L`Auberge de Nulle Part - Musée de l`Illustration Jeunesse

Transcription

L`Auberge de Nulle Part - Musée de l`Illustration Jeunesse
HISTOIRES EXTRAORDINAIRES
de Roberto Innocenti
Illustration Roberto Innocenti
Du 28 septembre 2013 au 12 janvier 2014
Musée de l’illustration jeunesse
DOSSIER PÉDAGOGIQUE
Scolaires et Périscolaires
Patrimoine du Conseil général de l’Allier
1
SOMMAIRE
Le parcours de l’exposition
p. 3
Roberto Innocenti
p. 4
L’Auberge de Nulle Part
p. 6
La Maison
p. 9
Laisser une trace du passé
p. 11
Les contes traditionnels
p. 14
Les réécritures
p. 17
Les liens avec les programmes scolaires
p. 15
Bibliographie de l’exposition
p. 17
2
LE PARCOURS DE L’EXPOSITION
Artiste autodidacte, Roberto Innocenti a été récompensé pour l’ensemble de son œuvre en 2008 par le très
prestigieux Prix Andersen. Souci du détail, précision du trait et réalisme caractérisent son style graphique.
Qu’il aborde des univers fantastiques ou réalistes, Roberto Innocenti effectue un travail de reconstitution
historique fidèle. Il trouve son inspiration dans l’œuvre du peintre flamand de la Renaissance Pieter
Brueghel, de nombreux affichistes ainsi que dans le cinéma et la photographie.
Cette exposition présente le travail de l’artiste à travers une sélection d’images de ses neuf albums pour la
jeunesse : L’auberge de Nulle Part, La Maison, Rose-Blanche, L’étoile d’Erika, Pinocchio, Le chant de Noël,
Casse-Noisette, Cendrillon et la Petite fille en Rouge. L’exposition peut se visiter avec un médiateur ou en
autonomie grâce à son parcours pédagogique conçu spécialement pour les enfants.
Plan de l’exposition
3
Roberto Innocenti
Roberto Innocenti dans son atelier à Florence.
Roberto Innocenti est né en 1940 dans la petite ville italienne de Bagno a Ripoli (province de Florence). Il quitte
l’école à l’âge de treize ans et travaille dans une fonderie d’acier pour aider sa famille.
À dix-huit, il part à Rome où il obtient un emploi de dessinateur dans un studio d’animations. Après plusieurs
années à travailler dans la capitale italienne, Roberto Innocenti retourne à Florence où il mène une carrière de
graphiste et d’affichiste. À partir des années 1980, il s’oriente vers l’illustration de livres pour enfant et acquiert sa
notoriété.
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L’affiche de l’exposition a été dessinée par Roberto Innocenti. Il rend hommage aux célèbres personnages
de la littérature jeunesse. Pour le décor, il s’est inspiré des rues de la ville de Moulins.
DR Roberto Innocenti
Pistes pédagogiques
 Demander aux élèves ce qu’est un musée ? Une exposition ? Chercher les termes dans un dictionnaire.
Donner des exemples de musées ou d’expositions qu’ils ont déjà visités ou qu’ils connaissent. Qu’ont-ils
gardé comme impression ?
 Présenter le musée de l’illustration jeunesse. Les plus grands peuvent faire une recherche sur internet :
www.mij.allier.fr.
 Présentation de l’affiche aux élèves avec discussion sur ce qu’ils voient: le titre de l’exposition, le nom
de l’artiste, l’illustration (Qui sont les personnages représentés? Où sont-ils ? Pourquoi sont-ils là ? ….).
L’affiche est consultable sur le site du musée de l’illustration jeunesse (www.mij.allier.fr) dans la rubrique
« exposition en cours ».
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L’Auberge de Nulle Part
Quoi de plus terrible pour un artiste que de perdre son imagination ? C’est ce qui arrive au personnage de
l’histoire. Il décide de partir à sa recherche et prend la route. Le hasard le conduit dans une auberge étrange
perdue entre terre et mer.
Durant son séjour, il croise de drôles de pensionnaires, un marin à jambe de bois, un jeune garçon avec pour seul
bagage un baluchon, une mystérieuse jeune fille en fauteuil roulant qui ne cesse de lire, un aviateur, deux hommes
à cheval venant de la Manche... Tous sont en quête d’une partie d’eux-mêmes qu’ils finiront par trouver. Grâce à
eux, le narrateur retrouvera son inspiration : « J’ai découvert ici ce qui est le plus précieux à mes yeux, ce don que je
n’avais plus en arrivant : la capacité à rendre réel ce que l’esprit ne fait qu’imaginer ».
Cet album questionne les mystères de la création artistique en
général et de la création littéraire en particulier à travers le
désarroi d’un peintre qui a perdu son imagination. Ce peintre n’est
autre que Roberto Innocenti qui se met en scène, au début de
l’ouvrage, dans son atelier, la mine défaite.
