Séquence : Pourquoi lire ? Séance : Des mots

Transcription

Séquence : Pourquoi lire ? Séance : Des mots
Séquence : Pourquoi lire ?
Séance : Des mots déchaînés
Réponse à la question de la séquence : la lecture de ce texte permet de découvrir que la poésie
peut servir à se battre contre la tyrannie
Objectif : comprendre que le poète justifie la violence par le fait qu’elle répond à une privation de
liberté
Support : « Ce cœur qui haïssait la guerre… » de Robert Desnos dans Etat de veille (1942)
1
Ce cœur qui haïssait la guerre voilà qu’il bat pour le combat et la bataille !
Ce cœur qui ne battait qu’au rythme des marées, à celui des saisons, à celui des heures du jour
et de la nuit,
Voilà qu’il se gonfle et qu’il envoie dans les veines un sang brûlant de salpêtre et de haine.
Et qu’il mène un tel bruit dans la cervelle que les oreilles en sifflent
5 Et qu’il n’est pas possible que ce bruit ne se répande pas dans la ville et la campagne
Comme le son d’une cloche appelant à l’émeute et au combat.
Écoutez, je l’entends qui me revient renvoyé par les échos.
Mais non, c’est le bruit d’autres cœurs, de millions d’autres cœurs battant comme le mien à
travers la France.
Ils battent au même rythme pour la même besogne tous ces cœurs,
10 Leur bruit est celui de la mer à l’assaut des falaises
Et tout ce sang porte dans des millions de cervelles un même mot d’ordre :
Révolte contre Hitler et mort à ses partisans !
Pourtant ce cœur haïssait la guerre et battait au rythme des saisons,
Mais un seul mot : Liberté a suffi à réveiller les vieilles colères
15 Et des millions de Français se préparent dans l’ombre à la besogne que l’aube proche leur
imposera.
Car ces cœurs qui haïssaient la guerre battaient pour la liberté au rythme même des saisons et
des marées, du jour et de la nuit.
I) Une contradiction
1) Quand le poète dit « ce cœur », du cœur de qui parle-t-il ?
2) Que représente alors le mot « cœur » ?
3) Qu’est-ce que ce cœur n’aimait pas auparavant ?
4) De quoi a-t-il envie désormais ?
II) Une révolte pour la liberté…
A) Un mot clef
1) Lisez les trois premiers vers du poème, ainsi que les deux derniers : que remarquez-vous ?
2) Quel mot, non révélé dans les premiers vers du poème, se trouve dans les derniers ?
3) Trouvez dans quel autre vers du poème ce mot apparaît.
4) Quel signe de ponctuation met alors en valeur ce mot ?
5) Pourquoi peut-on dire que ce poème est écrit d’une étrange manière ?
6) Quel rapport faites-vous entre cette manière d’écrire et le mot évoqué dans les quatre premières
questions ?
B) Une révolte qui se libère
1) Copiez et classez les citations qui décrivent le bruit que le poète entend dans le tableau suivant.
Ce cœur […] / Voilà qu’il se gonfle […] / Et qu’il
mène un tel bruit dans la cervelle que les oreilles
en sifflent
Hyperbole (=exagération)
Autre hyperbole
Comparaison
Métaphore impliquant du vocabulaire militaire
2) Que remarquez-vous au sujet de ce bruit ?
III) Une révolte naturelle pour un besoin naturel
A) Le champ lexical de la nature
1) Relevez tous les termes qui relèvent du champ lexical de la nature.
2) Que remarquez-vous ?
3) Trouvez-vous que la révolte du poète soit justifiée ?
4) Pouvez-vous établir un rapport entre votre réponse et l’adjectif « naturel » ou le nom « nature » ?
B) Le rythme « naturel » du poème
Louis Aragon, poète et ami de Robert Desnos, a écrit ce vers :
« J'écrirai ces vers à bras grands ouverts qu'on sente mon cœur quatre fois y battre »
1) Comptez le nombre de syllabes dans ce vers.
2) Découpez ce vers en quatre parties égales en marquant les séparations au crayon à papier.
3) Lisez ce que dit ce vers et expliquez pourquoi Louis Aragon l’a écrit comme cela.
4) Sans compter les syllabes mais en vous aidant de la ponctuation, trouvez des séparations
équivalentes dans ce vers tiré du poème de Robert Desnos.
« Ce cœur qui ne battait qu’au rythme des marées, à celui des saisons, à celui des heures du jour et
de la nuit, »
5) Robert Desnos met les rythmes de trois mouvements différents sur le même plan. Lesquels ?
Complétez ce tableau pour répondre à cette question.
Rythme du cœur
Rythme
