Médicaments administrables par voie sous
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Médicaments administrables par voie sous
Modele + ARTICLE IN PRESS MEDPAL-294; No. of Pages 11 Médecine palliative — Soins de support — Accompagnement — Éthique (2011) xxx, xxx—xxx SYNTHÈSE Médicaments administrables par voie sous-cutanée en soins palliatifs : revue de la littérature et recommandations Drugs used subcutaneously in palliative care: Review of the literature and recommendations Stéphanie Morisson a,1,2,∗, Pascale Vassal b,2, Bruno Rochas c,2, Jean-Pierre Verborg d,3, Pascale-Vignes Guettet e,2, Marie-Laure Villard f,2 a Département de soins de support, institut de cancérologie, 108 bis, avenue Albert-Raimond, 42271 Saint-Priest-en-Jarez cedex, France b Service de soins palliatifs, hôpital Bellevue, CHU de Saint-Étienne, 42055 Saint-Étienne cedex, France c EMSP et HAD, centre hospitalier de Vienne-Mont-Salomon, 38200 Vienne, France d Réseau de soins palliatifs de Lyon et Villeurbanne « Résonance », 8, avenue Leclerc, 69007 Lyon, France e Service d’oncohématologie, soins palliatifs, consultation douleur, centre hospitalier de Bourg-en-Bresse, 900, route de Paris, 01012 Bourg-en-Bresse cedex, France f EMSP, CHU de Grenoble, boulevard de la Chantoume, BP 217, 38043 Grenoble cedex 9, France Reçu le 13 septembre 2010 ; accepté le 17 janvier 2011 KEYWORDS Subcutaneous route; Palliative care; Treatment; Drugs Résumé De nombreuses raisons plaident en faveur de l’utilisation de la voie sous-cutanée (s/c) en fin de vie quand un traitement injectable est nécessaire. Il existe de nombreux articles ou sites Internet faisant référence à l’emploi de cette voie d’administration, mais il n’est pas toujours possible de vérifier la solidité des évidences scientifiques soutenant l’utilisation des différents médicaments par voie s/c. Objectifs. — À l’heure de la médecine basée sur des preuves, nous avons cherché à améliorer nos connaissances concernant l’efficacité de la voie s/c en nous référant à des études scientifiques internationales publiées au cours de ces dix dernières années. DOI de l’article original : 10.1016/j.medpal.2011.03.002. Auteur correspondant. Adresses e-mail : [email protected] (S. Morisson), [email protected] (P. Vassal), [email protected] (B. Rochas), [email protected] (J.-P. Verborg), [email protected] (P.-V. Guettet), [email protected] (M.-L. Villard). 1 Photo de l’auteur. 2 Praticien hospitalier. 3 Médecin coordinateur. ∗ 1636-6522/$ — see front matter © 2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. doi:10.1016/j.medpal.2011.03.003 Pour citer cet article : Morisson S, et al. Médicaments administrables par voie sous-cutanée en soins palliatifs : revue de la littérature et recommandations. Médecine palliative — Soins de support — Accompagnement — Éthique (2011), doi:10.1016/j.medpal.2011.03.003 Modele + MEDPAL-294; No. of Pages 11 ARTICLE IN PRESS 2 S. Morisson et al. Méthodes. — Nous avons effectué une revue de la littérature à partir de la base de données de PubMed® sur la période 1995—2008. Résultats. — Soixante-douze molécules utilisées par voie s/c ont été étudiées. Pour quarantecinq d’entre elles, appartenant à 15 classes médicamenteuses, nous avons retrouvé une forte cote de validité scientifique de l’utilisation de cette voie. Les 27 autres molécules ne sont pas formellement recommandées par voie sous-cutanée, du fait de l’absence ou de l’insuffisance de données scientifiques. Conclusion et perspectives. — Nos recommandations contribuent à valider et uniformiser les pratiques, afin de diffuser notre démarche palliative, en particulier, dans les modes d’exercice transversal (EMSP, réseaux, HAD. . .), en apportant des arguments scientifiques légitimement souhaités par nos collègues. Beaucoup d’équipes utilisent d’autres thérapeutiques par voie sous-cutanée, que nous n’avons pas mentionnées, ce qui