Bulletin scientifique N° 29 de l`Institut Mauritanien de
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Bulletin scientifique N° 29 de l`Institut Mauritanien de
DEPLACEMENTS DU CENTRE DE GRAVITE DES CAPTURES DE SARDINELLES ET DE L'EFFORT DE PECHE DES FLOTTILLES INDUSTRIELLES PELAGIQUES DANS LA ZONE ECONOMIQUE EXCLUSIVE MAURITANIENNE DE 1991 A 1999 Par OULD TALEB OULD SIDI Mohamed Mahfoudh (1) (1) Chercheur à l’IMROP. B.P. 22 Nouadhibou, Mauritanie. Email : [email protected] RESUME L'analyse du centre de gravité des captures des sardinelles et de l'effort de pêche nominal met en évidence les déplacements incessants des flottilles de la Russie, de l'Ukraine et des Pays Bas en activité dans la ZEE mauritanienne en particulier pour la période 1996 à 1999 qui est la période de présence commune de ces différentes flottilles. On démontre ainsi la grande mobilité de ces flottilles dans le sens côte-large et large-côte dans un même secteur en plus du traditionnel déplacement latitudinal pour suivre la migration des espèces cibles. Mots clés : capture des sardinelles, effort de pêche nominal, centre de gravité, ZEE mauritanienne. ABSTRACT The analysis of the centre of gravity of the sardinella catches and the fishing effort has showed the continuous movements of the Russian, Ukrainian and Dutch fleets, which were generally present in the Mauritanian EEZ in the period of 1996-1999. We have proved in this way the great mobility of these fleets as well in the latitude as in the longitude, whereas they follow the migration patterns of the target species in the latitude direction. Key-words : catch of sardinellas, nominal fishing effort, gravity center, Mauritanian Economic Exclusive Zone Bulletin Scientifique de l’Institut Mauritanien de Recherches Océanographiques et des Pêches – vol. XXIX 1 INTRODUCTION Dans la Zone Economique Exclusive mauritanienne (ZEEM) les captures des petits poissons pélagiques sont constituées principalement de Carangidés (Trachurus trachurus, Trachurus trecae et Caranx rhonchus) et de Clupéidés (Sardinella aurita et Sardinella maderensis). Ces espèces sont exploitées presque uniquement par de très grandes unités industrielles étrangères à long rayon d'action. Les deux sardinelles ont une importance stratégique particulière. Elles représentent, en moyenne, pour la période 1996-1999, plus de 45 % des captures totales et leur exploitation a connu de profondes modifications dans la dernière décennie (Anonyme, 1999, Ould Taleb Ould Sidi, 2001a et 2001b). L'exploitation par des flottilles de pêche est déterminée par les perspectives de valorisation identifiées par le pêcheur. Cette exploitation est orientée par les contraintes résultant du contexte écologique, biologique, environnemental, technique, socio-économique et institutionnel dans lequel elle se développe. Ces contraintes évoluent très rapidement. Les pêcheurs, s'ils souhaitent maintenir des captures acceptables, doivent donc les intégrer dans leur schéma d'exploitation. On cherche ainsi, dans la présente étude, à voir dans quelles mesures ces modifications se sont, ou non, accompagnées de changements des schémas de l’exploitation spatiale et saisonnière de cette ressource en ayant recours au déplacement du centre de gravité des captures de sardinelles et de l'effort nominal total. MATERIEL ET METHODES 1. Origine des données Les statistiques de captures de sardinelles et d'effort de pêche proviennent du système statistique du CNROP. Ce sont les statistiques déclarées dans le journal de pêche. Ces données sont disponibles de 1991 à 1999. Les données utilisées se présentent de la façon suivante: - Effort mensuel en heure de chalutage par nationalité et par secteur géographique ; - Capture groupée des deux sardinelles par nationalité, mois et année et par secteur géographique. Il est habituel de considérer que la ZEEM est séparée en deux zones Nord et Sud de part et d'autre du 19°N. Cette limite sépare également les zones 34.1.3 et 34.3.1. de la zone COPACE. Par convention donc, les études sur les petits pélagiques en Mauritanie utilisent la séparation adoptée par le COPACE pour distinguer les deux zones. Les flottilles du Pays Bas, de la fédération de la Russie et de l'Ukraine pêchent les quantités les plus importantes des deux espèces de sardinelles. Aussi, ce sont ces trois flottilles qui nous servent de base de comparaison en terme d'effort et de captures sur leur période de présence commune dans la zone (1996-1999). 2 Bulletin Scientifique de l’Institut Mauritanien de Recherches Océanographiques et des Pêches – vol. XXIX 20 Dec Nov Oct Sep Aou Jul Mai Avr. Mars Fev. Jan. 1994 Dec Nov Oct Sep Aou Jul Jui Mai Avr. Mars Fev. Jan. Dec Nov 21 20 19 18 17 16 15 Oct Sep Dec Nov Oct Sep Aou Aou Jul Jan. 15 Jui 16 Latitude Longititude 1993 18,67 16,78 18,62 16,75 18,55 16,73 18,59 16,84 17,99 16,66 18,31 16,54 20,03 17,38 20,16 17,45 19,91 17,23 18,92 16,89 19,27 17,04 19,17 16,92 1995 Mai 17 Avr. 18 Mars 19 Fev. 20 Jan. Fev. Mars Avr. Mai Jui Jul Aou Sep Oct Nov Dec Jul 15 Jui 16 15 Mai 17 16 Avr. 18 17 Mars 19 18 Fev. 20 19 Jan. 20 21 1992 21 Jui 1991 21 1996 21 20 19 19 18 18 17 Aou Sep Oct Nov Aou Sep Oct Nov Dec Jul Jul 1997 21 Jui Mai Avr. Mars Jan. Dec Nov Oct Sep Aou Jul Jui Mai Avr. Mars Fev. 15 Jan. 16 15 Fev. 17 16 1998 Dec Jui Mai Avr. Mars Jan. Dec Nov Oct Sep Aou Jul 15 Jui 16 15 Mai 17 16 Avr. 18 17 Mars 19 18 Fev. 20 19 1999 21 20 Longitude 19 Latitude 18 17 16 Dec Nov Oct Sep Aou Jul Jui Mai Avr. Mars Fev. 15 Jan. Jan. 20 Fev. 21 Fig. 1. Localisation mensuelle du centre de gravitéde l'effort de pêche nominal en heures de chalutage de 1991 à 1999 Bulletin Scientifique de l’Institut Mauritanien de Recherches Océanographiques et des Pêches – vol. XXIX 3 2. Calcul des centres de gravité et de l’inertie 1 : applications aux captures et à l’effort de pêche Les stocks de petits pélagiques font l'objet d'un suivi annuel depuis plusieurs années. D'importantes séries sont ainsi archivées. On peut bien sur exploiter ces données en les cartographiant. L'abondance des cartes peut cependant rendre leur interprétation fastidieuse. Il convient alors de chercher le moyen de synthétiser l'essentiel de l'information qu'elles contiennent en un petit nombre de graphiques. Le centre de gravité et l'inertie sont à cet égard de bons outils (Bez,1997). A notre connaissance, cette méthode, très utilisées dans les prospections minières, a été utilisée pour la première fois dans le domaine halieutique en 1997 par A. Bez. Dans le cas d'un échantillonnage régulier, on procède par une moyenne des positions des échantillons pondérée par les captures observées. Soit : Latmoy = ΣLati.Yi ΣYi pour la latitude Longmoy=ΣLong.Yi ΣYi pour la longitude Avec Yi= captures ou efforts annuels ou mensuels suivant les cas. A cet effet, les coordonnées géographiques ont été transformées en valeur décimales (1°=100 centièmes et non pas 60 minutes). Pour connaître la variabilité de ces centres de gravité nous déterminons à chaque fois l'inertie de chacune des coordonnées soit : Σ.Yi(Lati-Latmoy)² ΣYi Σ.Yi(Longi-Longmoy)² ΣYi pour la latitude pour la longitude RESULTATS ET DISCUSSIONS 1. Evolution de la localisation du centre de gravité de l'effort de pêche mensuel La figure 1 montre l'évolution du centre de gravité de l’effort de pêche. Les flottilles se concentrent sensiblement à la limite entre la zone nord et la zone sud en janvier pour commencer une descente douce plus au sud où elles restent jusqu’à mai – juin avant de commencer leur mouvement en zone nord. Elles vont se concentrer dans cette zone jusqu’en septembre et elles reviennent une nouvelle fois au sud de façon moins prononcée que la première fois. 1 Dans le cadre d'une variable régionalisée (géo-référencée), les notions de moyenne et de variance s'interprètent respectivement comme le centre de gravité et l' inertie. 4 Bulletin Scientifique de l’Institut Mauritanien de Recherches Océanographiques et des Pêches – vol. XXIX 3a. Russie 2a. Russie 2,5 21 20 2 19 18 Lat 17 Long 1,5 1 0,5 16 15 0 1996 1997 1998 1999 1996 2b. Ukraine 1997 1998 1999 1998 1999 3b. Ukraine 2,5 21 20 2 19 18 Lat 17 Long 1,5 1 0,5 16 15 0 1996 1997 1998 1996 1999 2c. Pays-Bas 1997 3c. Pays-Bas 21 2,5 20 2 19 1,5 Lat 18 1 Long 17 0,5 16 15 0 1996 1997 1998 1996 1999 1997 1998 1999 Figure 2. Localisation par flottille du centre de gravité des captures des sardinelles en latitude et en longitude Figure 3. Evolution par flottille de l'inertie du centre de gravité des captures des sardinelles en latitude et en longitude 21 20 19 18 Long Lati 17 16 15 14 95 96 97 98 99 Figure 4. Evolution de l'inertie des centres de gravité des captures de sardinelles en latitude et longitude de 1996 à 1999 Bulletin Scientifique de l’Institut Mauritanien de Recherches Océanographiques et des Pêches – vol. XXIX 5 Ce schéma général connaît quelques variations légères comme en 1996 où les flottilles se trouvaient en début d’année en zone sud et ont commencé leur migration en zone nord plutôt au mois de mars. Le mouvement longitudinal des flottilles fluctue légèrement se maintenant en moyenne aux alentours du 17°W et ceci sur toute la période d’étude. Au travers de ces différents graphiques il semble bien qu’il y ait un schéma de répartition latitudinal reproductible d’une année à l’autre. Ces mouvements incessants sont probablement le reflet du déplacement de la ressource. En début d’année, la sardine, le chinchard d’Europe et dans une moindre mesure les sardinelles (la sardinelle ronde en particulier) sont présents dans la zone nord. Les deux premières espèces sont capturées rarement plus au sud du 19 °N. Les flottilles restent alors à cheval entre les deux zones pour pêcher ces ressources qui, pour les deux premières, vont commencer leur migration vers la zone Sahara. Les flottilles descendent plus au sud à la recherche des autres chinchards et des sardinelles qui commencent leur migration ici à partir de la ZEE du Sénégal en cette période. Entre mai et juin les flottilles accompagnent ces ressources dans leur progression vers le nord avec les masses d’eaux chaudes. A partir de septembre-octobre, avec le refroidissement de cette zone, ces ressources commencent leur migration en sens inverse. Il apparaît qu'une partie de ces flottilles suit ces ressources dans ce nouveau déplacement avant de rejoindre rapidement la deuxième partie qui est restée dans la zone nord pour commencer à chercher les espèces "tempérées". Binet et al. (1998) ont mis en évidence un mouvement de flottilles similaire dans la zone. Chavance (1990) a démontré que la remontée du sud au nord des flottilles (soviétiques et roumaines essentiellement) a lieu en juin 1986, en juin-juillet 1987 et en juillet 1988. Il attribue ce décalage au fait que les rendements en chinchards dans la zone sud sont restés élevés en juin 1988. "L'anomalie" de 1996 pourra être interprétée par l’entrée de la flottille hollandaise dans la pêcherie et la présence exceptionnelle de grandes quantités de sardinelles en zone nord en 1995 et 1996. 2. Capture On précise ici l’évolution inter-annuelle et intra-saisonnière de la localisation des captures par la méthode du centre de gravité et des inerties. 2.1. Centres de gravité des captures annuelles des sardinelles Pour la flottille russe, le centre de gravité des captures des sardinelles oscille dans une fourchette assez serrée de latitude comprise entre 18.8°N et 19.2°N sur la période 1996-1999 (fig. 2a). Au niveau longitude, le résultat est encore plus serré. Pour la flottille ukrainienne, on constate qu’elle exerce son activité davantage en latitude nord et plus au large, pour glisser de plus en plus vers le sud et avoir un centre de gravité comparable à celui de la flottille russe en 1999 (fig. 2b). Pour la flottille hollandaise, la pêche de sardinelles a concerné aussi la limite septentrionale de la zone nord et assez au large. Cette pêcherie s’est maintenue davantage en zone nord que les deux autres flottilles à la recherche des sardinelles (fig. 2c). En latitude, le centre de gravité semble se stabiliser à partir de 1997 en moyenne au 19° N 50, c’est à dire sur les zones 6 Bulletin Scientifique de l’Institut Mauritanien de Recherches Océanographiques et des Pêches – vol. XXIX à canyons, traduisant ainsi une stratégie très homogène constamment orientée sur les sardinelles. 2.2 Inertie Russie : Alors que pour la latitude, ce coefficient tourne autour de l’unité (fourchette comprise entre 0.93 et 1.28), il varie de deux unités en moyenne dans le cas de la longitude (fourchette entre 1.74 et 2.2) (fig. 3a). Dans le sens latitudinal, le mouvement est moins prononcé puisqu’il tourne en moyenne aux alentours de l’unité. Ukraine : Exceptée l’année 1996 ou la variation de l’inertie tant en latitude qu’en longitude est négligeable, le reste de la période évolue rapidement pour être comparable à celui de la Russie (fig. 3b). Les bateaux de cette flottille n’ont donc pas éprouvé le besoin de se déplacer de façon continue en 1996. Les mouvements perpétuels observés les autres années s’expliquent vraisemblablement par la diminution de l'abondance des sardinelles. Cela traduit probablement aussi l’accroissement du nombre d'unités de la flottille et donc l’hétérogénéité des comportements de pêche. Pays Bas : l’inertie en longitude reste importante pour cette flottille, bien que légèrement plus faible que pour la flottille russe (fig. 3c). On observe, par ailleurs, une inertie en latitude relativement plus faible que pour les autres flottilles ce qui traduit la stratégie ciblée vers les sardinelles, impliquant des pêches concentrées dans la zone nord. Au niveau annuel, l'étude du centre de gravité des captures des sardinelles met en évidence que le déplacement latitudinal suit probablement celui des masses d’eau. Pour la plupart, les pêcheurs disposent désormais des cartes satellitaires de progression de ces masses d’eau et n’éprouvent plus le besoin de perdre du temps et aller dans des zones où les conditions locales sont défavorables aux espèces recherchées. Sur le plan inter-annuel, une certaine stabilité spatiale de ce centre est observée pour les flottilles de la Russie et des Pays Bas excepté en 1997 où celui-ci a connu un déplacement plus au sud pour les deux flottilles. Globalement, l’évolution inter-annuelle est faible et les changements de stratégie mis en évidence (Ould Taleb Ould Sidi, 2001b) ne se traduisent pas par un changement de la localisation des captures des sardinelles. La relative stabilité du centre de gravité des captures des sardinelles d’année en année est due probablement au fait que les capitaines enregistrent les cartes des meilleurs rendements des espèces recherchées. Ces cartes mémorisées serviront de base pour de nouvelles prospections les années suivantes. La flottille de l'Ukraine, quant à elle, a connu des déplacements incessants (fig. 4). En effet, si en 1996 et 1997, elle est située dans la partie la plus septentrionale de la zone nord, en 1998 on la rencontre au niveau de la flottille hollandaise puis au niveau de la flottille russe en 1999. La présence de cette flottille en début de période dans la zone nord est sans doute liée à une stratégie plus orientée vers la sardinelle que celle des russes. L’année 1996 a été avec l’année 1995 une période particulièrement chaude (Anonyme, 1995, Bianchi et al.1998). Les sardinelles se sont déplacées massivement au nord avec les masses d'eaux chaudes. Et pour la première fois les détections faites au Sahara pour ces deux espèces sont supérieures à celles effectuées en zone mauritanienne. Par la suite et avec "le retour à la normale", cette flottille commence à descendre pour avoir une latitude moyenne comparable avec celle des russes. La flottille ukrainienne recherche aussi les chinchards et c’est peut être ce qui explique que ces deux flottilles travaillent en moyenne à la même latitude en 1999. D’ailleurs, pour la flottille ukrainienne, les captures pour les trois chinchards ont grimpé de 7 % en 1997 à 26 % en 1999 (11 % en 1998). Bulletin Scientifique de l’Institut Mauritanien de Recherches Océanographiques et des Pêches – vol. XXIX 7 Il est remarquable de constater que la flottille hollandaise, qui cible les sardinelles, a pendant les 4 années son centre de gravité situé davantage au large que la flottille russe qui, elle, recherche les chinchards (fig. 5). Cette apparente contradiction est levée lorsqu'on sait que l'isobathe des 200 m qui marque la fin du plateau continental ne se trouve qu'à 10 miles de la côte au niveau du cap Timiris, là où le centre de gravité de la flottille russe est observé pendant la majeure partie de cette période. De plus, l'effet cap peut avoir joué un rôle important dans ce phénomène. 