le pacte generationnels

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le pacte generationnels
POURQUOI UN NOUVEAU PACTE ENTRE
LES GENERATIONS?
Préambule
Nous sommes un collectif de femmes et d'hommes, concernés par les questions
publiques et politiques, mais qui n'en ont pas fait leur métier au sein d'un parti
politique.
Nous sommes conscients, et d'une certaine façon victimes, de la disparition des
grandes idéologies collectives et nous avons assisté, sans voix, à l’élévation au x
rangs d’apôtres des timoniers du libéralisme sans contrôle.
Nous avons été, pour la plupart, déçus par le jeu des alternances politiques des
15 dernières années qui nous laissent un sentiment de malaise et d'inachevé.
Au-delà d'une simple déception, c'est le bilan de ces alternances qui nous alarme.
C'est la situation française, c'est notre situation qui nous préoccupent.
Tout semble fait pour nous conduire à penser que nous n'avons plus prise
collectivement sur notre environnement.
Tout cela aurait pu nous conduire vers la dilution de notre parole citoyenne.
Néanmoins, l'élection et les réalisations de Luis Ignacio Lula au Brésil par
exemple, et plus récemment de Barack Obama aux Etats Unis, nous démontrent
qu'il est tout à fait possible de peser sur un destin collectif, à condition de le
penser et de le vouloir.
Dans l’engagement local, nous avons appris qu'une action politique, menée dans
l'intérêt général, a un impact positif sur son environnement et par conséquence
sur notre environnement quotidien.
Nous croyons donc encore à la politique.
Néanmoins, nous ne croyons pas que le succès durable d'un projet politique
résulte uniquement de la rencontre d'un homme ou d'une femme providentiel(le)
et d'un peuple. Nous pensons qu’il est plutôt l'aboutissement d'un long processus
qui conduit à un sursaut collectif.
La situation en France est arrivée à ce point de basculement.
Bruno Laforestrie 1
Pourquoi le pacte avant le séisme
Le régime politique actuel est épuisé.
En tout cas, ce régime politique nous épuise sur le fond et dans sa forme.
Nous pensons que le sursaut nécessaire ne viendra pas d'une offre providentielle
mais plutôt d'une exigence, collective et construite, émanant entre autre de la
société civile.
Nous pensons qu'il est de notre rôle d'exprimer aux « élites » culturelles,
politiques, économiques de notre pays - et dont nous pouvons faire partie - notre
mécontentement.
Nous sommes convaincus qu'une participation « molle » et sans projet novateur,
aux prochaines échéances présidentielles, fera le jeu des extrêmes et nous
amènera au mieux à une alternance elle-même « molle » et sans avenir voire à
une nouvelle défaite de la gauche.
Nous avons donc travaillé sans aucun a priori, et dans notre pluralité, à la
rédaction d'un projet collectif. Nous appelons toutes les énergies et envies à y
participer et à l’enrichir de propositions concrètes.
Ce projet s'appelle le pacte générationnel(s).
Nous allons vous présenter dans les prochaines lignes son origine et son utilité.
Nous allons le soumettre à tous les prétendants à l'alternance, car nous ne
souhaitons pas une simple alternance des appareils politiques traditionnels en mai
2012.
Nous appelons à une double alternance à la fois politique mais également
générationnelle et socio-culturelle.
Nous ne serons donc pas de simples électeurs isolés aux premiers rendez-vous de
cette échéance, c'est-à-dire aux futures primaires de l’alternance.
Nous y participerons activement en fédérant une force de propositions et de
surveillance des engagements pris.
Nous ne nous laisserons pas confisquer ce nouvel outil démocratique que les
partis de gauche ont voulu mettre en place pour légitimer le choix de leurs
candidats à l'élection présidentielle de mai 2012.
Bruno Laforestrie 2
Pourquoi le pacte avant le séisme
La démarche du pacte Générationnel(s)
Un pacte : nous ne donnons pas à notre démarche une dimension guerrière. C’est
absolument le contraire. Nous appelons à un nouveau pacte entre les générations.
Nous estimons qu’elles ne ressentent pas assez à quel point leurs intérêts sont
liés.
Générationnel(s) : la question d'un nouveau pacte entre les générations est pour
nous la question centrale, puisque la diffusion de ce message d'une nouvelle
solidarité et la transformation réelle opérée notamment au sommet des
institutions, sont seules capables de remettre la société en mouvement.
Nous parlons aujourd'hui d'une alliance, objective et au profit de tous, entre
les jeunes actifs et la génération du baby-boom pour trouver le compromis
nécessaire à la définition de ce nouveau pacte générationnel.
Cette question est aujourd'hui existentielle. En effet, d'une part, les jeunes
générations sont de plus en plus déclassées économiquement, culturellement,
politiquement, et socialement en France. D’autre part, jamais l'extraordinaire
allongement de la durée de vie nous a autant interrogés collectivement.
La méthode du pacte Générationnel(s) :
Ce pacte générationnel se conçoit comme une grille de lecture qui couvre les 4
principaux champs de l'action publique :
•
•
•
•
le champ économique
le champ culturel
le champ social
le champ politique
Cela nous permet d'illustrer les problématiques générationnelles auxquelles nous
sommes confrontés dans notre ressenti, et que les chiffres disponibles confirment.
Cela nous conduit à faire des propositions basées sur les « accommodements
nécessaires » à un compromis générationnel.
Le pacte Générationnel(s) propose donc une vision et une méthode.
Bruno Laforestrie 3
Pourquoi le pacte avant le séisme
Nous consacrerons une partie de cette contribution au rappel des faits qui ont
motivé notre engagement.
