Lire l`article - Les Détours de Babel
Transcription
Lire l`article - Les Détours de Babel
LE DAUPHINÉ LIBÉRÉ | MERCREDI 30 MARS 2016 | 15 GRENOBLE LE COUP DE CŒUR DES LIBRAIRES “JEUNESSE” MOMIE FOLIE “Space boulettes” Nouveau rendez-vous avec Noémie de Momie Folie pour cette fois son coup de cœur en bande dessinée jeunesse. Il s’agit de l’album “Space boulettes” du dessinateur et scénariste américain de la bande dessinée autobiographique “Blankets” et du très remarqué “Habibi”. “L’action se déroule dans un futur lointain, au cœur de l’espace, explique la libraire. On suit la jeune Violette qui vit dans un parc à vaisseau mobile dans la banlieue pauvre d’une ceinture astéroïde. Si leur vie faite de petits boulots peu reluisants n’est pas toujours simple, la famille reste très soudée et aimante. Un jour, le papa va disparaître lors de l’une de ses missions de recyclage de déjections de baleines de l’espace. Malgré l’interdiction de sa mère, Violette va alors se lancer dans une quête pour le retrouver, accompagnée de deux êtres pour le moins originaux. Cette bande dessinée est une très belle aventure qui peut plaire à tous les publics. Une épopée spatiale où se mêlent de grands thèmes comme l’amitié, la famille, l’écologie ou le travail. Un gros coup de cœur pour un album riche et intense possédant plusieurs niveaux de lecture.” “Space boulettes”, de Craig Thompson, aux éditions Casterman, 328 pages, 25 €. VIE culturelle DU 31 MARS AU 2 AVRIL | “Modèle vivant” au Nouveau Théâtre SainteMaried’enBas Pascale Henry et « le fracas du monde » À l’invitation d’Antonio Pla cer, directeur du Nouveau Théâtre SainteMaried’en Bas, Pascale Henry va ac compagner le nouveau projet de la salle qui marque le dé but de cette aventure com mune avec un spectacle iné dit, écrit pour l’occasion. En résidence depuis le 21 mars, la metteure en scène peaufine “Modèle vivant”, né de « l’envie d’écrire sur l’état de sidération, de colère et d’impuissance qui s’empa re de nous. Aujourd’hui l’in dividu semble pris en étau entre des forces contradictoi res : l’immobilité et la vitesse, l’impuissance et le désir… Il est aussi face à une technolo gie qui le submerge et on as siste à la dislocation de ce lien humain sans lequel il ne reste plus rien à vivre. » Pascale Henry a choisi d’in Ü Que raconte ce spectacle ? Le Musée dauphinois accueille jusqu’au 2 janvier une nouvelle exposition photographique : “Nunavik en terre inuit”. En collaboration avec les Musées de la civilisation au Québec et l’Institut culturel Avataq, le Musée dauphinois invite à découvrir le quotidien des Inuits du Nunavik au Nord du Québec. > “Nunavik en terre inuit” au Musée dauphinois (30, rue Maurice-Gignoux, tél. 04 57 58 89 01). Le musée est ouvert tous les jours de 10 à 18 heures sauf le mardi. « Cette femme est le tableau qu’on regarde, pour voir et écouter ce que le fracas du monde produit et comment il atteint les êtres. Pour moi, c’est une sorte de double d’où le choix d’un personnage fé minin. C’est aussi un moyen d’affirmer qu’il est nécessaire que les femmes prennent la Annabel BROT “Modèle vivant” au Nouveau Théâtre Sainte-Marie-d’en-Bas (38, rue Très-Cloîtres) le 31 mars à 19 h 30, les 1er et 2 avril à 20 h 30. Tarifs : de 8 à 12 €. Infos au 04 76 42 86 11 - www.ntsmb.fr « Jusqu’où peut aller la passion artistique ? » n partenariat avec les “Dé tours de Babel” et le festival “Vues d’en face”, “Farinelli XXIe sexe” s’écoute comme un docufiction “musicothéâ tral” autour du célèbre castrat Farinelli et de sa redécouverte par l’artisteperformer Paul Emerson (19511978). PierreAlain Four, auteur et metteur en scène, nous expli que le propos artistique de cette performance à la croisée des arts visuels et sonores. un voyage en terre inuit Premier volet du projet “Présences” qui se poursuit jusqu’en 2018 parole car elles pensent, se questionnent et ont des cho ses à dire ! » Sur scène, MarieSohna Condé donne corps et voix à une écriture aussi poétique que percutante, tandis que Pascale Henry est présente non loin du plateau pour mê ler sa parole à celle de la co médienne et inviter le regard du spectateur à la contempla tion de ce “Modèle vivant”. Abordant des problémati ques contemporaines, cette création est aussi le premier volet du projet “Présences”, qui se poursuit jusqu’en 2018. « L’ensemble est cons truit autour de l’idée que rien du monde actuel ne nous donne le sentiment d’être présent, qu’il s’agisse des images, de l’économie, de la technologie… » DANS LE CADRE DES “DÉTOURS DE BABEL” | “Farinelli, XXIe sexe” le 8 avril salle Messiaen E AU MUSÉE DAUPHINOIS “Nunavik”, tituler cette création “Modèle vivant” car il s’agira de « re garder à travers le corps d’une femme tous ces mou vements intérieurs tandis qu’ellemême est face au ta bleau de l’humanité ». Pour cela, le décor est exclusive ment composé d’un grand mur blanc qui évoque