Grande - Chambre de Métiers d`Alsace

Transcription

Grande - Chambre de Métiers d`Alsace
JOURNAL DE
LA CHAMBRE
DE MÉTIERS
D’ALSACE
JUIN 2014
PRIX : 3,30 E
Grande
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l
DOSSIER
> p.15
Cycles
et motocycles
Mobilisation
des professionnels
INVITATION
28 août
Jacques ATTALI
aux Universités de l’Artisanat
> p.5
UNE RÉPONSE ADAPTÉE
OÙ QUE VOUS SOYEZ !
POUR ASSURER L’AVENIR
DE MON ENTREPRISE
MICKAEL PAUTLER
06 27 33 42 70
CHRISTIAN CASIN
06 77 46 82 84
JEAN-MARIE LETT
06 80 07 76 59
STEPHANE KAYSER
06 63 69 46 35
CARINE COURTEIL
06 22 00 12 35
DELPHINE METZ
06 78 03 59 65
STEPHANIE LING
06 82 78 69 25
CHANTAL MATTER
06 67 89 52 53
OLIVIA KUNTZMANN
06 07 89 94 52
MATHIEU SCHNELL
06 25 79 53 22
FREDERIC REBSTOCK
06 29 84 05 20
VOS CONSEILLERS
LAURENT THOUIN
06 78 26 25 54
FREDERIQUE BADIN
06 78 03 23 75
SPÉCIALISÉS
ET PROCHES DE
CHEZ VOUS !
Entreprise régie par le Code des Assuranes - Crédit photo Shutterstock - 04/2014
L’univers Professionnel
à retrouver sur groupama-pro.fr
ENQUÊTE
Retournez l’enquête jointe à votre gazette
ou répondez aux questions
en ligne à cette adresse :
www.cmatic.info/emploi/
Parlons emplois !
Le Président Bernard STALTER l’a déclaré à la presse au tout début du mois d’avril : « la Chambre de Métiers
d’Alsace mobilise ses équipes pour participer à la lutte contre le chômage et trouver des solutions pour
les artisans confrontés aux difficultés de recrutement de collaborateurs et d’apprentis. »
❐ Vous cherchez
à recruter ?
❐ Vous ne trouvez
pas les profils
adaptés
à vos besoins ?
À
l’heure où le taux de chômage
atteint des records, beaucoup
d’entreprises sont paradoxalement confrontées à la difficulté de
trouver la main-d’œuvre dont elles ont besoin : les candidatures qu’elles reçoivent présentant très souvent des profils qui ne sont
pas en adéquation avec les postes à pourvoir.
Face à cette situation absurde, la Chambre
de Métiers d’Alsace a choisi de réagir et de
vous aider.
Faire un état des lieux
Tout d’abord, la CMA réalisera auprès de ses
quelques 27 000 ressortissants une grande
enquête dont les résultats permettront de déterminer la nature des problèmes auxquels
vous êtes confrontés. Il s’agit de recenser vos
offres d’emplois et d’apprentissage actuelles
ou à venir, et d’identifier vos besoins, métier
par métier, entreprise par entreprise.
Accompagner les entreprises
Pour répondre concrètement et le plus
précisément possible aux besoins exprimés,
la CMA dépêchera sur le terrain des
chargés de mission qui vous accompagneront pour faire correspondre au mieux
l’offre à la réalité du marché de l’emploi. La
CMA travaillera également avec les services
de Pôle Emploi pour trouver rapidement
des solutions concrètes à vos problématiques de recrutement.
Votre mobilisation est indispensable : sans
votre contribution, rien ne sera possible.
Nous vous proposons d’aborder vos difficultés de manière personnalisée, profitez-en !
La CMA travaillera également avec les
services de Pôle Emploi, de la Préfecture,
des CFA, des organisations professionnelles
et des corporations pour trouver rapidement
des solutions concrètes à vos problématiques
de recrutement.
G azette des M étiers | Juin 2014
3
SOMMAIRE
>3
PARLONS EMPLOIS !
À NE PAS MANQUER
Trophées de la Création/Reprise
d’Entreprise
>6
L’artisanat d’Alsace à la Foire
Européenne : 50e participation > 6
ENTRE NOUS
Jacques ATTALI,
une personnalité hors normes
Tout savoir sur les Universités
de l’artisanat d’Alsace
>5
Fête du pain et balade
gourmande du boulanger
« Au gré des bières »
une première réussie
Bernard STALTER, élu président
de l’UNEC
>7
Proposition de loi
d’André Reichardt >8
Rencontre franco-américaine
de ramoneurs
>9
Zoom sur les espoirs
de l’artisanat alsacien
> 14
Association des Artisans Retraités
d’Alsace
L’Outil en Main recrute
> 20
L’INVITÉ DU MOIS
> 10
Philippe RICHERT, Président
du Conseil Régional d’Alsace
UN JOUR AVEC...
> 11
Étienne HENRY, Président de l’ordre
des experts-comptables d’Alsace
> 12
GALERIE
Remise des Brevets de Maîtrise
Coupe d’Alsace des Fleuristes
6e Championnat Régional
des mini-entreprises
Signature de la Convention
avec la Fondation du Patrimoine
Inauguration de l’Espace
Artisan à la Foir’Expo de Mulhouse
LE DOSSIER
> 15
Vente et réparation
de cycles et motocycles
TALENT D’ARTISAN
> 21
Laboratoire Delecaut à Wettolsheim
ENTREPRISE CENTENAIRE >
22
Électricité Rémond à Wingersheim
COLLOQUE
«Femme(s) et Artisane(s) »
> 23
ÉDITO
L’artisanat
pourvoyeur d’emplois
L’artisanat est un secteur dynamique, fortement consommateur de maind’œuvre. La question des collaborateurs des entreprises artisanales, de leur
recrutement et de leur qualification est donc essentielle.
Les besoins de l’artisanat sont donc un atout pour notre société, confrontée à
un chômage massif.
Or, force est de constater que les choses ne sont pas si simples. Nous savons
que, malgré une conjoncture qui reste globalement morose, malgré le nombre
élevé de demandeurs d’emploi, de nombreux artisans ne trouvent pas les
collaborateurs qu’ils recherchent.
Cette situation est évidemment inacceptable tant pour le fonctionnement
des entreprises que pour l’ensemble de la société française dans le contexte
qui est le nôtre.
C’est pourquoi nous avons décidé de prendre le taureau par les
cornes.
Il faut dépasser les impressions et les statistiques ! Il faut
considérer chaque situation pour ce qu’elle est et la traiter
individuellement pour trouver des solutions concrètes, au
cas par cas.
C’est ce que nous vous proposons à travers le questionnaire
encarté dans ce numéro. N’hésitez pas à le compléter et
à nous transmettre vos besoins et vos attentes. Il en va
de même bien sûr pour le volet apprentissage de notre
questionnaire.
Il s’agit d’abord de vous aider autant que faire se peut à régler
votre problème. C’est ce qui nous importe au premier chef.
Si, en plus, nous pouvons à cette occasion faire valoir l’artisanat en
démontrant concrètement son rôle de pourvoyeur de vrais emplois
ce sera un bénéfice supplémentaire de notre démarche.
Bernard Stalter
FORMATION
> 24
CARSAT / BTM pâtissier, confiseur,
glacier, traiteur / Le contrat de génération
ACTUS JURIDIQUES
> 26
IMPRIM’VERT est une garantie
de qualité qui renforce les valeurs
éco-citoyennes, et implique les
imprimeurs dans une démarche
de production où le respect de
l’environnement est une donnée
majeure.
4
Président de la Chambre de Métiers d’Alsace
G azette des M étiers | Juin 2014
Bulletin officiel de la Chambre de Métiers d’Alsace
Juin 2014 - 108e année
Chambre de Métiers d’Alsace - BP 10011 Schiltigheim
67013 - Strasbourg Cedex - Tél. 03 88 19 79 79
Directeur de la publication : Claude Gassmann
Publicité au journal : Caroline Hermen
Tél. 03 88 19 79 39
Impression : Valblor - Groupe Graphique F-67 Illkirch
Tirage : 27 800 exemplaires
Photos : Studio F40, sauf indications contraires
ISSN 1765-0283
Par respect pour l’environnement, cette
Gazette a été imprimée sur papier sans
chlore et avec des encres à bases végétales.
VOUS ÊTES INVITÉS
aux Universités
de l’artisanat d’Alsace
Inscrivez-vous en ligne sur :
www.cmatic.info/uni
© Jean-Marc Gourdon
Jacques
Attali :
une personnalité
hors normes
Fin 2013, Jacques Attali était
la personnalité française sans mandat
électif la plus suivie sur les trois
principaux réseaux sociaux.
C
ette notoriété, il la doit à une
carrière brillante déroulée non
seulement dans l’économie et la
finance, mais encore dans des
domaines aussi variés que l’écriture (65
essais et romans), la musique, le théâtre,
la chanson (parolier de Barbara) et même
des contes pour enfants. Personnalité
éclectique, il a consacré une biographie à
Diderot, le père de l’Encyclopédie.
Major de promotion de l’École Polytechnique, ingénieur du Corps des Mines, diplômé de l’Institut d’Études Politiques de Paris
et de l’ENA, il a été le « sherpa », conseiller
spécial du Président François Mitterrand.
Omniprésent sur de multiples fronts,
Jacques Attali est aujourd’hui le dirigeant
de deux sociétés à vocation internationale qu’il a créées : PlaNet Finance et
Attali & Associés.
Il est aussi éditorialiste de l’hebdomadaire l’Express et donne des conférences
dans le monde entier. C’est effectivement
une personnalité « hors normes » que
les artisans alsaciens rencontreront le
28 août prochain.
« L’artisanat dans l’économie et la société d’aujourd’hui
et de demain »
Pour les artisans, Jacques Attali est d’abord celui qui a donné son nom au rapport
éponyme de 2008 qui prônait la dérèglementation tous azimuts pour lutter contre
les situations de monopoles.
Plus récemment il a publié « Urgences Françaises » qui, dans le même esprit, dresse
de l’état de la France un sombre tableau et appelle à « faire une révolution, pour éviter
la révolution ».
Enfin, en 2013 il a présidé un groupe de réflexion « pour une économie positive » qui
présente les conditions d’une économie où l’humain et le moyen/long terme prennent
le pas sur la finance et le court-termisme tous puissants. L’artisanat se retrouvera
à bien des égards dans ce concept.
INVITATION
TOUT SAVOIR SUR
LES UNIVERSITÉS
DE L’ARTISANAT
D’ALSACE
Elles se tiendront
le 28 août 2014
à Sélestat (salle
du Tanzmatten).
◗ De 14 h 30 à 16 h 30,
présentation de la
restitution de l’étude du
cabinet Katalyse,
consacrée
à la réorganisation des
corporations après la
suppression de leur
caractère obligatoire et aux
nouvelles pistes d’actions
à entreprendre pour les
dynamiser et les rendre
encore plus attractives.
◗ À 17h, tous les artisans
alsaciens sont conviés à
participer, avec la
présence de Jacques Attali,
aux 2 tables rondes
consacrées à :
- la qualification
professionnelle et à la
règlementation des
professions
- et à l’artisanat de demain.
En 2013, les 6e Universités de l’Artisanat d’Alsace avaient
pour thème le développement transfrontalier.
G azette des M étiers | Juin 2014
5
À NE PAS MANQUER
CONCOURS
VOUS AVEZ CRÉÉ OU
REPRIS UNE ENTREPRISE
ARTISANALE OU
COMMERCIALE
L’artisanat d’Alsace
à la Foire Européenne
de Strasbourg : la 50 participation !
e
CE CONCOURS
S’ADRESSE
À VOUS !
Les Chambres de Commerce et d’Industrie d’Alsace et la Chambre de Métiers
d’Alsace organisent, dans le cadre de la
Semaine de l’Entrepreneur Européen,
les Trophées de la Création et de la
Reprise d’entreprise, édition 2014.
Ce concours destiné à promouvoir
l’entreprenariat d’entreprise en Alsace,
met en avant de jeunes entreprises
à la réussite exemplaire et révèle
de nouvelles activités qui porteront
l’économie de demain.
Vous pouvez participer au concours si
votre entreprise est inscrite au Registre
du Commerce et des Sociétés ou au
Registre des Entreprises tenu par la
Chambre de Métiers, et si la date de
création ou de reprise de l’entreprise est
comprise entre le 30/06/2012
et le 30/06/2013.
Plus de 35 000 e de prix
et 10 Trophées seront remis.
