mots croisés ne sont données que tous 1 460 jours A À coups de pierres et d'insultes par les tarasconnais B Par des coups de fusil des chasseurs de lion C Les Provençaux refusèrent de lui servir le pastis D 26 13/ QUI JOUE DANS CHACUNE DE CES SÉRIES COMIQUES ? B 11/ QUELLE EST LA PARTICULARITÉ DU BALLET SWAN LAKE MISE EN SCÈNE PAR MATTHEW BOURNE EN 1995 ? A Le Prince de Bel Air B Big Bang theory C The Office (version anglaise) D How I Met Your Mother 15/ CLASSEZ CES ÉMISSIONS HUMORISTIQUES PAR ORDRE D’ARRIVÉE AU PETIT ÉCRAN : A Les Snuls A Il a remporté un Tony Award 1- Ricky Gervais B Le Muppet Show B Les costumes sont de Donald Cardwell 2- Alfonso Ribeiro C Les Carnets de Monsieur Manatane C Les cygnes sont dansés par des hommes 3- Alyson Lee Hannigan D Merci Bernard D Les décors sont de Roger Harth 4- Jim Parsons E Groland Il est écrit en vieux françois Il propose des abonnements de 50 ans C D Il ne paraît que le 29 février SATIRE ET CARICATURE 27 juil. / août / sept. 2015 PORTFOLIO Maison Culturelle d’Ath Le Palace - Rue de Brantignies, 4 7800 Ath Sortilège, Rue et Vous ! - Célestroï - © N&B Photographe 068 26 99 99 - [email protected] www.maisonculturelledath.be Sortilège, Rue et Vous ! - Les passeurs de rêves © Hismans Geoffrey Sortilège, Rue et Vous ! - The Cirque - © Michel Verpoorten MAISON CULTURELLE D’ATH Depuis sa création en 1979, la Maison Culturelle d’Ath développe son action dans une perspective d’éducation permanente centrée sur la participation citoyenne. Elle offre aussi une palette très large d’activités destinées à des publics variés (scolaire, jeunes, villageois, précarisés, associations,…). Avec l’ouverture du Palace, une des plus belles salles de spectacle de la FWB, avec la reprise de l’exploitation du cinéma L’Écran, la MCA propose une programmation de qualité et diversifiée, suscitant tantôt plaisir et divertissement, tantôt réflexion et esprit critique : théâtre, concerts, conférences, 28 expositions, cinéma mais aussi des ateliers, des stages, des animations… Une programmation complétée par le festival "Sortilèges, Rue et Vous !", festival pluridisciplinaire de rue. Toujours en visant la participation active, ses projets contribuent au développement régional, associatif et visent à sensibiliser la population à diverses problématiques actuelles et futures dont les enjeux de son territoire : le bassin de vie du Pays vert. 29 juil. / août / sept. 2015 PORTFOLIO 01 01 - Projet animation - Un quartier plus que parfait © Michel Verpoorten 02 - Projet animation - Jeunes et visionnaires - © Henri Vincent 03 - Spectacle Promenade Les petits maux de la grande guerre © Mathieu Demuldre 04 - Analyse partagée - Territoires sans cible - © MCA 05 - Régional - Lueurs nocturnes - © MCA 06 - Régional - Lueurs nocturnes - © MCA 02 03 04 05 30 06 31 juil. / août / sept. 2015 PORTFOLIO 04 06 01 - Ruée vers l’art - Circulateurs - © Hismans Geoffrey 02 - Ruée vers l’art - © MCA 03 - Ruée vers l’art - © MCA 04 - Analyse partagée - Territoires sans cible - © MCA 05 - Analyse partagée - Territoires sans cible - © MCA 06 - Régional - Le legs d’Eva - © MCA 07 - Régional - Le legs d’Eva - © MCA 01 07 05 02 03 32 33 juil. / août / sept. 2015 PORTFOLIO Analyse partagée - Territoires sans cible - © MCA 34 35 juil. / août / sept. 2015 PORTFOLIO 01 02 01 - Analyse partagée - G100 - Miroirs - © MCA 02 - Soirée Banksy au Cinéma l’écran - © Michel Verpoorten 03 - Soirée Banksy au Cinéma l’écran - © Michel Verpoorten 04 - Spectacle 2014-2015 - Le jour où ma mère a rencontré John Wayne - © simonwiffels 05 - Spectacle 2014-2015 - Alice 05 04 03 36 37 juil. / août / sept. 2015 CE QUI VIENT… Écoute/Conférence SEMAINE DU SON Le vendredi 18/09 Bruxelles