………………………...
du Rythme de la nature
CQFR
Phrase 1 : Quelle est la contradiction exprimée dans ce poème ? (voir I)
Phrase 2 : Quel mot permet d’expliquer cette contradiction ? (voir II.A.)
Phrase 3 : Comment le poète montre-t-il que la révolte se libère ? (voir II.B.)
Phrase 4 : Comment le poète associe-t-il sa révolte à quelque chose de naturel ? (deux réponses
différentes : voir III)
Réponse à la question de la séquence : la lecture de ce texte permet de découvrir que la poésie
peut servir à se battre contre la tyrannie
Objectif : comprendre que le poète justifie la violence par le fait qu’elle répond à une privation de
liberté
CQFR
Dans ce poème, une contradiction apparaît dès le début du poème entre la haine de la
guerre et le désir de se battre.
C’est l’amour de la « liberté », mis en valeur grâce à un parallélisme et une apposition, ainsi
que grâce à l’utilisation des vers libres, qui explique cette contradiction : privé de liberté par l’armée
allemande et le régime de Vichy, le poète veut se battre pour la récupérer.
Il décrit alors sa révolte, puis celle de « millions » d’autres hommes, en train de se libérer des
lois qui interdisent de s’exprimer. Pour cela, il emploie hyperboles, comparaison et métaphore,
assimilant cette révolte à un bruit qui se fait de plus en plus fort, c’est-à-dire qui se répand librement,
au mépris de toutes les interdictions.
Pour justifier cette violence, le poète montre qu’elle est naturelle, qu’un homme ne peut pas
vivre privé de liberté. Il s’appuie sur le champ lexical de la nature et sur le rythme même de ses vers
qui imitent le rythme des battements de son cœur et celui des marées, des saisons et des jours.
Définitions
Contradiction : cohabitation, dans un même discours, de deux idées qui se rejettent l’une l’autre du
point de vue de la logique. « Ce cœur qui haïssait la guerre voilà qu’il bat pour le combat et la
bataille »
Parallélisme : construction grammaticale identique d’une phrase ou d’une proposition à l’autre
Vers 1
Ce cœur
qui
haïssait
la guerre
Vers 16
Ces cœurs qui
haïssaient la guerre
Structure parallèle GN sujet
pronom relatif sujet verbe
GN COD
Apposition : fait de placer, après un signe de ponctuation faible, un mot ou un groupe de mot à côté
d’un nom pour en préciser le sens. « un seul mot : Liberté »
Vers libre : vers qui ne respecte pas les règles classiques de la versification (nombre de syllabes,
rimes, strophes, etc)
Hyperbole : exagération
Comparaison : expression d’un point commun entre deux éléments différents dans la réalité au
moyen d’un outil de comparaison. « il n’est pas possible que ce bruit ne se répande pas dans la ville
et la campagne / Comme le son d’une cloche »
Métaphore : assimilation de deux éléments différents dans la réalité. « Leur bruit est celui de la mer
à l’assaut des falaises »
Champ lexical : tous les mots qui, dans un texte, ont la même nature qu’un autre mot, ainsi qu’un
rapport de sens avec celui-ci.
Champ lexical de « nature » (nom)
cœur, marées, saisons, jour, nuit, veines,
cervelle, oreilles, mer, falaises, aube
Rythme du vers : nombre de pauses dans une phrase ou dans un vers, dépendant de la
ponctuation, de la structure grammaticale de la phrase et, éventuellement, du nombre de syllabes.
« Ce cœur qui ne battait qu’au rythme des marées, / à celui des saisons, / à celui des heures du jour
et de la nuit, » => rythme ternaire (trois parties séparées par deux pauses)
Robert DESNOS
Né à Paris le 4 juillet 1900.
Durant le contexte de l’occupation allemande : pratique une poésie engagée, et s’engage
physiquement dans la Résistance. En 1942, après la rafle du Vel’ d'Hiv' il rentre au réseau de
résistance « Agir » donne des informations et fournit de faux papiers à des juifs. Mais Le 22 juin
1944, il est arrêté par la Gestapo, et est déporté dans le camp de concentration (Tchécoslovaquie)
où il meurt le jour de la libération du camp, le 8 juin 1945.
Son recueil intitulé Destinées Arbitraires (publication posthume en 1975) apparaît comme un
véritable appel à la résistance et une célébration de la liberté.

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