• 4 entreprises seront récompensées
dans le Haut-Rhin dans le cadre du
salon Créer sa Boite ;
• 6 entreprises seront récompensées
dans le Bas-Rhin à l’occasion de la
soirée événementielle les « Odyssées
des Entrepreneurs».
N’ATTENDEZ PAS ET ADRESSEZ
VOTRE CANDIDATURE ➘ du 16 juin au 14 septembre 2014
pour le Bas-Rhin à :
Nathalie WEISER
[email protected] - 03 88 19 79 28
➘ du 1er juillet au 15 septembre 2014
pour le Haut-Rhin à :
Véronique VETTER
[email protected] - 03 89 46 89 21
/
6
/
G azette des M étiers | Juin 2014
La Place des Artisans, épicentre du hall de l’artisanat.
La 82e édition de la Foire Européenne
de Strasbourg se déroulera du
vendredi 5 au lundi 15 septembre
prochains, avec l’Algérie comme pays
invité d’honneur. L’artisanat d’Alsace
investira une nouvelle fois le Pavillon
K avec de nombreux exposants et un
programme d’animations attrayant
sur la Scène des Métiers.
Dans un espace dédié de 2 200 m²,
57 exposants répartis sur 55 stands
proposeront une vitrine de leurs
savoir-faire. Parmi eux, 13 nouveaux
exposants : un diamantaire,
un puisatier, un vitrailliste et
« l’Union de la Mode ». La Place
des Artisans pavoisera aux couleurs
de l’Algérie et mettra en scène
de nouveaux métiers (bois et
plasturgie) associés à ceux qui
décorent habituellement cet espace
(paysagiste, sculpteur sur pierre,
métallier, décorateur, carrière).
Ça bouge sur la Scène
des Métiers !
Pour célébrer comme il se doit la
50e participation de l’artisanat
alsacien à la Foire, la Chambre de
Métiers d’Alsace et les organisations
professionnelles ont concocté une
belle palette d’animations. Le point
d’orgue pourrait être une rétrospective de la mode des années 60, 70, 80
et 90 et une anticipation de la tenue
vestimentaire en 2050
(le samedi 6 septembre).
La corporation des Fleuristes ouvrira
la Scène des Métiers le vendredi
5 septembre, jour de l’inauguration.
Le dimanche 7, à l’occasion de la
Journée de l’Artisanat, les métiers
d’exception seront mis en exergue.
Le lundi 8, la Fédération Départementale de la Coiffure fera son
show. Le mardi 9, Journée de la
Femme et intervention de la
corporation des Bijoutiers,
Horlogers, Joailliers, Orfèvres et
Sertisseurs du Bas-Rhin. Le mercredi
10 viendra le tour de la Fédération
des corporations d’entreprises
de Peinture et Finitions d’Alsace.
Le jeudi 11, Journée des Jeunes avec
l’association l’Outil en Main et le
CFA d’Eschau. Le vendredi 12 sera
consacré à la corporation des
Sculpteurs sur Bois du Bas-Rhin.
Le samedi 13, la corporation des
patrons Ferblantiers Installateurs
du Bas-Rhin (Copfi) et la corporation
des Métiers du Plâtre se partageront
la vedette. Le dimanche 14 sera
réservé à la corporation des
Professions et Métiers de l’Automobile (Copma). Enfin, le lundi 15, une
journée MOF achèvera cette décade
promotionnelle des métiers. Quant
à la Journée Interconsulaire, le
« talk-show » de la rentrée des trois
Présidents des CCI, Chambre
d’Agriculture et CMA, elle se
déroulera le jeudi 11 septembre au
matin, autour de 2 tables rondes sur
les thèmes de « l’orientation, la
formation et l’emploi » d’une part,
et sur « l’Alsace de demain »
d’autre part.
ENTRE NOUS
FÊTE DU PAIN ET BALADE GOURMANDE
DU BOULANGER
Du 12 au 18 mai derniers,
la boulangerie alsacienne a
vibré au rythme de la Fête du
Pain, multipliant les animations
dans toute la région et attirant
l’attention des médias sur un métier
autant à l’aise dans le faire savoir
que le savoir-faire.
Cette année, le thème de la Fête du Pain - désormais bien
inscrite dans le calendrier - était la baguette de tradition
française. Partout étaient organisés des événements
mobilisant les gars et les filles de la « boulange », prompts
à monter au créneau quand il s’agit de promouvoir leur beau
métier. Mais l’événement le plus innovant a été la première
« Balade Gourmande du Boulanger » organisée le 18 mai
par la corporation des Patrons Boulangers de Strasbourg
et environs. Tout au long d’un parcours de 9 kilomètres,
déroulé à partir de la Maison de la Boulangerie à Schiltigheim
- avec pour difficulté majeure l’ascension de la colline
d’Oberhausbergen - les randonneurs n’ont pas été privés de
ravitaillement et d’animations diverses (dégustation painvin-fromage, pâtisseries variées, musique country, jeux pour
les enfants etc.). Une première réussie, avec de nombreux
participants et une furieuse envie de récidiver en 2015.
BERNARD STALTER,
ÉLU PRÉSIDENT
DE L’UNION NATIONALE
DES ENTREPRISES
DE COIFFURE (UNEC)
À l’issue d’un congrès fédérateur organisé
en mai dernier, les deux organisations
professionnelles de la coiffure (le Conseil
National des Entreprises de Coiffure et la Fédération
Nationale de la Coiffure) ont choisi de s’unir au sein de la
toute nouvelle UNEC, qui a choisi pour premier Président
Bernard Stalter.
La coiffure en France ce sont 82 000 entreprises, 170 000
actifs (dont 9 950 salariés et 22 000 apprentis) et un
chiffre d’affaires de 6,27 milliards d’euros. Jusqu’au congrès
d’Auxerre, la CNEC présidée par Franck Provost et la FNC
présidée par Pierre Martin, n’étaient pas parvenues à se
fondre dans une organisation unique. C’est à présent chose
faite. Que Bernard Stalter préside cette jeune Union n’est
pas anodin quand on sait la persévérance qu’il déploie pour
réunir ce qui est épars, comme il l’a démontré dans ses
activités consulaires, professionnelles ou financières.
Ce grand fédérateur a présenté un programme que le
communiqué de presse de l’UNEC a qualifié « d’ambitieux ».
Le premier grand rendez-vous de Bernard Stalter, Président
de l’UNEC, aura pour cadre le Mondial Coiffure Beauté,
en septembre 2014.
« AU GRÉ DES BIÈRES »
UNE PREMIÈRE RÉUSSIE
À l’initiative du Syndicat des
Brasseurs d’Alsace (SBA), la bière a
investi en mai dernier la place du
Château à Strasbourg pour
l’événement « Au gré des bières »
auquel participaient également
7 brasseries artisanales.
L’Alsace est le seul terroir français
où se côtoient les cultures viticole et brassicole. Mais, entre les
deux, la balance médiatique penche sérieusement du côté du vin
jugé plus élitiste. Tirer l’image de la bière vers le haut est une
préoccupation constante du SBA, et c’est dans ce but qu’il a
organisé l’opération « Au gré des bières », pour le grand public.
S’intégrer dans une manifestation a priori réservée à la brasserie
industrielle n’était pas évident de prime abord. Pourtant une
jeune équipe d’artisans brasseurs a saisi l’occasion par une
démarche collective de confrères plutôt que de concurrents, de se
faire connaître d’un public curieux et conquis.
Sous l’égide de la corporation des artisans brasseurs d’Alsace,
les brasseries de la Lanterne, du Pays Welche, de la Mercière,
Petrazoller, Bendorf, Saint-Louis et Lauth se sont taillé un
franc succès en proposant une riche palette de bières
originales et finement aromatisées. Une expérience réussie
qui appellera certainement une suite !
Patron vous êtes seul
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entreprise
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G azette des M étiers | Juin 2014
7
ENTRE
NOUS
??????????
Proposition de loi d’André Reichardt
sur le financement des corporations
et le repos dominical retoquée au Sénat
La proposition de loi du sénateur André Reichardt tendant
à moderniser différentes dispositions de la législation applicable
© Louis-Arthenon / Région Alsace
en Alsace-Moselle, telles que le financement des corporations
et le repos dominical, a été rejetée par le Sénat le 19 juin dernier.
Un nouveau coup dur pour les corporations qui misaient beaucoup
sur un dispositif qu’André Reichardt a défendu bec et ongles.
L
e 30 novembre 2012, le Conseil
Constitutionnel supprimait le caractère obligatoire des corporations en
Alsace-Moselle. Cette décision a
remis en cause la pérennité même des
corporations et le rôle qui leur est dévolu
depuis plus de 110 ans. Certaines ont été
contraintes de procéder à des licenciements
et/ou de céder des locaux où s’est écrit une
partie de leur histoire. Face à cette situation
exceptionnelle, il leur a fallu se remettre
en question et faire preuve d’imagination,
ce qu’elles ont fait avec le soutien actif
de la Chambre de Métiers d’Alsace et
des collectivités territoriales locales. Dans
cet esprit, le Sénateur André Reichardt a
déposé au Sénat une proposition de loi en
5 titres et huit articles, fruit d’un travail
minutieux mené avec l’Institut de Droit
Local alsacien-mosellan et de la commission
d’harmonisation du code local, validé par
les organisations professionnelles.
Le financement des corporations
par les Chambres de Métiers
de droit local
Cette disposition se serait traduite par une
augmentation spécifique de la taxe pour
frais de chambre de métiers. Cette recette
aurait été collectée pour financer des missions d’intérêt général mises en œuvre par
les corporations.
Le financement des corporations
par le produit de redevances
pour services rendus
Les corporations exercent des missions
gratuites relevant d’intérêt général dont
bénéficient sans distinction leurs membres
et ceux qui ne le sont pas. La proposition
de loi prévoyait dans son article 2 que le
financement des corporations puisse être
assuré par le produit de redevances pour
services rendus, dans les domaines fixés
par l’article 88 du code professionnel local
8
G azette des M étiers | Juin 2014
(écoles profes-sionnelles, foyers, bureaux
de placement...)
Ces deux dispositions pouvaient être
cumulatives ou pas.
Le repos dominical
La proposition de loi impliquait de préciser
la consultation préalable à l’adoption ou à la
modification des statuts locaux par « des
organisations représentatives des salariés et
des employeurs ». Si elles n’étaient pas
consultées directement, les corporations
auraient eu leur mot à dire compte tenu de
leurs liens avec les organisations professionnelles. La proposition de loi fixait aussi
le nombre de dimanches travaillés avant
Noël (soit 3) et un nombre d’heures travaillées maximal de 6 heures. Le régime dérogatoire pour les activités tendant à satisfaire
les besoins de la population les dimanches
et jours fériés était maintenu en proposant
d’y introduire la possibilité pour le Préfet
(autorité compétence) de l’assortir d’une
obligation de fermeture hebdomadaire.
Cette disposition, très importante, aurait
évité les distorsions de concurrence entre
les grandes et petites entreprises, ces dernières n’ayant pas les ressources humaines
et financières pour ouvrir 7 jours sur 7.
Aprement combattue par Jean-Pierre
Michel (PS), rapporteur de la commission
des lois au Sénat, la proposition d’André
Reichardt n’aura été retenue que pour
deux articles techniques sans incidence sur
l’artisanat… Contacté par téléphone dans
le train qui le ramenait de Paris, André
Reichardt a dit son « écœurement » et son
inquiétude quant à l’avenir des corporations,
n’hésitant pas à parler de « catastrophe ».
LA LOI RELATIVE À L’ARTISANAT, AU COMMERCE
ET AUX TPE EST ADOPTÉE
Cette loi va dans le sens des préconisations de la Chambre de Métiers d’Alsace et des
organisations professionnelles.
Bien qu’il ne soit pas membre de la commission de l’économie au Sénat (il siège à la commission
des lois), André Reichardt a été fortement sollicité par son groupe politique pour émettre des avis
sur la pertinence du projet, dont deux points correspondent à des demandes constantes de
l’artisanat. Sur la qualification professionnelle à l’installation, la loi prévoit de la déterminer par
métier et non par groupe d’activités. Son contrôle effectif sera de la compétence des Chambres de
Métiers. Si une entreprise ne justifie pas l’existence de la qualification nécessaire dans les 3 mois
suivant sa création, elle sera radiée. Les entreprises auront l’obligation de mentionner sur leurs
devis et factures des informations relatives aux assurances obligatoires et pour avoir la qualité
d’artisan, il faudra posséder un diplôme dans le métier ou justifier d’une expérience
professionnelle effective.
