Parcours FLE (2004/2005)

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Parcours FLE (2004/2005)
Parcours FLE (2006-2007)
5.LES
CARACTERISTIQUES RYTHMIQUES ET INTONATIVES
ANALYSE
DES
STRUCTURES
PROSODIQUES
SEGMENTAL )
(
NIVEAU
SUPRA -
5. 1. le système accentuel
5.1.1. l’accent rythmique
C'est dans le cadre de chaque unité rythmique que s'appliquent les habitudes de
prononciation. Le rythme du français parlé doit donc faire l'objet d'une sensibilisation
particulière. Il participe directement à la compréhension du message. Contrairement à
ce qui se passe dans de nombreuses langues ( anglais, allemand, espagnol....), en français
l'accent n'est pas lexical, et il ne se manifeste pas par des caractéristiques acoustiques
fortes.
La particularité du français du point de vue rythmique se situe au niveau de l'énergie
articulatoire de la dernière syllabe de l'unité rythmique. On ne doit pas en français
relâcher l'effort articulatoire sur la dernière syllabe de l'unité de sens, mais au
contraire augmenter la tension articulatoire. Il est donc indispensable de sensibiliser
l'élève au nombre de syllabes, à la notion d'unité rythmique et à l'importance de la
dernière syllabe de cette unité où la voyelle est plus longue. Les sons se regroupent en
syllabes qui forment des unités et ce regroupement de syllabes ne coïncide pas
forcément avec les mots écrits.
Trois paramètres physiques déterminent la nature de l'accent : la durée, la hauteur et
l'intensité. L'accent est avant tout un accent de durée : la syllabe accentuée est
toujours plus longue que les syllabes inaccentuées. C'est aussi un accent tonique,
provoquant des variations de hauteur : ces changements de fréquence constituent
l'intonation. Enfin la syllabe accentuée n'est jamais plus intense que les autres syllabes.
Le français est une langue à accent fixe. L'accent est
toujours placé sur la dernière syllabe d'un mot isolé, ou
sur la dernière syllabe d'un groupe de mots.
Le mot ne garde pas toujours son individualité, mais il la perd au profit du
groupe, contrairement à ce qui se passe dans les langues à accentuation lexicale,
où le mot garde son accentuation quelque soit sa place dans la phrase.
En français, à mesure que le groupe de mots
s'allonge, l'accent se déplace pour se reporter toujours
sur la syllabe finale .
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J. Clarenc
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Monsieur
[ m´ !sjP ]
Monsieur Philippe [ m´ sjPÙ fi !lip ]
Monsieur Philippe Durand [ m´ sjPÙ filipdy !RA)) ]
Lorsque l'accent est lexical , dans tous les mots ( excepté les mots outils ), il y a une
syllabe qui est frappée par un accent d'intensité et de hauteur .
Les mots se groupent pour former des unités et des groupes rythmiques ( ou phoniques).
Cette construction en unités et en groupes rythmiques est en rapport avec le sens du
message et varie avec le débit. Les unités et les groupes rythmiques ont à la fois une
unité sémantique, une unité grammaticale ( l'accent est dit "accent syntaxique" ) et une
unité phonétique, le groupe de mot étant prononcé dans une même émission sonore, et
dans un même mouvement mélodique.
exemple :
Le petit chat noir qui est monté sur le toit, n'arrête pas de miauler.
a. débit normal :
[ l´ p(´ )tiSa !nwaR kiEmO)tesyRl´ !twa naREtpadmjo !le\\ ]
b. débit plus lent :
[ l´ p(´ )tiSa !nwaR \ kiEmO)tesyRl´ !twa \ naREtpadmjo !le\\ ]
Le groupe rythmique, ( ou groupe phonique, ou groupe
de souffle) est délimité par les pauses. Il peut être
composé d'une ou de plusieurs unités rythmiques.
- l'élément rythmique ( ou l'unité rythmique )
correspond à un groupe de syllabes ( parfois plusieurs
mots), la dernière étant accentuée.
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5.1.2. l’accent d'insistance
En plus de l'accent rythmique le mot peut aussi être affecté d'un accent d'insistance.
Celui-ci est une mise en valeur subjective, stylistique, qui crée dans la chaîne parlée un
contraste d'ordre quantitatif ou rythmique. Son utilisation ne provoque pas une
altération du sens général de la séquence, mais elle modifie la hiérarchie des syllabes en
privilégiant une ou plusieurs de ces unités au détriment des autres.
Plusieurs procédés peuvent être utilisés pour réaliser la mise en relief:
- une marque d'ordre quantitatif qui peut porter sur une ou plusieurs syllabes (le plus
souvent la première):
- C'est FORmidable ! [sE ! !fORmi !dabl]1
- C'est éPOUvantable !
- C'est INCROyable !
La syllabe accentuée est prononcée avec plus d'intensité et elle peut aussi
s'accompagner d'une augmentation de la hauteur de la voyelle.