Les références littéraires, cinématographiques et artistiques, qui
ont marqué notre imaginaire et celui de l’illustrateur, sont
nombreuses. On retrouve des personnages de littérature
L'Auberge de nulle part, J. Patrick Lewis, Gallimard
Jeunesse, 2002. DR Roberto Innocenti.
jeunesse :
- Hunckleberry Finn, le jeune vagabond ami de Tom Sawyer, dont les aventures ont été écrites par Mark Twain
(1835-1910),
- Long John Silver, le pirate de L’Île au trésor, de Robert Louis Stevenson (1850-1894),
- la Petite Sirène de Hans Christian Andersen (1805-1875),
- un bel aventurier mystérieux au charme d’Edmond Dantès, le comte de Monte Cristo du roman d’Alexandre
Dumas (1802-1870),
- l’écrivain Antoine de Saint-Exupéry (1900-1944),
- le Baron perché, personnage créé par Italo Calvino (1923-1985),
- Moby Dick et le capitaine Achab, de Herman Melville (1819-1891),
- Don quichotte et son fidèle écuyer Sancho Pança, les deux héros du roman de Cervantès (1547-1616),
- la poétesse Emily Dickinson (1830-1886),
- et bien d’autres…
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L'Auberge de nulle part, J. Patrick Lewis, Gallimard Jeunesse, 2002. DR Roberto Innocenti.
Mais aussi l’acteur de cinéma Peter Lorre (1904-1964), sous les traits de Monsieur Gris de Pâlichon, connu pour
ses seconds rôles aux États-Unis dans des films comme Casablanca, Le Faucon maltais ou encore Vingt mille lieues
sous les mers. Des références au peintre japonais Hokusaï (1760-1849) et à son œuvre « Sous la vague au large de
Kanagawa » (vers 1829-1933) sont visibles dans plusieurs illustrations. Il s’est également amusé à dessiner une
toile dans la bibliothèque de l’auberge qui reprend un détail du tableau peint par Brueghel en 1568, « Le repas des
noces ». On y reconnaît ce petit personnage du premier plan avec son chapeau de laine rouge tricoté, qui lèche
son doigt.
Par ailleurs, Roberto Innocenti utilise les mêmes techniques de
« prise de vue » qu’au cinéma et multiplie les plans, les cadrages,
les points de vue… mettant le lecteur en situation de témoin de ce
qui se joue dans cette auberge.
L'Auberge de nulle part, J. Patrick Lewis, Gallimard
Jeunesse, 2002. DR Roberto Innocenti.
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Quelques pistes pédagogiques…
 Étudier la première de couverture : débat autour du titre, organisation de la mise en page, analyse
des illustrations (chercher les différences d’une illustration à l’autre – arrivée, départ d’une voiture, le
temps qui passe, mer calme ou agitée, présence de personnage ou pas). Émettre des hypothèses sur
l’histoire.
 Travailler sur la narration. Qui raconte l’histoire ? Lister les indices. Qu’arrive-t-il au personnage
principal de l’histoire ?
 Collecter dans le texte tout ce qui renvoie à l’imagination et au rêve.
 Repérer les différents procédés d’écriture (récit, poésie, chanson) ainsi que les jeux de typographie.
 Relever dans l’ordre chronologique d’apparition, les différents personnages qui fréquentent
l’Auberge de Nulle Part, noter dans un tableau ce qu’ils font et déterminer l’objet de leur quête
personnelle. Les élèves peuvent s’aider de la liste de mots de Monsieur Gris de Pâlichon (p. 41).
 À la fin de l’histoire, lister les indices qui montrent que Roberto Innocenti a retrouvé son imagination.
Qu’a-t-il découvert ?
 Mettre à disposition des élèves les ouvrages de références et les présenter : Moby Dick, L’île au
Trésor, La petite Sirène, Le Petit Prince, Hunckleberry Fine, Le Baron perché. Des extraits de ces livres
peuvent être lus avant la découverte de l’album. Demander aux élèves quels sont les livres qui
constituent leur bibliothèque personnelle. Dans quelle mesure aliment-ils leur imagination ?
 Échanger avec les élèves sur l’acte de création littéraire et picturale. Qu’est-ce que créer une œuvre ?
Quels sont les ressorts de la création ? L’imagination, la mémoire, l’expérience vécue, les rêves, les
références culturelles…
 Définir les éléments constitutifs des illustrations de Roberto Innocenti :
-
images réalistes ou abstraites,
-
illustrations pleine page, double page…
-
les couleurs (claires ou foncées, noir et blanc, chaudes ou froides, vives ou ternes…),
-
les angles de vue (plongée, contre-plongée, vue de face, de profil…),
-
les échelles de plans (gros plan, plan général…),
-
….
