LA FORZA DEL DESTINO
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LA FORZA DEL DESTINO
Fiche spectacle langue: italien | durée 3h20, entracte compris LA FORZA DEL DESTINO VERDI Dans un monde sans compassion où l’innocence n’est plus, Verdi met en musique la fatalité. Les dieux l’ont décidé ainsi, notre avenir est écrit… Chaque être humain doit payer le prix de ses erreurs, le pardon n’existe pas, c’est la force du destin ! Le Compositeur Giuseppe Verdi (1813-1901) Le plus célèbre des compositeurs italiens est né en pleine campagne, dans la plaine du Pô, en 1813. Armé de son don pour la musique et de l’appui fidèle de son beaupère, Antonio Barezzi, il renonce à une carrière de musicien local pour risquer ses premiers pas à Milan. Les débuts professionnels sont difficiles et marqués en outre par la douleur du triple deuil de ses deux enfants et de sa femme. Suite au triomphe de Nabucco (1842), il compose sans relâche pour honorer les commandes de nombreux théâtres italiens. Après quelques années, il s’installe avec sa nouvelle femme, Giuseppina Strepponi, dans une villa qu’il a achetée à Busseto, la bourgade de sa jeunesse. C’est le temps des chefs-d’oeuvre: Rigoletto (1851), Il Trovatore (1853) et La Traviata (1853). Sa carrière prend ensuite une envergure internationale. Il compose Aida (1871) pour l’ouverture de l’Opéra du Caire et adapte Shakespeare avec Otello (1887) et Falstaff (1893). Jusqu’à sa mort en 1901 à Milan, Verdi partage son temps entre la composition, les voyages dans toute l’Europe et la gestion de son domaine. L’Oeuvre À près de 50 ans, Verdi a déjà une belle carrière derrière lui. En 1862, il livre son nouvel ouvrage: La Forza del Destino à la demande du Théâtre Impérial de Saint-Pétersbourg. Pour répondre à cette commande, le compositeur avait tout d’abord suggéré de créer une adaptation lyrique du Ruy Blas de Victor Hugo, mais le sujet est refusé. Verdi finit par proposer le drame Don Alvar de don Angelo di Saavedra, poète, dramaturge et homme politique espagnol, et signe le contrat avec Saint Petersbourg. L’œuvre sera le fruit d’une ultime collaboration entre le maître et son librettiste préféré: Francesco Maria Piave. En novembre, Verdi part pour la Russie. Arrivé dans la « capitale du froid », il doit cependant repousser la première représentation du spectacle à la saison suivante car la Prima Donna (chanteuse qui détient le premier rôle) est souffrante et sans remplaçante. Verdi met cette année à profit pour parachever son œuvre. La Forza del Destino est finalement représenté au Théâtre Impérial le 10 novembre 1862 et rencontre un triomphe de plusieurs semaines. Perfectionniste et exigeant, le compositeur retravaille souvent ses opéras après leur création. Dans cette quête insatisfaite de la vérité théâtrale, Verdi réadaptera certaines scènes de La Forza del Destino en 1869 dans une seconde version, dite version de Milan. Si à l’époque de la création, les critiques tournent en dérision ce succès trop « populaire » à leur goût, Verdi reste persuadé que ses opéras doivent être imprégnés de tragique et de burlesque, de férocité et de ridicule, ce qui, pour lui, définit le vrai visage de l’humanité. Dans La Forza del Destino, l’action passe ainsi de l’héroïsme à la mesquinerie, de la gravité au bouffon, de la guerre au recueillement. Verdi est l'auteur d'une oeuvre puissante, fondamentalement romantique: il est le compositeur des passions sublimées. La Forza del Destino illustre parfaitement les personnages verdiens, ces êtres solitaires pour qui le bonheur et la fin heureuse n’est pas