Rapport final Etude sur le métier de l`enseignant communautaire au

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Rapport final Etude sur le métier de l`enseignant communautaire au
PROGRAMME DE SUBVENTIONS ROCARE POUR LA RECHERCHE EN EDUCATION
EDITION 2008
LE METIER D’ENSEIGNANT COMMUNAUTAIRE : PROFIL DE
L’EDUCATEUR ET IMPACT SUR LE SYSTEME EDUCATIF BENINOIS
EQUIPE DE RECHERCHE :
S. Alban Gilles KAKAI
- Chercheur principal
- Chercheur à l’OAEDHD
- Membre du ROCARE
Raoul LEGBA
- Co-chercheur principal
- Membre du ROCARE
Bruno GANSA
- Chercheur
- Membre du ROCARE
Rogatien TOSSOU
- Chercheur
Naïm Deen SALAMI
Parrain scientifique de la recherche
Naïm Deen SALAMI
Coordonnateur National du ROCARE
PAYS : Bénin
Recherche financée par le
Réseau Ouest et Centre Africain de Recherche en Education (ROCARE)
avec du soutien du projet Centre d’Excellence Régionale UEMOA
et du Ministère des Affaires Etrangères des Pays Bas
ROCARE / ERNWACA • Tel: (223) 20 21 16 12, Fax: (223) 20 21 21 15 • BP E 1854, Bamako, MALI
Bénin • Burkina Faso • Cameroun • Centrafrique •Côte d’Ivoire • Gambie • Ghana • Guinée • Mali • Mauritanie • Niger •
Nigeria • Sénégal • Sierra Leone • Togo
www.rocare.org
LISTE DES SIGLES, ACRONYMES ET ABREVIATIONS
ADEA
APE
BAC
BEPC
CAP
CEAP
CEP
CE1
CE2
CI
CM1
CM2
CP
CSTB
DDEPS
EC
ENI
EQF
FENAPE
FNUAP
IIPE
JIR
MPPD
MTT
PAS
PTF
REP
ROCARE
SYNECOB
SYNECOB
UNESCO
UNICEF
Association pour le Développement de l’Éducation en Afrique
Associations des Parents d’Élèves
Baccalauréat
Brevet d’Études du Premier cycle
Certificat d’Aptitude Pédagogique
Certificat Élémentaire d’Aptitude Pédagogique
Certificat d’Études Primaires
Cours Élémentaire première année
Cours Élémentaire deuxième année
Cours d’Initiation
Cours Moyen première année
Cours Moyen deuxième année
Cours Préparatoire
Centrale Syndicale des Travailleurs du Bénin
Direction Départementale de l’Enseignement Secondaire [actuelle
Direction Départementale de l’enseignement Maternel et Primaire]
Enseignants Communautaires
École Normale d’Instituteurs
École de Qualité Fondamentale
Fédération Nationale des Associations des Parents d’Élèves
Fonds des Nations Unies pour la Population
Institut International de Planification de l'Education
Jeunes Instituteurs Révolutionnaires
Ministère du Plan, de la Prospective et du Développement
Mobile Task Team
Programme d’Ajustement Structurel
Partenaires Techniques et Financiers
Rapport national sur l’État et le devenir de la Population du Bénin
Réseau Ouest et Centre Africain de Recherche en Éducation
Syndicat National des Enseignants Communautaires du Bénin
Syndicat National des Enseignants Contractuels du Bénin
Organisation des Nations Unies pour l’Éducation, la Science et la
Culture
Fonds des Nations Unies pour l’Enfance
2
SOMMAIRE
INTRODUCTION .......................................................................................................................................4
CHAPITRE I : CADRE THEORIQUE ET METHODOLOGIQUE DE LA RECHERCHE ............................................5
1. Problématique....................................................................................................................................5
1.1Contexte et justification......................................................................................................................5
1.2Hypothèses de travail .........................................................................................................................6
1.3Objectifs de recherche........................................................................................................................6
2. Approche méthodologique .................................................................................................................7
2.1 Etats des lieux ....................................................................................................................................7
2.2 Nature de l’étude.............................................................................................................................10
2.3 Population cible et outils de collecte des données............................................................................10
2.4 Zones d’étude ..................................................................................................................................10
2.5 Taille de l’échantillon .......................................................................................................................10
2.6 Choix des variables...........................................................................................................................11
2.7 Traitement des données ..................................................................................................................13
Chapitre II : PRESENTATION ET ANALYSE DES RESULTATS DE LA RECHERCHE ...........................................13
1. Historique du métier d’enseignant communautaire au Bénin ............................................................13
1.1 Profil historique des enseignants communautaires ..........................................................................13
1.2 Statut socio-économique de l’enseignant communautaire ...............................................................17
1.3 Représentations sociales de l’enseignant communautaire................................................................20
2. Évaluation de l’efficacité de l’enseignement par les enseignants communautaires.............................23
2.1 Profil démographique scolaire du métier d’enseignant communautaire...........................................23
2.2 Niveau de qualification et compétences de l’enseignant communautaire.........................................26
2.3 Analyse des rendements scolaires des élèves encadrés par les enseignants communautaires ..........31
3. Prospective du métier d’enseignant communautaire.........................................................................32
3.1 Développement vocationnel et personnel........................................................................................33
3.2 Motivation des enseignants communautaires pour la fonction enseignante.....................................38
3.3 Objectifs de carrière de l’enseignant ................................................................................................38
CONCLUSION .........................................................................................................................................40
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES...........................................................................................................41
ANNEXES ...............................................................................................................................................44
3
INTRODUCTION
Le développement d'un pays passe nécessairement par une éducation et une formation de
qualité de ses ressources humaines. Depuis1990, suite à la conférence mondiale sur l'éducation
pour tous, toute la communauté internationale a compris qu'il faut davantage investir dans ce
secteur capital pour aller réellement au développement. En effet l’entreprise éducative mobilise
d'importantes ressources pour son fonctionnement d'une part et pour ajuster l'offre à la
demande sociale éducative de plus en plus croissante d'autre part. La mobilisation des
ressources adéquates pour financer l'éducation est donc la pierre angulaire de son
développement. En Afrique subsaharienne et au Bénin en particulier, le financement des
charges de fonctionnement des écoles publiques est un des principaux facteurs des problèmes
éducatifs. Ce financement repose entre autres sur un partenariat entre l’État, les partenaires
techniques et financiers, les Organisations Non Gouvernementales et les communautés à la
base. De fait, les degrés de participation/contribution des différents acteurs à ce financement ne
sont pas statiques dans le temps et dans l’espace. Ils dépendent des conditions politiques,
économiques, sociales et culturelles etc. des États.
La récession économique généralisée et la crise sociopolitique ont conduit de nombreux Etats à
souscrire aux programmes d’ajustement structurel avec la Banque Mondiale et le Fonds
Monétaire International. Ces programmes ont, pour la plupart, l’effet de réduire significativement
les dépenses de souveraineté des Etats souscripteurs dans tous les secteurs de la vie
socioéconomique et politique. La souscription du Bénin à ces programmes d’ajustement en
1980 a eu des conséquences néfastes sur le système éducatif en particulier sur la réduction
quantitative et qualitative du personnel enseignant. En effet, les mesures prises par l’Etat de
geler le recrutement dans la fonction publique, la réduction du nombre du personnel de l’Etat
ainsi que la fermeture des écoles de formation des enseignants sont allées de pair avec la
croissance exponentielle des effectifs scolaires. Les Associations de Parents d’Élèves1
conscientes du désengagement de l’État et de la responsabilité qui est la leur dans l’éducation
de leurs enfants ont élargi les champs de leur intervention dans la gestion des écoles entre
autres : le recrutement du personnel enseignant. C’est ainsi qu’est né le métier d’enseignant
communautaire. Ce métier constitue sans doute une réponse des communautés lassées
d’attendre l’Etat doter en personnel enseignant les écoles publiques. Quel est le profil scolaire
des enseignants communautaires ? Quelles sont les incidences de leur insertion sur l’efficacité
du système éducatif béninois ?
Ces interrogations ont orienté nos réflexions sur le thème « Le métier d’enseignant
communautaire : Profil de l’éducateur et impact sur le système éducatif béninois ». Les raisons
qui sous-tendent le choix de ce thème sont : (1) nombre d’acteurs du système éducatif béninois
pensent que le métier d’enseignant communautaire est la cause majeure de la baisse
d’efficacité (confère par exemple MEPS, 2006) sans toutefois établir les preuves de cette
situation et (2) la genèse de ce métier et le profil des enseignants communautaires ne sont pas
très élucidés. Pour répondre à ces différentes préoccupations, l’étude a combiné les approches
qualitatives et quantitatives.
Nos analyses sur le thème à l’étude s’articuleront autour de trois grands axes :
- Contexte de naissance du métier d’enseignant communautaire ;
- Profil sociodémographique, scolaire et économique des enseignants communautaires ;
- Qualité de l’enseignement donné par les enseignants communautaires et prospective
leur métier.
1
Leur rôle était essentiellement la contribution financière (frais d’inscription et de scolarité) et la fourniture
de moyens humains (main d’œuvre pour les constructions, réhabilitation des bâtiments scolaires, etc.).
4
CHAPITRE I : CADRE THEORIQUE ET METHODOLOGIQUE DE LA RECHERCHE
1. Problématique
1.1 Contexte et justification
Le développement de l’éducation au cours de ces quatre dernières décennies a visé, presque
partout dans le monde en développement, à la démocratisation l’enseignement. En Afrique au
sud du Sahara, les nouveaux Etats indépendants ont initié, soutenu et encouragé de
nombreuses réformes et innovations dont l’objectif visait à la démocratisation des systèmes
d’enseignement. Dans ce domaine, les Etats Africains, à l’instar du Bénin, ont mis en œuvre
une politique volontariste autour d’un idéal de scolarisation universelle qui devait être réalisé en
1970. Il en est résulté un accroissement très significatif des effectifs scolaires à un rythme
estimé à 7% l’an (UNESCO et IIPE, 1989).
Cette expansion des effectifs s’est non seulement souvent faite au détriment de la qualité de
l’enseignement, mais aussi et surtout s’est accompagnée d’une augmentation considérable des
dépenses de l’éducation nationale : construction d’écoles, recrutement et/ou formation
d’enseignants, équipements, matériels didactiques, etc. Mais, les récessions économiques des
années 1970 et 1980 ont contraint de nombreux pays africains à souscrire aux Programmes
d’Ajustement Structurel (P.A.S) du Fonds Monétaire International et de la Banque Mondiale. Au
Bénin, cette situation s’est manifestée, en 1986 par le gel du recrutement des agents à la
fonction publique alors qu’en raison de la politique nationale basée sur l’idéologie marxisteléniniste, l’Etat révolutionnaire était resté essentiellement l’unique employeur. Par ailleurs, on
note :
une faiblesse de l’investissement dans la qualité des enseignements et des
apprentissages, notamment dans son volet relatif à la requalification et à la formation
continue des enseignants ;
la fermeture progressive des écoles de formation des enseignants (écoles normales
d’instituteurs, école normale supérieure, etc.) de 1999 à 2006 ;
un retard dans la mise en place d’un dispositif permettant une participation accrue du
secteur de l’enseignement privé à relever, avec le secteur public, les défis quantitatifs et
qualitatifs ;
le manque en personnel enseignant surtout qualifié pour assurer l’accompagnement des
apprenants.
Face à ces contraintes, les acteurs des écoles aussi bien en milieu rural qu’en milieu urbain, ont
développé des stratégies d’adaptation à la situation ainsi créée : classe à double vacation,
classe multigrade (cumul de deux cours au moins dans une même salle de classe (CI avec CP ;
CE1 avec CE2 ; CM1 avec CM2 ou encore CP avec CE2 ; CI avec CE1). Mais, le plus
dramatique qui dépasse de loin les prérogatives et les moyens de ces écoles sont les salles de
classe sans enseignant ; etc. On dénombre plus de 5200 salles de classe dans cette situation
en 2003 malgré l’augmentation exponentielle du budget que l’Etat a consacré à l’éducation et la
reprise – certes timide - du recrutement des enseignants contractuels par la fonction publique
depuis 1994 (MEPS, 2005).
Pour pallier ces difficultés et tenter de combler ce vide laissé par l’Etat, les communautés, à
travers les Associations de Parents d’Elèves (APE) recrutent et rémunèrent depuis plusieurs
années, des personnes lettrées du milieu ou des diplômés sans emploi généralement sans
qualification professionnelle requise et de niveaux d’instruction variés (Brevet, BAC ou sans
diplôme) pour ‘’tenir ‘’ces classes sans enseignant. On les appelait au départ des " répétiteurs" ;
ils ont pris ensuite la dénomination - aujourd’hui consacrée – d’"enseignants communautaires"
5
(c’est-à-dire enseignant recruté par la communauté). On peut alors se poser la question de
savoir : quelles sont les représentations sociales des différents acteurs sur l’enseignant
communautaire ?
Malgré les actions d’abord discrètes puis de plus en plus engagées de l’Etat2, l’on ne peut
s’empêcher de constater la dégradation continue de la qualité de l’enseignement à travers la
baisse de plus en plus préoccupante des niveaux des apprenants. Les acteurs du système
éducatif (enseignant agent permanent d’Etat, inspecteur et conseiller pédagogique) pointent un
doigt accusateur sur cette pratique dite de l’autruche. Par ailleurs, ils placent l’utilisation dans
l’enseignement de cette catégorie d’enseignants au nombre des principales causes de cette
baisse de niveau et de la mauvaise qualité de l’enseignement et des apprentissages scolaires.
Toutefois, les enseignants communautaires et les autres enseignants régulièrement engagés
sans qualification forment plus de la moitié des effectifs du corps enseignant au plan national en
2005 (MEPS, 2005).
Mais qui sont-ils, ces enseignants dits communautaires ? Quelles sont leurs conditions de travail
et de vie ? Quelle est leur conception de la profession enseignante ? Représente-t-elle pour eux
une profession ou un travail ? Quel est leur statut social au sein des communautés dans
lesquelles ils exercent en tant qu’éducateurs ? Quels sont leurs besoins et leur motivation ? Que
peut-on attendre d’eux en termes d’efficacité ou de contribution à l’amélioration de la qualité du
système éducatif ? Dans quelle mesure et de quelle manière la formule de l’enseignant
communautaire affecte-elle la qualité de l’éducation ? Quelles perspectives peut-on avoir du
métier d’enseignant communautaire ?
1.2 Hypothèses de travail
1- Le profil sociodémographique des enseignants communautaires est méconnu par les
acteurs du système éducatif et les décideurs politiques ;
2- En tant que groupe social, il existe une représentation sociale de l’enseignant
communautaire ;
3- Les enseignants communautaires de par leur niveau de qualification fragilisent davantage
l’efficacité interne du système éducatif béninois ;
4- Avec leur poids numérique et le besoin qu’ils viennent combler, il y a un devenir
professionnel pour l’enseignant communautaire.
1.3 Objectifs de recherche
L’objectif général est d’étudier les représentations sociales de l’enseignant communautaire à
travers son profil d’éducateur, sa vocation d’enseigner et son impact sur l’efficacité interne du
système éducatif béninois.
Les objectifs spécifiques sont :
1- Identifier le profil de l’enseignant communautaire ;
2- Mettre en relief les représentations sociales de l’enseignant communautaire dans sa
communauté d’appartenance ;
3- Evaluer la contribution du métier d’enseignant communautaire à la qualité du système
éducatif ;
4- Faire la prospective du métier d’enseignant communautaire.
