Les Jeux en Fle - Les projets de Ludilangues
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Les Jeux en Fle - Les projets de Ludilangues
Mercredi 27 mars 2013 Jouer mais pour quoi faire ? Au-delà du plaisir généré par les activités ludiques, le jeu permet d’introduire dans la classe la nécessité de communiquer efficacement en français. Lorsqu’un élève apprend le français dans un milieu non francophone, il est en effet parfois difficile de le motiver car il n’a pas besoin de cette langue dans sa vie quotidienne. Le jeu crée un enjeu fort : participer aussi bien que les autres – sinon mieux, pour gagner ! Les jeux peuvent être introduits en classe de manières très diverses : - - éléments de cours (révisions grammaticales, introduction ou réinvestissement d’un nouveau vocabulaire), activités de transition entre deux chapitres (production écrite avec réemploi de vocabulaire) ou encore exercices aussi ludiques et originaux qu’efficaces en termes pédagogiques. Moments de détente / en fin de séance. Ces exercices ont l’avantage de faire travailler les élèves de manière transversale, dans la mesure où ils mobilisent les compétences de compréhension et d’expression et requièrent la mise en œuvre de connaissances en grammaire et vocabulaire, tout en s’écartant de l’aspect parfois scolaire des apprentissages. De plus, la créativité des apprenants est largement sollicitée. Alexandra Brünner – Chargée de formation Ludilangues Néanmoins, un certain nombre d'exigences semblent s'imposer au moment où on veut faire parler ses étudiants: · · · · · Il faut qu'il y ait un climat de confiance, dans lequel les participants se sentent assez à l'aise pour s'exprimer. Il faut le respect mutuel nécessaire à l'écoute réciproque. Il faut que les participants disposent des moyens linguistiques nécessaires pour mener à bien la tâche. La tâche qu'on leur donne doit créer un manque d'information qu'ils ont envie de combler. La consigne doit être claire et précise. Nous pouvons constater que certains jeux sont plus destinés à un public FLE et d’autres à un public en alphabétisation. Cependant, les jeux sont souvent exploitables sous une autre forme pour des niveaux inférieurs ou supérieurs. Il est possible d’exploiter certains jeux sur une durée relativement courte tandis que d’autres nécessitent l’installation d’un plateau ou d’autres contraintes (les règles qui peuvent être difficiles à expliquer et à comprendre). Bien que les jeux éducatifs soient bien sûr prévus à cet effet, certains comportent tout de même quelques défauts, aussi faut-il faire une sélection des cartes et adapter les jeux au public visé. Il est intéressant de se pencher sur les jeux de société car, bien que non exploitables en l'état, certains donnent des pistes intéressantes à creuser (ex. Le Scrabble ou encore le Scrabble Junior). Enfin, précisons qu’il est rarement nécessaire de compter les points. Les apprenants comprennent très bien que le jeu est utilisé à des fins pédagogiques Nous pouvons distinguer dans cette présentation 3 types de jeux différents : 1. Les jeux ne nécessitant aucun matériel (les jeux « brise-glace », de présentation…) 2. Les jeux éducatifs, élaborés à des fins pédagogiques. 3. Les jeux de société classiques, que nous connaissons tous. Alexandra Brünner – Chargée de formation Ludilangues 1. Les jeux qui ne nécessitent aucun matériel Nous distinguons six types didactiques de jeux : 1. les jeux de présentation 2. les jeux de vocabulaire et/ou grammaire 3. les jeux écrits 4. les jeux de dextérité linguistique 5. les jeux de révision 6. les dramatisations, jeux de rôles et de simulation Il serait très difficile de faire un inventaire des jeux de langue, aussi nous développerons ici les jeux de présentation, les jeux de révision, ainsi que les jeux de rôles. C'est en effet à ces moments-là qu'on se détache le plus des textes et des situations des méthodes classiques. Dans toutes les activités proposées, il s’agit d’intégrer l'oral dans l'apprentissage de la façon la plus efficace, enrichissante et amusante possible. Chacun formateur adaptera les jeux aux spécificités et aux besoins de son public, ainsi qu’à sa propre sensibilité. 1.1 Pour faire connaissance Les apprenants sont assis autour d’une table en U et le formateur pose des questions de type : « Qui a un chien ? ». Les apprenants qui ont un chien se lèvent et les autres restent assis. Le but est de donner du rythme à la séance. Les apprenants peuvent également poser les questions qu’ils souhaitent. 