LE MUSÉE DÉPARTEMENTAL ARLES ANTIQUE
Transcription
LE MUSÉE DÉPARTEMENTAL ARLES ANTIQUE
Le musée départemental Arles antique Inauguration le 25 mars 1995 son aile dédiée au commerce et à la navigation Inauguration le 4 octobre 2013 Conseil général des bouches-du-rhône Direction de la Culture - www.culture-13.fr Musée départemental Arles antique cg13.fr Presqu’île-du-Cirque-romainBP 205 - 13635 Arles cedex Tél. 04 13 31 51 03 – Fax. 04 13 31 51 37 - www.arles-antique.cg13.fr cg13.fr Sommaire Editos .............................................................................................................. p. 1 Arles, une passion d’Antiques, historique du muée archéologique..................................p. 2 Naissance du musée : une cité muséale ........................................................................... p. 4 Les collections du « musée bleu » ................................................................................... p. 10 Les collections du musée par section................................................................................ p. 16 I. Préhistoire.......................................................................................... p. 16 II. Protohistoire...................................................................................... p. 17 III. Haut-Empire..................................................................................... p. 18 IV. économie.......................................................................................... p. 19 V. Mosaïques......................................................................................... p. 20 VI. Rites funéraires................................................................................ p. 21 VII. Antiquité tardive............................................................................. p. 22 VIII. Maquettes...................................................................................... p. 23 Hortus, un jardin d’inspiration Romaine........................................................................... p. 24 Les services du musée ...................................................................................................... p. 27 Le département des collections............................................................................ p. 28 Service conservation ............................................................................ p. 29 Service restauration.............................................................................. p. 38 Service archéologie .............................................................................. p. 41 Centre de documentation .................................................................... p. 44 Le département des publics ................................................................................. p. 46 L’opération Arles-Rhône 3 et l’aile fluvio-maritime........................................................... p. 50 Une aventure archéologique et muséographique hors-norme ............p. 51 Un écrin pour le chaland Arles-Rhône 3 et quelques 480 objets..........p. 56 Sous le signe de Neptune, les collections de l’extension ......................p. 60 Le chaland Arles-Rhône 3 : un trésor national .....................................p. 68 Un puzzle de 31 mètres de long............................................................ p. 74 Une épave inscrite dans l’histoire de l’archéologie sous-marine .........p. 80 Des objets par milliers : le dépotoir portuaire recouvrant l’épave........p. 84 Rendre visible l’invisible ....................................................................... p. 90 Les partenaires...................................................................................... p. 93 Organigramme .............................................................................................................. p. 98 Espace presse .............................................................................................................. p. 99 La politique culturelle du CG 13........................................................................................ p. 100 Informations pratiques...................................................................................................... p. 102 Le Rhône livre ses trésors En Arles, après les formidables découvertes de pièces et sculptures antiques prestigieuses dans les eaux du Rhône, dont l’unique et désormais fameux buste de Jules César, le travail des archéologues-plongeurs et des scaphandriers a permis d’extraire du fleuve une autre merveille, un chaland de plus de 30 mètres de long qui, par son état de conservation, la présence de sa cargaison et du mobilier de bord des bateliers ainsi que ses appareils de navigation, s’est révélé être une pièce archéologique majeure justifiant son classement comme « Trésor national » par le ministère de la Culture. C’est grâce au travail méthodique de repérage des archéologues qui, depuis de nombreuses années, collectent des données scientifiques sur les gisements de vestiges enfouis dans les limons du Rhône, et grâce au talent et au courage exceptionnels des équipes d’archéologues plongeurs, que le fleuve a livré ce nouvel élément significatif du prestigieux passé romain du territoire arlésien. Il aura fallu une véritable prouesse technique, scientifique et humaine pour procéder à son relevage. Il aura fallu aussi beaucoup de conviction, de passion et d’engagement - et notamment celui de la Compagnie Nationale du Rhône que je remercie encore pour son mécénat - pour réunir les conditions de son extraction. Pour la présentation publique de ce bateau et de tous ses éléments, le Conseil général n’a pas hésité à réaliser l’extension de son Musée Départemental Arles Antique, entendant ainsi apporter sa pierre à la sauvegarde et à la mise en valeur d’un patrimoine universel riche de deux millénaires, qui constitue un atout culturel décisif pour le développement et le rayonnement touristique des Bouches-du-Rhône. En cet automne 2013 cette présentation au public va constituer, j’en suis persuadé, un des temps forts de l’année Capitale européenne de la Culture. Elle contribuera à la réussite de cette manifestation pour laquelle le Conseil général des Bouches-du-Rhône s’est investi avec enthousiasme et détermination, guidé par sa volonté de mettre à la portée et à la connaissance de tous une culture de qualité. Jean-Noël Guérini Président du Conseil Général Sénateur des Bouches-du-Rhône Un musée dédié à la recherche et à la diffusion archéologique Patiemment accumulées au fil du temps les collections archéologiques font partie de l’identité arlésienne depuis le XVIe siècle. En 1983, l’architecte Henri Ciriani était retenu pour le projet d’un nouveau musée rassemblant l’intégralité des collections jusqu’alors dispersées dans trois lieux peu adaptés. Son bâtiment triangulaire, aux lignes épurées, introduit avec bonheur la poétique de la couleur : bleu pour la façade car le ciel reste la seule chose intangible depuis l’Antiquité ; blanc, couleur de l’esprit, pour les salles de recherches ; rouge, couleur de l’action, pour les laboratoires de recherche. Le visiteur peut y saisir, grâce à des objets magnifiques ou modestes, l’évolution de la ville et de ses environs. Une scénographie soignée, un classement qui mêle chronologie et thématique, des maquettes et des plans, s’efforcent de rendre accessibles à tous les anciens témoignages de la cité, depuis la Préhistoire jusqu’à l’Antiquité tardive. Musée municipal à l’origine, la tutelle du Conseil général 13, intervenue en 2003, donne un nouveau souffle à l’établissement : équipé d’un auditorium, puis plus tard du jardin d’inspiration romaine Hortus, le musée conduit une ambitieuse politique de grande exposition, de recherches de pointe et de pédagogie pour tous les publics, lui donnant rapidement une renommée nationale puis internationale. En 2012, une nouvelle étape est franchie avec la présentation des principales découvertes faites depuis vingt ans dans le Rhône par les archéologues plongeurs : le somptueux portrait attribué à César, les statues de marbre ou les bronzes dorés, en sont devenues les pièces les plus marquantes. Mais le musée ne cessant de rayonner et ses collections de s’accroître, c’est une nouvelle aile qui lui est adjointe en 2013, afin de rendre perceptible la puissance du port dans l’Antiquité et la vitalité des échanges entre le delta du Rhône et les rives de la Méditerranée. Arles-Rhône 3, un chaland complet datant des années 50/60 de notre ère, en devient la pièce emblématique. Claude Sintès Directeur du musée départemental Arles antique Arles, une passion d’Antiques L ’Antiquité, partout présente dans la cité, a très tôt incité des amateurs à rassembler des témoignages du riche passé de la « petite Rome des Gaules ». qu’un décret impérial du 9 janvier 1805 autorise la ville à utiliser une église désaffectée située contre l’Hôtel de ville, Sainte-Anne, afin d’en faire un musée. Il en sera le premier conservateur bénévole. Les consuls de la ville ont, dès 1614, acheté une statue de Jupiter dont seule la partie inférieure est encore conservée au musée, victime des aléas de la Révolution. Les archevêques de la ville, des ordres religieux ou encore nombre d’érudits ont réuni leurs collections de témoignages de la grandeur passée de la cité. Certaines de ces collections étaient accessibles. Les religieuses de la Miséricorde, installées dès 1666 sur les ruines du théâtre avaient été tenues de « donner l’entrée et de laisser le passage libre aux personnes qui voudraient aller voir les deux colonnes, sans les pouvoir jamais abattre, ni démolir, ni moins bâtir contre icelles… ». Il faut cependant attendre 1826 pour que le musée ouvre au public avec des collections mises en place par le nouveau conservateur, François Huard. L’église paraît alors bien grande pour les quelques objets qui ont résisté à la tourmente. L’Antiquité est au cœur des intérêts de la ville puisqu’à cette époque a été initié le dégagement des arènes des deux cent douze maisons qui les occupaient. En 1788, des découvertes faites en ces lieux (les danseuses, un silène, les autels et une draperie), furent exposées en une sorte de jardin public d’antiques. L’acte de naissance du musée d’Arles est daté du 7 décembre 1784, quand une convention est signée entre les consuls de la ville et les Minimes installés aux Alyscamps. Les autorités de la cité y approuvaient la création d’un musée public d’antiquités, « ouvert librement à ceux qui le souhaitaient ». Le responsable du projet était le père Étienne Dumont, arrivé de Rome l’année précédente où il avait été subjugué par les antiquités de la ville. Aux collections réunies en ce lieu par cet ordre venait s’ajouter une partie de celles patiemment amassées par les consuls depuis plus d’un siècle. Quelques témoignages gravés ou dessinés rendent compte de la présentation adoptée dans la nef à ciel ouvert de Saint-Honorat. De nombreux sarcophages y furent présentés, malheureusement les plus beaux furent sciés afin de ne présenter sur les murs que la face historiée. Cette première initiative a malheureusement connu les affres de la Révolution. Les Minimes désertèrent les Alyscamps, les œuvres rassemblées connurent quelques avanies, certaines furent cassées et d’autres disparurent. Mais le pire danger était alors la dispersion des collections vers d’autres cieux, Marseille ou Paris. Un Arlésien s’est battu pour empêcher ce désastre, Pierre Véran. Il obtient 2 - Dossier de presse MDAA Le musée reçoit, petit à petit les objets qui sont trouvés lors des travaux effectués un peu partout dans la cité et qui parfois ravagent des sites extraordinaires comme les Alyscamps lors de la création des ateliers du PLM entre 1845 en 1856 ou Trinquetaille avec la gare maritime en 1874 et la gare de Camargue en 1891. Ce dernier site a livré, outre des stèles, le superbe sarcophage de Phèdre et Hippolyte. Les premières fouilles archéologiques furent entreprises avant la fin du XIXe siècle, ainsi, en 1899, un artiste et chercheur, Gaston de Luppé fit des sondages à Trinquetaille et donna au musée le matériel mis au jour. Son exemple fut suivi, mais il fallut attendre l’arrivée de Fernand Benoît, conservateur des musées de 1933 à 1944, savant et archéologue, pour que l’archéologie arlésienne devienne une réalité. C’est lui qui, notamment, dirigea le dégagement des cryptoportiques pendant la seconde guerre mondiale. A cette époque, Sainte-Anne était devenue trop petite et Fernand Benoît ne put désengorger le monument en 1936 qu’en présentant la préhistoire et surtout l’extraordinaire collection de sarcophages chrétiens dans l’église désaffectée du collège des Jésuites. Le partage n’était pas très pertinent, mais il permettait de surseoir le rangement d’œuvres en réserve. Face à cette situation, Jacques Latour transforma Sainte-Anne en musée lapidaire en 1954. L’exposition retrouvait du sens, mais perdait l’essentiel des petits objets liés à la vie quotidienne, céramiques, bronzes, objets en os, verres… Seule la création d’un nouveau musée pouvait alors palier cette incohérence. Jean-Maurice Rouquette hérita de cette situation et n’eut de cesse de faire construire un lieu digne d’une si riche antiquité. Appuyé par le directeur des musées de France Pierre Quoniam, lui-même archéologue, il présenta le programme scientifique d’un musée lors d’un colloque de l’UNESCO à Mexico en 1968. Le projet prévoyait la construction d’un bâtiment moderne en dehors de l’enceinte de la ville de façon à disposer de la place nécessaire pour présenter les collections les plus importantes. Très rapidement, la proximité du cirque romain apparut comme la meilleure solution. Reliant le quartier de Barriol à la cité, le site bordait le Rhône qui avait fait la fortune de la ville dans l’Antiquité. Il fallut attendre les projets du Président François Mitterand pour que le programme prenne forme. La ville avait alors bénéficié de l’aide de l’État, de l’Europe, au titre du FEDER, du Conseil régional et du Conseil général. En 1988 fut posée la première pierre du bâtiment dessiné par Henri Ciriani qui avait remporté le concours d’architecture en 1983. Le musée, qui prend la forme d’un triangle, fut inauguré en mars 1995. Chacune des ailes du musée correspondait, dans l’esprit de l’architecte, à une fonction, culturelle, technique et muséale. C’est à ce musée que le Conseil général a décidé d’adjoindre en 2010 une extension destinée à recevoir l’épave exceptionnelle d’un chaland romain daté des années 50/60 et mesurant 31 mètres de long. Dossier de presse MDAA - 3 La naissance du musée Une cité muséale Un projet d’architecture répond toujours à un besoin, celui du musée départemental Arles antique s’inscrit dans cette histoire patrimoniale, celle du goût des Antiques et des importantes découvertes archéologiques. Ainsi dans les années soixante, le manque de place, les mauvaises conditions de conservation, l’absence de mise en valeur des objets et de confort pour les visiteurs engagent une réflexion globale sur le devenir de ce patrimoine. Apparaît progressivement la nécessité d’un nouvel espace plus vaste, unique, qui rassemblerait toutes les collections, disposerait d’infrastructures pour assurer l’activité scientifique et pour développer l’accueil des publics. 