le pacte generationnels
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le pacte generationnels
POURQUOI UN NOUVEAU PACTE ENTRE LES GENERATIONS? Préambule Nous sommes un collectif de femmes et d'hommes, concernés par les questions publiques et politiques, mais qui n'en ont pas fait leur métier au sein d'un parti politique. Nous sommes conscients, et d'une certaine façon victimes, de la disparition des grandes idéologies collectives et nous avons assisté, sans voix, à l’élévation au x rangs d’apôtres des timoniers du libéralisme sans contrôle. Nous avons été, pour la plupart, déçus par le jeu des alternances politiques des 15 dernières années qui nous laissent un sentiment de malaise et d'inachevé. Au-delà d'une simple déception, c'est le bilan de ces alternances qui nous alarme. C'est la situation française, c'est notre situation qui nous préoccupent. Tout semble fait pour nous conduire à penser que nous n'avons plus prise collectivement sur notre environnement. Tout cela aurait pu nous conduire vers la dilution de notre parole citoyenne. Néanmoins, l'élection et les réalisations de Luis Ignacio Lula au Brésil par exemple, et plus récemment de Barack Obama aux Etats Unis, nous démontrent qu'il est tout à fait possible de peser sur un destin collectif, à condition de le penser et de le vouloir. Dans l’engagement local, nous avons appris qu'une action politique, menée dans l'intérêt général, a un impact positif sur son environnement et par conséquence sur notre environnement quotidien. Nous croyons donc encore à la politique. Néanmoins, nous ne croyons pas que le succès durable d'un projet politique résulte uniquement de la rencontre d'un homme ou d'une femme providentiel(le) et d'un peuple. Nous pensons qu’il est plutôt l'aboutissement d'un long processus qui conduit à un sursaut collectif. La situation en France est arrivée à ce point de basculement. Bruno Laforestrie 1 Pourquoi le pacte avant le séisme Le régime politique actuel est épuisé. En tout cas, ce régime politique nous épuise sur le fond et dans sa forme. Nous pensons que le sursaut nécessaire ne viendra pas d'une offre providentielle mais plutôt d'une exigence, collective et construite, émanant entre autre de la société civile. Nous pensons qu'il est de notre rôle d'exprimer aux « élites » culturelles, politiques, économiques de notre pays - et dont nous pouvons faire partie - notre mécontentement. Nous sommes convaincus qu'une participation « molle » et sans projet novateur, aux prochaines échéances présidentielles, fera le jeu des extrêmes et nous amènera au mieux à une alternance elle-même « molle » et sans avenir voire à une nouvelle défaite de la gauche. Nous avons donc travaillé sans aucun a priori, et dans notre pluralité, à la rédaction d'un projet collectif. Nous appelons toutes les énergies et envies à y participer et à l’enrichir de propositions concrètes. Ce projet s'appelle le pacte générationnel(s). Nous allons vous présenter dans les prochaines lignes son origine et son utilité. Nous allons le soumettre à tous les prétendants à l'alternance, car nous ne souhaitons pas une simple alternance des appareils politiques traditionnels en mai 2012. Nous appelons à une double alternance à la fois politique mais également générationnelle et socio-culturelle. Nous ne serons donc pas de simples électeurs isolés aux premiers rendez-vous de cette échéance, c'est-à-dire aux futures primaires de l’alternance. Nous y participerons activement en fédérant une force de propositions et de surveillance des engagements pris. Nous ne nous laisserons pas confisquer ce nouvel outil démocratique que les partis de gauche ont voulu mettre en place pour légitimer le choix de leurs candidats à l'élection présidentielle de mai 2012. Bruno Laforestrie 2 Pourquoi le pacte avant le séisme La démarche du pacte Générationnel(s) Un pacte : nous ne donnons pas à notre démarche une dimension guerrière. C’est absolument le contraire. Nous appelons à un nouveau pacte entre les générations. Nous estimons qu’elles ne ressentent pas assez à quel point leurs intérêts sont liés. Générationnel(s) : la question d'un nouveau pacte entre les générations est pour nous la question centrale, puisque la diffusion de ce message d'une nouvelle solidarité et la transformation réelle opérée notamment au sommet des institutions, sont seules capables de remettre la société en mouvement. Nous parlons aujourd'hui d'une alliance, objective et au profit de tous, entre les jeunes actifs et la génération du baby-boom pour trouver le compromis nécessaire à la définition de ce nouveau pacte générationnel. Cette question est aujourd'hui existentielle. En effet, d'une part, les jeunes générations sont de plus en plus déclassées économiquement, culturellement, politiquement, et socialement en France. D’autre part, jamais l'extraordinaire allongement de la durée de vie nous a autant interrogés collectivement. La méthode du pacte Générationnel(s) : Ce pacte générationnel se conçoit comme une grille de lecture qui couvre les 4 principaux champs de l'action publique : • • • • le champ économique le champ culturel le champ social le champ politique Cela nous permet d'illustrer les problématiques générationnelles auxquelles nous sommes confrontés dans notre ressenti, et que les chiffres disponibles confirment. Cela nous conduit à faire des propositions basées sur les « accommodements nécessaires » à un compromis générationnel. Le pacte Générationnel(s) propose donc une vision et une méthode. Bruno Laforestrie 3 Pourquoi le pacte avant le séisme Nous consacrerons une partie de cette contribution au rappel des faits qui ont motivé notre engagement. Nous ne nous contenterons néanmoins pas de dresser les lignes de partage et tels les tenants du choc des civilisations – d’appeler à nous