2
Aide financière aux APE, recours aux ONG et organismes de coopération bi et multilatérale pour le
financement de la formation
6
2. Approche méthodologique
La démarche méthodologique du présent travail de recherche comporte les étapes suivantes :
2.1 Etats des lieux
L’éducation est un moteur du développement. C’est sans doute dans cette logique que Scheuer
et al. (2003), écrivaient : « éduquer c’est transmettre un patrimoine, apprendre à apprendre,
encourager l’autonomie, susciter la créativité, former, initier, aider à grandir. Trouver le juste
équilibre ou plutôt comme dans la marche, le perpétuel déséquilibre qui permet d’avancer ». Il
apparaît alors que l’éducation d’une société humaine n’est pas une tâche facile. Ce qui semble
justifier les crises d’éducation (par exemple le recrutement du personnel enseignant non
qualifié) dans le monde en général et en particulier en Afrique depuis les indépendances.
2.1.1 Situation en Europe et en Amérique
L’utilisation du personnel enseignant non qualifié, peu qualifié ou sans formation pédagogique
formellement requise dans le système éducatif n’est pas une donne propre à l’Afrique. Nombre
de pays du monde ont enrôlé une part significative d’enseignants n’ayant pas le niveau de
qualification de référence pour enseigner. C’est le cas des enseignants communautaires en
Allemagne3 et des répétiteurs bénévoles en Amérique (BID Amérique, www.aidb.org). Mais, « le
problème de la qualification semble cependant se poser de manière plus aiguë en Afrique
qu’ailleurs. Ainsi, on constate […] que dans la plupart des pays du monde, le niveau de
recrutement officiel d’un enseignant du primaire est équivalent à la fin du Secondaire (ou plus).
Dans la majorité de pays d’Europe, d’Asie de l’Est et du Pacifique et des Caraïbes la (quasi)
totalité des enseignants possède ce niveau de qualification. C’est en Afrique sub-saharienne
que la situation est la plus critique » Gottelmann-Duret et Segniagbeto (2007).
2.1.2 Situation dans les sous-régions ouest et centre africaines
En Afrique subsaharienne, « […] environ un enseignant sur cinq n’a pas le niveau de
qualification minimal requis, avec de fortes variations entre les pays cependant : cette proportion
s’élève à deux tiers au Tchad, environ 40 % au Bénin et 0 % au Gabon par exemple » UNESCO
(2006). Cette situation justifie la création des écoles communautaires au Togo, au Mali et au
Sénégal dans la décennie 1990-2000 et plus précisément au Niger à partir de 1995. « On
appelle école communautaire, les écoles créent par les communautés villageoises ou plus
rarement par les associations locales de quartier. Ces écoles sont placées sous l’autorité d’un
comité de gestion ou d’un comité de parents mandaté par l’association des parents d’élèves.
Par extension, on considère qu’elles sont administrées par la communauté. […] L’école
communautaire se distingue de l’école publique administrée par le ministère de l’éducation »
Marchand (2000). Les écoles communautaires peuvent être aussi définies comme des
établissements privés d’enseignement de base, à but non lucratif, initiés par les communautés,
pour satisfaire leurs besoins éducatifs (Aide et Action, Plan Niger et Oxfam, 2004). Les
conditions de naissance de ces écoles communautaires (sans statut juridique) sont entres
autres :
- Une demande sociale de l’éducation non satisfaite ;
- Un constat de carence de l’Etat ;
- La mobilisation villageoise ;
- La décision de créer une école avec les moyens de bord.
3
Article 96 du décret du 27 mars 1991 relatif au statut de certains membres du personnel de
l'enseignement communautaire et l’arrêté du Gouvernement flamand du 12 juillet 1995 portant des
mesures spéciales en faveur des membres du personnel de l'enseignement communautaire employés en
Allemagne
7
Au Niger par exemple, selon Aide et Action (2004), l’école communautaire serait née à Galbal,
village situé à quelques 15 km au Nord - Est de Niamey au cours de l’année scolaire 1995-1996.
En effet, le premier projet d’école communautaire serait l’heureuse initiative de Maïmouna Djibo,
une ménagère analphabète du village. Il définit l’école communautaire comme une école qui est
créée par la communauté et pour la communauté. Celle-ci prend entièrement en charge les
éducateurs qui ne font pas partie des effectifs reconnus par le Ministère de l’Éducation de Base
1 et de l’Alphabétisation. Ils bénéficient cependant de l'appui-conseil des inspections de
l’enseignement de base.
Toutefois, ces modèles d’école communautaire ne sont pas les plus vieux en Afrique. Il existait
dans d’autres pays comme le Tchad depuis 1982, des écoles communautaires. En effet, selon
SEID (2007), le recours à des enseignants sans formation initiale est une des conséquences de
la crise sociopolitique que le pays a connue de 1979 à 1982.
Encadré n°1 : Naissance et évolution de l’école communautaire au Tchad
Après le retour relatif de la paix en 1982, le gouvernement de l’époque prît la décision de relancer les
activités socio-économiques dans le pays, en particulier la réouverture des écoles. Comme l’État manquait
de moyens humains et financiers, les parents se sont organisés au niveau communautaire pour créer des
écoles dites « spontanées » et recruter des personnels pour y enseigner. Les écoles ainsi créées ainsi que
leurs enseignants étaient entièrement à la charge des parents organisés en Association des Parents
d’Élèves (APE). Au fur et à mesure que la situation du pays se redressait, certaines de ces écoles, à la
demande des parents, furent officialisées. Mais compte tenu de la demande sociale d’éducation toujours
croissante, l’État n’avait pas les moyens d’officialiser toutes ces écoles spontanées qui se dénombraient par
milliers. Pour la plupart, ces enseignants étaient recrutés localement et parmi les ressortissants du village.
Cette période dura plusieurs années. Les enseignants de ces écoles appelés « maîtres bénévoles » étaient
peu rémunérés et souvent en nature (mil, sorgho, arachides). Malgré toutes les contraintes d’ordre social,
l’engagement des parents de plus en plus organisés en associations ne faiblît pas, bien au contraire. Cet
engagement des parents en faveur de l’éducation de leurs enfants amènera l’État, appuyé par ses
Partenaires Techniques et Financiers (PTF), notamment la Banque Mondiale, à organiser en 2000, un
séminaire national sur la valorisation des initiatives communautaires en éducation. Au terme de ce
séminaire, une Fédération Nationale des Associations des Parents d’Élèves (FENAPET) a été créée. En
2001, un protocole définît le rôle de chaque partenaire. Ainsi, l’État assure la formation des APE en matière
de gestion des ressources. L’État assure également une formation pédagogique aux enseignants recrutés
par les APE. De plus, l’État accorde une rémunération complémentaire aux « maîtres communautaires »
suivant des quotas annuels. Les critères de prise en charge par l’État sont les suivants :
- L’APE demandeuse compte des femmes en son sein ;
- L’APE recrute des enseignants ayant le niveau requis pour enseigner (BEPC ou classe de 4ème au moins
pour les enseignantes).
Parallèlement à l’emploi des maîtres communautaires, la formation d’instituteurs bacheliers (BAC + 1) se
poursuit dans les 8 écoles normales d’instituteurs que compte le pays.
Source : SEID, L’expérience du Tchad en matière de recrutement d’enseignants du primaire sans
formation initiale. La professionnalisation des enseignants de l’éducation de base : les recrutements sans
formation initiale, Séminaire international : 11-15 juin 2007
Les écoles communautaires dans les pays d’Afrique de l’ouest seraient alors des
‘’reproductions’’ du modèle tchadien. Toutefois, on peut dire que dans le contexte nigérien,
tchadien, togolais et malien, les écoles communautaires sont mises en place et gérées par les
communautés avec un appui technique de l’État à travers les formations et les inspections. C’est
dire alors que l’État reconnaît l’importance de ces écoles. Qu’en est-il alors du contexte
béninois ?
8
2.1.3 Situation au Bénin
Au départ ces enseignants recrutés par la communauté à la base sans aucune qualification
professionnelle étaient appelés ‘’répétiteurs’’ avant de prendre la dénomination d’enseignant
communautaire. La naissance de cette catégorie d’enseignant semblerait combler quelque peu
le vide créé par l’Etat béninois face aux énormes problèmes du système éducatif. En effet, le
Ministère de l’Enseignement Primaire et Secondaire (MEPS, 2005), a souligné des distorsions
entre autres : augmentation du nombre d’écoles de plus du tiers, passant de 2916
établissements à 3956 (soit un accroissement de 35,7 % en cinq années scolaires), entre 1996
et 2001 ; une faible capacité d’accueil des enfants à l’école primaire, liée au manque
d’infrastructures, d’enseignants et de mobilier (mauvais ratios élèves par classe et par
insuffisance d’enseignant : près de la moitié des écoles (48 %) ont des effectifs moyens par
classe supérieurs à 50 élèves, plus d’un quart des élèves (28 %) ne disposent pas de places
assises ; de même, 20 % des écoles ont encore des classes sans maître (le déficit est évalué à
1 066 enseignants au titre de l’année scolaire 2000-2001). Par ailleurs, le personnel enseignant
en poste n’est pas toujours qualifié pour exercer ce métier : 40 % des enseignants présents
dans les salles de classes n’ont pas la qualification professionnelle de base. De fait, ceci suscite
des interrogations en ce qui concerne la qualité du système éducatif car ‘’la qualité de
l'enseignement dépend également de la qualification de l'enseignant’’ Dossou (2004). Ce dernier
souligne que « les parents d'élèves appellent les écoles à ne plus recruter des enseignants
formés sur le tas qui n'ont fait aucune formation. Ils indexent également le métier d’enseignant
communautaire, un palliatif à la pénurie d'enseignants. Ces enseignants, estiment-ils, ont parfois
le même niveau que les élèves ». L’on se demande s’il s’agit des parents d’élèves des milieux
reculés ou bien de ceux des milieux urbains car tout porte à croire que cette solution palliative
semble ne pas perdre sa valeur dans les zones défavorisées. Toutefois, il se pose actuellement
un réel problème d’efficacité interne du système éducatif national eu égard à la tendance
actuelle à la ‘’contractualisation’’ des enseignants communautaires et des contractuels. Ces
deux catégories d’enseignants « […] représentent, dans dix pays d’Afrique francophone, plus de
la moitié, dans certains pays même environ deux tiers du corps enseignant employé »,
Gottelmann-Duret et Segniagbeto (2007).
Pour ce qui concerne les représentations sociales du métier d’enseignant, les travaux ont
abordé pour la plupart la question d’une part sous l’angle des pratiques pédagogiques et
didactiques (Cuet, 2006) et d’autre part sous l’angle du rôle de l’enseignant dans l’école et dans
la société (Fontani, 2004). Cuet (2006) a recensé les métonymies utilisées dans certains pays
européens et asiatiques pour signifier l’enseignant : (1) la tête (avec le cerveau rempli de
connaissances), (2) la main (généralement tendue pour donner ou pour montrer) et (3) les
lunettes (signe d’érudition et de sagesse dus à l’âge, aucun dessin ne représente l’apprenant
avec des lunettes). Selon Fontani (2004), la représentation de l’ « enseignant » par l’enseignant
se présente comme suit : « instruire » et « travail » pour le professeur des écoles non sensibles
et « éduquer » et pédagogie » pour le professeur des écoles sensibles4. Les informations sur le
rôle de l’enseignant et de l’école montrent que le professeur des écoles non sensibles se veut «
transmetteur de savoir » et « pédagogue » et à la question « Quel est le rôle de l’école ? », il
privilégie « expériences et apprentissages », « évaluer et orienter » et « se situer dans le monde
» tandis que le professeur des écoles sensibles est avant tout « éducateur » et « pédagogue »
et affirme que le rôle de l’école est de « pallier aux manques de l’éducation familiale », «
d’intégrer et de former le futur citoyen » et enfin de « développer des capacités ».
4
Les écoles sensibles se situent dans les ZEP (Zone d'Education Prioritaire). Ce sont des zones qui
prévoient des moyens pédagogiques importants, ainsi que des subventions spécifiques pour certains
établissements.
9
Toutes ces sources bibliographiques ont abordé sous divers angles la question de l’utilisation du
personnel enseignant non qualifié dans les systèmes éducatifs aussi bien en Afrique, en Europe
et qu’en Amérique et la question des représentations sociales de l’enseignant. Nous mettrons
en relief dans le cadre de la présente recherche l’efficacité de l’enseignement par les
enseignants communautaires, les représentations sociales de l’enseignant communautaire et la
prospective de leur métier.
2.2 Nature de l’étude
La recherche est à la fois qualitative et quantitative. Ce choix a été fait en fonction des forces et
faiblesses de chacune de ces deux approches (confère ROCARE, MTT et ADEA, 2006).
2.3 Population cible et outils de collecte des données
De par les objectifs de la présente étude, les groupes cibles se présentent comme suit :
Outils
Tableau n°1 : Groupes cibles et outils de collecte de données
Population concernée
Questionnaire standardisé
Guide d’entretien
(focus group)
Enseignant communautaire
Enseignant APE
Personnel d’encadrement (conseiller pédagogique,
Inspecteur)
Elèves
Parents d’élèves
2.4 Zones d’étude
L’enquête de terrain s’est déroulée dans deux départements : Couffo et Atlantique. Les anciens
départements5 du Mono et de l’Atlantique ont enregistré de 1996 à 2001, les écarts en poids les
plus élevés en ce qui concerne la baisse de la qualification du personnel enseignant
respectivement de -30,10% et de -9,97% (MEPS, 2005). Dans chaque département, une
commune a été retenue. Il s’agit des communes rurales de Klouékanmè (département du
Couffo) et de Zè (département de l’Atlantique). Ces deux communes rurales ont été choisies
parce qu’on observe « une disparité régionale en matière d’allocation d’enseignant surtout
qualifiés. En effet, les enseignants agents permanents de l’Etat (APE), les plus qualifiés du
système éducatif béninois sont mutés en grand nombre dans les centres urbains », (MEPS,
2005).
Nous n’avions pas pris en compte certaines zones précédemment sélectionnées dans le projet
de recherche compte tenu de la définition de nouveaux critères de choix des sites d’enquête et
de l’enveloppe financière allouée à l’étude.
2.5 Taille de l’échantillon
Pour l’enquête quantitative, l’application de formule statistique (VIGNIKIN, 2004-2005) nous a
permis de déterminer la taille de l’échantillon : Ni = 290,38 ≈ 230 enseignants
communautaires.
La répartition de la taille de l’échantillon sur les sites retenus est faite suivant l’allocation
proportionnelle : q / Q = Ni / N (avec q la part de l’échantillon allouée à la strate, Q l’effectif total
d’enseignants communautaires de la strate ; Ni l’échantillon tiré et N l’effectif total d’enseignants
5
Actuellement, le Bénin compte 12 départements. Le département du Mono a été divisé en départements
du Mono et du Couffo ; celui de l’Atlantique en départements de l’Atlantique et du Littoral.
10
communautaires). Par exemple pour la commune de Zê, on a : q = (Q*Ni) / N soit q =
(1607*230) / 3423 d’où q(Zê) =108 enseignants communautaires.
Quant à l’enquête qualitative, la méthode d’échantillonnage a été celle du choix raisonné. On a
fait 3 focus group avec chaque fois une dizaine d’élèves soit 30 élèves garçons et filles ont été
interrogés, 6 focus group ont été faits avec les parents d’élèves soit 60 parents d’élèves et pour
le groupe cible des enseignants APE, on a enquêté 20 individus (10 enseignants APE par zone
d’étude).