19°W 21°N 20°N 18°W 17°W 16°W U6 U7 N9U8 N6 N8 N7 19°N S6 S8 S9U9 S7 18°N 17°N 16°N Figure 5. Evolution du centre de gravité des captures de sardinelles par flottille (U=Ukraine, S=Russie, N=Pays Bas) de 1996 à 1999 (6 à 9) L'analyse de l'inertie du centre de gravité des captures des sardinelles montre la grande variation de celui-ci en particulier dans le sens longitudinal (fig. 3). Cette inertie importante pourrait traduire un balancement saisonnier côte/large de ces flottilles à la recherche sur les petits fonds de la sardinelle plate ( pour la flottille hollandaise) ou le chinchard jaune (flottille russe et ukrainienne). La première hypothèse semble cependant peu vraisemblable pour une pêcherie (hollandaise) ciblant presque exclusivement la sardinelle ronde alors qu'aucune 8 Bulletin Scientifique de l’Institut Mauritanien de Recherches Océanographiques et des Pêches – vol. XXIX migration côte/large n’est connue pour cette espèce. Dès lors, l’inertie peut ici traduire une occupation, plus ou moins importante, de l’ensemble des secteurs de la côte jusqu’au large et donc une large dispersion en longitude. Pour les flottilles russes et ukrainiennes, cette variation traduit vraisemblablement un va et vient incessant dans le sens côte large. Elle est dictée probablement par le déplacement des chinchards qui constituent des espèces cibles de première importance. Comme l’ont noté Overko et Mylnikov (1979) les Trachurus sp. effectuent des migrations longitudinales d’une grande ampleur. De plus, ce déplacement s’explique par le caractère relativement très côtier de Caranx rhoncus ; ce qui oblige ces flottilles à opérer ces allers retours incessants. 2.3. Variations mensuelles 2.3.1. Evolution mensuelle du centre de gravité des captures des sardinelles En 1996, le centre de gravité est resté pendant tous les mois de cette année dans la zone nord (fig. 6a). On observe qu'à partir du mois de mai commence un déplacement plus prononcé au nord suite à la remontée des flottilles russes et dans une certaine mesure ukrainienne en suivant les déplacement des chinchards mais aussi les sardinelles. Les captures maximales de ces espèces continuent alors à être effectuées dans cette zone jusqu'au mois de septembre où ce centre commence à descendre plus au sud pour retrouver la latitude des 19°N. La variation en terme de longitude est plus faible et se fait en moyenne au niveau du 17 °W. Pour l'année 1997, le schéma précédent est plus ou moins respecté sauf en fin d'année où on a une descente rapide du centre de gravité des captures des sardinelles en zone sud (18°N) (fig. 6b). Au niveau de la longitude on observe qu'il n y a pas de grandes tendances mais là aussi en fin d'année on constate un déplacement orienté vers la côte. L'année 1998 est caractérisée par deux faits marquants. Tout d'abord au niveau latitudinal où le centre de gravité des captures des sardinelles se trouve au sud du 19°N en début d'année jusqu'au mois de mars pour se maintenir par la suite en zone nord (fig. 6c). Le deuxième aspect est la forte variation en longitude entre janvier et mars. En 1999, le centre de gravité des captures des sardinelles qui se trouve en zone sud jusqu'en mars où il remonte en zone nord pour y rester jusqu'à septembre-octobre avant de regagner en fin d’année la zone sud (fig. 6d). Au niveau longitudinal, on observe encore une fois une fluctuation autour du 17°W. En début de période, la présence du centre de gravité dans la zone nord s'explique par le ciblage important des sardinelles par la flottille ukrainienne dans cette zone. Des biomasses de 1 million et de 1.5 millions ont été détectées dans la zone Sahara respectivement en 1995 et 1996. Fort de ce constat, les flottille de l'est européen en présence, qui ont trouvé un marché rémunérateur pour les sardinelles étêtées, ont orienté leur effort sur la pêche de ces deux espèces. En 1998 et en 1999 suite à une diminution des biomasses des sardinelles on assiste à une "glissement" de ces flottilles davantage en zone sud pour la recherche des chinchards. La flottille hollandaise est absente en début d'année et en fin d'année où elle regagne ses bases en Europe pour pêcher son quota de hareng dans la mer du nord. C'est ce qui explique probablement pourquoi le centre de gravité en début et en fin d'année est observé en zone sud. 2.3.2 Evolution mensuelle de l'inertie du centre de gravité des captures des sardinelles En 1996, les fluctuations de l'inertie de la latitude sont supérieures à l'unité en début d'année pour chuter à partir du mois de mai jusqu'en septembre pour continuer à augmenter par la suite jusqu'à atteindre 1 unité et demi en fin d'année. Ce schéma se reproduit pour l'inertie en Bulletin Scientifique de l’Institut Mauritanien de Recherches Océanographiques et des Pêches – vol. XXIX 9 longitude sauf que là les fluctuations sont plus importantes et s'effectuent en début et en fin de l'année autour de 2 unités (fig. 7a). En 1997, le schéma précédent se reproduit ici aussi mais avec de plus grandes fluctuations et une diminution notable de la variabilité en fin d'année pour l'inertie de la longitude (fig. 7b). 10 Bulletin Scientifique de l’Institut Mauritanien de Recherches Océanographiques et des Pêches – vol. XXIX 6a. 1996 7a. 1996 21 2,5 20 2 19 Latitude Longitude 18 17 1,5 1 0,5 16 15 0 Janv Mars Mai Juil Sept. Nov. Janv Mars Mai Juil Sept. Nov. Sept. Nov. Sept. Nov. 7b. 1997 6b. 1997 2,5 20 19 2 18 1,5 Latitude Longitude 17 16 1 0,5 0 15 Janv Mars Mai Juil Sept. Janv Nov. Mars Mai Juil 7c. 1998 6c. 1998 2,5 21 20 2 19 Latitude Longitude 18 17 1,5 1 0,5 16 15 0 Janv Mars Mai Juil Sept. Nov. Janv Mars 6d. 1999 Mai Juil 7d. 1999 21 3 20 2,5 19 2 Latitude 18 Longitude 17 16 1,5 1 0,5 15 0 Janv Mars Mai Juil Sept. Nov. Janv Mars Mai Juil Sept. Nov. Figure 6. Localisation mensuelle et par an du centre de gravité des captures des sardinelles Figure 7. Localisation mensuelle et par an de l'inertie du centre de gravité des captures des sardinelles Bulletin Scientifique de l’Institut Mauritanien de Recherches Océanographiques et des Pêches – vol. XXIX 11 L’année 1998 est caractérisée par la forte augmentation de la variabilité de l'inertie en latitude qui, à partir de septembre à la fin de l'année, s'accroît d'une unité. L'inertie de la longitude a été moins importante que les années précédentes: elle fluctue grossièrement autour de 1.5 unité. Elle arrive même à se stabiliser à une unité au mois d'août et de septembre avant d'afficher 2 unités en fin d'année (fig. 7c). En 1999, on observe qu’en latitude, l'inertie a été forte en début et en fin d'année, alors que pour la longitude c'est entre juin et octobre qu’elle a pour la première fois dépassé 2 unités et demi en août avant de chuter en novembre autour de l'unité (fig. 7d). Le déplacement sud-nord et nord-sud est relativement limité au niveau mensuel par la prise en compte des déplacements des fronts thermiques au niveau latitudinal. Au niveau de la longitude, même si de façon générale les fluctuations du centre se fait autour du 17°W, elle traduit une forte variation dans le sens côte-large ou large-côte à la recherche des espèces plus au large ou côtières comme par exemple la sardinelle plate mais surtout le chinchard jaune. On constate que pendant la période de forte production – mai à septembre – l'inertie en particulier de la latitude est faible. La ressource étant abondante, les bateaux n'éprouvent plus le besoin de faire de grands déplacements. CONCLUSION GENERALE Le centre de gravité des captures des sardinelles est situé en zone nord juste à la limite avec la zone sud en début d'année. Avec la remontée des sardinelles vers le nord en même temps que les masses d'eau chaudes nous constatons une remontée de ce centre. En fin d'année, le centre se retrouve plus au sud pour deux raisons. D'une part la migration "de retour" des sardinelles chassées par le début de refroidissement de la zone nord (stock sénégalo-mauritanien) et d'autre part par le retrait de la flottille hollandaise de la zone en fin d'année. Cette flottille "tirait" ce centre de gravité vers le nord alors que les deux autres flottilles qui recherchent plutôt les chinchards travaillent dans la zone sud. Le déplacement sud-nord et nord-sud est limité au niveau mensuel probablement par la prise en compte des déplacements des fronts thermiques au niveau latitudinal par l'échange d'informations entre les bateaux appartenant à la même flottille et probablement par l'utilisation de plus en plus fréquente des cartes satellitaires. Au niveau de la longitude, la fluctuation de ce centre est faible autour du 17°W. Les inerties traduisent, en revanche, une forte variation dans le sens côte-large et large-côte à la recherche des espèces plus au large ou côtières comme par exemple la sardinelle plate et les chinchard jaune. Il faut préciser que les flottilles qui recherchent cette dernière espèce capturent en même temps des quantités importantes de sardinelles ce qui, de façon indirecte, a une incidence sur l'inertie de la longitude. On constate que pendant la période de forte production -mai à septembre- l'inertie en particulier de la latitude est faible. Les bateaux n'éprouvent plus le besoin de faire de grands déplacements. Cette étude a permis de mettre en évidence le déplacement important des flottilles dans le sens longitudinal en plus du traditionnel déplacement latitudinal. Schmidt (1972) avait remarqué que des concentrations importantes de la sardinelle ronde, qui est l'espèce dominante dans les captures des sardinelles, apparaissent dans une zone pendant quelques temps pour disparaître par la suite pendant plusieurs jours avant d'apparaître de nouveau. Ce comportement explique probablement les mouvements importants constatés dans le sens longitudinal. 12 Bulletin Scientifique de l’Institut Mauritanien de Recherches Océanographiques et des Pêches – vol. XXIX Seules les deux espèces de sardinelles ont été prises en compte dans ce travail. Mais étant donné les stratégies adoptées par les flottilles de l'Est européen, les captures des chinchards doivent être considérées pour mieux affiner ce travail à l'avenir. 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Deep-scattering Sardinella aurita off Mauritania. Marine Biology 16. Pp: 91-101. Bulletin Scientifique de l’Institut Mauritanien de Recherches Océanographiques et des Pêches – vol. XXIX 13 ETUDE DE QUELQUES ASPECTS DE LA REPRODUCTION CHEZ LA SARDINELLE RONDE SARDINELLA AURITA (Valenciennes, 1847) PECHEE LE LONG DES COTES MAURITANIENNES par WAGUE Abdoulaye (1) et M’BODJ Oumar Bocar (2) (1) (2) Chercheur à l’IMROP (ex-CNROP) B.P. 22 Nouadhibou Technicien à l’IMROP (ex-CNROP) B.P. 22 Nouadhibou RÉSUMÉ Différents aspects de la biologie de la sardinelle plate Sardinella aurita (Valenciennes, 1847) sont étudiés : sex-ratio, stades sexuels, taille de première maturité sexuelle et relation taille – poids. Les résultats obtenus montrent que le sex-ratio est significativement en faveur des femelles et varie également avec la taille. Ils mettent également en évidence que la période de ponte s’étale de juin à septembre et que la taille de première maturité sexuelle se situe entre 28 et 29 cm. D’autre part, la relation taille – poids indique une allométrie légèrement majorante aussi bien chez les mâles que chez les femelles. Mots clés : Sardinelle – Sardinella aurita – Reproduction – Mauritanie. ABSTRACT Differents aspects of the biology of round sardinella Sardinella aurita (Valenciennes, 1847) were studied: sex-ratio, stage of maturity, size at first maturity and length – weight relationship. The females significatively outnumber the males and the sex-ratio vary according to the length. The egg – laying period is June to September and the length at first maturity is between 28 and 29 cm. The growth in weight is faster than in length for the both males and females. Key words : Sardinella – Sardinella aurita – Reproduction – Mauritania. Bulletin Scientifique de l’Institut Mauritanien de Recherches Océanographiques et des Pêches – vol. XXIX 13 INTRODUCTION Sardinella aurita est un Clupéidé commun des côtes africaines, de la Méditerranée et de l’océan Atlantique. Elle est très abondante sur les côtes mauritaniennes où elle fréquente des profondeurs inférieures à 100m (Chavance et al., 1991) avec une augmentation des classes de tailles de la côte vers le large. Outre la pêche artisanale, elle est surtout ciblée par la pêche industrielle des pays de l’UE, notamment par la flottille hollandaise et les pays de l’ex URSS. L’importance de cette espèce pour la Mauritanie et les pays riverains n’étant plus à démontrer, il semble important d’actualiser les principaux paramètres biologiques de l’espèce dans le but d’améliorer la compréhension des cycles biologiques et de contribuer à l’évaluation des stocks et à la gestion des pêcheries. MATERIEL ET METHODES Cette étude porte sur une population de Sardinella aurita échantillonnée par le CNROP à bord des unités pélagiques industrielles hollandaises opérant dans la ZEE mauritanienne de janvier à novembre 2001. Plus de 3.000 individus (1377 mâles et 1696 femelles) ont été collectés. Les longueurs totale (Lt), standard (Ls) et à la fourche (Lf), ainsi que les poids total (Wt) et éviscéré (Wv) de chaque individu sont mesurés respectivement au mm et au gramme inférieur. Le sexe et le stade sexuel sont également déterminés. A partir de ces données, ont été calculés le taux de masculinité et le sex-ratio. Les limites de la période de ponte de l’espèce sont cernées par le suivi des variations mensuelles des stades sexuels. La taille de première maturité sexuelle est définie comme étant la taille à laquelle 50% des individus sont considérés comme matures. Pour établir les relations taille – poids des individus par sexe, la relation W = aLf b a été établie en calculant les paramètres ‘a’ et ‘b’ par la méthode des moindres carrés en tenant compte de tous les couples des valeurs taille (Lf) et poids (Wt) observés. RESULTATS 1. Sex-ratio Il a été calculé sur 3073 individus dont la taille varie de 20 à 33 cm. Il est légèrement inférieur à 1 et donc en faveur des femelles. La proportion des sexes varie en fonction de la taille. En-deça de 28 cm, les mâles sont plus nombreux que les femelles, au-delà de cette taille, les femelles dominent nettement (Tableau 1). 