retrancher derrières des sacs de sables. Nous nous opposerons, chemin faisant, à toutes idées de conflit entre générations. Avant d'ouvrir les pistes de réflexions autour de la déclinaison thématique du Pacte Générationnel(s), nous avons dans un premier temps pris le parti du diagnostic autour de ce que nous avons appelé le « séisme générationnel ». Il ne s'agit pas là d'une vision catastrophique mais d'une mise en exergue des grandes lignes de fracture entre générations qui nous obligent à agir. Cette vision s'inspire de nos expériences personnelles, du ressenti collectif mais surtout des dernières publications dans tous les domaines qui nous alarment depuis près de 10 ans. Bien entendu les « spécialistes » pourront à chaque ligne compléter, détailler ou contester certaines formules trop radicales. Nous les invitons à s'impliquer pleinement dans le projet et à l’enrichir. Il ne s'en trouvera que très peu pour pouvoir, de bonne foi, rejeter en bloc notre diagnostic. Cela nous oblige à agir. Cette contribution en est simplement la première pierre. Bruno Laforestrie 4 Pourquoi le pacte avant le séisme LE PACTE GENERATIONNEL(S) AVANT LE SEISME GENERATIONNEL(S) Nous constatons tous les jours la faillite du modèle français de solidarité entre les générations. En effet, toute société est fondée sur un pacte implicite de solidarité dont un des piliers doit être l'amélioration des conditions de vie des générations suivantes grâce à la transmission au sein des familles et au progrès de l’économie, de la culture et des moeurs . Or, ce pacte s'est rompu. Ou plutôt la génération qui arrivera dans les prochaines années à la retraite l'a rompu. L'idée collective que les générations suivantes ne vivront pas aussi bien que les précédentes s'est répandue. Ce constat conduit aujourd’hui, médias et politiques, à porter un regard misérabiliste et compatissant sur la jeunesse. Les dégâts politiques, moraux, sociaux, et économiques, de ce manque de confiance en l’avenir sont considérables. Notre propos ici n'est pas de nier les transferts s'opérant au sein des cellules familiales, et ce bien au-delà des questions économiques. Les familles restent le creuset de nos sociétés et ce quelle qu'en soit la (re)composition. Notre problème est de comprendre comment un État démocratique doit envisager et organiser au mieux la solidarité entre les générations de manière à assurer à la société un progrès au lieu d’en enregistrer le « déclin », au risque de la révolte. Nous nous attacherons ici à démontrer comment du point de vue à la fois économique, culturel, social et politique, les inégalités réelles et ressenties sont telles qu'il ne nous reste plus qu'à refonder un projet collectif. Bruno Laforestrie 5 Pourquoi le pacte avant le séisme LE SEISME ECONOMIQUE ET SOCIAL GENERATIONNEL(S) Bien entendu, la question économique est la question la plus visible et mesurable. C'est sur celle-là que tout gouvernement doit agir en priorité puisque la puissance publique dispose encore des outils pour intervenir. Le séisme de la dette publique Nous avons pour la plupart appris sur les bancs de l'école une sorte de vulgate ou de lieu commun. « Les générations après celle du baby boom seraient les générations du plein emploi. Après avoir profité pleinement de la société de consommation et s'être débarrassée de 1968 à 1981 de ses derniers carcans, la génération née après la seconde mondiale laisserait sa place à des générations moins nombreuses qui naturellement trouveraient une place à hauteur de leurs espérances! » ... Il n'en a rien été. Il n'en est toujours rien. En effet, la génération du baby boom ou plus exactement ses gouvernements successifs ont littéralement brûlé la vie par les deux bouts. Elle a tout d'abord consommé comptant ; elle a ensuite continué à consommer à crédit. Les gouvernements ont ainsi financé par le déficit public non pas seulement les grands investissements publics nécessaires aux générations à venir, mais des dépenses courantes de l’Etat et de la Sécurité Sociale, des interventions économiques multiples, des aides diverses et variées, y compris aux entreprises les plus prospères, et tout récemment des allègements d’impôts ciblés sur les plus fortunés. Ce crédit se transforme aujourd'hui notamment en dette publique. Néanmoins, la question de la dette ne se poserait pas avec une telle gravité si elle était bien financée. En effet, le système mis en place par les élites économiques de ce pays n ' a pas conduit à faire financer cette dette, et particulièrement la mauvaise partie de cette dette liée à la surconsommation, par le pays lui-même en puisant dans ses ressources et ses richesses pour certaines cachées. Bruno Laforestrie 6 Pourquoi le pacte avant le séisme Cela aurait conduit inévitablement au recours à une fiscalité beaucoup plus adaptée concernant la taxation du patrimoine, la taxation des successions et la taxation de la vrai richesse des grandes entreprises. Cela aurait pu conduire également au lancement d'un grand emprunt national, non réservé exclusivement aux marchés financiers, puisant dans les bas de laine justement des anciennes générations. Ces deux options combinées n'ont pas été assumées pour des raisons politiques puisque la question de la place des jeunes générations n'a pas été considérée comme prioritaire. Il a fallu néanmoins financer cette dette. Le recours à la planche à billets n'étant plus possible depuis la création de l'Euro, le financement de cette dette a été délégué en grande partie aux marchés financiers internationaux. C'est donc bien les modalités de financement de la dette publique qui nous poussent à parler de séisme économique générationnel à venir Cette nouvelle dépendance nous plonge en effet dans une relation de Maître et d'esclaves. Les générations qui devront