Festival Exposition RÉSINE ET COULEUR, UNE EXPLORATION DU PLI Du Mer. 24/06 au Jeu. 30/07 Louvain-la-Neuve Showcase KIDZIK ANTOINE LOYER Le samedi 29/08 Louvain-la-Neuve Le samedi 26/09 à 15h Namur apéro rock THE BEATLES: THE WHITE ALBUM Le samedi 12/09 à 11h Namur Chaque mois quelques dizaines de rendez-vous (expositions, conférences, ateliers, débats, etc.) sont programmés dans le réseau de nos PointCulture. À côté de propositions ponctuelles, de one shots, la plupart des PointCulture proposent aussi des cycles (consacrés au cinéma, à la musique, à la littérature, au vivre ensemble, etc.) dont rencontre et partage sont les maîtres-mots. Retrouvez toutes les infos sur notre application Nam Pointculture. Laurent Rieppi, né en 1980, est journaliste rock, conférencier et responsable de rubriques sur la radio de référence rock Classic 21 (RTBF). PointCulture Namur THE BEATLES : THE WHITE ALBUM (1968) PAR LAURENT RIEPPI PointCulture Louvain-la-Neuve JEANNE DUPLICY ET AURÉLIE DELIMOY RÉSINE ET COULEUR, UNE EXPLORATION DU PLI PointCulture Bruxelles PointCulture Namur EXPOSITION ANTOINE LOYER Si l’une explore le camaïeu de gris et la beauté du grain qu’offre la technique de l’aquatinte, l’autre s’aventure – avec une délicatesse extrême – sur les chemins offerts par les crayons de couleur. Les lecteurs mp3, le cloud, les services d’écoute en streaming ont fait que l’écoute de la musique constitue de plus en plus aujourd’hui une expérience solitaire. Si auparavant, on pouvait se réunir autour d’un bon vieux 33 tours ou même d’un CD et échanger nos avis entre amis, cet aspect « communautaire » de l’écoute de la musique tente à disparaitre. À la Médiathèque et aujourd’hui au PointCulture, l’idée est de rassembler, de partager, d’échanger notre passion pour la musique. Dans cet ordre d’idées, les « apéros rock », c’est se retrouver ensemble autour de l’écoute d’un album qui a profondément marqué l’histoire du rock. Après une introduction sous forme de mini-conférence qui resitue l’œuvre dans son contexte historique, musical et géographique, nous reprenons le temps d’écouter l’ensemble d’un album et d’échanger nos points de vue et nos sentiments sur celui-ci. Sam. 12/09 à 11h SHOWCASE Tout d’abord, écoutez une sélection des 12 meilleures séquences de la nouvelle édition du concours de field recordings (enregistrements de terrain) de la Semaine du son (intéressé d’y participer? consultez le règlement sur www.lasemaineduson.be). La soirée sera par ailleurs l’occasion de découvrir et d’expérimenter diverses « cartographies sonores », tandis qu’une conférence sera donnée sur le sujet. Une soirée pleinement placée sous l’angle des field recordings, qui sera pour les plus aventureux le point de départ d’une expédition nocturne en forêt de Soignes, pour découvrir, à l’aurore du samedi 19 septembre, le réveil sonore d’une faune variée. Du Mer. 24/06 au Jeu. 30/07 Vernissage le 04/07 à 14h Concert et projection de films d’animation autour de la musique et de l’humour. En deux albums, Poussée anglaise en 2011 et Chant de recrutement tout récemment, Antoine Loyer a fait bouger les lignes de la chanson française. En quelques chansons et de façon tout à fait intimiste il déplace et déstructure toute une identité sans la détruire et en imposant son propre univers. On pense au monde du folk, prédominant avec l’instrumentation acoustique mais transfiguré, on trouve aussi une très forte sensibilité aux musiques indiennes et aux ragas avec notamment la présence de tablas, de plus on perçoit sa curiosité pour pas mal de traditions qui sont parfaitement assimilées et intégrées dans son propre monde. Ce qui frappe cependant le plus ce sont les constructions tout à fait