Tableau n°2 : Taille de l’échantillon
Groupes cibles
Enseignants communautaires
Enseignants APE, Personnel
d’encadrement
Elèves
Parents d’élèves
TOTAL
Taille de l’échantillon
Atlantique
Couffo
108
122
10
30 (3 focus group
soit 3*10 = 30)
30 (3 focus group
soit 3*10 = 30)
10
30 (3 focus group
soit 3*10 = 30)
30 (3 focus group
soit 3*10 = 30)
350
2.6 Choix des variables
Le choix des variables s’est fait en fonction des hypothèses de recherche. Nous avons identifié
les variables dépendantes (ou variables expliquées) et les variables indépendantes (variables
utilisées pour prédire les valeurs d'une autre variable, elle est encore appelée variable
explicative)
- Les variables indépendantes sont : réussite académique des élèves encadrés par les
enseignants communautaires, représentation sociale de l’enseignant communautaire
dans sa sphère sociale, représentation sociale de l’enseignant communautaire dans le
corps professionnel des enseignants, représentation sociale de l’enseignant
communautaire sur son métier, niveau d’études de l’enseignant communautaire, etc.
- Les variables dépendantes sont : profil de l’enseignant communautaire, représentations
sociales de l’enseignant communautaire, niveau de qualification et compétences de
l’enseignant communautaire, qualité de l’enseignement, objectifs de carrière dans
l’enseignement, niveau de motivation pour la fonction enseignante et développement
vocationnel et personnel.
La définition de ces variables nous a permis de réaliser le tableau stratégique suivant :
11
Tableau n°3 : Tableau stratégique
Hypothèses
Objectifs
Le profil sociodémographique des
enseignants communautaires est
méconnu par les acteurs du système
éducatif et les décideurs politiques
Identifier le profil de l’enseignant
communautaire
En tant que groupe social, il existe une
représentation sociale de l’enseignant
communautaire
Mettre en relief les
représentations sociales de
l’enseignant communautaire au
sein de leurs communautés
d’appartenance
Les enseignants communautaires de
par leur niveau de qualification
fragilisent davantage l’efficacité interne
du système éducatif béninois
Evaluer la contribution du métier
d’enseignant communautaire à la
qualité du système éducatif
Variables
Profil de l’enseignant
communautaire
-Historique du métier
-caractéristiques sociodémographiques
-Répartition des enseignants communautaires par genre
- Niveau d’études de l’enseignant communautaire
-Niveau salarial des enseignants communautaires
-Représentations sociales de
l’enseignant communautaire
- Représentations sociales des leaders communautaires du
métier d’enseignant communautaire
-Représentations sociales des enseignants
communautaires sur leur métier
-Niveau de relation pédagogique entre élève et enseignant
communautaire
-Niveau de qualification et
compétences de l’enseignant
communautaire (EC)
-Qualité de l’enseignement
-Objectifs de carrière dans
l’enseignement
Avec leur poids numérique et le besoin
qu’ils viennent combler, il y a un devenir
professionnel pour les enseignants
communautaires
Faire la prospective du métier
d’enseignant communautaire
Indicateurs
-Formation de base de l’enseignant communautaire (niveau
d’études et diplômes ) ;
-Formation initiale en tant que enseignant communautaire ;
-Formation continue (perfectionnement)
-Proportion d’EC enquêtés déclarant avoir la vocation
d’enseigner
-Nombre d’EC ayant un diplôme professionnel
-Nombre de formations reçues par les EC
Cible
EC
EC
Elèves
Parents d’élèves
Enseignant APE
Personnel d’encadrement
(conseiller pédagogique,
Inspecteur)
EC
Elèves
Parents d’élèves
Enseignant APE
Personnel d’encadrement
(conseiller pédagogique,
Inspecteur)
-Rendement (taux de réussite scolaire)
-Existence d’un plan de carrière pour les EC ;
- Rémunération
-Niveau de motivation pour la
EC
-Conditions de travail
fonction enseignante
Enseignant APE
-Avantages sociaux
Personnel d’encadrement
-Avancement professionnel
(conseiller pédagogique,
-Nombre d’enseignant communautaire dans chaque site
Inspecteur)
d’enquête ;
-Développement vocationnel
-Nombre d’enseignant APE dans chaque site d’enquête ;
et personnel
-Intégration d’une corporation (groupe de pression sociale) ;
-Nombre d’EC en corporation
12
2.7 Traitement des données
Nous avons fait deux (02) types de traitement :
- Le traitement quantitatif a été fait grâce à deux logiciels SGBD (Système de Gestion de
Base de Données). Après la saisie informatique des données dans Epi Info (version 6.04
dfr) et leur exportation dans SPSS (versions 10.1 et 13.0 for windows) et Excel 2007, des
analyses univariées, bivariées, des tests statistiques et des représentations graphiques
(secteurs, diagrammes, courbes, etc.) ont été faits ;
- Le traitement qualitatif a été fait suivant un modèle de transcription et de triangulation des
discours recueillis lors des entretiens.
De ce fait, nous présentons dans les chapitres suivants, les résultats et analyse des données
incluant à la fois les données empiriques et documentaires.
CHAPITRE II : PRESENTATION ET ANALYSE DES RESULTATS DE LA RECHERCHE
1. Historique du métier d’enseignant communautaire au Bénin
Nous mettons en relief les conditions qui ont favorisé la naissance du métier d’enseignant
communautaire, le rôle des acteurs sociaux et politiques dans la pérennisation de ce métier et le
statut socioéconomique de l’enseignant communautaire.
1.1 Profil historique des enseignants communautaires
Au lendemain des indépendances, certains pays africains en l’occurrence le Bénin, avait besoin
de cadres pour mettre en place une administration nationale. Le système éducatif a très tôt
constitué une priorité. Dès le début des années 1970, les contenus de formation de l’école
traditionnelle héritée de la colonisation sont remis en cause. La première réforme dite « Grosse
tête - Dossou-Yovo »6 apparut ainsi dans l’optique de corriger cet état de chose. Mais, son
programme toujours de type occidental (la prédominance des collèges aux cycles courts et le
manque des intrants scolaires, etc.) a très tôt montré ses limites. C’est ainsi qu’à partir de 1972
avec le régime militaire révolutionnaire qui visait à offrir aux élèves des chances d’entreprendre
de longues études, apparut « l’école nouvelle » et qui sera appliquée de 1975 à 1989. L’école
nouvelle visait fondamentalement trois (03) objectifs que sont (MEN, 1990) : la démocratisation
de l’enseignement, l’introduction du travail productif à l’école et enfin l’adaptation de l’école aux
réalités nationales. Par démocratisation de l’enseignement, l’Etat comptait prendre en charge
les établissements scolaires laïcs et confessionnels et monopoliser le secteur éducatif. Selon
Gomez (1977) « l’école nouvelle s’oppose à l’ancienne école de type colonial qui était
désaccordée avec la vie, la culture et les intérêts des peuples auxquels elle prétendait
s’adresser. Le nouveau système éducatif correspond aux besoins et aux aspirations des
masses laborieuses. Elle a une base fondamentalement populaire. »
A partir de 1977, l’État a décidé d’assurer la jouissance de l’éducation à tous les citoyens sans
discrimination de sexe, d’ethnie, de coutume et de catégorie sociale. La réalisation de cette
décision a amené l’État à construire des modules de classes et à recruter le personnel
enseignant entre autres les Jeunes Instituteurs Révolutionnaires (JIR). Les JIR sont
généralement de jeunes béninois ayant le niveau de la classe de troisième, de seconde, de
première ou de terminale et titulaire au moins du diplôme de Brevet d’Études du Premier Cycle
(BEPC) de l’enseignement secondaire qui après le service militaire obligatoire, pouvaient
librement décider de s’insérer dans le corps enseignant. Toutefois, la banqueroute de l’État se
traduisait notamment par la suspension des traitements aux fonctionnaires et des bourses aux
6
Cela s’est traduit par la multiplication des établissements appelés « Collège d’Enseignement Secondaire
(CES) » actuels « Collège d’Enseignement Général (CEG) » sur toute l’étendue du territoire.
13
étudiants (octobre 1988 à janvier 1989), ainsi que la faillite des entreprises publiques et des
établissements bancaires (1988-1989) avec blocage des comptes, a provoqué la chute du
régime révolutionnaire et par ricochet la suspension du recrutement. Cet état de choses a
conduit le régime en place à souscrire aux Programmes d’Ajustements Structurels (PAS I de
1989 à 1992 ; PAS II de 1992 à 1995 ; PAS III de 1995 à 1997 et PAS IV de 1996 à 1999) qui
avaient prescrit le programme des départs volontaires de la fonction publique. En fait, la somme
allouée7 par l’État dans le cadre des départs volontaires a provoqué la reconversion d’une part
importante du personnel enseignant dans d’autres métiers. A cela s’est ajouté le gel du
recrutement des agents de la fonction publique. Cette mesure a accentué la réduction des
effectifs des enseignants en poste tandis que les effectifs des élèves étaient en augmentation
constante. Par exemple, en 1996-1997, on dénombrait 784474 élèves dans le secteur public sur
854554 élèves au total (Oulaï et Péano, 2000) soit 91,79% des effectifs scolaires. Si bien qu’en
2005, selon les estimations du MEPS (2005), « 20 % des écoles ont encore des classes sans
maître. Au titre de l’année scolaire 2000-2001, le déficit est évalué à 1 066 enseignants » MEPS
(2005). Malgré le fait qu’« en Afrique subsaharienne, le personnel enseignant du primaire y a
augmenté de plus de 25 % entre 1999 et 2005 » (UNESCO, 2006). « La nette dégradation de la
proportion des enseignants qualifiés, traduit un recrutement quasi exclusif entre 1996 et 2001,
d’enseignants communautaires, sans aucune qualification pédagogique » MEPS (2005).
La naissance du métier d’enseignant communautaire n’est donc pas un fait du hasard. Les
contraintes structurelles et conjoncturelles imposées aux États par le biais des institutions de
Bretton Woods ont sans doute réduit leurs capacités à faire face aux problèmes d’éducation. Le
métier d’enseignant communautaire au Bénin serait né dans les années 1990 et une
reproduction de modèles africains d’école communautaire. L’appellation d’« enseignant
communautaire » serait due au fait que les enseignants sont des recrus de la communauté pour
exercer dans des écoles publiques déjà existantes à cause du manque de personnel
enseignant. Il s’agit pour la plupart « de jeunes brevetés, bacheliers, d’étudiants finissant ou
encore des diplômés sans emploi dans les zones où ces ressources étaient disponibles ». et
« de gens capables de surveiller au moins les apprenants et de leur donner les préliminaires et
les rudiments de la langue française et de la mathématique, autrement dit des gens sans
diplôme » dans les zones défavorisées. Ces recrus étaient connus sous la dénomination de
répétiteurs (sans diplôme ou avec le CEP uniquement et ne maitrisant pas grande chose) et
plus tard d’enseignant communautaire de plus en plus après les années 2001.
En fait, il s’agit d’une participation communautaire à l’éducation sous une forme
métamorphosée. En effet, les Etats Généraux de l’Education en République du Bénin tenus en
octobre 1990 au lendemain de la conférence nationale des forces vives ont institutionnalisé la
participation communautaire pour appuyer à l’Etat dans la gestion des écoles. « Les textes
officiels ont fixé des rôles aux communautés qui deviennent depuis lors partie prenante des
actions de la réforme, en particulier au niveau de l’éducation de base. Cette volonté de
démocratisation s’inscrit toutefois dans un contexte où, du fait de la conjoncture de crise
économique aigue et des programmes d’ajustement structurel, l’Etat se désengage de plus en
plus de ses responsabilités et charges en matière d’éducation et où les rares études disponibles
sur la participation communautaire montrent que l’école béninoise n’a jamais réussi à s’intégrer
à son milieu d’implantation et que les parents se sentent peu concernés par sa vie, leur rôle
étant confiné à son financement » Salami et Kpamegan (2002). Ce financement est
essentiellement composé des frais d’inscription et de scolarité imposés aux parents d’élèves.
7
Il s’agit des droits de licenciement.
14
Toutefois, « […] conscientes de leur poids et de leur capacité à faire évoluer les choses8, les
associations de parents d’élèves (APE) se structurent, s’organisent et se forment pour mieux
tenir leurs rôles et participer activement aux côtés de l’Etat à la recherche de solutions aux
problèmes de l’éducation» Salami et Kpamegan (2002). Sur le terrain, la participation
communautaire à la gestion du système éducatif comprend : la participation à la prise de
décision, la participation au financement de l’éducation de base et la participation au processus
pédagogique (construction, extension et entretien de locaux, achat de matériels didactiques,
fonctionnement de l’institution, gestion, etc.). C’est sans doute cette participation induite de la
communauté au développement du système éducatif qui a favorisé la naissance et la
pérennisation du métier d’enseignant communautaire.
Les parents d’élèves, au regard du désengagement de l’Etat, de leur niveau de participation et
de leur poids dans la gestion de l’école, ont commencé par recruter le personnel enseignant
dans les écoles publiques. Par exemple, un élève ayant abandonné les classes au CE1 (cours
élémentaire première année) dans une école donnée, pouvait devenir enseignant
communautaire dans cette même école. Et, quand les titulaires et les conseillers pédagogiques
chargés de la formation professionnelle font des observations/suggestions aux enseignants
communautaires, les parents d’élèves protestent quelque fois et rétorquent que « ce sont leurs
enseignants à eux ». Étant donné donc que c’est la communauté qui recrutait et rémunérait ces
enseignants communautaires, elle ne laissait aucune marge de manœuvre au directeur qui veut
s’assurer de la compétence. Il n’est pas question pour le directeur d’école de recruter quelqu’un
d’ailleurs ou de refuser le choix de la communauté si ce dernier est en quête d’efficacité. Pour la
communauté, « celui qui est dans le village et qui sait lire et écrire peut animer une classe ».
Mais peut-il être enseignant ? Cela a été le point d’achoppement entre certains directeurs et les
communautés.
Cet état de chose a amené les autorités compétentes à insister sur l’importance du partenariat
entre directeur d’école et parents d’élèves au sujet du recrutement du personnel enseignant et
de retenir l’obtention du Brevet d’Études du Premier Cycle (BEPC)9 comme critère pour être
admis au poste d’enseignant communautaire. Ainsi quand les parents d’élèves choisissent
quelqu’un ayant le BEPC, ils contactent le directeur et ensemble, ils procèdent au recrutement.
Certains directeurs en quête d’efficacité, soumettent les candidats à un test (épreuves de dictée,
de mathématiques et de composition française) par le biais de la circonscription scolaire de la
zone considérée. Dans les années 2004, le recrutement d’enseignants communautaires a été
confié exclusivement aux circonscriptions scolaires qui le faisaient sur la base d’un certain
nombre de considérations (dépôt de dossier, étude de dossiers, test). Les circonscriptions
scolaires ont donc procédé aux mutations des enseignants communautaires qui n’ont pas le
BEPC dans l’enseignement maternel. 96,30% des enquêtés affirment qu’à partir de 2004, il
existait de réelles conditions pour devenir enseignant communautaire. Ces conditions sont :
- être titulaire du BEPC ;
- avoir déposé un dossier à la Direction Départementale de l’Enseignement Primaire et
Secondaire (DDEPS) de sa zone ;
- subir un test organisé par la DDEPS10 ;
8
En 1996 par exemple, les parents d’élèves ont participé aux dépenses de l’éducation à hauteur de
24,20% soit 12 138 000 FCFA (Oulaï et Peano, 2000)
9
L’Etat béninois recrute les enseignants du primaire sur ce critère
10
A partir de 2008, la Direction Départementale de l’Enseignement Secondaire (DDEPS) est devenue
Direction Départementale de l’Enseignement Maternel et Primaire (DDEMP)
15
Le recrutement des enseignants communautaires entre 1998 et 2004 s’est donc fait par
plusieurs instances : l’Association des Parents d’Élèves (APE) ; le Directeur d’école et l’APE et
la Circonscription scolaire. C’est ce qui explique les données empiriques.