rembourser cette dette sont devenues les « esclaves actuels et futurs » des marchés financiers. Les générations qui sortiront prochainement de la vie active, ont ainsi « prostitué » les nouvelles générations pour financer leurs excès tout en n'assumant pas directement leur coût politique. Les élites politiques actuelles en sont toutes co-responsables et donc comptables. Tout ceux qui, pour échapper à leurs responsabilités, mettraient sur le dos de l'Euro la difficulté de la situation, continueraient de mentir aux populations puisque la solution existe encore: elle est en nous. Il faudra nécessairement puiser, comme nous le proposerons ultérieurement dans le pacte économique, dans nos richesses passives par anticipation pour alléger le remboursement de la dette. Cette situation révoltante conduira inévitablement, si nous ne faisons rien, à un premier séisme économique générationnel. Bruno Laforestrie 7 Pourquoi le pacte avant le séisme Le séisme de l'éducation Au delà de la question de la dette et de son financement, c'est une partie de l'infrastructure de l'État qui est à revoir profondément. A titre de démonstration, nous ne développerons à ce stade que la question de l'emploi des jeunes et de l'éducation, que nous avons évoquée au début du paragraphe. La réflexion qui unit aujourd'hui tous les spécialistes face à cette catastrophe nationale porte plus sur l'inemployabilité de toute une catégorie des jeunes générations plutôt que sur la question -pourtant bien réelle- de la création d'emploi par les entreprises, voire même sur celle de l'efficacité du service public de l'emploi. Les dirigeants ont laissé agir le système comme si, tellement certains d'un phénomène de substitution naturelle entre générations, ils s’étaient cru autorisés à reléguer au second plan la question de la formation réelle et adaptée à l’emploi. Nous parlons ici déjà des plus de 100 000 jeunes qui sortent chaque année du système éducatif sans diplômes et sans tuteurs. Cette situation est d'autant plus préoccupante que la question du diplôme aurait pu être secondaire, si ces jeunes avaient été formés par ' leurs pères' à l'exercice d'un métier, ou si leur formation les avaient rendus capables « d’apprendre à apprendre », à partir d’un socle généraliste et méthodologique. Le compagnonnage qui avait servi de creuset pour un bon nombre de métiers manuels a disparu dans sa grande masse. Le système a basculé au profit d'une structure technique de diplômes professionnels. Ce système accepte de laisser un grand nombre de jeunes sur le côté aujourd'hui. Ce qui est vrai au « bas de l'échelle » de l'école l'est également en « haut de l'échelle », ces expressions reflétant elles mêmes une hiérarchie qui n’a pas grand chose à voir avec les besoins de la société. . L'hypocrisie a laissé croire qu'un double système : celui conçu pour et par une élite d'une part et celui destiné au peuple dans sa grande majorité d'autre part, permettrait à terme d'assurer une égalité de recrutement et de traitement à compétences et qualités personnelles égales. L'objectif annoncé, au début des années 2000, de 80 % d'une classe d'âge au bac aurait du s'accompagner d'un profonde réforme de l'enseignement supérieur ayant pour conséquence de réellement démocratiser et viabiliser l'Université. Bruno Laforestrie 8 Pourquoi le pacte avant le séisme Cette réforme aurait dû, tout en ouvrant largement le recrutement des universités, y intégrer réellement les filières techniques avec les filières élitistes pour tirer l'ensemble vers le haut. Le recrutement, par exemple, des grandes écoles, aurait pu être intégré dans un cursus universitaire après un Deug Spé et avec des concours adaptés, ce qui aurait certainement tiré vers le haut l'ensemble des filières et l'Université en général. Il aurait en tout cas aboli cette dichotomie qui fait qu'aujourd'hui encore, une grande partie des diplômes d'université ne sont pas reconnus à leur juste valeur et qu'une grande partie des étudiants sont mal orientés voire totalement désorientés. Les très grandes entreprises commencent à se rendre compte de la nécessité de faire de la place aux diplômés de l’université, mais le gâchis des dernières années est sur ce point considérable. Cela provoque l'inemployabilité à leur niveau d'un grand nombre de personnes issues de ces filières. Ce système aurait par ailleurs évité que de nombreuses familles ne jettent toutes leurs économies, ou pire ne s'endettent ,en finançant à perte, pour leurs enfants, de fausses « grandes écoles » dans tous les domaines. Cette inadaptation structurelle est, à côté de la question de la dette, le deuxième problème qui nous laisse sans voix et nous révolte. En effet, on ne parle plus ici uniquement d'un manque de courage politique, comme on a pu le voir précédemment. Ce manque de courage politique pouvait de surcroît s'expliquer par un intérêt électoral bien intégré par la classe politique quant il s'agit de fiscalité ou d'emprunt et donc s'assimiler à un calcul politique. La question de la réforme, non aboutie, en faveur d'un nouveau système éducatif démocratique et de qualité, nous renvoie à la question de la reproduction des élites entre elles, qui n’est en réalité dans l’intérêt de personne, même pas de ces élites, tant est important le coût économique et social de ce « ratage ». On y verra ainsi plus une volonté de préserver un entre-soi et cela loin des chapelles politiques. Cette inadaptation profonde ne laisse place aujourd'hui qu' à un replâtrage, avec Bruno Laforestrie 9 Pourquoi le pacte avant le séisme d'une part l'autonomisation tardive des universités, et d'autre part la tentative de démocratisation du recrutement des grandes écoles mais ce sont nos enfants qui en payent les pots cassés. Ce système crée une génération, de plus en plus