4 - Dossier de presse MDAA Dossier de presse MDAA - 5 Un projet moderne 1. La déf inition du programme 2. Un parti pris architectural Le projet du musée départemental Arles antique est entrepris à l’initiative de Jean-Maurice Rouquette, conservateur des musées d’Arles de 1956 à 1995. Il formule une première estimation des surfaces et des besoins techniques à partir d’un programme scientifique. Un projet qui se distingue Le programme scientifique Il est prévu plusieurs secteurs consacrés aux différentes thématiques de la civilisation gallo-romaine : l’espace urbain, l’espace rural, l’organisation sociale, la vie économique, le culte impérial, la religion, et le domaine funéraire. Il inclut également la prise en compte des terroirs et des paysages antiques, des matériaux, des habitants et des modes de vie à travers une présentation historique. Le choix du site Le choix s’est porté sur un grand terrain peu construit, en périphérie, qui répond à la fois aux critères de stratégie urbaine de développement de la ville d’Arles et au désir de rendre le bâtiment visible. La présence du cirque romain, élément important de la composition de la ville antique, apporte un point d’ancrage majeur au futur musée départemental Arles antique. Des fouilles archéologiques sont entreprises autour des vestiges du cirque, révélant une nécropole antique. La pose de la première pierre a lieu le 8 décembre 1988, marquant le début de sept années de travaux. 6 - Dossier de presse MDAA C’est un projet « visuel » à l’architecture moderne qui a été choisi pour marquer l’entrée de la ville d’Arles. Le jury du concours a choisi, parmi dix équipes en concurrence, le projet d’Henri Ciriani : un bâtiment porteur à la fois d’une identité méditerranéenne et moderne, qui minimise la distance au passé et s’intègre dans une ville plutôt tournée vers l’histoire. Un bâtiment qui affiche un esprit contemporain. Une organisation tripartite Le choix d’un parti pris architectural fort se réalise dans la figure du triangle qui répond parfaitement aux trois missions d’un musée archéologique. Le bâtiment s’articule autour d’un centre, le patio, et définit ainsi trois secteurs : le secteur scientifique regroupe aujourd’hui les opérations de restauration, de conservation et d’archéologie ; le secteur culturel constitue, avec la bibliothèque, les bureaux et les salles d’ateliers, le lieu de diffusion et de transmission des vestiges du passé ; le secteur d’exposition permanente est un vaste espace de respiration au cœur de la composition, consacré à la présentation des collections permanentes. Conformément aux règles de la construction moderne, Henri Ciriani utilise une structure poteau/poutre pour concevoir le bâtiment. Il crée une trame régulière permettant d’offrir un espace ouvert, flexible et dénué de mur de refend (de mur plein porteur). Ensuite il travaille l’espace selon le principe du « plan-libre » : la structure se compose donc de plus de deux cents poteaux en béton reposant sur des pieux atteignant trente-cinq mètres de profondeur en raison de la nature instable du terrain marécageux en bordure du Rhône. L’architecture se plie également à la règle de l’ornement minimal. La plupart des parois, sols, murs et plafonds sont laissés bruts ou peints en blanc, ce qui engendre dans l’édifice une double impression de permanence et de monumentalité. De la même manière, la façade respecte le principe de sobriété décorative avec l’utilisation d’un verre boulonné de couleur uniforme. Le sol, également réalisé dans une matière brute uniforme et noble, est en pietra serena (pierre de Florence, gris clair). Le rôle de la lumière : L’architecture du musée est entièrement subordonnée au besoin de lumière naturelle. Intérieurs / extérieurs L’organisation de l’ensemble du musée a été conçue en étroite relation avec les espaces extérieurs afin d’assurer une continuité avec les éléments environnementaux. Le patio, caractéristique de l’architecture méditerranéenne, procure ombre et fraîcheur tel un microclimat à l’intérieur du musée. Le visiteur perçoit sa présence, ce qui accentue la sensation de fluidité des déplacements lors de la visite et invite à un parcours complémentaire sur le toit grâce à un escalier monumental. Le toit-terrasse constitue un « événement » qui achève la visite de manière spectaculaire. Ce dernier a été conçu et aménagé comme une quatrième façade pour l’édifice afin d’apprécier une vue panoramique sur la ville d’Arles et ses monuments. Trois points fondateurs La prise en compte du contexte : Le projet du musée, mis au concours en 1983-1984, avait pour ambition d’apporter une nouvelle pièce à l’histoire de la ville. Le choix d’un parti pris architectural fort : La forme du triangle répond à l’ovale parfait de l’amphithéâtre romain. De plus, cette forme a la capacité de s’adapter aux évolutions du programme, qui est passé de 6 000 m2 à 7 400 m2. Dossier de presse MDAA - 7 3. Une conception muséographique novatrice Les couleurs Le bleu rappelle la couleur du ciel d’Arles, élément immuable qui donne une impression de permanence. C’est la couleur de la façade du musée composée de plaques de verre. Le rouge représente le sang et la force vivante. Il correspond aux activités archéologiques et scientifiques et fait référence au rouge pompéien. Il signale également les espaces inaccessibles au public. Le vert renvoie aux traces du temps. C’est le vert du cuivre qui change de couleur et qui s’oxyde avec les saisons. Il est visible à l’entrée du musée par les carreaux de mosaïque qui habillent l’escalier de secours. Enfin, le blanc, fortement symbolique, figure la dimension intemporelle et immatérielle des choses. Il est associé aux choses de l’esprit et notamment à l’espace de la bibliothèque. 8 - Dossier de presse MDAA La « cité muséale » La visite du musée se conçoit ici comme celle d’une cité antique. On se promène dans les allées du musée comme dans les rues de la ville, on y trouve des points de vue privilégiés sur des sculptures. Le plan libre prend en compte les trois angles du triangle qui servent d’espaces « d’articulation » dans le parcours. L’accueil est aménagé dans le premier angle du musée. C’est le point initial et final de la visite. Le deuxième angle du musée constitue une transition entre le parcours chronologique jusque-là linéaire et le parcours thématique qui poursuit la visite. Il est conçu comme une « respiration » laissant entrevoir le paysage extérieur du bord du Rhône. Le troisième angle accueille les mosaïques mises en valeur grâce à une passerelle en surplomb. Cet effet de scénographie permet en même temps de créer un point d’appel visuel. 4. La visite des collections permanentes 5. La lumière, un élément structurant Le musée doit être perçu par le visiteur comme un espace accessible et agréable grâce à son ambiance lumineuse naturelle mais aussi comme un espace de libre échange avec les œuvres afin de rompre avec le sentiment d’un savoir pontifiant. La visite se veut une déambulation libre à travers 3 000 m2 sans aucune cloison, au cours de laquelle se révèlent les différents éléments de la collection. Le visiteur peut suivre les deux directions définies par les scientifiques et reprises dans le plan libre : un parcours chronologique court et un parcours thématique long. L’architecte s’est appuyé sur le programme scientifique des archéologues qui définit deux parcours. Le parcours chronologique débute à la période de la Préhistoire (2 500 av. J.-C.) et se termine à l’Antiquité tardive (VIe siècle). Il est plutôt directif et rectiligne, et ramène le visiteur à son point de départ, le hall d’entrée. Le parcours thématique évoque de son côté plusieurs aspects de la vie romaine dans des espaces de libre circulation. On y retrouve les thèmes de l’urbanisme et des monuments, de l’organisation sociale et économique, de la vie quotidienne, des dieux et du culte des morts. D’un point de vue moderne, il est important de préserver la lumière dans sa qualité naturelle. D’un point de vue muséographique, elle ne doit pas être directe, trop intense ni trop colorée. Pour répondre à ces contraintes, l’architecte a choisi une lumière diffuse et homogène renforçant l’idée d’une « cité muséale ». Ainsi sont créées à l’intérieur du musée les conditions d’éclairage extérieures. Les statues, autrefois disposées dans la ville antique, peuvent à nouveau être contemplées dans leurs conditions initiales d’exposition. D’autre part, les baies vitrées, de grandes dimensions, qui ouvrent sur la nature du côté du Rhône, accentuent l’idée d’une continuité avec l’extérieur. Un guide pour se déplacer Dans le même temps, la lumière constitue le moteur de la circulation. Ainsi, le parcours chronologique commence dans une atmosphère sombre pour s’orienter progressivement vers la lumière. L’espace est ensuite baigné d’une lumière douce et uniforme venant des sheds et des fenêtres hautes orientées vers le nord. Dossier de presse MDAA - 9 Les collections du “musée bleu” Le musée départemental Arles antique, reconnu pour la qualité de ses collections peut être également perçu comme un musée de site car il met en valeur uniquement des collections qui ont pour origine la vil e et son territoire proche. L’exposition est chronologique, mais l’essentiel des collections appartenant à la période romaine, les œuvres ont été disséminées en fonction de thématiques reflétant la richesse du patrimoine arlésien. L e visiteur est accueilli par la sculpture funéraire d’un lion daté du Ier siècle av. J.-C. qui provient de l’Arcoule, près des Baux-de-Provence. Il ouvre sur les sections de la Préhistoire et de la Protohistoire. Les témoignages préhistoriques concernent essentiellement la période néolithique, particulièrement importante dans notre région. Une vitrine et une maquette mettent en valeur les hypogées d’Arles, longues allées couvertes creusées dans la molasse, datées de 2 500 à 2 000 av. J.-C. Elles ont livré un matériel abondant et quelques pièces exceptionnelles comme un poignard en cuivre d’origine ibérique ou une perle en or. Si l’âge du bronze est peu représenté, la Protohistoire, qui débute vers 700 et s’achève vers 50 av. J.-C. est nettement plus riche au niveau régional. À Mouriès ont été produits des cippes et des éléments d’architecture décorés de chevaux et de cavaliers. Cette période est marquée par la naissance de la ville d’Arles au VIe siècle av. J.-C. Quelques objets et la maquette du quartier extra-muros dit du « Jardin 10 - Dossier de presse MDAA d’hiver » permettent de percevoir l’importance de la cité qui s’appelait alors Théliné (la Nourricière). La naissance de la ville romaine est magnifiée par le portrait attribué à Jules César, l’homme qui a souhaité faire d’Arelate une colonie. Les sections suivantes présentent différents monuments qui caractérisent la ville romaine : forum, théâtre, amphithéâtre, cirque, enceinte et arcs de triomphe. Le théâtre a révélé de nombreuses sculptures depuis le XVIIIe siècle, comme la statue colossale d’Auguste en semi nudité héroïque qui décorait la niche centrale du mur de scène, des danseuses de style hellénistique, un buste d’Aphrodite, copie romaine d’un original grec classique et des silènes. Quatre autels rappellent que le lieu de spectacle était dévolu à Apollon. La section de l’amphithéâtre comprend essentiellement un cippe élevé par un marchand de gladiateurs et surtout la statuette d’un secutor, armé de son glaive tenant son bouclier et dont le casque s’ouvre pour dévoiler le visage du combattant. La romanisation est introduite par un monument insigne, le bouclier votif d’Auguste découvert après la seconde guerre mondiale dans les cryptoportiques. Le clipeus virtutis érigé sur le forum arlésien en 26 av. J.