Nous ne nous contenterons néanmoins pas de dresser les lignes de partage et tels les tenants du choc des civilisations – d’appeler à nous retrancher derrières
des sacs de sables.
Nous nous opposerons, chemin faisant, à toutes idées de conflit entre
générations.
Avant d'ouvrir les pistes de réflexions autour de la déclinaison thématique du
Pacte Générationnel(s), nous avons dans un premier temps pris le parti du
diagnostic autour de ce que nous avons appelé le « séisme générationnel ».
Il ne s'agit pas là d'une vision catastrophique mais d'une mise en exergue des
grandes lignes de fracture entre générations qui nous obligent à agir.
Cette vision s'inspire de nos expériences personnelles, du ressenti collectif mais
surtout des dernières publications dans tous les domaines qui nous alarment
depuis près de 10 ans.
Bien entendu les « spécialistes » pourront à chaque ligne compléter, détailler ou
contester certaines formules trop radicales. Nous les invitons à s'impliquer
pleinement dans le projet et à l’enrichir.
Il ne s'en trouvera que très peu pour pouvoir, de bonne foi, rejeter en bloc notre
diagnostic.
Cela nous oblige à agir.
Cette contribution en est simplement la première pierre.
Bruno Laforestrie 4
Pourquoi le pacte avant le séisme
LE PACTE GENERATIONNEL(S)
AVANT
LE SEISME GENERATIONNEL(S)
Nous constatons tous les jours la faillite du modèle français de solidarité
entre les générations.
En effet, toute société est fondée sur un pacte implicite de solidarité dont un des
piliers doit être l'amélioration des conditions de vie des générations suivantes
grâce à la transmission au sein des familles et au progrès de l’économie, de la
culture et des moeurs .
Or, ce pacte s'est rompu. Ou plutôt la génération qui arrivera dans les
prochaines années à la retraite l'a rompu. L'idée collective que les générations
suivantes ne vivront pas aussi bien que les précédentes s'est répandue. Ce
constat conduit aujourd’hui, médias et politiques, à porter un regard
misérabiliste et compatissant sur la jeunesse.
Les dégâts politiques, moraux, sociaux, et économiques, de ce manque de
confiance en l’avenir sont considérables.
Notre propos ici n'est pas de nier les transferts s'opérant au sein des cellules
familiales, et ce bien au-delà des questions économiques. Les familles restent le
creuset de nos sociétés et ce quelle qu'en soit la (re)composition.
Notre problème est de comprendre comment un État démocratique doit envisager
et organiser au mieux la solidarité entre les générations de manière à assurer à
la société un progrès au lieu d’en enregistrer le « déclin », au risque de la
révolte.
Nous nous attacherons ici à démontrer comment du point de vue à la fois
économique, culturel, social et politique, les inégalités réelles et ressenties sont
telles qu'il ne nous reste plus qu'à refonder un projet collectif.
Bruno Laforestrie 5
Pourquoi le pacte avant le séisme
LE SEISME ECONOMIQUE ET SOCIAL
GENERATIONNEL(S)
Bien entendu, la question économique est la question la plus visible et
mesurable. C'est sur celle-là que tout gouvernement doit agir en priorité puisque
la puissance publique dispose encore des outils pour intervenir.
Le séisme de la dette publique
Nous avons pour la plupart appris sur les bancs de l'école une sorte de
vulgate ou de lieu commun. « Les générations après celle du baby boom seraient
les générations du plein emploi. Après avoir profité pleinement de la société de
consommation et s'être débarrassée de 1968 à 1981 de ses derniers carcans, la
génération née après la seconde mondiale laisserait sa place à des générations
moins nombreuses qui naturellement trouveraient une place à hauteur de leurs
espérances! » ...
Il n'en a rien été.
Il n'en est toujours rien.
En effet, la génération du baby boom ou plus exactement ses gouvernements
successifs ont littéralement brûlé la vie par les deux bouts.
Elle a tout d'abord consommé comptant ; elle a ensuite continué à consommer à
crédit. Les gouvernements ont ainsi financé par le déficit public non pas
seulement les grands investissements publics nécessaires aux générations à venir,
mais des dépenses courantes de l’Etat et de la Sécurité Sociale, des interventions
économiques multiples, des aides diverses et variées, y compris aux entreprises
les plus prospères, et tout récemment des allègements d’impôts ciblés sur les plus
fortunés.
Ce crédit se transforme aujourd'hui notamment en dette publique.
Néanmoins, la question de la dette ne se poserait pas avec une telle gravité si elle
était bien financée.
En effet, le système mis en place par les élites économiques de ce pays n ' a pas
conduit à faire financer cette dette, et particulièrement la mauvaise partie de cette
dette liée à la surconsommation, par le pays lui-même en puisant dans ses
ressources et ses richesses pour certaines cachées.
Bruno Laforestrie 6
Pourquoi le pacte avant le séisme
Cela aurait conduit inévitablement au recours à une fiscalité beaucoup plus
adaptée concernant la taxation du patrimoine, la taxation des successions et la
taxation de la vrai richesse des grandes entreprises.
Cela aurait pu conduire également au lancement d'un grand emprunt national, non
réservé exclusivement aux marchés financiers, puisant dans les bas de laine
justement des anciennes générations.
Ces deux options combinées n'ont pas été assumées pour des raisons
politiques puisque la question de la place des jeunes générations n'a pas été
considérée comme prioritaire.
Il a fallu néanmoins financer cette dette. Le recours à la planche à billets n'étant
plus possible depuis la création de l'Euro, le financement de cette dette a été
délégué en grande partie aux marchés financiers internationaux.
C'est donc bien les modalités de financement de la dette publique qui nous
poussent à parler de séisme économique générationnel à venir
Cette nouvelle dépendance nous plonge en effet dans une relation de Maître et
d'esclaves.