8
La Maison aux vingt mille légendes
« […] au fil du temps, mes fenêtres se sont mises à voir et mon toit à entendre. J’ai vu des
familles grandir, j’ai vu tomber des arbres. J’ai entendu des rires et le son du canon […]. »
La maison, J. Patrick Lewis, Creative Editions, 2009. DR Roberto Innocenti.
Voici l’histoire d’une maison, située dans la campagne italienne, qui nous conte sa vie et celle de ses habitants au fil
du 20e siècle. Elle est née en 1656, une année où la peste décimait la population… Abandonnée puis restaurée en
1900, une famille s’y installe à nouveau. Les saisons défilent, les années passent. La maison est témoin des
naissances, mariages, décès mais aussi de l’histoire de l’Italie, des deux guerres mondiales, du passage de réfugiés
et de l’arrivée des Américains.
1970, la revoilà à l’abandon, ses murs s’effondrent tandis que les temps changent… Mais une fois encore, elle
renaît. On l’aménage, la transforme avec piscine, nains de jardin, parabole…, une nouvelle histoire commence.
Ne dit-on pas souvent d’une vieille maison qu’elle a une âme ? C’est sous forme de quatrain que La Maison de J.
Patrick Lewis et Roberto Innocenti prend la parole et nous fait part de ses états d’âme et de ses souvenirs. Née
sous le signe d’une épidémie de peste, la maison voit se succéder les grands moments de l’histoire de l’Italie au
20e siècle : la montée du fascisme, les deux guerres mondiales, l’exode rurale ainsi que les années 60 et le
mouvement Hippie.
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Pour chaque époque, la mise en page est identique : une petite illustration
encadrée et datée en regard d’un quatrain devance une illustration en double
page. La deuxième vient développer et élargir un évènement qu’annonçait la
première illustration. Roberto Innocenti a effectué un travail de reconstitution
historique minutieux. Ses illustrations réalistes sont d’une grande précision et
fourmillent de détails. Elles racontent elles-mêmes une histoire et montrent
l’évolution de la maison, de son environnement et de la société.
La maison, J. Patrick Lewis, Creative
Editions, 2009. DR Roberto Innocenti.
Quelques pistes pédagogiques…
 Travailler sur la narration. Qui raconte l’histoire ?
 Observer les habitants de la maison (Quels sont leurs histoires ?), l’évolution de la maison
(modernisation, agrandissement…), de l’environnement (les transformations du puits, les
changements de l’agriculture et de la végétation au rythme des saisons…) et de la société (les
modes vestimentaires, les moyens de transport…).
 Chercher les différents métiers représentés. Quels sont ceux qui ont disparus, qui ont été
transformés ?
 Repérer et étudier les références historiques.
 Définir les éléments constitutifs des illustrations de Roberto Innocenti :
-
images réalistes ou abstraites,
-
illustrations pleine page, double page…
-
les couleurs (claires ou foncées, noir et blanc, chaudes ou froides, vives ou ternes…),
-
les angles de vue (plongée, contre-plongée, vue de face, de profil…),
-
les échelles de plans (gros plan, plan général…),
-
…
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Laisser une trace du passé
Enfant, Roberto Innocenti a été profondément marqué par la guerre et le fascisme. Aujourd’hui, c’est un
illustrateur engagé qui milite contre l’oubli. Ses ouvrages Rose-Blanche et L’étoile d’Erika racontent cette période
difficile et aborde les thèmes de la Shoah et de l’enfance dans la guerre.
Rose blanche, Christophe Gallaz, Gallimard Jeunesse, 1985. DR Roberto Innocenti.
Son premier album, Rose Blanche, coécrit avec Christophe Gallaz en 1985, a reçu huit prix internationaux. C’est un
souvenir d’enfance de l’illustrateur qui est à l’origine de cet ouvrage : l’arrivée dans la maison familiale de deux
soldats de 15 ans qui ne voulaient plus faire la guerre. Son titre est aussi un hommage au mouvement étudiant de
résistance allemande « La Rose Blanche » (Dei Weisse Rose ), fondé au printemps 1942, par Hans Scholl et
Alexander Schmorell. Leur action consistait principalement en la diffusion de tracts (six au total) dans lesquels ils
condamnaient le régime et incitaient à la désobéissance et à la révolte. Ils dénonçaient également les atrocités
commises sur le front soviétique et la politique de destruction des juifs. Le 18 février 1943, alors que Hans Scholl
et sa sœur Sophie déposaient les piles d’un sixième tract à l’université de Munich, ils ont été arrêtés. Condamnés
à mort pour haute trahison, ils ont été exécutés le 22 février 1943.