nombreuse, de frustrés de l'école depuis les exclus du collège jusqu'aux relégués de l'Université. Il conduit de manière induite à l'abandon progressif du service public de l'éducation dès le collège par les enfants des élites de ce pays et par ceux des classes moyennes qui n'y croient plus. Cette situation aux deux extrémités n'est pas tenable, et provoquera, combinée à un taux de chômage des jeunes intolérable socialement, un séisme éducatif et social touchant les jeunes générations. Le séisme des quartiers populaires Une autre question structurelle et générationnelle est également au centre de notre analyse. Il s'agit bien entendu de la question des populations vivant dans les quartiers populaires : les 751 zones urbaines sensibles constituant le nouveau ghetto français. Malgré tous les discours, plans en tout genre et dispositifs d'identification des talents, les chiffres parlent d'eux mêmes: 43 % des jeunes garçons des quartiers populaires ZUS sont au chômage contre plus de 37 % des jeunes filles . Le taux de pauvreté des moins de 25 ans n'a jamais été aussi élevé et frôle les 45%. L'état de la santé publique et de l'accès aux soins est alarmant sans parler de l'insécurité, véritable fléau dont les populations jeunes sont les premières victimes (violence physique, racket, précarité économique). Il est en effet toujours utile de rappeler qu'au-delà des forces de police qui exercent difficilement leur métier dans ces quartiers, les premières victimes des minorités délinquantes sont les populations elles-mêmes . En parallèle, les stratégies d'évitement de ces quartiers populaires par les classes moyennes n'ont jamais été aussi sophistiquées. Bruno Laforestrie 10 Pourquoi le pacte avant le séisme Ce processus engendre inévitablement la disparition de la mixité sociale qui va de pair avec une homogénéisation culturelle et l'apparition de quartiers où vivent exclusivement des populations issues de l'immigration, notamment maghrébine ou sub-saharienne. Ce n'est pas en soi le fait que des personnes issues de communautés immigrées se regroupent qui nous pose le plus de problème. C'est l'abandon par l'exécutif politique national de ces populations, non rentable électoralement, que nous dénonçons avec force. Bien entendu, la question précédente de l'éducation est d'autant plus problématique dans ces zones défavorisées que tout le système éducatif implanté sur ces territoires depuis les collèges jusqu'aux universités y subit la crise de plein fouet. Rappelons ici que près de 10 % des collégiens français sont scolarisés en ZUS et qu'il ne s'agit donc pas de sujets extrêmement minoritaires. La question de la formation est donc une des grandes explications du chômage de masse dans les quartiers populaires. Elle n'est néanmoins pas la seule explication. Nous sommes obligés d'introduire la question culturelle et identitaire dans notre analyse. Des décideurs économiques de ce pays ont décidé de nous priver d'un actif économique futur : une partie de la jeunesse française exclue en partie du fait de sa réalité culturelle et sociale. Tout le monde comprendra aisément que les 43 % de jeunes garçons au chômage ne sont pas tous sans diplômes ni éducation. Personne ne pourra aussi objecter que dans certains métiers manuels ou dans certaines corporations ouvrières, la question de l'expression ou de l'habillement qui est souvent donnée comme explication au défaut de recrutements n' a pas toujours été centrale! Le discours véhiculé à droite comme à gauche, sur une soi-disant « Génération Casquette Basket Wesh Wesh », inadaptée à l'emploi, a donc pesé très lourd. Cette permanente reproduction de clichés, ce mauvais décryptage de facteurs culturels qu'il ne faut pas systématiquement écarter dans l’analyse, ont conduit à Bruno Laforestrie 11 Pourquoi le pacte avant le séisme ne plus considérer ces territoires comme une richesse potentielle et un marché à part entière et donc à leur désertification économique. Plusieurs générations sont poussées parallèlement à vivre un compromis permanent avec un autre marché, celui du « petit business » en général et celui de l'illicite en particulier. Rappelons quand même que les milliards d'euros des drogues, consommées en grande partie en centre ville, drainent une économie en périphérie qui aujourd'hui fait vivre et pourrit bon nombre de quartiers populaires français. Il s'agit là tout simplement d'un apartheid économique organisé. Cet apartheid appauvrit notre pays et s'accompagne de tous les maux connus dans ces situations et ce partout dans le monde : insécurité, précarité sociale, éclatement des cellules familiales, pauvreté, maladie. S'agissant de générations de plus en plus nombreuses, cet apartheid annonce obligatoirement un séisme générationnel dont les émeutes sporadiques des dernières années n'ont été que les premiers éléments annonciateurs. Le séisme de la fin de vie. Le débat sur les retraites a posé la question macro-économique de survie et de financement de notre système de solidarité entre les générations. Il est de l'essence même du projet de pacte Générationnels, de poser de manière constante la question de la solidarité financière entre les Générations pour ne laisser ni les plus jeunes, ni les plus vieux , ni les exclus de côté. Il est également de notre devoir de poser les bonnes questions philosophiques quant au traitement de nos anciens dans notre société. Il sera de la responsabilité des futurs retraités d'assumer demain les choix d'aujourd'hui. Il ne faut pas opposer le financement de la « vieillesse » à celui de la « jeunesse » puisque les sociétés les plus avancées financent tout simplement bien les deux! C'est justement cette tentative d'écartèlement qui nous pousse à proposer un pacte pour éviter un séisme social. En effet, comment peut-on