WEST SIDE STORY (affiche du film + 10 premières minutes du film)

Transcription

WEST SIDE STORY (affiche du film + 10 premières minutes du film)
WEST SIDE STORY (affiche du film + 10 premières minutes du film)
FICHE D’IDENTITE DU FILM
Réalisateurs : Wise et, pour les séquences dansées, Jerome Robbins
Scénaristes : Ernest Lehman d’après le livret d’Arthur Laurents
Compositeur : Leonard Bernstein
Parolier : Stephen Sondheim
Chorégraphe : Jerome Robbins
Sortie : Etats-Unis 1961, France 1962
Accueil : le film est récompensé par 10 oscars dont celui du meilleur film
WEST SIDE STORY est une comédie musicale transposant Roméo et Juliette (15941595), tragédie de Shakespeare, dans le New York des années 1950 (à l’époque du pic de
l’immigration portoricaine). Créée en 1957 au Théâtre de Broadway, elle est la première
comédie musicale à aborder des problèmes sociaux tels que la violence urbaine et le
racisme. Son adaptation au cinéma en 1961 remporte un énorme succès.
CLES DE LECTURE DE L’OEUVRE
Dans le New York des années 1950, deux gangs de jeunes s’affrontent pour le contrôle
du quartier de West Side à Manhattan : les Jets, « blancs » américano-polonais, et les
« Sharks », « latinos »d’origine portoricaine. L’ancien chef des Jets, Tony, et la sœur du
chef des Sharks, Maria, tombent amoureux l’un de l’autre. Leur amour impossible se
heurte à la violence de leurs clans.
La ville de New York sert de cadre à cette histoire d’amour moderne dans un contexte
de violence entre communautés. Le film débute par un survol de Manhattan ( travelling).
La caméra s’approche à la verticaledes gratte-ciel avant de plonger dans le quartier de
West Side. On découvre alors ses rues, ses terrains vagues et ses aires de jeux
grillagées où se défient les Jets et les Sharks.
QUEL ROLE TIENT LA VILLE DE NEW YORK DANS WEST SIDE STORY ?
QUELLE EST L’IMPORTANCE DE NEW YORK DANS L’ŒUVRE ?
L’œuvre s’inspire de Roméo et Juliette de Shakespeare. Les références à la pièce de
Shakespeare sont si évidentes que l’histoire d’amour passe au second plan. Cette version
est ancrée dans un lieu qui n’est pas un simple cadre. La ville de NY est un des
personnages du film, si ce n’est le plus important.
Le spectateur s’en rend compte dès qu’il voit l’affiche : le titre ne mentionne pas le
nom des personnages mais un lieu. C’est l’histoire de West Side, quartier de
Manhattan.
Les personnages sont réduits à des silhouettes qui apparaissent sur le côté alors
que WEST SIDE est au centre de l’affiche en capitales d’imprimerie.
Les escaliers de secours typiques des villes américaines sont accolés au titre et
occupent également une position centrale.
Par ailleurs, ces deux silhouettes dansant sur les escaliers de secours évoquent une
déclaration d’amour chorégraphiée, et cette déclaration d’amour sur ces escaliers
rappelle la scène du balcon dans Roméo et Juliette.
Le générique de Saul Bass confirme cette importance de la ville. Il se construit comme
une ouverture d’opéra (version uniquement instrumentale). Il est très long. Aucun
personnage n’est visible mais des couleurs apparaissent et varient en fonction de la
musique.
On distingue des petits traits noirs qui se précisent au fur et à mesure du générique,
laissant le spectateur un peu perplexe. Ce dernier réalise que le thème central du film
est la ville de NY quand tout d’un coup ces petits traits noirs finissent par dessiner
les contours des gratte-ciel de Manhattan.
Suit une scène d’ouverture impressionnante : la technique du travelling vertical depuis
un hélicoptère est utilisée pour la première fois de l’histoire du cinéma. Depuis de
nombreux séries et films américains s’en inspirent. Elle donne l’impression que NY est
une ville gigantesque. Le film est révolutionnaire à l’époque pour son appropriation
d’un espace réel.
Les petits traits noirs deviennent une énorme masse de béton cubique ou
parallélépidique qui fascine mais écrase en même temps l’individu.
La scène s’achève avec une plongée sur le West Side, sorte de descente en
parachute, ses aires de jeux et terrains vagues, eux aussi rectilignes et entourés
de grilles, de barrières. Les grilles symbolisent les barrières entre les différents
groupes de la société. Il n’y a plus de couleur, et la musique devient menaçante.
Les claquements de doigts remplacent la musique.
QUEL EST CE NEW YORK ? (pistes de réflexion pour l’entretien)
C’est le NY que le monde entier connaît. On le reconnaît à chaque fois. Il est tout
en lignes. Même les escaliers ont un aspect géométrique.
Il est magnifique, glorifié dès les premières minutes du film, mais c’est le NY des
quartiers pauvres, du racisme et des gangs qui nous est raconté. Et ce NY devient
humain, le reste n’est que béton et mouvement (travelling).
C’est le NY qui symbolise l’Amérique. Il existe une sorte de contraste permanent
entre fascination et répulsion.
C’est l’Amérique ambiguë de la chanson « I like to be in America » ou « Empire
State of Mind » (les 4 symboles forts de NY, NY the Big City, NY la ville où tous les
rêves sont possibles, NY la ville au top et NY la ville où on peut redémarrer sa vie (idem
dans la chanson de Sinatra), oui certes, mais NY c’est aussi comme le dit Alicia Keys :
« Someone sleeps tonight with a hunger for more than an empty fridge… » = Ce soir
quelqu’un s’endort affamé pas seulement parce que son frigidaire est vide… »).
NY, c’est cette ville entière avec ses quartiers grandioses mais aussi ses quartiers
misérables.
C’est également ce simple bout de territoire qui n’a rien d’attirant mais que les
Jets veulent défendre car c’est tout ce qu’ils ont et qui devient le symbole de tout
un continent à conquérir.
CONCLUSION et pistes de réflexion pour l’entretien: ODE A NEW YORK
Tous les arts sont au service de ce portrait de NY (musique, danse, allusions
littéraires, le générique de fin évoque les tableaux du peintre de Greenwich Village
Pollock).
Le film est révolutionnaire à l’époque pour son appropriation d’un espace réel, on est
loin du côté universel de la pièce de Shakespeare (Vérone n’a pas d’importance,
contrairement à NY dans WEST SIDE STORY).
La ville de NY est un personnage avec toute son ambiguïté : elle fascine, on la
reconnaît facilement, elle est grandiose mais elle a aussi ses aspects terrifiants.
Utilisée comme matériau sonore par le compositeur Steve Reich, transformée en
réalisation abstraite par le peintre Piet Mondrian, elle fascine et déclenche des
passions. On l’adore, mais elle tue.