14 Bulletin Scientifique de l’Institut Mauritanien de Recherches Océanographiques et des Pêches – vol. XXIX Tableau 1 : Variation du sex-ratio en fonction de la taille chez Sardinella aurita Lf (cm) 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 Total Mâles 42 22 13 19 19 48 93 202 268 271 243 110 27 1377 Femelles 6 11 12 11 11 37 92 188 265 329 348 272 103 11 1696 Sex-ratio 7.00 2.00 1.08 1.73 1.73 1.30 1.01 1.07 1.01 0.82 0.70 0.40 0.26 0.81 % mâles 87.50 66.67 52.00 63.33 63.33 56.47 50.27 51.79 50.28 45.17 41.12 28.80 20.77 44.81 Khi2 27.00 3.67 0.04 2.13 2.13 1.42 0.01 0.50 0.02 5.61 18.65 68.70 44.43 11.00 29.48 2. Stades sexuels L’analyse de l’évolution de la maturité sexuelle chez les femelles met en évidence une prédominance du stade IV (pré-ponte) et une évolution à la hausse du nombre d’individus de juin à septembre (Tableau 2). Le nombre d’individus au stade V présente des modes en juin – juillet et en septembre. Le stade V reste cependant présent et de plus en plus important tout le long de l’année, ce qui signifie l’existence de pontes fractionnées. Tableau 2 : Variations mensuelles des stades sexuels chez les femelles de Sardinella aurita. stades I II III IV V VI VII Total Janv. 1 6 5 3 15 Fév. 3 8 8 16 4 39 Mars 4 4 3 2 7 20 Avril 2 3 10 6 8 2 31 Mai 7 5 11 6 17 54 15 115 Juin 35 67 71 69 37 7 286 Juil. 532 85 68 28 218 Août 3 204 2 3 212 Sept. 3 1 8 473 69 10 564 Oct. 45 35 29 16 11 16 14 166 Nov. 5 3 3 4 6 9 2 32 Total (%) 3.53 5.48 9.95 52.18 15.96 10.37 2.53 100.00 3. Taille de première maturité sexuelle Le critère de maturité sexuelle retenu est le passage du stade III (en voie de maturation) au stade IV (pré-ponte) par référence à l’échelle de Fontana (1969). La détermination graphique de la taille de première maturité sexuelle donne une valeur de Lf légèrement supérieur à 29 cm (Figure 1) qui est valable aussi bien chez les mâles que chez les femelles. Bulletin Scientifique de l’Institut Mauritanien de Recherches Océanographiques et des Pêches – vol. XXIX 15 fe m e lle s 100 100 50 50 % % m â le s 0 0 17 19 21 23 25 27 29 31 17 33 Lf (cm ) 19 21 23 25 27 Lf (cm ) 29 31 33 Figure 1. Taille de première maturité sexuelle chez Sardinella aurita 4. Relation Taille – Poids Les équations établies à partir des relations taille – poids de Sardinella aurita sont données dans le tableau suivant : Tableau 3 : Relations Taille – Poids et intervalles de valeurs observées chez Sardinella aurita Sexe Mâles Femelles Nombre 1377 1696 Lf (cm) 20 – 32 20 – 33 Wt (g) 50 – 640 90 – 660 Equations 0.0011 x Lf 3.80 0.0098 x Lf 3.13 r 0.98 0.83 Aussi bien chez les mâles (b = 3.80) que chez les femelles (b = 3.13), la comparaison de ‘b’ à la valeur théorique 3 met en évidence une allométrie significativement majorante chez les mâles et légèrement majorante chez les femelles. Autrement dit, chez S. aurita, le poids croît légèrement plus vite que la taille. DISCUSSION Le sex-ratio est en faveur des femelles (55.2 %). Cette observation est en concordance avec les résultats de plusieurs auteurs. En effet, Boely (1980) souligne que, chez les Clupéidés, les femelles sont souvent légèrement plus nombreuses que les mâles. Andreu et Rodriguez-Roda (1952) aux Baléares notent également une prédominance significative des femelles surtout pendant la saison de reproduction de l’espèce. Conand (1977), sur les côtes sénégalaises, signale un sex-ratio légèrement en faveur des femelles (52.20 %). Boely (1979) note dans la même région un sex-ratio globalement équilibré avec une légère prédominance des femelles parmi les jeunes et les individus âgés. Dans la ZEE mauritanienne, Cheibany (1990) observe un sex-ratio légèrement en faveur des femelles (51.55 %). L’analyse des stades de maturité sexuelle indique une période de ponte principale entre juin et septembre. Le tableau 4 indique la période de reproduction de Sardinella aurita dans la ZEE mauritanienne et dans la sous-région. 16 Bulletin Scientifique de l’Institut Mauritanien de Recherches Océanographiques et des Pêches – vol. XXIX Tableau 4 : Périodes de reproduction de Sardinella aurita dans la sous-région ZONES J Mauritanie x Sénégal Gambie - Cap Blanc LittoralSahara &Cap-Vert Açores x Sénégal Mauritanie F M A M J x x x x x x x x x x x J x A x x x x x x x x x x x x S O N D x x x x x AUTEURS Chavance P. et al., 1991 Boely T. et al., 1978 Boely T. et al., 1978 Boely T. & P.Fréon,1979 Boely T. & P.Fréon,1979 Cury Ph., 1988 Présente étude Dans l’ensemble du secteur COPACE, Boely (1979) note la présence de femelles mûres pendant pratiquement toute l’année avec plusieurs maxima de reproduction. Dans la division Littoral Sahara et Cap-Vert, la période de ponte de l’espèce débute en mai au sud de Dakar ; elle se poursuit en juin sur l’ensemble des côtes sénégalaises et vers le nord jusqu’au Cap Timiris pour se terminer en juillet – août devant les côtes mauritaniennes. Toujours dans la région sénégalo – mauritanienne, de la Gambie au Cap Blanc, Boely et al. (1978) notent une ponte étalée sur toute l’année avec une période de reproduction maximale de juin à septembre. Cury (1988) signale sur les côtes sénégalaises deux périodes de reproduction dont une de février à juin et l’autre de septembre à novembre. Dans la ZEE mauritanienne, Chavance (1991) note également deux poussées reproductives dont une en juillet et une autre en décembre – janvier. La taille de première maturité sexuelle observée se situe un peu au-delà de 29 cm. La maturité sexuelle des individus étant tributaire de certains facteurs (biologiques et/ou écologiques), les résultats se rapportant à cet aspect de la biologie de l’espèce en Mauritanie et dans la sous-région sont très disparates. Dans la ZEE mauritanienne, Cheibany (1990) signale une taille de première maturité sexuelle à 21 cm, tandis que Chavance et al. (1991) notent une apparition de la première maturité sexuelle plus précoce chez les femelles (20 cm). Dans la sous-région, elle varie beaucoup d’une zone à l’autre. Elle est de 18.5 cm sur les côtes sénégalaises, mais seulement de 15 cm dans le Golfe de Guinée (Boely, 1979). Elle atteint 21 cm au Congo (Fontana et Pianet, 1973) et 25 cm pour les populations du secteur littoral du Sahara au Cap-Vert (Boely, 1979). Les relations taille – poids fournissent certes de nombreuses informations, mais restent peu pratiques pour l’étude de la condition des poissons. Les coefficients de condition sont préférables dans ce cas. Néanmoins, la relation mathématique taille – poids permet de décrire la nature de la croissance des individus. RÉFÉRENCES CITÉES Andreu, B. et J. Rodriguez-Roda. 1952. Considération sur la proportion des sexes dans la pêche de poissons pélagiques dans la Méditerranée et leur signification statistique. Vie et Milieu. Suppl. 2 : 271 – 281. Boely, T. ; J. Chabanne ; P. Fréon et B. Stequert. 1978. Cycle sexuel et migrations de Sardinella aurita sur le plateau ouest-africain, des Iles Bissagos à la Mauritanie. Symposium sur le courant des Canaries : Upwelling et ressources vivantes no 92. Doc. Sci. no 67. Bulletin Scientifique de l’Institut Mauritanien de Recherches Océanographiques et des Pêches – vol. XXIX 17 Boely, T. 1979. Biologie de deux espèces de sardinelles (Sardinella aurita, Valenciennes, 1847 et Sardinella maderensis, Lowe, 1841) des côtes sénégalaises. Thèse de Doctorat d’Etat, Univ. Paris VI., 219p. Boely, T. 1980. Etude du cycle sexuel de la sardinelle plate, Sardinella maderensis (Lowe, 1841) des côtes sénégalaises. Cybium 3ème série, 8 : 77 – 88. Chavance, P. ; I. Ba et S. Krivospichenko. 1991. Les ressources pélagiques de la ZEE mauritanienne. Bull. Centr. Nat. Rech. Océnogr. et des Pêches, Nouadhibou. vol. 23 : 28 - 72 Cheibany, A. 1990. Méthodes d’étude des paramètres biologiques. Rapp. Stage fin d’études CNROP. Nouadhibou. Conand, C. 1977. 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XXIX VARIABILITE DE LA DISTRIBUTION SPATIO-TEMPORELLE DU POULPE (OCTOPUS VULGARIS) LE LONG DES COTES DE MAURITANIE Par INEJIH Cheikh Abdellahi O. (1), QUINIOU Louis (2) et DOCHI Tang (3) (1) Institut Mauritanien de Recherches Océanographiques et des Pêches, B.P. 22. Nouadhibou, Mauritanie (2) Institut Universitaire Européen de la Mer, Brest, France (3) Université de Montpellier II, France RESUME Les données d’une quarantaine de campagnes de chalutage couvrant l’ensemble du plateau continental mauritanien organisées entre 1982 et 1998 sont utilisées pour étudier la distribution spatio-temporelle du poulpe (Octopus vulgaris) dans la ZEE mauritanienne. Le Système d’Information Géographique (SIG) est utilisé pour analyser la distribution spatiale de cette espèce. Leurs résultats et leur consistance sont ensuite comparés à ceux issus des analyses de variance (ANOVA) conduite parallèlement sur le même jeu de données. On montre une dichotomie saisonnière de la répartition spatiale du poulpe avec un fort contraste à l’échelle de l’année entre la saison froide (janvier à février) et la saison chaude (août à octobre). Cette structuration spatio-temporelle n’apparaît pas comme résultante d’une migration. Le schéma général de distribution connaît des fluctuations inter-annuelles qui se sont matérialisées par une distribution s’élargissant, d’une part, aux eaux profondes en saisons froides, et d’autre part, aux zones septentrionales en saisons chaudes. ABSTRACT More than forty surveys starting from 1982 to 1998 and covering all the continental shelf are used for studying the spatial distribution of Octopus (Octopus vulgaris) in the Mauritanian EEZ. GIS are first used. Results and their consistency are then compared with the outcome of the analysis of variance (ANOVA) done on the same data set. We show a seasonal dichotomy in the distribution pattern with a great contrast within the year between cold season (January to May) and warm season (August to October). This spatial structure seems not to be due to migration. This general distribution scheme shows two ways of inter-annual fluctuations leading to Octopus area expansion. Depth fluctuations was related mainly to cold seasons variations while latitudinal one was in the warm seasons. Bulletin Scientifique de l’Institut Mauritanien de Recherches Océanographiques et des Pêches – vol. XXIX 19 INTRODUCTION La présence du poulpe jusque dans les zones les plus au sud de la région est connue de longue date. L’inventaire des mollusques marins de la Côte Occidentale d’Afrique (Mission de Gruvel, 1909-1910), montre la présence dans les eaux du Sénégal (Gorée) d’une femelle d’Octopus vulgaris sur des profondeurs de 50 mètres (Dautzenberg Ph., 1912). Le poulpe fut considéré comme « fréquent » dans une des premières campagnes réalisées dans la zone par le navire « Jean Hamonet » en avril 1933 entre le 20°15N et 20°52N par des fonds de 80 à 110 mètres (Beaugué, 1933). Cadenat (1936), Navarro et al. (1943) feront note de cette présence de poulpe, bien que souvent associée à des rendements relativement faibles. Les rendements de poulpe ont été estimés entre 10 kg à 45 kg/heure sur des profondeurs de 3 à 70 mètres au sud-ouest de Villa Cisnéros (Maurin, 1969). Depuis, plusieurs auteurs ont décrit des variations inter-annuelles importantes des prises par unités d’effort (PUE). Sur les quinze dernières années, deux cas de hausses marquées des rendements ont été observés en 1986 (Dia, 1988 et Dia et Inejih, 1991) et en 1992 (Inejih ,1997). Ces fluctuations temporelles des rendements seraient accompagnées d’une variabilité spatiale de l’abondance (Hatanaka, 1979; Guerra, 1981; Dia 1988; Inejih et Jouffre, 1996). En effet, depuis 1989, les campagnes expérimentales montrent une amélioration des rendements au sud du Cap Timiris (Anonyme, 1989; Girardin, 1990), ceux-ci pouvant parfois dépasser ceux observés dans la zone traditionnelle de pêche du Cap Blanc. Cette évolution est aussi observée plus au sud en 1986, dans les eaux sénégalaises (Gérard, 1987 et Caverivière, 1990) où une pêcherie artisanale s’est développée récemment. Si certains auteurs vont jusqu’à comparer cette espèce aux poissons pélagiques sur le plan fluctuations des stocks (Bas, 1995), d’autres, au contraire, pensent que le poulpe ne fait pas de migration de grande envergure (Hatanaka, 1979 ; Caveriviere, 1994). Les traits de la répartition de cette espèce, qui supporte la plus importante pêcherie nationale, posent encore des questions diverses. Est-elle présente partout dans la zone du plateau continental mauritanien et quelles sont ses nouvelles zones d’abondance? Quelle est la contribution des facteurs spatiaux et temporels dans les fluctuations de son abondance? Et comment peut-on alors interpréter cette variabilité? Le présent article analyse ces différentes questions en vue de contribuer à une meilleure compréhension de la dynamique du poulpe dans les eaux mauritaniennes. MATERIEL ET METHODES La dynamique spatiale du poulpe est étudiée en analysant les rendements (captures par coup de chalut de 30 minutes, exprimés en poids et en nombre) en fonction des facteurs spatiaux structurant la population qui sont la bathymétrie et la latitude. Les contributions de ces deux paramètres à la variabilité du rendement sont déterminées et leurs effets (simple et combiné) statistiquement testés. En plus de ces deux facteurs de description de la dynamique côte-large et/ou nord-sud, sont aussi analysés les effets des facteurs temporels (saisons et années) sur la variabilité spatiale des rendements. La données et leurs systèmes de collecte, la stratification adoptée et les méthodes utilisées sont respectivement décrits ci-dessous. 20 Bulletin Scientifique de l’Institut Mauritanien de Recherches Océanographiques et des Pêches – vol. XXIX 1. Les campagnes de chalutage démersal Les objectifs et la méthodologie des campagnes ont été décrits par plusieurs auteurs (Bergerard et al, 1983 ; Domain, 1986 ; Girardin, 1988 ; Girardin et al, 1990 ; Dia, 1988 ; CNROP, 1991 ; Mohamed Fall, 1995). La méthodologie consiste en un échantillonnage aléatoire où le nombre de stations par strate est déterminé au prorata de la surface des strates. Les campagnes ont couvert les latitudes de 16°04 N à 20°45 N et les profondeurs allant de 7 à 230 mètres (profondeur du début de l’opération de chalutage). Au total, 42 campagnes (tableau 1) et plus de 3000 stations de chalutage ont été réalisées durant la période 1982-1998. Tableau 1. Répartition du nombre de stations par mois et par année Années 1982 1983 1984 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 Total Jan. Fév. 35 57 23 Mars 63 91 Avril 67 33 52 Mai 6 29 66 Juin 28 Juil. 22 114 Août Sept. 91 51 20 97 90 Nov. Déc. 51 70 85 92 30 69 92 Oct. 28 30 90 89 119 119 96 87 91 114 86 93 91 89 87 92 428 88 360 204 65 381 96 280 232 90 91 517 28 321 Total 221 214 52 98 266 318 405 97 209 119 182 269 91 243 90 179 3053 Avec moins de 1% du total des observations correspondant à une petite campagne, limitée à la zone Nord et réalisée en 1986, novembre est le mois le moins couvert (figure 1). De même, 1984 est, avec 1.7% seulement des observations, faiblement représentée comparativement à 1989 qui représente à elle seule plus de 13% (figure 1). Les couvertures des zones et/ou strates de bathymétrie sont globalement équilibrées, le nombre de stations étant généralement proportionnel aux surfaces. Les campagnes ont été réalisées à bord du N/O ‘N’Diago’ jusqu’en 1996, puis avec le N/O ‘Al-Awam’ à partir de 1997. Les coups de chalut durent en général 30 minutes et la vitesse de traîne oscille entre 3,2 et 3,5 nœuds. C’est le même chalut qui a été utilisé à bord des deux navires. Lors de chaque campagne, les captures de poulpe réalisées à chaque opération de chalutage (station) ont été systématiquement traitées (pesées et dénombrées). Les informations suivantes sont, entre autres, notées : - caractéristiques des stations (latitude et longitude), profondeur de début de chalutage, date de chalutage (transformée en mois et année) - captures en poids et en nombre et poids moyen individuel (valeur calculée). Les informations sur les positions géographiques (latitude et longitude) et celles sur la bathymétrie sont ventilées par catégories selon des zones et des strates de profondeurs. Bulletin Scientifique de l’Institut Mauritanien de Recherches Océanographiques et des Pêches – vol. XXIX 21 Figure 1. Distribution du nombre de stations (a) par an et (b) par mois 2. Stratification spatiale et temporelle La zone du plateau continental prospectée par chalutage a été subdivisée en trois grandes zones (Nord, Centre et Sud) et trois strates de profondeur (figure 2). Dans chaque zone ou strate identifiée, les captures de poulpe (en nombre et en poids) par station ont été moyennées sur la base du nombre d’opérations de pêche qui y sont réalisées. En utilisant les positions géographiques des stations, les observations obtenues lors des campagnes sont liées aux unités géographiques ; l’objectif étant alors de comparer, avec plus de contrôle dans l’espace, la variabilité temporelle (saisons et périodes). L’échelle géographique de restitution des résultats et d’analyse des données est représentée par des cellules carrées de 10’ sur 10’ (Grille_10). Des dimensions plus petites de cellules ont été écartées car cela conduit à un faible nombre d’observations par unité géographique, ce qui affecte grandement la qualité des valeurs moyennes. Par ailleurs, sont distinguées quatre saisons hydrologiques décrites pour la Mauritanie par Deddah (1995) et distingué trois périodes (groupes d’années) en fonction desquelles les données sont analysées. Les saisons sont janvier à mai (froide), juin et juillet (intersaison), août à octobre (chaude) et novembre-décembre (seconde intersaison) ; ces saisons sont parfois regroupées en deux grandes saisons (novembre-mai et juin-octobre) correspondant aux principales phases du cycle de vie des cohortes de la population du poulple (Hatanaka, 1979 et Dia, 1998). Les périodes déterminées sont (i) 1982 à 1984, (ii)1986 à 1990 et (iii) 1991 à 1998. La première est marquée par la rupture des séries de campagnes en 1985. Les deux autres correspondent aux cycles de fluctuations inter-annuelles des captures de poulpe observés durant cette dernière décennie (figure 3). 