particulières, on n’est plus dans la simple alternance couplet/ refrain mais dans le collage et un style, non plus narratif mais poétique. Ven. 18/09 Sam 29/08 Sam. 26/09 à 15h SEMAINE DU SON ÉCOUTES / CONFÉRENCE EXPÉDITION EN FORÊT 38 LES APÉROS ROCK DE POINTCULTURE FESTIVAL KOSMOPOLITE ART TOUR STREET ART Suite au succès de l’édition de 2012, le festival de street art est de retour à Louvain-la-Neuve. PointCulture LLN y participe en mettant le mur extérieur de ses locaux à la disposition des artistes pour y réaliser une fresque. Venez assister à cette œuvre en gésine. Du Ven. 31/07 au Ven. 07/08 KIDZIK FESTIVAL DE MUSIQUE JEUNE PUBLIC 39 juil. / août / sept. 2015 TRACES Ce qui s’ est passé dans les PointCulture… mais ne s’ arrête pas pour autant TRICOTEZ VOUS EUGENE CHADBOURNE À CHARLEROI © Noël Godts Tous les samedis, Brigitte et Pénélope proposent au PointCulture Bruxelles un atelier tricot en deux séances, l’une en matinée, l’autre dans l’après-midi. Ouvertes à tous les publics, ces séances « Tricotez vous » sont des moments privilégiés pour laisser libre-cours à sa créativité débridée, sa folie tricotière ou à sa simple envie d’en apprendre plus sur les rudiments du crochet et du tricot. Et pendant que vous vous adonnez aux nombreuses lignes de laine, la musique bat son plein sous forme de playlist concoctée par Brigitte. Convivial et ludique « Tricotez vous » est un lieu de rencontres et d’échanges de vies qui se tricotent et se détricotent d’une séance à l’autre avec sourire et décontraction. L’ambiance y est orientée soleil et sourire, du printemps à l’hiver, avec la simple ambition de proposer un amusement collectif accompagné de biscuits, thé ou café en prime de goûter ou d’apéro selon la séance privilégiée. Et puisqu’il est question de collectif, sachez que certaines réalisations se concrétisent à plusieurs, notamment pour la journée yarn bombing du 9 mai dernier (tricot urbain ou tricot-graffiti) durant laquelle l’atelier a organisé un habillage d’arbres, de panneaux de signalisation, de luminaires et d’accroche-vélos réalisé en patchwork avec la collaboration des tricoteuses du Brei Club de Linkebeek. Vous l’aurez compris, au-delà de l’acte de décorer un bout de ville le but était aussi d’encourager une rencontre intergénérationnelle entre les tricoteuses et tricoteurs des deux clubs et de susciter des échanges de techniques, de bons plans, de savoir-faire. Noël Godts © Jérôme Henry En avril, PointCulture Charleroi accueillait le guitariste et banjoïste américain Eugene Chadbourne. Assisté de Guillaume Maupin, il anima un workshop au Vecteur dont le résultat donna lieu à un concert public. Huit musiciens répondirent à l'appel. Quatre guitaristes, un banjoïste, un bassiste, un batteur et un chanteur. Âgés de vingt à soixante ans et venus d'horizons différents, ils constituèrent, en peu de temps, une formation cohérente où chacun trouva sa place ! Le sujet du workshop : le décalage et les changements de perspectives appliqués aux grands styles musicaux US : country, rock, jazz, pop, soul… On se doutait qu’Eugene ne donnerait pas un cours très académique et laisserait une belle part de liberté aux stagiaires. Pour lui, il n'est pas essentiel que tout soit parfaitement maîtrisé. Certains morceaux ne seront répétés qu'une fois avant le concert. Doc Chad a également ajouté au programme une improvisation collective durant laquelle les musiciens pouvaient jouer en même temps ce qui leur passait en tête et pouvaient à tout moment lever la main pour interrompre le jeu et reprendre de plus belle. En trois jours de travail, le groupe présenta au final un set live de 45 minutes qui tenait vraiment la route, témoignant d'un plaisir de