1.2 Variante de « pour faire connaissance » Le principe est le même mais au lieu de se lever et de s’asseoir, on tend une ficelle entre 2 chaises. Les apprenants sont en ligne côté gauche. On pose des questions de même type que pour le jeu précédent. Exemple : « Qui a des enfants ? » : les apprenants qui ont des enfants passent du coté droit les autres restent à gauche. Alexandra Brünner – Chargée de formation Ludilangues 1.3 La présentation par quelqu'un d'autre Pour changer (en général, on se présente souvent soi-même), la présentation peut se faire par quelqu’un d’autre. L’activité se déroule en deux temps. Pendant cinq minutes et par groupe de deux, les apprenants vont faire connaissance, se poser des questions, se découvrir. A l’issue de cette période de discussion, chacun des apprenants présentera son équipier en fonction de ce qu’il a appris de lui. 1.4 Après les présentations, pour souder le groupe Demander aux apprenants de se classer en ligne par ordre alphabétique, ou bien encore par ordre de jour d’anniversaire / date de naissance. Lorsqu’ils ont défini la place de chacun, leur demander de s’adresser, à tour de rôle, à leur voisin. Ils doivent alors donner le nom de la personne puis lui poser une question pour compléter son profil. Exemple : « Sarah, quand es-tu arrivée en France ? » 1.5 Jeu de chiffres Par groupe de 2. Un apprenant pense à un chiffre. Au préalable, donner une fourchette, par exemple entre 1 et 100. L’autre apprenant doit trouver le bon chiffre. Il fait des propositions et affine en fonction des commentaires de son binôme, à savoir « plus » ou « moins ». 1.6 Jeu de l'objet Pour travailler la localisation dans l'espace et le forme interrogative. On demande à un apprenant de penser à un objet qui se trouve dans la salle. On peut demander d’écrire le nom de l'objet sur un papier afin de pouvoir vérifier à la fin. Les autres apprenants lui posent alors des questions qui commencent par "est-ce que". Est-ce que c'est sur la table ? Est-ce que l'objet est derrière/ sous/ sur/ à gauche /à droite/ à côté... L'apprenant doit répondre par oui ou non jusqu’à ce que les autres trouvent le bon objet. 1.7 Jeu de la personne (vu La Grammaire en s’amusant) Le principe est le même mais il s'agit ici de trouver une personne. On travaille alors la description physique et la forme interrogative. Est-ce que c'est un homme/une femme ? Est-ce qu'il ou elle porte des lunettes ? Est-ce qu'elle est blonde / grande / porte des lunettes / une jupe / un pantalon noir... C'est le principe du Qui est-ce ?, mais sans plateau de jeu. Alexandra Brünner – Chargée de formation Ludilangues 1.8 Qui suis-je ? Chacun des participants écrit sur un morceau de papier le nom d’un personnage connu. Il peut s’agir d’un acteur, d’un homme politique, d’un chanteur, d’un sportif… Une fois cette étape réalisée, chaque participant du jeu attribue cette étiquette à son voisin sur laquelle est écrite le nom de la personne sans la lui montrer. Il la place sur son front de manière à ce que l’ensemble de la classe puisse la voir. Ensuite, à tour de rôle chacun des apprenants devra se poser une question pour découvrir son identité. Et le reste de la classe répondra par oui ou non. 1.9 L’Alibi Un crime a été commis la veille vers 22 h dans l’établissement. Chacun des apprenants est suspect. Afin de prouver leur innocence, ils vont devoir se trouver un alibi, c’est-à-dire une personne qui est en mesure de prouver que le suspect n’était pas sur les lieux du crime au moment des faits. Pour cela, en se mettant à deux, les apprenants vont devoir inventer une histoire très détaillée sur ce qu’ils faisaient la veille à 22 heures. Une fois le récit constitué, le reste de la classe devra interroger le suspect et son alibi séparément pour voir si les deux témoignages coïncident. Si l’on se rend compte que les deux récits sont différents, l’alibi est détruit et le suspect coupable. Cette activité ludique permet non seulement de travailler le questionnement, mais aussi les temps du passé et la description. 