Jean-Baptiste Greuze, Portrait enfant - Musée des Beaux
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Jean-Baptiste Greuze, Portrait enfant - Musée des Beaux
Fiche d’œuvre/ XVIIIe Jean-Baptiste Greuze (Tournus, 1725 – Paris, 1805) Portrait de Charles-Etienne de Bourgevin de Vialart, Comte de Saint Morys, enfant Mots clefs Portrait/ Siècle des Lumières/ Diderot/ les Salons / Education des enfants Portrait de Charles-Etienne de Bourgevin de Vialart, comte de Saint-Morys, enfant. vers 1780 Huile sur bois 65 x 54 cm Don de M. Clarke de Feltre en 1852 Inv. : 622 L’œuvre 1 Jean-Baptiste Greuze est apprécié et reconnu pour ses scènes de genre et ses portraits. Diderot qui commente de 1759 à 1781, les tableaux exposés au Salon est à plusieurs reprises enthousiasmé par les œuvres du maître : « […] c’est le chefd’œuvre de Greuze. La tête est pleine de vie, c’est de la peau, c’est de la chaire, c’est du sang sous cette peau ; ce sont les demi-teintes les plus fines, les transparents les plus vrais ; ces yeux-là voient […] »2. Un jeune garçon bien sage Greuze peint ce portrait de Charles-Etienne de Bourgevin de Vialard en 1780. Il le représente en buste assis à une table de travail, vêtu d’une redingote en satin blanc agrémentée d’une collerette plissée. L’artiste installe son modèle dans un décor sombre, presque noir, révélant ainsi l’élégance du costume et accentuant la pureté et la délicatesse de ses traits. Le jeune garçon est accompagné d’un ouvrage ouvert évoquant l’éducation. Greuze travaille ce portrait « au naturel », il saisit l’enfant sur le vif en rendant des expressions proches de la réalité. Le jeune garçon semble ainsi perdu dans ses pensées et légèrement triste. Sa maîtrise de la peinture à l’huile, la qualité de rendu des carnations, le travail de la lumière et le léger flou des contours apportent une vivacité au visage de son modèle et l’illusion d’être en vie. Charles-Etienne de Bourgevin de Vialart, comte de Saint-Morys Né en 1772 à Paris. Son père hérite en 1778 de l’immense fortune familiale. Il commence alors à collectionner des tableaux, objets d’art, livres et dessins (ces derniers étant actuellement conservés au Louvre). Charles-Etienne héritera de cet intérêt pour les arts. Collectionneur passionné, il s’intéresse surtout à la conservation et à la sauvegarde du patrimoine historique français. 1 2 Denis Diderot né à Langres en 1713 et mort à Paris en 1784 est un écrivain, philosophe, critique d’art. Diderot, Salon de 1769, critique pour le tableau « Une jeune enfant qui joue avec un chien » Greuze. Musée des beaux-arts de Nantes / Service des Publics / Elodie EVEZARD / Janvier 2014 Le portrait d’enfant : un genre à la mode e La place accordée à l’éducation des enfants connait une évolution considérable dès la deuxième moitié du XVIII siècle. L’ouvrage de Jean-Jacques Rousseau Emile ou l’éducation, publié en 1762 considère en effet les enfants différemment et accorde une plus grande importance à l’enseignement. Le portrait d’enfant reflète cette évolution des mœurs, et devient un sujet privilégié pour de nombreux artistes. Les enfants posent désormais seuls, accompagnés de leurs jouets ou de leurs animaux de compagnie, dans une mise en scène assez figée. Diderot reproche d’ailleurs à plusieurs artistes comme François-Hubert Drouais 3de peindre des « petit capucin bien raide, bien de bois […] ». Cette nouvelle mode n’est pas au goût de tous mais caractérise pourtant bien le siècle des Lumières. L’artiste en quelques dates 1725 : Naissance à Tournus (Saône et Loire) de Jean Greuze. 1750 : Après des études à Lyon chez Charles Grandon, il se rend à Paris où il devient l’élève de Charles-Joseph Natoire à l’Académie royale. Il prend alors le nom de Jean-Baptiste Greuze. 1755 : Agrée à l’Académie. Ses œuvres sont bien accueillies par la critique du Salon, il apprécie la représentation des scènes familiales. Il part en septembre à Naples puis à Rome pendant un an. 1761 : L Accordée du village (musée du Louvre) fait évoluer la peinture de genre. Les scènes de la vie quotidienne sont traitées à la manière de la peinture d’histoire. 1769 : Reçu comme peintre de genre à l’Académie avec le tableau L’Empereur Sévère reproche à Caracalla, son fils, d’avoir voulu l’assassiner. Conçue comme une peinture d’histoire (le sujet tiré de l’Antique, les dimensions de la toile, etc.), Greuze souhaitait être reçu dans cette catégorie, la plus prisée. Il vie très difficilement cet échec. 1789 : Tombe dans l’oubli après la Révolution française. Bonus Le père et le fils Le musée possède également le portrait du père du jeune garçon Charles-Paul-Jean-Baptiste de Bourgevin de Vialart de Saint-Morys, conseiller à la Grand-Chambre du Parlement de Paris, vêtu de son habit parlementaire. Tout comme celui de l’enfant, ce portrait témoigne bien de la maîtrise du genre par Greuze. Par ailleurs, l’artiste connaissait très bien la famille chez qui il a eu l’occasion de séjourner avec sa femme. 3 Portrait de Charles-Paul-JeanBaptiste de Bourgevin de Vialart de Saint-Morys, conseiller à la GrandChambre du Parlement de Paris 2ème moitié XVIIIe siècle Huile sur bois 65 x 53,3 cm François-Hubert Drouais (1727-1775), principal portraitiste sous Louis XVI. Musée des beaux-arts de Nantes / Service des Publics / Elodie EVEZARD / Janvier 2014 Pour aller plus loin Le musée du Louvre possède plusieurs tableaux de Jean-Baptiste Greuze des scènes de genre ainsi que plusieurs dessins. http://mini-site.louvre.fr/saison18e/fr/antiquite_revee/ar19.html http://www.louvre.fr/oeuvre-notices/la-cruche-cassee http://www.louvre.fr/oeuvre-notices/laccordee-de-village Bibliographie - - Catalogue d’exposition, L’Enfant chéri au siècle des Lumières, musée de la promenade et musée des Beaux-arts de Cholet, sous la direction de Christine Kayser avec la collaboration de Xavier Salmon et Laurent Hugues, les éditions l’Inventaire, 2003. Catalogue d’exposition, Diderot & l’Art de Boucher à David, les salons : 1759-1781, Edition de la Reunion des Musées nationaux et ministère de la culture, 1985. Guide des collections du musée des beaux-arts de Nantes, Edition Nantes culture & patrimoine, musée des beaux-arts de Nantes, 2008. Christelle Rochette et Pierre Rosenberg, Jean-Baptiste Greuze (1725-1805) et les collections du musée Greuze de Tournus, Tournus : Hôtel-Dieu - Musée Greuze, 2000 Musée des beaux-arts de Nantes / Service des Publics / Elodie EVEZARD / Janvier 2014