PREJUGE VAINCU Les Echos
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PREJUGE VAINCU Les Echos
Le préjugé vaincu de Marivaux Marivaux mambo Mise en scène de Jean-Luc Revol. A Paris, Théâtre Mouffetard (01 43 31 11 99), jusqu'au 9 mai. Marivaux au rythme du mambo, « Le Préjugé vaincu » transposé dans une Italie des années 1950, basculant dans la dolce vita... Jean-Luc Revol nous offre ce joli coup de soleil au Théâtre Mouffetard. Le metteur en scène, nominé aux Molières pour sa comédie musicale fantastique « La Nuit d'Elliott Fall », connaît également la musique des classiques. Sa relecture « moderne » et dansante fait parfaitement entendre le propos grinçant et la tension érotique qui animent la courte pièce de Marivaux (1746). Explosif et joyeux Dorante est amoureux d'Angélique, qui n'est pas insensible à son charme. Mais cette fille de marquis ne veut pas épouser un bourgeois. Pour vaincre son préjugé, le jeune homme invente un fin stratagème : au lieu de se déclarer, il prétend proposer un parti à Angélique : un ami riche, mais sans titre de noblesse, comme lui... choquée, la jeune fille comprend qu'elle est en fait fol-lement éprise de Dorante. Avec l'appui de son valet Lépine, de la servante d'Angélique, Lisette, et grâce à la complicité passive de la marquise, mère de sa dulcinée, le bourgeois va obtenir la main de l'aristocrate. Un couple d'amants affriolants - Dorante en dandy dégingandé (Olivier Broda), Angélique en « marquisette » acidulée (Marie-Julie de Coligny) ; des domestiques chauds-bouillants -, Lépine en groom sexy (Cédric Joulie), Lisette, en paysanne madrée (Anne-Laure Pons) ; et une mère-marquise jouant les Castafiore goulue (Louise Jolly)... le marivaudage s'avère explosif et joyeux. L'intrigue progresse en coups de chaleur, sur fond de 45 tours aux refrains « barjos ». Devant la toile peinte d'un ciel d'été « azzuro », nos « ragazzi » et « ragazze » chaloupent, ondulent, pour secouer et faire tomber tous les tabous. Nobles et bourgeois s'accouplent, valets « itou ». La marquise reste en rade, mais elle a encore de beaux appas... et cha-cha-cha ! Philippe Chevilley