laisse la perspective d’un travail de recherche sur les pratiques respectives de ces équipes, afin de compléter le tableau des produits référencés en « accord d’expert ». © 2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. MOTS CLÉS Voie sous-cutanée ; Soins palliatifs ; Traitement ; Médicaments Summary Numerous reasons plead in favour of the use of the subcutaneous route when injectable treatment is needed for a patient at end of life. There are many articles or websites making reference to the use of this route. However, it is rarely possible to evaluate the strength of the scientific evidences allowing the safe of use of this route for many drugs. Objectives. — Since medicine should be based on proven data, we looked for improving our knowledge of the safety and efficacy of the subcutaneous route by consulting as many as possible of valid scientific studies, carried out during the past 10 years and published in international journals. Methods. — We reviewed the literature in the database of PubMed® over the period from 1995 to 2008. Results. — Seventy-two molecules were studied. Among them 45, belonging to 15 different medicinal classes, were referenced in studies of various level of scientific evidences. The subcutaneous use of the 27 remaining molecules was definitely not recommended due to lack of scientific support. Conclusion and prospects. — Our recommendations contribute to validate and standardize our practice, and help to share a common palliative approach, among the various teams concerned by the end-of-life care such as mobile units of palliative care, home medical care and other networks, by bringing over, arguments, wanted by all colleagues. Many teams already use the subcutaneous route for drugs, none mentioned above. This opens the opportunity to work on the safe applicability of the s/c route for these and other drugs, and to extend the list of useful drugs amenable to s/c administration, through establishment of an ‘‘expert agreement’’. © 2011 Elsevier Masson SAS. All rights reserved. Introduction La voie d’administration sous-cutanée de médicaments est devenue une pratique courante en soins palliatifs. Il s’agit, en effet, d’une voie peu invasive, utile lorsque la voie orale est difficile ou impossible et que le principe de proportionnalité, dans ces situations, empêche de recourir à l’utilisation d’une voie veineuse périphérique (souvent itérative et douloureuse), ou d’un abord veineux central (plus invasif et non dénué de risque). Avec l’expérience, l’éventail de la pharmacopée utilisée par cette voie s’est développé et a suscité la publication d’un grand nombre d’articles médicaux, de guides « locaux » de prescription et de sites Internet détaillant les produits utilisables par cette voie. Cependant, on ne retrouve que peu d’études cliniques permettant d’évaluer le niveau de confiance scientifique justifiant cette utilisation. A contrario, certaines pratiques validées de prescription médicamenteuse par voie sous-cutanée, sont peu diffusées par manque de communication sur leur bon rapport efficacité/tolérance. Dans l’esprit d’une médecine palliative basée sur des preuves, nous avons effectué une revue de la littérature pour déterminer le niveau de preuve scientifique d’efficacité de plusieurs médicaments couramment utilisés par voie s/c. L’objectif de cette étude est de pouvoir conseiller et promouvoir l’utilisation de la voie s/c, en s’appuyant sur un argumentaire scientifique et validé. Méthodologie Nous avons effectué une revue internationale de la littérature en anglais et français principalement à partir de la Pour citer cet article : Morisson S, et al. Médicaments administrables par voie sous-cutanée en soins palliatifs : revue de la littérature et recommandations. Médecine palliative — Soins de support — Accompagnement — Éthique (2011), doi:10.1016/j.medpal.2011.03.003 Nom commercial