L’histoire de Rose Blanche se situe quelque part dans l’Allemagne saxonne, sur l’Oder, à la frontière polonaise. La
guerre éclate, les hommes partent au combat. Des camions toujours plus nombreux traversent la ville. Où vont-ils ?
Un jour, Rose Blanche découvre qu’ils transportent des gens. Intriguée, elle suit le véhicule et trouve, dans la forêt,
un camp où ils sont emprisonnés. Ils semblent affamés. Malgré le danger, elle décide de leur apporter chaque jour,
en cachette, un peu de nourriture. Alors que les troupes russes envahissent la ville, Rose Blanche est tuée par une
balle perdue. Sans que le texte ne le mentionne explicitement, cet album évoque l'Holocauste et adopte un point
de vue original, celui d’une fillette allemande pendant la guerre qui n'est pas encore assez âgée pour comprendre
pleinement les événements qui l'entourent. Le thème de la Shoah fait son entrée dans la littérature jeunesse dans
le milieu des années 80, Roberto Innocenti sera le premier illustrateur à représenter un camp de concentration
dans un ouvrage destiné aux enfants.
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En 2003, Roberto innocenti illustre l’histoire poignante d’Erika, rescapée
des camps d’extermination. Ruth Vander Zee, l’auteur de L’étoile
d’Erika, relate les événements qui ont bouleversé les premiers mois de
la vie d'Erika, rencontrée par hasard, en Allemagne, en 1995.
Cinquante ans plus tôt, alors qu’elle n’était encore qu’un bébé, elle et ses
parents furent obligés de monter dans un train. Lorsque sa mère
comprend qu’ils ne reviendront pas vivants de ce voyage, elle choisit,
dans un courage inouï, la vie pour son enfant et profite d’un
ralentissement du train pour jeter son bébé hors du wagon.
L'Étoile d'Erika, Ruth Van der Zee, Milan,
2003. DR Roberto Innocenti.
L’illustrateur ne fait que suggérer l'indicible. Les personnages sont
montrés de dos, sans que l’on ne puisse jamais voir leur visage. Il choisit
ses couleurs en fonction de l’atmosphère du récit. Pour ces deux albums, il a sélectionné des couleurs sombres et
ternes. Dans L’Étoile d’Érika, seule la première et la dernière image sont peintes avec des couleurs vives qui
symbolisent le présent et l’espoir. Pour les autres illustrations, il a utilisé des nuances de marron et de gris pour
rendre compte du drame qui se jouait. L’illustrateur a également rajouté des notes de couleurs plus vives pour
attirer le regard sur certains éléments : la couverture rose du bébé et les étoiles jaunes des Juifs.
La publication de l’ouvrage Rose-Blanche s’est avérée difficile. Suite à de nombreux refus de la part des éditeurs
italiens, il le présente à des éditeurs étrangers qui acceptent de l’éditer.
« […] Le premier livre que j'ai créé, a été appelé Rose-Blanche. J'avais pensé l’écrire pour les enfants italiens, les
Italiens, les parents, les enseignants italiens, l'École de la République italienne.
J'ai réussi avec beaucoup de difficulté à trouver cet état de grâce qui permet de dire une histoire contemporaine
triste et terrible, apte à ouvrir un dialogue entre enfants et adultes. Or, ce livre a été rejeté par l'édition italienne,
même par les professionnels les plus qualifiés. Peut-être qu'ils considéraient comme inconvenant de publier la
conséquence la plus extrême de l'invention désastreuse italienne, le fascisme. La publication s’est faite grâce à de
nombreux éditeurs étrangers, et les enfants, les parents, et les enseignants qui l'ont utilisé pendant de nombreuses
années étaient des étrangers. White Rose est ma petite Alice, celle qui m'a montré la voie, qui a su me montrer les
merveilles du monde. L'éditeur étranger m'a donné plus de liberté et a reconnu une dignité à mon travail. Pendant
longtemps, et pour cette raison, mes livres n’ont pas circulé en Italie. Je ne peux pas changer cette réalité (…) mais,
la « Rose blanche » est devenu mon baromètre personnel de la démocratie en Italie.[…] » 1
De même, la première de couverture de L’étoile d’Erika a subi des transformations selon les paysoù le livre a été
publié, certainement pour ne heurter aucune sensibilité. Sur la couverture française une étoile de David se
détache alors qu’aux Etats-Unis il s’agit d’une étoile à cinq branches. Quant aux éditions anglaises et allemandes,
elles proposent deux versions : la présence de l’étoile de David sur la couverture ou sans.
1
Interview de Roberto Innocenti par l’IBBY, Union Internationale pour les Livres de Jeunesse, 7 septembre 2008 :
http://www.ibby.org/index.php?id=886
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Quelques pistes pédagogiques…
 Étudier la Seconde Guerre mondiale et la Shoah pour mieux cerner le contexte historique des
événements racontés dans les albums.
