Le monde halloweenesque de Tim Burton

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Le monde halloweenesque de Tim Burton
Le monde halloweenesque de Tim Burton
Centre national de ressources (http://www.soin-palliatif.org/)
Le monde halloweenesque de Tim Burton
Le monde halloweenesque de Tim Burton
Publié le 04 août 2015 à 17h54
Les origines d'Halloween
Halloween est une fête d'origine celte célébrée dans la soirée du 31 octobre, veille de la Toussaint.
Son nom vient de la contraction anglaise All Hallows Eve qui signifie the eve of All Saints' Day, « le
soir de tous les Saints ». Halloween constitue un héritage de la fête païenne de Samain, célébrée à la
même date par les celtes, et représentait pour eux une sorte de fête du nouvel an notamment
agricole. Elle est ainsi connue jusqu'à nos jours sous le nom d'Oíche Shamhna en gaélique. C'est une
fête très populaire en Irlande, Écosse et au Pays de Galles où l'on trouve de nombreux témoignages
historiques de son existence. La fête d'Halloween s'importe vers la fin du 19ème siècle aux Etats-Unis
où elle se popularise avec engouement.
Halloween dans l'?uvre de Tim Burton
La filmographie de Tim Burton a tout de LA représentation artistique d'Halloween. A l'image du
Professeur Rogue qui sait mettre la Mort en bouteille, Tim Burton a mis la Mort sur pellicule, au
centre de son ?uvre. Son univers, si reconnaissable, se nourrit de références éclectiques : le morbide
côtoie des éléments enfantins et colorés, les frontières de la vie et de la mort s'affinent... comme la
tradition d'Halloween le permet.
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Tim Burton, réalisateur, scénariste et producteur américain
Jack-o'-lantern
Jack-o'-lantern, la lanterne emblématique d'Halloween, est le personnage central d'un des films
d'animation les plus connus (surtout pour la technique de stop motion avec laquelle il est fait) :
L'Etrange Noël de Monsieur Jack. Ce conte se veut, d'après Tim Burton lui-même, « un éloge
d'Halloween et Noël, mes deux fêtes préférées ». Le réalisateur nous plonge dans la ville
d'Halloween, royaume joyeusement macabre peuplé d'étranges créatures et de monstres qui
passent leur temps à faire des farces. Le film est la parodie d'un poème de Clement Clarke Moore
« The Night Before Christmas [1] » qu'il a facétieusement transformé en « The Nigthmare Before
Christmas », titre anglais de l'?uvre.
L'étrange Noël de monsieur Jack (1993)
Les contes fantastiques
Les histoires d'Halloween, c'est-à-dire, les contes et légendes gothiques et horrifiques sont la
substantifique moelle des films de Tim Burton. Edward aux mains d'argent, Big Fish prennent la
forme scénique de contes explicatifs, Alice aux pays des Merveilles et Charlie et la chocolaterie sont
des ?uvres enfantines, Sleepy Hollow, Les Noces funèbres et Beetlejuice s'appuient sur des
classiques de l'épouvante, à savoir le cavalier sans tête et la mariée maudite. En fait, Tim Burton
puise dans l'imaginaire collectif, mêlant merveilleux et fantastique. Ce mélange n'a rien de
mystérieux pour quelqu'un qui avoue « parce que je ne lisais jamais, ces films de monstres ont
probablement été mes contes de fées ».
Tim Burton, réalisateur, scénariste et producteur américain
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Les déguisements
La tradition moderne d'Halloween veut que les gens se déguisent avec des costumes qui font peur,
par exemple fantômes, sorcières, monstres, vampires, afin d'offrir un « désordre mimé, ou
l'inversion temporaire des règles et statuts ». Beaucoup de films de Tim Burton, à travers des
monstres et des déguisements, sont des critiques subtiles des rites et coutumes occidentaux. Ainsi,
il représente le mariage comme un arrangement entre riches dans Les Noces Funèbres, torpille
littéralement la société américaine (politique, média et science) dans Mars attacks ! allant jusqu'à
transpercer un Président des Etats-Unis peureux et démagogue d'un drapeau martien. L'ordre établi
est, pour une nuit, brisé. Les frontières deviennent floues. Tim Burton pousse cette frontière
vaporeuse à son paroxysme, nous offrant sa propre vision de la Mort. Ainsi, il ne montre pas le décès
comme une rupture mais plutôt comme une continuité indolore de l'existence. Le jeune couple
Maitland dans Beetljuice ne se rend pas compte qu'il a été la victime malheureuse d'un accident de
la route. De même, Victor Von Dort (Les Noces Funèbres) passe sans encombre du monde des
vivants à l'Au-delà. A travers cette volonté de flouter la frontière entre la vie et la mort, Tim Burton
suggère que décéder n'est pas forcément tragique.
