discours 66e anniv bombardement 12-8-1944_2010

Transcription

discours 66e anniv bombardement 12-8-1944_2010
66e anniversaire du bombardement du 12 août 1944
Jeudi 12 août 2010 - 18h30
Nous allons procéder sans plus attendre au traditionnel dépôt de gerbe.
[Dépôt de gerbe]
Je vous invite à présent, pour ouvrir cette cérémonie, à respecter une minute de
silence à la mémoire des victimes civiles du 12 août 1944.
[Minute de silence]
Mesdames et Messieurs les élu(e)s,
Mesdames, Messieurs,
Chers amis,
Bienvenue à tous devant ce monument dédié aux victimes civiles du bombardement
du 12 août 1944 sur Chasse-sur-Rhône, dont nous célébrons cette année le 66e
anniversaire. Je vous propose de nous replonger un instant dans ces heures
sombres de notre histoire contemporaine, en ces tous derniers mois de la seconde
guerre mondiale.
Depuis 1943, la population de Chasse-sur-Rhône redoute les bombardements alliés
qui ont lieu principalement la nuit. Entre le 28 mars et le 6 mai 1944, la sirène de la
commune a déjà retenti quatorze fois pour avertir les Chassères d’un danger aérien.
Et en août 1944, les alliés accentuent encore leur pression sur les forces
allemandes. Anglais et Américains ont débarqué le 6 juin en Normandie et les
troupes françaises et américaines s’apprêtent à faire de même, le 15 août, en
Provence, pour prendre l’ennemi en tenaille. Ce sera l’opération « Anvil Dragoon ».
Les nœuds de communication sont les cibles prioritaires. Pour ralentir l’avancée des
troupes allemandes en retraite, il faut bloquer le trafic ferroviaire et les avions alliés
ont depuis longtemps la maîtrise des airs.
Ce 12 août, la gare de triage de Chasse/Ternay est l’un des principaux objectifs des
bombardiers de la Royal Air Force. La nuit va être terrible. Un déluge de feu s’abat
sur Chasse-sur-Rhône. Plus de 1 800 bombes s’écrasent au sol, plus
particulièrement sur le quartier de la Gare.
Les Chassères sont réveillés à 0h50 par la sirène des Hauts-fourneaux que le
gardien de nuit a actionnée dès qu’il a vu la centaine de ballonnets éclairants lâchés
par les avions au-dessus de la gare SNCF. Cette nuit-là, pour une raison inconnue,
l’alerte préventive n’a pas été déclenchée. La première bombe tombe presque
aussitôt, semant la panique parmi la population qui se réfugie dans les abris les plus
proches. Des projectiles s’égarent et touchent des habitations. Le bombardement
dure une trentaine de minutes, entre 1h et 1h30. Prises au dépourvu, de nombreuses
personnes gagnent en toute hâte l’abri n° 8 des Hauts-Fourneaux, habituellement
peu fréquenté. Il s’agit en effet d’un abri non-réglementaire : une galerie sans
chicane, aménagée dans un caniveau servant à l’évacuation des eaux de crues, et
dont la porte de bois est malheureusement restée ouverte ce soir-là. Une bombe
soufflante et trois autres engins explosifs vont s’abattre sur la galerie ou à proximité
immédiate de celle-ci, la détruisant en partie. Le bilan est lourd. Des familles entières
sont décimées.
Au milieu des bombes à retardement, c’est un spectacle d’horreur qui s’offre le
lendemain aux yeux des sauveteurs. Au matin, une trentaine de trous de bombe sont
répertoriés à Chasse pour cette seule nuit. Ce n’est qu’un mois plus tard, après un
éprouvant travail de recherche et d’identification, que l’on a pu recenser 92 morts
(dont une vingtaine de personnes non identifiées), 80 blessés et une quarantaine de
sinistrés. 317 personnes ont dû être évacuées après le bombardement. Le nombre
réel de victimes s’élèvera finalement à 98.
Entre juin 1940 et fin août 1944, l’agglomération de Givors, Grigny et Chasse-surRhône a enregistré 280 morts, 441 blessés, 1 609 sinistrés. On a compté plus de 50
immeubles détruits.
C’est la Municipalité qui prend en charge les frais d’obsèques des victimes dont
l’inhumation a lieu le 15 août 1944, après une messe de requiem célébrée par le
chanoine Cuzin sur la place de la mairie, en présence du préfet de région et du sous-
préfet de Vienne. Dès janvier 1945, la Municipalité projette de faire ériger un
monument commémoratif en hommage aux victimes. C’est Monsieur Pin, architecte
à Vienne, qui en réalisera la maquette. Le 15 août 1947, on inaugure un ossuaire, à
la demande des familles, pour toutes les victimes qui n’ont pas pu être identifiées.
Au risque de me répéter, il ne m’est pas possible d’évoquer ce drame, 66 ans après,
sans avoir une pensée, au-delà de toute considération politique ou religieuse, pour
toutes les victimes civiles qui connaissent aujourd’hui encore des situations
comparables, à parfois quelques heures d’avion seulement de l’Europe. Formulons
ensemble des vœux pour qu’une solution pacifique soit trouvée aux nombreux
conflits qui déchirent encore le monde.
Nous allons à présent, pour clore cette cérémonie, écouter notre hymne national.
[« La Marseillaise »]
Je vous remercie toutes et tous de votre présence ce soir.