Galerie Jean-François HEIM

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Galerie Jean-François HEIM
JEAN-FRANÇOIS HEIM
TABLEAUX - DESSINS - SCULPTURES
JEAN-BAPTISTE GREUZE
Tournus 1725 - Paris 1805
Ecole française
PSYCHÉ
Huile sur panneau de chêne
H. 0,41 m ; L. 0,34 m
DATE : vers 1786
PROVENANCE : Collection privée, France
ŒUVRES EN RAPPORT :
1) Jean-Baptiste Greuze, Psyché, huile sur panneau d’acajou, H. 0,41 m ; L. 0,32 m, Wallace
Collection, Londres (P440). Selon Edgar Munhall, notre tableau est préparatoire pour cette
œuvre pratiquement identique. Il s’agit d’une étude très aboutie pour un troisième tableau
peint par Greuze en 1786 (voir 2).
2) Jean-Baptiste Greuze, Psyché, huile sur panneau d’acajou, H. 0,44 m ; L. 0,38 m, Wallace
Collection, Londres (P388), signé au verso J.B. Greuze / 1786. Lithographié par W. Le Roy
en 1857 pour le catalogue de la vente de Théodore Patureau, Bruxelles, 21 avril 1857, no. 52.
(Ce catalogue suggère que Psyché montre Greuze « élevé à la hauteur de Corrège »)
3) Jean-Baptiste Greuze, Cupidon, tableau de dimensions identiques, le pendant de Psyché,
commandé à l’artiste au même moment par J.-F. Boursault. Localisation actuelle inconnue.
CERTIFICAT :
Monsieur Edgar Munhall, du 12 juin 2003
Après une première formation à Lyon, Greuze monte à Paris et parachève sa formation
dans l’atelier de Natoire. Agréé à l’Académie en 1755, il expose régulièrement au Salon. Ses
scènes rustiques d’inspiration morale où prime la figure du patriarche, récoltent les louanges
des critiques, en tête Diderot.
Au Salon de 1769, Greuze reste incompris avec son tableau Septime Sévère, qu’il
présente comme morceau de réception à l’Académie. Avec son décor austère et ses figures
plongées en méditation, ce tableau apparaît aujourd’hui comme un vrai manifeste du néoclassicisme avant David (dont Le Serment des Horaces date de 1785). L’Académie fait à
Greuze l’affront de le recevoir comme peintre de genre, et non pas dans la catégorie
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supérieure des peintres d’histoire. Rompant avec l’Académie, Greuze n’expose désormais
plus au Salon mais, avec beaucoup de succès, dans son atelier au Louvre. L’artiste se
distingue également par ses portraits, remarquables par la vérité des expressions et le rendu
naturel des carnations.
Greuze, Psyché, huile sur panneau
d’acajou, H. 0,41 m ; L. 0,32 m,
Wallace Collection, Londres (P440)
Greuze, Psyché, 1786, huile sur
panneau d’acajou, H. 0,44 m ; L. 0,38
m, Wallace Collection, Londres
(P388)
Selon Edgar Munhall, notre tableau est préparatoire pour une Psyché pratiquement
identique, conservée à la Wallace Collection, Londres (P440), qui est une étude très aboutie
pour une troisième Psyché, tableau signé au verso J.B. Greuze / 1786, également conservé à la
Wallace Collection, Londres (P388).
Rien dans notre tableau n’indique que cette jeune femme brune aux cheveux dénoués
qui, d’un air éploré, lève les yeux au ciel, soit Psyché. Cependant, au moment de la vente1 du
tableau final (Wallace Collection P388), son titre était bien celui d’une Psyché abandonnée.
En effet, le tableau de Psyché faisait partie d’une commande de Monsieur J.-F. Boursault
(vers 1760-1842), de quatre tableaux de dimensions identiques : la Psyché en question
(Wallace Collection P388), un Amour, une Bacchante (Wallace Collection P407), et une Tête
de fille. Notre tableau avait donc un pendant avec l’Amour, ce qui rendait intelligible son
sujet.