Tableau n°4 : Fréquence des instances de recrutement des enseignants communautaires
Fréquence Pourcentage Pourcentage cumulé
APE
58
26,36
26,36
Directeur d'école
30
13,64
40,00
Circonscription scolaire
132
60,00
100,00
Total
220
100
Source : Etude sur le métier d’enseignant communautaire au Bénin, ROCARE, octobre 2008
On remarque que 40% des enseignants communautaires enquêtés ont été recrutés par le
directeur d’école (13,64%) et par l’Association des Parents d’Elèves (26,36%) tandis que les
60% restants ont été recrutés par la circonscription scolaire (donc après 2004).
Toutefois, il convient de souligner que les facteurs d’insertion dans le métier d’enseignant
communautaire sont très variés. Dans beaucoup de localités, les difficultés financières liées à la
scolarisation, les échecs répétés aux examens notamment le baccalauréat, le manque de
soutien, l’emploi de proximité, etc. ont provoqué la ruée vers ce métier. L’encadré suivant
présente trois récits d’enseignants communautaires relatant les conditions de leur insertion dans
ce métier.
Encadré n°2 : Quelques facteurs d’insertion dans le métier d’enseignant communautaire au Bénin
1 J’étais en classe de 1ère quand contre toute attente, je ne pouvais plus continuer l’école à cause
des difficultés financières de mes parents. Un jour, j’ai rendu visite à mon maître de l’école primaire.
Dans la discussion, je lui ai fait part de mes problèmes et ce dernier m’a proposé d’aider l’école
comme enseignant communautaire, ce que j’ai refusé car l’enseignement est un métier dur et ingrat,
on n’y gagne pas grand-chose. Les discussions dans ce sens n’ont rien donné.
Après les vacances, l’année scolaire a repris. Un jour (un mardi de l’année 2001), j’étais à la maison
quand le directeur de l’école de mon maître me fit appel. D’abord, il m’a présenté la situation de
l’école, le deuxième enseignant agent permanent de l’Etat en poste est muté ailleurs sans
remplacement. Ensuite, il me supplia d’accepter d’encadrer les élèves laissés à eux-mêmes. Il
insista sur le fait que c’est parce que je m’exprime bien et que j’ai le niveau qu’il faut, qu’il a pensé à
moi après avoir consulté mon maître. Ma résistance est toujours pareille à l’égard du métier
d’enseignant. Celui-ci m’a donc demandé de réfléchir et de revenir le jeudi d’après. Une fois rentré,
j’ai consulté mon frère ainé qui m’a conseillé d’accepter faute de mieux. Je suis allé au rendez-vous
du jeudi et opta pour l’enseignement.
2 Je suis natif de la zone et bien connu. Après ma déscolarisation à cause des difficultés
financières, j’ai décidé d’exercer ce métier et j’ai pris contact avec le directeur de l’école de mon
village. C’est ainsi que j’ai été recruté.
3 Après le BEPC et la classe de seconde, j’ai arrêté les études à cause des difficultés financières.
Un ami enseignant communautaire m’a conduit chez le directeur de son école qui m’a positionné
comme enseignant au cours élémentaire première année (CE1). J’ai bien travaillé et ce dernier m’a
maintenu.
Source : Etude sur le métier d’enseignant communautaire au Bénin, ROCARE, octobre 2008
16
Au-delà de la diversité de ces facteurs d’insertion dans le métier d’enseignant communautaire, il
est à noter la multitude des modes d’insertion dans la profession enseignante au Bénin. En
effet, on distingue plusieurs catégories d’enseignants dans l’enseignement primaire : les agents
permanents de l'État (APE), qui constituent le groupe le plus qualifié mais malheureusement en
nette réduction et la grande majorité formée des deux autres catégories à savoir les enseignants
contractuels d’État (titulaires d'un brevet ou, au mieux, du Baccalauréat) et les enseignants
communautaires (engagés sur fonds propres par la communauté scolaire et pour lesquels, à
priori, aucun niveau n'est exigé), (Enseignants sans frontières, 2005).
Depuis la rentrée scolaire 2007-2008, les enseignants communautaires ont été recensés et
leurs charges salariales incombent désormais à l’État béninois. Leur nombre est estimé à
10 904 (VL/N° 1232/DRH/MEMP/SGACE du 30 mai 2008 po rtant Reversement des enseignants
communautaires dans les corps des agents contractuels de l’Etat). L’État a aussi mis fin au
recrutement d’enseignants communautaires.
1.2 Statut socio-économique de l’enseignant communautaire
Le statut socio-économique de l’enseignant communautaire a beaucoup évolué entre 1998
(année de naissance du métier) et 2008. En effet, l’historique du métier d’enseignant
communautaire montre les différentes étapes de son évolution. Ce qui rend compte des
différents changements intervenus (améliorations salariales, prise en charge par l’État, etc.).
En général, le salaire mensuel d’un enseignant communautaire variait entre 10000 FCFA et
33000 FCFA entre 1998 et 2005. Le salaire moyen mensuel quant à lui a évolué énormément
d’une commune à une autre. Dans la commune de Zè, il oscillait entre 10000 FCFA et 29286
FCFA contre 10000 FCFA et 33000 FCFA dans la commune de Klouékanmè.
Tableau n°5 : Salaire d’un enseignant communautaire entre 1999 et 2005 (en milliers)
Communes
Salaire moyen mensuel (en milliers de francs CFA)
Minimum
Maximum
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
Zè
10
-
15
-
18,8
29,286
10
29,286
Klouékanmè
10
12
10
14
14
21
23,0
96
33
10
33
Source : Etude sur le métier d’enseignant communautaire au Bénin, ROCARE, octobre 2008
Cette variation de la rémunération n’est pas forcément fonction des localités mais surtout des
capacités de chaque établissement/milieu à faire face aux charges de fonctionnement des
écoles. Ce que reflètent les propos d’un enseignant communautaire de la commune de Zè :
« Lors de mon recrutement, j’ai proposé 35 000 FCFA comme salaire, puis 15 000 FCFA après
négociation et supplication du directeur d’école mais, compte tenu des ressources maigres de
l’école et des parents d’élèves, j’ai accepté prendre 10 000 FCFA. Il faut signaler que dans le
même temps certains enseignants communautaires de ma commune percevaient 8 000
FCFA ». Mais, depuis l’année scolaire 2006-2007, suite à leur recensement par l’État, les
enseignants communautaires perçoivent un salaire mensuel de 33 000 FCFA.
Plusieurs institutions/structures ont contribué à la rémunération financière des enseignants
communautaires entre 1998 et 2005. On peut dénombrer les parents d’élèves, la circonscription
scolaire et l’État. Bien qu’il soit difficile d’évaluer la contribution de chaque institution/structure à
la constitution des rémunérations salariales des enseignants communautaires, nous avons pu
évaluer le niveau de participation des acteurs.
17
Figure n°1 : Niveau de prise en charge des rémunérations des EC en fonction des
institutions/structures avant 2005
Source : Etude sur le métier d’enseignant communautaire au Bénin, ROCARE, octobre 2008
On remarque en général que les Associations de Parents d’Élèves participent aux
rémunérations des enseignants communautaires à hauteur de plus de 65%. Ensuite vient l’État
avec environ 35% par l’intermédiaire de la circonscription scolaire. A l’échelle des deux
communes, la participation des communautés/des directeurs d’école s’élève à 70,85% dans la
commune de Klouékanmè contre 80,23% dans celle de Zè tandis que la participation de la
circonscription/État s’élève à 29,15% à Klouékanmè et 19,77% à Zè. Le test de khi² nous
permet de dire qu’il y a une différence significative entre les deux communes en ce qui concerne
la participation aux rémunérations des enseignants communautaires. Cela suppose à travers les
informations recueillies que la participation de la communauté aux rémunérations est plus
importante dans la commune de Zè que dans celle de Klouékanmè. Qu’en est-il alors du
nombre de mois payé aux enseignants communautaires avant 2005 ?
La probabilité p-value calculée pour le nombre de mois payé par zone est de 0,00985 (<5%) ;
alors, il n’existe pas une différence significative entre les zones en ce qui concerne le nombre de
mois payé. Cette statistique fait référence au nombre de mois pendant lesquels l’enseignant
communautaire a perçu une rémunération monétaire au cours de l’année civile.
18
Tableau n°6 : Nombre de mois payé sur douze (12) avant le reversement
Pourcentage
Nombre de mois
Fréquence
Pourcentage (%)
cumulé
1
1
0,43
0,43
3
7
3,04
3,47
4
2
0,87
4,34
6
21
9,13
13,47
7
64
27,83
41,30
8
72
31,30
72,60
9
63
27,39
100,00
TOTAL
230
100,00
Source : Etude sur le métier d’enseignant communautaire au Bénin, ROCARE, octobre 2008
Le nombre de mois rémunérés varie entre 1 et 9 c’est-à-dire que le salaire couvre exactement
les neuf (09) mois que compte l’année scolaire. Pendant les vacances qui s’étendent
généralement du mois de juillet au mois de septembre, les enseignants communautaires ne
sont pas pris en charge. 27,83% des enseignants communautaires enquêtés affirment qu’ils
étaient rémunérés sept (07) mois sur 12 ; 31,30% étaient rémunérés huit (08) mois sur 12 ;
27,39% étaient rémunérés (09) mois sur 12 ; 9,13% étaient rémunérés six (06) mois sur 12 et le
reste soit 4,34% était payé sur moins de 5 mois dans l’année. En somme, plus de 40% des
enseignants communautaires étaient rémunérés 7 mois sur 12. Toutefois, il convient de
souligner qu’en milieu rural, compte tenu du pouvoir financier relativement bas, il arrivait que les
parents d’élèves rémunèrent les enseignants communautaires en nature. Mais, depuis l’année
scolaire 2006-2007, la charge salariale des enseignants communautaires est supportée douze
mois sur douze par le budget national.
Mais les charges supportées par ces salaires sont si importantes qu’elles ne permettent pas
toujours aux enseignants communautaires de jouir de leur rémunération déjà faible. Le tableau
n°7 ci-dessous montre l’importance du nombre de dép endants.
Tableau n°7 : Nombre de personnes à charge de l’enseignant communautaire
Nombre de
Pourcentage
Fréquence
Pourcentage
personnes
cumulé
0
12
6,3
6,3
1
19
10,1
16,4
2
56
29,6
46,0
3
36
19,0
65,1
4
25
13,2
78,3
5
10
5,3
83,6
6
17
9,0
92,6
7
8
4,2
96,8
8
4
2,1
98,9
10
2
1,1
100,0
Total
189
100,0
Source : Etude sur le métier d’enseignant communautaire au Bénin, ROCARE, octobre 2008
Le nombre de personnes à charge varie entre 0 et 10, plus de 65% des enseignants
communautaires enquêtés ont au plus trois (03) personnes à charge tandis qu’environ 45% ont
des personnes à charge dont le nombre varie entre 4 et 10. Face à ces situations (mois sans
19
salaire, faible rémunération, nombre de dépendants etc.), les enseignants communautaires
exercent d’autres activités pendant les mois sans salaire.
Tableau n°8 : Occupations des enseignants communautaires pendant les mois sans salaire
Activités
Fréquence
Pourcentage (%)
Agriculture
163
72,44
Commerce
39
17,33
Distillation
19
8,44
Cours de maison
4
1,78
TOTAL
225
100,00
Source : Etude sur le métier d’enseignant communautaire au Bénin, ROCARE, octobre 2008
Les activités menées par les enseignants communautaires enquêtés pendant les mois sans
salaire sont : l’agriculture (72,44% des enquêtés), le commerce des produits vivriers et de rente
(17,33% des enquêtés), la distillation du vin de palme (8,44% des enquêtés) et les cours de
maison (1,78% des enquêtés). On remarque un grand effectif des enseignants communautaires
qui pratiquent l’agriculture et un faible effectif de ceux qui font des cours de maison pendant les
vacances. Ceci est dû au fait que si les enseignants communautaires qui sont proches des
centres urbains ou des chefs-lieux de département peuvent faire des cours de maison, il n’est
pas toujours évident pour leurs collègues des zones rurales.
1.3 Représentations sociales de l’enseignant communautaire
Jodelet (1989) définit la représentation sociale comme « une forme de connaissance,
socialement élaborée et partagée, ayant une visée pratique et concourant à la construction
d’une réalité commune à un ensemble social ». Avec cette définition, nous nous proposons
d’étudier les représentations réciproques des acteurs du système éducatif sur le métier
d’enseignant communautaire. Quels sont les déterminants qui influent sur les représentations
sociales de l’enseignant communautaire ? Avec le souci de garder à l’esprit la complexité du
système représentationnel à travers les multiples images diversifiées et entremêlées des
acteurs du système éducatif, notre recherche n’a pas l’ambition d’expliciter comment se
constitue cette représentation sociale. Elle vise uniquement à recenser et à décrire les
métaphores et autres éléments utilisés pour expliquer ces représentations sociales. Dans ce
sens, les représentations sociales de l’enseignant communautaire sont importantes pour
appréhender leur statut au sein de la communauté.
A travers les données recueillies, nous remarquons que les représentations sociales de
l’enseignant communautaire s’organisent essentiellement autour des conditions d’insertion dans
le métier d’enseignant, du niveau d’instruction des enseignants communautaires, à leur
rémunération et à leur dénomination.
Le cas des acteurs sociaux
Les acteurs sociaux (essentiellement les parents d’élèves) affirment que le métier d’enseignant
communautaire est un ‘’métier de secours ou de refuge’’ pour de jeunes déscolarisés et de
jeunes incapables ‘’de bien conduire’’ ou d’achever leurs études. De ce fait, on les prend pour
« des gens qui ne connaissent pas grand-chose ». Les propos de certains enseignants sont très
illustratifs : « Quand moi j’ai commencé ce métier, tout le monde me prenait comme un
enseignant déguisé, un raté qui cherche un chemin pour s’assurer ».
Par rapport à la rémunération, d’abord il faut signaler que dès la naissance de ce métier dans
les années 1990, les enseignants communautaires étaient rémunérés en nature (produits
20
vivriers : tubercules de tout genre, pom11 de céréales, etc.), ce qui amenait certains acteurs à les
appeler par exemple des ‘’maître-pom’’. Ensuite, c’est le salaire relativement bas qui est l’objet
des insultes à l’endroit des enseignants communautaires. Enfin, étant donné que ce sont les
acteurs sociaux qui assurent la rémunération des enseignants communautaires, il leur arrive
souvent de dire que ‘’sans nous, vous, enseignants communautaires, n’êtes rien et ne pourriez
vivre’’. Cela rappelle exactement la perception que la communauté avait des Jeunes Instituteurs
Révolutionnaires appelés « enseignants de 15000F ».
Quant à la dénomination d’enseignant communautaire, elle fait référence à un enseignant de la
communauté et non de l’Etat. De ce fait, les enseignants communautaires ne sont pas
considérés comme des enseignants à part entière car ils ne sont pas reconnus par l’Etat. Les
acteurs sociaux les désignent aussi sous l’appellation ‘’commis’’, pour faire allusion à
‘’communautaire’’ mais avec un sens péjoratif. En effet, le dictionnaire encyclopédique Encarta
(Microsoft, 2006) définit le commis comme « une personne qui débute ou assume des tâches
subalternes au sein d’une administration, d’une entreprise». Les enseignants communautaires
sont donc ‘’sous-estimés’’ dans les communautés.
Eu égard à ces différentes perceptions, les enseignants communautaires ont apprécié leurs
relations avec ces acteurs. Plus de 75% des enseignants communautaires enquêtés qualifient
de mauvaises et très mauvaises, leurs relations avec les Associations des Parents d’Elèves
(APE) et environ 25% trouvent ces relations passables (20,83%), bonnes (1,85%) et très
bonnes (1,85%).
