TCHEKHOV ARTHUR NAUZYCIEL LA MOUETTE 25 SEP—27 SEP

Transcription

TCHEKHOV ARTHUR NAUZYCIEL LA MOUETTE 25 SEP—27 SEP
TCHEKHOV
ARTHUR NAUZYCIEL
LA MOUETTE
25 SEP—27 SEP 2012
Salle Pierre-Aimé Touchard
centre dramatique national
orléans/loiret/centre
direction arthur nauzyciel
TCHEKHOV
ARTHUR
NAUZYCIEL
LA MOUETTE
MAR 25 SEP 2012 20H30
MER 26 SEP 2012 19H30
JEU 27 SEP 2012 20H30
Salle Pierre-Aimé Touchard
durée estimée 3h15
La scène se passe au bord d’un
lac. Une petite communauté est
réunie à la campagne et va
assister à la représentation
de la pièce d’un jeune auteur,
Konstantin Gavrilovitch Tréplev,
qui rêve d’un nouveau théâtre.
Il y a là sa mère, Arkadina, une
actrice célèbre, accompagnée de
son amant, Trigorine, un écrivain
renommé. On attend l’arrivée de
Nina — dont Tréplev est fou
amoureux — la jeune interprète de
cette pièce étrange qui parle d’un
monde d’après la vie, d’une terre
aride et asséchée « où tous les
êtres vivants se sont dissipés
en cendre ».
Cette vision du jeune Tréplev
au commencement de la pièce
de Tchekhov, semble venir de
l’au-delà, d’un monde des morts
qui s’adresserait à celui des
vivants : « Il faut peindre la vie
non pas telle qu’elle est, ni telle
qu’elle doit être, mais telle qu’elle
se représente en rêve. » Elle est le
paysage dans lequel se déploie la
mise en scène d’Arthur Nauzyciel.
LA MOUETTE se donne ainsi
comme un bal mélancolique,
où les souvenirs et désillusions
se mêlent aux souffrances
silencieuses, une ronde d’amours
impossibles. C’est la vie même
qui se joue, avec l’espoir que
l’amour, l’art et l’idéal aideront
l’homme à s’élever, « à s’envoler
de la terre, le plus loin possible,
vers la hauteur » et tout
simplement à vivre.
Pour cette création, le metteur en
scène s’est entouré de l’équipe de
créateurs qui l’accompagne depuis
plusieurs spectacles : le
chorégraphe Damien Jalet,
l’éclairagiste Scott Zielinski, le
décorateur Riccardo Hernandez,
le créateur sonore Xavier Jacquot
et le styliste José Lévy. Ils sont
rejoints par le sculpteur de
masques Erhard Stiefel et
l’envoûtant duo Winter Family,
qui compose la musique de ce
spectacle. Arthur Nauzyciel a
réuni des fidèles de sa famille
d’acteurs : Catherine Vuillez,
Xavier Gallais, Benoit Giros,
ou Laurent Poitrenaux.
Dominique Reymond, MarieSophie Ferdane, Adèle Haenel,
Vincent Garanger, Emmanuel
Salinger et Mounir Margoum
complètent cette distribution,
soutenue par la présence en live
du chanteur anglais Matt Elliott.
Après avoir présenté BLACK
BATTLES WITH DOGS (Koltès)
en 2006 et accompagné les
créations d’ORDET (LA PAROLE)
de Kaj Munk en 2008 et de JAN
KARSKI (MON NOM EST UNE
FICTION) de Yannick Haenel en
2011, le Festival d’Avignon invite
pour la quatrième fois Arthur
Nauzyciel et lui offre la plus
prestigieuse de ses scènes,
la Cour d’honneur du Palais
des papes. Répondant à cette
invitation, il a souhaité y mettre
en scène LA MOUETTE d’Anton
Tchekhov, la première des
grandes pièces de l’écrivain
russe (suivront ONCLE VANIA,
LES TROIS SœURS,
LA CERISAIE) pour faire
entendre dans ce lieu historique
d’une aventure spirituelle
bimillénaire, cette pièce écrite
à la fin du XIXe siècle,
qui parle d’art, d’amour et
du sens de nos existences.