jouer communicatif. Un moment improvisé eut lieu le second jour et illustra parfaitement la thématique « Artistes au travail ». À la fin de la seconde journée, les stagiaires posèrent des questions au Doc sur sa carrière, ses musiciens préférés (dont la contrebassiste Joëlle Léandre), et même le sens de la vie ! Chadbourne prit le temps de répondre, non sans humour espiègle… Le workshop se transforma alors en masterclass, en transmission d'expérience de vie. Jérôme Henry 40 41 juil. / août / sept. 2015 VEILLE Des nouvelles des acteurs culturels, en Belgique, en Europe, dans le monde… © Isabelle Françaix Yéti – Cantine moderne : à découvrir Rue de Bonsecours, 4 - 1000 Bruxelles. Découvrez également Yéti 2 : Rue du Viaduc, 133 - 1050 Ixelles. Brussels Beer Project : Rue Antoine Dansaert, 188 - 1000 Bruxelles. L’ÉCONOMIE CIRCULAIRE : ET CHEZ NOUS ? Parmi les concepts qui fleurissent un peu partout, dans tous les domaines de notre culture contemporaine, il en est un qui par sa valeur systémique concerne tant les champs de l’économie que de l’écologie : celui d’« économie circulaire ». Cette expression générique est devenue un concept central du développement durable en s’inspirant des notions d’économie verte, d’économie de l’usage, d’économie de la performance et de l’écologie industrielle. Elle est un modèle d’économie plus respectueux de l’environnement, attentif aux besoins sociaux et économiquement viables. Son objectif est de produire des biens et services tout en limitant fortement la consommation et le gaspillage des matières premières et des sources d'énergies non renouvelables, fonctionnant sur la création de boucles de valeur positives à chaque (ré)utilisation du produit, avant sa destruction finale. Selon la fondation Ellen MacArthur, créée pour promouvoir l'économie circulaire, il s'agit d'une économie industrielle « réparatrice ». 42 Concrètement, cette économie circulaire fait florès par chez nous. NEXT, l’axe transversal et multisectoriel de politique industrielle en Wallonie, se tourne résolument vers l’économie circulaire, avec pour objectif la compétitivité durable des entreprises et du territoire. La priorité est le passage de l’économie locale linéaire « extraire-fabriquer-consommer-jeter » en une économie circulaire où les cycles des matériaux sont exploités en boucle et rationalisés (réduire-réutiliser-recycler). Cela prend la forme de projets d’écozonings, par exemple, où l’on retrouve les entreprises sensibilisées à la gestion durable des matières. D’autres initiatives, plus modestes, s’inscrivent également dans cette dynamique, ce dont témoigne le secteur de l’alimentation et de la restauration avec l’apparition de quelques projets « dans l’air du temps ». À Bruxelles, la cantine moderne « Yéti » offre une restauration attentive à l’environnement, au contexte humain et à sa viabilité économique. Ces choix ne sont pas anodins : « Ils reflètent notre connaissance approfondie de la nutrition et le plaisir que nous avons à les faire partager. Notre réseau d’artisans boulangers, maraîchers ou volaillers nous garantit une alimentation responsable et locale. Nos fournisseurs participent à notre politique d’entreprise durable ». Il s’agit bien de retrouver la saveur du goût, des nutriments, des saisons et de la vitalité tout en fuyant « les forces du mal de l’industrie agroalimentaire ». Évoquons également la dernière venue du Brussels Beer Project, une bière qui s’inscrit dans un mouvement durable répondant aux principes de l’économie circulaire. Ici, ce sont les pains invendus de Delhaize qui sont collectés par l’Atelier Groot Eiland, séchés et mixés finement, avant de venir accompagner la farine d’orge malté et un mélange