 Travailler sur la narration. Qui raconte l’histoire ?
 Situer sur une frise chronologique les événements qui arrivent aux personnages et les mettre
en parallèle avec les évènements historiques.
 Situer géographiquement les événements sur des cartes.
 Échanger avec les élèves sur le comportement de Rose-Blanche qui décide d’agir au risque de sa
propre vie.
 Définir les éléments constitutifs des illustrations de Roberto Innocenti :
-
images réalistes ou abstraites,
-
illustrations pleine page, double page…
-
les couleurs (claires ou foncées, noir et blanc, chaudes ou froides, vives ou ternes…),
-
les angles de vue (plongée, contre-plongée, vue de face, de profil…),
-
les échelles de plans (gros plan, plan général…),
-
…
 Travailler sur les représentations de la guerre au 20e siècle et de la Shoah :
-
dans la littérature jeunesse (Flon-Flon et Musette, Elzbieta, L’école des loisirs,1994 – Un
foulard dans la nuit, Sorbier, 2000 - Otto, Tomi Ungerer , L’école des loisirs, 2001 –
Grand-père, Gilles Rapaport, Circonflexe, 2011 …).
-
en histoire des arts (Série dessins de guerre, Fernand Léger, 1916- Synthèse plastique
de l’idée Guerre, Gino Severini, 1915- La Guerre, Otto Dix, de 1929 à 1932 – Guernica,
Picasso, 1937 – Réserve du musée des enfants, 1988 et Le Lac des morts, 1950,
Christian Boltanski – l’œuvre de David Olère…).
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Les contes traditionnels
Roberto Innocenti a illustré plusieurs contes traditionnels, dont Pinocchio, le Chant de Noël et Casse-Noisette,
grands classiques de la littérature pour enfants. L’illustrateur est resté fidèle aux textes d’origine. Il a effectué des
recherches documentaires et s’est appliqué à restituer les décors, les costumes, le mobilier, l’architecture de
l’époque et des différents pays où se déroulent les histoires. Par le cadrage des sujets, la précision et le réalisme
des décors, ses illustrations plongent les lecteurs dans l’atmosphère des récits.
Pinocchio de Carlo Collodi
Les Aventures de Pinocchio, Carlo Collodi, Gallimard Jeunesse, 1988. DR Roberto Innocenti.
Roberto Innoncenti situe son Pinocchio dans l’Italie du 19e siècle, à Florence, sa ville natale et celle de Carlo
Lorenzini, dit « Collodi » (1826-1890), l’auteur des aventures du célèbre pantin de bois.
C’est en 1881 que Carlo Collodi inventepour le lancement du Journal des Enfants, le premier journal pour enfants
italien, le personnage de Pinocchio. L’histoire d’un pantin, son premier titre ouvre le premier numéro du journal, le
7 juillet 1881. Vingt-six numéros plus tard, Collodi décide d’arrêter le feuilleton et fait mourir son pantin, pendu
par des assassins à la branche d’un grand chêne. Mais devant les protestations de ses jeunes lecteurs et parents, il
sauve Pinocchio et lui invente de nouvelles aventures. Le roman est publié en 1883, sous le titre Les aventures de
Pinocchio. Mais c’est en 1911 seulement, avec les images du peintre Attilio Mussino, que le personnage prendra
les traits de la marionnette telle qu’elle est connue aujourd’hui et telle qu’elle fut représentée par les studios
d’animation de Walt Disney.
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Les illustrations de Roberto Innocenti nous transportent dans les villages de l’Italie du 19e siècle. Il a travaillé à
partir de souvenirs familiaux et notamment de photographies, mais aussi de dessins et notes qu’il a réalisés en
parcourant, pendant un an, les villages de la Toscane. On retrouve dans ses illustrations l’univers rude décrit par
Collodi : le froid et la faim qui accablent les villageois, la misère, la cruauté des adultes envers les enfants…
Le Chant de Noël de Charles Dickens.
En 1843, Charles Dickens écrit l’un des contes les plus populaires de Noël, A Christmas Carol ou Un Conte de Noël
qui décrit la vie de Scrooge, un vieil homme avare et égoïste très attaché à son argent. Pour illustrer ce conte, il
fera appel à John Leech, connu à l’époque pour ses dessins humoristiques de la vie quotidienne des classes
moyennes britanniques. Charles Dickens est un écrivain engagé, Sses ouvrages traitent des problèmes sociaux de
son temps (travail des enfants, esclavage, peine de mort, illettrisme…), dépeignent la vie quotidienne des classes
anglaises et dénoncent la misère sociale et humaine.