Quant à l’auto-entrepreneur, la nouvelle loi crée un statut unique de la micro-entreprise associé
à un régime micro-fiscal et micro-social selon un taux fixé par décret qui devra être équivalent de
celui des travailleurs indépendants. L’immatriculation sera obligatoire, tout comme le Stage
Préparatoire à l’Installation. Ils seront assujettis à la taxe pour frais de Chambres de Métiers et
l’ouverture du droit à la formation continue sera maintenant conditionnée par le chiffre d’affaires
déclaré sur les 12 derniers mois.
En revanche, regrette André Reichardt, « la loi ne prévoit pas d’assujettir les auto-entrepreneurs
à la TVA». Il ajoute qu’« Il faut espérer que les décrets d’application soient rapidement
promulgués, pour que cette nouvelle loi soit réellement opérative ».
ENTRE NOUS
Rencontre
franco-américaine
de ramoneurs
Michel Martin, Olivier Dorn et Bruno Zimmermann
(sur la photo de gauche à droite) sont trois maîtres ramoneurs, co-gérants
de la Sàrl Hérisson 67. En mars dernier, ils ont traversé l’Atlantique pour rencontrer leurs collègues américains.
PROS
une convention nationale réunissant plus de
400 participants. Répondant à l’invitation de
John Pilger, les trois associés alsaciens se sont
rendus à Colombus, dans l’Ohio, où se déroulait la convention 2014 (signalons qu’il existe
dans l’Ohio une communauté d’origine alsacienne aussi importante que celle de Castroville au Texas). Riche en échanges techniques
et humains, cette rencontre entre ramoneurs
américains et alsaciens ne restera pas sans
lendemain car, en bons ambassadeurs, nos
trois maîtres ramoneurs avaient apporté dans
leurs bagages, non seulement quelques
hérissons « made in France », mais aussi un
diaporama vantant les atouts touristiques de
l’Alsace, à ce point séduisants que leurs hôtes
envisagent d’organiser leur convention 2015
entre Rhin et Vosges. C’est la première fois que
des ramoneurs français participaient à cette
convention, de quoi justifier la légitime fierté
des trois associés d’Hérisson 67.
carreblanc.fr • Photo : Christophe Urbain • ÉS Énergies Strasbourg • SA au capital de 6 472 800 € • Siège social : 37, rue du Marais Vert - 67953 Strasbourg cedex 9 501 193 171 RCS Strasbourg • Offre soumise à conditions, valable jusqu’au 31/12/2014 sur le territoire de concessions d’ÉS Énergies Strasbourg, réservée aux professionnels. E
n 2009, à l’occasion d’une rencontre
internationale de ramoneurs en
Italie, Michel Martin fait la connaissance d’un collègue américain, John
Pilger. Ce dernier a présidé un temps l’organisation professionnelle « National Chimney
Sweep Guild », qui travaille en parallèle avec un
autre organisme américain orienté vers la
technique, le « Chimmey Safety Institute of
America ». Il y a 6 000 entreprises de ramonage
aux États-Unis où est organisée chaque année
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G azette des M étiers | Juin 2014
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L’INVITÉ DU MOIS
Philippe Richert
Président du Conseil Régional
d’Alsace
En 2013, la Région Alsace a consacré plus de 67 M€ à l’apprentissage
tant pour le financement des Centres de Formation d’Apprentis,
© Stadler / Région Alsace
que l’accompagnement des employeurs et les aides directes aux jeunes.
Philippe RICHERT, Président du Conseil Régional d’Alsace.
INTE RV I E W
Président, quel regard portez-vous sur
l’année scolaire qui se termine ? Le
nombre d’apprentis a-t-il évolué ?
Philippe Richert : Je tiens avant tout à souli-
gner que la campagne de recrutement pour
l’année scolaire 2013/2014 a démarré dans
une conjoncture très peu favorable à
l’apprentissage. Parmi les principaux freins,
je veux mentionner les annonces hésitantes
du gouvernement concernant la prime aux
employeurs en juillet 2013, les incertitudes
sur l’accueil en apprentissage des jeunes
de moins de quinze ans sans oublier une
certaine forme de concurrence que peuvent
constituer les emplois d’avenir.
Cette conjoncture a bien évidemment eu
comme conséquence une baisse du nombre
de contrats signés en 2013/2014 (- 8 % au
niveau national selon la DARES1).
Concernant les effectifs en Alsace pour la rentrée 2013, je note avec inquiétude, qu’après
une augmentation régulière de 2003 à 2012
les chiffres font apparaître une diminution
des effectifs apprentis de -1,6 % (15 257). Cette
baisse est particulièrement significative sur
les niveaux V (- 5 %) alors que les niveaux
supérieurs II et I augmentent de 10,6 %.
GM : Comment la Région va-t-elle soutenir les entreprises avec le nouveau dispositif de prime à l’apprentissage ?
PR : Dès la mi-juillet 2013, j’ai alerté le
Ministre du Travail sur l’effet désastreux
de supprimer la prime aux employeurs
d’apprentis, en particulier pour les petites
structures. Cette aide constitue une légitime
reconnaissance pour les entreprises formatrices en particulier dans le secteur artisanal
et elle représente surtout une juste compensation des efforts d’accompagnement qu’elles
consacrent à leurs apprentis.
10
G azette des M étiers | Juin 2014
Je suis profondément convaincu que l’apprentissage représente une voie d’excellence
pour former nos jeunes et leur donner les
qualifications nécessaires pour trouver un
emploi. Il est donc fondamental que les
entreprises qui s’investissent dans l’accompagnement d’un jeune soient soutenues.
Voilà pourquoi un nouveau dispositif de
soutien aux employeurs d’apprentis a été
mis en place par la Région Alsace dans le
respect des exigences fixées par la Loi.
Ainsi depuis le 1er janvier 2014, toute
entreprise de moins de 11 salariés peut
bénéficier d’une prime à l’apprentissage
de 1 000 € pour chaque année du cycle
de formation. Une grande majorité des
entreprises artisanales peuvent y prétendre.
Par mesure de simplification, l’employeur
n’a aucune démarche à accomplir, c’est la
Région qui l’informera de ses droits.
GM : Comment évolue l’offre de formation
dans les CFA ? Y aura-t-il des nouveautés
en 2014 ?
PR : En Alsace il y a actuellement plus de 670
sections de formation ouvertes à l’apprentissage, qui sont dispensées par 33 Centres de
Formation d’Apprentis (CFA). En moyenne,
la Région décide chaque année de l’ouverture
d’une trentaine de sections.
En effet, c’est à la Région que revient la
compétence de piloter l’offre de formation
professionnelle initiale. Pour ce faire, en
Alsace, nous nous appuyons sur des priorités
définies grâce aux contrats d’objectifs avec les
professionnels, sur les analyses réalisées par
l’Observatoire Emploi Formation Régional et
sur les spécificités des territoires recensées par
nos agents responsables territoriaux de l’offre
de formation. Ainsi, notre but est bien de s’assurer de la pertinence d’une formation par
rapport aux besoins sociaux économiques.
GM : Quelles relations entretient la Région
avec les CFA ?
PR : En Alsace, on peut dire qu’il existe un
véritable partenariat entre la Région et les
CFA. Nos relations ne se limitent pas à des
accords contractuels sur le pilotage de l’appareil de formation et elles vont bien au-delà du
simple financement structurel de l’apprentissage par des subventions de fonctionnement et
d’équipement pour les CFA.
La Région a notamment mis en place des
Contrats d’Initiative et de Progrès avec les
CFA et leurs organismes gestionnaires,
comme la Chambre de Métiers afin
d’accompagner leurs projets et de favoriser
le développement et la modernisation de
l’apprentissage.
Ainsi, les CIP permettent aux CFA de proposer chaque année un projet qualitatif
global, articulé autour de plusieurs thématiques : liaison avec l’entreprise formatrice,
ingénierie-innovation pédagogique, mobilité
internationale, animation de la vie apprentie,
accompagnement des apprentis en difficulté.
GM : Les Olympiades des Métiers qui se
dérouleront en janvier 2015, mobilisentelles les CFA ? Comment ?
PR : Les Olympiades des Métiers constituent
une magnifique opportunité pour promouvoir les métiers et la formation professionnelle. Tout jeune de moins de 23 ans peut y
concourir. Il est donc fondamental que les
CFA y soient pleinement associés.
La mobilisation des CFA peut s’illustrer de
façon très diversifiée. Certains se chargent de
l’entraînement technique et de l’encadrement
des jeunes candidats qui représenteront
l’Alsace, d’autres contribuent à la mise en
place des ateliers en recherchant le matériel
nécessaire et enfin les CFA participent aux
Olympiades à travers des projets pédagogiques qu’ils élaborent avec leurs apprentis.
GM : Un dernier mot : la démarche Alsace
2030 aborde-t-elle l’apprentissage de
demain ?
PR : L’emploi, l’orientation et la formation
constituent l’une des 8 thématiques de la
démarche Alsace 2030. Les travaux et
réflexions de cette thématique se répartissent
en 4 ateliers qui réfléchissent notamment sur
l’anticipation des besoins en compétences et
sur l’innovation en matière de formation et
d’accès à la formation.
Les échanges font ressortir notamment la nécessité de poursuivre les efforts en direction de
l’individualisation des parcours et de l’adaptation accrue de l’offre aux besoin du monde
économique.
1. DARES : Direction de l’Animation de la Recherche, des
Études et des Statistiques.
UN JOUR AVEC...
Depuis décembre 2012, Étienne Henry préside
l’Ordre des Experts Comptables d’Alsace
qui regroupe plus de 600 professionnels
du chiffre. Souvent désigné comme
« le médecin généraliste de l’entreprise »,
l’expert-comptable conseille et accompagne
le chef d’entreprise dans la plupart
des décisions importantes
qu’il est amené à prendre.
Étienne Henry,
Président de l’ordre des experts-comptables
d’Alsace
C
omme beaucoup de professions,
celui d’expert-comptable a beaucoup
évolué. S’il demeure un spécialiste
du chiffre, il exerce également ses
compétences dans le droit (des sociétés, fiscal
et social), la gestion quotidienne de l’entreprise et son développement, la créationreprise et la transmission d’entreprise. Sur ces
deux derniers points en particulier, l’Ordre
travaille étroitement avec la CMA. Avenue de
la Forêt Noire à Strasbourg, au siège de
l’Ordre, Étienne Henry est présent tous les
lundis et chaque fois que nécessaire. La journée débute par un entretien avec ses différents
collaborateurs pour s’informer de l’actualité
professionnelle et prendre les décisions qui
s’imposent ou préparer celles qui exigent un
examen plus approfondi, voire une enquête.
Il peut s’agir d’un litige entre un expertcomptable et un client, ou d’un litige déontologique entre deux confrères.
La Cour de Justice de l’Union européenne
ayant jugé illégale l’interdiction faite aux
experts-comptables en France de recourir aux
communications commerciales, ils peuvent à
présent fournir au public une information
utile, mais empreinte de retenue. « C’est ce qui
nous a permis de lancer une opération comme
Allo Impôts, du 2 au 16 mai derniers, avec une
permanence téléphonique et un accueil
physique au siège de l’Ordre pour répondre aux
questions des contribuables, car nous pouvons
aussi bien conseiller le particulier que le chef
d’entreprise », explique Étienne Henry.
Des compétences bien établies
Étienne Henry insiste beaucoup sur la formation de l’expert-comptable qui comporte un
cursus post-bac de 5 ans et un stage pratique de
3 ans sanctionné par un diplôme reconnu
à l’international, soit un niveau bac +8. En
outre, dans les domaines fiscal et social, les
règles du jeu changent d’une année sur l’autre,
de sorte que les professionnels sont tenus de
réactualiser leurs connaissances en permanence, et ont l’obligation de suivre 30 heures de
formation par an. « Lié par le secret professionnel
et soumis à un code de déontologie exigeant,
l’expert-comptable a un rôle de courroie de
transmission des mesures gouvernementales et
règlementaires vis-à-vis de ceux, entreprises et
particuliers qui sont dans l’obligation de les
appliquer » précise Étienne Henry.
Corporations, les experts-comptables
jouent le jeu !
La suppression du caractère obligatoire des
corporations le 30 novembre 2012 a conduit
Bernard Stalter, Président de la CMA, à saisir
le Conseil de l’Ordre pour que les expertscomptables soutiennent les corporations en
ne conseillant pas à leurs clients artisans de
faire l’économie d’une cotisation devenue
facultative. Message bien reçu par Étienne
Henry, dans la mesure où entre les experts
comptables et les corporations les informations circulent dans les deux sens.