- un découpage syllabique :
- C'est in-con-tes-table !
Dans ce cas toutes les syllabes sont prononcées avec la même force articulatoire et
même parfois avec une intensité moindre par rapport aux syllabes qui précèdent et qui
suivent.
- quelques fois ces deux procédé peuvent être combinés :
- C'est é-POU-van-table !
On constate souvent une micro-pause avant la consonne initiale, ou un coup de glotte
avant la voyelle initiale du mot. Bien que ce ne soit pas une réalisation spécifique de
l'accent d'insistance, on ne doit pas manquer d'en tenir compte, puisque cette pause, en
provoquant la discontinuité de la chaîne parlée, provoque une mise en relief de ce qui
suit, car elle suscite un effet d'attente.
L'accent d'insistance, à la différence de l'accent de
groupe, est un accent facultatif. Il permet au locuteur
de nuancer, de préciser, s'il le désire, ce qu'il ressent
ou ce qu'il pense au sujet de ce qu'il dit.
5.1.3. la durée de la voyelle en position accentuée
Toute syllabe a une durée conditionnée par le nombre de phonèmes, la nature des
phonèmes et le débit. Un débit rapide raccourcit les syllabes et un débit lent les
rallonge.
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l’accent d’insistance se note avec une double apostrophe ‘’ devant le phonème qui porte l’accent.
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En français, la durée permet rarement d'opposer à elle seule les mots entre eux. Dans
quelques mots, on trouve un allongement à valeur fonctionnelle, distinctive qui permet de
différentier certains mots (belle/bêle, mètre/maître).
Pour certaines voyelles on observe un allongement phonétique. Elles sont plus longues
dans des contextes déterminés [ REÜ v ], [ imaÜ Z ] et il faut éviter de les allonger outre
mesure.
La dernière syllabe prononcée de chaque unité rythmique est, du fait de l'énergie
articulatoire qui la caractérise, prononcée avec une durée plus importante par rapport
aux autres syllabes qui la précèdent.
- En syllabe accentuée ouverte:
nasale) a une durée non marquée.
Un chat blanc.
la voyelle ( orale ou
[{)Sa'blA) ]
- En syllabe accentuée fermée :
- la voyelle nasale a toujours une durée très marquée.
Une chatte blanche.
[ynSat'blA) Ü S]
- la voyelle orale a une durée marquée uniquement
devant les consonnes
[v] , [R] , [z] , [Z] et le groupe [vR] ,
qui sont des consonnes allongeantes.
Une chatte noire. [ynSat'nwaÜ Ü R]
Une petite chatte blanche et noire.
[ynp´ titSatblA)Se'nwaÜ R]
5. 1. 4. le rythme
Le rythme est produit par la succession régulière des
syllabes et le retour à intervalles sensiblement égaux
d’une syllabe plus longue.
Nous avons une succession régulière de syllabes inaccentuées qui ont sensiblement la
même durée et la même intensité. Ces syllabes sont perçues comme égales. C’est surtout
par cette égalité syllabique que le français se distingue des autres langues (en anglais,
les syllabes sont inégales en force et en durée). Il faut veiller à ce que la régularité
rythmique ne soit pas altérée par des [´ ] à moitié prononcés. Il faut qu’ils soient centre
syllabique ou qu’ils disparaissent entièrement.
« L’égalité syllabique a fait comparer le rythme du français aux
perles d’un collier, aux grains d’un chapelet, aux battements du
cœur etc... Bien qu’il soit un peu saccadé, ce rythme n’est ni dur
(les syllabes sont croissantes, commencent doucement), ni lourd
(grâce à la tension et au vocalisme). Il est à la fois saccadé et doux,
clair et lié. »DELATTRE P., Principes de phonétique française à
l’usage des étudiants anglo-américains, 1951, p.43 .
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« Le rythme constitue le moule de l’intonation dont il
n’est pas séparable »2
5. 1. 5. les pauses
Différents types de pauses ( ou arrêts respiratoires ) délimitent les groupes rythmiques
ou groupes de souffle.
- La pause respiratoire
- La pause grammaticale
- La pause d’hésitation
5. 2. le système intonatif
5. 2. 1. les différentes fonctions de l’intonation
L'intonation correspond à une mise en forme de la hauteur en fonction du contenu
informationnel de l'émission verbale. Le mouvement mélodique est le travail vocal montée ou descente de la voix - qui accompagne l'expression de la pensée. Sur le plan
physique on lie les variations d'intonations à celles du fondamental. Ce sont donc les
variations du fondamental qui constituent la ligne mélodique de la parole.
Le français fait partie des langues sans tons. Dans une langue à tons, on observe au
niveau de la syllabe, des variations mélodiques qui permettent de distinguer des mots
dont le sens est différent, mais dont le signifiant est par ailleurs identique.