1.10 Le téléphone arabe Travail de la phonétique et de la prononciation L’objectif est de faire circuler une phrase sans la déformer. Les joueurs sont assis en cercle. On désigne celui qui commence. Il chuchote une phrase de son invention dans l'oreille d’un de ses voisins, qui la répète à son propre voisin et ainsi de suite. Le dernier répète la phrase entendue à voix haute et on la compare à la phrase initiale. Il y a parfois de gros changements ! Alexandra Brünner – Chargée de formation Ludilangues 1.11 Raconte-moi une histoire On peut faire ce jeu pour l'échauffement au début du cours ou pour travailler tout type d'acte de parole. Exercice de théâtre Les participants sont assis en cercle. Le premier commence à raconter une histoire (quelques mots, une phrase) et s’arrête. Le suivant doit continuer l’histoire, son voisin continue, et ainsi de suite. Le récit est poursuivi jusqu’à la fin ou bien jusqu'à ce que tout le monde passe son tour, ou deux tours, selon les niveaux de groupe-classe. On peut aussi corser l'activité en obligeant chaque participant à répéter ce qui a été dit précédemment. Cela devient alors un jeu de mémoire. Selon le niveau, cette histoire peut être improvisée ou bien préparée. Dans le second cas, les élèves réemploieront du vocabulaire, des tournures ou même des situations étudiées auparavant. Le thème de l’histoire peut être très varié… et fait appel à l’imagination des apprenants !. 1.12 Le portrait chinois Un jeu idéal pour travailler les hypothèses, mais on peut le faire pour se présenter (« Si j'étais... je serais... » ou encore pour travailler les questions ou tout type de vocabulaire). 1.13 Ni oui, ni non Répondre à des questions fermées sans utiliser les mots "oui" et "non". => On peut faire ce jeu comme échauffement en début de cours ou pour travailler la négation, la reformulation, les questions, etc. Un meneur de jeu pose des questions aux autres joueurs. Ces derniers ne doivent répondre ni par "oui", ni par "non". Les joueurs qui ne répondent pas, qui répondent toujours par la même formule ou qui répondent "oui" ou "non" à une question sont éliminés. Le gagnant est celui qui reste. Ce jeu permet de travailler sur les synonymes de "oui" et de "non" (absolument, pas du tout, je ne crois pas, effectivement, c’est cela…) ainsi que sur les opinions. Ex. : à la question "Aimes-tu le cinéma ?", l’élève peut répondre "Pas trop", "J’adore", "Ça dépend", "Parfois", "Beaucoup", "Assez"… Alexandra Brünner – Chargée de formation Ludilangues 1.14 Tabou Des cartes avec le mot à deviner (en majuscules) et les mots tabous (en minuscules) les mots tabous sont très proches du mot à deviner. Ex. : TELEPHONE / portable - parler - ligne - numéro - sonner Faire deviner un mot aux membres de son équipe sans utiliser les mots tabous (travail de périphrases et de reformulation). Les joueurs sont divisés en deux ou trois équipes. À tour de rôle, les joueurs doivent faire deviner des mots à leur équipe sans prononcer les mots tabous. Pour cela, ils disposent d’un laps de temps mesuré par un sablier ou bien par une montre. Ex. : il faut faire deviner "LA POSTE" sans prononcer les termes : timbres, facteur, lettre, courrier et boîte aux lettres. Les autres membres de l’équipe peuvent faire autant de propositions qu’ils le souhaitent, sans pour autant tous parler en même temps ! Chaque mot deviné permet à l’équipe de remporter un point et de se confronter à un nouveau mot mystère. Lorsque le temps imparti est terminé, c’est à l’autre équipe de jouer. L’équipe gagnante est celle qui arrive la première à tel nombre de point ou bien qui a le plus de point à la fin du temps de jeu. À la place du système de points, vous pouvez dessiner au tableau ou sur une grande feuille un parcours à cases où les équipes sont situées par des pions. La première qui atteint la dernière case remporte le jeu. 1.15 Jeu de l’Horloge Pour apprendre à lire l’heure. 1.16 Jeu de l’Oie des questions Deux jeux de l’Oie différents, l’un avec des questions simples, accessibles dès le niveau A1, l’autre plateau de jeu plutôt réservé aux niveaux A2 et supérieurs. Se joue avec un dé, des pions que l’on avance sur le jeu. 1.17 Jeu du menu au restaurant Demander à chaque apprenant de créer un menu-type (écrit), comme dans un restaurant. Chacun devra ensuite proposer son menu au groupe et expliquer ses choix, plats et ingrédients. Alexandra Brünner – Chargée de formation Ludilangues Les jeux de rôle, sketchs et jeux de situation Il y a plusieurs avantages à l'emploi des activités en petits groupes en général, et des jeux de rôles et de simulation en particulier. En premier lieu, les productions linguistiques y sont authentiques, non artificielles. Ensuite, comme l'échange se fait au sein d'un petit groupe, la peur de la prise de parole est réduite. Lors d’une activité de conversation, on peut remarquer que le dialogue : - est un processus interactif, régi par des règles sociales : chacun apporte sa contribution au dialogue. - est un processus alternatif : alternance des interventions des participants. - est progressif. Les dialogues, échanges verbaux sont complétés par la gestuelle, par exemple. · Le jeu de rôle Il se joue généralement à deux mais il peut se faire aussi à trois voire