Les contraintes et règlementations de toutes
natures sont de plus en plus complexes et,
pour les comprendre et les mettre en œuvre, le
recours à un conseil extérieur, avec l’apport
d’un éclairage objectif, est d’une utilité précieuse, plus encore pour les chefs d’entreprises
artisanales (très souvent des TPE) qui n’ont
pas la possibilité financière de s’entourer de
conseillers salariés. La fameuse formule
maintes fois entendue dans les ateliers, les
laboratoires ou les chantiers « c’est mon comptable qui me l’a dit », sur un ton aussi assuré
que rassuré, traduit bien la qualité de la relation entre l’artisan et son principal conseiller.
G azette des M étiers | Juin 2014
11
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GALERIE
Remise des Brevets de Maîtrise
14 mars : remise solennelle,
à la section de Colmar de la CMA,
de 34 Brevets de Maîtrise récemment certifiés
au niveau national.
Trois métiers concernés : peintre en bâtiment,
installateur en génie climatique et installateur
en équipements électriques.
Coupe d’Alsace
des Fleuristes
7 avril 2014 : la CMA accueille dans ses locaux
les sélections régionales pour la Coupe
d’Alsace des Fleuristes 2014 et pour le
concours Meilleur Apprenti de France 2014.
6e Championnat
Régional
des mini-entreprises
20 mai 2014 : 900 entrepreneurs en
herbe, représentant 49 équipes, étaient
présents au Dôme de Mutzig pour
la promulgation des résultats
du championnat régional
de la mini-entreprise. Partenaire
d’Entreprendre pour Apprendre,
la CMA, représentée par le Président
Jean-Louis FREYD, a remis 2 chèques
d’une valeur de 500 € aux lauréats
du prix de l’artisanat innovant.
Catégorie lycée : « Nature & Flots »
de l’EREA Henri-Ebel d’Illkirch.
Catégorie collège : « Pull Shoes »
du collège du Rhin de Drusenheim.
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G azette des M étiers | Juin 2014
GALERIE
Signature de la Convention
avec la Fondation du Patrimoine
14 mars 2014 : Bernard Stalter et Pierre Goetz, président
de la Fondation du Patrimoine en Alsace, signent une
convention cadre en faveur du Centre de Formation de la
Facture d’Orgues au CFA d’Eschau. Objectif : soutenir
et favoriser la transmission des savoirs pour sauvegarder
le patrimoine.
Portes Ouvertes des 3 CFA
Eschau, Colmar et Mulhouse
23 mars : pour la 2e année consécutive, les 3 CFA d’Eschau, de Colmar et de Mulhouse ont
ouvert leurs portes en même temps au grand public pour une opération séduction qui,
cette année encore, a remporté un franc succès.
Inauguration
de l’Espace
Artisan
à la Foir’Expo
de Mulhouse
Inaugurée par Bernard Stalter et
Christian Keller, « La Cité des
Artisans » à la Foir’Expo de
Mulhouse (23 mai au 1er juin) a
rassemblé dans un espace dédié
39 exposants, représentant
20 métiers de l’artisanat.
Jean Rottner, Maire de Mulhouse
a annoncé un renforcement du
partenariat entre sa ville et la
CMA et Bernard Stalter a évoqué
l’étude d’un nouveau projet
pour la Cité des Artisans 2015.
G azette des M étiers | Juin 2014
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ENTRE NOUS
Zoom sur les espoirs
de l’artisanat alsacien
Ce mois-ci, nous poursuivons notre découverte des membres de l’équipe des Olympiades des Métiers
avec Stéphane Schlupp (peinture et décoration) et Romain Kauffmann (ébénisterie).
Deux passionnés, motivés et plus conquérants que jamais. Le Brésil en ligne de mire.
STÉPHANE SCHLUPP, des couleurs nationales après celles régionales
Lauréat des sélections régionales
en peinture et décoration, Stéphane
Schlupp se prépare aux finales
nationales de janvier prochain
à Strasbourg.
Fils d’un compagnon peintre, Stéphane
Schlupp a obtenu son CAP en 2013.
Ses résultats, parmi les meilleurs, attirent
l’attention des dirigeants de sa corporation
qui lui proposent de tenter sa chance aux
éliminatoires régionales des Olympiades
des Métiers. Il relève le défi et, le soir de la
proclamation des résultats à Mutzig, il
monte sur la plus haute marche du podium.
À 18 ans à peine, Stéphane achève sa
1re année du Brevet Technique des Métiers
dans l’entreprise Armand Boehm à
Dettwiller. Rencontré sur le chantier d’un
immeuble à Gresswiller où il travaille
actuellement, Stéphane n’est pas du genre
causant. Sa langue se délie tout juste
quand il parle de son métier. Une fois la
confiance instaurée, il se livre un peu plus.
Content d’avoir franchi la première étape, il
ne se prend pas la tête et s’apprête à vivre
l’exigeante période de préparation avec
sérénité. Une première rencontre avec
l’ensemble de la sélection Alsace a déjà eu
lieu et Stéphane, comme ses collègues, a
fait la connaissance des deux coachs qui
les accompagneront aux plans sportif et
mental. Pour la partie professionnelle, c’est
son père, Gérard Schlupp, qui assure
l’accompagnement. Au CREPS, Stéphane a
appris à gérer le stress. Il écoute
attentivement les conseils et les met
en œuvre pour être au meilleur de sa
condition en janvier prochain. Au Wacken,
où se dérouleront les finales nationales,
il sera en terrain connu, ayant déjà
découvert le site lors des sélections
régionales. Être présent au niveau national
est déjà pour Stéphane une grande
satisfaction. Pour le reste, « on verra bien »
concède cet économe en mots qui rêve
pourtant d’ajouter une couche de bleu
au drapeau « rot-wis » alsacien avec,
en perspective, le Brésil et Saô Paulo.
ROMAIN KAUFFMANN, un ébéniste bien entouré
À 17 ans, Romain Kauffmann est déjà Meilleur Apprenti de France et lauréat
des sélections régionales des Olympiades des Métiers, en ébénisterie.
Sa jeune carrière, Romain l’a intégralement effectuée à l’Arche du Bois à
Niederhaslach, une entreprise d’ébénisterie spécialisée dans les agencements
intérieurs, dirigée par Denis Clément. Après le CAP menuiserie et le titre de MAF,
Romain s’est spontanément présenté aux éliminatoires régionales des Olympiades
des Métiers « pour voir de quoi j’étais capable, et me situer par rapport à mes
confrères», explique ce compétiteur dans l’âme qui se revendique « du dépassement
de soi et de l’appétit de la gagne ». À l’Arche du Bois, il est coaché par deux
collaborateurs de l’entreprise, Patrick Alleman et Nicolas Entzmann, (qui avait terminé
deuxième d’une finale nationale des Olympiades, catégorie ébénisterie) et, au CFA
d’Eschau, il est suivi par le responsable ébénisterie, Jean-Paul Simon. Bien encadré,
Romain consacre d’ores et déjà 15 heures par semaine à sa préparation, le soir après
le travail et le week-end. Il anticipe autant que possible les différents cas de figure
qui risquent de se présenter et il surveille de près le temps de réalisation. « Aucun
détail n’est négligé» confesse Romain, focalisé sur les épreuves qui l’attendent
et stimulé par le fait « de jouer à domicile, une pression supplémentaire mais aussi
un regain de motivation », pour ce jeune homme volontaire animé d’un mental
de guerrier, avec un podium déjà bien rivé dans la tête.
14
G azette des M étiers | Juin 2014
De gauche à droite Nicolas Entzmann (coach) , Denis Clément
(dirigeant de l’Arche du bois), Patrick Alleman (coach)
et Romain Kauffmann
LE DOSSIER
Vente et réparation
de cycles
et motocycles :
Mobiliser
les professionnels
et recréer une filière
de formation !
La vente de vélos a résisté à la crise et s’est même accrue
avec le vélo à assistance électrique et le vélo tout chemin.
Celle des motos et scooters souffre de la conjoncture
économique et des contraintes règlementaires.
Le secteur a grand besoin de se faire mieux connaître
du grand public et développer des innovations - il sait
le faire - pour accroître son marché.
Il lui appartient aussi d’assurer son avenir en recréant
une filière de formation. Autant de dossiers auxquels
se sont attelées les corporations.
GGazette
azette des
des M
Métiers
étiers || Juin
Juin 2014
15
LE DOSSIER
E
n 2013, les ventes de cycles, d’équipements et d’accessoires ont progressé de 3,1 % alors que celles de
motos et scooters enregistraient,
selon les types de véhicules et les constructeurs, des baisses de 5 à 20 %. L’an passé,
malgré un printemps pluvieux, il s’est vendu
en France 2 800 000 vélos. Autant dire que le
marché demeure porteur malgré la crise.
L’engouement pour la « petite reine » est
encore plus marqué en Alsace qu’ailleurs,
encouragé il est vrai par les collectivités
territoriales et locales. Du côté des artisans
de la vente et de la réparation des cycles et
motocycles alsaciens, l’optimisme est mitigé
car, selon eux, une grande part de ce marché
leur échappe, accaparée par la grande
distribution et les grandes surfaces de
l’équipement sportif.
Faîtes du vélo !
Avec 780 km d’itinéraires, dont 360 sur
espaces protégés (pistes cyclables), le BasRhin est le premier département cyclable
de France. Tout au long du mois de juin, le
slogan « Fêtes du vélo » s’est traduit en
événements à succès dans plusieurs villes
alsaciennes. Le slow-up organisé en mai
dernier sur la Route du Vin a attiré des
milliers de cyclistes, ravis d’emprunter des
routes pour l’occasion interdites aux automobiles. Dans les rues de Strasbourg, on
croise plus de vélos que de voitures et le
Vel’Hop fait toujours plus d’adeptes. Mieux
encore, certaines entreprises incitent leurs
collaborateurs à venir au travail à vélo, en
leur versant une indemnité kilométrique.
Très apprécié pour les déplacements domicile-travail, le VAE est prisé de toutes les catégories socio-professionnelles car il permet
d’arriver sur son lieu de travail sans traces
d’efforts et en
Des bicyclettes, il y en a évitant les empour tout le monde : vélo b o u t e i l l a g e s .
de ville, de randonnée, Pour les artisans
de compétition, VTT, VTC du cycle, le VAE
(vélo tout chemin), est actuellement
bike-trail, dragsters. le produit qui
La mode est au pédalage et, tire
l’activité.
pour ceux que l’effort Les ventes sont
rebute, une nouvelle en hausse conticoqueluche est arrivée
nuelle et les prosur le marché :
priétaires
le vélo à assistance
prennent généélectrique (VAE).
ralement soin de
leur machine et veillent à son entretien, ce
qui est bénéfique pour les professionnels. Le
service après-vente du parc vélos est en
quelque sorte le fonds de commerce des artisans du cycle qui sont en mesure, dans ce
domaine, d’apporter une plus-value par rapport à la grande distribution.
16
G azette des M étiers | Juin 2014
Martin Schmitt, Président de la Corporation de la Moto et du Cycle de Haute-Alsace.
Deux roues motorisées,
activité en baisse
Les ventes de mobylettes (en voie de disparition), de motos et scooters sont en baisse
depuis 2008, et 2013 n’a fait que confirmer
une régression qui inquiète les professionnels. Martin Schmitt, Président de la corporation de la Moto et du Cycle de HauteAlsace, pointe du doigt la crise économique
mais aussi la pression écologique et l’obligation pour les propriétaires de motos de
125 cm³ de suivre une formation pour obtenir un permis de rouler (voir encadré sur
Richard Stey).
« Les acheteurs de motos et de scooters sont
souvent des jeunes et, dans la conjoncture
actuelle, ils peinent à trouver un prêt pour
l’acquisition d’un véhicule neuf » relève
Martin Schmitt. Lui-même effectue peu de
ventes et concentre l’essentiel de son activité
sur la réparation, souvent de motos anciennes, de collection, que leurs propriétaires bichonnent. Spécialiste du quad, il
observe que la mode de ce véhicule toutterrain (initialement conçu pour l’agriculture) est revenue à sa vocation initiale, l’effet
de mode s’étant dilué dans les critiques
portant sur la dangerosité de l’engin (il y a
des précautions à prendre, comme pour
tout véhicule à moteur), sa fiabilité (les accidents sont souvent le fait de véhicules bas de
gamme) et son impact sur l’environnement.