de houblons Crystal et Chinook, pour donner naissance à cette bière, dont le nom rappelle la terre de naissance des toutes premières bières fermentées à base de pain. Par-delà un esprit branché et le succès des initiatives bio-alternatives, espérons que ces projets démontrent dans le temps la viabilité du souci « responsable », au-delà d’une seule économie à la mode. À suivre. © Jean-François Berhin UN PANIER CULTUREL SUR LE MODÈLE… DU PANIER BIO Venu du nord de la France, le panier culturel Kilti est arrivé à Bruxelles. Inspiré des AMAP (Associations pour le maintien d'une agriculture paysanne) avec leurs fruits et légumes bio, le panier culturel consiste en un sac sérigraphié contenant des accès à différentes manifestations culturelles : expositions, concerts, spectacles, etc. Présenté comme une initiative pour consommer « culture » au local (parmi les partenaires bruxellois, mentionnons, notamment, l'Atelier 210, Bozar, la Jazz Station, le Kunstenfestivaldesarts ou encore les Halles de Schaerbeek), il peut être acheté ponctuellement (un nouveau panier est proposé tous les deux mois), ou sous la forme de l’abonnement annuel. Pratique pour les uns, il pose question pour les autres : consomme-t-on la culture comme un panier bio ? L’initiative risque de souffrir de son image très littérale d’industrie culturelle façon bobo. ARSONIC : UNE MAISON D’ÉCOUTE AU CŒUR DE MONS Parmi les nouveaux lieux culturels qui ont bénéficié du contexte de Mons 2015 pour éclore, mentionnons Arsonic, une « Maison de l’Écoute » conçue comme un havre de paix dans la frénésie du quotidien. C’est l’ancienne caserne des pompiers de la rue de Nimy qui a été réaffectée par un duo d’architectes et un acousticien, sur base du projet imaginé par le compositeur Jean-Paul Dessy. Une salle pourra accueillir des concerts de 250 places, une régie est conçue pour l’enregistrement, un Passage des Rumeurs accueillera des expositions, une Chapelle du Silence se voit dédiée à l’écoute et est accessible au quotidien, tandis qu’une Salle d’Émerveillement sonore se destine aux enfants. Un lieu pour tous, à expérimenter. Sébastien Biset 43 juil. / août / sept. 2015 ENTRÉE DE SERVICE JOINDRE LE GESTE À L’ÉCOUTE Rencontre > http://www.angstrom-mastering.com/ Frédéric A lstadt mastering Å ngström avec au studio de Creusé dans une cour, en pleine ville mais loin de la rue, l’endroit peut recevoir du monde comme s’en préserver. Le silence — ou ce qui en tient lieu — y est acquis : des murs en guise de filtre et d’écran, un ajournement contrôlé des tumultes urbains. Si telles sont les conditions nécessaires à l’analyse et au traitement du son, ce n’est pas encore là l’unique raison d’être d’Ǻngström. Ǻngström ? Entendez bien minuscule. Frédéric Alstadt, cofondateur et principal pilote du projet (label + studio de mastering) avec Nicolas Esterle, revendique un certain goût pour l’ironie. Selon un ordre de grandeur qui lui est personnel, l’infime féconde des réalités nombreuses. Voyez ce studio, dès que le travail cesse, il se mue un appartement. Complice, le décor ne change pas. Les murs de la pièce centrale – le studio proprement dit — sont parés de modules quadrangulaires en bois ou en tissu. Il n’empêche on respire, pour cela des fenêtres sur les côtés et au plafond laissent entrer ce qu’il faut de jour. Un appareillage technique à la fois vintage et dernier cri, une table basse et un jeu de fauteuils en cuir composent un salon aux qualités acoustiques d’un studio. Ne faut-il pas, pour accueillir la sensation et lui ménager la place qu’elle mérite, toute la quiétude permise ? Certes, seulement il ne s’agit pas de cela. Ce serait presque le contraire : Ǻngström ne s’identifie pas à un