imaginer une société moderne qui laisserait aux anciens le soin d'assurer le financement de leur fin de vie et de leur retraite ? Bruno Laforestrie 12 Pourquoi le pacte avant le séisme Quelles seraient leurs réponses légitimes aux jeunes générations demandant à ce qu'on les aide à financer leur début de vie active et leur éducation, ou de les accompagner dans la garde de leurs jeunes enfants? Cette société où chaque génération s'occuperait d'elle-même serait l'aboutissement d'une logique libérale implacable « du chacun pour soi », transposée à des groupes sociaux. Notre société n' a tout simplement jamais expérimenté cette situation mais le diagnostic par contre est connu de tous Le financement des retraites n'est pas assuré puisque la chute du taux d'actifs combiné avec le poids futur de la dette le rend de plus en plus difficile, sauf à penser que les jeunes actifs seront de plus en plus taxés dans le futur. La génération du baby boom ne renoncera pas quant à elle au « principe de plaisir » et n'acceptera pas un asservissement familial rendant les grands-parents directement responsables de la garde de leurs petits-enfants en contrepartie de leur propre « Care » par la famille. Ce qui est possible dans certaines sociétés latines ou africaines ne sera pas possible ni souhaitable en France. Cette génération subira donc, de plein fouet, l'impact de la fin de vie de manière longue et massive. La question du coût de la petite enfance et de l'éducation pour tous n'ayant pas encore été résolue, voici donc que se pose déjà la question du financement de la fin de vie d'une génération plus nombreuse et vivant plus longtemps. Les deux dernières années de la vie représentant généralement 50 % du coût de la santé sur une vie: le mur semble déjà insurmontable. C'est une des raisons pour laquelle nous parlons ici de séisme social lié à la fin de vie. Faut-il accepter que cette génération sur-épargne et se sur-enrichisse pour que le jour venu, elle auto-finance sa fin de vie? Ou faut-il dès maintenant mettre en place un réel système de solidarité qui ne passe pas uniquement par la famille? Devrons-nous accepter voire imposer implicitement un exil des plus vieux dans des pays du Maghreb notamment afin d'aller chercher les soins et le soleil à portée de bourse? Nous pouvons dans un scénario imaginer que dans 20 ans, seuls les plus aisés et Bruno Laforestrie 13 Pourquoi le pacte avant le séisme les propriétaires immobiliers pouvant gager leurs biens, puissent réellement assumer une fin de vie décente dans le système français et qu'une catégorie de la population, n'ayant pas les moyens de se payer le système de santé français, opte pour un exil économique. N'oublions pas que la génération du baby boom a également été touchée par le divorce et que les grands-parents isolés avec une seule pension seront légions. Dans ce contexte, il existera également un appauvrissement en fin de vie après 75 ans, situation que certains ne pourront assumer sur notre territoire. C'est pour anticiper ce possible séisme social que nous proposons dès maintenant un nouveau pacte social Générationnels Le séisme générationnel dans l’entreprise Le débat sur les retraites a également fait resurgir de vieux démons. Les jeunes, dans le discours gouvernemental, n'étaient pas concernés par les retraites: il s'agissait schématiquement d'un problème de vieux devant travailler plus longtemps. La question des vieux devant travailler plus longtemps était quant à elle réglée sans poser la question de comment travailler plus longtemps! Était-ce physiquement possible finalement pour un grand nombre de travailler jusqu'à 67 ans ? Était- ce souhaitable de faire coexister 4 générations au sein des entreprises et administrations? Toutes ces questions n'ont pas été, jusqu'à aujourd'hui, posées de manière précise, sur les plans sociologique, psychologique et micro-économique. Elles seront développées dans le pacte social générationnel. La problématique réside donc plutôt ici dans la question « micro » de comment travaille-t-on plus vieux concrètement? L'entreprise sera-t-elle un lieu de chocs générationnels voire culturels? Comment organise-t-on concrètement la co-existence et le passage du témoin? Il ressort dans la pratique que les plus vieux et les plus jeunes ne travaillent pas ensemble spontanément. Bruno Laforestrie 14 Pourquoi le pacte avant le séisme L'apprentissage se fait par strates générationnelles successives. Les plus vieux dans l'entreprise auront ainsi plus une fonction mémorielle voire éthique qu'une fonction uniquement productive. Qui peut, en effet, croire qu'une personne âgée de 65 ans dans une entreprise de service ou industrielle moderne est la mieux placée pour former des jeunes de 20 ans à des process totalement transformés par les nouvelles techniques ? . Tout cela nous conduit à casser les clichés d'un espace ouvert naturellement à tous et pour tous. Il est par ailleurs très clair, que si les entreprises sont obligées de faire travailler plus longtemps des personnes qui partent aujourd'hui à 55 ans, elle devront y investir des moyens et revoir intégralement leur charge et rythme de travail. Penser que cet investissement sera spontanément favorable au recrutement des jeunes et à l'amélioration des conditions de travail des quadras peut paraître illusoire. Le séisme social qui se prépare conduira à effectivement définir un nouveau pacte au sein des entreprises respectueuses des compétences et de la productivité réelle de chacun. Ce pacte conduira nécessairement à envisager un jour que l'on gagne peut-être moins bien sa vie à 60 ans qu'à 45 ans, en fonction de sa charge familliale, quitte finalement à moins travailler. En somme, que l'on bascule d'une notion de temps de travail vers une notion de rythme de travail différent, avec