-C. est une copie du bouclier en or qui avait été déposé dans la curie romaine, hommage solennel du Sénat à l’empereur. Les portraits de Gaius et de Tibère, provenant eux-aussi des cryptoportiques sont certainement des productions importées de Rome. Un fragment de chapiteau de pilastre en marbre jaune montre un dauphin dont l’œil prend la forme d’une comète. C’est une allusion à l’astre mentionné par Suétone qui apparut dans le ciel à la mort de César. La société et les notables sont évoqués par des inscriptions relatant la carrière des honneurs de quelques citoyens. Une vitrine permet de découvrir le monnayage frappé à Arles à partir de 313 quand Constantin décida le transfert de l’atelier d’Ostie. Des émissions en or, en argent et en bronze ont été réalisées jusqu’à la fin de l’Empire en 476. L’armée est représentée par des reliefs et des inscriptions de vétérans. Certains de ces soldats ont servi parmi les prétoriens, corps habituellement réservé aux Italiens. Dossier de presse MDAA - 11 Le pont de bateau connu par des auteurs classiques et une mosaïque d’Ostie, n’a pu être évoqué que par une maquette. Celle-ci est accompagnée de bornes miliaires qui jalonnaient les voies terrestres. La vie économique est marquée par le fleuve qui a fait la richesse de la ville, mais également par des témoins indirects de l’activité, des tuyaux d’adduction d’eau potable, une meule de la meunerie de Barbegal, un sarcophage montrant des Amours ramassant des olives, le couvercle d’un autre sarcophage avec un berger gardant son troupeau ou encore une cuve arborant une scène de chasse et des tambours de colonnes couverts de vigne présentant un Amour vendangeur. Arles était un port de passage pour les marchandises venant de Méditerranée et devant aller vers le nord de la Gaule et la Germanie. De nombreux objets témoignent de l’importance de la cité durant tout l’Empire. Le cadre de vie regroupe une abondance d’objets du quotidien, les céramiques, verres et vaisselle de métal que l’on trouvait sur les tables ainsi que les terres cuites contribuant à la conservation des aliments et à leur cuisson. Les lampes à huile servant à l’éclairage dont une très rare lampe à vingt becs ou des lampes avec un décor figuré : divinités, animaux, scènes érotiques… Une partie du musée expose les mosaïques qui décoraient les plus belles villas, notamment à Trinquetaille. Celle de l’Annus-Aiôn datée de la fin du IIe siècle provient d’une salle à manger. Le dieu du temps, inscrit dans la partie centrale est entouré d’Amours qui symbolisent les saisons et de quatre couples marins. Un riche bandeau placé à l’entrée de la pièce représente l’ivresse de Dionysos. L’enlèvement d’Europe ou Orphée charmant les animaux occupent le centre d’autres pavements ayant orné des villas romaines. Le panthéon romain est surtout présenté à travers des petits bronzes provenant de lieux de culte privés alors que les cultes orientaux, Isis et Harpocrate, Cybèle, Mithra sont bien représentés. Une statue en marbre montre un Aiôn autour duquel s’enroule un serpent figurant la course du soleil dans le ciel. Des signes du zodiaque sont inscrits entre chacun des anneaux formés par le corps du reptile. Bijoux, jeux et jouets, écriture, clés et serrures, instruments de médecine qui participent de la vie quotidienne des habitants, sont illustrés par de nombreux objets plus ou moins riches ou habiles, reflets de la société qui formait la ville portuaire. 12 - Dossier de presse MDAA Dossier de presse MDAA - 13 Le monde funéraire est surtout fameux par les sarcophages provenant des nécropoles de la cité. Les rites de la crémation ont cependant prévalu jusqu’au IIe siècle, des urnes en verre, céramique, plomb et pierre témoignent des pratiques, ainsi que des petits objets, essentiellement des balsamaires contenant à l’origine des parfums. Un couple de rang sénatorial, inscrit dans une coquille au centre de la façade du monument, y avait été inhumé. Une autre cuve évoque la remise de la loi à saint Pierre par le Christ docteur alors que deux autres montrent le passage de la mer Rouge par les Hébreux et l’armée de Pharaon engloutie par les flots. Les sarcophages païens sont peu nombreux et de provenances diverses. Un exemple du milieu du IIIe siècle provenant d’Attique porte sur sa cuve l’histoire de Phèdre et Hippolyte sur deux faces et des scènes de chasse sur les deux autres. Le défunt est sculpté sur le couvercle en forme de lit. La visite se termine par l’Antiquité tardive, époque durant laquelle la ville a connu une période de prospérité, notamment sous Constantin, avant de devenir le chef-lieu administratif et politique de la fin de la Gaule romaine, et même l’ultime bastion de la romanité quand la ville est prise par les Wisigoths. Un chapiteau byzantin en marbre qui proviendrait de la basilique Saint-Étienne clôt la visite du musée. Les sarcophages chrétiens du IVe siècle sont une des richesses de notre institution. Le tombeau des époux, découvert en 1974 à Trinquetaille en compagnie de ceux de Marcia Romania Celsa et de la chasse, est exceptionnel par sa taille et ses trois niveaux de représentations de scènes de la Bible. 14 - Dossier de presse MDAA Dossier de presse MDAA - 15 Les collections du musée par section 1.Préhistoire Contexte historiq ue Durant la Préhistoire, l’homme vit d’abord de chasse, de pêche et de cueillette avant de s’installer dans des campements saisonniers. Avec la sédentarisation des peuples, au Néolithique , l’agriculture et l’élevage font leur apparition et les premières céramiques sont élaborées. Vers -2 000, débute l’Âge du cuivre, ou Chalcolithique , période historique durant laquelle les techniques de la taille de la pierre sont affinées et la production de céramiques encore perfectionnée avec la mise au point de la céramique campaniforme. 16 - Dossier de presse MDAA Dans le musée A la fin du Néolithique, la pratique des inhumations collectives se généralise mais alors que l’habitat reste constitué de matériaux légers et périssables, certaines tombes construites en dur atteignent des proportions monumentales. Ainsi, les célèbres monuments de Fontvieille, connus sous le nom « d’hypogées d’Arles » comptent-ils parmi les plus grandes tombes mégalithiques d’Europe. Au nombre de quatre, ces hypogées creusés dans le rocher et signalés en surface par des tumulus de terre de forme circulaire, sont constitués de longues chambres funéraires, recouvertes de sept à huit dalles selon la taille. Fouillées, ces tombes ont livré un mobilier varié témoignant d’une utilisation au Néolithique comme au Chalcolithique : des haches en pierre polie, des éléments de parure mais aussi deux vases campaniformes à décor au peigne, une perle et une plaquette en or perforée, un poignard en cuivre... II.Protohistoire Contexte historiq ue Vers 600 av. J.-C., l’arrivée en Provence de navigateurs grecs venus de Phocée en Asie Mineure marque un tournant majeur pour les populations indigènes. La fondation par les Phocéens de la cité de Massalia, Marseille, entraîne des conflits territoriaux entre les nouveaux occupants et les populations anciennement installées. Elle favorise néanmoins la prospérité, grâce au développement des échanges économiques. Pour la première fois, les communautés indigènes se regroupent au sein d’habitats organisés, dans de véritables villes qui adoptent les plans réguliers (ou orthonormés ) caractéristiques des cités grecques. Le mode de vie des celto-ligures est ainsi bouleversé. Dans le musée Les textes anciens rapportent deux noms successifs pour la cité préromaine : Theliné et Arelate. Theliné serait un terme d’origine grecque signifiant « La Nourricière » et Arelate, d’origine celtique, « l’habitat près des marais ». Ces deux appellations montrent que la cité fut en contact avec des cultures différentes. La céramique d’origine grecque (céramique à figures noires par exemple) retrouvée à Arles confirme les relations existantes, notamment avec les commerçants grecs de Massalia. Quelques indices archéologiques, comme un certain type de vaisselle, révèlent l’accentuation de la culture indigène dans la vie quotidienne. Dossier de presse MDAA - 17 III.Haut-Empire Contexte historiq ue En 46 av J.C, Jules César fonde une colonie sous le nom de Colonia Iulia Paterna Arelate Sextanorum. Des Romains, les vétérans de la VIe légion, conduits par le général Tibérius Claudius Néro, viennent habiter l’ancienne Arelate. Sous les Flaviens , la ville connaît une période de prospérité qui se traduit par une nouvelle étape de développement urbanistique. Trinquetaille, un grand quartier périphérique situé sur la rive droite du Rhône, se transforme quant à lui en une vaste zone résidentielle, artisanale et commerciale. Au IIIe siècle, les constructions publiques se raréfient mais l’habitat privé s’étend jusque vers les années 260-275, moment où les quartiers périphériques des deux rives du Rhône sont sérieusement sinistrés. Au IVe siècle, le rôle commercial, politique et religieux d’Arles se renforce avec le transfert d’administrations impériales d’abord, puis de la préfecture des Gaules. Assaillie par les Wisigoths, Arles tombe en 476... Dans le musée La colonie romaine d’Arles, fondée en 46 av. J.-C., se dote sous Auguste d’un plan d’urbanisme, caractérisé par un système de quadrillage dans lequel s’inscrivent les monuments publics. Les rues sont organisées autour de deux axes principaux, le cardo (nord-sud) et le decumanus (est-ouest). Le forum, centre politique et religieux, le théâtre ainsi qu’une enceinte donnent ainsi à la ville l’aspect d’une cité romaine. A la fin du Ier siècle, l’enceinte est en partie démolie afin de permettre la construction de l’amphithéâtre. Vers 150, le cirque romain est érigé le long du Rhône, à l’extérieur des murailles. En raison probablement des incursions barbares, Arles est en partie détruite à la fin du IIIe siècle. Aux siècles suivants la politique édilitaire reprend mais c’est sur le plan religieux que l’aspect urbain change le plus. Au début du Ve siècle la cathédrale est déplacée de la périphérie vers le centre et au début du VIe siècle, saint Césaire fonde un monastère de femmes dans la partie haute de la ville. 18 - Dossier de presse MDAA IV.Economie Contexte historiq ue « L’empereur ouvrit des routes et relia les diverses nations par un tel commerce que les produits d’un lieu quelconque semblaient appartenir à tous les pays » Pline le Jeune. Panégyrique de Trajan Dès la Protohistoire, Arles entretient des relations commerciales avec la cité grecque de Massalia (Marseille) mais aussi avec d’autres ports du bassin méditerranéen. Privilégiée par sa situation géographique en bordure du Rhône et au carrefour de trois voies terrestres (via Domitia, via Agrippa et via Aurelia), Arles développe davantage ses réseaux commerciaux pendant la période romaine. Véritable plaque tournante, Arles permet de distribuer les productions agricoles ou manufacturées issues des terres les plus lointaines de l’empire. Dans l’Antiquité tardive, Arles est l’un des ports les plus actifs de la Méditerranée Dans le musée Simple emballage destiné au transport et à la commercialisation des denrées alimentaires, les amphores jouent un rôle important dans l’histoire de l’économie antique. De formes variées, elles sont utilisées pour transporter des liquides (vin, huile, garum, miel, ...) mais aussi des olives ou des fruits. Si l’amphore est destinée à recevoir un liquide, celle-ci est préparée par un revêtement interne de résine ou de poix garantissant son étanchéité. Une fois remplie, elle est fermée par un bouchon de liège ou de céramique, surmonté d’un opercule de chaux. Des inscriptions sont parfois lisibles sur les parois. Peintes ou estampillées, elles mentionnent le plus souvent le produit, sa qualité, son poids, le nom du commerçant et le lieu de production. Malheureusement pour les archéologues, elles mentionnent très rarement leur destination. Une fois vidées, elles sont considérées comme un emballage jetable mais elles sont souvent réemployées : récipient de stockage, réservoir d’eau douce, sépultures, ... Dossier de presse MDAA - 19 VI. Rites funéraires Contexte historiq ue Dans le musée Dans l’Antiquité, les pratiques funéraires des Romains évoluent : au Ier siècle, la crémation est la plus pratiquée tandis qu’au début du IIe siècle, l’inhumation commence à s’imposer pour devenir peu à peu exclusive. Quel que soit le rite employé, l’aspect de la tombe varie selon le statut social du défunt : Les cendres des plus pauvres sont recueillies dans des urnes sommaires, et plus tard les corps sont abrités dans des sépultures modestes : des amphores, des abris de tuiles, des coffres en bois ou encore simplement des fosses en pleine terre. Dans l’Antiquité, les tombes sont souvent signalées par une stèle. Celle-ci invoque les dieux familiaux (les dieux mânes) et nous renseigne sur l’identité du défunt en mentionnant son nom, ses titres lorsqu’il s’agit d’un personnage important, ainsi que le nom de ceux qui ont élevé la tombe. Les plus riches, quant à eux, font déposer leurs cendres dans des urnes précieuses. Par la suite, ils sont inhumés dans des sarcophages souvent sculptés et placés parfois dans des mausolées. V.Mosaïques Contexte historiq ue La mosaïque est tout d’abord une technique permettant de revêtir une surface plane ou courbe (sol, parois, voûtes, colonne) qui met en œuvre des éléments distincts de dimensions variables pris dans un mortier qui les fixe entre eux à la surface à couvrir. Constitués à l’origine de galets dans la Grèce antique du IVe siècle av. J.