quelconque idéal de confort ou d’épuration acoustique, c’est un milieu hybride, habité… Pas question que la technologie domine comme dans ces endroits où il ne fait pas bon vivre, ces endroits où l’on ne se sent pas penser ni même, justement, sentir. Ouvert et isolé, à la pointe et vintage, intime et public, Ǻngström navigue entre deux eaux suivant un mouvement oscillatoire ratifié par le chat que la duplicité de sa demeure manifestement agrée. © Weird Dust Frédéric ne cache pas que superposition et télescopage des espaces sont de sa part les fruits d’une stratégie fuyant les studios aseptisés. Des aspirations voisines et complémentaires, mais — en temps comme en équipement — onéreuses se font ainsi une place mutuelle comme Frédéric le démontre par sa propre histoire. Tout commence à Toulouse, ville jeune, festive et maternelle. Études et initiations partagent la jeunesse de Frédéric : d’une liste non exhaustive, on épinglera la guitare classique, le droit, la musique électronique, la radio… Dans le feu de ses activités diverses et en marge de ses études universitaires, Frédéric approfondit peu à peu ses connaissances en mastering. Plus tard viendra la gravure sur vinyles. En attendant, il compose des musiques expérimentales et se produit comme DJ. Ǻngström se construit à la faveur d’un studio loué tout équipé à un important producteur de la région. Diplôme en main, 44 Frédéric prend le large (avantage de la petitesse : Ǻngström l’accompagne). S’ensuivent une période d’errance, la quête de nouveaux territoires sonores et un atterrissage en douceur à Paris. Sur la carte, hors de toute visée consciente, Bruxelles survient presque par hasard : une voiture à saisir puis l’opportunité d’une sous-location. Comment, pourquoi ? Sur ce point, le chaînon paternel pèse sans doute moins que cette spécificité de Bruxelles d’être plusieurs choses à la fois, de ne pas avoir d’identité unique… Face à une indétermination qu’il considère comme terrain fertile, Frédéric ne résiste pas. Ǻngström emménage d’abord dans une cave à Schaerbeek avant d’élire domicile, pour un surcroît de paix et de lumière, à Saint-Josse. Ce parcours, on pourrait tout aussi bien le reprendre depuis le début en le rapportant cette fois à l’écoute, l’écoute définissant un autre rapport au monde. Frédéric, dont la tâche consiste entre autres à restituer après gravure (sur vinyle, cd ou bande magnétique) un son plus vrai que nature (et donc à compenser, enjoliver ou anticiper les distorsions générées à tous les stades de la captation et de la réception) considère qu’il fait œuvre d’illusionniste. Ce n’est qu’au prix d’un nombre considérable d’essais (comparés, mis en balance avec l’original) que la musique enregistrée retrouve sinon sa consistance native, tout au moins une épaisseur substantielle. Touche ultime, la gravure vient alors véritablement couronner un acte de foi dans la persistance de l’être. À l’heure où s’écrivent ces lignes, Frédéric attend avec émotion de récupérer la graveuse qu’il a longtemps partagée avec son ami et collaborateur Yann de Keroullas tragiquement disparu dans la fleur de l’âge. Plus qu’un outil de travail, c’est un objet empreint de souvenirs, un objet trouvant naturellement sa place au cœur d’Ǻngström, intime et fonctionnel, médium dans le plein sens du terme, raccordant idée et matière, visible et invisible, mort et vivant. Catherine De Poortere 45 juil. / août / sept. 2015 ILS ONT PARTICIPÉ... PHILIPPE LUCKX PIERRE-YVES HUREL Doctorant en science de l’information et de communication à l’ULG. Pierre-Yves Hurel est un homme engagé qui allie deux passions qui n’ont semble-t-il aucun lien : la satire et les jeux vidéo ! Rédacteur en chef adjoint du journal