Lui-même, enfant, a connu la pauvreté. Criblé de
dettes, ses parents le contraignent à l’âge de douze ans,
à abandonner l’école pour travailler dans une fabrique
de cirage. Roberto Innocenti a su retranscrire
l’atmosphère de Noël et mettre en évidence toute la
critique sociale contenue dans le texte de Charles
Dickens. Ses illustrations de rues, animées de nombreux
personnages, tous saisis dans leurs occupations
quotidiennes, trouvent leurs inspirations dans les
peinture de Bruegel l’Ancien.
Un chant de Noël, Charles Dickens, Gallimard Jeunesse, 1991. DR
Roberto Innocenti.
Casse-Noisette de Hoffmann
Ce conte de Noël né de l'imagination d'Hoffmann nous emmène
dans un monde où rêve et réalité se côtoient sans cesse. Paru
en 1816 sous le titre de «Casse-Noisette et le Roi des Souris »,
cette histoire comporte toutes les caractéristiques du conte
fantastique. Les illustrations de Roberto Innocenti par les
changements d’échelle et de point de vue (plongée, contreplongée…),la lumière et la composition, ajoutés au réalisme du
dessin, contribuent à créer l’étrangeté.
Casse-noisette, E.T.A. Hoffmann, Gallimard Jeunesse,
1996. DR Roberto Innocenti.
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Quelques pistes pédagogiques…
 Expliquer les origines et les fonctions du conte.
 Demander aux élèves ce qu’est un conte? Est-ce une histoire comme les autres ? Pourquoi
parle-t-on de contes de fées ? Quels sont les éléments particuliers ? Quels sont les contes
qu’ils connaissent ?
 Dégager la structure narrative des contes : la situation initiale, l’élément déclencheur ou
perturbateur, le déroulement (les diverses péripéties), le dénouement, la situation finale.
 Travailler sur le découpage du récit propre à l’illustrateur. Ce découpage résulte
nécessairement d'un choix dans lequel tous les éléments ne sont pas exposés. À partir d'un
conte, demander aux élèves de choisir les épisodes qu'ils souhaitent mettre en images en
justifiant les raisons de leur choix.
 Acquérir des connaissances sur l’œuvre, l’auteur et son époque. À partir du conte Pinocchio
et du Conte de Noël, une discussion sur le travail des enfants et la place de l’école à cette
époque peut-être mené. Demander aux élèves quelles sont les différences qui les marquent
le plus entre leur vie et celle d’un enfant du 20e siècle ?
 Pour Le Conte de Noël de Charles Dickens, analyser la mise en place du récit fantastique.
 Définir les éléments constitutifs des illustrations de Roberto Innocenti :
- images réalistes ou abstraites,
-
illustrations pleine page, double page…
-
les couleurs (claires ou foncées, noir et blanc, chaudes ou froides, vives ou ternes…),
-
les angles de vue (plongée, contre-plongée, vue de face, de profil…),
-
les échelles de plans (gros plan, plan général…),
-
…
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Les réécritures
Roberto Innocenti a également revisité les contes du Petit chaperon rouge et de Cendrillon en transposant les
récits dans le temps et l’espace.
Cendrillon, version 1920
En 1983, l’éditeur et illustrateur Etienne Delessert lance une nouvelle
collection de livres intitulée « Monsieur Chat - Il était une fois » pour la
maison d’édition française Grasset. Il invite les plus grands illustrateurs de
l’époque à revisiter les contes traditionnels. Il confie à Roberto Innocenti
l’illustration du célèbre conte de Charles Perrault, Cendrillon, paru pour la
première fois sous le titre de Cendrillon ou la pantoufle de vair, en 1697
dans les Contes de ma mère l’Oye ou Histoires ou contes du temps passé
avec des moralités. La version de Charles Perrault est plus « tendre » que
celle des frères Grimm qui optent pour une tonalité plus cruelle
(mutilation des pieds des sœurs pour entrer à tout prix dans le petit
Cendrillon, Charles Perrault, Grasset
Jeunesse, 1990. DR Roberto Innocenti.
soulier d’or, châtiment des demi-sœurs dont les yeux sont crevés par les
pigeons…).
Par ses illustrations, Roberto Innocenti interprète le conte de Perrault et choisit pour
décor un village anglais dans les années 1920. Il fait de nombreuses références aux
monuments londoniens (Buckingham Palace, Big Ben) et aux personnages de la couronne
britannique, toutes époques confondues (la Reine Victoria, Marie Stuart, le prince
Charles…). Influencé par les techniques cinématographiques, il multiplie les plongées et
contreplongées. Il joue aussi avec les images et insère dans ses illustrations une
photographie en noir et blanc pour la scène du mariage, des timbres de la poste avec les
Cendrillon, Charles Perrault,
Grasset Jeunesse, 1990. DR
portraits de chaque époux.
Roberto Innocenti.
À chacun sa faim ...