Tableau n°9 : Appréciation des relations entre Asso ciations des Parents d’Élèves et
enseignant communautaire
Très mauvaises
Mauvaises
Passables
Bonnes
Très bonnes
Total
Fréquence
Pourcentage
Pourcentage cumulé
6
2,78
2,78
157
45
4
4
216
72,69
20,83
1,85
1,85
100
75,46
96,30
98,15
100,00
Source : Etude sur le métier d’enseignant communautaire au Bénin, ROCARE, octobre 2008
Quant aux relations entre apprenants et enseignants communautaires, on peut dire qu’elles sont
à l’image des relations entre les parents d’élèves et les enseignants communautaires. En effet,
près de 85% des enseignants communautaires enquêtés estiment que les relations avec les
apprenants sont très mauvaises et mauvaises tandis que 14,35% qualifient ces relations de
passables et 0,93%, de bonnes.
11
Le pom est un récipient de mesure de céréales en milieu paysan au Bénin, un pom fait 3 kilogrammes.
21
Tableau n°10 : Appréciation des relations entre élèves et enseignants communautaires
Fréquence
Pourcentage
Pourcentage cumulé
Très mauvaises
26
12,04
12,04
Mauvaises
Passables
Bonnes
Total
157
31
2
216
72,69
14,35
0,93
100,00
84,72
99,07
100,00
Source : Etude sur le métier d’enseignant communautaire au Bénin, ROCARE, octobre 2008
Ces différentes situations amènent certains enseignants communautaires à migrer souvent dans
les localités voisines de leur zone de résidence habituelle pour s’insérer dans ce métier afin de
passer sous silence leur vie privée. « Quand moi j’ai commencé, tout le monde me prenait
comme un enseignant déguisé, un raté qui cherche un chemin pour s’assurer parce que je suis
embauché dans ma localité. C’est ce qui fait que dans notre commune et bien dans d’autres
encore, certains jeunes gens préfèrent aller dans des villages voisins pour devenir enseignants
communautaires. Comme cela, la population ne te connait pas assez et ne maîtrise pas ta
situation ».
Le cas des acteurs du système éducatif
Nombreux sont les acteurs du système éducatif (inspecteurs, conseillers pédagogiques et
enseignants agents permanents de l’État) qui qualifient le métier d’enseignant communautaire
de « métier tremplin, métier de secours pour les déscolarisés ». De ce fait, ces derniers
considèrent les enseignants communautaires comme des ‘’visiteurs’’ du système éducatif car
« ce sont des recrues de la communauté », « ils ne sont pas reconnus par l'Etat », « ils n’ont
pas un bon niveau ».
Toutefois, ces acteurs soulignent que « la marginalisation des enseignants communautaires est
un fait qui n’est pas nouveau. Il en était de même pour les Jeunes Instituteurs Révolutionnaires
(JIR) recrutés avec le BEPC pendant la période révolutionnaire. Les titulaires te demandent qui
parle là quand tu interviens dans une discussion surtout pédagogique. Seulement, le niveau des
enseignants communautaires laisse à désirer. Pour confier des travaux aux enseignants, on est
obligé de faire recours aux titulaires car ils ont le niveau et la compétence. Ce qui n’est pas le
cas des enseignants communautaires et cette attitude peut être vue sous l’angle de la
discrimination ».
Tableau n°11 : Appréciation des relations entre ens eignants communautaires et
permanents de l’État
Fréquence
Pourcentage
Pourcentage cumulé
Très mauvaises
11
5,05
5,05
Mauvaises
Passables
Bonnes
Très bonnes
Total
83
68
48
8
218
38,07
31,19
22,02
3,67
100,00
43,12
74,31
96,33
100,00
Source: Etude sur le métier d’enseignant communautaire au Bénin, ROCARE, octobre 2008
22
Environ 43% des enseignants communautaires enquêtés trouvent que les relations entre eux et
les enseignants permanents de l’État sont très mauvaises (5,05%) et mauvaises (38,07%).
31,19% estiment que ces relations sont plutôt passables tandis que 25,69% qualifient ces
relations de bonnes (22,02%) et de très bonnes (3,67%).
Le cas des enseignants communautaires
90% des enseignants communautaires enquêtés estiment que le métier est indispensable. Les
10% restants trouvent que le métier n’est pas indispensable, affirment essentiellement qu’il y a
des ressources humaines qualifiées (des gens formés à l’École Normale des Instituteurs) au
chômage et que l’État béninois doit recruter même si leur nombre n’est pas conséquent.
Toutefois, 90% des enseignants communautaires enquêtés se sentent utiles par l’exercice de
cette activité, 2% se sentent non utiles et 8% ‘’sans réponse’’.
Tableau n°12 : Appréciation des relations ent re enseignants communautaires
Fréquence
Pourcentage
Pourcentage cumulé
Très mauvaises
Mauvaises
Passables
Bonnes
Total
2
40
37
137
216
0,93
18,52
17,13
63,43
100,00
0,93
19,45
36,58
100,00
Source : Etude sur le métier d’enseignant communautaire au Bénin, ROCARE, octobre 2008
Environ 20% des enseignants communautaires enquêtés estiment que les relations entre eux
ne sont pas au beau fixe : très mauvaises (0,93%) et mauvaises (18,52%). Les 80% restants
trouvent ces relations passables (17,13%) et bonnes (63,43%). Ces statistiques témoignent
sans doute de bons rapports existant entre enseignants communautaires.
Toutefois, il faut signaler que ces différentes représentations du métier d’enseignant
communautaire ne constituent pas une entrave à l’intégration des enseignants communautaires
dans leur environnement social. En effet, 9,7 enseignants communautaires sur 10 se sentent
intégrés dans la communauté.
2. Évaluation de l’efficacité de l’enseignement par les enseignants communautaires
Il s’agit d’évaluer l’efficacité de l’enseignement à travers les qualifications/compétences des
enseignants communautaires et de procéder à une analyse des résultats de leur module de
classe.
2.1 Profil démographique scolaire du métier d’enseignant communautaire
Le profil sociodémographique de l’enseignant communautaire est mis en relief par les données
démographiques de base.
L’enquête par questionnaire porte sur 230 enseignants communautaires répartis sur deux (02)
communes (Zè et Klouékanmè). Nous avons enquêté plus d’hommes (80,7%) que de femmes
(19,3%). Cet écart suppose l’attachement des hommes à cette activité et reflète sans doute le
niveau de scolarisation des filles (à peine 2/3 soit 65,60% des filles sont allées à l’école en
2001 ; 63,1% des femmes âgées de 15-49 ans selon l’Enquête Démographique et de Santé
2001 sont incapables de lire_ MPPD et FNUAP, 2003). Les conditions d’insertion dans le métier
d’enseignant communautaire et les réalités en milieu rural justifient aussi cette répartition. En
23
effet, dans la plupart des cas, après leur déscolarisation, les jeunes filles se marient tandis que
les jeunes hommes sont à la quête d’un métier (agriculture, zémidjan12, menuiserie, mécanique,
etc.). Qu’en est-il alors de la répartition des enquêtés selon le genre et l’âge ?
Les données collectées montrent que l’âge des enseignants communautaires enquêtés de nos
deux zones d’enquête varie entre 20 et 45 ans. Il s’agit donc d’une couche sociale et
professionnelle relativement jeune : 182 enquêtés sur 200 ont un âge variant entre 20 et 29 ans
(soit 91%).
Tableau n°13 : Répartition des enquêtés selon le ge nre et selon l’âge
Age
25 à 29
20 à 24 ans
30 à 34 ans 40 et plus
Sexe
ans
Homme
Femme
Total
77
10
87
71
24
95
10
4
14
4
0
4
Total
162
38
200
Source : Etude sur le métier d’enseignant communautaire au Bénin, ROCARE, octobre 2008
Le niveau d’instruction des enquêtés se présente comme suit :
Figure n°2 : Répartition des enseignants communautaires enquêtés selon le niveau
d’instruction
Source : Etude sur le métier d’enseignant communautaire au Bénin, ROCARE, octobre 2008
12
Taxi-moto en langue nationale fon
24
Les enseignants communautaires enquêtés ont un niveau d’instruction variant entre le premier
cycle de l’enseignement secondaire et le deuxième cycle universitaire. On dénombre :
- A Zè, 16,67% d’enquêtés ayant achevé le premier cycle de l’enseignement secondaire ;
7,41% ayant achevé le second cycle de l’enseignement secondaire ; 66,67% n’ayant pas
achevé le second cycle ; 1,85% ont achevé les études universitaires (BAC +4) enfin 7,41%
n’ayant pas achevé les études universitaires ;
A Klouékanmè, 38,60% d’enquêtés ayant achevé le premier cycle de l’enseignement
secondaire ; 3,51% ayant achevé le second cycle de l’enseignement secondaire et enfin
57,89% n’ayant pas achevé le second cycle.
D’une commune à une autre, on remarque un nombre important d’enseignants communautaires
n’ayant pas achevé le second cycle de l’enseignement secondaire. Les motifs de la
déscolarisation sont entre autres : manque de moyens pour financer les études, faible
rendement scolaire, etc. 89% des enseignants communautaires des deux sites d’enquêtes ont
le BEPC13, 10,10% ont le Baccalauréat et 0,90% ont un diplôme universitaire BAC + 4.
Figure n°3 : Répartition des enquêtés selon le plus haut diplôme académique
Source : Etude sur le métier d’enseignant communautaire au Bénin, ROCARE, octobre 2008
A Zè, on dénombre 80,40% d’enseignants communautaires enquêtés ayant le BEPC, 17,60% le
BAC et 2,0% une maîtrise (BAC+4). Tandis qu’à Klouékanmè, ces statistiques sont
respectivement de 96,50%, 3,50% et 0%.
13
On remarque que les enseignants communautaires ont le diplôme académique nécessaire (BEPC) car
l’Etat béninois aussi recrute le personnel enseignant de l’enseignant de l’enseignement primaire sur la
base
25
Figure n°4 : Répartition des enquêtés selon le plus haut diplôme académique
Source : Etude sur le métier d’enseignant communautaire au Bénin, ROCARE, octobre 2008
En résumé, selon les informations recueillies, le niveau d’instruction/diplôme de l’enseignant
communautaire est très disparate. Dans ce ‘’corps’’, on dénombrait des enseignants
communautaires ayant le CEP, le BEPC, le BAC « et même des enseignants communautaires
sans le CEP dans l’enseignement primaire, il y a encore quelques années ». Mais, les chefs de
circonscription scolaire ont muté tous les enseignants communautaires qui n’ont pas le BEPC à
l’enseignement maternel pour être éducateurs et éducatrices. Cette situation traduit ou justifie
dans une certaine mesure les résultats des recherches de l’UNESCO (2006) qui remarquent
qu’environ un enseignant sur 5 n’a pas le niveau de qualification minimal requis en Afrique
subsaharienne, avec de fortes variations entre les pays. Cette proportion s’élève à deux tiers au
Tchad, environ 40 % au Bénin et 0 % au Gabon par exemple même si nombre de pays dans
différentes parties du monde ont enregistré et enregistrent toujours une part significative
d’enseignants n’ayant pas le niveau de qualification de référence pour enseigner.
2.2 Niveau de qualification et compétences de l’enseignant communautaire
Selon les normes École de Qualité Fondamentale (MEPS, 2005), quatre normes sont retenues
pour la qualification des enseignants :
1. Avoir le diplôme professionnel de base (Certificat Élémentaire d’Aptitude Pédagogique_
CEAP) ;
2. La moitié des enseignants de l’école ont le diplôme professionnel requis (Certificat
d’Aptitude Pédagogique_ CAP) ;
3. Tous les directeurs d’école ont le diplôme professionnel requis (CAP) ;
4. Le directeur d’école est formé au moins une fois tous les trois ans.
26
A propos des deux premiers critères aucun des enseignants communautaires n’a le CEAP et
par ricochet le CAP. En effet, l’obtention du CAP est conditionnée par celle du CEAP. Toutefois,
selon MEPS (2005), « en 1996 au niveau national, 1 192 enseignants (soit 9,28%) n’avaient pas
la formation professionnelle de base sur les 12 833 enseignants en poste. […] Cette proportion
a augmenté en 2001, passant à 6 446 enseignants non titulaires du CEAP (soit 37,35%) sur les
17 254 enseignants en poste ». Ces enseignants non titulaires du CEAP comprennent aussi
bien les enseignants communautaires que les enseignants agents contractuels de l’État recrutés
sur la base du BEPC.
Les enseignants communautaires avant leur insertion dans le métier d’enseignant
communautaire ont des occupations qui peuvent être regroupées en deux catégories : les
activités principales et les activités secondaires. Dans la catégorie des activités principales,
environ 70% des enseignants communautaires enquêtés étaient des élèves/étudiants et les
30% restants pratiquaient essentiellement l’élevage (16,52%), l’agriculture (5,22%) et 6,02% de
sans emploi.
Tableau n°14 : Répartition des enseignants communau taires en fonction des
activités principales précédant la fonction enseignante
Activités principales
Fréquence
Pourcentage
Apprenti
2
0,87
Petit commerce
2
0,87
Employé secteur privé
4
1,74
Ouvrier
5
2,17
Agriculture
12
5,22
Sans emploi
14
6,09
Elevage
38
16,52
Elève/étudiant
153
66,52
Total
230
100,00
Source : Etude sur le métier d’enseignant communautaire au Bénin, ROCARE, octobre 2008
Dans la catégorie des activités secondaires, on dénombre essentiellement 43,48% de sans
emploi, 23,91% d’apprentis, 19,57% de commerçants et 9,57% d’employés du secteur privé.
Tableau n°15 : Répartition des enseignants communau taires en fonction des
activités secondaires précédant la fonction enseignante
Activités secondaires
Fréquence
Pourcentage
Pêche
Zémidjan (transport motorisé)
Elève/étudiant
Employé secteur privé
Petit commerce
Apprenti
Sans emploi
Total
2
2
4
22
45
55
100
230
0,87
0,87
1,74
9,57
19,57
23,91
43,48
100,00
Source: Etude sur le métier d’enseignant communautaire au Bénin, ROCARE, octobre 2008
L’analyse de ces données montre que les enseignants communautaires avant de commencer
ce métier ne pratiquaient aucun métier ayant rapport à un métier d’enseignant. C’est la raison
pour laquelle, la formation initiale des recrus au début de leur carrière est indispensable. 51%
27
des enseignants communautaires enquêtés ont reçu une formation pédagogique donnée soit
par le chef de la circonscription scolaire, soit par le directeur de l’école ou par un enseignant
agent permanent de l’État. Le contenu de cette formation initiale a trait essentiellement à une
utilisation sommaire des différents documents (programme, guide de l’enseignant14, etc.) dont
dispose presque la totalité des enseignants communautaires enquêtés. En effet, 100% des
enseignants communautaires enquêtés déclarent avoir en leur possession le programme tandis
que 92,17% détiennent le guide de l’enseignant. Toutefois, ils soulignent que la mise à
disposition de ces documents pédagogiques est très récente et coïncide surtout avec la
généralisation des nouveaux programmes d’études dans l’enseignement primaire. C’est dire
alors qu’avant la mise en place de ces nouveaux programmes, les enseignants communautaires
ne disposaient pas de documents pédagogiques définis et appropriés.