Modalités d’administration Continue Antibiotiques Ceftriaxone Amikacine Précautions d’emploi Associations médicamenteuses possibles dans la même seringue Référence Discontinue Rocéphine® x Amiklin® Amikacine® x [1] Risque de nécrose cutanée. Ajouter de la lidocaïne pour diminuer la douleur de l’injection du produit Risque de nécrose ou de vascularite cutanée [1] Morphine® x x Chlorydrate d’oxycodone Oxynorm® x x Nalbuphine Buprénorphine Nalbuphine® Temgésic® x x x [1] [1] Narcan® x x [1] x x [1] [1,11,12] Antidotes des morphiniques Naloxone Traitement de la constipation induite par les opioïdes Prostigmine méthylsulfate Prostigmine® Méthylnaltrexone Relistor® x Hormone antiparathyroïdienne Calcitonine Calcitonine® Cibacalcine® Miacalcic® Antihistaminiques Dexchlorphéniramine Polaramine® x x Dexaméthasone Midazolam Scoburen Scopolamine Sandostatine Halopéridol Kétamine Métoclopramide Lévomepromazine Midazolam Scoburen Scopolamine Dexaméthasone Halopéridol Métoclopramide [1,5—10] [1,3,9] [1] Troubles peu fréquents liés au site d’administration : réactions inflammatoires locales au point d’injection s/c [1] 3 Association médicamenteuse proscrite ARTICLE IN PRESS Antalgiques Chlorydrate de morphine Modele + DCI MEDPAL-294; No. of Pages 11 Grade de recommandation A : applicabilité scientifiquement établie. Rank A: established scientific proof. Médicaments administrables par voie sous-cutanées en soins palliatifs Pour citer cet article : Morisson S, et al. Médicaments administrables par voie sous-cutanée en soins palliatifs : revue de la littérature et recommandations. Médecine palliative — Soins de support — Accompagnement — Éthique (2011), doi:10.1016/j.medpal.2011.03.003 Tableau 1 Modele + MEDPAL-294; No. of Pages 11 4 DCI Nom commercial Modalités d’administration Discontinue Scopolamine® x x Scopolamine butylbromure Scoburen® x x Atropine Octéotride Atropine® Sandostatine® Libération immédiate x x x Lanréotide Somatuline® Libération prolongée Antisécrétoires Scopolamine bromhydrate x Réchauffer l’ampoule à température ambiante avant l’injection pour limiter les réactions locales (douleur, plus rarement œdème et éruptions cutanées) Attention, ne pas utiliser le 30 mg en sous-cutanée Associations médicamenteuses possibles dans la même seringue Référence Morphine Haldol (si scoburen < 10 mg/ml et haldol < 0,625 mg/ml) Morphine Haldol (si scoburen < 10 mg/ml et haldol < 0,625 mg/ml) [1,3,5,6,8—10] ARTICLE IN PRESS Continue Précautions d’emploi [1] [1,3] [1] S. Morisson et al. Pour citer cet article : Morisson S, et al. Médicaments administrables par voie sous-cutanée en soins palliatifs : revue de la littérature et recommandations. Médecine palliative — Soins de support — Accompagnement — Éthique (2011), doi:10.1016/j.medpal.2011.03.003 Tableau 1 (Suite) Modele + ARTICLE IN PRESS MEDPAL-294; No. of Pages 11 Médicaments administrables par voie sous-cutanées en soins palliatifs Tableau 2 5 Grade de recommandation B : présomption scientifique d’applicabilité. Rank B: scientific assumption. DCI Nom Commercial Modalités d’administration Continue Antibiotiques Teicoplanine Targocid® Précautions d’emploi Associations médicamenteuses possibles dans la même seringue Réf. Discontinue x [13—15] Benzodiazépines Midazolam Hypnovel® x x base de données de PubMed® sur la période 1995—2008, concernant des études réalisées chez l’homme, utilisant comme mot clé « subcutaneous » associé à la dénomination commune internationale du médicament. Cinquante-trois articles ont été retenus. Nous avons confronté les données des articles sélectionnés au référentiel national le dictionnaire Vidal [1] 2008, aux recommandations de l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) 2002 [2] et à un ouvrage de référence anglosaxon « The Syringe Driver, continous subcutaneous infusions in palliative care », 2005 [3]. Un groupe de six médecins travaillant en soins