Avec
Marie-Sophie Ferdane
de la Comédie-Française
Xavier Gallais
Vincent Garanger
Benoit Giros
Adèle Haenel
Mounir Margoum
Laurent Poitrenaux
Dominique Reymond
Emmanuel Salinger
Catherine Vuillez
Mise en scène et adaptation:
Arthur Nauzyciel; décor: Riccardo
Hernandez; lumière: Scott Zielinski;
son: Xavier Jacquot; chorégraphie et
mouvements: Damien Jalet;
costumes: José Lévy; masques:
Erhard Stiefel; musique: Winter
Family et Matt Elliott; régie
générale: Jean-Marc Hennaut;
assistante costumes: Sylvie Trehout
Bello; conseil littéraire: Leila Adham;
régie son: Florent Dalmas, Vassili
Bertrand; régie lumière: Christophe
Delarue; régie plateau: Antoine
Giraud Roger
Production: Centre Dramatique
National Orléans/Loiret/Centre
Coproduction: Festival d’Avignon;
Région Centre; CDDB—Théâtre
de Lorient, CDN; Théâtre de
Saint-Quentin-en-Yvelines, Scène
nationale; Maison des Arts de
Créteil; Le Parvis, Scène nationale
Tarbes-Pyrénées; Le Préau CDR de
Basse-Normandie, Vire; le phénix,
Scène nationale de Valenciennes;
MCB° Bourges, Scène nationale;
Théâtre National de Norvège;
France Télévisions.
Avec le soutien de l’Institut
Français et de la Ville d’Orléans.
Le décor a été construit par l’atelier
de la MCB° Bourges, Scène nationale.
Les costumes ont été fabriqués
par l’atelier Caraco Canezou.
Version originale de 1895,
traduction par André Markowicz et
Françoise Morvan (Actes Sud, 1996)
Film ARRIVÉE D’UN TRAIN À
LA CIOTAT. Louis Lumière, été 1897
© Association frères Lumière
Création/Coproduction
Spectacle répété au
CDN Orléans/Loiret/Centre
LES RENDEZ-VOUS
AUTOUR DU SPECTACLE
Toute l’année, un programme conçu
pour célébrer les 20 ans d’existence
du CDN Orléans/Loiret/Centre,
ensemble exceptionnel de rencontres,
événements, films, lectures, organisé
avec de nombreux partenaires, nous
permet d’évoquer l’engagement et les
utopies artistiques des CDN, et
d’interroger l’avenir du théâtre et du
théâtre public. Avec LA MOUETTE
qui ouvre notre saison, créé dans la
Cour d’honneur du Palais des papes
au Festival d’Avignon cet été, année
des 100 ans de la naissance de Jean
Vilar, c’est la question de l’art, la
place de l’artiste et son engagement
dans notre société qui est posée.
CONFÉRENCE INAUGURALE
JEU 13 SEP 2012 19H00
ATELIER DU CDN
THÉÂTRE D’ART ET NAISSANCE
DE LA MISE EN SCÈNE
Conférence dirigée par Georges Banu
LA MOUETTE a marqué l’avènement
d’une nouvelle écriture dramatique
et, à son tour, le spectacle de
Stanislavski au Théâtre d’Art de
Moscou a marqué l’avènement de la
mise en scène moderne.
Essayiste, critique et historien du
théâtre, professeur à l’Université
Sorbonne Nouvelle, Georges Banu est
l’auteur de nombreux essais
consacrés aux metteurs en scène du
XXe siècle.
CARTE BLANCHE
À ARTHUR NAUZYCIEL
MAR 18 SEP 2012 20H00
CINÉMA LES CARMES
LA CHAMBRE VERTE
De François Truffaut
(France, 1978, 1h34)
CONFÉRENCE
MER 19 SEP 2012 18H15
AUDITORIUM DU MUSÉE
DES BEAUX-ARTS
entretien avec
arthur nauzyciel
LA PEINTURE RUSSE DU
XIXe SIÈCLE, ENTRE RÉALISME
ET SYMBOLISME
Conférence de
Marie-Laure Ruiz-Maugis
À la fin du XIXe siècle, la peinture
russe, en quête d’identité, rejette
aussi bien les influences occidentales
que l’enseignement académique.
Les artistes sont à la recherche d’un
style original, un style « russe ».