plus. Il est fondé sur la spontanéité, car l’apprenant n’a pas de temps de préparation. On lui donne juste le temps de comprendre ce qu’il doit faire Pour que cette activité ludique puisse se dérouler correctement, le professeur devra proposer une situation de communication dans laquelle vont interagir plusieurs apprenants. Par exemple, dans une boulangerie, un jeune homme veut acheter cinquante baguettes pour un grand dîner. Le boulanger lui fait comprendre qu’il ne peut pas car il a d’autres clients. Il ne peut vous en donner que dix. Vous devez argumenter pour convaincre le boulanger de vous donner les 50 baguettes que vous voulez. · Roman-photos => On peut faire ce jeu pour n'importe quel type d'expression orale. Exercice de théâtre pendant lequel quelques personnes jouent une scène muette pendant que les autres imaginent leurs dialogues. On peut définir au préalable le type de scène ou laisser libre cours à l'imagination des participants. On peut aussi faire les dialogues d'un film. Alexandra Brünner – Chargée de formation Ludilangues · Le sketch Il s'agit d'un jeu de rôle guidé, c’est-à-dire que l’apprenant doit respecter un canevas qui précise les grandes lignes du sketch. Par exemple, pour rependre le même thème du jeu de rôle ci-dessus : 1. Le jeune homme salue le boulanger. 2. Le boulanger salue le jeune homme. 3. Le jeune homme demande des pains. 4. Le boulanger lui répond qu’il n’en a plus assez. 5. Le jeune homme insiste. 6. Le boulanger hésite. 7. Le boulanger accepte finalement. 8. Le jeune homme le remercie et le salue. · Jeu de situation Comme le jeu de rôle, il est fondé sur la spontanéité. L’enseignant invente une situation compliquée dans laquelle se trouveraient les étudiants. Et pour résoudre ce problème posé, les apprenants doivent faire preuve d’inventivité. Exemple de situation : Vous devez partir en urgence pour les îles Canaries dans l’heure qui suit et vous ne pouvez prendre que cinq objets. Lesquels emmèneriez-vous en voyage ? Ill est difficile de se trouver à court d’activités ludiques. Elles sont tellement nombreuses et diverses qu’il est aisé d’en intégrer une à sa séquence sans briser la continuité du cours. 2 Les jeux de société De très nombreux jeux de société sont disponibles à La Maison des Jeux, 38 route de Schirmeck). http://www.maisondesjeux.fr/ La cotisation annuelle est de 40 €, + frais journaliers d’emprunt. Alexandra Brünner – Chargée de formation Ludilangues 3 Les jeux éducatifs / pédagogiques Ces jeux sont disponibles au Crapt-Carrli. LE JEU DES METIERS FRANCAIS (Edition ELI.) Le jeu consiste en 3 types de cartes : - des cartes métiers avec un dessin représentant un pompier et une femme pompier par exemple - des cartes avec le nom du métier écrit en lettres (féminin/masculin) - des cartes avec des définitions/explication de métiers Le but est d’associer le dessin au métier et de trouver la bonne définition. Bémol : le jeu date un peu. La distinction homme/femme n’est parfois pas à jour. On peut utiliser ce jeu avec tous les publics. Il convient de retirer les cartes obsolètes. On peut utiliser ce type de jeu pour travailler les métiers mais aussi la distinction masculins/féminins. LA VILLE EN JEU Règle officielle : [http://www.questionsante.org/bs/Ma-ville-en-jeu] Le plateau de jeu est constitué de cartes représentant différentes parties de la ville : la poste, la boulangerie…, les apprenants doivent constituer la ville (le plateau de jeu). Il y a des cartes objets sous la forme de photographies. Les apprenants doivent définir sur le plateau l’endroit où ils peuvent trouver ou acheter ces objets. Il y a également des cartes « débrouille ». Ce sont des questions de type : « Où peut-on acheter des timbres ? » Les apprenants doivent répondre à la question. S’ils trouvent la bonne réponse, ils peuvent avancer, de façon à se rendre au magasin de la ville qui vend les objets collectés (cartes objets)… Malgré des règles difficiles à comprendre, on trouve plusieurs exploitations possibles. En FLE, tout un travail sur la ville est possible grâce à ce support : On peut se servir du plateau de jeu comme d'un support pour travailler les directions, la localisation dans l'espace, les itinéraires, la demande d’informations, parler des commerces et des services de la ville.. La thématique de la ville est en effet très large et permet de nombreuses exploitations. Un bémol : le plateau de jeu n’est pas très attractif. De plus, le jeu est un jeu belge, certaines cartes sont culturellement connotées et ne peuvent être utilisées en France. Alexandra Brünner – Chargée de formation Ludilangues