Les masques
Le motif du masque est omniprésent dans la filmographie de Tim Burton. Il sert tant à effrayer qu'à
se protéger du monde qui effraie. Batman en est le plus bel exemple. Le costume de Batman aux
lignes sculpturales sur le corps fluet de Bruce Wayne (Michael Keaton) est un vrai masque : une
dualité qui sert à camoufler autant qu'à rendre visible un sentiment, de s'extérioriser. Chez Tim
Burton, comme dans les parades d'Halloween, chaque personnage porte le masque représentatif de
sa psyché personnelle. Pour lui, « c'est toujours libérateur d'évoluer derrière un masque », cela
permet de révéler d'autres facettes de soi. Tous les personnages de Tim Burton ont donc une double
personnalité qu'ils cachent souvent derrière un masque pour mieux la faire ressortir comme Jack
Skellington de L'étrange Noël de Monsieur Jack dont la principale fonction est de faire peur mais qui
rêve d'être le père Noël et de faire plaisir aux enfants.
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Les monstres
L'imagerie qui entoure Halloween est largement un amalgame de la saison d'Halloween elle-même,
d'un siècle ou presque de représentations artistiques (notamment dans les films de Tim Burton), et
une volonté mercantile de commercialiser ce qui a rapport au sombre et au mystérieux. Ceci
implique généralement la mort, la magie ou des monstres mythiques. Les personnages couramment
associés à Halloween sont les fantômes, les goules, les sorcières, les vampires, les chauves-souris,
les hiboux, les corbeaux, les vautours, les maisons hantées, des personnages à tête de citrouille, les
chats noirs, les araignées, les gobelins, les zombies, les momies, les squelettes, les loups-garous et
les démons. Surtout en Amérique du Nord, le symbolisme est inspiré par les classiques du cinéma
d'horreur, avec des personnages comme Dracula, le monstre de Frankenstein, le Loup-Garou et la
momie. Tous ces symboles apparaissent dans les films de Tim Burton. La ville d'Halloween de
l'Etrange Noël de Monsieur Jack mêle évidemment tous ces symboles mais on les retrouve
également dans toute l'?uvre cinématographique de Tim Burton. Sparkly dans Frankenweenie,
Edward dans Edward aux mains d'argent et Sally dans L'Etrange Noël de Monsieur Jack rend un
hommage émouvant au Frankenstein de James Whale (1931). L'allusion à Dracula est plus subtile : il
fera jouer dans ses films Christopher Lee (Charlie et la Chocolaterie, Sleepy Hollow, Les Noces
Funèbres et Frankenweenie), l'acteur interprétant maintes fois Dracula au cinéma entre 1958 et
1976. Il rendra également un bel hommage à Bela Lugosi (Dracula, 1931 de Tod Browning) dans Ed
Wood.
En somme, Halloween est « une forme plus qu'un contenu [...] : un peu à la manière d'une feuille
vierge, support d'un texte sans cesse à (re)définir ». Et Tim Burton, à travers sa filmographie, l'a bien
compris et nous délectera encore longtemps de son univers macabre et halloweenesque ! A venir :
Night of the living et Miss Peregrine's Home for Peculiar Children.
Caroline Tête, documentaliste au CNDR Soin Palliatif
Références
- Armstrong, L. Shading in a violent shadow: a hero's confrontation with the American shadow in Tim
Burton's The Nightmare Before Christmas [2]. Mythological Studies Journal 2014, vol. 5, p. 39-45
[dernière consultation : 11/09/2014]
- Baecque de, A. L'Art des morts : la création morbide chez Tim Burton [3]. Cinémathèque de Paris,
12 mars 2012, 71mn22s [dernière consultation : 11/09/2014]
- Lherm, A. Les enjeux sociaux du rite : l'exemple de la fête d'Halloween [4]. Hypothèses 1998, p.
23-30 [dernière consultation : 11/09/2014]
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- Menegaldo, G. Le système des couleurs dans Sleepy Hollow de Tim Burton : hommage et signature
d'auteur [5]. Revue française d'études américaines 2005, n°105, p. 53-64 [dernière consultation :
11/09/2014]
Source URL: http://www.soin-palliatif.org/node/2841
Liens:
[1] http://www.francopolis.net/vues/Moore-dec07.html
[2] http://journals.sfu.ca/pgi/index.php/pacificamyth/article/view/74/102
[3] http://www.franceculture.fr/l-art-des-morts-la-creation-morbide-chez-tim-burton
[4] http://www.cairn.info/revue-hypotheses-1998-1-page-23.htm
[5] http://www.cairn.info/revue-francaise-d-etudes-americaines-2005-3-page-53.htm
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