Ils sont souvent proches des grands
écrivains russes tels Tourgueniev,
Tchekhov et Bounine.
ATELIER CEMÉA
MER 26 SEP 2012 18H15
Inscrivez-vous! 02 38 81 01 00
RENCONTRE SUR LE PLATEAU
MER 26 SEP 2012
Dialogue avec l’équipe artistique
à l’issue de la représentation
LECTURE
JEU 27 SEP 2012 18H30
ATELIER DU CDN
LE JOURNAL DE « LA MOUETTE »,
MISE EN SCÈNE
D’ANTOINE VITEZ
Dominique Reymond qui interprète
Arkadina dans LA MOUETTE mis en
scène par Arthur Nauzyciel, jouait
l’un de ses premiers rôles, celui de
Nina, dans la mise en scène
d’Antoine Vitez en 1984. Lors d’une
soirée exceptionnelle, elle lira des
extraits du journal qu’elle tenait
durant les répétitions de ce spectacle
marquant.
Entrée libre sur réservation
au 02 38 81 01 00
La pièce est cependant
une tragédie.
Pourquoi avoir choisi de monter
La Mouette, après avoir
présenté Jan Karski (Mon
nom est une fiction) l’année
dernière au Festival d’Avignon ?
Dans Jan Karski, le sujet central
tenait tout entier dans la question de
l’humanité et de l’inhumanité.
Choisir ensuite La Mouette en
réponse à la proposition de la Cour
d’honneur me permet de relier les fils
de mon histoire, et de parler d’amour
et d’art. De comment, face à la
catastrophe, et dans la conscience
désespérée que l’on peut avoir du
monde et de l’humanité en général,
l’art, le spirituel, l’amour, l’illusion
sont nécessaires dans nos vies.
Pour moi, c’est la suite logique.
Après la destruction, on peut se poser
la question de pourquoi et comment
vivre. J’ai réuni autour de moi des
acteurs et partenaires artistiques
fidèles et d’autres dont la présence
a pour moi du sens. J’avais envie
de parler du théâtre et de nos
battements de cœur, d’espérance,
du besoin que l’on a des autres.
Oui, je crois d’ailleurs que ce projet
est sous-tendu par une forme de
colère intérieure, qui a toujours été
un moteur chez moi, même si en
général elle s’exprime dans mes
spectacles de manière plutôt
mélancolique. Aujourd’hui, nous
vivons dans un monde très dur pour
les artistes. Nous vivons une époque
de dévastation politico-culturelle, où
précisément la poésie et le mystère
font l’objet, sur des modes différents,
d’une mise à mort calculée, qui se
banalise et qui n’en finit pas de se
propager à travers les esprits et
installe progressivement les
conditions d’un invivable pour tous.
Or, plus le monde est mystérieux,
plus il est habitable. C’est une des
raisons pour lesquelles le spectacle
commence par la mort de Tréplev, ce
jeune homme qui espère créer un
théâtre nouveau, libéré des lois du
divertissement et de la simple
reproduction du « réel ». La pièce était
révolutionnaire car elle échappait à
tous les codes et conventions du
théâtre en vigueur. Elle témoigne
d’ailleurs des grands courants de
l’invention de l’art théâtral de
son époque : Antoine, Craig,
Stanislavski…
Vous parlez d’un « bal
mélancolique ». Qui dit bal,
dit musique ?
Dans quel univers esthétique
avez-vous installé la pièce ?
Croyez-vous cependant que l’art
— et le théâtre plus précisément —
puisse soulager la douleur ?
J’ai toujours pensé que le théâtre, la
fiction, pouvait venir réparer ce que le
réel avait cassé.
Le temps de la représentation, on
peut être consolé de l’inconsolable.
Le théâtre relie les morts et les
vivants car il est un lieu d’utopie et
de représentation du monde.
Comme à la fin d’Ordet ou de Jan
Karksi : on parle pour ressusciter
les morts, la scène devient le lieu
d’une réparation, de l’évocation des
absents, c’est une consolation fragile
mais bouleversante et nécessaire.
La Mouette est une pièce
puissante sur l’art et l’engagement.
Tréplev croit au théâtre, à la poésie,
mais il ne sait pas pourquoi, ni pour
qui il écrit, et cela est sa perte.