écrite. Verdi, ayant lui-même souffert du système social, réussit à véhiculer ce mal-être au travers de ses héros pour qui la mort reste la seule issue. Grâce à des airs mémorables d’une difficulté vocale et d’une exigence de jeu inouïes, La Forza del Destino, et son ouverture orchestrale des plus illustres, donne place à une éloquence et une puissance lyrique mettant en lumière un quatuor de rôles-titres parmi les plus exigeants du vérisme verdien. La musique de cet opéra a été reprise dans les films Jean de Florette et Manon des Sources de Claude Berri et dans le téléfilm La Maîtresse du Président de Jean-Pierre Sinapi. Elle constitue également l’essentiel de la bande musicale de Folle à Tuer de Yves Boisset avec Marlène Jobert et Michael Lonsdale. Les Personnages Don Alvaro, le mystérieux amoureux de Leonora - ténor Donna Leonora di Vargas, la fille du marquis de Calatrava - soprano Don Carlo di Vargas, le frère de Leonora - baryton Il Padre Guardiano, un moine franciscain - basse Preziosilla, une bohémienne - mezzo-soprano Fra Melitone, un moine franciscain - baryton Il marchese di Calatrava, père de Leonora - basse Curra, la servante de Leonora - mezzo-soprano Trabuco, un muletier - ténor Un alcade, maire d’Hornachuelos - baryton Un chirurgo, un médecin - ténor Le Contexte Historique Depuis le XVIIème siècle, l’Espagne est en pleine décadence. De nombreux territoires lui ont été dérobés, comme la Flandre et la Franche-Comté. La guerre de succession oppose plusieurs puissances européennes de 1701 à 1714, sur l’enjeu de la succession au trône. Philippe d’Anjou, petit fils du Roi Soleil, est finalement intronisé. L’Espagne subit encore la perte de plusieurs territoires: Minorque, Gibraltar, Naples, la Sardaigne et le Milanais. En 1734, le sud de l’Italie réintègre néanmoins l’Empire espagnol lors de la guerre de succession de Pologne. Mais l’Espagne devra à nouveau mener bataille en Italie, cette fois, contre les autrichiens… L’ARGUMENT L’action se déroule en Espagne et en Italie, au milieu du 18ème siècle. Premier Acte UNE SALLE DANS LA DEMEURE DU MARQUIS DE CALATRAVA, À SÉVILLE - En Espagne Leonora di Vargas, fille du marquis de Calatrava, aime Alvaro un jeune homme aux origines mystérieuses. Hostile à cette union qu’il juge indigne de leur famille, le marquis pense que sa fille a renoncé au jeune homme, mais en réalité Leonora a décidé de fuir avec Alvaro. Au moment où les amoureux s’apprêtent à partir, ils sont découverts par le marquis qui leur reproche violemment leur conduite. Alvaro jette au loin son pistolet et présente sa poitrine à l’épée du vieux gentilhomme. À peine le pistolet a-t-il touché le sol que le coup part accidentellement, blessant mortellement le marquis, qui expire en maudissant sa fille. Deuxième Acte UNE AUBERGE À HORNACHUELOS - En Espagne Muletiers et paysans dansent joyeusement. L’assemblée s’apprête à passer à table. Parmi eux, l’Alcade, maire du village, et un étudiant de Salamanque, qui n’est autre que Don Carlo, le frère de Leonora, bien décidé à venger la mort de son père en se lançant à la recherche du couple maudit. Leonora apparaît, déguisée en garçon et accompagnée du muletier Trabuco, elle reconnait son frère, mais se cache en écoutant son serment de vengeance. Survient alors une Bohémienne, Preziosilla, qui exhorte tous les hommes à partir se battre en Italie contre les Autrichiens. LE COUVENT DE LA MADONE-DES-ANGES - En Espagne Leonora s’enfuit vers le couvent pour supplier la Vierge de l’aider à oublier Alvaro qui l’a abandonnée après le meurtre de son père. Elle demande à voir le