-C., ces éléments prirent ensuite la forme de petits cubes (les tesselles), de pierre, de terre cuite, ou de pâte de verre. dans les pavements que l’on désigne habituellement du terme d’opus tessellatum. Dans le musée En calcaire ou en marbre, ces « monuments », du verbe latin monere, « se souvenir », jalonnent les grandes voies de communication au sortir des villes, invitant le passant à s’arrêter un instant, à commémorer le défunt et à méditer sur le sort qui l’attend. Le décor, s’il existe, s’adresse tout autant aux vivants. La face est souvent ornée de représentations du défunt et de sa famille, des instruments de travail évoquent le métier exercé, et parfois des signes sculptés ou gravés complètent le décor comme l’ascia, herminette ou petite pioche, symbole de consécration de la tombe. L’opus sectile : pavement confectionné à l’aide de plaques de marbre et d’autres pierres dures taillées selon diverses formes géométriques telles que carrés, rectangles, losanges, hexagones, cercles, etc. A la richesse des formes s’ajoute la polychromie des pierres. Exemple : l’opus sectile, site de la Verrerie. D’autres techniques ne sont pas présentes à ce jour dans les collections du musée L’opus vermiculatum qui est un opus tessellatum aux tesselles de très petites dimensions (inférieures à 5 mm) et de formes variées épousant les contours du dessin, qualifié parfois de véritable peinture de pierre. Et l’opus signinum qui est un sol de mortier, à l’origine de terre rouge ; par extension, sol de mortier de tuileau broyé, normalement de couleur rouge, constituant une surface lisse. Ce sol peut recevoir des incrustations de tesselles ou de crustae (plaquettes de pierre de forme régulière). Les collections du musée offrent un aperçu de deux techniques de mosaïque : L’opus tessellatum : des tesselles - éléments taillés selon une forme approximativement cubique, inférieurs à deux cm de côtés - sont assemblées au moyen de mortier sur les surfaces à couvrir selon des motifs géométriques et figurés. Cette technique va connaître une grande diffusion à l’époque hellénistique puis dans tout l’empire romain. Exemple : mosaïque de l’Aiôn. 20 - Dossier de presse MDAA Dossier de presse MDAA - 21 VII. Antiquité tardive VIII.Maquettes Contexte historiq ue Dans le musée L’Antiquité tardive, période comprise entre le IVe et le VIe siècle, est pour Arles un moment privilégié. Tandis que les autres villes de la région connaissent des difficultés croissantes dès la fin du IIe siècle et pendant le IIIe siècle, Arles semble avoir supporté la crise économique malgré une destruction sérieuse de ses quartiers périphériques vers 260-275. La renaissance se manifeste dès le début du IVe siècle avec le règne de Constantin, comme en témoigne un nouveau programme monumental urbain, l’installation en juillet 313 de l’atelier monétaire qui frappera jusqu’en 476 et la réunion du 1er Concile d’Occident en 314 sous la présidence de l’évêque d’Arles. La ville occupe une position clef sur les lignes de communication entre Rome et une Gaule progressivement aux mains des Barbares. Cela explique le transfert, à la fin du IVe siècle ou au tout début du Ve siècle, de la Préfecture du Prétoire des Gaules repliée de Trèves et l’installation de l’Assemblée des VII Provinces, qui fait véritablement d’Arles le chef-lieu administratif et politique de ce qui reste de la Gaule romaine. Invité à emprunter une allée évoquant le célèbre site des Alyscamps, le visiteur du musée découvre quelques uns des monuments funéraires livrés par le sol des nécropoles, arlésiennes. Les sarcophages de marbre, païens ou chrétiens, se distinguent tant par leur richesse iconographique que par leur qualité d’exécution. Ces pièces, destinées aux plus riches, étaient souvent importées, d’Italie ou même de Grèce. Les tombeaux étaient parfois transportés inachevés et alors finis sur le lieu de destination afin de donner les traits des défunts aux personnages figurés sur le couvercle. Au IVe siècle, le décor de certaines cuves s’enrichit de thèmes chrétiens qui viennent élargir le répertoire iconographique et témoigner ainsi du profond changement intervenant dans le monde romain. Les sujets bibliques, scènes de l’Ancien Testament, épisodes de la vie du Christ notamment, constituent désormais une source d’inspiration nouvelle. 22 - Dossier de presse MDAA Les collections du Musée départemental Arles antique sont organisées autour de quatorze maquettes, qui facilitent la mise en contexte du mobilier archéologique découvert dans certains grands sites. Elles présentent : - Arles au IVe siècle, - Des monuments disparus (forum, cirque, pont de bateaux, nécropole du cirque) - Des monuments dont l’état de conservation rend difficile l’interprétation (meunerie de Barbegal, théâtre) - Des monuments en partie démontés (amphithéâtre, thermes) - Des monuments non accessibles (hypogée de la montagne des Cordes, habitat préromain du jardin d’hiver) - La reconstitution du chaland Arles-Rhône 3 en situation de navigation. Si des détails demeurent obscurs, une grande rigueur scientifique a permis aux maquettistes d’intégrer au réalisme de leurs maquettes les découvertes archéologiques récentes. Dossier de presse MDAA - 23 Hortus Le jardin public du musée ! Inauguré en 2010 et côtoyant les vestiges antiques du cirque romain et le musée, le jardin public Hortus se veut autant un espace de jeux et de fêtes qu’un lieu de découvertes du monde romain. Formé d’espaces thématiques, il est un trait d’union entre le centre ancien d’Arles et le musée, qu’il prolonge de façon originale. Un jardin d’inspiration romaine en forme de cirque Cette « fiction végétale » de plus de 6000 m² est une invitation à découvrir la civilisation romaine selon un point de vue et des aménagements contemporains. Hortus est en effet inspiré d’un texte de Pline le Jeune écrit il y a 2 000 ans qui détaille un jardin reprenant la forme d’un hippodrome (monument dédié aux courses de chars également appelé « cirque »). Situé justement à proximité des vestiges du cirque romain, Hortus est à la fois une allusion au texte et une manière de rappeler la présence de ce vaste édifice disparu depuis la fin de l’Antiquité. EQUAL ID2 porté par la CCIT Pays d’Arles, et a été réalisé dans le cadre d’un chantier d’insertion*. Il a impliqué, aux côtés du musée, l’établissement public local d’enseignement agricole des Alpilles de Saint-Rémy-de-Provence et deux entreprises privées (Arkheïa et l’Esprit des jardins). Plus de 30 ouvriers ont ainsi été formés aux travaux paysagers et ont ainsi contribué activement à la création de cet espace public original. Il est aujourd’hui géré par le Conseil général des Bouches-du-Rhône. Un vaste chantier d’insertion Le jardin Hortus a été imaginé en 2007 sur la presqu’ile du cirque romain à l’occasion d’un vaste projet européen *Ce projet a été soutenu par le Fonds social européen, l’Etat, la région Paca, le département des Bouches-du-Rhône et la fondation Solidarité Société Générale. 24 - Dossier de presse MDAA Plan du jardin Hortus* est organisé à la façon d’un cirque et de ses principaux ensembles : gradins (jardins thématiques), piste (pelouse de promenade), spina **. Le parcours de visite alterne des lieux de découvertes thématiques, des zones de détente et de repos et des espaces de jeux basés sur des modèles antiques. Le visiteur est invité à jouer selon les règles romaines et à rivaliser de stratégie et d’habileté aux échecs, jeux de balles, marelle ou osselets... Des kits à jouer comportant les pièces et règles de jeux proposés sont disponibles gratuitement à l’accueil du musée (contre dépôt d’une pièce d’identité). *Hortus : Mot latin désignant le jardin. **Spina : Littéralement l’ « épine dorsale », désigne au centre de la piste de l’hippodrome, le mur très peu élevé, mais large de plusieurs mètres, qui était orné de bassins, de statues et d’obélisques. Quelques chiffres : 6 700 m2 dont 3 000 m2 de pelouse promenade, 50 espèces différentes de plantes, agrémentés de 18 0 mètres de bancs Dossier de presse MDAA - 25 Les services du musée La répartition des collections trouvées dans le Rhône Le Rhône a livré une incroyable quantité d’œuvres et objets d’un grand intérêt. Mais il ne s’agit pas d’un ensemble homogène, on trouve, en effet, des fragments d’architecture, des amphores, de la vaisselle fine, des éléments de bateau, des monnaies ou encore de la tabletterie (peignes et aiguilles en os). Une partie de ces pièces a rejoint la nouvelle aile du musée dans le parcours qui entoure le chaland Arles-Rhône 3, mais beaucoup d’autres, afin de garder tout son sens au parcours muséographique du musée doivent intégrer des sections comme la romanisation, l’armée ou les vitrines de la maison. Un petit couple de gladiateurs en plomb gagnerait la vitrine consacrée aux activités de l’amphithéâtre alors que la statue du captif et la Victoire en bronze accompagneraient la romanisation. Les glaives ayant conservé leurs fourreaux ainsi que le casque de type étrusco-italique découvert au seuil de Terrin en 1969, seraient les éléments principaux d’une vitrine qui devra être dévolue à l’armement tandis que des acquisitions récentes permettront de proposer une vitrine plus didactique dévolue au monnayage d’Arles des IVe et Ve siècles. En effet, toutes les œuvres n’ont pas un rapport direct avec le fleuve et ses activités, à commencer par l’exceptionnel buste identifié à César, créateur de la colonie d’Arelate, qu’il convient d’installer dans la partie consacrée à la création de la colonie romaine. L’exceptionnelle verge d’ancre (4, 84 m de haut) qui a peut-être servi à amarrer le pont de bateaux pourrait être présentée près de la maquette de ce pont, ouvrage remarquable de l’Antiquité. Parmi les céramiques et vases en métal, de nombreux exemples seront intégrés dans deux nouvelles vitrines (en lieu et place de celles dévolues au commerce dans l’actuelle présentation) consacrées à l’utilisation de ces récipients pour conserver et chauffer les aliments et leur destination sur la table romaine. D’autres pièces prestigieuses comme les bas-reliefs des Dioscures, la tiare de l’Artémis d’Ephèse ou la statuette d’Esculape trouvés dans le Rhône ou la statuette d’Hercule provenant des Saintes-Maries-de-la-Mer viendraient renforcer le secteur consacré à la religion et plus particulièrement les cultes traditionnels gréco-romains, moins bien représentés actuellement. Toute cette zone devrait d’ailleurs être révisée, des œuvres de grande qualité sortant des réserves et des témoignages de piété populaire venant s’ajouter aux œuvres déjà présentées. 26 - Dossier de presse MDAA Quasiment tout le musée sera touché par cet apport, une tablette à écrire et des stylets en bois compléteront ainsi la présentation d’un encrier et de stylets en os et en métal. De même, des peignes et des bijoux gagneront la vitrine dévolue à la parure. Dossier de presse MDAA - 27 Le département des collections Le service conservation le rôle de la conservation est d’inventorier, documenter, classer, conserver, étudier et présenter le patrimoine du musée. La conservation au cœur du musée La conservation des œuvres est au cœur des préoccupations de notre institution, c’est même la tâche fondamentale. Un objet qui a résisté au temps et qui entre au musée doit pouvoir être transmis aux générations futures dans le meilleur état possible. Les pièces les plus importantes sont présentées dans les salles d’exposition permanente où un contrôle de la température et de l’hygrométrie permet de présenter les œuvres dans d’excellentes conditions, nécessité due à nos collections qui comportent maintenant de nombreux objets en bois au premier rang desquels l’épave du chaland Arles-Rhône 3 longue de 31 mètres. Le département des collections du musée, dirigé par un conservateur en chef, regroupe quatre services complémentaires qui font la spécificité de notre institution : conservation, restauration, archéologie et documentation. c’est une chance de bénéficier des compétences de tant d’acteurs différents. Cela permet, notamment, de suivre le parcours de certains objets depuis leur découverte jusqu’à leur présentation au public en passant par leur étude, leur documentation, leur restauration et leur inscription dans les registres d’inventaires. 28 - Dossier de presse MDAA Cependant, il arrive que certains chantiers livrent un matériel particulièrement abondant. Il faut alors choisir quelles pièces peuvent rejoindre l’exposition permanente et décider de placer dans des réserves les autres. L’une de ces réserves a notamment été équipée d’une climatisation afin de suivre les normes en vigueur pour la conservation de la verrerie, du métal et des objets en matériaux organiques, os, ivoire, cuir et bois. Les objets qui y sont conservés sont accessibles aux scientifiques qui sont nombreux à venir étudier les collections arlésiennes. L’étude des collections La conservation organise l’étude des collections. Chaque objet, quelle que soit sa valeur ne peut intégrer les collections qu’après avoir été présenté devant la commission régionale d’acquisition. Il reçoit ensuite un numéro d’inventaire. Le musée peut également recevoir des dépôts, comme ceux effectués par le DRASSM suite aux nombreuses fouilles pratiquées dans le Rhône ou sur la côte. Les objets doivent être préalablement identifiés. Les différentes fouilles réalisées à Arles, à terre ou dans le Rhône, ont mis au jour des objets rares dont nous ne connaissions pas l’usage. Il a fallu établir des comparaisons avec des pièces similaires conservées dans d’autres collections, chercher des représentations montrant l’utilisation de ces objets ou faire appel à des spécialistes. Les rapports de fouille sont des éléments essentiels, l’étude de la stratigraphie permettant de proposer une datation des œuvres. Des analyses peuvent également être pratiquées par des laboratoires publics et privés. Ces études permettent de dater ou d’identifier les matières composant un objet. C’est une aide souvent indispensable dans la préparation des restaurations. La documentation de chaque objet est composée de dossiers d’œuvres qui conservent les documents originaux dans lesquels les objets sont mentionnés : rapports d’étude et de restauration, reproductions utilisées dans d’autres contextes, cartes postales, livres scolaires, études diverses… Mais le plus important est le logiciel adopté par le musée en 2002, destiné à l’inventaire des collections : TMS (The Museum System). Il permet de joindre aux fiches détaillées, des copies de tous les documents nécessaires à la compréhension de l’œuvre : photographies, rapports de fouilles, dossiers de restauration, notices de catalogues… La conservation a pour mission prioritaire le récolement des collections afin de répondre aux obligations de l’État. Chaque objet est vu et documenté par rapport à l’inventaire. Son état est également observé afin de l’inclure dans de futures campagnes de restauration. L’étude des collections a déjà abouti à trois publications : lampes à huile, sarcophages païens et verrerie. D’autres sont en préparation, le chaland Arles-Rhône 3, plusieurs volumes sur le matériel découvert dans le dépotoir qui recouvrait l’épave, les médaillons d’applique, la sculpture funéraire… Ces ouvrages sont destinés à faire connaître nos collections. Un catalogue général des œuvres présentées dans l’exposition permanente est à la disposition du public depuis 1996. Profitant des connaissances nouvelles, il a été révisé à chacune de ses rééditions en attendant une refonte plus importante pour intégrer l’extension et les œuvres qui y ont pris place. Dossier de presse MDAA - 29 L’exposition des œuvres La présentation des collections est un enjeu important car il ne s’agit pas seulement d’offrir des œuvres à la seule délectation des connaisseurs. Il faut fournir au plus grand nombre les données