Trigorine croit à la fiction, il se dit
« traversé », écrit des romans à partir
de la matière même de sa vie, il se
piège. Nina comprend qu’être une
artiste, c’est être entièrement dans
l’amour de son art, en alliant une
forme de foi, l’expérience de la vie
et un travail acharné ; c’est ainsi
qu’elle se sauve. La pièce est une
suite de réflexions et de conflits
sur l’art, et cela, de la première à la
dernière scène.
Tchekhov, comme souvent,
qualifie sa pièce de comédie…
Si l’on entend par « comédie » le lieu
de la représentation, du jeu, du
masque, des apparences, c’est vrai.
Si c’est pour dire que c’est comique,
je n’en suis pas persuadé. « Seul est
beau ce qui est sérieux. Ne
représentez que le grave et l’éternel »,
dit Dorn à Tréplev. La Mouette est
une série d’amours déçues, de vies
gâchées ou non accomplies, de
suicides ratés : elle est traversée par
la mort. C’est une pièce sur
l’existence. Être ou ne pas être.
La pièce est impitoyable. Comme l’a
dit Rimbaud : « Le combat spirituel
est aussi brutal que la bataille
d’hommes. » Il y a de la lutte, de la
survie. L’enjeu est donné au tout
début par l’auteur : ne pas
représenter la vie telle qu’elle est,
mais telle qu’on se la représente en
rêve. Assistons-nous alors à quelque
chose de réel ou est-on dans un rêve
de Tréplev ? Ne sommes-nous pas déjà
dans un au-delà de la mort ? « Nous
dormons», dit Arkadina. Le monde de
La Mouette, par ailleurs reflet
d’Hamlet, est un monde poétique,
hanté, presque surnaturel, entre
veille et sommeil. La grande
innovation de Tchekhov c’est que ce
que l’on voit sur scène, en fait, n’est
plus de l’action, mais du temps.
Nous sommes dans une forme
d’intemporalité, avec une légère
référence au début du XXe siècle, qui
se nourrit de l’univers poétique de la
pièce, c’est-à-dire le lac, les oiseaux.
Il ne faut pas oublier non plus, qu’au
moment où Tchekhov écrit sa pièce,
nous sommes dans la période de la
naissance de la psychanalyse et du
cinéma, et dans le passage, toujours
violent, d’un siècle à un autre…
Le spectacle se nourrit donc de ces
influences. Tchekhov ne cesse de
parler de changement, de mutation,
de transformation et la psychanalyse
a modifié notre rapport aux rêves,
alors que le cinéma modifiait notre
rapport au temps et au réel. Je suis
sensible au cinéma du début du
XXe siècle : Feuillade, Murnau.
La Mouette se situe dans cette
période charnière. Ces moments sont
toujours inscrits dans l’inconscient
collectif, porteurs d’inquiétudes mais
aussi d’espoirs et d’attentes. Nous en
sommes là aussi aujourd’hui : notre
horizon à nous s’est déplacé, nous
sommes résignés et sceptiques au
sortir des expériences du siècle passé.
Il n’y a plus cet horizon de l’autre
côté du lac, lieu de désir, de
possibilités nouvelles et d’avenir.
Nous sommes dans le lac.
Aujourd’hui, les personnages de
La Mouette sont devenus cet
horizon d’attente, ils hantent le lac
qui s’est asséché, comme dans la
pièce de Tréplev.
Oui, un bal donné dans un château,
comme dans Judex de Franju. Je
travaille pour la sixième fois avec le
chorégraphe Damien Jalet, et j’ai eu
envie de retrouver des musiciens sur
le plateau, comme dans Jules
César ou Ordet. La fonction n’est
pas celle d’un chœur qui
commenterait l’action, mais cela naît
plutôt du désir de faire un spectacle
total, une cérémonie où le théâtre se
fait aussi avec la musique et la danse.
Le chanteur Matt Elliott joue de la
guitare, il vient du folk et de l’électro,
mais a été inspiré par les chants
orthodoxes. Il construit des boucles,
comme le fait Tchekhov avec une
écriture marquée par la répétition,
le cycle. Et afin de rendre présent,
ou de « donner vie » à ce monde de
l’au-delà du plateau, ce monde des
morts, j’ai demandé au groupe
Winter Family de nous accompagner
également. Comme chez Matt Elliott,
leur musique est très habitée, et la
voix de Ruth vient d’un ailleurs
sensible, profond et irréel.
