revue de presse batman de leslie h. martinson

Transcription

revue de presse batman de leslie h. martinson
REVUE DE PRESSE
BATMAN DE LESLIE H. MARTINSON
SORTIE CINÉMA LE 23 MARS 2016
« Un joyau kitsch, très distrayant »
TÉLÉRAMA
« Un concentré de kitscherie »
LIBÉRATION
« Bijou d’inspiration « camp » et d’autodérision potache,
il serait dommage de se priver du plaisir d’en découvrir les charmes. »
LE MONDE
« Un spécimen rare, entre bijou toc et précieux ridicule.
Un modèle unique à ne pas manquer. »
L’EXPRESS
« Un délire frappadingue : un pur régal »
20 MINUTES
« Une petite folie très rafraîchissante »
TROIS COULEURS
« Un véritable régal « pop art » »
PARISCOPE
« Une parodie délurée et délicieusement colorée »
ÀVOIR-ÀLIRE
« Un bonbon old school et décalé »
CULTUROPOING
LESLIE H. MARTINSON - « BATMAN » (1966)
Par Jean-Nicolas Schoeser (le 22 mars 2016)
Sale temps pour Batman : alors que sort sur les
écrans un survitaminé et sans doute catastrophique
« Batman V Superman », armure de chevalier, voix
sombre et destruction de la planète et du box office
à la clef, son lointain doppelgänger à petit bidon et
pyjama moulant doit faire face à une sale affaire : le
Joker, Catwoman, le Pingouin et le Sphinx, tous unis
après le vol d’un yacht top-secret contenant l’arme
ultime, le « déshydratateur », capable de lyophiliser
à désir n’importe quel être humain et, pourquoi pas,
l’ensemble du conseil de l’ONU…
Dieu bénisse le Lycra : inspiré de la série télévision éponyme, dont il constituait à l’époque de sa sortie un lien entre la
première et deuxième saison, le Batman de Leslie H. Martinson qui retrouve le chemin des salles pour célébrer son
50e anniversaire en version restaurée 4k est un antidote parfait à la surenchère « grim and gritty », ce courant ultrasombre et sérieux à l’œuvre dans l’univers comics (et films attenants) depuis le « Dark Knight » dessiné par Miller.
La première scène donne le ton : tentant de récupérer avec son fidèle (et gayfriendly) compagnon Robin un yacht détourné, notre héros pas-pressé demande
le déploiement de la Bat-échelle, que vient appuyer un petit fanion portant son
nom (il en sera de même pour à peu près tous les gadgets, jusqu’à saturer la Batcave d’écriteaux). Manque de bol, un requin lui dévore la jambe. « Holy Sardine ! » hurle Robin, constatant sans doute l’impossibilité de s’en tirer ? Que nenni : il suffit de déployer le Bat-spray-répulsif à requin.
Quand on sait que les premiers cartons du film le dédient aux « ennemis du crime
[…] et aux amoureux du fun, du ridicule et du bizarre », on ne s’étonnera pas que
le reste de cette pochade sixties soit à l’avenant, jouant du décalage exacerbé
entre son premier degré assumé et les enchainements de gags, dont l’incarnation
la plus superbe se trouve dans un Adam West (Batman) ne se départissant jamais
du sérieux de sa fonction, à mi-chemin entre le con de la lune et l’officier obtus
façon Dupondt, faisant lorgner ce Pierrot étonné du côté d’un Leslie Nielsen en collants, comme dans la désormais
culte séquence de la bombe où ce bon vieux Batman court comme un poulet sans tête les bras par-dessus tête, sans
cessé empêché par les rencontres impromptues avec des nonnes, des enfants, des chatons : « Sometimes you just
can get rid of a bomb » finit-il par lâcher, dépité par tant d’empêchements à faire le Bien sans mettre à mal sa droiture.
L’humour ZAZ (Y’a-t-il…) n’est d’ailleurs jamais très loin, et si le côté théâtre filmé de l’ensemble a pris du plomb dans
l’aile (de pingouin), difficile de ne pas s’esclaffer devant un film capable de faire même de ses faiblesses un argument
potache, réussissant d’être tout à la fois autant hommage et parodie de lui-même.
Mieux : dans sa narration absurde, ses rebondissements sortis du chapeau (les héros sauvés in extremis d’un hélicoptère en chute libre par…dieu merci, un salon du caoutchouc), ses séquences à rallonges et ses ellipses brutales, il renoue avec l’âme des comics de l’âge d’or (1938-1954) dont le film serait une forme de tentative de synthèse filmée :
avec ses Wizz-Pow-pam qui finiront par s’afficher à l’écran, ses commentaires à voix hautes de l’action (« Vite, à la
Batmobile que nous puissions… ») et ses méchants très vilains remettant en cause la paix dans le monde en pleine
guerre froide (avec petit clin d’oeil politique bienvenue dans sa conclusion), bienvenue dans ce monde de l’archétype et
du fluo.