Mais ce qui préoccupe le plus Martin Schmitt,
c’est le peu d’adhésions à sa corporation
(une quinzaine seulement), une inquiétude
partagée par Zoltan Huber, Président de la
corporation des patrons Mécaniciens de
Vélos et Motos des arrondissements de
Colmar, Guebwiller et Ribeauvillé, et JeanJacques Moscato, récemment élu Président
de la Cadocymo (corporation artisanale
départementale du Cycle, du Motocycle et
activités annexes).
Remobiliser les professionnels
La Question Prioritaire de Constitutionna-
lité a fait des dégâts dans les rangs des
artisans du cycle et du motocycle, mais les
dirigeants des corporations ne baissent pas
les bras et s’emploient à faire connaître leurs
activités et services auprès du grand public
et à entreprendre des actions susceptibles de
remobiliser leur base en se positionnant sur
des dossiers sensibles.
Nouvellement élu, Jean-Jacques Moscato,
concessionnaire Peugeot Scooters à Schiltigheim, ne fait que dans les deux roues à moteur. Mais il vient du cycle, et c’est dans ce domaine qu’il veut s’activer le plus. « Passe encore
que la ville de Strasbourg commande les Vélhop
auprès d’un fabricant vendéen, mais ce qui est
incompréhensible c’est que l’entretien de ce parc
de 14 000 vélos échappe entièrement aux artisans du cycle, puisqu’il est réservé à des associations subventionnées contre lesquelles nous ne
pouvons pas lutter » morigène-t-il, en regrettant aussi de ne pas être associé à la Fête du
Vélo. Avec le soutien de la CMA et de l’UCA
Bas-Rhin, la Cadocymo s’est rapprochée de la
Ville de Strasbourg, des courriers ont été envoyés, des entretiens ont suivi, mais rien de
réellement concret au bout, alors Jean-Jacques
Moscato est bien décidé à faire bouger les
lignes, avec l’objectif de devenir un partenaire
actif et écouté de la Ville de Strasbourg.
Ce volontarisme se retrouve aussi à la corporation de Colmar où Zoltan Huber s’active
auprès de la mairie pour associer l’organisation professionnelle qu’il préside à l’étude sur
les pistes cyclables. Occuper le terrain, être un
interlocuteur et, par-dessus tout, se faire
connaître par tous les moyens, sont des objectifs primordiaux pour ces dirigeants professionnels. L’essor du vélo n’est pas prêt de s’arrêter. Il est plébiscité à tous les échelons
décisionnaires comme un moyen de déplacement non polluant et auréolé par la faculté de
médecine en tant qu’activité sportive non
traumatisante, aux vertus cardio-vasculaires
reconnues. Ce qui fait incontestablement défaut aux trois corporations alsaciennes, c’est le
faire-savoir. Or, certains de leurs ressortissants
LE DOSSIER
ont parfaitement su innover, comme Serge
Manheim des cycles éponymes à VieuxThann qui fabrique des vélos sur mesure pour
la compétition, mais aussi pour des amateurs
passionnés disposés à investir dans un vélo de
qualité. Innover, c’est aussi ce qu’a fait Bruno
Feldis à Gambsheim, en proposant à ses clients
une étude posturale assurant un positionnement confortable sur le vélo, et Auguste Soares
qui a su profiter d’un environnement de pistes
cyclables (voir encadrés). Se rapprocher, travailler ensemble est pour les trois corporations
plus qu’un vœu, c’est une nécessité. Elles auraient tout à gagner à se fédérer pour avoir
plus de moyens, plus d’écoute aussi. Les véhicules deux roues, motorisés ou non, ont la
faveur du public. Ils sont positionnés sur les
créneaux utilitaires et ludiques, alternative peu
ou pas polluante dans les déplacements
professionnels et formidable moyen d’évasion
et de découverte.
L’embellie actuelle du vélo tout chemin
(VTC), celle galopante du vélo à assistance
électrique (VAE) et, à un degré moindre,
Jean-Jacques Moscato, Président de la Cadocymo (à droite) : « objectif faire de la corpo un partenaire de l’embellie vélo ».
celle du scooter à trois roues sont pour les
artisans du cycle et du motocycle des évolutions technologiques qu’ils ont su s’approprier alors qu’elles sont de plus en plus
pointues et nécessitent une formation pour
ainsi dire permanente. Régulièrement, ils
accueillent dans leurs ateliers et magasins des
clients qui ont acheté leurs vélos dans la
grande distribution et qui retrouvent le chemin de l’artisan quand il y a une réparation à
faire. Cette activité, loin d’être anodine, est le
premier pas que franchi un nouveau client.
Autre préoccupation des artisans du cycle et
du motocycle, la difficulté de trouver du
BRUNO FELDIS, CYCLES FELDIS À GAMBSHEIM :
Haute technologie sur deux roues
« Quand je regarde un vélo, je tourne autour et je réfléchis à ce que
je pourrais lui apporter de plus que la concurrence et, en général,
je trouve ». Cette phrase résume bien la philosophie professionnelle
d’un mécanicien du cycle qui a étendu son activité bien au-delà
de la vente-réparation.
Bruno Feldis a effectué son apprentissage
chez Paul Henner, alors Président de la
corporation des Cycles et Motocycles du
Bas-Rhin. À 20 ans seulement, il se met à son
compte et s’installe dans le sous-sol de la
maison familiale. En 2001, il a l’opportunité
d’acheter une maison au bord de la Route
Nationale à Gambsheim et, sans hésiter, il se
lance dans la construction d’un magasinatelier de 450 m² et réserve le premier étage
de la maison à un local administratif et un
autre destiné à l’étude posturale à bicyclette,
la plus-value innovante de son activité.
Un bon réglage vélo
Ancien compétiteur, Bruno est un adepte
accompli de la « petite reine ». Souvent, il
organise le dimanche des sorties avec des
clients, sensibles au fait que le vélo qu’ils ont
acheté est aussi celui que chevauche le
vendeur. Partager la sueur sur les rampes
vosgiennes ou dans les lacets de la Forêt
Noire crée des liens, et ce partage d’émotions
permet à Bruno de recueillir une foule
d’informations sur la manière de rouler de ses
clients et les effets qui en résultent. Alors, il a
innové avec un concept inédit au nom
évocateur de « Retül », une étude posturale
pour obtenir une efficacité maximale sur son
engin et prévenir d’éventuelles blessures. Une
position optimale sur le vélo doit refléter la
biomécanique de tout un chacun et convenir à
sa morphologie. Le système Retül 3 D capture
les mouvements de pédalage à partir de 8
capteurs positionnés sur les articulations, qui
recueillent les informations et les
transmettent à un logiciel. L’analyse des
données recueillies permet à Bruno Feldis de
définir la position optimale sur le vélo.
Amateurs éclairés ou graines de champions,
les clients de Cycles Feltis s’en remettent à
Bruno et lui sont gré du confort qu’il apporte à
leurs loisirs ou sport favoris. Tout cela prend
du temps - de 3 à 4 heures pour une étude
complète - mais Bruno, à contre courant de son
époque, sait donner du temps au temps.
« On a tué un métier ! » … réplique Bruno
quand on le questionne sur la formation.
Titulaire du Brevet de Maîtrise, il ne comprend
pas pourquoi son métier n’est pas doté comme
les autres d’une filière complète de formation.
« Pour les cycles, plus de CAP ni de Brevet de
Maîtrise, juste un CQP obtenu en six mois
alors que la technologie a beaucoup évolué.
L’absence de diplômes dévalorise le métier et
n’est pas engageante pour susciter des
vocations ».
Difficile dans ces conditions de trouver du
Bruno Feldis (à droite) et son collaborateur Thomas Ennesser
en étude posturale.
personnel qualifié et plus encore de
transmettre. Dans son atelier, Bruno continue
pourtant de former et emploie un apprenti
ayant obtenu un CAP motocycles. « Il est plein
de bonne volonté, mais pour la partie cycles il
faut qu’il acquiert les bases du métier ». Il
emploie aussi un salarié, Thomas Ennesser,
issu d’un apprentissage maison et de l’ultime
promotion du CAP cycles. Sur lui, il fonde de
grands espoirs : le garçon est capable,
passionné de vélo et à bonne école pour lui
succéder quand le moment viendra.
G azette des M étiers | Juin 2014
17
LE DOSSIER
personnel qualifié, laquelle devrait les inciter
à former des apprentis. Or, ceux-ci sont juste
une trentaine pour toute l’Alsace alors que le
secteur compte près de 200 entreprises (dont
9 auto-entrepreneurs), une cinquantaine
d’entre elles étant habilitées à former des
apprentis. Pour les motos et scooters, la
demande existe : les jeunes sont attirés par les
bécanes rutilantes qu’ils rêvent de chevaucher autant que de percer leurs mystères
vrombissants, et la formation débouche sur
un CAP. Il en est tout autrement du vélo.
Recréer une filière de formation
Richard Stey (à gauche ) et Bertrand Stey, « trop de règlementations pour la moto ».
STEY MOTOS À COLMAR :
Halte aux interdits !
Installée à Colmar, l’entreprise Stey Motos est spécialisée
dans la vente et la réparation de motos de la marque Honda.
Pénétrer chez Stey Motos, route de
Rouffach à Colmar, c’est un peu comme
rentrer dans un sanctuaire des deux roues
motorisées. Dans le vaste et lumineux
magasin d’exposition sont alignées, comme
à la parade, de magnifiques bécanes que
l’on imagine sans peine prêtes à bondir sur
le bitume et à épouser voluptueusement la
courbe d’un virage. Autour des motos, sur
des étagères bien ordonnées, sont disposés
tous les accessoires indispensables aux
motards : casques rutilants, bottes de sept
lieues, gants ainsi qu’une multitude de
pièces et de gadgets.
Si Bertrand Stey dirige l’entreprise depuis
une douzaine d’années, son fondateur et
père, Richard Stey, est toujours présent. Le
fils comme le père ne se contentent pas de
vendre et réparer des motos, ils sont aussi
des passionnés, habitués de « l’anneau du
Rhin » où les pointes de vitesse ne sont
pas sanctionnées et où la circulation des
motos ne soulève pas de réprobation.
Interdits et crise
Pour avoir été Président 29 ans durant de
la corporation des patrons Mécaniciens de
Vélos et Motos des arrondissements de
Colmar, Guebwiller et Ribeauvillé, Richard
18
G azette des M étiers | Juin 2014
Stey connaît son secteur et s’inquiète des
menaces qui planent sur lui. « La crise, on
l’a ressentie au niveau des ventes avec
une baisse de l’ordre de 15 %, mais ce qui
me préoccupe le plus ce sont les mesures
déjà prises et celles qui doivent encore
venir, bien plus préjudiciables à notre
activité. Je veux parler de l’obligation de
formation pour piloter une 125 cm³ et,
au-delà, l’interdiction de circuler à moto
dans le massif vosgien, préconisée par
les écologistes ». La décision n’est pas
prise, mais à chaque incident le débat
reprend, et ce d’autant plus que, les
week-ends et jours fériés, les motards
allemands interdits de circuler en Forêt
Noire s’en donnent à cœur joie dans les
Vosges. Richard Stey estime que les
routes appartiennent à tout le monde et
que les incivilités des motards sont moins
nombreuses que celles des
automobilistes, car en cas de choc c’est
leur vie qui est en jeu. La moto loisir a
connu une forte expansion, qui s’est
stabilisée mais ne baisse pas. Elle a
besoin pour perdurer d’espace et de
liberté, « ce qui a fait son succès »
rappelle Richard Stey, un brin nostalgique.
Sur la formation de mécanicien-réparateur
de cycles, les avis sont unanimes. Pour Bruno
Feldis, la suppression du CAP « a tué le
métier » (voir encadré). Martin Schmitt, titulaire du Brevet de Maîtrise, considère que sa
disparition « est une hérésie ». Le CAP cycle a
été remplacé par un CQP en six mois, qui
met sur le marché du travail des jeunes insuffisamment qualifiés, qui peinent à trouver un
emploi. Auguste Soares a entrepris une
démarche auprès du CFAA de Mulhouse
(voir encadré) en vue d’ouvrir une section
cycle dans un établissement où les mécaniques autos, motos et la carrosserie ont
pignon sur rue. Jean-Jacques Moscato veut
solliciter la Chambre de Métiers d’Alsace
avec le même objectif, « recréer une véritable
filière de formation, car quel jeune et quels
parents sont disposés à choisir un métier sans
formation diplômante digne de ce nom ? ».
Zoltan Huber s’inquiète à raison de la transmission des entreprises actuelles : « beaucoup
ont déjà disparu et dans le secteur les créations
sont nombreuses et les reprises rares ».