Ils travaillent avec des instruments
comme l’harmonium indien et l’orgue
qui relèvent du rituel de ce spectacle.
Dans ce qui fut un lac, dans ce
qui fut peut-être un théâtre,
une humanité perdue tente de ne pas
oublier. Il leur reste les mots.
Une fois prononcés, ils ne peuvent
faire disparaître l’espace
qu’ils ont ouvert.
Propos
recueillis
par
Jean-François
Perrier
À PROPOS DE LA TRADUCTION
Anton Tchekhov écrit LA MOUETTE
en 1895. Après sa création à
Saint-Pétersbourg en 1896,
il supprime et réécrit certains
passages de la pièce. En 1996,
la version originale non censurée
de 1895 est redécouverte et
retraduite par Françoise Morvan
et André Markowicz, puis publiée
chez Actes Sud.
Le jeu des ombres
Quand le rideau s’ouvre, on attend
que le rideau s’ouvre : mais ce qu’on
voit, ce n’est pas une pièce, c’est
juste un monologue écrit par Tréplev
pour Nina qui ne l’aime pas.
Décevante, pas si décevante que ça ou
révoltante au point qu’il faut
l’arrêter, la représentation reste dans
tous les esprits : on n’en finira pas de
commenter la pièce de Tréplev,
jusqu’à ce qu’il se mette en scène
lui-même et se retire sur un coup
d’éclat sinistre, cette fois-là
vraiment réussi.
Dans la version originale de
LA MOUETTE, telle que Tchekhov
l’avait écrite avant qu’on ne l’en
blâme, Nina récite une deuxième fois
le monologue, avec ennui : ça a
tellement peu d’intérêt… mais,
tout à la fin, elle le reprend après
s’être jeté sur la tête un drap pris au
lit du vieux Sorine qui dort, et Sorine
se lève comme un fantôme face à un
fantôme donnant une représentation
fantôme… puis Nina s’en va, Sorine
reste face à sa mort et Tréplev
déchire ses manuscrits pendant
deux interminables minutes.
On a fait observer à Tchekhov que
tout ça traînait et il a retranché ce
qui paraissait inutile. Mais en
épurant il a rendu plus limpide une
pièce qui devait beaucoup de sa force
et de son mystère à la présence des
ombres — pas seulement ces ombres
blanches de la fin, mais ces paroles
fantômes revenant après avoir été
oubliées, ces mots passant de l’un à
l’autre sans être perçus, ces retours
de soi à soi, ces présences invisibles,
et aussi cette manière de moduler
l’espace en fonction des sources de
lumière, lampes et bougies, reflets,
formes bougeant selon le jeu des
ombres. Voyant émerger cette version
première en traduisant les variantes,
nous avons eu l’impression
bouleversante de découvrir une
pièce nouvelle.
Françoise Morvan,
pour le CDN Orléans/Loiret/Centre,
avril 2012
anton tchekhov
arthur nauzyciel
Anton Tchekhov naît en 1860.
À partir de 1880, il écrit des nouvelles
dans des revues sous divers
pseudonymes. Il publie son premier
recueil en 1884, LES CONTES DE
MELPOMÈNE. Souffrant de la
tuberculose, il effectuera de
nombreux voyages au cours de sa vie
pour tenter de trouver un climat plus
clément que celui de Moscou.
Son second recueil, LES RÉCITS
BARIOLÉS, est publié en 1886.
Il écrit PLATONOV à l’âge de
dix-huit ans, pièce inachevée ni
publiée ni jouée de son vivant.
Il s’en inspire pour écrire IVANOV,
sa première pièce publiée en 1887,
jouée à Moscou puis à SaintPétersbourg.
« Je l’écris non sans plaisir, même si
je vais à l’encontre de toutes les lois
de la scène » : c’est ainsi qu’Anton
Tchekhov décrit La Mouette en
1895 à son ami Souvorine, qui sera la
première des grandes pièces du
dramaturge russe et scellera le début
de sa collaboration avec Stanislavski
et Némirovitch-Dantchenko.