satirique Poiscaille, il se spécialise aussi dans les « serious games » qui ont pour première qualité de faire entrer les joueurs dans des mondes virtuels dont le rapport avec la réalité est utilitaire et sociétal. Le jeu vidéo comme médiateur de la vie culturelle et démocratique ! Coordinateur général du Centre d’Action Laïque de Charleroi. Philippe Luckx doit en partie son engagement personnel, comme professionnel, à un certain nombre de valeurs philosophiques et sociales qui lui tiennent à cœur. Il est sensible aux questions de la liberté de conscience, des droits humains et de l’esprit démocratique qui sont autant de combats à défendre au quotidien. Après des études de philosophie à l’ULB, il transforme les paroles en actes et se plaît aujourd’hui à soutenir des projets qui soulignent les meilleurs aspects de notre humanité. JEAN-CLAUDE TRÉFOIS Instituteur, éducateur, animateur socio-culturel, directeur de la Maison de la Culture de Charleroi, bibliothécaire-directeur provincial à la province de Hainaut. Animateur, formateur en clubs de lecture. Monsieur Tréfois est un homme passionné et passionnant qui a fait de la littérature un lieu de rencontre pour toutes les âmes sensibles au verbe et à la grammaire du vivre ensemble. Lire pour mieux discuter, parler pour mieux entendre. Chez Mr. Tréfois la lecture n’est pas synonyme de solitude. SERGE POLIART CARCOB IHECS Éditeur responsable du journal satirique El bâtia moûrt sou depuis vingt ans. Il a collaboré avec de nombreux satiriste et caricaturiste belges et étrangers, notamment avec Charlie Hebdo. Cultivant l’outrecuidance avec une maîtrise aussi cinglante que peut l’être un trait d’esprit, pour ne pas dire de plume, où se mélange fausse crédulité et gentillesse goguenarde. Derrière ce regard vif, il y a comme chez beaucoup de révoltés de l’injustice, une volonté libertaire qui s’accommode mal des faux-semblants. Le CarCoB est une a.s.b.l. qui a pour objets d’organiser des conférences sur l’histoire du mouvement ouvrier et de publier des livres, brochures et revues théoriques. Elle étend ses activités à la constitution et la garde d’un fonds d’archives et d’une bibliothèque. Ils sont situés dans l’ancienne Maison de la Presse communiste, au 33 rue de la Caserne à Bruxelles, où se trouvaient la rédaction, l’administration et l’imprimerie du quotidien Le Drapeau rouge dont il conserve l’ensemble des archives. L'Institut des hautes études des communications sociales (IHECS) de Bruxelles se veut à la pointe des avancées les plus récentes en matière de communication et d’information. L’ école est attentive à ne pas limiter l’accès aux réalités professionnelles de ses étudiants à la seule réflexion ou théorisation des métiers de la communication. Ce qui la pousse à favoriser les contacts concrets, pratiques et pragmatiques avec de nombreux acteurs politiques et culturels belges et européens. THÉÂTRE DES ZYGOMARS La compagnie est née de la rencontre, en septembre 1965, de Hubert Roman et Pol Danheux, deux passionnés de théâtre de marionnettes. Ils n’auront d’autres objectifs que d’amener partout où c'est possible un peu de joie, de beauté, d'action et de susciter l'imagination des enfants. Aujourd'hui, Isabelle Authom assure la direction de la compagnie avec la volonté de consolider sa spécificité « Marionnette ». Avec une ouverture sur des pratiques contemporaines telles que les nouvelles technologies, les langages non verbaux. POISCAILLE Le Poiscaille un journal satirique indépendant et totalement liégeois de vingt pages, animé par une trentaine de bénévoles formés aux techniques du journalisme et de la caricature (ULg, Saint-Luc, etc. ). Tous les deux mois, la rédaction publie des articles