22 Bulletin Scientifique de l’Institut Mauritanien de Recherches Océanographiques et des Pêches – vol. XXIX Figure 2 Figure 2. Limites des grands découpages du plateau continental 3. Méthodes d’analyse Les indices moyens par carré de 10 minutes sont d’abord analysés grâce au Système d’Information Géographique (SIG). Cet outil permet l’analyse de l’information et son intégration selon des échelles différentes par le biais de liens géographiques. Dans notre cas, ils sont surtout utilisés pour représenter, après traitement sur ArcView GIS (1998), l’information géographique sur la distribution du poulpe. Ils permettent également de décrire l’évolution par cellules géographiques des indices d’abondance selon les saisons et les années. Bulletin Scientifique de l’Institut Mauritanien de Recherches Océanographiques et des Pêches – vol. XXIX 23 Captures totales et Congélateurs 45000 40000 9000 8000 7000 35000 6000 30000 5000 25000 4000 20000 Glaciers et PA 50000 Congélateurs Captures totales Glaciers PA 3000 15000 2000 10000 1000 5000 0 0 1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 Figure 3. Captures totales de poulpe en tonnes par grands types de flottilles Analyse de variance L’analyse de la variance peut être classée comme une technique de régression conduite sur des variables nominales (Lebart et al., 1997). Son utilisation nécessite l’examen préalable de la forme de distribution des variables, car le choix des tests à appliquer aux données en dépend. C’est ainsi qu’il est nécessaire, soit de vérifier que nous sommes dans les conditions d’application de l’ANOVA (Analysis Of VAriance) qui se base sur la normalité des résidus et l’égalité des variances, soit d’effectuer des transformations pour y parvenir. L’indépendance des résidus se traduit dans les faits quand ils le sont (i) entre eux et (ii) vis à vis des traitements (effets des variables). La première condition d’application est liée à l’échantillonnage (ici on est dans le cadre d’échantillonnage aléatoire). La seconde se vérifie par l’examen des graphiques des moyennes d’échantillon versus leurs variances. La présence de tendance implique alors la dépendance et dans ce cas on fait recours à des changements de variables pour éliminer les dépendances, en d’autres terme stabiliser la variance. L’intérêt de l’analyse paramétrique est de pouvoir, dans le cas où les résultats sont significatifs, retrouver quelles sont les catégories qui en sont responsables. Le nombre d’observations étant important (plus de 3000 stations), les conséquences d’un écart à la Loi Normale ne sont pas importantes ; le théorème central limite stipulant que la distribution d’échantillonnage de la moyenne approche la Loi Normale, indépendamment de la distribution de la variable dans la population. Par ailleurs, Lindman (1974) in StatSoft France (2000), a montré que la statistique du F est assez robuste par rapport aux violations de l’hypothèse de l’hétérogénéité des variances. Étant donné l’existence de corrélation bien connue entre les moyennes et les variances de rendements obtenues par les campagnes de chalutage, l’ANOVA a été opérée sur le rendement en poids après transformation (changement de variable par passage au logarithme) afin de stabiliser la variance. 24 Bulletin Scientifique de l’Institut Mauritanien de Recherches Océanographiques et des Pêches – vol. XXIX Figure 4. Carte de répartition des zones de capture du poulpe (la grille de représentation est basée sur le rapport du nombre se stations sans poulpe au nombre total d’opérations par carré) Bulletin Scientifique de l’Institut Mauritanien de Recherches Océanographiques et des Pêches – vol. XXIX 25 Figure 5. Répartition des observations par classes de rendement de poulpe dans les trois zones (a) Nord, (b) Centre et (c) Sud RESULTATS 1. Répartition moyenne du poulpe Pour répondre à la question «est-ce que le poulpe est présent partout dans la zone du plateau continental ? », une première carte identifiant les zones à faible occurrence est réalisée. Cette carte (figure 4) est le résultat d’une analyse de classification des cellules de la grille par la méthode « natural breaks» qu’offre le logiciel Arcview (ArcView GIS Version 3.1, 1998). La classification automatique par la méthode « natural break » est une approche d’optimisation basée sur la minimisation des sommes des écarts types dans chaque catégorie. Cette méthode, qui semble être le meilleur choix pour regrouper des valeurs similaires constitue une option qu’offre le logiciel Arcview comme traitement automatique des cartes. La classification des carrés statistiques a été réalisée avec un indice d’occurrence relative du poulpe dans les opérations de chalutage. Il s’agit du rapport du nombre d’opération de pêche où les captures de poulpes sont nulles (stations à zéro poulpe) sur le nombre total d’opération calculé pour chaque cellule de la grille sur la période de 1982 à 1998 Le nombre de stations sans poulpe est plus élevé au Sud, représentant 32 .4% de l’ensemble des observations réalisées dans cette zone ; ce pourcentage est de 26% au Centre et de 17.5% seulement au Nord. La structure des observations par classe de rendement (figure 5 ) de 5 kg révèle que les zones Sud, avec presque 70% des rendements inférieur à 5 kg, et Centre, avec presque 60%, sont moins riches en poulpe que la zone Nord. Cependant, le poulpe est pratiquement présent sur toute la zone du plateau continental mauritanien car même s’il existe 26 Bulletin Scientifique de l’Institut Mauritanien de Recherches Océanographiques et des Pêches – vol. XXIX des zones très pauvres, il a été observé au moins une fois dans l’ensemble des carrés ayant fait l’objet de plus de 5 observations (stations). Il est donc assez ubiquiste de part sa répartition et c’est à travers ces niveaux d’abondance que l’on étudiera sa dynamique. Pour ce faire, les rendements moyens de poulpe et leur variance ont été calculés par rapport à la grille_10 et classifiés selon la même méthode (natural breaks). On montre que les rendements les plus élevés sont généralement associées aux variances également les plus fortes et ceci particulièrement au Centre et au Sud. Au Nord, on distingue deux zones de grande abondance (plus de 12 kg / 30 mn), l’une assez restreinte et côtière et l’autre, plus vaste et plus au nord (au delà de 20°20N) se situe sur des profondeurs beaucoup plus grandes (figure 6). Les rendements moyens par station et par zone suivent une tendance où les valeurs diminuent graduellement du Nord au Sud. Cette diminution n’est cependant pas équivalente quand on compare les mêmes profondeurs d’une zone à l’autre. En effet, les rendements au Centre et au Nord sont presque équivalents sur les fonds de 30 à 80 mètres, et sont toujours bien plus élevés que ceux du Sud. Figure 6. Rendements moyens par coup de chalut (kg / 30 minutes) et par saison Bulletin Scientifique de l’Institut Mauritanien de Recherches Océanographiques et des Pêches – vol. XXIX 27 2. Variabilité de la distribution spatio-temporelle du poulpe 2.1. Analyse des effets inter-annuels et saisonniers sur la distribution du poulpe La distribution moyenne présentée ci-dessus masque des variations saisonnières importantes des rendements. Les fluctuations spatiales au sein des saisons semblent affecter principalement la zone Sud et les strates profondes. Au Nord, le poulpe est moins abondant sur les petits fonds en période froide, bien qu’un noyau subsiste. La tendance à la diminution des rendements observée du Nord au Sud est affectée par l’effet des saisons, les écarts entre les zones étant plus grands en saison chaude. Figure 7. Rendements moyens de poulpe par période et par saison 28 Bulletin Scientifique de l’Institut Mauritanien de Recherches Océanographiques et des Pêches – vol. XXIX Les fluctuations saisonnières ont été examinées par rapport aux trois périodes distinguées dans la série de données. Le schéma de distribution de l’espèce selon les saisons est pratiquement le même durant les trois périodes (figure 7), les effets inter-période apparaissent moins importants que les effets saisonniers. D’une période à l’autre, il n’y a pas de changements notables de la structure d’abondance en saison froide, si l’on exclut le fait que le noyau qui subsistait dans la zone côtière au Nord durant cette saison s’est dissipé durant les périodes plus récentes (figure 7). Ceci a eu pour conséquence le renforcement du gradient côte – large en saison froide dans la zone Nord. En saison chaude par contre, nous remarquons un appauvrissement de la zone Sud qui est plus ou moins accentué selon les périodes. La variabilité apparente qui ressort de cette analyse basée sur des méthodes de classifications d’objets géographiques (quartiles, séparations naturelles, etc.) ne permet pas de mesurer le degré de signification des différences observées. C’est donc pour cela qu’il est nécessaire de voir dans quelle mesure les variations de distribution selon les saisons, zones et/ou périodes sont statistiquement significatives. La structure spatio-temporelle des rendements (données non transformées) a donc été analysée à l’aide d’une analyse de variance de type paramétrique, l’objectif étant de tester la signification des différences entre les moyennes observées selon les zones, la bathymétrie, les saisons et les périodes. Les facteurs retenus dans l’analyse sont donc la zone (3 modalités), la profondeur (3 modalités), la saison (2 modalités) et la période (3 modalités), les variables étant le rendement en poids (POIDS) et en nombre (NBRE). Tableau 2 :Résultats de l’Analyse de variance sur le rendement de poulpe 1=Zone (Nord, Centre, Sud) ; 2=Profondeur (Côte, Intermédiaire, Large) et 3=Saisons( Froide, Chaude) Log(Poids+1) 1-ZONE, 2-PROF, 3-SAISON dl Effet 1 2 3 1*2 1*3 2*3 1*2*3 MC Effet 2 2 3 4 6 6 12 120 101 26 5 6 24 1 dl Erreur 3017 3017 3017 3017 3017 3017 3017 MC Erreur F 1,2 1,2 1,2 1,2 1,2 1,2 1,2 101,2 84,9 21,5 4,5 4,7 20,6 0,8 niveau p 0,0000 0,0000 0,0000 0,0013 0,0001 0,0000 0,6414 Les résultats de l’ANOVA (paramétrique), conduite sur les transformées des rendements, mettent ainsi en évidence une forte hétérogénéité spatiale traduite par les différences significatives des rendements entre les zones et les profondeurs. L’effet spatial simple est hautement significatif qu’il s’agisse d’effet de Zone ou de Profondeur et traduit les gradients nord-sud et côte-large observés et décrits plus haut. De même, l’effet saisonnier est fort, mais c’est son interaction avec la profondeur qui est hautement significative, ce qui confirme les résultats issus de la classification des rendements par saison obtenus par SIG. Le test de LSD (Least Square Difference) a ensuite été utilisé pour localiser, deux à deux, les moyennes ayant les différences significatives dans les zones. On montre qu’un premier groupe de zones homogènes en terme de rendements est constitué par la strate côtière de la zone Nord, les deux strates du Centre aux profondeurs supérieures à 30 mètres et la strate des profondeurs supérieures à 80 mètres au Sud. En d’autres termes, si on considère que le poulpe est la cible principale, le fait de pêcher dans la strate côtière en face du banc d’Arguin (une zone hautement conflictuelle avec la pêche artisanale) équivaut à pêcher au Centre sur Bulletin Scientifique de l’Institut Mauritanien de Recherches Océanographiques et des Pêches – vol. XXIX 29 des profondeurs de plus de 30 mètre ou au Sud sur des profondeurs de plus de 80 mètres. Cette remarque a des implications pour l’aménagement des ressources et notamment pour l’allocation de l’effort de pêche des différents métiers. Le second groupe homogène est constitué par les deux strates de la zone Sud aux profondeurs inférieures à 80 mètres, c’est la zone la plus pauvre en poulpe. Les autres strates sont différentes entres elles deux à deux et constitueraient chacune une entité du point de vue des rendements moyens. L’analyse montre par ailleurs que l’interaction espace-temps, qui est l’expression de la dynamique de l’espèce, est due aux effets saisonniers qui interagissent plus avec la bathymétrie (dynamique côte – large) qu’avec la latitude (dynamique nord – sud). Autrement dit, bien que toutes ces deux dimensions soient significatives, c’est la dimension côte-large (sous l’effet saisonnier) qui aurait l’effet le plus structurant dans la distribution du poulpe, bien plus que la dimension nord-sud. Nous retrouvons là aussi une confirmation des fluctuations spatiales selon les saisons mises en évidence par les analyses SIG. Figure 8. Evolution mensuelle des rendements par zone Les différents résultats ci-dessus ont été obtenus en utilisant toutes les données recueillies dans la période de 1982 à 1998. Une analyse des effets inter-période sur la distribution et la variabilité annuelle des rendements a été réalisée. Afin de faciliter l’interprétation des résultats, deux analyses sont réalisées respectivement sur les données des campagnes de saisons chaudes et sur les données de saisons froides. Lors des saisons chaudes, nous constatons que l’effet de l’interaction période/profondeur n’est pas significatif alors que celui période/zone l’est hautement (tableau 3-a). Le niveau de variation de l’abondance du poulpe en nombre d’une zone à l’autre selon les périodes est donc important et l’effet zone (seul) y est prépondérant, plus que celui de la profondeur. L’existence des fluctuations inter-annuelles significatives des rendements d’une zone à l’autre est donc mise en évidence. Les rendements moyens ont significativement augmenté durant la période récente en zones Centre et surtout Sud, restant sans changements significatifs au Nord. L’effet Zone/Profondeur n’est pas significatif. 