Après un échec lors de sa création à
Saint-Pétersbourg, elle connaîtra
un immense succès lorsqu’ils la
mettront en scène au Théâtre d’art
de Moscou en 1899. Suivront Oncle
Vania, Les Trois Sœurs et
La Cerisaie qui parachèveront
l’aura de ce médecin de formation qui
a sondé, comme personne, le tragique
de nos existences et compte
aujourd’hui parmi les auteurs les
plus joués au monde.
Anton Tchekhov meurt en 1904
des suites de la tuberculose, lors
d’une ultime cure à Badenweiler
en Allemagne.
Après des études d’arts plastiques et
de cinéma, il entre en 1987 à l’école
du Théâtre national de Chaillot
dirigée par Antoine Vitez.
D’abord acteur, il crée sa première
mise en scène en 1999, LE MALADE
IMAGINAIRE OU LE SILENCE DE
MOLIÈRE d’après Molière et
Giovanni Macchia. Suivront, en
France : OH LES BEAUX JOURS
(2003), PLACE DES HÉROS qui
marque l’entrée de Thomas Bernhard
à la Comédie-Française (2004) ;
ORDET (LA PAROLE) de Kaj Munk
au Festival d’Avignon (2008) ; JAN
KARSKI (MON NOM EST UNE
FICTION) d’après Yannick Haenel
(Prix Georges-Lerminier du Syndicat
de la critique) au Festival d’Avignon
(2011); FAIM d’après Knut Hamsun,
avec Xavier Gallais (2011) ;
LA MOUETTE d’Anton Tchekhov
au Festival d’Avignon (2012).
Il travaille régulièrement aux
États-Unis, et crée à Atlanta deux
pièces de B-M Koltès, BLACK
BATTLES WITH DOGS (2001)
puis ROBERTO ZUCCO (2004), et à
Boston ABIGAIL’S PARTY de Mike
Leigh (2007) et JULIUS CAESAR de
Shakespeare (2008).
À l’étranger, il crée L’IMAGE (2006)
de Beckett à Dublin, au Théâtre
National d’Islande, LE MUSÉE
DE LA MER de Marie Darrieussecq
(2009), pour l’École des Maîtres,
en Italie, A DOLL’S HOUSE (UNE
MAISON DE POUPÉE) d’Ibsen
(2009). À Oslo, il crée ABIGAIL’S
PARTY au Théâtre National de
Norvège (2012). Il travaille également
pour la danse (PLAY, avec Sidi Larbi
Cherkaoui) et l’opéra (RED WATERS,
avec Keren Ann Zeidel et Bardi
Johannsson).
Depuis le 1er juin 2007, il dirige
le CDN Orléans/Loiret/Centre.
les cRÉATEURS
Damien Jalet
Danseur et chorégraphe, il collabore
notamment avec Sidi Larbi
Cherkaoui, Erna Ómarsdottir,
Christian Fennesz, Marina
Abramovic,... Il travaille avec Arthur
Nauzyciel depuis 2006. Il a réalisé les
chorégraphies de L’IMAGE, JULIUS
CAESAR, ORDET (LA PAROLE),
le MUSÉE DE LA MER et RED
WATERS. En 2011, il était
chorégraphe et conseiller artistique
de JAN KARSKI (MON NOM EST
UNE FICTION).
Riccardo Hernandez
Scénographe, il travaille pour le
théâtre et l’opéra. Il a collaboré avec
les metteurs en scène Robert
Woodruff, Hal Prince, Ethan Coen,
John Turturro, Mary Zimmerman,
Peter du Bois. Pour Arthur Nauzyciel,
il a créé les décors de JULIUS
CAESAR, JAN KARSKI (MON NOM
EST UNE FICTION), RED WATERS
et ABIGAIL’S PARTY.
Scott Zielinski
Créateur lumière, il travaille sur des
scènes prestigieuses à travers le
monde, au théâtre ou à l’opéra, avec
notamment Sir Peter Hall, Hal
Hartley, Richard Jones, Krystian
Lupa, Diane Paulus, Anna Deveare
Smith, Twyla Tharp, Robert Wilson.
Pour Arthur Nauzyciel, il a créé les
lumières de JULIUS CAESAR, LE
MUSÉE DE LA MER, JAN KARSKI
(MON NOM EST UNE FICTION),
RED WATERS et ABIGAIL’S PARTY.
