Texte : Freud, Malaise dans la civilisation, 1929

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Texte : Freud, Malaise dans la civilisation, 1929
Texte : Freud, Malaise dans la civilisation, 1929.
« L’homme n’est point cet être débonnaire, au cœur assoiffé d’amour, dont on dit qu’il se défend
quand on l’attaque, mais un être au contraire qui doit porter au compte de ses données
instinctives une bonne somme d’agressivité. Pour lui, par conséquent, le prochain n’est pas
seulement un auxiliaire et un objet sexuel possibles, mais aussi un objet de tentation. L’homme
est en effet tenté de satisfaire son besoin d’agression aux dépens de son prochain, d’exploiter son
travail sans dédommagements, de l’utiliser sexuellement sans son consentement, de s’approprier
ses biens, de l’humilier, de lui infliger des souffrances, de le martyriser et de le tuer. Homo homini
lupus : qui aurait le courage, en face de tous les enseignements de la vie et de l’histoire, de
s’inscrire en faux contre cet adage ? Cette tendance à l’agression, que nous pouvons déceler en
nous-mêmes et dont nous supposons à bon droit l’existence chez autrui, constitue le facteur
principal de perturbation dans nos rapports avec notre prochain ; c’est elle qui impose à la
civilisation tant d’efforts. Par suite de cette hostilité primaire qui dresse les hommes les uns
contre les autres, la société civilisée est constamment menacée de ruine. »
Vocabulaire :
Débonnaire : bienveillant, bon jusqu’à la faiblesse. De ses données instinctives : de ce qui, en lui, appartient à ses
instincts. Un auxiliaire : une aide.Homo homini lupus : « l’homme est un loup pour l’homme ». Adage :
proverbe. Facteur principal : cause principale. Civilisation : ici, l’ensemble des acquis de la société humaine.
Introduction :
[Justification de la question] :
A en juger par les cruautés, les atrocités, les guerres dont se montrent capables les hommes les uns envers les
autres, individuellement et collectivement, il semble légitime de s’interroger avec Freud sur le fond de la nature
humaine.
[Objectif de l’auteur] :
Ce dernier, dans l’extrait de L’avenir d’une illusion que nous allons étudier, vise à réfuter la thèse, et même à
dénoncer le mythe, de l’homme naturellement bon.
[Question et thèmes] :
Nous pouvons donc nous interroger avec lui sur les questions suivantes : la violence humaine, qu’elle soit physique
ou morale, est-elle innée ou acquise culturellement, socialement ? L’homme porte-t-il atteinte à autrui par essence et
à l’état de nature ou bien devient-il violent pour des raisons sociales et historiques ?
Etude ordonnée :
[Thèse de l’auteur] :
Selon Freud, la violence est une donnée naturelle et première (« tendance », « hostilité primaire »), active et non
réactive, qui puise sa source dans les instincts de l’homme (« données instinctives »). La tendance de l’homme à
l’agressivité n’est donc pas seconde et dérivée ; elle n’est pas une conséquence de la vie en société.
[Analyse des étapes de l’argumentation] :
§1 Sa thèse s’appuie en premier lieu sur des constats d’expériences tirées de l’histoire individuelle ou collective
(« enseignements de la vie et de l’histoire ») qui nous présentent les méfaits des hommes : exploitation, viol, vol,
tortures, meurtres, guerres. Vous pouvez prolonger le constat empirique de Freud en illustrant sa pensée à l’aide
d’exemples précis…
§2 Autrui est principalement un objet de tentation sur lequel peuvent se défouler les pulsions agressives de chacun
d’entre nous. Freud parlera de « pulsions de mort » (thanatos), pulsions inconscientes inscrites dans le psychisme de
tout homme, et indéracinables. Vous pouvez prolonger l’analyse en définissant le concept de pulsions …
§3 Il en dégage alors une conséquence : « la société civilisée est constamment menacée de ruine ». La civilisation
n’est donc qu’un remède provisoire et précaire, lorsqu’elle tente de policer les rapports entre les hommes, les
pulsions pouvant être réprimées ou refoulées, mais non détruites. Vous pouvez prolonger l’analyse en énumérant les
moyens que la civilisation met en œuvre pour canaliser ces pulsions (la morale, la justice, etc.)…
Mise en perspective :
Vous choisissez et énoncez une autre thèse que celle de Freud, selon le jugement propre que vous vous faites sur la
question de l’origine de la violence humaine, puis vous l’argumentez. 3 possibilités s’offrent à vous :
- prolonger sa thèse en développant de nouveaux arguments démontrant l’origine naturelle de la violence
(vous pouvez vous appuyer ici sur la thèse et les arguments du philosophe Thomas Hobbes dans le
Léviathan) ;
- corriger sa thèse en établissant que si la violence humaine a bien une origine naturelle il serait dangereux de
la réduire à cela (ne serait-ce pas en effet une façon pour les individus et les sociétés de se penser comme
non responsables ou coupables de l’agressivité dont ils font preuve ?)
- réfuter sa thèse en établissant l’origine sociale et historique de la violence humaine (vous pouvez vous
appuyer ici sur la thèse et les arguments de Rousseau dans son Discours sur l’origine et les fondements de
l’inégalité parmi les hommes)
Conclusion :
[Intérêt principal du texte] :
Freud, qui avait été frappé par le déchaînement de violence qui s’est produit, au niveau mondial, pendant la guerre de
14-18, nous a amené à nous interroger à notre tour sur l’origine de l’agressivité humaine et de ses multiples
manifestations, individuelles ou collectives.
[Réponse précise et justifiée à la question posée] :
En définitive, nous pensons que la violence humaine trouve sa source dans……Car….

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