30 Bulletin Scientifique de l’Institut Mauritanien de Recherches Océanographiques et des Pêches – vol. XXIX Durant les saisons froides, tous les effets et leurs interactions sont significatifs (tableau 3-b) et c’est la profondeur qui devient prédominante. A l’inverse de la situation en saison chaude, les rendements ont sensiblement diminués en zone Centre et surtout Nord, restant équivalents en zone Sud. Tableau 3. Synthèse de tous les Effets selon le plan 1-ZONE (trois strates), 2-PROF (trois strates) et 3-PERIODE (2 périodes 1986-1990 et 1991-1998) (a) Saisons chaudes dl Effet 1 2 2 2 3 1 1*2 4 1*3 2 2*3 2 1*2*3 4 MC Effet (b) Saisons froides MC Effet 24,1718 141,8174 20,3519 6,1889 4,8755 9,7878 2,8955 1 2 3 1*2 1*3 2*3 1*2*3 dl Effet 2 2 1 4 2 2 4 Dl Erreur 72,02 25,36 24,48 1,55 4,83 2,23 1,48 869 869 869 869 869 869 869 Dl Erreur MC Erreur 1,027 1,027 1,027 1,027 1,027 1,027 1,027 MC Erreur 913 913 913 913 913 913 913 F 70,1 24,7 23,8 1,5 4,7 2,2 1,4 Niveau p 0,00000 0,00000 0,00000 0,19610 0,00930 0,11510 0,21800 28,0 164,1 23,5 7,2 5,6 11,3 3,4 Niveau p 0,00000 0,00000 0,00000 0,00000 0,00370 0,00000 0,00980 F 0,86 0,86 0,86 0,86 0,86 0,86 0,86 En résumé, les différences dans les variations de l’abondance suivant les zones et les profondeurs sont significatives, mais leurs effets ne sont pas les mêmes selon les saisons : l’effet de la profondeur est plus important en saison froide et celui de la zone l’est en saison chaude. Il faut remarquer aussi que , si en saison chaude le Nord ne montre pas de variations significatives de rendements selon les périodes, en saison froide c’est le Sud qui n’en montre plus. Autrement dit, les variations inter-annuelles importantes de la distribution spatiale du poulpe observées en saisons chaudes concernent les zones Centre et surtout Sud alors que celles observées en saisons froides affectent plutôt la zone Nord. Le premier type de variations correspond à l’amélioration des rendements au Centre et au Sud alors que le second montre leur diminution en zone Nord et Centre durant la période récente (1991-1998). En terme de rendement global (en poids ou en nombre) de poulpe, les fluctuations interpériodes montrent ainsi des tendances inverses selon les saisons. Les analyses de variance permettent donc de confirmer statistiquement les résultats restitués par les analyses cartographiques sous SIG. 2.2. Fluctuations mensuelles des rendements Les fluctuations des rendements, aussi bien en poids qu’en nombre font apparaître une saisonnalité franche, avec deux périodes de maximum d’abondance. La première saison de maximum de rendements s’étale de février à mars ; elle est bien exprimée notamment en terme de rendements en poids, les individus y étant alors relativement gros. La seconde saison de maximum de rendement est centrée sur le mois d’août (saison chaude) et les rendements en nombre et en poids y sont plus élevés que ceux de la première. Bulletin Scientifique de l’Institut Mauritanien de Recherches Océanographiques et des Pêches – vol. XXIX 31 Le même type de variations saisonnières des rendements est observé d’une zone à l’autre avec quelques nuances. Au Nord, nous avons la structure décrite pour l’ensemble de la zone, avec cependant un net écart entre les pics saisonniers. Au Centre, nous retrouvons toujours les deux pics saisonniers, mais les écarts entre les rendements en poids et ceux en nombre observés durant la première saison, sont plus faibles. De même, les deux pics saisonniers ont des niveaux quasi équivalents, mais sont moins importants qu’au Nord (figure 8). Au sud, il n’y a plus que la première saison et les rendements sont encore plus faibles. Par rapport aux profondeurs, les strates côtières ne montrent, de manière nette que la seconde saison de maximum de rendement (en saison chaude), à la différence avec des strates plus profondes où les rendements sont très élevés surtout lors de la saison froide, la saison chaude ayant alors son pic de rendements décalé vers juin. Pour les profondeurs intermédiaire de 3080 mètres on a la situation moyenne avec les deux saisons de maximum bien nettes (figure 9). Cette dernière strate est par ailleurs le lieu des plus gros écarts entre les rendements en poids et en nombre déjà mentionnés pour la saison froide, les effectifs des grands individus y étant nettement faibles en cette saison comparativement à la strate profonde (plus de 80 mètres). Figure 9. Evolution mensuelle des rendements par strate bathymétrique En résumé la saisonnalité des rendements est bien établie pour les deux saisons chaude et froide. En saison froide (centrée sur février-mars), l’amélioration des rendements a lieu sur l’ensemble du plateau continental (les trois zones). Dans la zone Nord, elle ne concerne pratiquement que la strate profonde (plus de 80 mètres) et les rendements, en nombre notamment, sont faibles au niveau des deux strates côtières. Dans les zones Centre et Sud, cette saison touche uniquement les deux strates profondes. Là aussi, les strates les plus profondes ont les plus hauts rendements. En saison chaude (centrée sur le mois d’août), ce sont également toutes les zones qui sont concernées. Cependant au Nord, ce sont les strates côtières qui montrent les rendements les plus importants. Au Centre c’est la strate intermédiaire qui a les plus hauts rendements suivie 32 Bulletin Scientifique de l’Institut Mauritanien de Recherches Océanographiques et des Pêches – vol. XXIX de près par la strate profonde mais le pic se situe en juin. C’est durant cette saison que les strates côtières des zones Centre et Sud montrent les rendements mensuels les plus élevés de l’année. 2.3. Fluctuations annuelles des rendements Les rendements moyens annuels, en poids et en nombre, montrent une tendance régulière à la hausse depuis 1986 jusqu’en 1990-1991, avant de diminuer progressivement jusqu’en 1993. Une légère hausse est observée en 1994 et en 1997-1998 (figure 10). Cette tendance est la même pour les trois zones Nord, Centre et Sud, mais avec un décalage des pics d’une année (figure 11). Les maxima de rendement (en poids et nombre) ont lieu successivement en 1989 pour le Nord, en 1990-1991 pour le Centre et en 1991-1992 pour le Sud. Notons également que l’amplitude de la hausse des rendements est beaucoup plus élevée au Centre, et dans une moindre mesure au Sud, qu’au Nord. De même, le niveau des pics, qui est quasi équivalent pour les deux zones Nord et Centre (15 kg), est relativement faible en zone Sud (8 kg/30 mn). Par ailleurs, l’amplitude des fluctuations observées au Nord en 1994 et 1997-1998 est relativement très importante. Il faut noter également que les maxima observés en 1989-1991 sont importants surtout au niveau de strates profondes, alors que l’amélioration des rendements en 1994-1995 est éphémère et ne concerne que les strates côtières (figure 10). En 1997-98 ce sont les zones profondes au Nord et côtières au Centre et Sud qui sont concernées. L’année 1992 pour le Nord et le Centre et l’année 1993 pour le Sud ont enregistré des rendements relativement faibles. En 1992, les faibles rendements (notamment en nombre) ne semblent pas concerner la strate la plus profonde. Figure 10. Evolution annuelle des rendements de poulpe. Données campagnes expérimentales (1982-1998) Bulletin Scientifique de l’Institut Mauritanien de Recherches Océanographiques et des Pêches – vol. XXIX 33 Figure 11. Evolution des rendements annuels moyens par zone DISCUSSION Si la présence du poulpe dans la région Nord-Ouest Africaine est bien connue de longue date, sa forte occurrence et sa large distribution au niveau de l’ensemble du plateau continental serait moins ancienne. Actuellement, il est rare uniquement dans la zone Sud par de faibles profondeurs (moins de 30 mètres) et dans les zones où abonde le poisson (Inejih, 1999). Cette disjonction entre les zones d’abondance de poisson et celles des céphalopodes en général serait en relation avec la stratégie de limitation de l’interaction spatiale (interférence) avec leurs compétiteurs pour diminuer la pression de prédation (Hanlon et Messenger, 1996). La distribution du poulpe n’est pas homogène: en saison froide, les plus hauts rendements sont au large et en saison chaude c’est au niveau des strates côtières que l’abondance est maximale. Ce même schéma où les poulpes sont plus côtiers en saison chaude qu’en saison froide est également observé au Sénégal (Caveriviere, 1994). Guerra (1978) met également en évidence ce même schéma de distribution au niveau de la zone 26°10’N-23°30’N, distinguant la concentration entre 50 et 100 m (avril) de celle plus côtière (octobre). Cette hétérogénéité saisonnière a été présentée sous forme de dynamique côte-large (Dia, 1988 ; Hatanaka, 1979 ; Inejih et Joufre, 1996), voire d’une migration côte-large (Mangold, 1963). Nos résultats montrent que cette apparente oscillation serait plutôt le résultat de la conjugaison des distributions différentes observées pour chacune des deux cohortes reconnues dans la population du poulpe. 34 Bulletin Scientifique de l’Institut Mauritanien de Recherches Océanographiques et des Pêches – vol. XXIX Tous les auteurs s’accordent à supposer qu’il n’y a pas de migration nord-sud chez le poulpe dans la région ouest africaine (Hatanaka, 1979 ; Caveriviere, 1994). Nous avons certes mis en évidence une affinité du poulpe pour les strates profondes et sa plus grande abondance au sud du Cap Timiris en saison froide ainsi que des variations spatiales inter-annuelles. Ces variations interannuelles ont été également signalées par Girardin (1990). Elles auraient cependant eu lieu surtout lors des saisons chaudes se manifestant par l’élargissement de la zone d’abondance vers le sud, et dans une moindre mesure en saisons froides, se matérialisant alors par une distribution plus ou moins profonde. Comme Hatanaka (1979), nous n’avons pas décelé à l’échelle d’une année de mouvements migratoires saisonniers nord – sud ; la dynamique apparente orientée selon la latitude (nord-sud) observée en saisons chaudes trouve son explication en dehors de l’hypothèse de migration. L’hypothèse de fixation d’individus, à partir d’une certaine taille, dans des zones de haute abondance en proies pour l’alimentation et d’un déplacement faible à la recherche d’abris et vers des zones de ponte serait la plus probable. Le fait que les poulpes puissent être observés dans des terriers, dans certains cas dès leur plus jeune âge (Hartwick et al, 1978 ; Caveriviere, 1997), ne va pas dans le sens de la thèse de migration saisonnière. Le schéma de distribution à l’échelle de l’ensemble du plateau continental, n’exclut cependant pas des variations locales de densité d’une cellule à une autre (Guerra, 1981). Les agrégations notées par Guerra (Ibid.), par les observations des pêcheurs (Kastushi Yoshikawa, comm. pers.) confirment de telles situations chez le poulpe. La stratégie de grands regroupement d’unités de pêche dans un faible rayon d’action (notamment dans la zone du Cap Blanc avec plus de 40 et parfois 60 navires pêchant dans un rayon de moins de 6 miles) témoignerait de ce phénomène. Il est aussi probable que Octopus vulgaris puisse effectuer des mouvements de faible amplitude espacés de périodes de résidence dans des aires relativement limitées. Ces mouvements qui ne semblent pas avoir une direction apparente, ont lieu en relation avec l’alimentation ou la recherche d’abris au moment de la ponte. Mather et O’Dor (1991) notent que les juvéniles de poulpe ne restent pas longtemps dans une même place. D’après ces auteurs, le comportement des poulpes n’est pas modifié par leurs congénères et l’hypothèse d’agrégation (pour l’alimentation très probablement) émise par Guerra (1981) est donc possible. Elle permet aussi de comprendre en partie la grande concentration des navires de pêche. La saisonnalité des rendements chez le poulpe est assez bien établie pour différentes zones d’exploitation. Sanchez et Martin (1993), mettent en évidence une forte saisonnalité des captures de Octopus vulgaris (dominant dans les débarquements avec 70%, la seiche à 10% et Loligo sp. à 7%). Comme en Mauritanie pour le cas du stock de type côtier de la saison chaude, la zone de forte occurrence en Guinée se situerait en deçà des 50 mètres avec une zone d’abondance maximale entre 25-50 mètres. La diminution des rendements, observée systématiquement (toutes zones et toutes profondeurs, tous types de pêche) lors des deux saisons de reproduction (notamment en fin de saison), suggère une relation de ces variations avec la mortalité post-ponte et plus généralement une diminution de la capturabilité (disponibilité et vulnérabilité du poulpe). Les variations géographiques interannuelles côte – large des saisons froides ou nord – sud des saisons chaudes peuvent être une forme d’extension géographique naturelle chez les populations quand leur taille augmente (Crawford et al., 1983). Elles peuvent aussi être des conséquences des conditions hydrologiques de dispersion des paralarves. Cette hypothèse très probable reste à approfondir. Bulletin Scientifique de l’Institut Mauritanien de Recherches Océanographiques et des Pêches – vol. XXIX 35 CONCLUSION L’existence d’une dichotomie saisonnière de la répartition spatiale du poulpe a été identifiée, offrant un fort contraste à l’échelle de l’année entre la saison froide (janvier à mai) et la saison chaude (août à octobre). Cette structuration spatio-temporelle n’apparaît pas comme résultante d’une migration. Elle s’exprime à travers une organisation spatiale dominante par saison et assez stable d’une période à l’autre. En saison froide, le poulpe présente sa plus large distribution et occupe des fonds au-delà de 30 mètres au nord et de 60 mètres au sud. En saison chaude, la zone de répartition est plus rétrécie et les fonds fréquentés largement plus côtiers surtout au nord du Cap Timiris. Ce schéma général de distribution connaît des fluctuations interannuelles qui se matérialisent par une distribution plus ou moins profonde en saison froide et plus ou moins septentrionale en saison chaude. C’est ainsi que la zone au sud du Cap Timiris a montré une amélioration significative des rendements entre 1991 et 1998, comparativement à 1986-1990. Ces changements, à l’origine de nouvelles zones de pêche (autour des latitudes 17°00N) qui sont toujours associées à une forte variabilité de captures (non stabilisées), font que les rendements moyens en zone Centre, par des fonds supérieurs à 30 mètres, et Sud, sur des fonds de plus de 80 mètres, sont équivalents à ceux des zones au nord du Cap Timiris par les fonds de moins de 30 mètres. REFERENCES CITEES Anonyme. 1989. Les ressources halieutiques de la ZEE mauritanienne : description, évaluation et aménagement. Rapport du 2ème Groupe de travail CNROP / FAO / ORSTOM du 12 au 22 nov. 1988, Nouadhibou, Mauritanie. COPACE / PACE Séries 89/49. Bas, C. 1995. Long-term Variability in Food Chains, Biomass Yields and Oceanography of the Canary Current Ecosystem. In Large Marine Ecosystems : 94-103 Beaugé, L. 1933. 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Environmental Systems Research Institute, Inc. 38 Bulletin Scientifique de l’Institut Mauritanien de Recherches Océanographiques et des Pêches – vol. XXIX REPRODUCTION ET RECRUTEMENT DU POULPE (OCTOPUS VULGARIS) DANS LA REGION DU CAP BLANC, MAURITANIE Par INEJIH Cheikh Abdellahi O. (1) et DEDAH Sidina O. (2) (1) & (2) Chercheurs à l’IMROP, B.P. 22, Nouadhibou, Mauritanie RESUME La reproduction et le recrutement de l’une des plus importantes espèces exploitées par les pêcheries démersales mauritaniennes sont étudiés. Pour ce faire, on utilise les données de 24 campagnes de chalutage systématique organisées de mai 1994 à avril 1995 dans la zone du Cap Blanc (20°30N) sur des profondeurs de 10 à 100 mètres. On montre que l’activité de reproduction du poulpe s’étale sur toute l’année, particulièrement au niveau de la frange côtière. Deux périodes d’activité intense de reproductrice semblent exister chez le poulpe: une première, en mars-mai, puis une seconde, plus importante, en septembre et octobre. L’activité de reproduction de mars-mai est plus étalée dans le temps et moins intense (concerne des effectifs faibles), alors que celle de septembre est plus courte et plus intense. La structure des tailles pour les différents stades de maturité sexuelle fait apparaître des tailles modales croissante avec la maturité sexuelle, exprimant ainsi une relation entre la taille et l’état de maturité. Dans la zone du Cap Blanc, on retrouve également deux périodes de recrutement d’intensité et de durée différentes. La première est centrée sur juin-juillet et la seconde sur octobrenovembre, succédant ainsi aux périodes d’intense activité de reproduction. Il ressort, par ailleurs, que l’échelle de maturité sexuelle à trois stades apparaît insuffisamment détaillée et nécessite une amélioration de sa précision par la prise en compte notamment d’un quatrième stade correspondant à la phase de ponte et de post ponte. ABSTRACT Reproduction and recruitment of octopuses, one of the main species of Mauritanian demersal fisheries are studied. Data of 24 monthly surveys done in front of Cap Blanc from May 1994 to April 1995 and covering depths 10 to 100 meters are used. Reproduction activity is shown to exist during all year, namely in the lower depths. But, two period of intense reproduction activity are well separated. The fist one is weak but extend from Mars to May while the second is more intense and closed to September-October. The size distributions within sexual maturity stages show modal values growing with the level of maturity. In the Cap Blanc area, the results give two very regular picks of recruitment that also vary in term of intensity and duration, succeeding to the two spawning period. In other hand, this study led to conclusion that three-stage scale of maturity, used for octopuses is not sufficiently detailed and can be completed by forth stage corresponding to spawning and post-spawning phase. Bulletin Scientifique de l’Institut Mauritanien de Recherches Océanographiques et des Pêches – vol. XXIX 39 INTRODUCTION Le poulpe est l’une des plus importantes espèces exploitées par les pêcheries démersales mauritaniennes. La reproduction de cette espèce de céphalopode a été étudiée en Mauritanie par Hatanaka (1979) et Dia (1988). Les connaissances dont nous disposons ont relativement anciennes et leur précision en terme de zone et période de ponte est limitée par rapport aux besoins de mise en œuvre des mesures d’aménagement telles que le repos biologique. De même, la période et l’intensité relative du recrutement, autres données d’intérêt pour une meilleur efficience de ce type de