L’intonation peut avoir différentes fonctions:
A.
FONCTION
DEMARCATIVE
:
En français, l'intonation a avant tout une fonction démarcative car elle sert à limiter les
éléments rythmiques. Chaque élément rythmique est accompagné d'un mouvement
intonatif montant ou descendant.
Le mouvement ascendant indique la continuité. La dernière syllabe est plus haute, c'est
le " sommet de hauteur ". La voyelle au sommet de hauteur est tendue et aiguë.
Le mouvement descendant indique la finalité. La dernière syllabe est la plus basse et la
voyelle est grave et relâchée.
Les syllabes inaccentuées sont caractérisées par un ton uni, alors que le ton monte ou
descend d'une manière nette dans les syllabes accentuées.
Dans les structures énonciatives, l’intonation ne délimite pas les mots mais établit des
relations entre les groupes sémantiques tout en transmettant une information générale.
L'intonation permet ainsi une compréhension plus
nette de la valeur sémantique de la phrase.
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vous pouvez consulter le Dictionnaire de didactique des langues (1976), p.476.
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B.
FONCTION
SIGNIFICATIVE
:
L'intonation peut avoir aussi une valeur significative. C'est le cas des phrases
interrogatives où seule l'inflexion mélodique permet de les opposer à des phrases
déclaratives.
Dans ce cas, l'intonation n'affecte pas le sens d'un
seul mot, mais elle ajoute une information
supplémentaire au sens général de la phrase
C.
FONCTION
PHONOSTYLISTIQUE
:
On parle dans ce cas, d'intonation implicative ou expressive.
Ce type d'intonation véhicule une signification que
la suite des
signifiants ne peut à elle seule rendre
dans sa totalité.
Les schémas mélodiques à valeur d'implication, qui se distinguent par une distribution
particulière des variations de hauteur, font surgir des sous entendus. Ceux-ci sont
décelés et interprétés immédiatement par les francophones. Mal compris par l'étranger,
ils sont source de malentendus.
La fréquence des implicatives en français parlé spontané est importante.
D’autre part, chaque région a ses traits intonatifs caractéristiques. Ils sont reconnus
comme typique par les non-natifs.
5. 2. 2. représentation des schémas mélodiques
L’étude l’intonation est complexe et cette présentation sera très simplifiée.
Lorsqu’on prononce une succession de syllabes, les voyelles sont réalisées avec des
hauteurs déterminées qui sont disposées suivant un modèle que l’on appelle schème (ou
patron).
On peut inscrire les schémas mélodiques dans une portée à 5 niveaux dont les
correspondances sont les suivantes :
- le niveau 5 (niveau le plus élevé de la voix parlée) est le niveau de l’insistance et de
l’exclamation.
- le niveau 4 est celui de la continuité majeure et du début de la question.
- le niveau 3 est le niveau de la continuité mineure et du début de la question.
- le niveau 2 correspond au fondamental usuel de la voix. C’est le niveau d’attaque de la
voix. Lorsqu’on commence à parler, notre voix se situe habituellement à ce niveau.
- le niveau 1 (le plus grave) est celui de la finalité et de la parenthèse (incise).
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L’INTONATION DE L’ENONCIATION
Il n’a pas dit qu’il reviendrait.
[ilnapa !dikilR´ vjE) !dRE]
La phrase énonciative courte est donc divisée en deux
parties. La première correspond à une sorte de question
à la fin de laquelle se situe le sommet de hauteur. La
deuxième partie correspond en quelque sorte à la
réponse.
De la même manière, lorsque la phrase est plus longue, nous retrouverons une partie
montante et une partie descendante. Elles seront déterminées par les sommets de
hauteur des éléments rythmiques successifs.
5__________________________________________________________
4__________________________________________________________
3__________________________________________________________
2__________________________________________________________
1__________________________________________________________
[Ù !p j E R k ´ Z e v y !j E R / n a p a !d! i k i l R ´ v j E) !d R E\ \ ]
Pierre , que j ' ai vu hier , n ' a pas dit qu ' il reviendrait.
Le problème intonatif est complexe
- A cause de contraintes physiologiques, les hommes,
les femmes , les enfants, les adultes et les personnes
âgées n’ont pas la même voix.
- Dans une même communauté linguistique on distingue
différentes intonations. Elles peuvent être régionales
ou professionnelles. L’intonation d’une conversation
spontanée se distingue de celle d’un reportage sportif
ou de celle utilisée au théâtre et dans la lecture
poétique.
- Chaque individu a en plus des traits individuels dus à
sa voix et à ses habitudes intonatives personnelles.
5. 2. 3. Tableau récapitulatif
M.CALLAMAND dans L'intonation expressive, Exercices systématiques de perfectionnement,
Hachette / Larousse, 1973, pp. 28-3O fait une double analyse des fonctions de l’intonation
(analyse paradygmatique et analyse syntagmatique).
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