Dans le monde des deux roues il est des espérances concrètes qui s’affirment chaque jour,
mais pour les transformer en réalité les artisans
du cycle et motocycle ont l’obligation de se
mobiliser davantage, d’aller au-devant du grand
public et de se donner une image et une identité
positives. Ils devront se réunir et construire
ensemble pour assurer leur pérennité.
Zoltan Huber (à droite), Président de la Corporation des Mécaniciens
de Vélos et Motos des arrondissements de Colmar, Guebwiller
et Ribeauvillé et au centre son épouse Nadine.
LE DOSSIER
Auguste Soares en selle sur un vélo à assistance électrique avec son épouse Francine.
AUGUSTE SOARES, SAB 2 ROUES,
À VILLAGE-NEUF :
« Redonner de la visibilité au métier du cycle »
Concessionnaire Peugeot, agent Piaggio et MBK,
Auguste Soares et son épouse Francine dirigent SAB 2
Roues, entreprise de vente et de réparation de cycles
et motocycles, employant deux salariés.
Ventes stables pour les vélos
Supplanté par le vélo tout chemin (VTC), plus accessible et polyvalent
(routes et chemins), le VTT a gagné en élévation de gamme ce qu’il a
perdu en volume. « Ses adeptes ciblent des engins plus performants
et sont à l’affût des évolutions techniques les plus récentes ». Bien
desservi en pistes cyclables, le Pays des Trois Frontières se prête bien
au VTC : « les ventes sont en progrès » relève Auguste et « génèrent une
nouvelle clientèle qui découvre, ou redécouvre, le vélo sous une forme
plus ludique ».
Côté réparation, l’activité est satisfaisante. « Les gens qui ont investi
dans un bon vélo en prennent soin et l’entretiennent régulièrement »
se satisfait Auguste, qui voit arriver chez lui des clients ayant acheté
un vélo dans la grande distribution.
Comme ses confrères, il met en cause l’insuffisance de la formation.
Ancien jury aux examens, il prône un rapprochement avec le CFA de
l’Artisanat pour développer, en complément de la formation motocycle,
une formation consacrée au cycle, « pour redonner au métier la visibilité
qui lui manque et donner aux jeunes le goût de s’y engager ».
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Le CAP en poche, Auguste Soares est embauché en 1991 chez le
mécano Weiss à Village-Neuf, qu’il secondera jusqu’à sa retraite, prenant
même sa succession en 2008. Présent dans le cycle et le motocycle,
il note une évolution différente de ces deux activités, la deuxième étant
la plus affectée par la crise. Un constat qu’il s’empresse d’expliquer,
imputant « la baisse des ventes aux contraintes réglementaires, telles
que l’effort à faire de posséder désormais un permis pour les véhicules
de 50 à 125 cm³. Ce permis (en fait une formation de quelques heures)
est souvent pris en charge au niveau du coût par les constructeurs, mais
l’obligation est tout de même dissuasive » regrette Auguste.
Heureusement que le vélo à assistance électrique, en essor constant,
n’est pas soumis à cette obligation. « Beaucoup de clients en ont acheté
pour aller travailler en Suisse ». Ou encore pour leurs loisirs.
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G azette des M étiers | Juin 2014
19
ENTRE NOUS
Association des Artisans Retraités d’Alsace :
s’entraider et continuer d’être ensemble
Sortir les retraités de l’isolement, les accompagner
dans les démarches administratives, relayer leurs souhaits
et revendications sont les principales missions de l’ARAA.
P
Érica Delacote, Présidente de l’ARAA.
artir en retraite est un nouveau départ dans l’existence. Même préparée
au niveau de l’entreprise, elle demeure un virage complexe à négocier
au plan humain. L’artisan est logé à la même enseigne que les autres
retraités, c’est même plus dur puisque l’entreprise cédée à un tiers, ou
familialement, il l’a créée et fait prospérer durant une vie de travail.
Ce cap psychologiquement difficile sera mieux franchi si la retraite s’accompagne
de nouvelles activités, de nouvelles relations et, pourquoi pas, de nouveaux
combats.
L’ARAA est la représentation alsacienne de la Fédération Nationale des
Associations des Retraités de l’Artisanat, présidée par Érica Delacote. Elle compte
420 adhérents en région, dont 80 % d’artisans (des commerçants et même des
particuliers peuvent y adhérer). Elle défend les intérêts des retraités de l’artisanat
auprès des pouvoirs publics pour améliorer leur protection sociale, leur pouvoir
d’achat et leur place dans la société. À travers son volet social, elle vient en aide
aux artisans malades ou en difficulté et tout au long de l’année, elle organise des
formations, des conférences, des rencontres conviviales, des voyages… Comme
on peut être à la fois retraité et actif, Erica Delacote lance un appel aux bonnes
volontés : « venez rejoindre les rangs de l’AARA. Apportez-nous votre savoir-faire et
vos idées. Nous sommes preneurs de toute initiative permettant de rendre encore
plus douce la retraite des artisans ».
Les personnes intéressées peuvent s’adresser à :
Érica Delacote 03 89 77 36 29 ou [email protected]
L’OUTIL EN MAIN RECRUTE
En Allemagne, les jeunes peuvent s’initier aux métiers manuels dès la sixième. L’Outil en
Main fait tout aussi bien en France, en permettant aux enfants âgés de 9 à 14 ans de
découvrir les métiers de l’artisanat grâce à l’engagement d’hommes et de femmes de métier,
retraités pour la plupart.
Cela ressemble un peu au contrat de génération sauf que cela ne se passe pas en
entreprise. L’Outil en Main est une association originale, animée par des bénévoles qui
consacrent du temps à accompagner les premiers pas de scolaires dans les métiers manuels
et du patrimoine. Particulièrement dynamique, la branche alsacienne de l’Outil en Main est
présente à Strasbourg, Mulhouse, Molsheim et Aspach-le-Haut. Michel Oberon, délégué
régional pour le Grand Est, indique que « 30 à 40 % des jeunes qui suivent les activités
de l’association s’orientent ensuite vers des métiers manuels ».
C’est la raison pour laquelle la Chambre de Métiers d’Alsace a décidé de soutenir l’Outil
en Main.
Actuellement en Alsace, ils sont 80 enfants (dont 20 % de filles) encadrés par une
cinquantaine de professionnels retraités, issus de 11 métiers différents (carreleurs,
boulangers, fleuristes, mécaniciens auto, menuisiers, etc.). Michel Oberon prépare une
convention avec l’Éducation Nationale afin que l’Outil en Main puisse se promouvoir dans les
établissements scolaires. L’association a par ailleurs des projets d’installation à Haguenau,
Masevaux, Sélestat et Colmar. Pour ce faire, elle recrute des artisans ou ouvriers qualifiés
retraités, bénévoles, disposés à donner de leur temps pour apporter aux enfants un
avant-goût d’un futur métier. Avis aux intéressés !
Pour plus d’informations : www.loutilenmain.fr
20
G azette des M étiers | Juin 2014
Découverte des métiers pour les enfants de 9 à 14 ans.
TALENT D’ARTISAN
Fabrication totalement maison, utilisation des matériaux
les plus sains, rapidité d’exécution et production
avant-gardiste, tel est le credo du laboratoire Delecaut,
entreprise familiale de prothèse dentaire.
De gauche à droite Benjamin Rudloff, Sabine et Charlotte Delecaut, Pierre Delecaut et leur équipe.
Laboratoire Delecaut à Wettolsheim,
une production de prothèses dentaires
de qualité assistée par ordinateur
D
ans la zone artisanale de Wettolsheim, un grand cube de béton brossé
résolument contemporain abrite le
laboratoire de prothèse dentaire de
Pierre Delecaut. Prothésiste de métier, il a travaillé au début de sa carrière comme salarié
chez différents dentistes. Ce sont eux, convaincus de son habileté, qui le poussent à s’installer, ce qu’il fait en 1988 dans un local de sa
maison d’habitation, avec ses anciens patrons
comme premiers clients. En 2007, alors qu’il
emploie déjà 9 salariés, il transfère son activité
dans son local de production actuel et poursuit un développement exclusivement boosté
« par le bouche-à-oreille » ! Ce publiphobe déclaré mise sur d’autres atouts que le « faire
savoir », et ceux qu’il met en œuvre lui ont
plutôt bien réussi.
La prothèse dentaire numérique
Avec une équipe de 15 collaborateurs qualifiés et polyvalents, « très solidaires entre eux »
souligne Pierre Delecaut, l’entreprise au
demeurant familiale est déjà assurée, le
moment venu, d’une transmission bien
préparée. Sabine, l’épouse de Pierre, occupe
la fonction administrative et accueille les
clients. Charlotte, sa fille, chaînon incontour-
nable titulaire d’un BTM Prothésiste, est
chargée de la procédure qualité ISO et sa
sœur, Jennifer, vient elle aussi d’intégrer
l’entreprise. Quant au mari de Charlotte,
Benjamin Rudolf, aussi familier des techniques informatiques que de celles de la
prothèse dentaire, il conduit le mode de
production CFAO (conception et fabrication
assistées par ordiUne vraie stratégie
nateur). C’est la
marque de fa- axée sur la qualité,
brique du labora- revendiquée
toire qui privilégie par Pierre Delecaut
« exclusivement le comme une réplique
fait maison », uti- à la concurrence
lise des compo- asiatique.
sants respectueux
de la biocompatibilité, raccourcit les délais de
réalisation et innove aussi bien dans le choix et
la cuisson des matériaux, la compression de
l’air, que dans la gestion des résidus. Ces arguments interdépendants mis bout à bout ont
fait la réputation de Delecaut et lui ont permis
de développer et de fidéliser sa clientèle.
Une importante clientèle locale
En installant son laboratoire à Wettolsheim,
Pierre Delecaut a emboîté le pas à ses
clients dentistes qui, pour beaucoup, ont
déserté le centre de Colmar pour une périphérie plus accessible et moins encombrée.
« Cela nous fait gagner beaucoup de temps »
reconnaît Pierre dont la zone de chalandise
se situe essentiellement entre Colmar et
Rouffach. Jouant pleinement la proximité,
le laboratoire s’est aussi organisé pour
effectuer des réparations dans la journée.
« Travailler vite et bien » est un autre
leitmotiv de la maison connue de la plupart
des dentistes de Colmar et environs, qui lui
font confiance, l’entreprise étant en mesure de réaliser tous travaux de prothèse
dentaire. Les particuliers sont également
accueillis, venus pour un choix de couleur
ou s’informer des avantages des différents
appareils mis à leur disposition.
Occupé dans son laboratoire de 7 h à 20 h,
Pierre Delecaut ne peut consacrer le temps
qu’il voudrait à ses deux autres passions,
celle des chevaux moteurs (prêts à vrombir
sous le capot de ses deux voitures de collection) et un penchant revendiqué à l’encouragement de la race chevaline, dont
quelques représentants s’ébrouent dans un
enclos jouxtant l’entreprise. Les loisirs
aussi sont à proximité !
G azette des M étiers | Juin 2014
21
ENTREPRISE CENTENAIRE
Au service de la fée électricité depuis plus d’un siècle, cette entreprise installée
dans le Kochersberg a toujours su intégrer les évolutions de son secteur d’activité
pour demeurer compétitive. Mieux, ses dirigeants successifs n’ont pas ménagé
leurs efforts pour proposer à leur clientèle des prestations marquées du sceau de l’excellence.
De gauche à droite : Richard Rémond, Marie-Christine Girtz et Xavier Rémond avec la pièce qui lui a permis d’obtenir un titre de MOF..
Électricité Rémond à Wingersheim,
une culture d’entreprise aussi discrète qu’efficace
À
la sortie de Wingersheim, direction
Mittelhausen, on distingue aisément
l’enseigne Électricité Rémond. Les
bureaux en rez-de-jardin s’ouvrent
sur un espace vert, conférant au lieu un
aspect plus bucolique qu’entrepreneurial. Il y
a là Richard qui a dirigé l’entreprise jusqu’en
2002, son fils Xavier – le dirigeant actuel – et
sa sœur Marie-Christine Girtz. La découverte de l’entreprise a pour cadre un petit
salon aux murs recouverts de diplômes et
distinctions soigneusement encadrés.
D’un Xavier à l’autre !
Premier du nom, Xavier Rémond a créé
l’entreprise en 1910 à Hohatzenheim. Son
papier à lettre, dont un exemplaire est précieusement conservé par ses descendants,
mentionne « installateur für Licht », démontrant que sous l’occupation prussienne le
bilinguisme était toléré. À cette époque,
l’électricité commence à se répandre dans
les villages et Xavier y installe conduites et
moteurs. Son fils Alfred prend le relais,
décroche le Brevet de Maîtrise en 1938 et
déplace le siège social à Wingersheim. Il réalise des installations électriques dans des
fermes et habitations et ouvre un magasin
d’électro-ménager. En 1960, Richard succède à son père, s’empresse de passer le Brevet de Maîtrise, construit les locaux actuels
et transforme l’entreprise familiale en Sàrl.