nécessaires à leur compréhension, au moyen d’une présentation qui les mette en valeur. Dès la conception du programme muséographique, l’exposition des œuvres a été pensée comme celle qui prévaut dans un musée de beaux-arts avec des espaces aérés et un circuit qui laisse le plaisir au public de déambuler parmi les thèmes retenus dans le projet muséographique. L’extension a été pensée de la même manière, comme une continuité du projet initial. Il a fallu faire des choix parmi les très nombreuses pièces conservées au musée. De nombreux objets, parmi les près de trois mille qui ont été inventoriés, sont demeurés en réserve afin de montrer des ensembles cohérents. La diffusion des connaissances La médiation est essentielle pour le musée car il s’agit de transmettre un contenu scientifique de qualité, accessible aux divers visiteurs. Il ne s’agit plus seulement de disposer des cartels sommaires et d’organiser des visites avec un conférencier. Des fiches de salles ou des explications supplémentaires sont proposées à certaines occasions. La 30- Dossier de presse MDAA conservation joue pleinement son rôle dans la transmission des données entre les différents services du musée. La conservation au centre d’un réseau La conservation entretient des liens étroits avec de nombreux organismes, musées et centres de recherche qui lui apportent une aide importante dans la réalisation de ses missions. Des partenariats ont été signés avec le musée du Louvre, le CNRS et l’INRAP. Des échanges fructueux ont été organisés avec le Louvre, des œuvres, mais également des expositions ont été reçues à Paris et à Arles. Le centre Camille Julian d’Aix-enProvence est une pépinière de chercheurs dont beaucoup viennent à Arles étudier les collections. Une aide sérieuse a été apportée dans l’étude architecturale du chaland Arles-Rhône 3. La convention qui nous lie à l’INRAP prévoit notamment que les services du musée puissent apporter leur aide lors des fouilles organisées sur le territoire de la commune. En contrepartie, des objets peuvent rejoindre l’exposition permanente du musée. Au fil des années, d’autres chercheurs, français et étrangers, ont été sollicités pour améliorer les connaissances des collections arlésiennes. Les résultats mis à la disposition du public résultent de l’ensemble de ces bonnes volontés. La restauration Les interventions d’urgences Ces restaurations concernent essentiellement les matériaux issus de fouilles archéologiques récentes, terrestres et subaquatiques, qui risquent de s’ altérer fortement et définitivement si aucune action n’ est entreprise rapidement. Tous les matériaux ne sont pas concernés, ceux qui présentent les risques les plus importants d’ altération sont le verre et le métal issus des fouilles terrestres. Les travaux subaquatiques permettent de remonter également du bois, un matériau omniprésent dans les civilisations de l’Antiquité mais qui est quasiment absent des musées archéologiques du fait de sa fragilité. Sorti de son contexte et s’ il n’est pas traité, le bois se déforme inexorablement. Une résine est appliquée qui, en prenant la place de l’eau, permet de sauvegarder l’apparence de l’ objet. Outre le chaland Arles-Rhône 3, des centaines d’ objets, représentatifs de l’activité du port ou de la vie quotidienne ont été traités avant d’être présentés au public. Dossier de presse MDAA - 31 Le fonds ancien du musée Des efforts très importants ont été accomplis pour restaurer les très nombreuses œuvres des collections découvertes anciennement. Le verre, le métal et une grande partie des céramiques ont été traités pour l’ouverture du musée en 1995 ou sont fortement avancés. Une étude, conduite sur plusieurs années, a permis de vérifier l’ état de tout le lapidaire du musée et une programmation des interventions a pu être planifiée. Cette sélection des œuvres ne nous empêche pas de bouleverser l’ ordre des programmes quand des découvertes exceptionnelles sont réalisées. Les équipes de restaurateurs profitent régulièrement de ces mises au point pour préparer leurs campagnes. L’attention porte maintenant sur le médaillier, riche de plusieurs milliers de monnaies. Les études et les expositions Nous devons tenir compte de demandes éventuelles en rapport avec les activités développées par le musée ou d’autres institutions. Des études scientifiques sur nos collections sont régulièrement menées par des chercheurs, il faut alors prévoir de rendre accessible des objets issus des chantiers de fouille. Les monnaies sortent généralement concrétionnées et sont donc illisibles. Pourtant, la numismatique peut être d’une grande aide dans la datation d’une strate archéologique ou pour connaître la circulation des marchandises dans l’Antiquité. Les catalogues des collections requièrent la restauration des œuvres. Les lampes à huile, les sarcophages païens et la verrerie ont déjà été publiés par des spécialistes, d’autres sujets sont actuellement étudiés comme la sculpture funéraire ou les médaillons d’applique. Certaines œuvres nécessitent de légères restaurations ou « refixages » afin de supporter le transport sans risques lors d’une demande de prêt par d’autres institutions pour des expositions temporaires. 32 - Dossier de presse MDAA Le but des restaurations La première mission de la restauration est la préservation des témoignages insignes légués par l’Antiquité. Cependant, si des interventions peuvent redonner à une pièce un aspect proche de celui qu’elle avait dans l’ Antiquité, la conservation préventive, en offrant les meilleures conditions de conservation, permet à une œuvre de gagner une stabilité nécessaire à sa présentation. Des interventions s’ avèrent également nécessaires pour permettre le dessin d’un verre ou d’une céramique, découvrir d’éventuels motifs sur une boucle en bronze, lire une monnaie ou rendre à une statue un peu de son lustre. Les sculptures découvertes dans le Rhône, par exemple, présentaient des séries de taches qui rendaient parfois leur présentation difficile. En liaison avec les conservateurs, les restaurateurs ont travaillé à réduire l’ importance des taches sur ces marbres et ces calcaires et a trouvé un équilibre permettant leur lecture par le public. Des découvertes sont également réalisées lors des restaurations. Le dégagement des yeux des chiens de mer qui ornent les anses d’une amphore en bronze du début du Ier siècle découverte dans le Rhône en 2005 ont montré qu’ ils étaient en argent. Une très patiente restauration a permis de faire ressortir d’une façon magistrale la dorure qui couvre la Victoire en bronze remontée du fond du fleuve en 2007. Les expositions Le musée bleu est fréquemment sollicité par d’ autres institutions culturelles pour prêter ses collections. Une majorité de ces emprunteurs est constituée de musées d’archéologie français, mais il est n’est pas rare que les objets arlésiens voyagent en Europe, voire même au-delà. Le musée emprunte également des collections à divers établissements pour mener à bien ses propres projets d’ expositions, fruits de l’activité de l’ensemble de ses équipes. On peut noter qu’un partenariat signé avec le musée du Louvre (département des antiquités grecques, étrusques et romaines) favorise les échanges de tous ordres et facilite notamment les perspectives de prêt. La gestion des prêts est constituée de multiples étapes permettant aux musées prêteurs et emprunteurs de se mettre d’ accord sur les modalités de leur collaboration. Ainsi, les premières prises de contact ont lieu généralement des mois avant l’ ouverture d’ une exposition, voire même plus de deux ans à l’avance pour certains projets d’ envergure. Outre des échanges de documents administratifs, cette première phase est l’ occasion d’ anticiper les conditions d’ exposition des œuvres, notamment du point de vue de leur conservation. Par la suite, l’ organisation des emballages et des transports intervient en lien direct avec des entreprises spécialisées dans le transport des œuvres d’art. Véritables discours en images, les expositions constituent des mises en scène des collections dont la création est confiée à des scénographes. La construction des dispositifs de présentation (cimaises, vitrines, textes de présentation, cartels, lumières…) occasionne un chantier complexe que le musée doit coordonner avec l’installation des œuvres. également assuré en interne au musée. Travail de longue haleine, il nécessite la réunion de textes, bien sûr, mais également la commande de nombreuses illustrations. Ces ouvrages permettent de garder la trace du travail scientifique mené par les agents du musée. Les réserves Le musée départemental Arles antique comprend trois espaces de réserves, chacun d’eux permettant le stockage des collections non présentées dans les salles d’exposition permanente. La première réserve contient les collections de faible encombrement et celles particulièrement fragiles (bois, métaux, verre, os…). Une climatisation autonome permet de réguler précisément le climat de cette salle afin de préserver au mieux ces collections très sensibles. La deuxième réserve est dédiée au stockage des collections lapidaires : plaquages de marbre, sarcophages y côtoient stèles et éléments statuaires. La dernière réserve renferme essentiellement le dépôt de fouilles du musée, constitué de quelques milliers de caisses et boîtes contenant le produit des diverses fouilles archéologiques (terrestres ou subaquatiques) réalisées sur le territoire arlésien depuis un siècle. Au total, ce sont près de 15 000 objets ou ensembles d’objets qui sont conservés dans les réserves. Loin d’être inaccessibles, ces collections sont gérées au quotidien par le service Conservation, étudiées et publiées par des chercheurs et prêtées à d’autres musées. Le suivi de la production de publications grand public ou de catalogues spécialisés dans le cadre des expositions est Dossier de presse MDAA - 33 La conservation préventive La conservation préventive est une discipline récente qui consiste à agir sur l’environnement des collections - et non sur les collections elles-mêmes - afin de préserver au mieux ces dernières. Il s’agit notamment : - d’utiliser des matériaux chimiquement neutres au contact des objets (afin d’éviter toute interaction). Les collections de petits objets (céramiques, verres, tabletterie…) ont ainsi bénéficié d’une campagne de conditionnement sur mesure en mousse de polyéthylène ; - d’adapter les mobiliers de stockage, en réserve comme en exposition ; - de veiller à maintenir un climat constant adapté à la nature des objets ; - d’organiser le ménage des locaux, la poussière étant un facteur de détérioration en lui-même et pouvant également attirer des insectes ; - d’inspecter régulièrement les collections afin de repérer tout début d’altération. Grâce à la prévention, de graves dommages peuvent être évités et, ainsi, le patrimoine confié au musée pourra être transmis intact aux générations futures. L’inventaire informatisé des collections L’ inventaire est un acte obligatoire quand il s’agit de conserver des collections patrimoniales. C’ est également un critère nécessaire pour l’agrément d’un musée au titre des Musées de France. C’ est une liste exhaustive, qui concerne l’ensemble des collections acquises par les musées ou qui y sont déposées. Il a pour but d’ en assurer la conservation administrative. Il est une référence obligatoire pour l’ étude et l’ identification des objets et permet de gérer les collections. De plus, l’ inscription d’ un objet à l’ inventaire induit son entrée dans le domaine public et garantit alors son inaliénabilité et son imprescribilité. L’ inventaire est réalisé sur une base de données informatique, à partir des documents d’ acquisition de l’ objet et/ ou des rapports de fouille. Les dix-huit rubriques essentielles de données - définies dans l’arrêté du 25 mai 2004 fixant les normes techniques relatives à la tenue de l’inventaire - sont renseignées dans le logiciel The Museum System (TMS). À ces champs minimaux que sont le numéro d’inventaire, la dénomination (titre/typologie), la description physique, les mesures, les matériaux, la datation, le mode d’acquisition, l’auteur, la 34 - Dossier de presse MDAA provenance du bien… s’ajoutent un inventaire photographique, une documentation liée au contexte archéologique et à l’histoire de l’objet, la possibilité d’intégrer une infinité d’informations issues de parutions et d’archives ainsi qu’un stockage de toutes les opérations de conservation préventive et de restauration dans les 800 champs que possède la base TMS. Très complète, la base du musée autorise la gestion quotidienne de plus de 20 000 fiches et possède plusieurs modules annexes, liés directement aux fiches d’inventaire, permettant également de gérer les informations relatives aux expositions, à l’administration des prêts, à la bibliographie et aux sites de fouille d’où est issue la majorité des collections du musée. Dossier de presse MDAA - 35 Présentation du service conservation Alain Charron : chef du département des collection/ adjoint au directeur Aurélie COSTE : régisseuse des collections, chargée de la conservation préventive. Valérie CLÉNAS : assistance à la régie des collections. Soizic TOUSSAINT : chargée de l’inventaire et de la documentation des collections, administratrice de la base de données des collections. Jessy RUIZ : chargée de l’administration des collections, des prêts d’œuvres et des éditions des publications. PRESTATAIRES DE SERVICE En plus de ses agents, le service a recours aux compétences de prestataires spécialisés afin de mener à bien ses missions fondamentales. A la suite de procédures d’appel d’offres, ces prestataires sont présents à nos côtés depuis 2005. Société IBM Conservation, spécialiste en conseil pour la conservation préventive : assistance au récolement, missions de conditionnement, chantier des collections. Société Grahal, spécialisée en ingénierie documentaire : assistance à l’administration de la base de données, à l’inventaire et au récolement. La numérisation des collections Dans un contexte de demandes croissantes d’un accès virtuel aux collections, le service Conservation procède actuellement à la mise en ligne des collections du Musée départemental Arles antique. Après une première phase de travail d’une durée de près d’une année, une version interne a été installée sur l’intranet du musée, afin d’être accessible à tous ses agents pour des opérations de consultation. Le site web dédié sera une interface du logiciel de gestion des collections The Museum System (TMS) qui propose un accès aux collections du musée, avec de nombreux champs de recherche, mais aussi des propositions de sélections autour des collections, une mise en valeur des événements ainsi qu’un accès privilégié et sécurisé pour les scientifiques travaillant sur les collections non publiées ou le dépôt de fouilles. 