mesures, n’ont pas encore été suffisamment précisées pour cette zone. L’objectif de cet article est donc d’étudier ces deux aspects de la biologie du poulpe dans la zone du Cap Blanc. MATERIEL ET METHODES De mai 1993 à avril 1995, un échantillonnage (par chalutage) mensuel de l’état de maturation du poulpe au niveau des 10 stations de chalutage a été réalisé. Le tableau 1 montre les stations de chalutage et leurs caractéristiques. Les stations ont été visitées systématiquement sur toute la période d’échantillonnage. Tableau 1:Caractéristiques moyennes des stations de la radiale Cap Blanc STATION 1 10 2 9 3 8 4 7 5 6 LATITUDE 20.29 20.33 20.29 20.33 20.29 20.33 20.29 20.33 20.29 20.33 LONGITUDE 16.57 16.57 17.09 17.07 17.19 17.17 17.29 17.28 17.39 17.38 PROFONDEUR 10 10 28 28 40 40 59 59 95 95 Strate ZC ZC ZC ZC ZM ZM ZL ZL ZL ZL La distribution des stades de maturité du poulpe selon la bathymétrie est analysée selon trois grandes strates de la Radiale Cap Blanc: - Zone Côtière (ZC): regroupe quatre stations 1, 10, 2 et 9. - Zone interMédiaire (ZM) regroupe les stations 3 et 8. - Zone du Large (ZL) regroupant les stations 4, 5, 6 et 7. Notons que l’obtention de données de maturité sexuelle par strate se fait par simple addition des observations obtenues par station. Les stades de maturité ont été déterminés macroscopiquement chez toutes les femelles capturées. L’échelle de maturité utilisée est une échelle à quatre stades. Elle correspond à celle utilisée par Dia (1988), modifiée par l’ajout d’un quatrième stade constitué surtout par les individus en maturation très avancée (ultime phase de stade 3), mais également englobant ceux en situation de post-ponte. Les données de fréquence des stades de maturité du poulpe, exprimées en pourcentages, sont alors analysées graphiquement, mois par mois, sur la durée d’étude (deux ans). Une analyse 40 Bulletin Scientifique de l’Institut Mauritanien de Recherches Océanographiques et des Pêches – vol. XXIX factorielle de correspondances est ensuite conduite sur un tableau d’abondance en nombre croisant les stades sexuels et les mois de mai (début de la collecte) à avril. Par ailleurs, un indice mensuel d’importance relative des jeunes poulpes dans les captures (IR), construit en rapportant la fraction des jeunes individus de poulpe sur l’ensemble des individus capturés, a été calculé. Ce calcul se base sur les données de catégories de taille (en poids) de la classification commerciale du poulpe (tableau 2). Il utilise un rapport entre petites et grandes catégories commerciales : IR=Np*100/Nt avec IR = indice mensuel de recrutement ; Np = Nombre d’individus de poids éviscéré > 500g1 et Nt = nombre total d’individus. Comme la limite supérieure de la catégorie commerciale T8 est de 500 gr, on peut calculer rétrospectivement un indice d’importance des juvéniles à partir des statistiques de débarquement. Soit : IR = (T9+T8)*100/ ∑19 Ti, sur la somme des poids des catégories commerciale T9 à T1, rapporté à 100. Un tel indice permet de donner une idée de la période d’arrivée de jeunes individus dans la zone d’étude. Cette période, dite période de recrutement, peut servir comme un indice indirect de l’activité de reproduction dont le recrutement est issu. L’indice d’abondance des petits poulpes est analysé pour les deux types de pêche de poulpe (artisanale aux pots et industrielle au chalut de fond) et sur différentes périodes (1985 à 1989 et 1991 à 1994). Tableau 2: Classification du poulpe en catégories commerciales Catégories T1 T2 T3 T4 T5 T6 T7 T8 T9 Classe de poids (g) > 4500 3000 4500 2000 3000 1500 2000 1200 1500 800 1200 500 800 300 500 200 300 RESULTATS 1. La reproduction La figure 1 montre l’évolution des pourcentages des différents stades de maturité de poulpe chez les femelles sur les 24 mois d’échantillonnage. On remarque une ressemblance des tendances des pourcentages obtenus sur des cycles annuels. Ainsi, pour chacune des deux années, deux pics pour le stade 3 et 4 apparaissent au mois de septembre et, dans une moindre mesure, en avril – mai. Cependant, ces pics ne semblent pas avoir la même intensité d’une année à l’autre. 1 Cette limite correspond par ailleurs à la taille commerciale minimale réglementée pour cette espèce Bulletin Scientifique de l’Institut Mauritanien de Recherches Océanographiques et des Pêches – vol. XXIX 41 100% 80% 60% Stade 4 Stade 3 40% Stade 2 20% Stade 1 mars-95 janv-95 nov-94 sept-94 juil-94 mai-94 mars-94 janv-94 nov-93 sept-93 juil-93 mai-93 0% Figure 1. Evolution des pourcentages des stades de maturité sexuelle du poulpe, toutes strates confondues, Radiale du Cap Blanc La figure 2 montre l’évolution moyenne sur une année standard des pourcentages de quatre stades sexuels du poulpe. Elle met en évidence l’évolution successive des pics pour les stades 1, 2, puis 3 et 4 sur la période s’étalant de juin à septembre. Cette même succession des stades se retrouve d’octobre à mai, mais les pics des stades 3 et 4 d’avril - mai ne sont pas aussi importants que celui observé en septembre. On peut noter que pour le stade 1, le premier pic est fort bien centré sur un seul mois (juin), alors que le second, moins intense, s’étale sur un palier de trois mois (octobre à décembre). 90 25 80 20 Stade 1 60 Stade 2 15 50 Stade 3 Stade 4 40 10 30 20 5 10 Avr Mars Fév Jan Déc Nov Oct Sept Août Juil Juin 0 Mai 0 stade 4 stades 1, 2 et 3 70 Figure 2. Evolution sur une année moyenne des pourcentages des stades de maturité sexuelle du poulpe. Radiale du Cap Blanc L’évolution relative (en %) des stades de maturité sexuelle est présentée pour les différentes strates de profondeur, dans la figure 3 (côte, médian et large). Le pourcentage de stades matures (2 et plus) est relativement plus élevé au niveau de la strate de plus faibles profondeurs que dans les autres strates. En septembre, il est le plus intense au niveau de la strate des profondeurs intermédiaires. 42 Bulletin Scientifique de l’Institut Mauritanien de Recherches Océanographiques et des Pêches – vol. XXIX 100% 80% 60% 40% 20% 0% mai juin juil aout sept oct nov déc jan fév mars avril mai juin juil aout sept oct nov déc jan fév mars avril mai juin aout sept nov déc jan fév mars 100% 80% 60% 40% 20% 0% 100% 80% 60% 40% 20% 0% juil oct Figure 3. Stades de maturité sexuelle du Poulpe (radiale Cap Blanc 1993-1995) avril Stade 1 Stade 2 Stade 3 Stade 4 Les individus en ponte et/ou en post-ponte (stade 4) récoltés durant cet échantillonnage sur la radiale sont relativement fréquents. Cette fréquence présente un gradient croissant vers la côte (tableau 3). En effet, des pots (engins de pêche artisanale du poulpe en Mauritanie) ayant dérivé vers les zones de pêches industrielles sont rapportés par les chaluts. Ils semblent constituer de parfaits abris pour la ponte. Durant les périodes de ponte ces pots renferment souvent des femelles qui sont sur le point de pondre ou qui couvent déjà leurs œufs. Tableau 3: Pourcentages de maturité par zone Strate profondeur Côte (moins de 40 m) Médian (40 m) Large (plus de 40 m) Pourcentage du stade 4 6,24 3,72 2,65 Pourcentage des stades 3 et 4 14,56 10,47 8,86 Bulletin Scientifique de l’Institut Mauritanien de Recherches Océanographiques et des Pêches – vol. XXIX 43 Pour analyser la qualité de l’échelle de maturité, une analyse factorielle de correspondance a été réalisée : les variables sont les stades de maturité (4 variables) et les points sont les effectifs observés par mois (24 points). Les résultats montrent une nette séparation des stades 1 et 4 (extrémités), les stades 2 et 3 étant dans une situation intermédiaire (figure 4 a et b). 2 axe1 1 axe2 axe1 axe2 0 -1 1.5 Stade 1 Stade 2 Stade 3 Stade 4 Fig. 4a: Axes selon stade en ordre de maturité croisante -2 1 0.5 0 -0.5 Fig. 4b. Axes selon ordre chronologique Avr-95 Mar-95 Fv-95 Jan-95 Dc-94 Nov-94 Oct-94 Sep-94 Ao-94 Jul-94 Jun-94 Avr-94 Mai-94 Mar-94 Fv-94 Jan-94 Dc-93 Nov-93 Oct-93 Sep-93 Ao-93 Jul-93 Jun-93 Mai-93 -1 Figure 4 L’axe 1 serait celui de l’état de maturité. Cette analyse permet aussi de retrouver les résultats déjà présentés plus haut. En effet, la configuration du stade 4 en fait qu’il est très voisin des mois de septembre 1993 et surtout 1994. Ce mois correspond de manière nette à une période de reproduction. La contribution des mois d’avril et mai est l’une des plus importante (après celle du mois de septembre) à la conformation de l’axe 1. L’axe 2 oppose grosso modo les variables stade 1 et 4 à celles de stades 2 et 3 et les périodes de début d’échantillonnage à celle de sa fin. Ceci peut-être lié à une non constance par rapport à la détermination des stades sexuels, notamment par la précision apportée par le stade 4. Chaque structure des tailles (poids éviscéré en g) pour les différents stades de maturité sexuelle fait apparaître des modes successifs (figure 5) exprimant une relation entre la taille et l’état de maturité. En effet, les modes croissent du stade 1 au stade 3. Le stade 4 est présent avec un mode plus petit que celui du stade 3. Ce décalage pourrait être l’expression, en plus de la chute du poids de la gonade, celle de la chute de poids total durant la couvaison. En effet, le taux d’alimentation (niveau d’ingestion des aliments) chuterait durant la couvaison de 90% chez le poulpe (Wodinky, cité par Tait, 1986). 44 Bulletin Scientifique de l’Institut Mauritanien de Recherches Océanographiques et des Pêches – vol. XXIX Stade 1 Stade 2 Stade 3 Stade 4 4150 3750 3350 2950 2550 2150 1750 1350 950 550 0.5 0.4 0.3 0.2 0.1 0 150 Rapport Vo/Vm lissé 1 0.9 0.8 0.7 0.6 Classes de poids (g) Figure 5. Fréquence des stades de maturité sexuelle du poulpe selon les classes de poids 2. Recrutement La figure 6 montre, pour la période d’étude, l’évolution mensuelle de l’indice de recrutement obtenu à partir des données. On y distingue deux pics en juin 93 et 94 et deux autres en décembre 1993 et octobre 1994. L’indice moyen mensuel de recrutement calculé (pourcentage moyen de petites catégories dans la capture totale par opération de chalutage) montre deux pics annuels (figure 7). Le premier est centré sur juin alors que le second, ayant une plus faible intensité, se situe en octobre, s’étalant sur les deux mois suivant (novembre et décembre). Pratiquement, ceci correspond aux périodes où le stade 1 est relativement important. En effet, la distribution en poids chez les femelles du stade 1 est centrée sur le mode de 550 g (figure 5) et chevauche donc largement la fraction des individus servant au calcul de cet indice de recrutement. % 35.00 30.00 25.00 20.00 15.00 10.00 5.00 1994 1993 1995 Mar Jan Nov Sep Jul Mai Mar Jan Nov Sep Jul Mai 0.00 Figure 6. Evolution mensuelle moyenne de l’indice de recrutement au niveau de la radiale du Cap Blanc Bulletin Scientifique de l’Institut Mauritanien de Recherches Océanographiques et des Pêches – vol. XXIX 45 % du nombre d’individus de poids ≤ 500 g 50 40 30 20 10 0 Jan Fév Mar Avr Mai Jun Jul Aou Sep Oct Nov Déc Figure 7. Evolution de l’indice de recrutement du poulpe à partir des données de la radiale de référence du Cap Blanc A partir des données de la pêche, l’estimation d’un indice équivalent montre une concordance quasi systématique entre les séries calculées pour différents types de pêche (artisanal et industriel). La figure 8, qui présente l’évolution mensuelle de cet indice respectivement pour la pêche artisanale et industrielle (congélateurs), montre les mois où les juvéniles sont nombreux dans les captures. L’apparition répétitive, quasiment aux mêmes périodes, des pics de recrutement est remarquable, bien que des décalages d’un à deux mois existent d’une année à l’autre. Ainsi, deux périodes de recrutement semblent co-exister chez le poulpe et concerner toutes les pêcheries mais avec un décalage de près de deux mois. Les périodes de recrutement précoces correspondent à juin-juillet et octobre-novembre et concernent la pêche industrielle. 40 12 35 10 Indice de recrutement pour la pêche industrielle 30 Indice de recrutement pour la pêche artisanale 8 25 20 6 15 4 10 2 5 nov sep jul 0 mai mar nov sep jul mai mar jan nov sep jul mai jan 1994 1993 mar jan nov sep jul 1992 mai mar 1991 jan 0 Figure 8. Evolution comparée des indices de recrutement calculés pour la pêche industrielle et la pêche artisanale 46 Bulletin Scientifique de l’Institut Mauritanien de Recherches Océanographiques et des Pêches – vol. XXIX Ces périodes sont restées pratiquement les mêmes depuis 1985 (figure 9) et l’intensité d’un indice annuel montre une forme concave sur la période 1990-1995 (figure 10). Notons qu’en 1992, année où les captures du poulpe ont été très élevées, l’indice est très faible. 70 Pourcentage de T7-T9 60 ±Ecart-Type ±Erreur-Type Moyenne 50 40 30 20 10 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 MOIS P Artisanale 3.5 3 45 26 35 24 22 25 20 15 18 1990 1991 1992 1993 1994 1995 2.5 16 Congélateurs 4 Débarquements de poulpe 1.000 t Figure 9. Pourcentage des catégories T7 à T9 dans les débarquements des congélateurs de 1985 à 1989 14 2 P Art Cong 1.5 12 10 1990 1991 1992 1993 1994 Figure 10. Evolution de l’indice annuel relatif d’abondance de T8 à T9 dans les débarquements Bulletin Scientifique de l’Institut Mauritanien de Recherches Océanographiques et des Pêches – vol. XXIX 47 DISCUSSION Le suivi de différents indices témoins de la reproduction, tel que le RGS, par exemple, est généralement utilisé afin d’améliorer la qualité des résultats sur la période de reproduction. Cependant, dans la mesure où les stades discriminent bien les états de maturité, ce handicap n’est pas majeur. En effet, le développement des ovocytes semble être uniforme (Tait, 1986). De plus, la détermination de l’état de maturité de la gonade par la méthode d’observation est souvent combinée avec l'observation de l’aspect des glandes annexes décrites dans Guerra (1975). Malgré tout, l’individualisation au niveau de l’échelle de maturité d’un stade 4 ne serait pas une précision superflue car ce stade est de plus en plus observé dans les captures. En effet, lors des campagnes de chalutage scientifique, les pots isolés ayant dérivé vers les zones de pêche industrielle sont rapportés par les chaluts. Ces pots servent alors de gîte naturel que le poulpe utilise pour pondre. Ainsi, ceux-ci, renferment, lors de la période de reproduction, des femelles qui sont en train de pondre ou qui couvent déjà leurs pontes (stade 4 de l’échelle de maturité sexuelle). En comparaison avec d’autres auteurs (tableau 4) les résultats de la présente étude confirment donc le fait qu’il y a une concordance sur la période de septembre et ceci pour différentes régions. La période d’avril-mai est légèrement en avance par rapport à celles trouvées par Dia (1988) et Hatanaka (1979) et ce décalage pourrait être expliqué, d’après les résultats de Hatanaka, par la différence de zones de provenance des échantillons, limitée dans notre cas à la radiale située au niveau de 20°30’N, dans la région du Cap Blanc. Tableau 4: Périodes de ponte du poulpe selon différents auteurs Auteurs Année Zone d’étude Périodes de ponte présente étude Dia M Hatanaka H. Mangold K. 1996 1988 1979 1963 Avril-mai // septembre Mai-juillet // septembre-novembre Mai-juin // septembre-octobre Fin mars // septembre Gonçalves M.J. 1991 Cap Blanc Cap Blanc Cap Blanc mer catalane / Méditerannée Açores / Portugal Mai // septembre Il y a lieu de noter que si Hatanaka (1979) relève que la reproduction de mars à mai est géographiquement limitée à la zone du Cap Blanc, nous avons vu qu’elle est, de plus, également relativement localisée à la frange côtière. Concernant le recrutement, l’indice d’abondance des petites catégories de poulpe nous a permis de dégager facilement les périodes de recrutements chez le poulpe. Ce même indice a été utilsé par Ariz (1985) et appliqué sur la flottille espagnole exploitant le poulpe (stock dakhla principalement). La période de recrutement printanier (avril à mai), identifiée par cet auteur, diffère légèrement de celle de début d'été (mai-juillet), trouvée dans ce travail. La seconde période est cependant la même (automne). La précocité des pics de recrutement obtenues pour la pêche industrielle par rapport à la pêche artisanale peut être liée aux fait que les individus capturés par les pots sont plus grands que ceux pêché aux chaluts (Inejih, 1991). Notons par ailleurs que l’indice de recrutement choisi parait être biaisé par le comportement de pêche, notamment par la propension à davantage garder les petits poulpes quand les gros ne sont pas abondants et par les changements de la structure démographique liés aux variations dans les taux et régimes d’exploitations. 