22
G azette des M étiers | Juin 2014
Spécialisé dans le changement de tension en
milieu rural, il interviendra dans 80 villes et
villages bas-rhinois. Une fois tous les villages reliés au réseau, Richard commence à
travailler pour la ville de Strasbourg, la CUS,
d’autres collectivités locales et des industries
du tertiaire. Le fils de Richard, Xavier deuxième du prénom, intègre l’entreprise en
1990 avec en poche un BTS en électrotechnique et – puisque c’est une tradition familiale – le Brevet de Maîtrise. Il succède à son
père en 2002, auréolé d’un titre de « Meilleur Ouvrier de France » en équipements et
installations électriques, seul alsacien à détenir le précieux parchemin dans ce métier.
Depuis 1997, Xavier est secondé par sa sœur
Marie-Christine, qui n’était pas a priori destinée à mettre son savoir-faire spécifique au
service de l’entreprise. Titulaire d’une maîtrise en allemand, elle a officié comme guide
au Haut-Kœnigsbourg, a traduit les archives
de la restauration du château au XXe siècle,
a enseigné l’allemand en milieu scolaire, et a
finalement intégré l’entreprise familiale.
Elle s’occupe à présent de la gestion, de l’administration, des ressources humaines (15
salariés) et ne dédaigne pas l’aspect commercial. Soucieuse d’asseoir sa légitimité
dans ses fonctions, elle a obtenu en 2013 le
diplôme d’Assistante de Dirigeant d’Entreprise Artisanale.
En attentant Lépine !
Ses autres clients sont de grandes entreprises générales comme Vinci et Urban. Pour la construction de la LGV, l’entreprise a réalisé l’équipement électrique d’une
base de vie pour les Rémond Électricité
quelques 400 ouvriers du réalise plus de 50 %
chantier. Elle intervient
de son chiffre
aussi dans les musées ou
l’hôtellerie. La crise, l’en- d’affaires avec
treprise l’a d’avantage des collectivités
ressentie au niveau de la territoriales locales.
chute de ses prix que
d’une baisse du volume d’activité.
Actuellement, Xavier se consacre à la préparation du concours Lépine. Avec le chauffagiste
Charles Herrmann et le serrurier Philippe Durhammer, ils présenteront un granulateur mobile au concours Lépine en septembre, à la Foire
Européenne de Strasbourg. Avec trois diplômes
du Brevet de Maîtrise et trois titres de MOF à
leur actif, les trois associés ont créé H. Énergies et
ont trouvé des partenaires industriels pour donner une seconde vie – utile – à des sarments de
vignes et des rafles de maïs. Leur invention sera
présentée publiquement le 4 juillet prochain.
Entreprise formatrice (Richard et Xavier ont
formé plus de 30 apprentis et accueillent des
stagiaires), Rémond Électricité est en quelque
sorte l’archétype de l’entreprise artisanale, une
illustration concrète de cette « économie positive » qui remet l’humain au cœur de l’économie.
COLLOQUE
Au cours de la deuxième table ronde,
de gauche à droite Sylvia Pierson, Dominique Dannel,
Jacqueline Riedinger-Balzer et Virginie Jeltsch.
Organisé par l’UPA et la CFE/CGG le 5 juin
dernier à l’ENA, ce colloque avait pour objectif
de mettre en lumière les femmes
artisanes et chefs d’entreprises,
la féminisation des métiers et des fonctions.
Colloque femme(s) et artisane(s) :
quelle place dans la première
entreprise de France en Alsace ?
C
e colloque faisait appel à des intervenantes de qualité, venues là pour relater leur expérience de chef d’entreprise et évoquer les obstacles qu’elles
ont dû surmonter eu égard à leur condition de
femme. Parmi les idées reçues qui entourent
l’entrepreneuriat au féminin, il faudrait tordre
le cou à celle qui établit que le parcours professionnel d’une femme est semé de plus d’embûches que celui de son homologue masculin.
C’est souvent le cas, mais ce n’est pas systématique. Les débats l’ont illustré.
Éloge de l’ADEA
Une première table ronde portait sur le statut
de conjoint d’artisan, « avantages et limites »,
avec pour témoins Véronique Klingler (salariée dans le garage automobile de son mari),
Hamida Benetaieb (conjointe collaboratrice
dans l’entreprise d’installation sanitaire et
chauffage de son mari) et Estelle Hattermann
(cogérante avec son mari de deux entreprises
de carrosserie et de réparation automobile).
Véronique Klingler, venant de l’hôtellerierestauration, et Hamida Benetaieb, passée par
la fonction publique, avaient tout à apprendre
de leur nouveau métier. Toutes les deux ont
suivi la formation ADEA (Assistant de Direction d’Entreprise Artisanale) et ont obtenu leur
diplôme (niveau IV). Elles ont souligné combien cet investissement leur a été bénéfique.
La valeur ajoutée des femmes dans
l’entreprise
La deuxième table ronde avait pour thème « la
mixité et la féminisation des métiers : enjeux et
solutions ». Un échange intéressant au niveau
des retours d’expérience avec : Jacqueline Riedinger-Balzer (Présidente de la corporation des
Bouchers-Charcutiers-Traiteurs du Bas-Rhin, à
la tête d’une entreprise de 30 salariés), Dominique Dannel (Présidente de la corporation des
Esthéticiennes du Haut-Rhin, gérante d’un institut) et Sylvia Pierson (Présidente de la Féfica et
co-gérante d’une entreprise d’installation sanitaire). Autrement dit, trois femmes cumulant
des responsabilités majeures dans des organisations professionnelles, dirigeant une entreprise
et assumant de surcroît une vie familiale. Des
difficultés, elles en ont rencontrées mais elles les
ont surmontées et ne se sentent pas pour autant
des « sur-femmes ». Dans l’entreprise, qu’elle
soit dirigeante ou salariée, la femme est dans
son rôle et à partir du moment où elle est compétente. « Elle apporte une valeur ajoutée à l’entreprise » a dit Jacqueline Riedinger-Balzer.
Créer et développer son entreprise,
les femmes aussi …
… était le thème de la 3e
table ronde avec : Sophie
Killing (assistance de
direction dans une entreprise d’électricité), Claire
Bollinger (photographe)
et un deuxième tour pour
Jacqueline
RiedingerBalzer et Estelle Hattermann. Claire Bollinger a
fait sourire en relatant son
premier contact avec un
banquier : « une femme
jeune, blonde de surcroît,
qui demande 300 000 € de
prêt, ça c’est très mal
passé », mais la deuxième
tentative fut la bonne !
Pour sa part, Bruno
Kwast, vice-Président de
la Confédération de l’Artisanat d’Alsace et dirigeant
d’une entreprise de peinture qui emploie plusieurs
femmes dans un métier
pourtant réputé masculin,
a dit toute sa satisfaction :
« surpris au départ, les
clients en redemandent
après une première expérience ».
Participaient également
aux différentes tables
rondes Virginie Jeltsch (chargée de la mixité
au Rectorat), Françoise Hemmendinger (déléguée régionale aux droits des femmes et à
l’égalité) et Sophie-Anne Dirringer (chargée
de mission aux droits des femmes et à l’égalité dans le Bas-Rhin).
L’après-midi a permis des échanges sur les
bonnes pratiques, les difficultés, l’accès à
la formation et les passerelles, et surtout
sur le souhait des femmes artisanes d’être
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G azette des M étiers | Juin 2014
23
FORMATION
Prévention
des risques
professionnels :
La sécurité sur les chantiers, priorité de la Carsat.
l’offre de formation
de la Carsat
Alsace-Moselle
La Caisse d’Assurance Retraite et Santé au Travail d’Alsace-Moselle (Carsat) accompagne les entreprises
dans le domaine de la formation à la prévention des risques professionnels.
L
es accidents du travail coûtent cher à la
collectivité et pénalisent les entreprises,
privées des compétences de leurs collaborateurs pour un laps de temps parfois très long. Dans le seul secteur du bâtiment,
l’indemnisation des accidents du travail en
Alsace-Moselle s’élève à 55 millions d’euros.
Pas étonnant que la sécurité sur les chantiers
soit une des priorités de la Carsat. Née de la fusion des CRAV et CRAM régionales, la
Carsat est un assureur qui perçoit des cotisations à partir de barèmes forfaitaires calculés en
fonction du type d’entreprise. Elle a aussi une
mission de contrôle qu’elle exerce en entreprise
et sur les chantiers où elle effectue des constats,
suivis de recommandations et assortis de délais
de mise en œuvre. Si l’entreprise visée n’en tient
pas compte, son taux de cotisation accident du
travail est susceptible d’être relevé. La Carsat, et
ce n’est pas son moindre rôle, propose aussi
une offre très large de formations à la prévention des risques professionnels.
Offre de formations et aides
financières de la Carsat
En Alsace-Moselle, l’offre de formation régionale s’appuie sur des référentiels régionaux et nationaux définissant les compétences visées et les modalités pédagogiques
pour les atteindre. Les stages sont animés par
des experts du domaine concerné. Un de
leurs objectif : apporter aux décideurs et aux
opérationnels, sur une courte période (1 jour)
les éléments clés pour mettre en œuvre une
bonne pratique de prévention ou des solutions simples. Par ailleurs, des formations
spécifiques permettent d’apporter une
réponse individualisée à la problématique de
la santé et sécurité au travail.
Dans l’artisanat, la Carsat intervient dans le
stage de Formation des Formateurs de Jeunes
en entreprise (FOFOJE). Pour les futurs
maîtres d’apprentissage, connaître les risques
professionnels et les moyens de les prévenir
24
G azette des M étiers | Juin 2014
sont des arguments pédagogiques forts et
utiles qui contribuent aussi à la qualité de
l’accueil et de la formation des jeunes. Dans
cet esprit, la Carsat a mis en place dans le secteur du bâtiment, en partenariat avec les organisations professionnelles (CAPEB, FFB,
Fédération des Travaux Publics d’Alsace) et
les organismes de formation professionnelle,
une convention cadre régionale mentionnant une rubrique intitulée « SynergieAccueil » qui permet au tuteur et au jeune
d’échanger sur les risques rencontrés dans
l’entreprise et les mesures de prévention à
prendre. En intégrant un module sur la prévention des risques professionnels dans le
stage FOFOJE, la Chambre de Métiers
d’Alsace a pu mesurer l’efficacité de la
démarche, bien perçue des formateurs en
puissance. À tel point qu’elle envisage de
l’organiser à l’intention des anciens stagiaires
qui n’ont pas eu l’occasion de le suivre.
Pour la formation du « tuteur accueillant », la
Carsat consent une aide financière de 1 500 €.
Largement promu dans le bâtiment, ce dispositif est également proposé à d’autres activités.
L’aide de la Carsat peut aussi porter sur des
investissements dans des équipements et matériels de prévention (échafaudages, aide coiffure
Preciseo, réparation automobile, etc.). Cette
aide est réservée aux entreprises de moins de 50
salariés, majoritaires dans le secteur artisanal.
« Accueil d’un nouveau »
Dans le cadre des finales nationales des
Olympiades des Métiers qui se dérouleront
à Strasbourg du 28 au 31 janvier prochain,
la Carsat organise un concours intitulé
« Accueil d’un nouveau » portant sur les
aspects santé et sécurité au travail, concours
réservé aux entreprises du bâtiment et des
travaux publics.
Par la qualité et la diversité des formations
proposées, les soutiens pédagogiques et
financiers accordés, la Carsat assume
parfaitement son rôle dans la prévention des
risques professionnels. Elle met ses moyens
à la disposition des artisans, qui ont tout
intérêt à la solliciter.
Contacts :
Aide financière : Jacques NAU
Tél. 03 88 14 33 49 - [email protected]
Formation : Jean-Jacques NIERENGARTEN
Tél. 03 88 14 33 67
RSI PRÉVENTION PRO :
LES RISQUES PROFESSIONNELS
EN BOULANGERIE - PÂTISSERIE
Le RSI a adressé aux boulangers-pâtissiers
une brochure contenant des conseils de prévention en lien avec leur activité, un questionnaire leur permettant d’évaluer l’exposition aux risques et un bon de prise en charge
pour bénéficier, sans avance de frais, d’une
consultation chez le médecin-traitant.