père supérieur, Guardiano, pour se confesser et le supplie de la laisser mener une vie d’ermite dans une grotte des environs. Devant l’insistance de la jeune femme, le padre Guardiano finit par donner son autorisation. Il convoque les moines pour leur présenter Leonora (toujours déguisée en homme) et leur fait jurer de respecter la retraite isolée de la jeune femme au milieu des montagnes où elle restera sous la protection du couvent. Reconnaissante, elle s’agenouille devant l’image de la Madone et chante avec les moines, une émouvante prière. Troisième Acte PRÈS DE VELLETRI - En Italie Croyant Leonora morte, Alvaro s’engage dans l’armée espagnole sous un faux nom. Tourmenté par le souvenir du passé, il exprime son désespoir quand le cri de détresse d’un homme blessé se fait entendre. Il s’agit de Carlo di Vargas, son ennemi mortel. Les deux hommes qui ne se connaissent pas et ont pris des noms d’emprunt deviennent amis. Au cours de la bataille qui suit, Alvaro, se croyant mortellement blessé, fait jurer à Carlo d’accomplir ses dernières volontés: chercher dans ses effets une lettre et la brûler sans la lire. Carlo s’engage à respecter ce vœu et Alvaro déclare qu’il peut maintenant mourir tranquille. Cependant une réaction passagère d’Alvaro a éveillé les soupçons de Carlo sur la véritable identité de son ami, il est tenté d’ouvrir la lettre pour dissiper ses doutes, mais se ressaisit car l’honneur le lui interdit. Parmi les objets personnels d’Alvaro, il découvre alors le portrait de Leonora. À ce moment précis, le médecin du camp entre et lui apprend que son ami est sauvé. Carlo pousse un cri de joie sauvage, comprenant qu’il pourra enfin accomplir sa vengeance. UN CAMP MILITAIRE, PRÈS DE VELLETRI - En Italie Alvaro, rétabli, est rejoint par Carlo qui lui révèle sa véritable identité et le provoque en duel. Au cours de leur longue explication, Alvaro apprend que Leonora n’est pas morte. Il tente une réconciliation, mais Carlo se montre intraitable. Lorsque Carlo menace de tuer sa soeur, l’affrontement devient inévitable. Le duel commence, mais les deux hommes sont rapidement séparés. Horrifié de devoir toujours verser le sang, Alvaro décide d’entrer dans les ordres. Quatrième Acte L’INTÉRIEUR DU COUVENT DE LA MADONE-DES-ANGES (5 ans plus tard) - En Espagne Fra Melitone distribue de la soupe aux pauvres, tout en manifestant à plusieurs reprises son irritation. Le padre Guardiano l’invite à se montrer plus tolérant tandis que les pauvres comparent sa mauvaise humeur à la douceur du père Raphaël, qui n’est autre qu’Alvaro. Fra Melitone, effrayé par le teint basané et les réactions parfois violentes du père Raphaël, le prend pour un suppôt de Satan. Entendant sonner à la porte du couvent, Fra Melitone va ouvrir et se trouve en présence de Carlo, qui a réussi à retrouver la trace d’Alvaro et demande à parler au père Raphaël. En l’attendant, il rumine ses idées de vengeance. Dès l’arrivée d’Alvaro, Carlo lui présente deux épées pour un combat sans merci et multiplie les provocations pour déclencher le duel. Alvaro perd tout contrôle et saisit une épée pour venger son honneur. Près de HORNACHUELOS - En Espagne Leonora est sortie de sa grotte pour prier. Elle qui croyait trouver la paix, ne peut oublier son infortune ni son amour pour Alvaro. Elle demande à Dieu de lui donner la mort. Entre-temps, Carlo est mortellement blessé et supplie Alvaro de le confesser et de lui donner l’absolution. Se croyant damné, Alvaro refuse et court chercher l’ermite dans sa grotte, il découvre avec stupeur que cet ermite n’est autre que Leonora…