Dans cette version moderne du Petit chaperon rouge, Sophia doit traverser une forêt faite de béton et de briques,
pour rendre visite à sa grand-mère. Pour s’y rendre, elle doit traverser «Le Bois», un endroit magique où l’on peut
se procurer tout ce dont on rêve. Étourdie par tant de couleurs, de bruits et de tentations, Sophia se perd dans un
quartier qu’elle ne connaît pas. Elle se fait attaquer par un gang de chacals. Heureusement, un chasseur souriant
de toutes ses dents lui vient en aide. Se croyant sauvée d’un gang, Sophia lui confie ses intentions d’aller chez sa
grand-mère. Sur la voie rapide, le chasseur laisse Sophia au milieu de la route, prétextant un rendez-vous urgent. Il
arrivera le premier chez la mère-grand…
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L’auteur Aaron Frisch laisse le lecteur choisir l’issue qu’il souhaite au récit : « Les histoires sont magiques. Qui a dit
qu’elles n’avaient qu’une fin ? ». Ainsi il propose deux fins : l’une dramatique, avec la disparition de la grand-mère
et de l’enfant et l’autre, plus heureuse, avec l’arrivée à temps de la police qui arrête le méchant. Ces deux fins
sont un clin d’œil aux versions les plus connues de ce conte. La première de Charles Perrault en 1697 se termine
brutalement par la mort du Chaperon rouge, dévoré comme sa grand-mère par le loup. La seconde, des frères
Grimm, en 1812 se termine par un épisode plus joyeux avec la délivrance de l’enfant et de sa grand-mère par un
chasseur.
« Perrault voulait faire peur. Moi je veux attirer l’attention des jeunes sur les ravages de l’argent
et la modernité dans ce qu’elle a de plus brutal. »
La petite fille en rouge, Aaron Frisch, Gallimard Jeunesse, 2013. DR Roberto Innocenti.
L’originalité de cet album réside dans la complémentarité entre un texte minimaliste et les illustrations riches de
détails qui détournent l’histoire du conte traditionnel dans un environnement urbain tout aussi inquiétant et
dangereux que la forêt. Cette adaptation contemporaine est également une critique de la société. Roberto
Innocenti dénonce la l’agressivité de la vie urbaine (tags, multitude de détritus sur le sol, circulation intense,
publicité omniprésente aux couleurs criardes) et la société de consommation avec le contraste entre la ville où la
consommation est reine et les banlieues pauvres. Il fait aussi référence à la politique italienne en caricaturant
l’ancien président italien, Silvio Berlusconi, sur des affiches électorales accompagné du slogan : « I am the best ».
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Quelques pistes pédagogiques…
 Demander aux élèves de se remémorer ces deux contes : de quoi ils se souviennent dans
l’histoire de Cendrillon / du Petit Chaperon Rouge ? Pourquoi ces noms ? Comment
commence leurs histoires ? Qui sont leurs parents ? Où vivent-elles ? Avec qui ? Qu’est-ce
qui leur arrivent ? Comment se représentent-ils Cendrillon / le Petit Chaperon Rouge ? Quels
âges ont-t-elles ? Pour ces deux dernières questions montrer la diversité des « visions » au
sein du groupe.
 Découvrir les versions de Perrault et des frères Grimm et les comparer (langue, rythme,
morale, rêve, féérie, variantes sur la fin des récits...).
 Découvrir des adaptations de ces deux contes et les comparer : la place, la taille des
illustrations et leur rapport avec le texte (existe-t-il un décalage texte/image ? qu’est-ce que
le texte apporte au conte ?) ; les décors et l’époque représentés ; le choix des illustrations de
couverture ; l’incipit, la scène de clôture ; le temps utilisé pour le récit …
 Comparer les illustrations modernes de ces deux contes avec les illustrations des premières
versions des contes : http://expositions.bnf.fr/contes/feuille/perrault/index.htm. Repérer et
analyser ce que l’illustration moderne conserve ou renouvelle de la tradition.
 Définir les différents procédés de réécriture : parodies, détournements, pastiches,
transpositions...
 Mettre à disposition des élèves différentes versions de contes. Par groupe, ils devront
présenter l’ouvrage à la classe et identifier le conte source ainsi que le ou les procédés
choisis par l’auteur pour sa réécriture.
 Relever des extraits de descriptions des personnages principaux et demander aux élèves de
les illustrer. Comparer les résultats.
 Comparer dans les différentes versions d'un même conte les épisodes que les illustrateurs
ont choisi de représenter.
 Définir les éléments constitutifs des illustrations de Roberto Innocenti :
-
images réalistes ou abstraites,
-
illustrations pleine page, double page…
-
les couleurs (claires ou foncées, noir et blanc, chaudes ou froides, vives ou ternes…),
-
les angles de vue (plongée, contre-plongée, vue de face, de profil…),
-
les échelles de plans (gros plan, plan général…),
-
…
19
LES LIENS AVEC LES PROGRAMMES
SCOLAIRES
1er DEGRÉ

Français :
-
Découvrir la littérature jeunesse d’hier et d’aujourd’hui afin de constituer une
culture littéraire commune.