Xavier Jacquot
Créateur son, il collabore
régulièrement avec Stéphane
Braunschweig et a travaillé avec les
metteurs en scène Éric Vigner,
Balazs Gera, Thierry Collet, Marc
Paquien, Lukas Hemleb. Pour Arthur
Nauzyciel, il a créé les bandes son du
MALADE IMAGINAIRE OU LE
SILENCE DE MOLIÈRE, BLACK
BATTLES WITH DOGS, OH LES
BEAUX JOURS, ORDET (LA
PAROLE), JAN KARSKI (MON NOM
EST UNE FICTION) et FAIM.
José Lévy
Créateur costumes, à la fois designer,
styliste, créateur, architecte
d’intérieur, plasticien, José Lévy
conçoit notamment des céramiques
pour la Manufacture de Sèvres, des
porcelaines pour Astier de Vilatte, du
cristal pour Saint-Louis, du mobilier
pour Roche-Bobois ou la Gallery S.
Bensimon,… Pour Arthur Nauzyciel,
il a créé les costumes de ORDET (LA
PAROLE) et JAN KARSKI (MON
NOM EST UNE FICTION).
Erhard Stiefel
Sculpteur de masques, il imagine,
dessine et fabrique seul des pièces
uniques. Depuis 1965, il a créé des
masques pour les plus grands
metteurs en scène de théâtre et de
cinéma : Ariane Mnouchkine,
Maurice Béjart, Jean-Pierre Vincent,
Antoine Vitez, Yannis Kokkos,
Alfredo Arias, Tim Robbins.
Winter Family
Duo originaire de Jérusalem et Paris,
leur dernier album, RED SUGAR, est
sorti en juin 2011. Ils enregistrent
actuellement leur troisième album et
jouent leur performance de théâtre
documentaire JÉRUSALEM
PLOMB DURCI.
Matt Elliott
Chanteur et musicien folk anglais
originaire de Bristol, son dernier
album, THE BROKEN MAN, est sorti
en janvier 2012 chez Ici d’ailleurs.
les COMÉDIENS
Dominique Reymond — Arkadina
Elle interprétait Nina dans
LA MOUETTE, mise en scène
Antoine Vitez, en 1984. Elle a
travaillé avec Klaus Michael Grüber,
Bernard Sobel, Luc Bondy, Georges
Lavaudant. Au cinéma, elle a joué
dans Y AURA-T-IL DE LA NEIGE
À NOËL ? de Sandrine Veysset.
Marie-Sophie Ferdane — Nina
Elle travaille sous la direction de
Christian Schiaretti, Laurent Pelly,
Jean-Louis Martinelli. Pensionnaire
de la Comédie-Française depuis 2007,
elle joue sous la direction de Lukas
Hemleb, Catherine Hiegel, Fausto
Paravidino, Dan Jemmett…
Pour Canal+, elle a joué dans
ENGRENAGES de Pascal Chaumeil.
Catherine Vuillez — Paulina
Elle a travaillé avec Jean-Pierre
Vincent, Jean-Michel Rivinoff,
Éric Vigner, Klaus Michael Grüber.
Sous la direction d’Arthur Nauzyciel,
elle a joué dans LE MALADE
IMAGINAIRE OU LE SILENCE DE
MOLIÈRE et ORDET (LA PAROLE).
Adèle Haenel — Macha
C’est son premier rôle au théâtre.
Au cinéma, elle a travaillé avec Céline
Sciamma (NAISSANCE DES
PIEUVRES), Bertrand Bonello
(L’APOLLONIDE), Valérie Mréjen.
Elle a été nommée deux fois au César
du Meilleur Espoir Féminin.
Laurent Poitrenaux — Trigorine
Il mène une étroite collaboration avec
Ludovic Lagarde et Olivier Cadiot.
Il joue sous la direction de Christian
Schiaretti, Thierry Bedard, Daniel
Jeanneteau. Il jouait dans
LE MALADE IMAGINAIRE OU LE
SILENCE DE MOLIÈRE, première
mise en scène d’Arthur Nauzyciel. Ils
se sont retrouvés pour JAN KARSKI
(MON NOM EST UNE FICTION).