palliatifs et participant à la coordination Rhône-Alpes de soins palliatifs (CORASP) a analysé et évalué chaque article selon les principes de lecture critique de la littérature. Sur la base de cette analyse, il a été proposé des grades de recommandations et niveaux de preuve scientifique d’après le « Guide d’analyse de la littérature et gradation des recommandations » (janvier 2000) de la Haute Autorité de Santé (HAS) [4] : • grade A : preuve scientifique établie : ◦ essais comparatifs randomisés de forte puissance, ◦ méta-analyses d’essais comparatifs randomisés, ◦ analyses de décision basées sur des études bien menées ; • grade B : présomption scientifique : ◦ essais comparatifs randomisés de faible puissance, ◦ études comparatives non randomisées bien menées, ◦ études de cohorte ; • grade C : faible niveau de preuve : ◦ études cas—témoin, ◦ études comparatives comportant des biais importants, ◦ études rétrospectives, ◦ séries de cas, ◦ études épidémiologiques descriptives ; • accord professionnel retenu en l’absence d’études : opinion quasi unanime des professionnels observée dans la littérature, validée par notre groupe de travail. Dans cette revue de la littérature, nous avons centré notre recherche sur la biodisponibilité par voie s/c des molécules étudiées, leurs précautions d’emploi, leurs effets secondaires locaux, leurs modalités d’administration Incompatibilité Chlorydrate de morphine Fentanyl avec la Méthadone ranitidine Tramadol Kétamine Chlorydrate d’oxycodone [3,5,] [16—18] (continue-discontinue), les associations médicamenteuses possibles dans la même seringue. L’étude approfondie de l’efficacité des médicaments administrés par voie s/c n’était pas l’objectif principal de notre recherche et n’a pas été réalisé. Il s’agit d’un autre travail de recherche. Notre étude référence les médicaments qui ont fait l’objet d’une recherche sur leur utilisation par voie s/c et non pas l’intégralité de la pharmacopée utile en soins palliatifs. Résultats Soixante-douze molécules ont été étudiées. Quarante-cinq d’entre elles, appartenant à 15 classes médicamenteuses, se réfèrent à des études de différents niveaux de preuve scientifique permettant de les répartir en quatre tableaux (Tableaux 1—4) selon leur grade de recommandation A, B, C ou accord professionnel. Les 27 autres molécules ne sont pas recommandées par voie sous-cutanée, du fait de l’absence ou de l’insuffisance de références scientifiques (Tableaux 5 et 6). Synthèse et discussion À l’issue de la revue de la littérature, nous avons étudié et évalué 53 articles. Parmi les 71 médicaments potentiellement utilisables par voie sous-cutanée, 45 d’entre-deux, soit 63 % bénéficiaient d’un niveau de preuve scientifique bon ou acceptable. Ainsi, à la simplicité de la technique d’administration par voie sous-cutanée s’ajoute la possibilité d’utiliser un nombre important de molécules permettant un bon contrôle de la douleur et des autres symptômes d’inconfort dans la plupart des situations cliniques de fin de vie. Pour citer cet article : Morisson S, et al. Médicaments administrables par voie sous-cutanée en soins palliatifs : revue de la littérature et recommandations. Médecine palliative — Soins de support — Accompagnement — Éthique (2011), doi:10.1016/j.medpal.2011.03.003 DCI Nom Commercial Modalités d’administration Continue Antibiotiques Ampicilline Gentamycine Ampicilline® Gentalline® Gentamicine® Antidote des benzodiazépines Flumazenil Anexate® x x x [23,24] x Bonne tolérance locale À diluer : concentration maximum ≤ 1,25 mg/ml sinon risque de précipitation Lévomepromazine Nozinan® x x Chlorpromazine Largactil® x Loxapine Loxapac® x Risque de nécrose ou de vascularite cutanée Protéger de la lumière : possible coloration pourpre aux ultraviolets Réaction cutanée possible Éviter l’administration continue car irritante Site d’injection différent des autres produits. Injecter