un revenu proportionnel. Les mentalités n'ont pas été préparées à cette révolution générationnelle au sein des entreprises et administrations. Elle sera aussi importante, sinon plus, que la mise en place des 35 heures a pu l'être. C'est la raison pour laquelle nous proposerons un pacte social générationnels. Bruno Laforestrie 15 Pourquoi le pacte avant le séisme LE SEISME CULTUREL GENERATIONNEL(S) Nous ne sommes pas les seuls en Europe à vivre potentiellement cette problématique liée notamment au chômage des jeunes ou aux quartiers populaires. Des pays comparables au nôtre, comme l'Espagne ou l'Angleterre, connaissent ces zones de relégations. Elles s'inscrivent néanmoins dans des modèles culturels identifiés qui paraissent mieux assumés que le nôtre. Un royaume fédéraliste pour l'Espagne, un royaume communautariste pour l'Angleterre. Le système français a la particularité de ne pas avoir anticipé ni absorbé le choc culturel lié notamment à sa nouvelle génération d'immigrés issue de son ancien empire colonial. Le séisme culturel et l’exemple d'une « street culture » à la française. Les quelques lignes précédentes nous ont permis d'aborder sous un autre angle la question culturelle. En effet, plutôt que de considérer qu'une nouvelle culture était née dans les années 80 dans nos quartiers populaires et que cette culture était entrée en résonance avec un phénomène culturel mondial venu des Etats Unis la Street Culture- elle-même née en partie de la culture Hip Hop-, nos élites culturelles ont relégué au rang des pratiques barbares et épiphénoménales les pratiques culturelles de toute une génération de plus en plus nombreuse. Elles ont tout simplement refusé de voir qu'un nouveau marché s'ouvrait pour tout ceux qui voudrait le conquérir. Elles sont passées ainsi à côté d’une nouvelle expression de la culture française. Ces pratiques se sont donc développées en marge de l'institution ; comme toute chose a un bon côté, c'est certainement parce qu'elles se sont développées en marge, qu'elles ont su saisir et révéler l'air du temps et ont atteint ainsi une excellence artistique. Elles sont devenues en quelques années extrêmement populaires auprès des générations qui ont aujourd'hui entre 10 et 40 ans. Elles ont par ailleurs prospéré grâce à l'usage, souvent clandestin, de l'espace Bruno Laforestrie 16 Pourquoi le pacte avant le séisme public et des nouvelles technologies. Nous pouvons donc parler aujourd'hui d'une nouvelle culture de masse française. D'un point de vu purement culturel, cette situation est intéressante et relèverait d'un cas d'étude de « cultural studies » En effet,comme le soulignait dernièrement un article du Parisien, la France est peut-être un des derniers pays au monde où la principale chaîne de télévision, quand il s'agit de présenter les chansons de l'année, n'invite aucun artiste de rap sur ses plateaux alors que ces derniers trustent les premières places de vente de disques et que leur pères anglo-saxons et particulièrement américains sont tout simplement à la tête de l'entertainment mondial! Cette situation révèle tout simplement un apartheid cette fois culturel qui entretient l'idée de l'existence de deux France imperméables l’une à l’autre. . Une première France blanche et traditionnelle qui s'opposerait à une nouvelle France jeune et métissée! Nous soutenons aujourd'hui que cette image ne reflète pas la pratique culturelle collective réelle, puisque la société dans son ensemble a évolué et s'est ouverte. Cet apartheid culturel est tout simplement le miroir de la société médiatique française sclérosée et renfermée sur elle-même et ses élites. Nous rappellerons ici un chiffre qui parle de lui-même : la moyenne d'âge des téléspectateurs des chaînes de télévision du service public dépasse 53 ans. Mais nul ne dit que même à cet âge moyen, les téléspectateurs seraient incapables d’apprécier le hip hop. Simplement, personne ne le leur a demandé ! Le séisme culturel et la jeune civilisation digitale Nous sommes entrés dans un millénaire qui voit la civilisation digitale abolir les frontières de la communication et révolutionner les modes de consommation ainsi que le commerce mondial. 2 chiffres simples : Facebook a conquis plus de 500 millions de membres en 5 ans. La part du commerce mondial sur l'internet, qui n'existait pratiquement pas il y a 15 ans, atteindra près de 15 % des échanges dans 10 ans . Bruno Laforestrie 17 Pourquoi le pacte avant le séisme Les pays ex-émergents (Chine, Brésil) sont devenus des puissances culturelles à part entière après avoir conquis leurs galons de puissances économiques. C'est leur modèle, tourné vers la jeunesse et l'entrepreneuriat qui triomphe. La seule lecture de l'ouvrage central de Frédéric Martel « Mainstream » permet de comprendre où se situe le vrai pouvoir culturel mondial , celui dit du « soft power » aujourd'hui. Rappelons que l'avènement de la société de consommation, après la seconde guerre mondiale, et son excroissance naturelle, les centres commerciaux, s'est accompagné de l'invention de la publicité à l'américaine et de sa diffusion massive sur un nouveau mode de communication : la télévision. Nous retrouvons aujourd'hui exactement le même triptyque : Culture, Distribution, Communication. Cela nous permet d'affirmer, sans risque, qu'une révolution culturelle mondiale est en cours, prémisse d'une révolution industrielle déjà commencée. Quelle position la France adopte-t-elle face à cette mutation ? Quelle réponse les élites culturelles y ont-elles apportée? La France n'est tout simplement pas entrée de plain-pied dans ce nouveau concert culturel mondial. Elle a au niveau digital inventé la « carte musique jeune » et l'Hadopi. L'UMP: les créateurs du possible déjà disparus... Autant de contre-mesures à contre courant qui