Les générations qui devront rembourser cette dette sont devenues les « esclaves
actuels et futurs » des marchés financiers.
Les générations qui sortiront prochainement de la vie active, ont ainsi
« prostitué » les nouvelles générations pour financer leurs excès tout en
n'assumant pas directement leur coût politique.
Les élites politiques actuelles en sont toutes co-responsables et donc comptables.
Tout ceux qui, pour échapper à leurs responsabilités, mettraient sur le dos de
l'Euro la difficulté de la situation, continueraient de mentir aux populations
puisque la solution existe encore: elle est en nous.
Il faudra nécessairement puiser, comme nous le proposerons ultérieurement dans
le pacte économique, dans nos richesses passives par anticipation pour alléger le
remboursement de la dette.
Cette situation révoltante conduira inévitablement, si nous ne faisons rien, à
un premier séisme économique générationnel.
Bruno Laforestrie 7
Pourquoi le pacte avant le séisme
Le séisme de l'éducation
Au delà de la question de la dette et de son financement, c'est une partie de
l'infrastructure de l'État qui est à revoir profondément.
A titre de démonstration, nous ne développerons à ce stade que la question de
l'emploi des jeunes et de l'éducation, que nous avons évoquée au début du
paragraphe.
La réflexion qui unit aujourd'hui tous les spécialistes face à cette catastrophe
nationale porte plus sur l'inemployabilité de toute une catégorie des jeunes
générations plutôt que sur la question -pourtant bien réelle- de la création
d'emploi par les entreprises, voire même sur celle de l'efficacité du service public
de l'emploi.
Les dirigeants ont laissé agir le système comme si, tellement certains d'un
phénomène de substitution naturelle entre générations, ils s’étaient cru
autorisés à reléguer au second plan la question de la formation réelle et
adaptée à l’emploi.
Nous parlons ici déjà des plus de 100 000 jeunes qui sortent chaque année du
système éducatif sans diplômes et sans tuteurs.
Cette situation est d'autant plus préoccupante que la question du diplôme aurait
pu être secondaire, si ces jeunes avaient été formés par ' leurs pères' à l'exercice
d'un métier, ou si leur formation les avaient rendus capables « d’apprendre à
apprendre », à partir d’un socle généraliste et méthodologique.
Le compagnonnage qui avait servi de creuset pour un bon nombre de métiers
manuels a disparu dans sa grande masse. Le système a basculé au profit d'une
structure technique de diplômes professionnels. Ce système accepte de laisser un
grand nombre de jeunes sur le côté aujourd'hui.
Ce qui est vrai au « bas de l'échelle » de l'école l'est également en « haut de
l'échelle », ces expressions reflétant elles mêmes une hiérarchie qui n’a pas
grand chose à voir avec les besoins de la société. .
L'hypocrisie a laissé croire qu'un double système : celui conçu pour et par une
élite d'une part et celui destiné au peuple dans sa grande majorité d'autre part,
permettrait à terme d'assurer une égalité de recrutement et de traitement à
compétences et qualités personnelles égales.
L'objectif annoncé, au début des années 2000, de 80 % d'une classe d'âge au bac
aurait du s'accompagner d'un profonde réforme de l'enseignement supérieur ayant
pour conséquence de réellement démocratiser et viabiliser l'Université.
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Pourquoi le pacte avant le séisme
Cette réforme aurait dû, tout en ouvrant largement le recrutement des universités,
y intégrer réellement les filières techniques avec les filières élitistes pour tirer
l'ensemble vers le haut.
Le recrutement, par exemple, des grandes écoles, aurait pu être intégré dans un
cursus universitaire après un Deug Spé et avec des concours adaptés, ce qui aurait
certainement tiré vers le haut l'ensemble des filières et l'Université en général.
Il aurait en tout cas aboli cette dichotomie qui fait qu'aujourd'hui encore,
une grande partie des diplômes d'université ne sont pas reconnus à leur
juste valeur et qu'une grande partie des étudiants sont mal orientés voire
totalement désorientés.
Les très grandes entreprises commencent à se rendre compte de la nécessité
de faire de la place aux diplômés de l’université, mais le gâchis des dernières
années est sur ce point considérable.
Cela provoque l'inemployabilité à leur niveau d'un grand nombre de personnes
issues de ces filières.
Ce système aurait par ailleurs évité que de nombreuses familles ne jettent toutes
leurs économies, ou pire ne s'endettent ,en finançant à perte, pour leurs enfants,
de fausses « grandes écoles » dans tous les domaines.
Cette inadaptation structurelle est, à côté de la question de la dette, le
deuxième problème qui nous laisse sans voix et nous révolte.
En effet, on ne parle plus ici uniquement d'un manque de courage politique,
comme on a pu le voir précédemment.
Ce manque de courage politique pouvait de surcroît s'expliquer par un intérêt
électoral bien intégré par la classe politique quant il s'agit de fiscalité ou
d'emprunt et donc s'assimiler à un calcul politique.
La question de la réforme, non aboutie, en faveur d'un nouveau système éducatif
démocratique et de qualité, nous renvoie à la question de la reproduction des
élites entre elles, qui n’est en réalité dans l’intérêt de personne, même pas de
ces élites, tant est important le coût économique et social de ce « ratage ».
On y verra ainsi plus une volonté de préserver un entre-soi et cela loin des
chapelles politiques.
Cette inadaptation profonde ne laisse place aujourd'hui qu' à un replâtrage, avec
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Pourquoi le pacte avant le séisme
d'une part l'autonomisation tardive des universités, et d'autre part la tentative de
démocratisation du recrutement des grandes écoles mais ce sont nos enfants qui
en payent les pots cassés.