36 - Dossier de presse MDAA Afin de proposer un outil le plus complet possible, un chantier d’harmonisation et de documentation de la base de données TMS a été lancé depuis février 2012. Le récolement Le récolement est une obligation légale et réglementaire (loi 2002-5 du 4 janvier 2002 relative aux musées de France) renforcée par des textes réglementaires et d’application (dont l’arrêté du 25 mai 2004 relatif au récolement). Tous les dix ans, il consiste à vérifier sur pièce et sur place, à partir d’un bien ou de son numéro d’inventaire, la présence du bien dans les collections, sa localisation, l’ état du bien, son marquage et la conformité de l’ inscription à l’ inventaire avec le bien ainsi que, le cas échéant, avec les différentes sources documentaires, archives, dossiers d’œuvres ou catalogues. La date de fin du récolement est fixée par circulaire à fin juin 2014 au plus tard. Le service Conservation a mis en place un protocole et des outils informatiques afin de faciliter les opérations de récolement. Après une phase de test en 2011, un binôme d’ agents récoleurs, spécialisés en conservation préventive, a été mis en place dès juin 2012 avec un prévisionnel de 5 000 objets récolés par an. Les acquisitions César ont été déposés par l’Etat. Le musée reçoit également des dons. Parmi les pièces offertes ces dernières années figure un fragment de cuve de sarcophage portant l’image d’un cheval de course. Notre institution acquiert des œuvres auprès de particuliers, d’antiquaires ou lors de ventes aux enchères. Depuis une quinzaine d’années, les efforts ont particulièrement porté sur les monnaies frappées par l’atelier d’Arles entre 313, date du transfert de l’atelier d’Ostie à Arles, et 476, chute de l’Empire romain. Plus d’un millier de pièces en or, argent et bronze ont ainsi rejoint le médaillier du musée. Le musée reçoit chaque année toutes sortes d’objets archéologiques provenant d’Arles et de sa proche région. Ils émanent de fouilles organisées par le musée ou d’autres organismes : INRAP, DRASSM, CNRS… C’est ainsi que des caisses de tessons ou des mosaïques ont intégré les collections, ou alors qu’un captif en bronze et la tête dite de Dossier de presse MDAA - 37 Musée du Louvre. Traitement de restauration de la mosaïque des Amours et Dauphins (© 2012Acrm-MDAA). Année de l’Algérie en France. Restauration/formation pour les musées algériens (© 2003Acrm-MDAA). Présentation du service restauration tél. : 04 13 31 51 10 (atelier) tél. : 04 13 31 51 41 (atelier) fax : 04 13 31 51 37 mél : [email protected] Responsable de l’atelier de conservation et de restauration : Patrick Blanc. Effectif de l’atelier : 7 personnes restaurateurs Marie-Laure Courboulès, Patricia Jouquet Aurélie Martin, Ali Aliaoui, Hafed Rafaï Michel Marque, Gilles Ghiringhelli Objectifs Conservation et restauration de pavements et de mosaïques antiques. g Conservation préventive et maintenance collections préservées en musées ou sur les sites. g Formation de restaurateurs français et étrangers, par des stages à l’atelier ou lors de missions de coopération principalement menées dans le bassin méditerranéen. g Le service restauration Historique L’atelier de conservation et de restauration a été créé en 1992 au sein du musée départemental de l’Arles antique. Il est spécialisé en matière de conservation préventive, de restauration et de présentation du patrimoine mosaïstique antique. De renommée internationale, l’atelier est sollicité tant en France qu’à l’étranger pour la protection et la sauvegarde de pavements antiques conservés en place dans des sites archéologiques ou dans des musées. De plus, l’atelier intervient également pour l’entretien des collections du musée départemental de l’Arles antique et lors d’expositions temporaires présentées à Arles. Son équipe assure la médiation de ses activités scientifiques auprès de publics scolaires et adultes sous forme de visites, de conférences, d’expositions temporaires, de films… L’Atelier participe en tant qu’institution spécialisée au développement de la recherche sur la conservation et sur la connaissance des mosaïques antiques. Ses travaux sont communiqués lors de colloques et de séminaires et par le biais de publications spécialisées. Il s’inscrit ainsi dans la dynamique de formation, de coopération culturelle et d’échanges qui se développe tout autour de la Méditerranée. Action pédagogique et valorisation auprès d’un large public jeune et adulte (scolaire, universitaire, grand public) des principes de sauvegarde et de conservation du patrimoine archéologique à partir des travaux effectués. g Thèmes de travaux et de recherche Expertises et diagnostiques des collections de mosaïques conservées dans les musées ou découvertes sur les sites archéologiques. g Conservation préventive, maintenance des pavements sur les sites archéologiques, traitement de consolidation, protection, « réenfouissement », présentation au public, prélèvement s’il n’y a pas de garantie de préservation. g Conservation et restauration des mosaïques, entretien et mise en valeur des collections dans les musées, reprise de restaurations anciennes (« dérestauration »), transfert sur nouveau support, présentation au public. g Mosaïque de la Méduse, traitement de restauration. Collection du MDAA (© 2008Acrm-MDAA). Formation d’équipes spécialisées à la conservation préventive, la maintenance et la restauration des mosaïques lors de missions de coopération. g Collaboration avec les formations universitaires françaises et étrangères spécialisées dans la conservation des biens culturels. g 38- Dossier de presse MDAA Mosaïque d’Aiôn, détail. Collection du MDAA (© 2004Acrm-MDAA). g Accueil de stagiaires français et étrangers. g Collaboration avec les équipes de recherche du CNRS et avec les laboratoires de recherche spécialisés dans l’étude des mosaïques et des matériaux. g Collaboration avec les écoles et instituts archéologiques français à l’étranger, les services de coopération culturelle des Ambassades de France. g Coopération avec des institutions étrangères spécialisées dans le domaine de la conservation des biens culturels. Participation et organisation de séminaires internationaux sur la conservation des pavements antiques. g g Participation et élaboration d’expositions présentant les travaux effectués. g Information, accueil et diffusion auprès du grand public. Dossier de presse MDAA - 39 Le service Archéologique Le service archéologiq ue du musée départemental Arles antiq ue, dont l’origine remonte à 1975, est constitué d’une équipe de trois archéologues permanents. Un quatrième chercheur a été recruté de 2011 à 2013 dans le cadre de l’opération Arles-Rhône 3. Le service participe à des fouil es archéologiq ues, contribue à la recherche scientifique et diff use ses informations auprès du public. Mosaïque de la Méduse, traitement de restauration. Collection du MDAA (© 2008Acrm-MDAA). Coopérations culturelles L’Atelier mène des opérations de conservation in situ ou dans les musées en étroite collaboration avec les équipes locales des pays du pourtour méditerranéen. Ainsi, l’Atelier est il intervenu en Albanie, Algérie, Egypte, Espagne, Grèce, République de Macédoine, Serbie, Slovénie, Tunisie, Turquie et dans les Territoires autonomes palestiniens. Dans le cadre d’appels d’offre, il intervient aussi par des restaurations réalisées pour les musées et sites archéologiques en France (Musée du Louvre, musées d’Alès, Apt, Fréjus, Orange, musée d’Histoire de Marseille…). L’Atelier est ainsi un outil important de la coopération culturelle entre institutions françaises. Principales méthodes et techniques mises en œuvre Les traitements mis en œuvre varient selon l’état de conservation des pavements et les choix de préservation et de présentation au public. Ils suivent les principes qui président à la conservation et la restauration des biens culturels dans le respect de l’intégrité du document archéologique (conservation préventive, conservation in situ, traitement de nettoyage, traitement de consolidation, traitement des lacunes, transfert sur nouveau support, « dérestauration », documentation, présentation au public). Les interventions menées in situ répondent aux mêmes exigences et, dans le cas de missions à l’étranger, sont menées dans le respect du cadre culturel et traditionnel du pays en développant des solutions locales. Délos, Grèce. Coopération avec l’Ecole française d’Athènes pour la conservation in situ des pavements de la Maison de Fourni (© 2010Acrm-MDAA). 40 - Dossier de presse MDAA Fouilles Sur le terrain, c’est-à-dire à travers l’ensemble du territoire urbain d’Arles, l’équipe archéologique dirige ou participe à des fouilles programmées et intervient dès que nécessaire dans le cadre de fouilles d’urgence. Les opérations d’archéologie préventive, pour leur part, sont dirigées par des organismes agréés extérieurs au musée (INRAP, Archeodunum, HADES…). Grâce à une convention signée avec l’INRAP (Institut national de recherches archéologiques préventives), les archéologues du musée sont associés à certaines opérations d’archéologie préventive. L’équipe du musée d’Arles a dirigé des opérations archéologiques d’envergure aussi bien en milieu terrestre que subaquatique. La dernière en date, la plus médiatique, a porté sur la fouille programmée du chaland Arles-Rhône 3. Mais les fouilles terrestres ont également livré depuis des décennies leurs lots de surprises : un cirque et sa nécropole attenante, une cour à portiques à l’emplacement du cimetière de Trinquetaille, des thermes sur l’Esplanade Charles de Gaulle, mais également de nombreuses maisons aux sols mosaïqués…. Si la majorité des mosaïques mises au jour ont été conservées in situ (crédit Agricole, Dossier de presse MDAA - 41 Présentation du service Archéologie David Djaoui > archéologie subaquatique étude céramologique Tél. 04 13 31 51 47, [email protected] Alain Genot > archéologie terrestre – médiation Tél. 04 13 31 51 49, [email protected] Marie-Pierre Rothé > archéologie terrestre documentation et publication Tél. 04 13 31 51 50, [email protected] office du tourisme, Jardin d’Hiver…) certaines d’entre elles ont été prélevées et restaurées par le service restauration du musée telle la magnifique mosaïque de l’Aïon mise au jour dans le quartier de Trinquetaille sur le site de la Verrerie et exposée dans les collections. Outre ces chantiers majeurs, d’autres opérations archéologiques dites d’urgence ont été réalisées en corrélation avec des travaux menés au sein de la ville et ont révélé des vestiges capitaux pour la compréhension de l’urbanisme antique. On ne signalera ici que les découvertes marquantes les plus récentes : portion de voie romaine dégagée en 2009 dans la rue de la Calade, niveaux d’occupation du VIe siècle observés au sein du théâtre antique, portion de rempart de l’Antiquité tardive dans la rue du Cloître ou encore du plus grand chapiteau jamais découvert en Gaule qui devait mesurer 1m70 de hauteur. Recherche Rapports de fouille Les archéologues réalisent des rapports pour chaque opération. Le « rapport de fouille archéologique » est le document primaire, produit par celui ou celle qui a conduit scientifiquement l’opération archéologique. Quelle que soit la période ou le contexte de réalisation, ce rapport ne traite, par définition, que d’une seule opération archéologique. Premier témoignage de ce qui a été mis au jour, il livre un descriptif détaillé des vestiges et il est à la base de toutes les études et publications qui suivront. Les rapports sont tous consultables au service archéologique du musée mais également au Service régional de l’Archéologie à Aix-en-Provence. La consultation des documents doit être justifiée et s’effectuer dans le respect des dispositions du code de la propriété intellectuelle. Ainsi les reproductions sont-elles autorisées pour un usage privé, 42 - Dossier de presse MDAA à fin de citation justifiée par la mention de la source ou encore à des fins exclusives d’illustration dans le cadre de l’enseignement et de la recherche. Ces utilisations ne peuvent en aucun cas donner lieu à une exploitation commerciale. Publications En sus des rapports d’opérations qui sont des rapports administratifs, les archéologues réalisent des publications scientifiques et des ouvrages destinés au public. La liste des publications se trouve à la fin de cette note. Programmes de recherche Le service travaille avec l’ensemble des acteurs de la recherche (universités, CNRS, INRAP, DRASSM, DRAC, SRA, collectivités territoriales, service du Patrimoine de la ville d’Arles…) pour contribuer à une meilleure connaissance du patrimoine antique arlésien. Il participe à des colloques nationaux et internationaux, contribue à des projets collectifs de recherche ou travaille en collaboration avec des laboratoires dans des domaines spécifiques qui nécessitent une expertise particulière. On citera ici notamment la participation des archéologues du musée à certains programmes de recherche du centre Camille Jullian (UMR 7299), laboratoire d’archéologie méditerranéenne et africaine de l’Université d’Aix-Marseille, du CNRS et du Ministère de la Culture : Partenariats Sabrina Marlier > responsable de l’opération Arles-Rhône 3 Tél. 04 13 31 51 56, [email protected] Afin d’optimiser la recherche des relations de partenariats ont été mises en place avec notamment la création de conventions récemment