48 Bulletin Scientifique de l’Institut Mauritanien de Recherches Océanographiques et des Pêches – vol. XXIX CONCLUSION L’activité de reproduction du poulpe semble être continue sur toute l’année, particulièrement au niveau de la côte. Deux périodes d’activité intense semblent exister chez le poulpe: une première, en avril-mai, et la seconde, plus importante, en septembre et octobre. L’activité de reproduction de mars-mai est plus étalée et moins intense que la seconde période (septembreoctobre). Le nombre d’individus en ponte ou post-ponte et le nombre d’individus matures en général est plus important dans les zones côtières que celles plus profondes. L’échelle de maturité du poulpe avec 4 stades (le quatrième étant le stade de ponte et post ponte) pourra être actuellement plus utile dans le suivi de l’activité de la reproduction du poulpe que par le passé. L’occurrence des femelles ayant atteint ce stade semble en effet actuellement plus importante (au moins égal à 3 % des femelles). L’indice d’abondance des catégories T8 et T9 dans les débarquements est un bon indice qualitatif de la période de recrutement. Il l’est moins sur le plan quantitatif, étant entendu que le comportement du pêcheur, vis à vis des juvéniles, varie selon que les captures sont bonnes ou mauvaises. Deux périodes de recrutements sont montrées: une centrée sur juin-juillet et l’autre sur octobre-novembre. REFERENCES CITEES Ariz J. 1985. Nota sobre la edad y crecimiento del pulpo (Octopus vulgaris, Cuvier, 1797) del Atlantico Centro Oriental (25°N - 22°N). Simposio International Sobre las Areas de Afloremiento mas Importantes del Oeste Africano (Cabo Blanco y Benguela). pp: 969-976. Dia 1988, 1988. Biologie et exploitation du poulpe Octopus vulgaris (Cuvier 1797) des côtes Mauritaniennes. Thèse présentée à l’université de Bretagne occidentale pour l’obtention du doctorat de 3ème cycle, Spécialité Océanographie, Mention en Biologie. 165 pages. Gonçalves M. J, 1991. Biology and exploitation of Octopus vulgaris Cuvier, 1797 (Mollusca: Cephalopoda) in the Azores. International Concil for the Exploitation of Sea C.M 1991/K:11 Guerra A. 1975. Determincion de las diferentes fases del desarrollo sexual de Octopus vulgaris mediantes un indice de madurez. Investigation Pesquera, 39 (2): 397-416. Hatanaka H.1979. Spawning season of common octopus , Octopus vulgaris Cuvier 1797, off the Northern coast of Africa. CECAF/ECAF Ser., 78/11 : 135-146 p. Inejih C.A., 1991. Estimation de la croissance et de la mortalité du poulpe (Octopus vulgaris, Cuvier 1797) en Mauritanie, par l'analyse de la décomposition en taille des captures. Mémoire de DEA, Océanologie biologique et Environnement Marin, UBO, Brest- France. 29p. Jouffre D. et Inejih C. A. (1996) - Recueil des observations de terrain et descriptions générales des captures de poulpe relatives à deux ans d’échantillonnage mensuel sur la radiale du Cap Blanc (Mauritanie, zone Nord) de mai 1993 à 1995. Archives du Centre Nat. de Recherches Océanogr. et des Pêches, (Nouadhibou, Mauritanie), n°73: 100p Mangold , K. 1963 Biologie des céphalopodes benthiques et nectoniques de la mer catalane. Vie et Milieu, suppl. 13, 285p. Bulletin Scientifique de l’Institut Mauritanien de Recherches Océanographiques et des Pêches – vol. XXIX 49 Tait R. W. 1986. Aspects physiologiques de la sénescence post reproductive chez Octopus vulgaris. Thèse de doctorat de l’Université Paris VI pour obtenir le grade de Docteur de l’Université Paris VI, Spécialité Physiologie de la Reproduction. Wells M. J. 1976. Octopus: Physiology and behaviour of an advanced Invertebrate. Edition London and Hall. A Halsted Press book John Willey & Sons, New York. 399 p. 50 Bulletin Scientifique de l’Institut Mauritanien de Recherches Océanographiques et des Pêches – vol. XXIX PROPOSITION D'UNE ECHELLE MACROSCOPIQUE DE MATURITE SEXUELLE DES FEMELLES DE POULPE OCTOPUS VULGARIS (Cuvier, 1797) Par Khallahi O. MOHAMED FALL (1) et INEJIH Cheikh Abdellahi O. (2) (1) et (2) Chercheurs à l’IMROP. B.P. 22 Nouadhibou. Mauritanie RESUME La présente échelle macroscopique de maturité sexuelle chez les femelles de poulpe repose sur une étude histologique des ovaires. Les individus échantillonnés sont classés suivant l'échelle de maturité sexuelle de Dia et Goutschine (1990). Les caractères morphologiques externes des ovaires sont par la suite décrits avant de procéder au prélèvement d’un échantillon qui va servir à l’étude histologique. Après observation microscopique, une correspondance est établie entre la réalité microscopique et les caractères morphologiques pour l’obtention d’une nouvelle échelle. Cette nouvelle échelle à six stades que nous proposée reflète un bon état de la maturation des ovocytes dans l'ovaire. Mots clés: échelle de maturité sexuelle, poulpe, stades, maturation. ABSTRACT The sexual maturity scale for the females of Octopus vulgaris is elaborated on histologic study of the ovaries. The specimens sampled are classified in accordance with sexual maturity scale of Dia et Goutschine (1990). The external morphologic character of ovaries are described before taking a samples for the histologic study. After microscopic observation, a link is established between the microscopic reality and the morphologic character for obtaining the new scale. This new scale with six stages proposed here reflect a good state of oocytes maturation in the ovary. Key words : sexual maturity scale, octopus, stages, maturation. Bulletin Scientifique de l’Institut Mauritanien de Recherches Océanographiques et des Pêches – vol. XXIX 51 INTRODUCTION Les ressources halieutiques jouent un rôle prépondérant dans l’économie de la Mauritanie. Divisées en ressources pélagiques (les plus abondantes) et démersales (les plus valeureuses), elles représentent la principale source de devises du pays et une importante source d’emploi. Leur gestion doit de ce fait reposer sur des connaissances scientifiques fiables des états des stocks et leur comportement. Ainsi, la connaissance de l'état de maturité sexuelle et son suivi le long de l'année revêt une importance capitale en matière d'aménagement des ressources. Pour le poulpe, l’espèce de céphalopode la plus abondante, les échelles de maturité sexuelle proposées existantes ne reposent pas généralement sur une étude microscopique de l'état de maturation des gonades. Cette proposition d'échelle de maturité pour les femelles de poulpe se base sur une étude histologique des ovaires. Chez le poulpe mâle, la maturité sexuelle repose sur la présence ou non de spermatophores dans les testicules. Une simple analyse macroscopique est suffisante pour déterminer le stade de maturité sexuelle, c'est pourquoi l'étude microscopique n'a pas été jugée nécessaire. MATERIEL ET METHODES Chez la femelle de poulpe, la gonade est constituée d'un ovaire unique relié par des oviductes à deux glandes annexes. Une description de cet appareil peut être trouvée dans Dia (1988). L’étude histologique a été menée sur des gonades de poulpe capturés aux pots à poulpe par la pêche artisanale de Nouadhibou. L'échelle macroscopique proposée par Dia et Goutschine (1990) est celle adoptée jusqu'ici en Mauritanie. Elle comporte 4 stades pour les femelles. Nous avons utilisé cette échelle pour classer les individus selon les degrés de maturité des gonades. Pour chaque stade sexuel, une trentaine d'individus a été échantillonnée pour faire l'objet d'une étude histologique. Les gonades sont pesées et décrites. Le mode opératoire de la technique histologique est décrit dans Khallahi (2001). Cet auteur a fait une description détaillée des différents stades de la gamétogenèse chez le poulpe en distinguant 6 stades microscopiques qui ont été utilisés pour la caractérisation microscopique des stades de l'échelle macroscopique. L’objectif de cet article est d'établir des liens entre les stades microscopiques et les caractères morphologiques externes pour l’établissement d’une échelle de maturité sexuelle reflétant plus objectivement l'état de maturation dans la gonade. RESULTATS L'échelle macroscopique que nous proposons comprend 6 stades qui sont les suivants. Stade I – Femelles immatures Au niveau macroscopique L’ovaire et les glandes de l’oviducte sont petits, ronds et translucides. Il y a parfois présence d’un petit liséré blanc au niveau de l’insertion de l’oviducte dans les glandes. Les ovocytes ne sont pas visibles dans l'ovaire et la gonade pèse moins de 4g (Planche I). 52 Bulletin Scientifique de l’Institut Mauritanien de Recherches Océanographiques et des Pêches – vol. XXIX Au niveau microscopique Ce stade correspond à une nette prédominance du stade microscopique 1 qui représente plus de 75% du nombre total des cellules. On peut observer l'apparition du stade 2 qui pourrait atteindre jusqu'à 25%. Stade II – Femelles en phase d’accroissement Au niveau macroscopique L’ovaire et les glandes sont de taille plus grande mais restent ronds. Ils deviennent progressivement de couleur blanc crème, avec des parties encore translucides. Un disque gris, pouvant devenir foncé, entoure le liséré blanc, signalé dans les glandes de l’oviducte. La gonade pèse en moyenne entre 4 et 8g (Planche I). Au niveau microscopique Les cellules en stade 2 deviennent relativement importantes, en moyenne 46 % du nombre total. Ces cellules occupent la majeure partie du volume ovarien; en nombre, le stade 1 reste prédominant. Stade III – Femelles en début de maturation Au niveau macroscopique L’ovaire et les glandes, toujours sphériques, deviennent blanc crème. Le liséré blanc est entouré du disque gris qui devient foncé. Les ovocytes deviennent apparents mais ne s’individualisent pas (Planche I). Au niveau microscopique Il y a une prépondérance du stade 2 (en moyenne 50% du nombre total), suivi du stade 1. Les cellules au stade 3 font leur apparition; leurs plaques vitellines et inclusions lipidiques sont responsables de la couleur jaune citron de l'ovaire. Stade IV – Femelles en fin de maturation Au niveau macroscopique L’ovaire est plus gros et prend une couleur jaune – citron. Les glandes sont rondes au début mais s’aplatissent vers la fin du stade. Le disque gris grandit, mais ne prend pas encore la forme d’une couronne (sans striation). Les ovocytes, apparents, commencent à être discernables individuellement (Planche II). Au niveau microscopique Les cellules en stade 4 qui sont de grosses cellules, remplies de vitellus, sont visibles en nombre relativement élevé. Elles occupent la majeure partie de l'ovaire. Les cellules aux autres stades 1, 2 et 3 sont encore visibles. Stade V – Femelles mûres Au niveau macroscopique L’ovaire est volumineux et devient jaune vif. Les ovocytes sont bien distincts sous forme de granules. Les glandes sont plates et la couronne grise les recouvre à moitié. Cette couronne est marquée d’une profonde striation (Planche II). Bulletin Scientifique de l’Institut Mauritanien de Recherches Océanographiques et des Pêches – vol. XXIX 53 Stade 1 Stade 2 Stade 3 PLANCHE I 54 Bulletin Scientifique de l’Institut Mauritanien de Recherches Océanographiques et des Pêches – vol. XXIX Stade 4 Stade 5 Stade 6 PLANCHE II Bulletin Scientifique de l’Institut Mauritanien de Recherches Océanographiques et des Pêches – vol. XXIX 55 Au niveau microscopique Les cellules en stade 4 envahissent l'ovaire. Les autres stades sont à peine visibles dans la masse de vitellus de ces cellules. Stade VI – Femelles en post-ponte Au niveau macroscopique L’ovaire se présente sous forme de sac vide. Il se rétrécit et devient marron ou même noir (Planche II). Au niveau microscopique Chez le poulpe, la ponte est totale, il ne subsiste dans l'ovaire que des follicules vides qui commencent à se désorganiser. On peut également observer des cellules dégénérées. DISCUSSION ET CONCLUSION Plusieurs échelles de maturité sexuelles sont décrites dans la littérature. Mangold (1963), Hatanaka (1979), Idelhadj (1984) et Dia et Gouschine (1990) ont proposé des échelles répondant à des objectifs particuliers. L’échelle de Mangold (1963) est basée sur la comparaison de la taille des ovocytes, ce qui paraît inadapté à un travail de terrain et ne prend pas en compte les stades où les ovocytes ne sont pas apparents. L'échelle d'Hatanaka (1979) est trop succincte et ne compte que trois stades. Son application est facile mais elle reste vague et imprécise quant à l'état réel de maturité sexuelle des individus. Idelhadj (1984) et Dia et Goutschine (1990) ont établi des échelles semblables comportant 4 stades pour les deux sexes. Ces échelles sont également faciles à appliquer, mais le même stade peut englober des niveaux d’évolution differente. C’est la cas des stades II et III. La période de ponte est mal délimitée aussitôt que la coloration jaune apparaît au niveau des gonades, les gonades sont classées en stade préponte (stade III). Or, Khallahi (2001) a montré que la couleur jaune des ovaires apparaît avec les premières plaques vitellines déposées dans le cytoplasme des cellules sexuelles, ce qui correspond au stade 3 de la gamétogenèse. L'accumulation de vitellus va se poursuivre jusqu’à l'émission de l'ovocyte. L'échelle proposée ici repose sur des observations microscopiques et donc sur la réalité de la maturation des ovocytes dans les gonades de poulpe. Les six stades de l'échelle sont mis en relation avec les stades d'une échelle microscopique. Ceci permet une compréhension du processus qui a lieu dans les cellules. Les trois premiers stades correspondent au niveau gamétogénétique à la phase prévitellogenèse. Les ovocytes, de petite taille au début, vont être entourées de cellules folliculaires qui vont former des invaginations à l'intérieur de l'ovocyte, étape préparatoire à une augmentation de la taille (Khallahi, 2001). Au cours des deux stades suivants, il y a apparition puis accumulation de vitellus dans les cellules, c'est la vitellogenèse qui est marquée par l'apparition de la coloration jaune de l'ovaire. La couleur jaune est terne au début mais devient plus vive au fur et à mesure que les cellules remplies de vitellus envahissent l'ovaire. Le sixième stade est marqué par l'expulsion de l'ovocyte de son follicule. Nigmatullin (In Dia, 1988) a proposé également une échelle à six (6) stades semblable à celle proposée ici mais comporte un stade 0 où la distinction entre les sexes serait impossible. Or, les sexes sont identifiables à l’éclosion de l’œuf chez le poulpe. Dia (1988) a pu identifier des sexes d'individus de 2 cm et Tait (1986) a pu reconnaître le sexe d'individus qui ne pèsent que 1,2 g. 56 Bulletin Scientifique de l’Institut Mauritanien de Recherches Océanographiques et des Pêches – vol. XXIX Inejih (2000) a distingué un stade 4 dans l'échelle de Dia et (1988) en vue de mieux préciser la période de ponte, avec un 5e stade qui correspond à la post-ponte. Au Chili, Olivares et al (1994) ont établi une échelle de maturité sexuelle à six (6) stades pour les femelles d’Octopus mimus. Cette échelle de maturité sexuelle des femelles se base pour la description de l’aspect macroscopique de l’ovaire sur la présence (à partir du stade II) de follicules. Cependant, la distinction à l’œil nu de ces follicules n’est pas aisé chez O. vulgaris. REFERENCES CITEES Dia, M.A. et A. Goutschine. 1990. Echelle de maturité sexuelle du poulpe (Octopus vulgaris, Cuvier 1797). Bull. CNROP 21 : 1-6. Dia, M.A. 1988. Biologie et exploitation du poulpe Octopus vulgaris (Cuvier, 1797) des côtes mauritaniennes. Thèse de Doctorat 3e cycle, Univ. Bret. Occid., Brest, 164p. Hatanaka, H. 1979. Studies on the fisheries biology on commun octopus off the northwest coast of Africa. Far Seas Fisheries Research Laboratory. Bull. 17, 13-124. Idelhadj, A. 1984. Analyse de la pêche des céphalopodes de la zone de Dakhla (25° - 22°N) et résultats des études biologiques effectuées lors des campagnes du bateau IBN SINA de 1980 à 1983. Trav. et doc., ISPM Casablanca, 34p. Inejih, C.A. 2000. Dynamique spatio-temporelle et biologie du poulpe (Octopus vulgaris) dans les eaux mauritaniennes : Modélisation de l’abondance et aménagement des pêcheries. Thèse de doc. Nouv. Rég., Uni. Bretagne Occidentale, Brest, 240p. Khallahi, O. M.F. 2001. Etude de la gamétogenèse chez le poulpe Octopus vulgaris (Cuvier, 1797). Bull. CNROP n° 28, 45-53p Mangold-Wirz, K. 1963. Biologie des céphalopodes benthiques et nectoniques de la Mer Catalane. Vie et Milieu, suppl. 