Ce système crée une génération, de plus en plus nombreuse, de frustrés de l'école
depuis les exclus du collège jusqu'aux relégués de l'Université.
Il conduit de manière induite à l'abandon progressif du service public de
l'éducation dès le collège par les enfants des élites de ce pays et par ceux des
classes moyennes qui n'y croient plus.
Cette situation aux deux extrémités n'est pas tenable, et provoquera,
combinée à un taux de chômage des jeunes intolérable socialement, un
séisme éducatif et social touchant les jeunes générations.
Le séisme des quartiers populaires
Une autre question structurelle et générationnelle est également au centre de
notre analyse.
Il s'agit bien entendu de la question des populations vivant dans les quartiers
populaires : les 751 zones urbaines sensibles constituant le nouveau ghetto
français.
Malgré tous les discours, plans en tout genre et dispositifs d'identification des
talents, les chiffres parlent d'eux mêmes:
43 % des jeunes garçons des quartiers populaires ZUS sont au chômage contre
plus de 37 % des jeunes filles .
Le taux de pauvreté des moins de 25 ans n'a jamais été aussi élevé et frôle les
45%.
L'état de la santé publique et de l'accès aux soins est alarmant sans parler de
l'insécurité, véritable fléau dont les populations jeunes sont les premières
victimes (violence physique, racket, précarité économique).
Il est en effet toujours utile de rappeler qu'au-delà des forces de police qui
exercent difficilement leur métier dans ces quartiers, les premières victimes des
minorités délinquantes sont les populations elles-mêmes .
En parallèle, les stratégies d'évitement de ces quartiers populaires par les classes
moyennes n'ont jamais été aussi sophistiquées.
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Pourquoi le pacte avant le séisme
Ce processus engendre inévitablement la disparition de la mixité sociale qui va de
pair avec une homogénéisation culturelle et l'apparition de quartiers où vivent
exclusivement des populations issues de l'immigration, notamment maghrébine
ou sub-saharienne.
Ce n'est pas en soi le fait que des personnes issues de communautés immigrées se
regroupent qui nous pose le plus de problème.
C'est l'abandon par l'exécutif politique national de ces populations, non
rentable électoralement, que nous dénonçons avec force.
Bien entendu, la question précédente de l'éducation est d'autant plus
problématique dans ces zones défavorisées que tout le système éducatif implanté
sur ces territoires depuis les collèges jusqu'aux universités y subit la crise de plein
fouet. Rappelons ici que près de 10 % des collégiens français sont scolarisés en
ZUS et qu'il ne s'agit donc pas de sujets extrêmement minoritaires.
La question de la formation est donc une des grandes explications du chômage de
masse dans les quartiers populaires.
Elle n'est néanmoins pas la seule explication.
Nous sommes obligés d'introduire la question culturelle et identitaire dans
notre analyse.
Des décideurs économiques de ce pays ont décidé de nous priver d'un actif
économique futur : une partie de la jeunesse française exclue en partie du fait de
sa réalité culturelle et sociale.
Tout le monde comprendra aisément que les 43 % de jeunes garçons au chômage
ne sont pas tous sans diplômes ni éducation.
Personne ne pourra aussi objecter que dans certains métiers manuels ou dans
certaines corporations ouvrières, la question de l'expression ou de l'habillement
qui est souvent donnée comme explication au défaut de recrutements n' a pas
toujours été centrale!
Le discours véhiculé à droite comme à gauche, sur une soi-disant
« Génération Casquette Basket Wesh Wesh », inadaptée à l'emploi, a donc
pesé très lourd.
Cette permanente reproduction de clichés, ce mauvais décryptage de facteurs
culturels qu'il ne faut pas systématiquement écarter dans l’analyse, ont conduit à
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Pourquoi le pacte avant le séisme
ne plus considérer ces territoires comme une richesse potentielle et un marché à
part entière et donc à leur désertification économique.
Plusieurs générations sont poussées parallèlement à vivre un compromis
permanent avec un autre marché, celui du « petit business » en général et celui de
l'illicite en particulier.
Rappelons quand même que les milliards d'euros des drogues, consommées en
grande partie en centre ville, drainent une économie en périphérie qui aujourd'hui
fait vivre et pourrit bon nombre de quartiers populaires français.
Il s'agit là tout simplement d'un apartheid économique organisé.
Cet apartheid appauvrit notre pays et s'accompagne de tous les maux
connus dans ces situations et ce partout dans le monde : insécurité, précarité
sociale, éclatement des cellules familiales, pauvreté, maladie.
S'agissant de générations de plus en plus nombreuses, cet apartheid annonce
obligatoirement un séisme générationnel dont les émeutes sporadiques des
dernières années n'ont été que les premiers éléments annonciateurs.
Le séisme de la fin de vie.
Le débat sur les retraites a posé la question macro-économique de survie et
de financement de notre système de solidarité entre les générations.
Il est de l'essence même du projet de pacte Générationnels, de poser de manière
constante la question de la solidarité financière entre les Générations pour ne
laisser ni les plus jeunes, ni les plus vieux , ni les exclus de côté.
Il est également de notre devoir de poser les bonnes questions philosophiques
quant au traitement de nos anciens dans notre société.
Il sera de la responsabilité des futurs retraités d'assumer demain les choix
d'aujourd'hui.
Il ne faut pas opposer le financement de la « vieillesse » à celui de la « jeunesse »
puisque les sociétés les plus avancées financent tout simplement bien les deux!
C'est justement cette tentative d'écartèlement qui nous pousse à proposer un pacte
pour éviter un séisme social.
En effet, comment peut-on imaginer une société moderne qui laisserait aux
anciens le soin d'assurer le financement de leur fin de vie et de leur retraite ?