Découvrir des textes du patrimoine et notamment des contes.
Découvrir des contes dans différentes versions et établir des comparaisons.
Appréhender la relation texte / image.
Comprendre le processus de création d’une illustration.
Découvrir les rôles et les fonctions des différents acteurs du livre.
Maîtriser la langue : langage d’évocation et langage écrit.
Mettre en relation des textes, des illustrations entre elles (auteurs, thèmes,
sentiments exprimés, personnages, événements, situation spatiale ou
temporelle, tonalité comique ou tragique...).
-
 Culture humaniste :
- Le XIXe siècle
- Le XXe siècle : la seconde guerre mondiale et la Shoah.
.

Arts visuels :
-
Observer et décrire des œuvres.
Analyser une image.
Evoquer ces réalisations en utilisant un vocabulaire approprié.
Pratiquer un atelier artistique.
Découvrir un musée.

Histoire des arts :
-
Les arts du langage : littérature écrite et orale.
Le XIXe siècle : les récits.
Le XXe siècle : les récits illustrés.
20
COLLÈGE / LYCÉE

Lettres:
-
Relation texte / image.
Étude des ressources du langage graphique et ses techniques.
Littérature et langage de l’image.
Approche des genres : conte, récit merveilleux, récit historique, récit
autobiographique, réécriture...
- La littérature pour la jeunesse.
 Histoire :
- Le XIXe siècle
- Le XXe siècle : la seconde guerre mondiale et la Shoah.

Enseignement artistique :
- La mise en scène : scénographie d'une exposition.
- L’espace, l’œuvre et le spectateur dans la culture artistique.
- Les techniques de l’illustration.

-
Histoire des arts et travaux personnels encadrés :
Art et étapes de la création.
Statut de l’image.
Arts du quotidien : arts appliqués.
Arts du visuel : illustration.
Arts, réalités et imaginaires.
Arts, contraintes et réalisations.
Arts et totalitarisme.
Arts, mémoires, témoignages, engagements.
21
BIBLIOGRAPHIE DE L’EXPOSITION
La petite fille en rouge, Aaron Frisch, Gallimard Jeunesse, 2013
La maison, J. Patrick Lewis, Creative Editions, 2009
L'Étoile d'Erika, Ruth Van der Zee, Milan, 2003
L'Auberge de nulle part, J. Patrick Lewis, Gallimard Jeunesse, 2002
Casse-noisette, E.T.A. Hoffmann, Gallimard Jeunesse, 1996
Un chant de Noël, Charles Dickens, Gallimard Jeunesse, 1991
Cendrillon, Charles Perrault, Grasset Jeunesse, 1990
Les Aventures de Pinocchio, Carlo Collodi, Gallimard Jeunesse, 1988
Rose blanche, Christophe Gallaz, Gallimard Jeunesse, 1985
22
Ilda e il mago. DR Roberto Innocenti.
23
HISTOIRES EXTRAORDINAIRES
de Roberto Innocenti
Commissariat d’exposition :
Judith Henon,
Conservatrice du patrimoine, directrice du musée Anne-de-Beaujeu et du
musée de l’illustration jeunesse
Emmanuelle Martinat-Dupré,
Responsable scientifique du musée de l’illustration jeunesse
Scénographie
et coordination technique :
Dominique Lefebvre
Impression des supports
scénographiques :
JC Design
Régie des œuvres :
Marc Jeandel, Jean-François Tauban
Suivi administratif :
Marie Dubost, Christine Lamouche, Viviane Evelette
Documentation :
Jean-François Tauban
Relations presse et
Communication :
Delphine Charret, Priscilla Guerrier
Service Médiation :
Marie Bèche, responsable
Dominique Astaix, Aurélie Forestier, Julie Courtinat, Emilie Boudet, Maud
Leriche, Marc Poligny, Mathilde Audin
Coordination technique :
Thierry Faure, responsable
Denis Bertrand, Christophe Caccioppoli, Jean Ferreira, Gilles Muller
Accueil des publics et
avec l’aide de :
Alain Baudin, Jeannine Bouyou, Hervé Bruyère, Maud
Cabanne, Marc Jeandel, Cindy Labonne, Bruno Marsura, Sandrine Martin,
Maryline Monin, Alexis Raynaud, Caroline Remond, Sandrine Martin, Patrice
Chérion, Marie-Thérèse Cury
Création du parcours et
des supports pédagogiques : Dominique Astaix, Aurélie Forestier
Avec la participation de Rachel El Sayed et Guy Pradel
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