de faibles volumes : max 1 amp/injection Changement de site en cas de réaction locale Gardenal® x x Acupan® Contramal® Topalgic® Zamudol® x x x x Kétalar® Kétamine® x x Risque de nécrose cutanée Les bolus peuvent être douloureux Risque d’hématome localement Protéger la seringue contenant le tramadol de la lumière (décoloration du produit) Parfois inflammation ou irritation locale : changement de site d’injection Tramadol, Chlorydrate de morphine Chlorydrate d’oxycodone Scoburen à diluer dans 50 ml, kétamine Association déconseillée avec la ranitidine (raniplex, azantac) Chlorydrate d’oxycodone [2,3,5,8,9] [,18,25,26] [2,3,27—29] [18,25] [30] Association médicamenteuse proscrite (instabilité) [3,31,32] Le mélange est déconseillé Halopéridol, Scoburen Midazolam Dexaméthasone Métoclopramide Midazolam Chlorydrate de morphine Halopéridol, Fentanyl Association proscrite avec le diazepam et le phénobarbital [1,33] [1,3,5,34—36] [3,37—44] S. Morisson et al. Kétamine [19] [20—22] Risque de nécrose ou de vascularite cutanée x Antalgiques Néfopam Tramadol Référence Discontinue Haldol® Anticonvulsivants Phénobarbital Associations médicamenteuses possibles dans la même seringue ARTICLE IN PRESS Neuroleptiques Halopéridol Précautions d’emploi Modele + Grade de recommandation C : faible niveau de preuve d’applicabilité. Rank C: low level of proof. MEDPAL-294; No. of Pages 11 6 Pour citer cet article : Morisson S, et al. Médicaments administrables par voie sous-cutanée en soins palliatifs : revue de la littérature et recommandations. Médecine palliative — Soins de support — Accompagnement — Éthique (2011), doi:10.1016/j.medpal.2011.03.003 Tableau 3 Modele + ARTICLE IN PRESS MEDPAL-294; No. of Pages 11 x Zophren® Kytril® Ondansetron Granisétron [3,5,9,10,18,] [25,34,50] [3,18,25,] [34,51] [52,53] x x x À diluer dans 100 ml et perfuser en moins de 6 heures à l’abri de la lumière Dexaméthasone, morphine Tramadol x x Primpéran® Antiémétiques Métoclopramine [1,49] Association médicamenteuse proscrite x [48] Association médicamenteuse proscrite x Lasilix® Furosemide® Inhibiteur de la pompe à protons Omeprazole Mopral® Diurétique Furosémide Clastoban® Biphosphonate Clodronate x x Sufentanil® Sufentanil x x Fentanyl® Fentanyl x Nécessite des volumes de perfusion important à posologie élevée : préférer le sufentanil. Kétamine Midazolam [2,47] [3,45,46] Médicaments administrables par voie sous-cutanées en soins palliatifs 7 Seize molécules (35 %) peuvent être administrées par voie sous-cutanée selon un grade de recommandation A : évaluation scientifique bien établie (Tableau 1). Ce nombre reste faible. Néanmoins, les molécules se répartissent dans différentes classes thérapeutiques (antibiotiques, antalgiques, biphosphonates, antihistaminiques, antisécrétoires) très utiles dans des situations relevant de soins palliatifs. Un nombre important d’études de grade B et C nous confortent dans l’utilisation de 21 molécules (47 %) par voie sous-cutanée (Tableaux 3 et 4). Deux molécules sont classées selon le grade de recommandation B : présomption de preuve (Tableau 2). Il s’agit du teicoplamine (Targocid® ) antibiotique glycopeptique peu utilisé en soins palliatifs et du midazolam (Hypnovel® ) recommandé par voie sous-cutanée en prémédication d’actes médicaux douloureux ou pour sédation. Une étude française de Pecking et al. [56] ont montré la bonne biodisponibilité du midazolam lorsqu’il est utilisé par voie s/c. Cependant, cette étude réalisée chez 18 sujets jeunes volontaires sains ne nous permet pas de classer le midazolamn en grade A. Le niveau de preuve d’utilisation de la voie sous-cutanée est faible (grade C) pour 19 molécules qui appartiennent à des classes thérapeutiques variées (Tableau 3). Pour huit molécules (18 %), les données de la littérature ont été insuffisantes ou incomplètes. Les recommandations sont fondées sur un accord