Xavier Gallais — Tréplev
Il travaille avec Michel Fau, Benoit
Lavigne, Jean-Luc Revol, Daniel
Mesguich, Jacques Weber, Philippe
Calvario, Gilbert Désveaux, Claude
Bacqué, Olivier Py. Sous la direction
d’Arthur Nauzyciel, il a joué dans
ORDET (LA PAROLE) et FAIM.
Vincent Garanger — Dorn
Il a joué avec Arthur Nauzyciel dans
PIÈCES DE GUERRE de Edward
Bond. Il travaille sous la direction de
Jacques Lassalle, Alain Françon,
Christophe Perton, Richard Brunel,
Roger Planchon, Philippe Delaigue.
Depuis 2009, il codirige Le Préau,
CDR de Vire, avec Pauline Sales.
Emmanuel Salinger — Sorine
Il tourne dans et coécrit plusieurs
films d’Arnaud Desplechin, dont LA
SENTINELLE. Récemment, on l’a vu
dans LA GUERRE EST DÉCLARÉE
de Valérie Donzelli. Au théâtre, il
travaille notamment sous la direction
de Pascal Rambert, Olivier Py, Guy
Faucon, Laurent Laffargue.
Benoit Giros — Chamraïev
Il joue sous la direction de Jean-Louis
Jacopin, Éric Vigner, Jacques Nichet,
Bernard Sobel et Arthur Nauzyciel
dans ORDET (LA PAROLE). Au
cinéma, il travaille avec Éric Guirado,
Rachid Bouchareb, Delphine Noels.
Mounir Margoum — Medvédenko
Au théâtre, il travaille sous la
direction de Jean-Louis Martinelli,
Lukas Hemleb, Laurent Pelly,
Laurent Fréchuret. On le retrouve
aussi à l’écran dans House of
Saddam (Alex Holmes BBC/HBO)
ou Rendition (Gavin Hood).
Réservations/Billetterie
Du mardi au jeudi de 14h à 19h
et le vendredi de 14h à 18h
Téléphone 02 38 81 01 00
abonnement tarif plein
45€ (3 spectacles); 60€ (5 spectacles);
70€ (7 spectacles); 90€ (10 spectacles)
abonnement tarif réduit
Demandeurs d’emploi, moins de
30 ans, étudiants, plus de 65 ans:
30€ (3 spectacles); 35€ (5 spectacles);
42€ (7 spectacles); 60€ (10 spectacles)
SANS L’ABONNEMENT
20€ plein tarif; 15€ tarif réduit;
10€ moins de 30 ans et groupes
de 10 personnes et plus;
7€ groupes scolaires
INFORMATIONS PRATIQUES
CDN Orléans/Loiret/Centre
Théâtre d’Orléans
Boulevard Pierre Ségelle
45000 Orléans
Administration
Téléphone 02 38 62 15 55
Fax 02 38 62 20 98
Le Centre Dramatique National
Orléans/Loiret/Centre
est subventionné par :
En partenariat avec :
prochain spectacle
JEAN RENOIR
BENOIT GIROS
AU JOUR
LE JOUR,
RENOIR 1939
14 NOV—16 NOV 2012
Salle Jean-Louis Barrault
Un homme, le cinéaste Jean
Renoir, apparaît sur le plateau.
Il se remémore le passé et revisite
l’année 1939. Il revit au jour
le jour le tournage de LA RÈGLE
DU JEU, chef-d’œuvre qu’il réalise
sur le fil de l’inquiétude,
entre les accords de Munich
et la déclaration de la guerre.
Benoit Giros a créé sa première
mise en scène au CDN en 2009,
L’IDÉE DU NORD de Glenn Gould,
et a ensuite basé sa compagnie
à Orléans.
Avec
Muriel Combeau
Jean-Louis Coulloc’h
Nicolas Ducron
Zachariya Gouram
Vincent Leterme
Jean-François Perrier
Guillaume Ravoire
Laure-Lucile Simon
Christine Vézinet
Création/Coproduction
Spectacle répété au
CDN Orléans/Loiret/Centre
Contenu et programme détaillé sur
www.cdn-orleans.com
Tous les textes de la saison
sont disponibles au théâtre à la
librairie Les Temps Modernes.

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