Cette prise en charge est valable jusqu’au 30
novembre 2014. Pour participer à ce programme testé et efficace, il suffit de prendre
rendez-vous avec le médecin traitant en précisant qu’il s’agit de la consultation de prévention des risques professionnels proposée par
le RSI, et de lui présenter l’ensemble des documents reçus avec l’invitation (dont l’auto-questionnaire à compléter avant la consultation).
Pour tout renseignement complémentaire,
contacter la Caisse RSI Alsace :
03 88 56 21 27 - e.mail : [email protected]
FORMATION
BTM pâtissier, confiseur,
glacier, traiteur
« Mention Europe »
Encourager la mobilité européenne des jeunes
en formation dans l’artisanat est l’objectif
de l’option «Europe» du Brevet Technique des Métiers
(BTM) de la pâtisserie.
L’
option «Europe» s’adresse à toute
personne ayant fait ce choix au moment de son inscription, choix mentionné dans le contrat d’apprentissage ou de professionnalisation. Elle
implique pour le stagiaire de séjourner à
l’étranger 3 semaines (consécutives ou non)
dans le cadre de sa formation. Il devra également suivre un enseignement supplémentaire en langue étrangère d’une durée de 21
heures, une préparation au séjour de la
même durée et une sensibilisation à la dimension européenne sur certains points de
formation, d’une durée de 28 heures. Ces
heures de cours n’alourdissent pas le volume
horaire du stagiaire car elles sont prises sur
le contingent d’heures
consacré aux enseignements généraux.
Épreuve Europe
Le mémoire de soutenance du BTM pâtissier prévoit d’évaluer
les connaissances du
candidat sur les aspects juridiques et réglementaires de son métier et sa compréhension de l’environnement professionnel
de son activité. Le stage à l’étranger donne
lieu à une évaluation selon des critères restant à déterminer. La partie «Europe» sera
intégrée au mémoire de soutenance et
constituera certes un module supplémentaire, mais pas une épreuve de plus.
LE CONTRAT DE GÉNÉRATION, C’EST QUOI ?
Donner leur place à tous les âges dans
gouvernement. Il contribue aussi à la
repreneur. Le Contrat de Génération est
l’entreprise est la finalité du Contrat
compétitivité et à la performance des
une alternative aux difficultés
de Génération instauré par une loi
entreprises en France, en assurant la
d’embauche et de transmission. La
du 1er mars 2013.
transmission des savoir-faire des anciens
Chambre de Métiers d’Alsace accompagne
Pour y parvenir, trois objectifs : l’emploi
aux jeunes et, pour l’entreprise, une aide
depuis quelques années déjà d’une part
des jeunes en CDI ; le maintien dans
à l’intégration de nouvelles compétences.
les entreprises qui souhaitent transmettre
l’emploi (ou le recrutement) des séniors ; la
Il permet aussi d’anticiper les nombreux
et, d’autre part, les repreneurs intéressés.
transmission des compétences et des
départs sur le marché du travail. D’ici
A cet égard, le contrat de génération
savoir-faire. Sont concernées toutes les
à 2020, on prévoit 600 000 départs par an
réservé aux jeunes de moins de 30 ans
entreprises de droit privé. La mise en
en moyenne, et l’entrée de plus
est un nouvel outil pour aboutir à une
œuvre du contrat de génération est
de 700 000 jeunes par an sur le marché
transmission.
différenciée selon la taille des entreprises
du travail.
(moins de 300 ou plus de 300 salariés).
concernant principalement l’artisanat, une
Une solution pour transmettre
son entreprise à un jeune repreneur
aide annuelle de 4 000 € est allouée sur
De nombreuses entreprises artisanales
une période de 3 ans, ainsi qu’un appui
voient leur développement freiné faute
conseil.
de pouvoir disposer d’une main-d’œuvre
Le contrat de génération s’inscrit dans la
qualifiée, et elles sont nombreuses à
bataille pour l’emploi, priorité du
disparaître pour ne pas avoir trouvé de
Pour celles de moins de 300 salariés,
Pour plus d’informations :
DIRECCTE
Mme Chantal HEDDE - 03 88 15 43 15
G azette des M étiers | Juin 2014
25
ACTUS JURIDIQUES
TAXE D’APPRENTISSAGE 2014
ACTUS JURIDIQUES
SOCIAL
A R N AQ U E
La Cour de Cassation a pris position
dans un arrêt du 30 avril dernier.
Les faits étaient les suivants :
Une salariée exclusivement rémunérée
à la commission avait été licenciée pour
faute grave pour des faits concernant
le calcul des commissions.
La salariée avait saisi le Conseil de
Prud’hommes puis la Cour d’Appel pour
obtenir le paiement de dommages
et intérêts suite à la remise tardive par
l’employeur de l’attestation destinée
à Pôle Emploi.
La Cour d ‘Appel rejetait la demande
de la salariée pour deux raisons :
• Les parties sont en désaccord sur
les montants des commissions.
• La salariée ne prouve pas que la
délivrance tardive de l’attestation
Pôle Emploi constitue une faute
de l’employeur.
La Cour de Cassation considère, au
contraire, que « le défaut de remise
ou la remise tardive à un salarié des
documents nécessaires à la
détermination exacte de ses droits
entraîne nécessairement un
préjudice qui doit être réparé ».
Source : Cass. soc 30 avril 2014
n°12-2815 D
Immatriculation aux registres légaux :
des arnaques en recrudescence
© Illustration : Hugo Mairelle
Conséquences
de la remise tardive
de l’attestation
employeur destinée
à Pôle Emploi
Depuis quelques mois, une augmentation des arnaques au registre
légal a été constatée. Certaines sociétés sollicitent en effet des
chefs d’entreprise lors de leur immatriculation ou en cas
d’ouverture d’une procédure collective. Ces sociétés
« parasites », à l’origine des arnaques, jouent sur la
confusion dans leur dénomination et la présentation
des courriers, semblables à ceux des tribunaux tenant
le Registre du Commerce et des Sociétés ou d’un autre
registre légal. Il est notamment habituel pour ces
entreprises de réclamer le paiement d’une redevance
pour une inscription à un « registre » privé
généralement présenté comme étant officiel et
obligatoire (ex : Info-Siret, info-Kbis, Répertoire des
Entreprises et des Sociétés, Répertoire APE...).
Ces propositions ne sont pas obligatoires et sont en
réalité des offres facultatives et privées, auxquelles les
chefs d’entreprise ne sont pas tenus de donner suite. Au
moindre doute, n’hésitez pas à contacter le service
juridique de la Chambre de Métiers d’Alsace ou le Registre du
Commerce et des Sociétés dont vous dépendez.
Source : infogreffe actualité du 14 mai 2014.
D R O I T D E S A F FA I R E S
Déclaration d’insaisissabilité et cessation de paiement
L’article L526-1 du code de commerce permet aux personnes physiques immatriculées à un registre de
publicité légale (registre des entreprises, registre du commerce et des sociétés) de déclarer insaisissables
leur résidence principale et tout bien foncier (bâti ou non bâti) à condition d‘en être propriétaire.
Actuellement, une personne physique qui rencontre des difficultés dans son activité professionnelle peut,
le cas échéant, quelques jours avant l’ouverture d’une procédure collective, déclarer ses biens insaisissables.
L’ordonnance du 12 mars 2014 est venue modifier l’article L632-1 du code de commerce.
À partir du 1er juillet prochain :
• Les déclarations d’insaisissabilité intervenues depuis la date de cessation de paiement seront nulles de
plein droit.
• Les déclarations d’insaisissabilité faites dans les 6 mois qui précèdent la cessation de paiement pourront
être annulées par les tribunaux (nullité facultative).
Source : ordonnance n°2014-326 du 12 mars 2014 et article L632-1 modifié du code de commerce
SOCIAL
Les conséquences pour l’employeur d’une clause de non-concurrence
sans contrepartie financière
La Cour de Cassation est venue apporter des
précisions en la matière dans un arrêt de la
Chambre Sociale du 2 avril 2014.
Les faits étaient les suivants :
Une salariée avait été embauchée en CDI avec
une période d’essai de trois mois. Le contrat
comportait une clause de non-concurrence de 12
mois à partir de la cessation effective des
fonctions du salarié. L’employeur a mis fin à la
période d’essai de la salariée et celle-ci quittait
alors l’entreprise.
La salariée saisissait les tribunaux d’une demande
de dommages et intérêts au motif que la clause
de non-concurrence n’était pas licite.
26
G azette des M étiers | Juin 2014
Ses arguments étaient les suivants :
• Pour être licite, une clause de non-concurrence
stipulée dans un contrat de travail doit prévoir
une contrepartie financière au profit du salarié.
En l’espèce, aucune contrepartie financière
n’étant prévue au contrat, la clause de
non-concurrence était donc nulle.
• Prévoir une clause de non-concurrence nulle
dans un contrat de travail cause un préjudice au
salarié lui ouvrant droit à des dommages et
intérêts. La Cour d’Appel n’avait pas fait droit à la demande
de la salariée. Mais la Cour de Cassation prend le
contre-pied de la position des juges d‘appel : la
Cour de Cassation considère que la clause de
non-concurrence est nulle et donne droit à des
dommages et intérêts au salarié.
Les conséquences pour l’employeur d’une clause
de non-concurrence sans contreparties
financières sont donc doubles :
• La clause est nulle et le salarié peut, après la
rupture de son contrat de travail, prendre contact
avec une société concurrente.
• L’employeur peut être condamné à indemniser
son ancien salarié.
Source : Cass.soc 2 avril 2014 n°12-29693 D
ACTUS JURIDIQUES
CONTRAT D’APPRENTISSAGE
Accident du travail
en début de contrat :
suspension de la
faculté de résiliation
unilatérale
Dans un arrêt en date du 6 mai 2014, la Cour de
Cassation s’est prononcée sur l’interdiction de
rompre le contrat d’apprentissage pendant une
période de suspension consécutive à un accident
du travail y compris si cet accident du travail intervient pendant les deux premiers mois d’exécution
dudit contrat.
Dans cette affaire, les faits étaient les suivants :
Un apprenti avait été embauché en contrat
d’apprentissage le 12 novembre 2008. Cet
apprenti avait été placé en arrêt de travail du 4
décembre 2008 au 20 décembre 2009, suite à
un accident du travail. Au cours de cette période
de suspension, l’employeur avait mis un terme au
contrat d’apprentissage, le 5 janvier 2009.
Mais la Cour de Cassation a considéré comme nulle
la rupture unilatérale du contrat d’apprentissage
intervenue alors que l’apprenti était en arrêt de
travail suite à un accident de travail.
En clair, il est impossible de rompre un contrat
d’apprentissage pendant les deux premiers mois
d’exécution de ce contrat lorsque celui-ci est
suspendu suite à un accident du travail (sauf faute
grave de l’apprenti ou cas de force majeure)
D I F F I C U LT É S D E S E N T R E P R I S E S
Instauration d’une nouvelle procédure :
le rétablissement professionnel
Une ordonnance du 12 mars 2014 vient instaurer une nouvelle procédure de rétablissement
professionnel pour éviter la liquidation judiciaire et permettre d’effacer très rapidement certaines
dettes du débiteur.
Les entrepreneurs individuels pourront demander un rétablissement professionnel s’ils en
respectent les critères.
Cette procédure concerne uniquement les entrepreneurs individuels (à l’exception des EIRL) sans
salarié au cours des six derniers mois et ayant un actif très faible dont le montant maximum sera
précisé par décret.
L’ouverture de cette procédure protège le débiteur des poursuites des créanciers.
La procédure de rétablissement professionnel doit être clôturée à l’expiration du délai de 4 mois.
La décision de clôture entraîne l’effacement des dettes.
Peuvent être effacées les créances suivantes : • Les créances nées avant le jugement d’ouverture de la procédure.
• Si elles ont été portées à la connaissance du juge saisi par le débiteur.
• Et si le créancier en a informé le mandataire judiciaire.
Les créances des salariés, les créances alimentaires, les créances consécutives à une infraction
pénale et les créances des cautions et garants ayant payé à la place du débiteur, ne sont pas
effacées.
Cette procédure de rétablissement professionnel sera applicable à compter du 1er juillet 2014
sous réserve de la publication du décret d’application qui doit venir préciser le dispositif.
Pour en savoir plus, vous pouvez prendre contact avec le service juridique de la Chambre
de Métiers d’Alsace.
MAAF ASSURANCES S.A. – RCS NIORT 542 073 580 – 10/13
Source : Cass.soc 6 mai 2014 n°12-22.881 F-D
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G azette des M étiers | Juin 2014
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