ont fait pschitt et qui révèlent la médiocrité de la politique de notre pays dès lors qu’on parle du numérique et des technologies nouvelles. . Sur le plan culturel, elle adopte une stratégie d'importation de touristes venant visiter nos monuments, une stratégie patrimoniale ayant des retombées économiques immédiates sur notre hôtellerie/restauration. Elle déserte néanmoins, progressivement et durablement, l'imaginaire collectif des jeunes africains ou des jeunes arabes sans parler des brésiliens ou des chinois. Ses atermoiements durant les révoltes de la jeunesse du Monde arabe n’en est qu’une illustration supplémentaire. La France a peut-être gagné la bataille pour que des chinois viennent en Bruno Laforestrie 18 Pourquoi le pacte avant le séisme grand nombre la visiter quelques jours. Elle est en train de perdre le combat de la francophonie et de l’influence culturelle durable pour toute une génération de futurs consommateurs et leaders mondiaux. Au-delà de ces questions internationales, cette aversion, à promouvoir les cultures populaires et le manque de vision de la part des grands médias du service public aura eu de grandes conséquences sur notre sentiment national. Le séisme culturel et identité nationale Le renforcement de l'idée que deux France s'opposent a nourri l'imaginaire de toute une génération qui n'habite pas, loin s'en faut, exclusivement dans les quartiers populaires. Il suffit de lire les textes de certains leaders de cette génération à l'image de DIAMS, de Kery James ou plus récemment de Sexion d'Assaut pour comprendre cet écartèlement. Cet écartèlement culturel qui touche une majorité de 13-35 ans, n' a pas été compensé par une adaptation culturelle du système éducatif, ni dans son organisation ni dans son contenu. Le fait que dans une région comme l'Ile de France près d’un jeune de moins de 25 ans sur 3 soit issu de l'immigration n' a pas été pris en compte dans l'offre éducative et culturelle. Vouloir trop uniformiser sans renouveler l'offre pousse à des incompréhensions que le débat sur l'identité nationale n'a rendu que plus hystériques. Effectivement, la question de la pratique de l'Islam par exemple se pose de manière nouvelle et originale, compte tenu d'une grande proportion de jeunes et moins jeunes la pratiquant dans nos grandes villes. Cette évolution ne doit pas être assimilée à un danger mais à un changement profond dans la sphère privée de la société française. Ce changement provoquera une évolution des mentalités, comme l'ont provoqué à leur époque l'avènement du divorce de masse, l'émergence des familles recomposées ou bien l'officialisation des couples gays. Le pacte culturel générationnel l'analysera comme tel et inscrira des propositions visant à rapprocher les positions sur ce sujet. De même, la question de la mémoire culturelle, liée intrinsèquement aux histoires Bruno Laforestrie 19 Pourquoi le pacte avant le séisme familiales, devra être posée de manière originale. Au final, c'est cette question culturelle au sens large, ciment de toute société, qui doit être repensée au niveau national, ce qui malheureusement n'a pas été fait depuis l'arrivée de la gauche au pouvoir en 1981. Or, on voit à quel point elle sert d'outil puissant de transformation au niveau local et régional et dynamise formidablement des territoires quand elle s'insère dans une bonne dynamique sociale. En résumé, nous ressentons aujourd'hui des tensions culturelles importantes. Cette série de secousses, à la fois nationales et internationales, mal comprises peuvent engendrer un séisme culturel en France Cela nous pousse à placer la question culturelle au centre de la réflexion du pacte Generationnel(s) puisque nous estimons qu’il n’y aura pas une double alternance Politique sans une double aternance Culturelle. Bruno Laforestrie 20 Pourquoi le pacte avant le séisme LE SEISME POLITIQUE GENERATIONNEL(S). « Nous sommes un collectif de femmes et d'hommes, concernés par les questions publiques et politiques, qui n'en ont pas fait leur métier au sein d'un parti politique. » Nous expliquions, en préambule, que nous n'exercions pas notre intérêt pour les questions publiques et politiques au sein d'un parti politique. Il est temps de donner une explication sur ce point. En effet, le fait de militer au sein d'un appareil politique voire d'un syndicat n'apparaît plus naturel ni obligatoirement utile à une immense majorité de notre génération. Nous avons déjà évoqué la fin des grandes idéologies, la déception provoquée par les alternances.... Cela fait certainement partie des grandes raisons mais la vrai explication de notre démarche est peut-être beaucoup plus personnelle: nous n'avons pas été, nous ne sommes pas ou ne pensons pas que nous serions forcément heureux et utiles au sein d'un grand parti national. Nous militons pour l'alternance politique, nous nous situons donc plutôt à gauche de l'échiquier. Nous proposons des mesures de gouvernement, nous sommes dans une logique d'exercice du pouvoir non pas individuellement mais collectivement. Nous nous intéressons donc ici plutôt aux partis d'alternance qui exercent déjà un pouvoir local. Pourquoi n'avons nous pas l'envie de faire parti du premier cercle de militants de ces partis: nous avons l'impression tout simplement de ne pas être à notre place malgré la passion qui nous anime et nos expériences et compétences respectives. Est-ce uniquement de notre responsabilité ? Nous ne le pensons pas Ces partis ont-ils fait quoi que ce soit pour nous garder ou nous associer indirectement à leur action et réflexions : Non! Ont-ils appelé à des contributions novatrices ? Ont-ils accepté ou suscité des prises de risques ? Ont-ils vraiment tendu la main aux jeunes, aux pauvres, aux exclus ? NON. La situation ne peut plus durer. Puisqu’ils ont besoin