une salle de musée. «Tout démarre de Paul Emer son, un performer newyor kais disparu en 1978 et pré curseur d’un certain retour de la musique baroque. Cet artis te, oscillant entre la culture poprock et le classique avait, comme Farinelli, une voix ex ceptionnelle. Dans ses perfor mances, il incarna jusqu’à l’extrême le personnage de Farinelli, jusqu’à en mourir. L’histoire de Paul Emerson, je la raconte à travers des témoi gnages de sa compagne que j’ai moimême collectés. La lecture se fait un peu sous for me de flashback, plongeant les spectateurs dans le New York “artistique et under ground” des années 70.» Ü Deux personnages “légendaires”, Paul Emerson et Farinelli, incarnés par un contreténor Paulin Bündgen… Quels points communs entre ces deux personnages ? Quels enseignements en tirer ? «Leur vie n’était pas si éloi gnée. Ils sont morts jeunes, comme beaucoup d’artistes incompris de leur vivant qui, toutefois, ont été précurseurs d’un renouveau artistique. On peut avoir plusieurs grilles de lectures autour de ce specta cle. Le fait que Paul Emerson s’empare du personnage de Farinelli jusqu’à l’excès nous fait poser une question crucia le : jusqu’où peut aller la pas sion artistique ?» Ü La mise en scène intègre différents langages artistiques… «Un peu comme un miniopé ra, revêtant plusieurs “stra tes”. Le matériau de départ a été le témoignage de la com pagne de Paul Emerson. J’ai créé les vidéos en partant de mon ressenti sur l’histoire de Paul Emerson. Ces images sont suffisamment “ouvertes” pour encourager l’imaginaire des spectateurs et ouvrir ses propres perspectives.» Propos recueillis par Christophe CADET “Farinelli, XXIe sexe”, le 8 avril, à 18 h 30, salle Olivier-Messiaen. Tarifs : de 5 à 10 euros. « Une certaine confusion des genres » Ü Ce spectacle a été également lancé par le festival du film gay et lesbien “Vues d’en face”. La notion de “genre” et d’identité, proche des thématiques de ce festival, est-elle présente ici ? «Le personnage de Fari nelli, en soi, pose claire ment la question du statut étrange des castrats au XVIII e siècle. Comment resteton un homme lors que l’on a été émasculé ? Eston une femme pour autant ? Dans ce spectacle, les instruments sont égale ment “travestis”… La viole de gambe a des sonorités aiguës et distordues, le théorbe prend des airs de clavecin. Tout cela pour souligner une certaine con fusion des genres et une identité parfois difficile à définir.» Recueilli par C.C. La “nuit musicale” des Détours de Babel E À LA VINA “Proches-Orients”, une expo-vente pour la bonne cause À la Vina, François-Marie Périer et Mathieu Ozanon “montrent” le Proche-Orient des années 2000 dans leurs photographies. Syrie, Israël-Palestine ou encore Yémen, apparaissent ici sous différentes facettes. Ces photos relatent la beauté de ces pays, mais elles font aussi écho à l’actualité. « Il faut jurer une double fidélité à la beauté et aux opprimés. J’aime cette phrase de Camus car si on oublie la beauté le monde est triste, et il serait d’autant plus futile que d’oublier les opprimés », explique François-Marie Périer. Cette exposition-vente est réalisée au profit du Yémen et de l’association d’aide aux victimes en Syrie. > Exposition “Proches-Orients” à la galerie-café La Vina, 12, place Notre-Dame. Tél. 06 46 68 48 79 ou 09 77 19 77 51 ou www.aavs-asso.org t les traditionnels “brunchs musicaux” des Détours de Babel se transformèrent en nocturne… Musiques contemporaines, chants traditionnels du Rajas than et d’autres explorations sonores ont été interprétés par des artistes internationaux. Le public était invité à faire son propre parcours : assister aux sonorités du Rajasthan de l’ensemble Divana sous une tente, découvrir dans la cha pelle du Musée dauphinois le lyrisme vocal des “cris de Pa ris” ou encore le duo luth/con trebasse de Renaud Garcia Fons et Derya Turkan. Les musiques d’exploration avec le duo Arques/Lemaire, créa tion des Détours de Babel tra vestissant piano et saxopho ne. Sous une yourte, transats et écouteurs étaient à disposi tion pour écouter en “toute zénitude” la création electro acoustique du Floating Roots Orchestra. On observait une ambiance visuelle particulière avec un jeu de lumières sur les véné rables façades du couvent SainteMaried’enHaut. Bra seros, lumières multicolores sur les arbres et vue imprena ble sur Grenoble donnaient à chaque note de musique une résonance singulière. Diman che 3 avril, le Musée dauphi nois accueillera les brunchs musicaux des Détours de Ba bel, de 10 à 17 heures. C.C. Musiques contemporaines, chants traditionnels du Rajasthan et d’autres explorations sonores ont été interprétés par des artistes internationaux dans la chapelle du Musée dauphinois. Sous une yourte, transats et écouteurs étaient à disposition pour écouter en “toute zénitude” la création electro-acoustique du Floating Roots Orchestra.