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Pourquoi le pacte avant le séisme
Quelles seraient leurs réponses légitimes aux jeunes générations demandant à ce
qu'on les aide à financer leur début de vie active et leur éducation, ou de les
accompagner dans la garde de leurs jeunes enfants?
Cette société où chaque génération s'occuperait d'elle-même serait
l'aboutissement d'une logique libérale implacable « du chacun pour soi »,
transposée à des groupes sociaux.
Notre société n' a tout simplement jamais expérimenté cette situation mais le
diagnostic par contre est connu de tous
Le financement des retraites n'est pas assuré puisque la chute du taux d'actifs
combiné avec le poids futur de la dette le rend de plus en plus difficile, sauf à
penser que les jeunes actifs seront de plus en plus taxés dans le futur.
La génération du baby boom ne renoncera pas quant à elle au « principe de
plaisir » et n'acceptera pas un asservissement familial rendant les grands-parents
directement responsables de la garde de leurs petits-enfants en contrepartie de
leur propre « Care » par la famille.
Ce qui est possible dans certaines sociétés latines ou africaines ne sera pas
possible ni souhaitable en France.
Cette génération subira donc, de plein fouet, l'impact de la fin de vie de manière
longue et massive.
La question du coût de la petite enfance et de l'éducation pour tous n'ayant pas
encore été résolue, voici donc que se pose déjà la question du financement de la
fin de vie d'une génération plus nombreuse et vivant plus longtemps.
Les deux dernières années de la vie représentant généralement 50 % du coût de la
santé sur une vie: le mur semble déjà insurmontable.
C'est une des raisons pour laquelle nous parlons ici de séisme social lié à la
fin de vie.
Faut-il accepter que cette génération sur-épargne et se sur-enrichisse pour que le
jour venu, elle auto-finance sa fin de vie? Ou faut-il dès maintenant mettre en
place un réel système de solidarité qui ne passe pas uniquement par la famille?
Devrons-nous accepter voire imposer implicitement un exil des plus vieux
dans des pays du Maghreb notamment afin d'aller chercher les soins et le
soleil à portée de bourse?
Nous pouvons dans un scénario imaginer que dans 20 ans, seuls les plus aisés et
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Pourquoi le pacte avant le séisme
les propriétaires immobiliers pouvant gager leurs biens, puissent réellement
assumer une fin de vie décente dans le système français et qu'une catégorie de la
population, n'ayant pas les moyens de se payer le système de santé français, opte
pour un exil économique.
N'oublions pas que la génération du baby boom a également été touchée par le
divorce et que les grands-parents isolés avec une seule pension seront légions.
Dans ce contexte, il existera également un appauvrissement en fin de vie après 75
ans, situation que certains ne pourront assumer sur notre territoire.
C'est pour anticiper ce possible séisme social que nous proposons dès
maintenant un nouveau pacte social Générationnels
Le séisme générationnel dans l’entreprise
Le débat sur les retraites a également fait resurgir de vieux démons.
Les jeunes, dans le discours gouvernemental, n'étaient pas concernés par les
retraites: il s'agissait schématiquement d'un problème de vieux devant travailler
plus longtemps.
La question des vieux devant travailler plus longtemps était quant à elle réglée
sans poser la question de comment travailler plus longtemps!
Était-ce physiquement possible finalement pour un grand nombre de travailler
jusqu'à 67 ans ?
Était- ce souhaitable de faire coexister 4 générations au sein des entreprises et
administrations?
Toutes ces questions n'ont pas été, jusqu'à aujourd'hui, posées de manière précise,
sur les plans sociologique, psychologique et micro-économique.
Elles seront développées dans le pacte social générationnel.
La problématique réside donc plutôt ici dans la question « micro » de comment
travaille-t-on plus vieux concrètement?
L'entreprise sera-t-elle un lieu de chocs générationnels voire culturels?
Comment organise-t-on concrètement la co-existence et le passage du témoin?
Il ressort dans la pratique que les plus vieux et les plus jeunes ne travaillent pas
ensemble spontanément.
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Pourquoi le pacte avant le séisme
L'apprentissage se fait par strates générationnelles successives.
Les plus vieux dans l'entreprise auront ainsi plus une fonction mémorielle voire
éthique qu'une fonction uniquement productive.
Qui peut, en effet, croire qu'une personne âgée de 65 ans dans une entreprise de
service ou industrielle moderne est la mieux placée pour former des jeunes de 20
ans à des process totalement transformés par les nouvelles techniques ? .
Tout cela nous conduit à casser les clichés d'un espace ouvert naturellement
à tous et pour tous.
Il est par ailleurs très clair, que si les entreprises sont obligées de faire travailler
plus longtemps des personnes qui partent aujourd'hui à 55 ans, elle devront y
investir des moyens et revoir intégralement leur charge et rythme de travail.
Penser que cet investissement sera spontanément favorable au recrutement des
jeunes et à l'amélioration des conditions de travail des quadras peut paraître
illusoire.
Le séisme social qui se prépare conduira à effectivement définir un nouveau
pacte au sein des entreprises respectueuses des compétences et de la
productivité réelle de chacun.
Ce pacte conduira nécessairement à envisager un jour que l'on gagne peut-être
moins bien sa vie à 60 ans qu'à 45 ans, en fonction de sa charge familliale, quitte
finalement à moins travailler. En somme, que l'on bascule d'une notion de temps
de travail vers une notion de rythme de travail différent, avec un revenu
proportionnel.
Les mentalités n'ont pas été préparées à cette révolution générationnelle au
sein des entreprises et administrations. Elle sera aussi importante, sinon
plus, que la mise en place des 35 heures a pu l'être.