actées avec l’INRAP et le Centre Camille Jullian d’Aix-en-Provence. Médiation et exposition Le service archéologique participe et organise des activités de médiation culturelle : mise en place de sorties archéologiques sur divers sites du territoire des Bouchesdu-Rhône, visite des chantiers de fouille en cours, contrôle scientifique du festival Arelate, prise en charge du commissariat de certaines expositions temporaires, participation à l’élaboration des catalogues et aux publications des fouilles… - Topographie urbaine des villes de Gaule Narbonnaise (coordination Marc Heijmans) - La mer : navires, espaces portuaires, ressources et échanges (coordination Michel Bonifay, Myriam Sternberg) - Techniques, économies et sociétés (coordination M. Bonifay) Dossier de presse MDAA - 43 Le centre de documentation du musée Le Musée départemental Arles antique abrite en son sein une bibliothèque spécialisée dont le fonds est constitué de plus de 7 000 ouvrages, 8 000 périodiques, environ 3 000 tirés à part ainsi que des dossiers d’œuvres relatifs aux collections conservées par l’institution. Ils traitent de l’Histoire, de l’art et de l’archéologie depuis la Préhistoire jusqu’au Haut Moyen-âge, mais d’autres sujets, plus professionnels sont abordés : médiation culturelle, droit et administration des musées, restauration des œuvres, études scientifiques des objets… Les collections d’ouvrages ont été constituées progressivement via des dons (fonds Coupry et Latour, chercheurs et personnels du musée) et sont constamment enrichies par le biais d’achats et d’échanges avec d’autres institutions afin de constituer un outil de travail permanent pour les différents services qui composent l’établissement (service éducatif, conservation, laboratoires d’archéologie et de restauration des mosaïques, service de la communication), les chercheurs et les étudiants venant de l’extérieur ; l’ensemble des documents peut également être mis à la disposition du public, sur rendez-vous, pour une consultation sur place uniquement. Horaires de la bibliothèque : du lundi au vendredi, de 8h à 16h. Personne à contacter : Lorène Linarès-Henry au 04 13 31 51 46 [email protected] Consultation sur place et sur rendez-vous. 44 - Dossier de presse MDAA Dossier de presse MDAA - 45 Le département Le département des Publics des publics Faire vivre le musée toute l’année auprès de ses publics, offrir un accueil de qualité, une programmation audacieuse, riche et diversifiée, en liaison avec toutes les spécialités de l’archéologie... Telles sont les missions du département des publics. Présentation Ce département assure toutes les fonctions liées au volet « diffusion » du musée. Plus concrètement une équipe de 21 personnes remplit les missions d’accueil des visiteurs (sur site, au téléphone), de gestion de la boutique, de médiation culturelle à travers une riche programmation destinée à tous les publics. Le musée vit ainsi toute l’année avec de très nombreuses propositions (plus de 500 rendez-vous par an) qui touchent aux collections du musée et à ses expositions temporaires, aux services scientifiques du musée qui alimentent sans cesse de nouvelles offres. Ce travail est aussi imaginé en lien avec un riche réseau de partenaires institutionnels et associatifs et avec de nombreux intervenants extérieurs issus du monde l’ éducation, de la recherche et des Arts. C’est dans ce cadre que le musée s’inscrit pleinement dans la dynamique de son territoire et que les nombreux festivals (musique, photographie, théâtre, danse, reconstitutions historiques...) trouvent dans les collections du musée un cadre et une résonance unique. Le musée est aussi soucieux d’ être accessible au plus grand nombre en consacrant une grande partie de ses efforts à l’ accueil des publics qui sont les moins présents dans les institutions culturelles ou ceux dont la situation de handicap peut constituer un frein important à la fréquentation. Une médiation entre hier et aujourd’hui Vous avez dit médiation ? L’objectif de la médiation est de mettre en relation et de construire un dialogue entre les objets archéologiques, le savoir scientifique et le public quel qu’il soit. Le médiateur est en quelque sorte un passeur, dont la mission première est de faciliter l’accès pour tous aux collections permanentes, expositions temporaires, activités scientifiques et archéologiques, au moyen d’outils didactiques, de propositions de visites et de projets sur le long terme. De nombreux évènements et créations ouverts à de nouveaux publics Le domaine du spectacle vivant introduit des temps de partage et d’interrogation inhabituels, extraordinaires… et « vivants ». Il s’inscrit dans une nouvelle forme d’action culturelle que développe le service de médiation en permettant d’introduire dans nos activités des disciplines et des domaines artistiques très variés, pour répondre aux attentes des publics aux pratiques de plus en plus hétérogènes. Au final c’est l’idée de proposer une autre manière de voir, de visiter, de découvrir les collections et d’établir des passerelles entre les différents « univers culturels » : histoire, archéologie, science, théâtre, danse, musique, vidéo … Curieux, spécialistes, passionnés… Un musée pour tous L’équipe de médiation joue pleinement son rôle auprès des publics adultes en proposant diverses actions qui permettent aussi bien à des curieux, néophytes de découvrir le musée et de s’initier à l’Antiquité romaine et l’archéologie (visites guidées par des professionnels, journées portes ouvertes, ateliers…) qu’à des passionnés et spécialistes d’approfondir leur connaissance (cycles de conférences, visites thématiques, rencontres avec les scientifiques…) et de pouvoir ainsi venir et revenir au musée autant de fois qu’ils le souhaitent (carte d’abonnement). Patti Smith au musée en 2011 46 - Dossier de presse MDAA Dossier de presse MDAA - 47 Présentation du service des publics Fabrice DENISE > Responsable du département des Publics Tel : 04 13 31 51 52. [email protected] Service accueil Zohra SAYAH > responsable du service accueil Tel : 04 13 31 51 39. [email protected] Annie FACCHIN > chargée du standard téléphonique Tel : 04 13 31 51 03 Françoise JOMAIN > chargée des réservations Tel : 04 13 31 51 48 La billetterie : 04 13 31 51 13 La boutique : 04 13 31 51 20 Service médiation Marie VACHIN > responsable du service médiation Tel : 04 13 31 51 26. [email protected] Chantal CLASERT > médiatrice culturelle, responsable du public scolaire Tel : 04 13 31 51 51. [email protected] Geneviève VERGOS ROZAN > médiatrice culturelle, responsable du public handicapé et familial Tel : 04 13 31 51 09. [email protected] Elise BONNEFILLE > médiatrice culturelle, responsable du public en accompagnement social Tel : 04 13 31 50 99. [email protected] Attentifs aux jeunes et très jeunes Depuis son ouverture en 1995, le musée s’attache à placer les publics scolaires au centre de ses préoccupations et ce dans la tradition et le savoir faire du Service éducatif des musées d’Arles créé en 1976 ! A travers des visites, des ateliers, des rencontres ou des projets à l’année, les médiateurs s’attachent à développer une pédagogie vivante du patrimoine. Apprendre à regarder, à voir, à analyser, à s’interroger sur les collections afin de mieux appréhender notre patrimoine, notre histoire et donc la société d’aujourd’hui. Un musée pour s’initier à l’histoire des arts Il s’agit d’aborder les grands thèmes de l’archéologie, la vie d’un musée et les métiers, la romanisation, l’art, l’architecture ainsi que la vie quotidienne, la société et la religion à l’époque romaine au moyen d’un programme édité chaque année ainsi que la préparation de projets pédagogiques sur mesure en particulier dans le domaine de l’histoire des Arts. Les médiateurs développent aussi différents outils pédagogiques et ressources (dossier enseignants, ateliers, pistes pédagogiques, site internet) permettant aux enseignants de préparer, assurer ou prolonger leur visite du musée, complétés par des propositions de formations élaboré avec l’éducation nationale (la DAAC du Rectorat d’Aix-Marseille, le CRDP Aix-Marseille, l’IEN et les conseillers pédagogiques de la circonscription d’Arles). Attentifs aux jeunes et très jeunes L’équipe du service médiation porte une attention toute particulière au public familial pour faire de ce passage 48 - Dossier de presse MDAA parmi nous un moment privilégié d’éveil à la culture, de découverte et de partage. Nous concevons ainsi à partir des collections archéologiques romaines du musée, des activités spécifiques pour le jeune public accompagné des parents : Dès 3 ans, avec une initiation à la lecture et à l’archéologie au moyen d’un tapis d’éveil et toujours d’une découverte des collections. Dès 6 ans, avec des visite-jeux axées des récits mythologiques et des enquêtes. Mais aussi des contes, des ateliers de pratique artistique (argile, dessin, sculpture…) avec de nombreux intervenants : compagnies de théâtre, plasticiens … Une place prépondérante aux publics les plus éloignés de la culture Le service médiation du musée œuvre depuis son ouverture en direction des publics pour lesquels l’accès aux collections, au discours archéologique et à la culture en général, est difficile. L’équipe imagine ainsi différentes propositions de visites et d’ateliers à partir des sensibilités de chaque public : collections permanentes, expositions temporaires, activités scientifiques et archéologiques pour permettre une découverte « sur mesure » du musée de manière ponctuelle ou dans le cadre de projets menés à l’année. A travers notre expérience et une pédagogie basée sur l’apprentissage du regard et le questionnement, l’équipe élabore des propositions en collaboration avec les acteurs et responsables des établissements spécialisés du champ social ainsi que les institutions et professionnels du handicap, des hôpitaux et hôpitaux psychiatriques, des prisons… Personnes en accompagnement social A travers la rencontre, l’échange et la connaissance mutuelle, il s’agit de permettre une découverte du musée, de ses coulisses et de son actualité. Grâce au dispositif « 13 en partage » porté par le Conseil général des Bouches-du-Rhône, les visiteurs sont invités à se rendre une première fois au musée. Des propositions variées et spécifiques peuvent également être élaborées en concertation avec les professionnels du secteur social. Public sourd et malentendant Pour le public sourd, des visites des collections permanentes sont conduites par une guide conférencière nationale en LSF. Sont également prévues des visites guidées par une interprète LSF/Français et une médiatrice du musée pour le public familial (enfants à partir de 6 ans) et pour des groupes constitués. Pour le public malentendant : la banque d’accueil et l’auditorium sont équipés d’une boucle magnétique. Personnes en situation de handicap Des visiteurs individuels et des groupes présentant différents types de handicap sont accueillis au musée par un personnel sensibilisé, soucieux de favoriser une intégration maximale. Public malvoyant et non voyant Pour le public malvoyant, l’équipe de médiation propose des visites sensorielles à partir d’un choix d’œuvres phares évocatrices des grandes thématiques du musée. Le parcours tactile (sélection d’œuvres à toucher accompagnées des cartels en braille) est en cours de refonte et sera disponible fin 2014. Public handicapé mental ou psychique Les personnes en situation de handicap mental ou psychique sont accueillies au musée et profitent en accès libre ou accompagné des prestations proposées aux autres visiteurs. L’équipe d’encadrement peut contacter l’intervenant du musée afin de connaître l’activité qui semblera la mieux adaptée et permettre ainsi de définir l’objectif de la sortie, son inscription ou non dans un projet à caractère pédagogique. Personnes à mobilité réduite L’intégralité du musée est adaptée aux personnes en fauteuil qui bénéficient, en accès libre ou encadré, des mêmes prestations que celles proposées aux autres visiteurs. Prêt de fauteuils roulants. Un musée accessible pour tous Restructurés fin 2012, nos espaces d’accueil et sanitaires répondent aux normes d’accessibilité définies par la loi du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées. Le musée est également certifié (certification afaq-afnor pour l’accueil physique et téléphonique) dans le cadre de la démarche qualité accueil du conseil général des Bouchesdu-Rhône. Dossier de presse MDAA - 49 Arles-Rhône 3, une aventure archéologique et muséographique hors-norme Sortir du Rhône une épave de 31 m de long et des mil iers d’objets, les restaurer, les étudier et les présenter au public dans une extension du musée spécialement construite pour l’occasion, le tout en moins de trois ans : un défi relevé par le Conseil général des Bouches-du-Rhône. Par Claude Sintes, Conservateur en chef, Directeur du musée Situé sur la presqu’île du cirque romain, le musée départemental Arles antique abrite les richesses que livre le sol de la ville d’Arles et les profondeurs du Rhône (photo Rémi Bénali) 50 - Dossier de presse MDAA Dossier de presse MDAA - 51 L’ histoire urbaine d’Arles est assez bien connue en raison des monuments célèbres que la vil e abrite et des nombreuses fouil es terrestres qui y sont conduites. Le musée départemental Arles antiq ue, ouvert en 1995, présente une bonne part de ces découvertes, rassemblant ainsi une des plus belles collections archéologiq ues du pays. Mais si les sarcophages, les mosaïq ues ou les fragments architecturés y sont nombreux, la vie économiq ue et la puissance du port fluviomaritime n’étaient en revanche qu’évoqués. Des infrastructures étendues, une place commerciale de premier plan redistribuant les richesses des provinces de l’Empire, des chantiers navals efficaces, des corporations d’armateurs ou de bateliers, tout cela ne pouvait qu’être entrevu à travers les textes et les inscriptions dont Arles est riche, sans pouvoir disposer d’un mobilier archéologiq ue suffisant pour préciser les datations ou les provenances. Depuis 25 ans, les choses ont bien changé : le Rhône est désormais