Tableau n°16 : Disponibilité en matériels péda gogiques
Fréquence
Non acquisition
0,00
Programme
Acquisition
230,00
Total
230,00
Non acquisition
18,00
Acquisition
212,00
Guide de l'enseignant
Total
230,00
Pourcentage
0,00
100,00
100,00
7,83
92,17
100,00
Source : Etude sur le métier d’enseignant communautaire au Bénin, ROCARE, octobre 2008
Mais, la possession de ces documents ne garantit pas leur utilisation efficace. La maîtrise de
leur contenu est un élément essentiel pour la qualité de l’enseignement. 29,3% des enseignants
communautaires enquêtés affirment maîtriser le contenu de ces documents et 29,90% arrivent
à confectionner sans grande difficulté les fiches pédagogiques. Ces différentes statistiques
(29,30% et 29,90%) renforcent les interrogations sur l’efficacité de l’enseignement par les
enseignants communautaires.
Les enseignants communautaires qui éprouvent des difficultés pour utiliser les documents
pédagogiques sollicitent la plupart du temps l’aide des pairs, l’assistance de leur directeur et
s’adonnent souvent à des recherches documentaires. Ils déplorent toutefois le manque de
formation.
14
Le programme comporte les curricula de l’année tandis que le guide de l’enseignant présente de façon
détaillée les situations d’apprentissage. Ces deux documents sont essentiels pour la préparation des
fiches pédagogiques et la tenue de la classe.
28
Tableau n°17 : Répartition des enseignants communau taires en fonction du nombre de
formations reçues depuis leur recrutement
Nombre de formations
Fréquence
Pourcentage
Pourcentage cumulé
1
29
12,61
12,61
2
39
16,96
29,57
3
73
31,74
61,30
4
31
13,48
74,78
5
24
10,43
85,22
6
17
7,39
92,61
7
4
1,74
94,35
8
9
3,91
98,26
10
4
1,74
100,00
Total
230
100,00
Source : Etude sur le métier d’enseignant communautaire au Bénin, ROCARE, octobre 2008
On remarque que 75% des enseignants communautaires enquêtés ont reçu au plus quatre (04)
formations au cours de leur carrière (des années 1990 à 2008) ou encore 85%, au plus cinq (05)
formations. Ainsi donc, seulement 15% des enseignants communautaires enquêtés ont
bénéficié d’un nombre important de formations (entre six et dix) au cours de leur carrière. Ce qui
pose un réel problème d’efficacité. Selon les spécialistes de l’enseignement primaire (inspecteur
et conseiller pédagogique), c’est le nombre relativement faible de formations à l’endroit des
enseignants communautaires qui ne participe pas de l’efficacité de leur enseignement et ‘’jette’’
du discrédit sur leur métier et non leur niveau d’instruction comme l’on l’apprend de source
populaire.
La formation de tout enseignant est indispensable mais la formation des enseignants
communautaires est importante car ils exercent au niveau de l’enseignement primaire qui vise
selon la Loi n°2003-17 portant Orientations de l’Ed ucation Nationale en République du Bénin
(Loi délibérée et adoptée le 17 octobre 2003 en République du Bénin) :
-
l’apprentissage de la lecture, de l’écriture et du calcul ;
le développement chez l’enfant de la conscience du temps, de l’espace, des objets, du
monde et de son propre corps ;
l’apprentissage de la vie en groupe et du travail d’équipe dans un contexte de vie
démocratique ;
l’acquisition de compétences et d’aptitudes qui rendent l’élève capable d’apprendre seul
et de pouvoir s’adapter aux situations nouvelles (Article 25, Titre III).
A ce stade, les apprenants ont donc besoin de notions très importantes qu’ils approfondiront
tout le long de leur vie scolaire. Il s’agit alors des notions de base très indispensables dont la
maîtrise est capitale et déterminante pour la vie. Cet état de choses a retenu l’attention de l’Etat
qui a sollicité en 2006, l’appui du Fonds des Nations Unies pour l’Enfance (UNICEF) pour la
formation des enseignants communautaires15. Dans cette perspective, les enseignants
15
Actuellement il y a un vaste programme de formation des EC dans le cadre de la politique nationale de
formation des enseignants L'UNICEF par exemple, appuie le gouvernement dans la formation des
enseignants communautaires depuis 2006. L’encadrement professionnel de ces enseignants
communautaires a été confié à l’Institut National pour la Formation et la Recherche en Education
(INFRE). Au terme des formations, les enseignants communautaires recevront un diplôme d'enseignants
qualifiés (le CEAP).
29
communautaires ont reçu deux (02) formations au cours de l’année 200816. Selon les
enseignants communautaires, ‘’l’implication de l’UNICEF dans le processus du renforcement de
leur capacité a sans doute contribué à l’amélioration des perceptions des acteurs sociaux sur le
métier d’enseignant communautaire’’.
Les impacts de ces formations continues au profit des enseignants communautaires selon ces
derniers sont entre autres :
Encadré n° 3 : Effets des formations selon les enseignants communautaires enquêtés
1. Meilleure compréhension du guide d’enseignement ;
2. Acquisition de connaissance et des stratégies ;
3. Maîtrise de la méthode d’enseignement /apprentissage/évaluation ;
4. Maîtrise du déroulement des apprentissages
5. Je sens que je deviens un bon enseignant
6. J’éprouvais beaucoup de difficultés à préparer les fiches d'éducation artistique et
de mathématique, mais à présent plus de doute
7. Acquisition de la pédagogie selon l’approche par les compétences.
Source : Etude sur le métier d’enseignant communautaire au Bénin, ROCARE, octobre 2008
On remarque que les formations participent efficacement du développement des
compétences/capacités des enseignants communautaires. Pour ce faire, il a été demandé aux
enseignants communautaires d’apprécier leur manière d’enseigner à l’issue des formations
financées par l’UNICEF : 26,09% des enseignants communautaires ne se sont pas prononcés;
3,48% ne sont pas du tout satisfaits de leur façon d’enseigner; 25,22% ne sont pas satisfaits
tandis que 45,22% sont satisfaits. A ce titre, pour s’approprier les contenus de formation mis à
leur disposition au cours des rencontres et les appliquer réellement, les enseignants
communautaires organisent des séances de travail pour la préparation de fiches pédagogiques
et de partage des expériences.
Tableau n°18 : Auto-appréciation de la pédagog ie par les enseignants communautaires
Fréquence
Pourcentage
Sans réponse
60
26,09
Pas satisfait du tout
8
3,48
Plutôt pas satisfait
58
25,22
Plutôt satisfait
104
45,22
Total
230
100,00
Source : Etude sur le métier d’enseignant communautaire au Bénin, ROCARE, octobre 2008
Au regard de ces éléments, il paraît important de mesurer les effets de l’enseignement par les
enseignants communautaires sur les apprenants. La mesure est en effet, une opération
destinée à recueillir des indices relatifs aux rendements scolaires.
16
Les deux séances de formations présentielles se sont déroulées respectivement au cours des mois
d’août et de septembre-octobre 2008 (au total 24 jours). Pour la circonstance, l’UNICEF a mis une
enveloppe financière d'un milliard trois cent cinquante millions (1 350 000 FCFA)
30
2.3 Analyse des rendements scolaires des élèves encadrés par les enseignants
communautaires
Les rendements scolaires des apprenants tenus par les enseignants communautaires sont un
indicateur important pour évaluer l’impact de leur enseignement sur le système éducatif.
Tableau n°19 : Caractérisation du taux de réuss ite scolaire
Variables
Taux de réussite scolaire
Mode
67
Minimum
30
Maximum
96
Moyenne
71,39
Ecart-type
12,55
25
66,28
Centiles
50
72,73
75
78,57
Source : Etude sur le métier d’enseignant communautaire au Bénin, ROCARE, octobre 2008
L’analyse de ces données17 révèle que :
- Le taux de réussite scolaire varie entre 30% et 96% ;
- Le mode (indique le nombre présentant la plus grande occurrence dans un groupe de
nombres) du taux de réussite scolaire est de 67% ;
- La moyenne est de 71,39% et l’écart-type de 12,55%. On peut donc dire que les
observations sont donc très centrées autour de la moyenne 71,39% ;
- 25% des modules de classes encadrés par les enseignants communautaires enquêtés
ont un taux de réussite scolaire d’au moins 66,28%;
- 50% des modules de classes encadrés par les enseignants communautaires enquêtés
ont un taux de réussite scolaire d’au moins 72,73% ;
- 75% des modules de classes encadrés par les enseignants communautaires enquêtés
ont un taux de réussite scolaire d’au moins 78,57%.
On remarque que le taux de réussite scolaire est relativement élevé. Ce qui se confirme par les
données suivantes :
Tableau n°20 : Taux de réussite scolaire
Tranches
Fréquence
30 à 50
9
50 à 70
69
70 à 90
124
90 et plus
8
Total
210
Pourcentage
4,29
32,86
59,05
3,81
100,00
Pourcentage cumulé
4,29
37,15
96,2
100,00
Source : Etude sur le métier d’enseignant communautaire au Bénin, ROCARE, octobre 2008
17
4,29% des modules de classes encadrés par les enseignants communautaires enquêtés
ont un taux de réussite scolaire compris entre 30 et 49% ;
37,15% des modules de classes encadrées par les enseignants communautaires
enquêtés ont un taux de réussite scolaire compris entre 50 et 69% ;
59,05% des modules de classes encadrées par les enseignants communautaires
enquêtés ont un taux de réussite scolaire compris entre 70 et 89% ;
Il n’y a pas de différence significative entre les deux zones
31
-
3,81% des modules de classe encadrées par les enseignants communautaires enquêtés
ont un taux de réussite scolaire compris entre 90% et plus ;
Environ 40% des modules de classe ont un taux de réussite scolaire compris entre 30 et
69% ;
Environ 60% des modules de classe ont un taux de réussite scolaire compris entre 70 et
89%.
Malgré le niveau relativement élevé du taux de réussite scolaire, les inspecteurs et les
conseillers pédagogiques émettent des réserves sur les capacités réelles des apprenants. En
effet, selon ces spécialistes, les « enseignants communautaires ne sont pas formés et de ce fait,
ne sont ni ne peuvent être que de simples surveillants de classe et non des enseignants ». Un
directeur d’école dira « […] si les promotions d’apprenants préalablement gardées par les
enseignants communautaires, tombent dans les mains d’un titulaire, on a l’impression que c’est
leur première année d’instruction. Heureusement, on a commencé à les former ». Car avec les
grèves perlées des enseignants titulaires, surtout dans les zones reculées, ce sont les
communautaires qui prennent essentiellement les apprenants en charge ». Dans ce sens,
certains directeurs d’école s’abstiennent de confier la classe de cours moyen deuxième année
(CM2)18 à un enseignant communautaire. Ils estiment que « le CEP est un examen national et
non un examen local voire interne à l’école ».
Le déficit en enseignants qualifiés demeure un sérieux problème pour le système éducatif
béninois. Le taux de qualification du corps enseignant s’est considérablement dégradé entre
1995 et 2002 : 87,60% en 1995 ; 74,73% en 1996 ; 64,93% en 2001 et 51,50% en 2002 (MEPS,
2005 et MEPS, 2006). Selon le MEPS (2006), cette baisse de qualification du corps enseignant
incombe à la croissance de l’effectif des enseignants communautaires non qualifiés.
A travers ces commentaires, on peut se poser des questions sur les conditions réelles de
réussite scolaire des apprenants encadrés par les enseignants communautaires. La question
d’efficacité de l’enseignement par les enseignants communautaires peut être aussi vue en
corrélation avec leur rémunération faible (10000F à 33 000 FCFA). En effet, avec ce bas
salaire, les enseignants communautaires sont souvent obligés de pratiquer d’autres activités
pour subvenir entre autres à leurs besoins. Cette stratégie entraîne un conflit entre le temps
imparti pour la préparation des classes (préparation des fiches pédagogiques, appréciation
efficace du rendement des apprenants, etc.) et celui des activités parallèles (l’agriculture par
exemple).
En somme, selon les spécialistes, le problème de formation et la recherche du gain
supplémentaire obligent sans doute les enseignants communautaires à ne pas être à la hauteur
de leur tâche. Les taux de réussite scolaire des apprenants encadrés par les enseignants
communautaires sont donc des résultats tronqués par ceux-ci.
3. Prospective du métier d’enseignant communautaire
Le développement vocationnel et personnel des enseignants communautaires, leur motivation
pour la fonction enseignante et leurs objectifs de carrière dans l’enseignement permettent de
faire la prospective du métier d’enseignant communautaire.
18
C’est au CM2 que les apprenants préparent et passent le CEP (Certificat d’Etudes Primaires)
32
3.1 Développement vocationnel et personnel
« La vocation est la disposition naturelle ou acquise qui crée une pulsion ou un appel irrésistible,
un attachement farouche et donne de l’aisance à exercer le métier qu’on s’est choisi librement »
République Populaire du Bénin (1983). On ne saurait donc devenir enseignant par le coup du
hasard, la vocation est alors indispensable. 89% des enseignants communautaires enquêtés
déclarent avoir la vocation d’enseignant tandis que 9% affirment le contraire et 2% ne se sont
pas prononcés.
Figure n°6 : Position des enseignants communautaires face à la vocation enseignante
Source : Etude sur le métier d’enseignant communautaire au Bénin, ROCARE, octobre 2008
Toutefois, eu égard aux conditions d’insertion des enseignants communautaires dans le métier
d’enseignant, il convient de relativiser ces statistiques qui sont sans doute l’effet inducteur de
certains éléments comme l’emploi, le salaire régulier, etc. Cette situation a été à l’origine de
l’augmentation considérable de leur nombre.
L’effectif du personnel enseignant agent permanent de l’Etat a beaucoup évolué de 1972 à
2008. En effet, cet effectif est passé de 4184 en 1972 à 9068 en 1981, 12833 en 1996, 17254
en 2001 et à 11048 en 2008 (MEPS, 2005 et RPB-MIP, 1982). Mais, cette évolution ne satisfait
pas la demande en personnel au niveau de l’enseignement primaire. En effet, en 2005, « 20 %
des écoles ont encore des classes sans maître. Au titre de l’année scolaire 2000-2001, le déficit
est évalué à 1 066 enseignants » (MEPS, 2005). Le métier d’enseignant communautaire a donc
permis de régler en partie le vide crée par le manque d’enseignants APE.
33
Figure n°7 : Evolution de l’effectif du personnel enseignant agent permanent de
L’Etat au Bénin
Source des données : RPB-MIP (1982) et MEPS (2005)
L’effectif des enseignants communautaires a été évalué à 9953 au cours de l’année scolaire
2007-200819. Ce qui représente 90,08% de l’effectif des enseignants agents permanents de
l’Etat dans l’enseignement primaire en 2008. En Guinée, leur effectif représente au cours de
l’année 2005-2006, 4,5% des enseignants du primaire (DIALLO, 2007).
Les données empiriques confirment aussi cette situation. En effet, l’analyse de ces données
présente les caractéristiques ci-après :
Tableau n°21 : Caractéristiques des effectifs d’ens eignants agents APE et de
communautaires
Nombre d'enseignant
Nombre d'enseignant
Variables
APE
communautaire
Mode
1
2
Minimum
1
1
Maximum
5
15
Somme
390
697
Moyenne
1,77
3,17
Ecart-type
0,91
1,87
25
1,00
1,00
Centiles
50
1,00
3,00
75
2,00
4,00
Source : Etude sur le métier d’enseignant communautaire au Bénin, ROCARE, octobre 2008
19
En 2002-2003, on comptait plus de 4500 enseignants communautaires dans l’enseignement primaire
au Bénin (Valdiodio NDIAYE, Mission UNESCO au Bénin sur le renforcement des capacités dans les
institutions de formation des enseignants en Afrique subsaharienne,
http://unesdoc.unesco.org/images/0014/001454/145496f.pdf, consulté le 1 janvier 2009). En 2004, leur
effectif a été estimé à 5814 (MEPS, 2006).