C'est la raison pour laquelle nous proposerons un pacte social
générationnels.
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Pourquoi le pacte avant le séisme
LE SEISME CULTUREL GENERATIONNEL(S)
Nous ne sommes pas les seuls en Europe à vivre potentiellement cette
problématique liée notamment au chômage des jeunes ou aux quartiers
populaires.
Des pays comparables au nôtre, comme l'Espagne ou l'Angleterre, connaissent
ces zones de relégations.
Elles s'inscrivent néanmoins dans des modèles culturels identifiés qui paraissent
mieux assumés que le nôtre. Un royaume fédéraliste pour l'Espagne, un royaume
communautariste pour l'Angleterre.
Le système français a la particularité de ne pas avoir anticipé ni absorbé le choc
culturel lié notamment à sa nouvelle génération d'immigrés issue de son ancien
empire colonial.
Le séisme culturel et l’exemple d'une « street culture » à la française.
Les quelques lignes précédentes nous ont permis d'aborder sous un autre
angle la question culturelle.
En effet, plutôt que de considérer qu'une nouvelle culture était née dans les
années 80 dans nos quartiers populaires et que cette culture était entrée en
résonance avec un phénomène culturel mondial venu des Etats Unis la Street
Culture- elle-même née en partie de la culture Hip Hop-, nos élites culturelles ont
relégué au rang des pratiques barbares et épiphénoménales les pratiques
culturelles de toute une génération de plus en plus nombreuse.
Elles ont tout simplement refusé de voir qu'un nouveau marché s'ouvrait pour
tout ceux qui voudrait le conquérir.
Elles sont passées ainsi à côté d’une nouvelle expression de la culture
française.
Ces pratiques se sont donc développées en marge de l'institution ; comme toute
chose a un bon côté, c'est certainement parce qu'elles se sont développées en
marge, qu'elles ont su saisir et révéler l'air du temps et ont atteint ainsi une
excellence artistique.
Elles sont devenues en quelques années extrêmement populaires auprès des
générations qui ont aujourd'hui entre 10 et 40 ans.
Elles ont par ailleurs prospéré grâce à l'usage, souvent clandestin, de l'espace
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Pourquoi le pacte avant le séisme
public et des nouvelles technologies.
Nous pouvons donc parler aujourd'hui d'une nouvelle culture de masse
française.
D'un point de vu purement culturel, cette situation est intéressante et relèverait
d'un cas d'étude de « cultural studies »
En effet,comme le soulignait dernièrement un article du Parisien, la France est
peut-être un des derniers pays au monde où la principale chaîne de télévision,
quand il s'agit de présenter les chansons de l'année, n'invite aucun artiste de rap
sur ses plateaux alors que ces derniers trustent les premières places de vente
de disques et que leur pères anglo-saxons et particulièrement américains
sont tout simplement à la tête de l'entertainment mondial!
Cette situation révèle tout simplement un apartheid cette fois culturel qui
entretient l'idée de l'existence de deux France imperméables l’une à l’autre. .
Une première France blanche et traditionnelle qui s'opposerait à une nouvelle
France jeune et métissée!
Nous soutenons aujourd'hui que cette image ne reflète pas la pratique culturelle
collective réelle, puisque la société dans son ensemble a évolué et s'est ouverte.
Cet apartheid culturel est tout simplement le miroir de la société médiatique
française sclérosée et renfermée sur elle-même et ses élites.
Nous rappellerons ici un chiffre qui parle de lui-même : la moyenne d'âge
des téléspectateurs des chaînes de télévision du service public dépasse 53 ans.
Mais nul ne dit que même à cet âge moyen, les téléspectateurs seraient
incapables d’apprécier le hip hop. Simplement, personne ne le leur a
demandé !
Le séisme culturel et la jeune civilisation digitale
Nous sommes entrés dans un millénaire qui voit la civilisation digitale abolir les
frontières de la communication et révolutionner les modes de consommation ainsi
que le commerce mondial.
2 chiffres simples : Facebook a conquis plus de 500 millions de membres en 5
ans. La part du commerce mondial sur l'internet, qui n'existait pratiquement pas il
y a 15 ans, atteindra près de 15 % des échanges dans 10 ans .
Bruno Laforestrie 17
Pourquoi le pacte avant le séisme
Les pays ex-émergents (Chine, Brésil) sont devenus des puissances culturelles à
part entière après avoir conquis leurs galons de puissances économiques.
C'est leur modèle, tourné vers la jeunesse et l'entrepreneuriat qui triomphe. La
seule lecture de l'ouvrage central de Frédéric Martel « Mainstream » permet de
comprendre où se situe le vrai pouvoir culturel mondial , celui dit du « soft
power » aujourd'hui.
Rappelons que l'avènement de la société de consommation, après la seconde
guerre mondiale, et son excroissance naturelle, les centres commerciaux, s'est
accompagné de l'invention de la publicité à l'américaine et de sa diffusion
massive sur un nouveau mode de communication : la télévision.
Nous retrouvons aujourd'hui exactement le même triptyque :
Culture, Distribution, Communication.
Cela nous permet d'affirmer, sans risque, qu'une révolution culturelle mondiale
est en cours, prémisse d'une révolution industrielle déjà commencée.
Quelle position la France adopte-t-elle face à cette mutation ?
Quelle réponse les élites culturelles y ont-elles apportée?
La France n'est tout simplement pas entrée de plain-pied dans ce nouveau concert
culturel mondial.
Elle a au niveau digital inventé la « carte musique jeune » et l'Hadopi. L'UMP:
les créateurs du possible déjà disparus...
Autant de contre-mesures à contre courant qui ont fait pschitt et qui révèlent la
médiocrité de la politique de notre pays dès lors qu’on parle du numérique et des
technologies nouvelles. .