En en prenant le parti avec une naïveté rigolarde et assumée, poussant chacun de ses gimmicks jusqu’à l’explosion
(Robin ponctuant chaque action d’un « Holy… »), horriblement mal filmé et rythmé au point d’en devenir volontairement
culte, le film est un bonbon old school et décalé, aussi fascinant que chiant, à hurler de rire très souvent que gênant par
instants. Eteignez vos cerveaux et allumez rires et pop corn (voire substances) : « A joke a day, keeps the gloom
away! » (Le Joker)
Holy movie !
BATMAN - CRITIQUE DE LA VERSION DÉLURÉE DE 1966
DE RETOUR EN SALLES
Il y a des jours où on ne peut pas se débarrasser d’une bombe...
Par Jean Demblant (le 21 mars 2016)
« Je vous parle d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître », celui où Batman n’était pas
un anti-héros dépressif mais un détective coloré et bedonnant qui se plaisait à échanger des bons mots avec
son joyeux compagnon Robin. À l’occasion de la sortie de sa rencontre avec Superman, la version sixties du
Chevalier Noir est de retour en salles dans une copie 4K restaurée pour les 50 ans du film.
L’argument : Batman et Robin combattent le Joker, Catwoman, le Pingouin et l’Homme-Mystère, unis dans le vol d’une
invention capable de déshydrater entièrement tout être vivant.
Notre avis : « Nous souhaitons exprimer notre gratitude aux ennemis du crime […] à travers le monde pour leur
exemple inspiré. C’est à eux et aux amateurs d’aventures, aux amateurs d’évasion, aux amateurs de divertissements
absolus, aux amateurs du ridicule et du bizarre, […] que ce film est respectueusement dédié. Si nous avons omis un
groupe important d’amateurs, nos excuses. - Les producteurs ». C’est sur ce texte surréaliste que s’ouvre cette première
véritable aventure cinématographique de Batman, le héros créé par Bob Kane et Bill Finger en 1939, soit un an après
Superman. Si le héros de Gotham City avait déjà pointé le bout de ses oreilles dans deux sérials dans les années 40,
cette adaptation signée Leslie H. Martinson (un réalisateur abonné au petit écran) de la fameuse série télé avec Adam
West et Burt Ward, fut le second long-métrage mettant en scène un super-héros à apparaître sur grand écran après
l’abominable Superman and the Mole Men avec George Reeves en 1951.
Devenu dans le monde des comics la mascotte des super-héros tordus et ténébreux depuis les années 80 (voire les
années 70, selon les auteurs), le personnage de Batman est désormais reconnu pour son ambivalence et son côté
torturé. Une image qui reflète la cité noire et rongée par le crime qu’il hantait dans les opus de Tim Burton, Christopher
Nolan et prochainement Zach Snyder, malgré un petit détour dans la Gotham fluo de Joel Schumacher. Une identité
qui lui va bien et qui fonctionne clairement au box-office mais qui est en opposition absolue avec la version présentée
ici, qui verse à fond dans le délire sixties. Si l’ancienne série télévisée Batman est parfois considérée par certains fans
comme un affront au personnage au même titre que l’hilarant Batman et Robin, il n’en est rien. Il s’agit tout simplement d’une parodie délurée et délicieusement colorée qui s’amuse ouvertement du concept même de super-héros et
prend un malin plaisir à mêler absurdité totale (les devinettes de l’Homme-Mystère, qui n’ont absolument aucun sens
logique) et un érotisme audacieux via les scènes avec Catwoman, campée par la superbe Lee Meriwether, qui enchaîne les jeux de mots tendancieux. Ajoutez à cela des allusions homo-érotiques bien enlevées entre Batman et Robin et une pincée d’effets spéciaux en caoutchouc, comme par exemple la fameuse scène du requin explosif où le
chevalier noir utilise son Bat-Spray anti-requin. Ne sortez jamais sans. Le film prend un malin plaisir à tordre les codes
du justicier de Gotham en poussant le tout à son paroxysme. Les tons délirants et colorés, la musique pop et les onomatopées kitsch contribuent également au charme intemporel du film et lui assurent une place de choix dans l’histoire
de la pop-culture, plus proche d’Andy Warhol que de Frank Miller.
Le plus grand défaut du film vient de ses racines télévisuelles et d’un sens du timing comique antédiluvien. Si le
côté kitsch des visuels sert bien le propos, les épisodes de
la série ne dépassaient pas la vingtaine de minutes et le fait
de devoir étirer l’intrigue pour un long-métrage à pour effet
de provoquer quelques bâillements. Bref, si les plus jeunes
n’adhéreront probablement pas à cette version bedonnante
de Batman et Robin parfois aussi molle que son justicier,
les amateurs d’absurde seront néanmoins rassasiés. Entre
l’humour slapstick, la bande de pirates sortie de nulle part, le sous-marin à nageoires du Pingouin, les nobles marsouins qui se sacrifient pour Batman et la très longue scène où notre héros tente de se débarrasser d’une bombe et
ne cesse d’être interrompu par des nonnes et des orchestres ambulants, il y a de quoi faire. Un affront bien aiguisé
aux adaptations de comics qui se prennent parfois un peu trop au sérieux, Batman est une capsule temporelle parfaite
de l’époque où les super-héros étaient encore insouciants.