professionnel (Tableau 4) pour prendre en compte l’état des pratiques et les opinions des experts. Le diazepam (Valium® ), le clonazepan (Rivotril® ) et le méthylprednisolone (Solumedrol® ) largement utilisés par cette voie appartiennent à ce groupe. Pour certains produits, nous n’avons pas recommandé la voie sous-cutanée à cause de l’absence de référence validée même si certaines équipes les utilisent (Tableaux 5 et 6). Parmi les antalgiques de palier 1, la question de l’administration par voie sous-cutanée du paracétamol fait l’objet de nombreuses discussions passionnées entre médecins de soins palliatifs, nous n’avons trouvé aucune étude validant cette pratique. Les articles étudiés n’ont pas permis de préciser les modalités optimales de dilution de chaque molécule. Les modes de dilution qui ont pu être retrouvés dans la littérature ont été retranscrits dans les tableaux de résultat dans la colonne « précautions d’emploi ». En pratique, on retient deux attitudes : • la première consiste à réaliser une forte dilution (perfusion de volumes plus importants) afin de limiter les effets secondaires locaux, en particulier, irritation et douleur. On le conseille surtout pour les produits connus comme particulièrement irritant sur le plan cutané, par exemple l’amikacine, la levomépromazine, la chlorpromazine. . . Cette attitude doit être nuancée ; • la deuxième attitude consiste au contraire à réaliser de faibles dilutions. Il faut, en effet, tenir compte des apports liquidiens totaux du patient qui, lorsqu’ils sont importants, l’exposent au risque de surcharge et, en particulier, d’encombrement bronchique. Ensuite, l’injection de gros volumes implique des temps de perfusion plus longs qui maintiennent le malade « relié à ses tubulures » et créent une ambiance très technique autour de ces patients en soins palliatifs. On privilégie alors les faibles dilutions, d’une part, pour la simplicité et la rapidité du Pour citer cet article : Morisson S, et al. Médicaments administrables par voie sous-cutanée en soins palliatifs : revue de la littérature et recommandations. Médecine palliative — Soins de support — Accompagnement — Éthique (2011), doi:10.1016/j.medpal.2011.03.003 DCI Nom commercial Modalités d’administration Continue Benzodiazépines Diazepam x Tranxène® x x Anti-inflammatoires stéroïdiens et non stéroïdiens x Méthylprednisolone Solumedrol® ® Methylprednisolone Dexaméthasone Depomedrol® Dexaméthasone® Diclofenac Voltarène® Ketoprofène Profenid® x Administration continue non recommandée car réactions cutanées fréquentes [18] x Tubulure non PVC sinon perte de produit x Peut se faire en bolus de 50 ml de glucosé ou sérum physiologique en 15 minutes Si le volume à injecter est important, prévoir 2 sites d’injection différents Si mélange, diluer le plus possible avant l’addition de la dexaméthasone Risque d’irritation au point d’injection Administrer séparément Incompatibilité avec les solutions acides, diazepam, lidocaïne, antibiotiques. Précipitation avec halopéridol, midazolam x x x [18] [3,18,54] Scoburen [2,18,25,55] Tramadol Chlorydrate de morphine Chlorydrate d’oxycodone [3,5,8,10] [3,18] Midazolam [50] Association médicamenteuse proscrite [3,10] S. Morisson et al. Antagoniste des récepteurs H2 à l’histamine Ranitidine Azantac® x Raniplex® Référence Discontinue Valium® Rivotril® Associations médicamenteuses possibles dans la même seringue ARTICLE IN PRESS Clorazepate Anticonvulsivants Clonazepam Précautions d’emploi Modele + Utilisation sur la base d’un accord professionnel. Professional agreement. MEDPAL-294; No. of Pages 11 8 Pour citer cet article : Morisson S, et al. Médicaments administrables par voie sous-cutanée en soins palliatifs : revue de la littérature et recommandations. Médecine palliative — Soins de support — Accompagnement — Éthique (2011), doi:10.1016/j.medpal.2011.03.003 Tableau 4 Modele + MEDPAL-294; No. of