Sur le plan culturel, elle adopte une stratégie d'importation de touristes venant
visiter nos monuments, une stratégie patrimoniale ayant des retombées
économiques immédiates sur notre hôtellerie/restauration.
Elle déserte néanmoins, progressivement et durablement, l'imaginaire collectif
des jeunes africains ou des jeunes arabes sans parler des brésiliens ou des chinois.
Ses atermoiements durant les révoltes de la jeunesse du Monde arabe n’en est
qu’une illustration supplémentaire.
La France a peut-être gagné la bataille pour que des chinois viennent en
Bruno Laforestrie 18
Pourquoi le pacte avant le séisme
grand nombre la visiter quelques jours. Elle est en train de perdre le combat
de la francophonie et de l’influence culturelle durable pour toute une
génération de futurs consommateurs et leaders mondiaux.
Au-delà de ces questions internationales, cette aversion, à promouvoir les
cultures populaires et le manque de vision de la part des grands médias du
service public aura eu de grandes conséquences sur notre sentiment national.
Le séisme culturel et identité nationale
Le renforcement de l'idée que deux France s'opposent a nourri l'imaginaire de
toute une génération qui n'habite pas, loin s'en faut, exclusivement dans les
quartiers populaires.
Il suffit de lire les textes de certains leaders de cette génération à l'image de
DIAMS, de Kery James ou plus récemment de Sexion d'Assaut pour comprendre
cet écartèlement.
Cet écartèlement culturel qui touche une majorité de 13-35 ans, n' a pas été
compensé par une adaptation culturelle du système éducatif, ni dans son
organisation ni dans son contenu.
Le fait que dans une région comme l'Ile de France près d’un jeune de moins de
25 ans sur 3 soit issu de l'immigration n' a pas été pris en compte dans l'offre
éducative et culturelle.
Vouloir trop uniformiser sans renouveler l'offre pousse à des
incompréhensions que le débat sur l'identité nationale n'a rendu que plus
hystériques.
Effectivement, la question de la pratique de l'Islam par exemple se pose de
manière nouvelle et originale, compte tenu d'une grande proportion de jeunes et
moins jeunes la pratiquant dans nos grandes villes.
Cette évolution ne doit pas être assimilée à un danger mais à un changement
profond dans la sphère privée de la société française. Ce changement
provoquera une évolution des mentalités, comme l'ont provoqué à leur
époque l'avènement du divorce de masse, l'émergence des familles
recomposées ou bien l'officialisation des couples gays.
Le pacte culturel générationnel l'analysera comme tel et inscrira des propositions
visant à rapprocher les positions sur ce sujet.
De même, la question de la mémoire culturelle, liée intrinsèquement aux histoires
Bruno Laforestrie 19
Pourquoi le pacte avant le séisme
familiales, devra être posée de manière originale.
Au final, c'est cette question culturelle au sens large, ciment de toute société,
qui doit être repensée au niveau national, ce qui malheureusement n'a pas été
fait depuis l'arrivée de la gauche au pouvoir en 1981.
Or, on voit à quel point elle sert d'outil puissant de transformation au niveau local
et régional et dynamise formidablement des territoires quand elle s'insère dans
une bonne dynamique sociale.
En résumé, nous ressentons aujourd'hui des tensions culturelles
importantes. Cette série de secousses, à la fois nationales et internationales,
mal comprises peuvent engendrer un séisme culturel en France
Cela nous pousse à placer la question culturelle au centre de la réflexion du
pacte Generationnel(s) puisque nous estimons qu’il n’y aura pas une double
alternance Politique sans une double aternance Culturelle.
Bruno Laforestrie 20
Pourquoi le pacte avant le séisme
LE SEISME POLITIQUE GENERATIONNEL(S).
« Nous sommes un collectif de femmes et d'hommes, concernés par les questions
publiques et politiques, qui n'en ont pas fait leur métier au sein d'un parti
politique. »
Nous expliquions, en préambule, que nous n'exercions pas notre intérêt pour les
questions publiques et politiques au sein d'un parti politique. Il est temps de
donner une explication sur ce point.
En effet, le fait de militer au sein d'un appareil politique voire d'un syndicat
n'apparaît plus naturel ni obligatoirement utile à une immense majorité de notre
génération.
Nous avons déjà évoqué la fin des grandes idéologies, la déception provoquée
par les alternances....
Cela fait certainement partie des grandes raisons mais la vrai explication de
notre démarche est peut-être beaucoup plus personnelle: nous n'avons pas été,
nous ne sommes pas ou ne pensons pas que nous serions forcément heureux et
utiles au sein d'un grand parti national.
Nous militons pour l'alternance politique, nous nous situons donc plutôt à
gauche de l'échiquier. Nous proposons des mesures de gouvernement, nous
sommes dans une logique d'exercice du pouvoir non pas individuellement mais
collectivement.
Nous nous intéressons donc ici plutôt aux partis d'alternance qui exercent déjà
un pouvoir local.
Pourquoi n'avons nous pas l'envie de faire parti du premier cercle de militants de
ces partis: nous avons l'impression tout simplement de ne pas être à notre place
malgré la passion qui nous anime et nos expériences et compétences respectives.
Est-ce uniquement de notre responsabilité ? Nous ne le pensons pas
Ces partis ont-ils fait quoi que ce soit pour nous garder ou nous associer
indirectement à leur action et réflexions : Non!
Ont-ils appelé à des contributions novatrices ? Ont-ils accepté ou suscité des
prises de risques ? Ont-ils vraiment tendu la main aux jeunes, aux pauvres, aux
exclus ? NON.
