pour un monde sans nucléaire
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pour un monde sans nucléaire
Déclaration Du Forum Global des Hibakusha (victimes du nucléaire) pour un monde sans nucléaire Nous, les « Hibakusha » du Japon, d’Australie et de Tahiti avons rejoint le Peace Boat (Bateau de la Paix) du 23 au 5 février 2011 pour témoigner et partager des informations sur notre vision d’un avenir sans nucléaire. Nous sommes arrivés à un consensus au sujet de la déclaration ci-dessous et continuerons à échanger pour atteindre nos objectifs, en renforçant notre coopération et notre réseau. Hibakusha est le terme qui définit celles et ceux qui ont survécu à la bombe atomique de Hiroshima et de Nagasaki, il y a 66 ans. Il y a maintenant une 2 ème et 3ème génération de Hibakusha et des Hibakusha qui vivent maintenant à l'étranger, mais qui se trouvaient au Japon en 1945. Ils sont victimes des conséquences génétiques inter-générationelles causées par l’exposition de leurs parents ou grandsparents à la radioactivité. Ils demandent une reconnaissance equitable pour toutes les nationalités et pays de résidence. Les Hibakusha ont souffert de la discrimination et ont courageusement « revécu » ces événements pour dire pourquoi les armes nucléaires sont horribles et cruelles et ne doivent plus jamais être utilisées. Nous saluons l’endurance, la force et la détermination des Hibakusha et les encourageons à témoigner, et à se remémorer ces événements. Nous soutenons leur appel pour une éducation de la paix dans nos écoles. Nous appuyons leurs actions pour l’abolition totale des armes nucléaires à travers une Convention sur les Armes Nucléaires qui débarrassera le monde de ces «armes de terreur» comme décrites par la commission Blix sur les Armes de Destruction Massive (1). Nous définissons par le terme « Global Hibakusha » toutes les victimes de la radioactivité de toute la chaine du nucléaire ; mines d’uranium, réacteurs nucléaires, accidents nucléaires, développement et essais nucléaires, déchets nucléaires. Nous avons conscience que les peuples autochtones ont souffert du racisme radioactif dans la convoitise de l’uranium, des essais nucléaires et du rejet de déchets nucléaires. Leur terre, leur eau et leur santé ont été contaminées, leur culture et leur économie endommagées. La radiation ionique est un poison toxique qui endommage durablement notre ADN, la matière génétique dans nos cellules vivantes. L’âge du nucléaire a introduit la radiation sous des formes qui peuvent se propager dans l’air ou être inhalées et se retrouver dans les nappes phréatiques ou dans le patrimoine génétique, bien différentes des radiations naturelles. _________________________________ 1 La Commission Internationale sur les Armes de Destruction Massive, présidée par Dr. Hans Blix et soutenue par le gouvernement suédois, a publié son rapport final « Les Armes de la Terreur : Libérer le monde des armes nucléaires, chimiques et biologiques » en juin 2006. Une version anglaise, française et japonaise entre autre est disponible sur le site : http://wmdcommission.org/ Les essais nucléaires ont répandu le poison de la radiation dans les sols et l’eau et continuent de représenter un danger. La Polynésie est menacée par l’effondrement des atolls autour de Moruroa et Fangataufa. Les réacteurs nucléaires libèrent régulièrement de la radioactivité. Les piles de déchets nucléaires augmentent de jour en jour et contiennent des tonnes de plutonium qui resteront toxiques pendant 250 000 années. Toute fuite dans la chaîne du nucléaire libère de la radioactivité à commencer par les forages pour l’uranium. Pour protéger les futures générations et futurs Hibakusha, nous devons arrêter de fabriquer de la radioactivité et en supprimer, à tous les niveaux, les sources. Nous devons investir dans des énergies propres et renouvelables pour un avenir durable. Plutôt que d’obtenir la vérité sur les données concernant la radioactivité, nous avons essuyé le déni officiel des gouvernements qui contrôlent les informations et refusent de corriger des comportements honteux. Les gouvernements doivent être transparents sur les archives concernant Hiroshima et Nagasaki, Moruroa et Fangataufa, Maralinga et reconnaître leurs responsabilités dans les dommages et blessures causés. Régler le problème de l’activité nucléaire et de la menace nucléaire est une question de survie. Nous ne pouvons pas contenir les dangers du nucléaire, les dommages environnementaux et soutenir les malades et les mourants sans informations sur la vérité de leur maladie. Nous, les Global Hibakusha, demandons désespérément : - Que les gouvernements entament immédiatement des négociations au sujet d’une Convention sur les Armes Nucléaires dans le but de présenter le traité finalisé lors de la conférence de la révision du TNP en 2015 et de terminer le processus de désarmement d’ici 2020. - Que les gouvernements se penchent sur le problème du changement climatique en investissant dans des sources d’énergie propres et renouvelables. - Que tous les groupes de la société civile, les ONGs, les media, les organisations de jeunesse et religieuses redoublent leurs efforts pour créer un monde sans nucléaire. - Que les responsables des gouvernements prononcent des excuses officielles pour leurs crimes nucléaires. - Que les gouvernements publient toutes les études réalisées sur la santé et l’environnement au sujet de la radioactivité. - Que l’éducation pour la Paix, y compris la vérité sur l’âge du nucléaire, fassent partie intégrante des programmes scolaires officiels. - Que les gouvernements attribuent des indemnisations et approuvent un traitement médical approprié et subventionné à tous les Global Hibakusha, y compris les 2eme et 3eme generation et les etrangers irradies a Hiroshima et Nagasaki. - Que les procès intentés par les Hibakusha pour la vérité, la justice, la reconnaissance, les compensations, l’assainissement de l’environnement et le traitement des maladies, reçoivent le soutien de la société civile et une réponse claire des gouvernements. - Que les gouvernements développent une assistance publique et des plans d’évacuation pour les populations qui pourraient être affectées par des accidents ou incidents nucléaires. - Que l’article 9 de la constitution japonaise qui renonce à la guerre soit maintenu et que des clauses similaires soient insérées et appliquées dans les constitutions de tous les pays. - Que la conversion du budget militaire global de 1.500 milliards soit effectuée au profit de programmes pour la santé et l’éducation et que des mesures soient décidées pour prendre en compte les défis de notre sécurité comme le changement climatique et la pauvreté. Plus jamais de Hibakusha ! Plus jamais de Global Hibakusha ! Plus jamais Hiroshima ! Plus jamais Nagasaki ! Plus jamais de guerre ! Adoptée le 5 février 2011 sur le Peace Boat Papeete, Tahiti