34
-
-
-
-
-
-
le mode (indique le nombre présentant la plus grande occurrence dans un groupe de
nombres) est respectivement égal à 1 et 2 pour le nombre d’enseignants APE présents
dans les écoles des communes de Zè et de Klouékanmè : l’effectif des enseignants APE
est donc très limité dans beaucoup d’écoles ;
les minima sont respectivement de 1 et 1 pour le nombre d’enseignants agents
permanents de l’Etat et d’enseignants communautaires tandis que les maxima sont de 5
et 15 : les enseignants communautaires sont donc en supériorité numérique par rapport
aux enseignants APE dans les écoles ;
les effectifs d’enseignants communautaires enquêtés (dans nos sites d’enquêtés) sont
estimés à 697 contre 390 pour les enseignants APE (les EC représenteraient donc
178,72% des enseignants APE et 64,12% du personnel enseignant de ces sites) ;
la moyenne d’enseignants communautaires par école est de 3,17 contre 1,77 pour les
enseignants APE ;
l’écart-type du nombre d’enseignants communautaires est de 1,87 contre une moyenne
de 3,17 tandis que l’écart-type du nombre d’enseignant APE est de 0,91 contre une
moyenne de 1,77. On peut donc dire que les observations (les nombres d’enseignant
communautaire et d’enseignant APE) sont donc très centrées autour des deux
moyennes ;
25% des écoles (dans lesquelles exercent les enseignants communautaires enquêtés)
comptent au moins un (01) enseignant permanent d’Etat et un (01) enseignant
communautaire ;
50% des écoles comptent au moins un (01) enseignant agent permanent d’Etat et quatre
(04) enseignants communautaires ;
75% des écoles comptent au moins deux (02) enseignants agents permanent d’Etat et
trois (03) enseignants communautaires.
Les variables utilisées de tendance centrale (mode, somme et moyenne) et de dispersion
(minimum, maximum, écart-type, centiles) pour mieux apprécier le rapport entre l’effectif des
enseignants permanents de l’Etat et celui des enseignants communautaires montrent que les
enseignants communautaires sont en supériorité numérique dans les écoles. On peut donc dire
au regard de ces différentes statistiques que le métier d’enseignant communautaire s’est
‘’imposé’’ dans le système éducatif.
En effet, 9 enseignants communautaires enquêtés sur 10 affirment que ce métier est
indispensable pour le système éducatif. Les raisons avancées pour justifier le caractère
indispensable de ce métier selon les enquêtés sont consignées dans l’encadré suivant :
35
Encadré n° 4 : Raisons avancées pour justifier le caractère indispensable du métier
d’enseignant communautaire
- le métier d’enseignant communautaire permet de combler la pénurie criarde
d'enseignants ;
- l’Etat a besoin de nous pour l’éducation des enfants ;
- sans les enseignants communautaires, beaucoup d’écoles seraient déjà fermées ;
- former un enfant, c'est former une nation or il n’y a pas assez d’enseignants ;
- l'éducation des élèves est assurée surtout par nous ;
- l'Etat ne recrute pas d'enseignants de carrière ;
- le nombre d’enseignants communautaires est très important dans les écoles par
rapport aux enseignants APE ;
- l'Etat a besoin des enseignants communautaires pour combler le vide ;
- sans l'enseignant communautaire, les enfants seront seuls dans la plupart des
classes ;
- sans éducation, il n’y a pas de développement et sans l’enseignant communautaire,
l'école n'aura pas lieu ;
- sans l’enseignant communautaire, les enfants seront seuls et livrés à eux-mêmes ;
- sans l’enseignant communautaire, certaines écoles seront peut être déjà fermées ;
Source : Etude sur le métier d’enseignant communautaire au Bénin, ROCARE, octobre 2008
Les 10% d’enseignants communautaires enquêtés estimant que le métier n’est pas
indispensable, affirment essentiellement qu’il y a des ressources humaines qualifiées (des
enseignants formés à l’Ecole Normale d’Instituteurs) au chômage que l’Etat n’a pas recrutées.
Toutefois, il faut souligner que le nombre d’enseignants formés dans l’ENI et qui ne sont pas
recrutés n’égale pas l’effectif des enseignants communautaires20. Par exemple, « l’École
normale d’instituteurs dont la capacité d’accueil est de 300 stagiaires n’a recruté pour l’année
scolaire (2002/2003) que 79 élèves instituteurs. Or, les besoins dépassent 5000 instituteurs
(NDIAYE, 2003).
Eu égard à l’importance de leur effectif et à l’indispensabilité de leur métier, les enseignants
communautaires se sont donc constitués en groupements corporatifs. 82,61% des enseignants
communautaires
enquêtés
reconnaissent
l’existence
d’un
groupe
d’enseignants
communautaires (soit 190 sur 230 enseignants communautaires). Les groupes énumérés se
présentent comme suit :
- le Syndicat National des Enseignants Communautaires du Bénin (SYNECOB), cité par
70,43% des enseignants communautaires enquêtés ;
- la Centrale Syndicale des Travailleurs du Bénin (CSTB) citée par 3,04% des
enseignants communautaires enquêtés. En effet, le SYNECOB s’est affilié à la CSTB
pour donner plus de poids à ses revendications ;
- la Force Educative, un groupe d’entraide d’enseignants communautaires dont l’objectif
est le renforcement des capacités des enseignants communautaires à travers des
séances de travail (confection de fiches, stratégies pour affronter les différentes
difficultés liées au métier d’enseignant, etc.), citée par 0,87% des enseignants
communautaires enquêtés ;
- 25,65% des enseignants communautaires n’ont énuméré aucun groupe d’enseignants
communautaires.
20
Après la fermeture progressive des Ecole Normale d’Instituteurs, le Bénin ne comptait en 2006 qu’une
seule ENI (Natitingou) ayant une capacité d’accueil de 160 stagiaires. Cette école a cédé plus tard la
place à l’Ecole Normale Supérieure option scientifique. Depuis 2008, le Bénin dispose de six ENI.
36
Figure n°8 : Appartenance ou non aux groupes d’enseignants communautaires
Source : Etude sur le métier d’enseignant communautaire au Bénin, ROCARE, octobre 2008
Au total, 74, 34% des enseignants communautaires enquêtés appartiennent à ces groupes.
Leur répartition par groupes organisés se présente comme suit :
Tableau n°22 : Répartition des enseignants communau taires par groupements corporatifs
Groupements
Fréquence
Pourcentage
SYNECOB
166
72,18
Force éducative
2
0,87
Sans réponse
62
26,96
Total
230
100,00
Source : Etude sur le métier d’enseignant communautaire au Bénin, ROCARE, octobre 2008
72,18% des enseignants communautaires enquêtés appartiennent au SYNECOB ; 0,87% à
Force éducative et 26,96% n’ont pas de groupements corporatifs. Cela montre sans doute que
le SYNECOB est le groupement corporatif le plus représentatif. Toutefois, il s’agit d’un syndicat
qui a connu des succès, des échecs et qui peut compter sur une certaine potentialité.
Tableau n°23 : Succès, échecs et potentialités du S YNECOB
Succès
Echecs
- Paiement du salaire douze (12) mois sur -Pas
d’augmentation
douze ;
- Le reversement dans la catégorie des Agents salaire
contractuels de l’Etat
en tant sous la -Manque
de
dénomination ‘’élèves instituteurs adjoints’’, formations
échelle 3, échelon 1 ;
- Obtention des primes (de rentrée, de
résidence dans une zone déshéritée, etc.) au
titre de l’année 2008-2009. Participation à la
correction des feuilles d’examens du CEP ;
- Surveillance des épreuves écrites du CEP ;
- Cotisation syndicale ;
- Affiliation à la CSTB.
Potentialités
- Effectif
des
enseignants
communautaires
Source : Etude sur le métier d’enseignant communautaire au Bénin, ROCARE, octobre 2008
37
A l’issue du processus de leur reversement dans la catégorie des agents contractuels de l’Etat
(référence VL/N° 1232/DRH/MEMP/SGACE du 30 mai 2008 ), le SYNECOB (a changé de
dénomination mais garde le même sigle : Syndicat National des Enseignants Contractuels du
Bénin. Les enseignants communautaires estiment que leur reversement est la preuve évidente
de la reconnaissance de leur implication et de leur participation au système éducatif.
L’implication de l’UNICEF dans la formation des enseignants communautaires est une marque
de garantie pour l’avancement professionnel de ces derniers.
3.2 Motivation des enseignants communautaires pour la fonction enseignante
Les difficultés rencontrées dans l’exercice du métier d’enseignant communautaire sont diverses.
Elles sont d’ordre professionnel, technique, économique et sociologique.
Les difficultés professionnelles concernent essentiellement celles éprouvées lors de la
préparation des fiches et du déroulement des cours. Selon les enquêtés, le manque de
formation ne leur permet pas toujours d’être à la hauteur de ces tâches.
Quant aux difficultés techniques, elles ont trait au manque de matériel pédagogique, à
l’encadrement de deux classes à la fois et aux effectifs pléthorique des élèves. Les données
collectées montrent par exemple une moyenne de 52 élèves par classe et un effectif de 62
élèves dans les 75% des classes encadrées par les enseignants communautaires enquêtés.
Parlant des difficultés économiques, il faut souligner essentiellement, le salaire relativement
faible des enseignants communautaires qui ne leur permet pas toujours d’améliorer leurs
conditions de vie tandis que les difficultés sociologiques concernent la mauvaise considération
de la part des acteurs sociaux et des acteurs du système éducatif du métier d’enseignant
communautaire.
Ces difficultés selon les enquêtés, sont de nature à porter atteinte à leur engagement effectif
dans la fonction enseignante. Mais, les avantages sociaux (cadeaux des parents d’élèves en
guise de remerciements en cas de bon rendement de leurs enfants, etc.) dont ils bénéficient,
galvanisent leur moral.
3.3 Objectifs de carrière de l’enseignant
Les enseignants communautaires n’ont pas de perspectives de carrière définies. Cependant,
grâce aux actions du SYNECOB, ils sont reconnus à présent par l’Etat. Cependant, ils
bénéficient des sessions de formation continue organisées par le Ministère de l’enseignement
Primaire avec l’appui financier de l’UNICEF. Le SYNECOB a décidé alors de lutter pour leur
reconnaissance en tant qu’agents permanents de l’Etat.
Toutefois, leur reconnaissance par l’Etat n’est pas seulement le fruit des luttes syndicales. Elle
s’inscrit dans le cadre des perspectives proposées par une mission de l’UNESCO conduite par
Valdiodio NDIAYE en 2003. La mission soulignait l’importance d’indexer le recrutement à la
formation, à la motivation, au moyen de retenir les jeunes dans le métier21. Autrement dit
comment professionnaliser les candidats à l’enseignement ? La perspective de carrière
proposée est la suivante :
21
Par exemple, de janvier 2007 à juin 2008, 321 enseignants communautaires ont abandonné leur poste
au profit d’autres métiers/activités.
38
-
les enseignants communautaires feraient deux (2) ans dans ce statut ; puis
ils pourraient devenir des enseignants contractuels pendant deux (2) ou trois (3) ans ;
enfin
ils pourraient devenir des enseignants titulaires au bout de 6 ans.
C’est sans doute dans ce sens que le gouvernement béninois a procédé à leur recensement en
janvier 2007 et à leur reversement dans la catégorie des agents contractuels de l’Etat en 2008.
Le métier d’enseignant communautaire a été donc supprimé et l’objectif de carrière des exenseignants communautaires est clair :
-
suivre des formations qualifiantes ;
faire l’école normale et ;
devenir agents permanents de l’Etat
Selon eux, ce sont les conditions essentielles pour se réclamer enseignants à part entière.
39
CONCLUSION
Le métier d’enseignants communautaires né les années 1990 constitue une réponse à un déficit
d'offre par l'Etat béninois de personnel enseignant dans les écoles primaires publiques. Cette
situation préoccupante a fait l'objet de recherche documentaire d’une part, et de travaux de
terrain d’autre part, dans deux départements du Bénin. Le traitement quantitatif et qualitatif des
données suivant un modèle de triangulation a permis d'atteindre les objectifs de recherche et de
corroborer les hypothèses malgré les contraintes temporelles, sociologiques et techniques, etc.
La disponibilité de nombre d'enseignants et encadreurs pédagogiques a été d'un grand secours
et nous a permis d'aboutir à des résultats probants.
Il apparaît donc que le recrutement d'enseignants communautaires se présente comme une
participation communautaire face à la forte demande sociale d'éducation dans les écoles
publiques confrontées au problème de pénurie criarde d'enseignants. Le mérite de ce métier
d’enseignants communautaires est d'avoir facilité l'accès à l'éducation pour les enfants quelque
peu exclus du système éducatif par manque d'encadreur. Il a aussi permis d'éviter certaines
difficultés de déroulement des apprentissages avec les classes multigrades ou à double
vocation. L'originalité de l'enseignement par les enseignants communautaires est le
renforcement des liens entre l'école et les communautés à la base. En effet, celle-ci à travers les
associations des parents d'élèves ont eu de réels succès (recrutement et rémunération du
personnel enseignant, etc.) là où l'Etat n'a pu assurer le droit à l'éducation.
Le processus de reversement des enseignants communautaires dans le corps des agents
permanents de l’Etat est donc une marque indéniable de reconnaissance par l’Etat des
initiatives de développement de l’école par les communautés à la base. Toutefois, la question
cruciale de l’efficacité de l’enseignement par les enseignants communautaires pourra être
résolue à la faveur des formations à l’endroit de ces derniers.
Cette étude sur le métier d’enseignant communautaire au Bénin, vient en réalité de lever le voile
sur le profil des enseignants communautaires, sur l’efficacité de l’enseignement par ceux-ci et
situer davantage la genèse de ce métier dans un contexte ouest-africain de naissance et de
développement des écoles communautaires.
40
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(consulté le 1 novembre 2008).
UNSECO & Institut International de Planification de l'Éducation (IIPE). (1989). Le contexte
économique et social de la planification de l'éducation cité par le Conseil National Économique
et Social (Algérie), (1997). Rapport (table ronde) sur l’apprentissage et la formation
42
professionnelle ou les transmissions du savoir. Caracas les
http://www.cnes.dz/euromed/caracas3.doc (consulté le 15 février 2009).
07/08
1997.
Voir
UNESCO. (2007). Rapport mondial de suivi de l’EPT 2007. Paris.
VIGNIKIN, Kokou. (2004-2005). Protocole et questionnaire d’enquête. DESS/PDU, CEFORP
43
ANNEXES
QUESTIONNAIRE
Section 0 : Identification
N° Questions
001 Département d’origine
002 Commune
Réponses
Code
/___/___/
/___/___/
003
Arrondissement
/___/___/
004
Lieu (quartier ou village) de résidence actuel
/___/___/
005
Quartier ou village où il est en service
A coder à postériori
006
Quartier ou village où il résidait avant la prise de service
A coder à postériori
007 Nom et prénoms de l’enquêteur
008 Date
Section 1 : Caractéristiques socio-démographiques
101 Ecole où il enseigne ?
Quelle classe a-t-il gardé quand il a commencé ?
102
Quelle classe tient-il actuellement ?
103
104
105
106
107
108
109
Votre établissement dispose de combien de salles de
cours ?
Dans votre établissement, il y a combien d’enseignants ?
Dans votre établissement, il y a combien d’enseignants
APE ?
Dans votre établissement, il y a combien d’enseignants
communautaires ?
Sexe de l’enquêté (e)
Quel âge avez-vous ?
Quelle est votre religion ?
110
Quelle est votre situation matrimoniale actuelle ?