Pages 11 ARTICLE IN PRESS Médicaments administrables par voie sous-cutanées en soins palliatifs Tableau 5 Produits non recommandés pour utilisation par voie sous-cutanée. Molecules not recommended in subcutaneous. Potassium Ofloxacine Cefatzidime Oflocet® Fortum® geste et, d’autre part, pour limiter les volumes perfusés. On retient également l’idée d’une meilleure diffusion sous-cutanée d’un produit lorsqu’il est plus concentré. L’initiative de prescrire des thérapeutiques par voie sous cutanée « hors AMM » (autorisation de mise sur le marché) interroge la question de la responsabilité médicale. Cela concerne, en effet, l’ensemble des médicaments étudiés ici hormis ceux classés en grade A (ayant eux-mêmes l’AMM pour cette voie). Il faut rappeler à ce sujet que la prescription hors AMM n’est pas illégale. Tableau 6 fiques. Produits manquant de références scienti- Molecules not recommended due to absence of scientific references. Antibiotiques Amoxicilline + acide clavulanique Imipénem Céfépime Céfotaxime Métronidazole Tobramycine Spiramycine Clindamycine Fosfomycine Amoxicilline Augmentin® Tienam® Axepim® Claforan® Flagyl® Tobramycine® Rovamycine® Dalacine® Fosfocine® Clamoxyl® Benzodiazepines Hydroxyzine Meprobamate Atarax® Equanil® Antidépresseurs Amitriptyline Clomipramine Citalopram Laroxyl® Anafranil® Seropram® Antiépileptiques Fosphénytone Phénytoïne Valproate de sodium Prodilantin® Dilantin® Depakine® Neuroleptiques Dropéridol Rispéridone Cyamémazine Tiapride Amisulpride Droleptan® Risperdal® Tercian® Tiapridal® Solian® Antalgiques Paracétamol 9 Le conseil de l’ordre le rappelait dans un rapport du 30 juin 2000 sur « médicaments et pratiques médicales » [57] en rajoutant : « la prescription hors AMM n’est déontologiquement envisageable que dans la mesure où le prescripteur obéit à des critères conformes aux données actuelles scientifiquement établies de la thérapeutique médicale ». Notre travail a donc pour ambition, même s’il n’est pas exhaustif, de pouvoir apporter aux praticiens désireux de respecter ce cadre, des références basées sur des données scientifiques actuelles et hiérarchisées par niveau de recommandation validé. Enfin, si l’on interroge le principe du double effet appliqué à notre pratique palliative, l’argument d’un bénéfice attendu de cette technique, bien supérieur et proportionné au risque d’effet(s) secondaire(s), pourra être étayé par cette synthèse des connaissances sur ce sujet. Conclusion et perspectives Ces recommandations ont pour objectif de servir de guide pour une bonne utilisation de la voie sous-cutanée en soins palliatifs. L’ambition est de contribuer à valider et uniformiser nos pratiques, afin de diffuser notre démarche palliative, en particulier, dans les modes d’exercice transversal (EMSP, réseaux, HAD. . .), en apportant des arguments scientifiques légitimement souhaités par nos collègues. On ne pourra une nouvelle fois s’empêcher de souligner le trop faible nombre d’études cliniques sur le sujet, en particulier, en français. Nous savons, par ailleurs, que beaucoup d’équipes utilisent la voie s/c pour administrer d’autres médicaments que nous n’avons pas mentionnés ici. Cela ouvre sans doute sur la perspective d’un travail de recherche sur les pratiques respectives de ces équipes, afin de compléter le tableau des produits référencés en « accord d’expert ». Enfin, dans le souci de rester dans le principe éthique de proportionnalité de notre pratique palliative, il faudra rester vigilant à « l’inflation » de prescriptions médicamenteuses que pourrait encourager la souplesse d’utilisation de la voie sous-cutanée. Le reste des approches non médicamenteuses et la démarche d’accompagnement ne doivent pas en être éclipsés. Déclaration d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article. Références [1] Vidal, 2008. [2] Afssaps. 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