13, 15-33. Olivares, A.P. ; R. Oscar Zuniga y N. Ernesto Retamales. 1994. Escala de madurez sexual de Octopus de la II region Chile. Estud. Oceanol. 13: 89-91. Tait, R.W. 1986. Aspects physiologiques de la sénescence post reproductive chez Octopus vulgaris. Thèse Doct., Paris VI, 250p. Bulletin Scientifique de l’Institut Mauritanien de Recherches Océanographiques et des Pêches – vol. XXIX 57 REPRODUCTION DE MUSTELUS MUSTELUS (Linné, 1758) EN MAURITANIE par Khallahi O. MOHAMED FALL (1) (1) Chercheur à l’IMROP, B.P. 22, Nouadhibou, Mauritanie RESUME L’étude de la reproduction de Mustelus mustelus a été réalisée sur des individus collectés auprès de la pêche artisanale de Nouadhibou (Mauritanie) de novembre 2000 à octobre 2001. Un échantillon mensuel d’une centaine d’individus a permis de collecter des données sur la reproduction de cette espèce. Le sex ratio est légèrement en faveur des femelles. La fécondation des ovocytes a lieu toute l’année en Mauritanie, avec un pic très important en juillet-août. La gestation dure de 7 à 10 mois et la parturition commence en février et se poursuit jusqu’en mai. Les individus mesurent à la naissance entre 240 et 320 mm. La fécondité varie selon la taille des femelles. Durant la période d’étude, elle a varié entre 1 à 10 embryons chez les femelles porteuses. Mots clés : Mustelus mustelus, fécondation, Rapport Gonado Somatique, Rapport Hépato Somatique, fécondité, gestation, parturition, taille à la naissance. ABSTRACT The reproduction study of Mustelus mustelus was conducted on specimens collected at artisanal fishery in Nouadhibou, Mauritania. Monthly samples of hundred individuals have allowed to collect data on the reproduction of this specie. The sex ratio is lightly favourable to the females. The impregnation of oocytes occurs during all the year but with a great peak in july-august. The gestation lasts between 8 and 10 months. The parturition takes place in february and continues until may. The specimens measure at birth between 240 and 320mm. The fecundity varies with length of females. During this study period, it varies between 1 and 10 embryos by pregnant female. Key words : Mustelus mustelus, impregnation, Gonado Somatic Index, Hépato Somatic Index, fecundity, gestation, parturition, birth length. Bulletin Scientifique de l’Institut Mauritanien de Recherches Océanographiques et des Pêches – vol. XXIX 59 INTRODUCTION Mustelus mustelus, l’émissole lisse, appartient à la famille des Triakidae. Le genre Mustelus comporte au moins une vingtaine d’espèces, largement répartie dans le monde (Goosen et Smale, 1997). L'émissole lisse, appelé localement tollo de son nom commercial espagnol, est l’espèce de requins la plus fréquente sur le plateau continental mauritanien. Ce petit requin côtier est fortement pêché au chalut de fond par la Pêche Industrielle et au filet droit par la Pêche Artisanale. En Mauritanie, cette espèce est vendue sous plusieurs formes. D’abord, les ailerons sont séchés et exportés vers le marché asiatique via des pays africains tel que la Gambie. Sa chair séchée ou congelée est aussi exportée vers des destinations européennes. Les sélaciens, constitués de ressources à faible fécondité et à longue durée de vie, sont des ressources fragiles dont la gestion mérite une attention particulière et doit reposer sur des connaissances biologiques et écologiques fiables. Ce premier travail vise à apporter une contribution à la connaissance de la biologie de M. mustelus. Il portera sur les principaux traits de sa reproduction en Mauritanie, à savoir le sex-ratio, la parturition, la fécondité, la durée de la gestation et la taille à la naissance. MATERIEL ET METHODES Les données ont été collectées de novembre 2000 à octobre 2001. L'étude de la reproduction de l'émissole lisse a été faite sur des individus échantillonnés au hasard dans les débarquements de la pêche artisanale basée à Nouadhibou et pêchant au voisinage du Cap Blanc. Au total, 1203 individus (563 mâles et 640 femelles) ont été traités au laboratoire pour la collecte de données biologiques, à raison d'une centaine d'individus par mois. Les données collectées chez les individus concernent : - longueur totale au cm inférieur pour les adultes et au mm inférieur pour les embryons ; - poids total et poids éviscéré au gramme inférieur ; - poids du foie au gramme ; - poids des gonades mâles et femelles (ovaires) au 1/10 gramme ; - longueurs des ptérygopodes au mm. Le sex ratio (SR) est défini comme étant la proportion de femelles dans la population échantillonnée, soit SR = 100F/(F+M), avec F = nombre de femelles et M = nombre de mâles. La fécondité est mesurée en terme de fécondité réelle, c'est-à-dire en nombre d'embryons contenus dans les utérus de femelles. Pour déterminer la période de parturition, le pourcentage de femelles porteuses (c'est-à-dire femelle avec embryons déjà développés) a été suivi. Les mesures de longueur des embryons permettent de déterminer la taille à la naissance de Mustelus mustelus. RESULTATS ET DISCUSSION Sex ratio L'analyse de la composition par sexe durant la période considérée met en évidence un sexratio légèrement en faveur des femelles qui représentent 53,2%. L’évolution mensuelle (figure 1) donne un sex ratio variable. De novembre à mai, les mâles sont légèrement plus abondants que les femelles avec un taux de 53%. Cependant, pour le reste de la période d'étude, les 60 Bulletin Scientifique de l’Institut Mauritanien de Recherches Océanographiques et des Pêches – vol. XXIX femelles deviennent plus nombreuses et atteignent 55,8% des échantillons. Ceci pourrait être dû à un comportement grégaire par sexe. En Afrique du sud, Smale et Compagno (1997) ont observé un comportement similaire chez des individus de même taille. Ces auteurs n’ont pas mis en évidence un comportement particulier lié au sexe qui pourrait expliquer les variations du sex-ratio. 100% 80% 60% Mâles 40% Femelles 20% 0% N D J F M A M J J A S O Figure 1. Evolution du sex-ratio de nov. 2000 à oct. 2001 450 400 350 300 250 200 150 100 50 0 femelles 100 95 90 85 80 75 70 65 60 55 50 45 40 mâles 35 nombre d'individus La figure 2 donne la composition par taille des individus mâles et femelles de M. mustelus débarqués par la Pêche Artisanale. Les individus de taille supérieure à 85cm sont exclusivement constitués de femelles. Les tailles des individus varient entre 47 et 94cm, avec la présence d’un jeune mâle de 32 cm de longueur. Tailles (en cm) Figure 2. Composition entaille des échantillons par sexe Rapport Gonado Somatique (RGS) – Rapport Hépato Somatique (RHS) M. mustelus est une espèce vivipare placentaire. Avant la fécondation, les ovocytes que nous avons pu observer se trouvaient dans la cavité générale. Beard (1903) et Woods (1902), cités par Hamlett et Koob (1999), avaient relevé que les ovocytes subissaient la maturation dans des sites extra ovariens. Après la fécondation, les œufs rencontrés maintenant dans l’utérus s’encapsulent et deviennent allongés. L'œuf va progressivement se différencier en embryon qui va se développer dans l’utérus de la mère jusqu'à la parturition. L’émission des ovocytes ne correspond donc pas à la même réalité biologique que chez la majorité des poissons téléostéens où elle indique la ponte. Ainsi, pour l’analyse du Rapport Gonado - Somatique (RGS), nous n’avons pris en compte que celui des mâles. Ce rapport Bulletin Scientifique de l’Institut Mauritanien de Recherches Océanographiques et des Pêches – vol. XXIX 61 (figure 3) diminue de façon importante et régulière entre décembre et mai. Il restera ensuite faible entre mai et août. Ces faibles valeurs du RGS coïncident avec la période où la part des femelles portant des œufs fécondés est la plus importante. A partir du mois d’août, les gonades tendent à se reconstituer, le RGS augmentant jusqu’en décembre. Le poids du foie représente entre 3,8 et 5,8% du poids somatique (poids vide) des individus mâles de cette espèce et de 4,2 à 5,8% du poids des femelles. L’intervalle de variation du Rapport Hépato Somatique est relativement réduit chez les deux sexes. Il commence à diminuer à partir de février et continue sa chute jusqu’en avril – mai pour les femelles et jusqu’en mai - juin pour les mâles. A partir de ces périodes, le foie tend à se reconstituer. Cette reconstitution s’amorce avant la fécondation. 6 2.5 5 RHS en % 4 1.5 3 1 2 RGS en % 2 RHS M RHS F 0.5 1 0 RGS M 0 N D J F M A M J J A S O Figure 3. Evolution du RGS des mâles et du RHS des deux sexes Parturition L’apparition des œufs encapsulés dans l'utérus annonce que l’accouplement a eu lieu. Durant toute la période d'étude, nous avons observé des œufs dans les utérus des femelles. Cependant, c'est au cours des mois de juillet et août (figure 4) que le pourcentage de femelles avec des œufs fécondés est le plus important, respectivement 40,6% et 96,2%. % 60 50 40 30 20 10 oct-01 sept-01 août-01 juil-01 juin-01 mai-01 avr-01 mars-01 févr-01 janv-01 déc-00 nov-00 0 Figure 4. Part des femelles portant des oeufs fécondés 62 Bulletin Scientifique de l’Institut Mauritanien de Recherches Océanographiques et des Pêches – vol. XXIX Les œufs encapsulés évoluent rapidement pour donner des embryons qui vont, au fur et à mesure, acquérir des caractères morphologiques identiques aux parents. Le suivi du pourcentage de femelles portant des embryons dans les utérus (figure 5) indique deux pics situés en janvier et septembre. Entre janvier et février, la part de ces femelles va fortement diminuer. Environ 38% des femelles ont mis bas au cours de février. De mars à mai, certaines femelles portent encore des embryons dans leurs utérus. En juin, la quasi-totalité des femelles va mettre bas, seule une femelle dans l'échantillon (soit 1,4%) a encore des embryons dans l'utérus. En juillet, les embryons ont complètement disparu des utérus de femelles : un autre cycle de reproduction est enclenché dont les premiers embryons apparaissent en août. En septembre, les femelles portant des embryons sont très importantes dans l’échantillon (75,3%). Il faut noter qu’en novembre, on observe un grand nombre de femelles (54,2%) portant les premiers embryons complètement formés (en fin d’organogenèse). Si on considère que les premières parturitions correspondent aux premières femelles fécondées en juillet et que les dernières parturitions ont lieu en juin, la durée de la gestation chez Mustelus mustelus varierait alors en Mauritanie de 7 à 10 mois. La durée de la gestation est vraisemblablement soumise à des variations liées à un certain nombre de facteurs tels que la taille de la mère, la taille de l’embryon et certains facteurs environnementaux, notamment la température. C’est ce qui expliquerait les différences entre les auteurs. Smale et Compagno (1997) ont noté une durée de 9 à 11 mois, alors que Tortonese (1965) a signalé une durée de 8 mois seulement. 80 % 60 40 20 oct-01 sept-01 août-01 juil-01 juin-01 mai-01 avr-01 mars-01 févr-01 janv-01 déc-00 nov-00 0 Figure 5. Part des femelles portant des embryons La taille à la naissance des individus (figure 6) durant la période d’échantillonnage est ainsi comprise entre 240 mm et 320 mm de longueur totale. La longueur totale moyenne des embryons à la naissance est de 280 mm. Smale et Compagno (1997) avaient noté en Afrique du Sud des tailles nettement plus grandes que celles que nous observons, c’est-à-dire de 368 à 410 mm. Cette différence pourrait être expliquée par la taille des individus échantillonnés. En effet, chez ces auteurs, la taille des individus varie de 390 à 1650 mm alors qu’au niveau de la Pêche Artisanale en Mauritanie, opérant à de faibles profondeurs, cet intervalle n’est que de 47 à 94 cm pour la période considérée. Fécondité réelle La fécondité moyenne est de 2,3 embryons par femelle porteuse pour des portées comprises entre 1 et 10 embryons. Ainsi, la fécondité maximale observée au cours de cet échantillonnage est de 10 embryons portés par une femelle de 93 cm de longueur totale (soit Bulletin Scientifique de l’Institut Mauritanien de Recherches Océanographiques et des Pêches – vol. XXIX 63 un poids de 3375 g) rencontrée en septembre 2001. Dans un échantillonnage réalisé en 1998 en Mauritanie, une femelle de 100 cm (4300 g) portant 13 embryons a été relevée. Selon Anonyme (1981), cette fécondité peut atteindre 15 embryons. De Maddalena et al (2001) ont indiqué un intervalle variant de 2 à 28 embryons par portée. Ces auteurs ont observé 17 embryons chez une femelle de 1650 mm de longueur totale, capturée en Méditerranée. 350 longueur totale en mm 300 250 200 m oyenne m ax m in 150 100 nov-00 dé c-00 janv-01 févr-01 m a rs-01 a vr-01 m ai-01 juin-0 1 Figure 6. Evolution des tailles minimales, moyennes et maximales des embryons Chez une espèce voisine, Mustelus asterias, Capape (1983) a mis en évidence une fécondité nettement plus élevée en Tunisie où il a signalé une fécondité comprise entre 16 et 35 embryons par femelle porteuse. L’analyse de cette fécondité par utérus donne une moyenne de 1,45 embryons pour l’utérus droit avec une variance de 2,1 et 1,70 pour l’utérus gauche avec variance de 2,9. Cette différence entre les deux utérus n’est pas statistiquement significative. La fécondité réelle augmente avec la taille de la femelle. La courbe de la figure 7 montre un ajustement linéaire avec un coefficient de détermination relativement faible (0,46). Ceci est en accord avec les résultats obtenus par Smale et Compagno (1997) en Afrique du Sud. 12 y = 0.1688x - 9.2784 2 R = 0.4619 nombre d'embryons 10 8 6 4 2 0 55 60 65 70 75 80 85 90 95 100 Tailles des femelles (cm) Figure 7. Relation fécondité – longueur des femelles 64 Bulletin Scientifique de l’Institut Mauritanien de Recherches Océanographiques et des Pêches – vol. XXIX CONCLUSION La présente étude a permis la connaissance des principaux aspects de la reproduction de Mustelus mustelus en Mauritanie. Cette espèce possède un sex-ratio globalement en faveur des femelles qui pourrait être expliquée par son comportement grégaire, ou par le fait que certaines tailles chez les mâles ne sont pas accessibles à la pêcherie considérée. La fécondation a lieu toute l’année avec un pic très important en juillet-août. Les femelles portent leur fœtus pendant une période de 7 à 10 mois en Mauritanie. Elles mettent bas entre février et mai. A la naissance, les tailles varient de 240 à 320 mm de longueur totale. La portée maximale observée en Mauritanie au niveau de la pêche artisanale est de 13 individus par femelle. La fécondité augmente avec la taille des femelles. REFERENCES CITEES Anonyme. 1981. Fiches FAO d’identification des espèces pour le besoins de la pêche. Atlantique Centre-Est, vol. V. FAO et Ministère des Pêches et des Océans, Ottawa. Capape, C. 1983. Nouvelles données sur la biologie de la reproduction de Mustelus asterias Cloquet, 1821 (Pisces, Pleurotremata, Triakidae) des côtes tunisiennes. Vie et Milieu, 33, ¾ : 143-152p. De Maddalena, A. ; L. Piscitelli et R. Malandra. 2001. The largest specimen of smoothhound, Mustelus mustelus (LINNAEUS, 1758), recorded from the Mediterranen Sea. Notes de l’Institut of Oceanographia and Fischeries. Split, Croatie, N° 84, 8p. Goosen, A. J. J. et M. J. Smale. 1997. A preliminary study of age and growth of the smoothhound shark Mustelus mustelus (Triakide). S. Afr. J. mar. Sci., 18 : 85-91p. Hamlett, W. C. et Th. J. Koob. 1999. Female reproductive system. in Hamlett, W.C. (Ed). 1999. Sharks, Skates and Rays. The biology of Elasmobranch fishes. John Hopkins University Press. p : 398-443. Smale, M. J. and L. J. V. Compagno. 1997. Life history and diet of two southern african smootnound sharks, Mustelus mustelus (Linnaeus, 1758) and Mustelus palumbes (Smith, 1957)(Pisces : Triakidae). S. Afr. J. mar. Sci. 18 : 229-248. Tortonese, E. 1965. Fauna d’Italia. Vol 11 – Leptocardia, Ciclostoma, Selachii. Calderini, Bologna, 334p. Bulletin Scientifique de l’Institut Mauritanien de Recherches Océanographiques et des Pêches – vol. XXIX 65