111
Saut
/___/___/
A coder à postériori
CI
CP
CE1
CE2
CM1
CM2
CI
CP
CE1
CE2
CM1
CM2
1
2
3
4
5
6
1
2
3
4
5
6
/__/__/
/__/__/
/__/__/
/__/__/
- Masculin
- Féminin
Catholique
Protestante
Musulmane
Traditionnelle
Autre chrétien
Aucune
Autre
Célibataire avec enfant
Célibataire sans enfant
Marié monogame
Marié polygame
Union libre
Divorcé/Séparé
1
2
/___/___/
1
2
3
4
5
6
9
1
2
3
4
5
6
44
Combien de personnes avez-vous en charge ?
112
Combien d’enfants avez-vous actuellement ?
113
/___/___/
Ramener vers statut matri
Combien fréquentent – ils à l’école ?
114
Pourquoi les autres ne sont pas scolarisés ?
115
Quel est votre ethnie ?
116
Quel niveau scolaire avez-vous atteint ?
117
Quel diplôme académique avez-vous ?
(Mettre le diplôme le plus élevé)
118
Quel diplôme professionnel (CEAP22, CAP23) avez-vous ?
119
Quelle est votre principale occupation avant de devenir
enseignant communautaire ?
120
22
23
/___/___/
/___/___/
Problèmes de moyens
Autre (préciser)
________________
Adja
Fon
Yoruba
Dendi
Batonou
Betamaribe
Peulh Autre (préciser)
Primaire inachevé
Primaire achevé
1er cycle Secondaire inachevé
1er cycle Secondaire achevé
e
2 cycle Secondaire inachevé
2e cycle Secondaire achevé
Supérieur inachevé
Supérieur achevé
1
9
1
2
3
5
6
7
8
9
1
2
3
4
5
6
7
8
CEP
BEPC
BAC
BAC + 2
BAC + 3
BAC + 4
1
2
3
4
5
6
CEAP
CAP
Aucun
Sans emploi
Etudiant/Elève
Apprenti
Agriculture
Pêche
Eleveur
Ouvrier
Zémidjan
Employé du secteur privé
Commerçant
Autre (préciser)
________________
1
2
3
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
Certificat élémentaire d’aptitude pédagogique
Certificat d’aptitude pédagogique
45
Quelle est votre occupation secondaire avant de devenir
enseignant communautaire ?
121
122
Est-ce qu’il y a des conditions pour devenir enseignant
communautaire ?
Etudiant/Elève
Apprenti
Agriculture
Pêche
Eleveur
Ouvrier
Zémidjan
Employé du secteur privé
Commerçant
Autre (préciser)
________________
Non
Oui
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
0
1
Si non,
aller à
124
Si Oui, quelles sont ces conditions ?
A coder à
postériori
123
Comment êtes vous devenu enseignant communautaire ?
A coder à
postériori
124
Qui vous a recruté comme enseignant communautaire ?
125
Le métier d’enseignant vous plaît t-il ?
126
Directeur d’école
APE
Circonscription scolaire
Autre ____________________
Non
Oui
1
2
3
9
0
1
Si Oui,
aller à
128
Si non, pourquoi vous enseignez ?
A coder à
postériori
127
128
129
130
En quelle année, vous avez commencé par exercer ce
métier ?
Quelle était votre salaire quand vous avez commencé ?
Pendant combien de mois, étiez-vous payé au début dans
une année ?
Qui payait le salaire en ce moment ?
131
132
133
134
135
/__/__/__/__/
A coder à
postériori
/__/__/
Directeur d’école
APE
Circonscription scolaire
Etat
Autre ____________________
Comment procédez-vous pendant les mois sans salaire ?
Quel est le montant de votre salaire actuel ?
Pendant combien de mois, êtes-vous payé actuellement ?
Qui paie ?
Etat
Unicef
Ecole
1
2
3
4
9
A coder à
postériori
A coder à
postériori
/__/__/
1
2
3
46
4
9
APE
Autre (préciser)
________________
Section 2 : Affiliation à des groupements corporatifs
Pour vous, quel rôle joue l’enseignant communautaire
201 dans la localité ?
202
Connaissez-vous des groupes organisés
communautaires au niveau national ?
203
Si Oui, lesquels ?
d’enseignants
Appartenez-vous à un de ces groupes ?
204
A coder à
postériori
Non
Oui
0
1
Si non,
aller à
211
Non
Oui
0
1
Si non,
aller à
206
Si Oui, lesquels ?
A coder à
postériori
Si Non, pourquoi ?
A coder à
postériori
Quels sont les avantages pour un enseignant de rester dans
un groupe de ce genre ?
A coder à
postériori
Quels sont les succès enregistrés par le groupe ?
A coder à
postériori
209
Quels sont les potentialités du groupe (sur quoi peut-on
compter dans le groupe ?) ?
A coder à
postériori
210
Quels sont les échecs (faiblesses) enregistrés par le
groupe ?
A coder à
postériori
205
206
207
208
211
212
213
Comment appréciez-vous les relations entre enseignants
communautaires?
Comment appréciez-vous les relations entre enseignants
communautaires et enseignants APE ?
Comment appréciez-vous les relations entre enseignants
communautaires et élèves ?
Section 3 : Qualité de la prestation de l’enseignant communautaire
Aviez-vous reçu une formation initiale avant de débuter
301
votre carrière ?
Avez-vous le manuel de cours (programme d’études) ?
302
303
304
Très bonnes
Bonnes
Passables
Mauvaises
Très mauvaises
Très bonnes
Bonnes
Passables
Mauvaises
Très mauvaises
Très bonnes
Bonnes
Passables
Mauvaises
Très mauvaises
5
4
3
2
1
5
4
3
2
1
5
4
3
2
1
Non
Oui
Non
Oui
0
1
0
1
Non
Oui
A coder à
postériori
0
1
Si Non, Pourquoi ?
Avez-vous le guide de l’enseignant communautaire ?
Si Oui,
aller à
304
Si Oui,
aller à
47
306,
305
Si Non, Pourquoi ?
Comprenez-vous le contenu de ces documents ?
306
307
308
309
310
311
Non
Oui
A coder à
postériori
0
1
Non
Oui
0
1
313
Arrivez-vous à concevoir aisément
pédagogiques avec ces documents ?
les
fiches
Si Non, Pourquoi ?
A coder à
postériori
A coder à
postériori
Comment procédez-vous dans ce cas ?
Combien de fois, vous avez été formé au cours de votre
carrière ?
/__/__/
- Enseignant APE
- Inspecteur
Conseiller pédagogique
Autres
_______________________
Participez-vous aux séances de formation réservées
Non
Oui
uniquement aux enseignants communautaires ?
0
1
A coder à
postériori
316
Si Oui, quel est l’impact de ces formations sur votre façon
d’enseigner ?
Que pensez-vous de cette affirmation : Vous avez une
bonne façon d’enseigner ?
317
Que disent les autres enseignants communautaires de votre
façon d’enseigner ?
A coder à
postériori
1
2
3
A coder à
postériori
Que disent les élèves et parents d’élèves de votre façon
d’enseigner ?
Que disent les conseillers pédagogiques et les inspecteurs
319
de votre façon d’enseigner ?
Quelles sont les difficultés que vous rencontrez dans votre
320
métier d’enseignant communautaire ?
321 L’année passée, vous avez encadré combien d’élèves ?
322 Combien de ces élèves sont passés en classe supérieure ?
Quels conseils donneriez-vous aux nouveaux recrus dans
323
ce métier ?
Section 4 : Relations avec les autres acteurs
Des gens se moquent-ils de vous parce que vous exercez
401 cette activité ?
Plutôt d’accord
Pas d’accord du tout
Plutôt pas d’accord
Oui
Non
1
2
Oui
Non
A coder à
postériori
1
2
Si Oui, pourquoi ?
Le métier d’enseignant communautaire est-il respectable ?
403
Si Oui,
allez à
315
A coder à
postériori
A coder à
postériori
A coder à
postériori
/__/__/__/
/__/__/__/
A coder à
postériori
318
402
Si 0 fois,
allez à
313
1
2
3
9
Si Non, pourquoi ?
314
315
Si Oui,
aller à
308
Si Non, Pourquoi ?
Si au moins une (1) fois, Par qui ?
312
Allez à
310
Si Non,
aller à
403
Si Oui,
aller à
405
48
Si Non, pourquoi ?
A coder à
postériori
404
405
Vous sentez-vous utile par rapport à cette activité que vous
exercez ?
Vous sentez-vous intégrer à la communauté ?
406
Oui
Non
Oui
Non
Si Non, pourquoi ?
Comment appréciez-vous les relations entre enseignants
communautaires et les supérieurs hiérarchiques ?
408
Comment appréciez-vous les relations entre enseignants
communautaires et les autorités politico-administratives ?
409
Comment appréciez-vous les relations entre enseignants
communautaires et l’association des parents d’élèves
(communauté) ?
Section 5 : Difficultés et suggestions
Quelles sont les difficultés auxquelles
501 confronté dans l’exercice de ce métier ?
502
503
504
505
506
507
508
509
510
Si Oui,
aller à
408
A coder à
postériori
407
410
1
2
1
2
vous
Très bonnes
Bonnes
Passables
Mauvaises
Très mauvaises
Très bonnes
Bonnes
Passables
Mauvaises
Très mauvaises
Très bonnes
Bonnes
Passables
Mauvaises
Très mauvaises
A coder à
postériori
êtes
Oui
Non
A coder à
postériori
A coder à
postériori
A coder à
postériori
1
2
Oui
Non
A coder à
postériori
1
2
Comment faites-vous pour les surmonter ?
Que suggérez-vous pour l’amélioration de vos conditions
de vie ?
Que suggérez-vous pour améliorez votre activité ?
Selon vous, est-ce qu’il y a un avenir pour le métier
d’enseignant communautaire ?
Si Oui, comment ?
Est-ce que le métier d’enseignant communautaire est
indispensable ?
5
4
3
2
1
5
4
3
2
1
5
4
3
2
1
Si oui, Pourquoi ?
A coder à
postériori
Si non, pourquoi
A coder à
postériori
Si Non,
aller à
507
Si Non,
aller à
509
Nom et prénoms de l’enquêté
Merci pour la collaboration !
49
GUIDE D’ENTRETIEN
A l’endroit des apprenants
Identification
1 Commune …………………….
2 Focus n° …………………..
3 Ecole ………………
1- Comment appréciez-vous les relations entre enseignants communautaires et élèves ?
2- Que pensez-vous du métier d’enseignant communautaire ?
3- Que pensez-vous de la façon d’enseigner d’un enseignant communautaire ?
Merci pour la compréhension
GUIDE D’ENTRETIEN
A l’endroit aux CP / Inspecteur / Directeur d’école/ Enseignant APE
Identification
Commune …………………….
1 Entretien n° …………………..
1- Qui peut-on appeler enseignants communautaires (catégories de personnes) ?
2- Quelles sont les raisons qui ont poussé les gens à faire ce métier ?
3- Procédure par laquelle devient-on enseignants communautaires ?
4- Est- ce qu’il y a eu de regret d’enseignants communautaires après exercice de ce métier ?
5- Appréciez les relations entre enseignants communautaires et APE ?
6- Problèmes/conflits liés à l’exercice du métier d’enseignants communautaires?
7- Solutions préconisées dans la résolution des problèmes / conflits et rôles de chaque acteur
impliqué
8- Comment appréciez-vous l’efficacité du métier d’enseignant communautaire ?
Merci pour la compréhension
GUIDE D’ENTRETIEN
A l’endroit des parents d’élèves / communautés
Identification
1. Commune …………………….
2. Entretien n° …………………..
1- Quelles sont les raisons qui ont poussé les gens à faire ce métier ?
2- Procédure par laquelle devient-on enseignants communautaires ?
3- Pensez-vous que les enfants qui fréquentent les écoles gardées par les communautaires
ont reçu une bonne éducation ?
4- Un de vos enfants décide de devenir enseignant communautaire, quelle serait votre
réaction ?
5- Que faut-il à l’enseignant communautaire pour se faire respecter de la communauté ?
6- Les gens exagèrent-ils quand ils disent que les enseignants communautaires ne sont
pas compétents ?
7- Si un jeune homme/femme, vous demandait de le conseiller dans le choix d’un métier,
quelles sont les trois premiers métiers que vous allez lui suggérez ?
Merci pour la compréhension
50
LISTE DES TABLEAUX, FIGURES, CARTES ET ENCADRES
Liste des tableaux
Tableau n°1 : Groupes cibles et outils de collecte de données................................................................10
Tableau n°2 : Taille de l’échantillon........................................................................................................11
Tableau n°3 : Tableau stratégique..........................................................................................................12
Tableau n°4 : Fréquence des instances de recrutement des enseignants communautaires.....................16
Tableau n°5 : Salaire d’un enseignant communautaire entre 1999 et 2005 (en milliers) .........................17
Tableau n°6 : Nombre de mois payé sur douze (12) avant le reversement..............................................19
Tableau n°7 : Nombre de personnes à charge de l’enseignant communautaire......................................19
Tableau n°8 : Occupations des enseignants communautaires pendant les mois sans salaire...................20
Tableau n°9 : Appréciation des relations entre Associations des Parents d’Élèves et enseignant
communautaire .....................................................................................................................................21
Tableau n°10 : Appréciation des relations entre élèves et enseignants communautaires........................22
Tableau n°11 : Appréciation des relations entre enseignants communautaires et permanents de l’État.22
Tableau n°12 : Appréciation des relations entre enseignants communautaires ......................................23
Tableau n°13 : Répartition des enquêtés selon le genre et selon l’âge....................................................24
Tableau n°14 : Répartition des enseignants communautaires en fonction des activités principales
précédant la fonction enseignante.........................................................................................................27
Tableau n°15 : Répartition des enseignants communautaires en fonction des activités secondaires
précédant la fonction enseignante.........................................................................................................27
Tableau n°16 : Disponibilité en matériels pédagogiques.........................................................................28
Tableau n°17 : Répartition des enseignants communautaires en fonction du nombre de formations
reçues depuis leur recrutement .............................................................................................................29
Tableau n°18 : Auto-appréciation de la pédagogie par les enseignants communautaires .......................30
Tableau n°19 : Caractérisation du taux de réussite scolaire ....................................................................31
Tableau n°20 : Taux de réussite scolaire.................................................................................................31
Tableau n°21 : Caractéristiques des effectifs d’enseignants agents APE et de communautaires..............34
Tableau n°22 : Répartition des enseignants communautaires par groupements corporatifs ...................37
Tableau n°23 : Succès, échecs et potentialités du SYNECOB ...................................................................37
Liste des figures
Figure n°1 : Niveau de prise en charge des rémunérations des EC en fonction des institutions/structures
avant 2005.............................................................................................................................................18
Figure n°2 : Répartition des enseignants communautaires enquêtés selon le niveau d’instruction .........24
Figure n°3 : Répartition des enquêtés selon le plus haut diplôme académique.......................................25
Figure n°4 : Répartition des enquêtés selon le plus haut diplôme académique.......................................26
Figure n°6 : Position des enseignants communautaires face à la vocation enseignante ..........................33
Figure n°7 : Evolution de l’effectif du personnel enseignant agent permanent de ..................................34
L’Etat au Bénin.......................................................................................................................................34
Figure n°8 : Appartenance ou non aux groupes d’enseignants communautaires ....................................37
Liste des encadrés
Encadré n°1 : Naissance et évolution de l’école communautaire au Tchad ...............................................8
Encadré n°2 : Quelques facteurs d’insertion dans le métier d’enseignant communautaire au Bénin.......16
Encadré n° 3 : Effets des formations selon les enseignants communautaires enquêtés ..........................30
Encadré n° 4 : Raisons avancées pour justifier le caractère indispensable du métier d’enseignant
communautaire .....................................................................................................................................36
51

Documents pareils