Par sa beauté légendaire, Psyché - l’âme en grec - a provoqué la jalousie de la déesse
Vénus, qui envoie son fils Cupidon (Eros) pour la lier à un mari indigne. Se blessant d’une
flèche, Cupidon s’est épris lui-même de Psyché, et lui rend visite chaque nuit, sans dévoiler
son identité. Quand une nuit Psyché allume une lampe et le brûle d’une goutte d’huile,
Cupidon s’éveille et s’enfuit. « Psyché, suivant des yeux, aussi loin que possible, le vol de son
mari, s’effondra, le cœur brisé. » (Apulée, Méthamorphoses IV, 28 - VI, 24)
Eros et Psyché est une fable antique, dont le récit le plus complet se trouve dans les
Méthamorphoses d’Apulée (125-180 après J.-C.). Le récit des Amours de Psyché et de
Cupidon de La Fontaine, publié en 1669, revivifie les représentations du sujet dans un climat
galant. A la fin du XVIIIe siècle, avec l’avènement du néoclassicisme, la légende est
réinvestie de symbolique spiritualiste, et devient chaste et parfois désincarnée.
Chez Greuze, Psyché est une figure charnelle au sein dénudé. Par son caractère
sentimental et sensuel, elle fait penser aux têtes de jeunes filles peintes par Greuze, tournant
autour des thèmes de la virginité perdue. L’invention de ces têtes de filles romanesques,
1
Vente J.-F. Boursault, Paris, 3 décembre 1827, no. 19 : Psyché avec son pendant L’Amour. « Ces deux précieux
tableaux ont été faits par Greuze, pour le propriétaire de ce cabinet. »
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parfois à connotation moraliste, caractérise durablement l’œuvre de Greuze. Edgar Munhall2
écrit que ces omniprésentes têtes de filles, dont la plupart sont des mauvaises attributions, ont
contribué à fausser l’image que nous avons de l’artiste. Anita Brookner considère que notre
Psyché appartient à la période la plus maniérée de Greuze. Selon elle, la « fille Greuze »
semble avoir atteint son sommet à la fin des années 1780.3
La Psyché de Greuze, pleine de sensualité et de mélancolie, accentués par la facture
fluide et la transparence des glacis, semble être en opposition aux valeurs héroïques de son
époque (que l’artiste avait d’ailleurs déjà exprimé dans son Septime Sévère en 1769).
Notre tableau est à mettre en relation4 avec la figure de Psyché dans deux scènes
allégoriques dédiées à l’Amour et à l’Innocence, toutes deux de grand format et élaborées
dans les mêmes années : L'Innocence entraînée par l'Amour (Paris, musée du Louvre) et
Psyché couronnant l’Amour (Lille, palais des Beaux-Arts).
Jean-Baptiste Greuze, L'Innocence entraînée par l'Amour ou Le Triomphe de l'Hymen, huile sur
toile, H. 1,46 m ; L. 1,96 m, vers 1786, Paris, musée du Louvre.
Jean-Baptiste Greuze, Psyché couronnant l’Amour ou Le Mariage de Psyché, huile sur toile,
H. 1,47 m ; L. 1,80 m, vers 1785-1790, Lille, palais des Beaux-Arts, inv. P. 389.
2
“Surfeited with omnipresent Heads of Girls, most of which Greuze never painted, and prejudiced against or
unfamiliar with the canons of history painting – a genre of which Greuze was an innovative and skilled
practitioner – our contemporaries have failed until the last decade to give his art a fresh look and a new
intellectual consideration.”» Edgar Munhall, cat. exp. Hartford, San Francisco, Dijon, Jean-Baptiste Greuze
1725-1805, Wadsworth Atheneum, Hartford, 1976, p. 8.
3
The “Greuze girl (…) seems to have reached her peak in the late 1780s, for the three heads [Psyché Wallace
P388, Le souvenir Wallace P398 et La colombe retrouvée, musée Puchkin, Moscou] are more extreme than any
other of this genre. » Anita Brookner, Greuze: The Rise and Fall of an Eighteenth-century Phenomenon,
Londres, 1972, p. 128.
4
John Ingamells, The Wallace Collection, Catalogue of Pictures, III, French before 1815, Londres, 1989, p. 180.
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