sur la politique liégeoise et la société civile ainsi qu’une foule de caricatures. Ayant pour seuls crocs l’humour, l’autodérision et l’impertinence dont manquent cruellement les mastodontes de la presse écrite, Le Poiscaille est un poisson aux dents bien acérées, un empêcheur de penser en rond qui rebat constamment les cartes des vérités absolues. Jean Nicolas 46 47 juil. / août / sept. 2015 LA VIE D’ACTEURS > http://www.thecartoonist.be/fr THE CARTOONIST La galerie The Cartoonist est située au 11 Rue Haute, aux confins du Sablon et des Marolles. C’est un lieu unique, en tout cas le seul en Belgique qui accorde aux dessins de presse l’attention qu’ils méritent. En sensibilisant le public à des thèmes tels que l’humour, la dérision et la liberté d’expression, la galerie met à l’honneur le travail de ces dessinateurs de la conscience publique qu’il nous rend plus intime et sensible. Quand ils posent un regard sur l’actualité ou sur une personnalité, c’est pour nous les rendre sympathiques ou antipathiques. La galerie The Cartoonist rassemble les œuvres de treize dessinateurs belges représentant la presse dans le sens large du terme : Kamagurka, Kroll, Marec, Gal, Vadot, Johan De Moor, Cécile Bertrand, Quirit, Ilah, Kanar, Kim, Lectrr et duBus. De fait, on a longtemps tenu la caricature à l’écart de la grande Histoire de l’art. La caricature était jugée triviale, populaire et vulgaire. Mais son pire défaut fut certainement d’être objecteur de l’idéalisme académique et du bon goût bourgeois. Il faudra attendre le XIXe siècle pour que, petit à petit, la caricature sorte de l’ornière dédaigneuse dans laquelle on la tenait. Les interdits, les exigences du respect, le dogmatisme, rendent intouchables les figures politiques, religieuses et divines. Leurs incarnations sont exemplaires et dignes d’imitation pour chacun d’entre nous. Mais le caricaturiste prend un certain plaisir à transgresser les règles ! Il se montre parfois intempestif, quand il n’est pas subversif. Il transgresse le bon sens qui voudrait que l’on ne plaisante pas avec l’incarnation du savoir. Le savoir, c’est le pouvoir. Le toucher, c’est l’outrager. Ainsi peinte d’une manière bouffonne, comique ou grotesque, la figure autoritaire prend les couleurs de l’imposture. On imagine sans peine le désagrément que cela peut occasionner pour celui qui en est la cible. On sait aussi que cela n’est pas toujours sans danger pour le caricaturiste. On ne doit pas ignorer que cela peut susciter le désarroi, la consternation et l’humiliation. Ni la satire ni la caricature ne sont des créations innocentes. Ce sont des outils de contestation qui réclament leur part de liberté ou qui expriment un sentiment de révolte. Mais ils peuvent également se mettre au service du pouvoir et devenir des armes de coercition. Car chacun se construit une image conforme à l’idée qu’il se fait de sa dignité. Mais nos valeurs personnelles sont toujours dominées par une certaine idéologie. D’un point de vue narcissique, modifier la représentation que l’on a de soi ou du groupe auquel on appartient, c’est remettre en question nos repères existentiels. Tout cela pour dire que l’existence d’une galerie dédiée à la caricature, ses œuvres et ses artistes, c’est une façon de reconnaître le talent de ces artistes qui, en quelques traits d’encre, savent nous faire rire de nos petits malheurs ou de nos grandes tragédies. Ils nous font réfléchir aussi ! Comme le ferait si bien un miroir déformant qui n’accorderait d’importance qu’à tous ces petits vices que nous tentons de garder dans l’ombre pour que, justement, elle ne nous fasse pas de l’ombre. Miroir, mon beau miroir, dis-moi que je suis le plus drôle. 48 Jean Nicolas