La situation ne peut plus durer. Puisqu’ils ont besoin de vous, électeurs de
Bruno Laforestrie 21
Pourquoi le pacte avant le séisme
gauche, pour départager leurs leaders, nous allons les aider.
Nous ne le ferons néanmoins pas sans contreparties démocratiques.
Plus de 4 millions de personnes se sont dites intéressées à participer à ces
fameuses primaires, nous allons les accompagner dans leur réflexion et leur
choix.
Nous demanderons juste à ce que chacun des leaders concourant s'engage à
signer un pacte Générationnels et que dans ce pacte, ils acceptent une
modification profondes de leurs habitudes et réflexes.
Nous demandons tout simplement qu'en contrepartie de notre participation
active, ils s'engagent à acter l'abolition de leurs privilèges.
A défaut, nous sommes persuadés que nous revivrons un séisme politique aussi
violent qu'en 2002 quelle qu'en soit la forme.
Séisme politique et personnel politique.
Le premier sujet central est la question générationnelle.
La moyenne d'âge à l'assemblée nationale a largement dépassé les 60 ans, celle
des sénateurs 65 ans. Comment peut-on globalement légiférer avec une
représentation aussi décalée par rapport à la société? Cette la question
démocratique centrale que nous voulons porter.
Les partis de pouvoir à gauche, et particulièrement le parti socialiste, ont failli
ainsi à leur devoir de représentation de la société française. S'ils avaient été
exemplaires, et si la composition du groupe socialiste à l'assemblée était
radicalement différente de celle de l'UMP, nous aurions pu nous projeter, nous
aurions pu essayer le mercredi à la télévision de trouver des gens qui nous
ressemblent.
Non pas physiquement, la question de la pluralité ethnique étant bien entendu
encore plus choquante. Non, tout simplement humainement dans le sens de
l'expérience partagée.
Nous n'avons pas eu la même expérience de vie que celle de nos parents. Et
quand on a entre 20 et 40 ans, les députés français ont en moyenne l'âge de
nos parents ou de nos grands parents.
Cela provoque en nous une surprise et une méfiance qui est certainement une des
Bruno Laforestrie 22
Pourquoi le pacte avant le séisme
premières raisons qui rend notre adhésion difficile.
Néanmoins, en supposant que nous arrivions à dépasser cet obstacle et à nous
intéresser finalement aux dirigeants du Parti Socialiste par exemple, à l'assemblée
des socialistes, le conseil national, qui regroupe 300 personnes
représentatives des militants et dirigeants socialistes.
Nous arriverions exactement à la même conclusion, c'est-à-dire à la stricte
reproduction de la déviance démocratique que nous connaissons à l'Assemblée
Nationale: une assemblée blanche et âgée.
Au-delà de la question générationnelle, si nous nous posions la question de la
représentation socio-culturelle, nous réaliserions finalement que les 300 membres
du conseil national du PS sont quasiment tous dirigeants d'exécutifs locaux,
détenteurs collectivement d'un pouvoir économique colossal qui se chiffre en
centaine de milliards d'euros.
Nous posons ainsi la question de la place du Tiers Etat
Nous n'avons ici aucune vision populiste. Nous ne croyons pas à un déterminisme
individuel qui associerait un âge, ou une fonction, à des qualités personnelles.
L'histoire est trop faite de contre exemples.
Nous croyons tout simplement que les exécutifs, quand ils sont faits d'inégalités
criantes, doivent les corriger. La question de la parité en politique par exemple, a
été portée pendant des années.
Elle a fait l'objet d'une loi qui, sans corriger définitivement ce travers
démocratique, l'a profondément modifié
Nous croyons qu'il est temps de poser la question du renouvellement
générationnel et socio-culturel au sein des futurs exécutifs et proposons que des
mesures de veille et de comptage soient inscrites dans le pacte politique
générationnels
Mais cela ne suffira pas, il nous faudra acter l'abandon des privilèges pour rester
crédibles.
Le séisme politique et l'abandon des privilèges
Cette formule, au regard de notre passé national révolutionnaire, pourrait bienentendu être « mal » comprise sans reparler des privilèges dont nous parlons. Il
n’y a théoriquement plus de « privilèges » d’ancien régime.
Nous parlons ici tout simplement de règles élémentaires qui nous sont
appliquées dans notre immense majorité en tant que travailleurs et citoyens.
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Pourquoi le pacte avant le séisme
Les élus et dirigeants sont dépositaires d'une autorité et d'un pouvoir
démocratique. Ils sont à ce titre redevable envers la communauté. La seule
sanction démocratique ne suffit pas à donner un blanc-seing à l'action d'un
dirigeant politique.
La question éthique doit être remise au centre du futur dispositif et cette
question éthique demande tout simplement à ce que les comportements
contraires à l'intérêt général puissent être corrigés.
La question qui se pose à nous, est donc la capacité de partis politiques,
réformistes et éthiques, à se doter d'instances de surveillance et de sanction
indépendants.
Comment peut-on imaginer inscrire dans un programme politique, visant à
moraliser le capitalisme, des mesures de contrôle et de contrainte voire des
mesures de sanctions financières en direction des dirigeants d'entreprises sans
s'appliquer ces règles à soi-même.
Il en va de la crédibilité des futurs candidats aux primaires de l’alternance
de nous proposer des mécanismes précis et transparents pour tout
simplement nous redonner confiance.
L'abolition des privilèges que nous demandons est donc finalement simple.
Il s'agit tout simplement pour nous, de profiter de ce nouvel espace démocratique
que seront les primaires, pour pousser les futurs partis de gouvernement à une
transformation profonde.
Nous inscrirons ces mesures dans notre pacte politique générationnel.
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Pourquoi le pacte avant le séisme