de vous, électeurs de Bruno Laforestrie 21 Pourquoi le pacte avant le séisme gauche, pour départager leurs leaders, nous allons les aider. Nous ne le ferons néanmoins pas sans contreparties démocratiques. Plus de 4 millions de personnes se sont dites intéressées à participer à ces fameuses primaires, nous allons les accompagner dans leur réflexion et leur choix. Nous demanderons juste à ce que chacun des leaders concourant s'engage à signer un pacte Générationnels et que dans ce pacte, ils acceptent une modification profondes de leurs habitudes et réflexes. Nous demandons tout simplement qu'en contrepartie de notre participation active, ils s'engagent à acter l'abolition de leurs privilèges. A défaut, nous sommes persuadés que nous revivrons un séisme politique aussi violent qu'en 2002 quelle qu'en soit la forme. Séisme politique et personnel politique. Le premier sujet central est la question générationnelle. La moyenne d'âge à l'assemblée nationale a largement dépassé les 60 ans, celle des sénateurs 65 ans. Comment peut-on globalement légiférer avec une représentation aussi décalée par rapport à la société? Cette la question démocratique centrale que nous voulons porter. Les partis de pouvoir à gauche, et particulièrement le parti socialiste, ont failli ainsi à leur devoir de représentation de la société française. S'ils avaient été exemplaires, et si la composition du groupe socialiste à l'assemblée était radicalement différente de celle de l'UMP, nous aurions pu nous projeter, nous aurions pu essayer le mercredi à la télévision de trouver des gens qui nous ressemblent. Non pas physiquement, la question de la pluralité ethnique étant bien entendu encore plus choquante. Non, tout simplement humainement dans le sens de l'expérience partagée. Nous n'avons pas eu la même expérience de vie que celle de nos parents. Et quand on a entre 20 et 40 ans, les députés français ont en moyenne l'âge de nos parents ou de nos grands parents. Cela provoque en nous une surprise et une méfiance qui est certainement une des Bruno Laforestrie 22 Pourquoi le pacte avant le séisme premières raisons qui rend notre adhésion difficile. Néanmoins, en supposant que nous arrivions à dépasser cet obstacle et à nous intéresser finalement aux dirigeants du Parti Socialiste par exemple, à l'assemblée des socialistes, le conseil national, qui regroupe 300 personnes représentatives des militants et dirigeants socialistes. Nous arriverions exactement à la même conclusion, c'est-à-dire à la stricte reproduction de la déviance démocratique que nous connaissons à l'Assemblée Nationale: une assemblée blanche et âgée. Au-delà de la question générationnelle, si nous nous posions la question de la représentation socio-culturelle, nous réaliserions finalement que les 300 membres du conseil national du PS sont quasiment tous dirigeants d'exécutifs locaux, détenteurs collectivement d'un pouvoir économique colossal qui se chiffre en centaine de milliards d'euros. Nous posons ainsi la question de la place du Tiers Etat Nous n'avons ici aucune vision populiste. Nous ne croyons pas à un déterminisme individuel qui associerait un âge, ou une fonction, à des qualités personnelles. L'histoire est trop faite de contre exemples. Nous croyons tout simplement que les exécutifs, quand ils sont faits d'inégalités criantes, doivent les corriger. La question de la parité en politique par exemple, a été portée pendant des années. Elle a fait l'objet d'une loi qui, sans corriger définitivement ce travers démocratique, l'a profondément modifié Nous croyons qu'il est temps de poser la question du renouvellement générationnel et socio-culturel au sein des futurs exécutifs et proposons que des mesures de veille et de comptage soient inscrites dans le pacte politique générationnels Mais cela ne suffira pas, il nous faudra acter l'abandon des privilèges pour rester crédibles. Le séisme politique et l'abandon des privilèges Cette formule, au regard de notre passé national révolutionnaire, pourrait bienentendu être « mal » comprise sans reparler des privilèges dont nous parlons. Il n’y a théoriquement plus de « privilèges » d’ancien régime. Nous parlons ici tout simplement de règles élémentaires qui nous sont appliquées dans notre immense majorité en tant que travailleurs et citoyens. Bruno Laforestrie 23 Pourquoi le pacte avant le séisme Les élus et dirigeants sont dépositaires d'une autorité et d'un pouvoir démocratique. Ils sont à ce titre redevable envers la communauté. La seule sanction démocratique ne suffit pas à donner un blanc-seing à l'action d'un dirigeant politique. La question éthique doit être remise au centre du futur dispositif et cette question éthique demande tout simplement à ce que les comportements contraires à l'intérêt général puissent être corrigés. La question qui se pose à nous, est donc la capacité de partis politiques, réformistes et éthiques, à se doter d'instances de surveillance et de sanction indépendants. Comment peut-on imaginer inscrire dans un programme politique, visant à moraliser le capitalisme, des mesures de contrôle et de contrainte voire des mesures de sanctions financières en direction des dirigeants d'entreprises sans s'appliquer ces règles à soi-même. Il en va de la crédibilité des futurs candidats aux primaires de l’alternance de nous proposer des mécanismes précis et transparents pour tout simplement nous redonner confiance. L'abolition des privilèges que nous demandons est donc finalement simple. Il s'agit tout simplement pour nous, de profiter de ce nouvel espace démocratique que seront les primaires, pour pousser les futurs partis de gouvernement à une transformation profonde. Nous inscrirons ces mesures dans notre pacte politique générationnel. Bruno Laforestrie 24 Pourquoi le pacte avant le séisme