le terrain de fouille de loin le plus productif de la cité et les avancées historiques que les milliers d’objets remontés autorisent ont renouvelé radicalement la vision que l’on pouvait avoir. Sous l’égide du Département des recherches en archéologie subaquatique et sous marine, associé au musée départemental Arles antique, les directeurs de fouilles Luc Long, Sabrina Marlier, Sandra Greck, David Djaoui et Mourad El Amouri donnent jour après jour une image convaincante des échanges hauturiers ou locaux, des trafics économiques et des outils utilisés. La moisson est belle car le Rhône, si décrié pour ses crues ravageuses et sa pollution, est un merveilleux protecteur du patrimoine. Ses eaux douces n’abritent pas les espèces 52 - Dossier de presse MDAA dévoreuses de bois ou de marbre que l’on rencontre en mer, son courant uniforme ne maltraite pas les sculptures au point d’arrondir et de polir les pierres les plus dures, son manque de visibilité (quelques dizaines de centimètres la plupart du temps) et ses dangers empêchent le pillage généralisé que les eaux claires de la Méditerranée connaissent depuis l’invention du scaphandre autonome. Si des centaines de milliers d’objets gisent aujourd’hui au fond du fleuve, c’est aussi en raison de l’espace restreint que constitue le port fluvial, de ses sept cent ans d’usage et de ses échanges commerciaux intenses. La moisson est belle, disait-on, qu’on en juge : une unique fenêtre de moins de 200 mètres carrés ouverte dans le limon en 2011 a livré près de 4 000 objets entiers répertoriés au musée Emblématique des fouilles du Rhône, le buste de César, découvert en 2007 par l’équipe de Luc Long (Drassm) (photo Rémi Bénali) La sortie d’un des tronçons de l’épave, en août 2011 (photo Rémi Bénali) et 120 tonnes de tessons divers, qu’il a fallu remettre dans le fleuve, après comptage et analyses, à l’emplacement même de l’épave, une fois celle-ci prélevée. Un ensemble aussi exceptionnel de données se devait d’être exploité au mieux afin que la communauté scientifique en bénéficie et l’intègre à son tour dans des études générales. Les équipes de chercheurs du musée et du Drassm, associés à l’Université et au CNRS, au premier rang duquel le laboratoire Centre Camille Julian, sont donc engagées dans un processus d’inventaire, d’analyses et de publications de premier ordre. Réserver cette matière aux seuls spécialistes eut été cependant dommageable en raison des budgets publics importants affectés à cette recherche. Le Conseil Général des Bouches-du-Rhône, conscient de ses obligations, s’est donc doté de moyens conséquents afin de proposer aux visiteurs une synthèse précise mais assimilable de ces nouvelles connaissances. Une première exposition « César, le Rhône pour mémoire » a offert en 2009-2010, le bilan d’une vingtaine d’années d’explorations. Sans renoncer un seul instant à la rigueur scientifique nécessaire, la présentation d’objets spectaculaires (le portrait présumé de César en étant le plus emblématique), une mise en espace soigneusement scénographiée mais aussi l’évocation de ce que les journalistes se plaisent à nommer « l’aventure archéologique », a touché le public au-delà de toute prévision : près de 400 000 personnes se sont passionnées pour ce dossier, mon- Dossier de presse MDAA - 53 Juin 2013, l’arrière du chaland arrive dans les réserves du musée en pièces détachées conditionnées sur des plateaux et dans des caisses (photo Rémi Bénali) L’architecte J.-F. Hérelle (à gauche) et l’équipe de direction du musée, Cl. Sintès et A. Charron (au centre), entouré de H. Bernard-Maugiron, d’Arc-Nucléart et l’ébéniste P. Garrivier (à droite) et de P. Roucheyroux, de Cic-Orio (le 2e sur la gauche), autour de la proue du chaland en cours de remontage à Grenoble (photo Rémi Bénali) trant à tous, s’il en était nécessaire, que l’archéologie est désormais un enjeu aux répercutions sociétales ou économiques, bien loin du seul cabinet feutré des savants. Cette prise de conscience, renforcée par l’attribution du titre de Capitale européenne de la culture à Marseille-Provence pour l’année 2013, a permis d’envisager une présentation pérenne des collections déjà découvertes mais aussi de rendre accessible le projet fou d’une exhumation et d’une restauration d’une épave repérée dans le fleuve depuis plusieurs années. En effet, lorsqu’en 2004 un flanc de bateau est apparu dans les eaux glauques du Rhône, bien peu de gens pouvaient imaginer qu’un chaland long de 31 mètres, quasiment entier dans toutes ses parties, se dissimulait sous la vase. Et bien moins encore pouvaient 54 - Dossier de presse MDAA croire que ce vestige unique trouverait sa place dans le musée départemental Arles antique agrandi pour l’occasion, quelques années plus tard. Avec cette opération en tout point exceptionnelle, la barge gallo-romaine Arles-Rhône 3, nom de code donné par les archéologues, allait rejoindre le club très fermé des bateaux trouvés complets (ou presque) en fouille, sauvés et installés dans un musée. S’il existe d’assez nombreux fonds de carène ou fragments de navires présentés dans le monde, seuls les navires royaux Vasa de Stockholm et Mary Rose de Portsmouth, la jonque Nanhai 1 de Canton, les bateaux vikings de Roskilde et le chaland Arles-Rhône 3 répondent à cette définition. La décision politique de l’opération a été prise en 2010, avec pour objectif une inauguration en octobre 2013. Au vu de cette contrainte, c’est un pari insensé qui a été tenté, et contre toute attente, réussi : sortir de l’eau, en moins de sept mois, 11 tonnes d’un bois fragile comme du verre sans en briser la moindre partie ; restaurer l’ensemble dans des délais – moins de deux ans – défiant toutes les normes ; installer ce chaland, mais aussi 450 objets permettant d’en comprendre le contexte, dans une aile de 800 m² spécialement construite pour l’occasion. Et tout cela en moins de trois ans alors que des opérations du même type, pour les bateaux cités précédemment, avaient duré plusieurs décennies. Et tout cela alors que les archéologues n’avaient pas idée des techniques de relevage qu’il leur faudrait employer, alors que les restaurateurs n’avaient jamais traité autant de bois d’un coup, alors que les architectes devaient élaborer leurs plans sans connaître les dimensions exactes du chaland encore enfoui ! Arles-Rhône 3 ayant rejoint le musée est désormais classé « Trésor national » : les privilégiés qui ont participé à la merveilleuse aventure de sa sauvegarde sont fiers de savoir que des milliers de visiteurs vont à leur tour rêver et apprendre devant un témoignage aussi insigne. Dossier de presse MDAA - 55 Un écrin pour le chaland Arles-Rhône 3 L’extension du musée départemental Arles antique a été construite en à peine un an. Retour sur une opération réalisée et menée par la Direction de l’Architecture et de la Construction du Conseil Général des Bouches-du-Rhône. Le musée départemental Arles antique et son extension (photo Rémi Benali) 56 - Dossier de presse MDAA Dossier de presse MDAA - 57 L’extension du musée départemental Arles antique Un parti architectural qui conjugue l’existant et les contraintes techniques. Procéder à l’extension d’un musée pour recevoir un chaland antique de 31 mètres, et les découvertes d’une cité classée au patrimoine mondial de l’Unesco, ne va pas sans quelques responsabilités. Cela impose l’humilité d’une démarche basée sur le partage des savoirs et la continuité. A partir de ce postulat, la mutation entreprise par cette institution est le fruit d’une réflexion collective menée dès les premières esquisses avec les équipes du musée. Cette collaboration a permis de répondre aux contraintes techniques, muséographiques et de conservation, sans oublier le contexte historique du site. Il a été choisi de conserver le registre formel et les matériaux du bâtiment existant, tout en utilisant les structures laissées en attente, pour développer l’extension dans la continuité du parcours muséal. Garder le contact visuel avec le fleuve et les vestiges, ouvrir les collections sur la cité, offrir par transparence ce patrimoine aux promeneurs, ont été les éléments essentiels du projet, qui présente le chaland gallo-romain de nouveau amarré au quai de chargement qu’il avait perdu. Il a été choisi de l’exposer comme s’il était à flot, au-dessus d’une fosse destinée à suggérer l’onde du fleuve et à dissimuler la structure sur laquelle il repose. Croquis de recherche pour l’installation de la statue de Neptune (Régine Got-AMŒ/CG13). Cimaise relative au thème des ouvriers du port en cours de montage (photo J-F Hérelle-AMŒ/CG13). La muséographie de l’extension autour du chaland Ou l’art de présenter autour d’un objet de 31 m de long une collection qui en compte plus de 450. L’extension et la fosse destinée à recevoir le chaland avec les différentes sections pour accueillir les collections (photo J-F Hérelle-AMŒ/CG13) 58 - Dossier de presse MDAA Les proportions élégantes du chaland en font un objet fuselé et spectaculaire. De toute évidence, la muséographie se devait d’être axée sur cette pièce maîtresse ! La définition du parcours muséographique a été élaborée de concert avec la conception architecturale et l’étude des éclairages, facteur d’ambiance incontournable de toute présentation. C’est autour de l’embarcation, et sur la base du programme scientifique établi par l’équipe de conservation du musée qu’a été dessiné un parcours qui se veut souple : la boucle peut être abordée dans les deux sens, la circulation reste fluide, laissant au visiteur le temps et la liberté de la découverte. Tout au long du parcours, plus de 450 objets illustrent trois thèmes : le port et ses activités, le commerce fluviomaritime et la navigation. Le mobilier et les vitrines qui abritent ces objets ont été conçus et réalisés dans la continuité de la muséographie du musée, afin de rester fidèle à l’esprit des lieux et de proposer aux visiteurs une unité de présentation. Dominant le bateau, la superbe statue de Neptune accueille les visiteurs et veille sur ce trésor : un chaland de 2 000 ans vient d’accoster. Une lumière de fin de journée éclaire son chargement de pierres, le fond de dolium faisant office de brasero installé à l’arrière est encore chaud. Il y a peu, les bateliers y ont fait cuire leurs aliments... un autre voyage peut commencer. Dossier de presse MDAA - 59 Sous le signe de Neptune Les collections de l’extension du musée départemental Arles antique La statue de Neptune, sculptée dans du marbre grec, est datée de la seconde moitié du IIe siècle. Elle a été remployée au IIIe et une inscription a alors été gravée en l’honneur d’une corporation de bateliers. Le dieu, qui tenait à l’origine un trident de la main gauche, est identifiable au monstre marin qui est à ses pieds et à la représentation d’un Amour chevauchant un dauphin sur la face arrière (photo Rémi Bénali/Studio Atlantis, Mdaa/CG13) Autour du chaland Arles-Rhône 3, plus de quatre cent cinquante objets découverts sur le territoire maritime, fluvial et terrestre d’Arles évoquent la navigation, le commerce et le port. Exceptionnels, voire uniques comme de nombreux objets en bois, ils sont des témoignages inestimables de l’activité commerciale de la cité durant l’époque romaine. 60 - Dossier de presse MDAA Dossier de presse MDAA - 61 Par Alain Charron, Conservateur adjoint Responsable du département des collections E n pénétrant dans la nouvelle aile du musée, le visiteur découvre le chaland, impressionnant par ses dimensions et son état de conservation. Il est maintenant installé face au Rhône où il a reposé durant presque deux mil e ans. Les collections présentées autour du bateau témoignent de la longue histoire qui a lié Arles à son fleuve, à la Méditerranée et à l’Empire romain. Trois sections évoquent ainsi les bateaux commerçant sur le Rhône, les marchandises transitant par Arles ainsi que le port et la vie quotidienne de ceux qui y travail aient. Chacune de ces parties est mise en valeur par des objets provenant du Rhône ou de la mer, mais également des découvertes effectuées lors de fouil es terrestres. Le dépotoir situé au-dessus du chaland a livré d’exceptionnels éléments d’accastillage antique : des poulies de deux types différents visibles à l’arrière plan, une poulie avec son réa (une roue de poulie à gorge) avec du cordage encore en place, un fragment de cordage et un cabillot (une cheville servant à amarrer les manœuvres) au premier plan (photo Rémi Bénali/Studio Atlantis, Mdaa/CG13) Le commerce La navigation La section consacrée aux bateaux rend compte de la navigation sur le fleuve. A l’époque romaine, Arles était un port de transfert de charge : les barges fluviales et les bateaux fluviomaritimes apportaient vers la Méditerranée les productions de Gaule et remontaient vers le nord les marchandises venues de tout l’Empire. La maquette d’un navire à grandes jarres, des dolia, permet de présenter au public un type de bateau fluviomaritime. Divers équipements de navigation viennent compléter l’exposition. On compte ainsi deux ancres composées de bois, fer et plomb, d’autres sont en pierre et en fer. Quelques éléments d’accastillage proviennent des bateaux 62 - Dossier de presse MDAA qui mouillaient dans le port d’Arles ou dans l’avant-port des Saintes-Maries-de-la-Mer : chaumards à tête de canard, plomb de sonde ainsi qu’une exceptionnelle poulie de bois à âme de bronze. Une seconde maquette présente l’épave Arles-Rhône 3 en cours de fouille, avant son relevage. Quelques éléments du chaland, trop fragiles ou trop petits pour être replacés sur le bateau, ont pris place dans une vitrine : quelques-uns des mille sept cents clous en fer, un chiffon de laine ayant servi à l’étanchéité de la coque et surtout la monnaie votive du bateau. Le commerce fluviomaritime rend compte du rôle essentiel joué par la cité, carrefour de voies romaines et première étape pour les bateaux remontant le Rhône. Les amphores sont les récipients les plus communément transportés sur le fleuve ; l’institution arlésienne en conserve une collection exceptionnelle. Elles sont exposées chronologiquement, depuis le Haut Empire jusqu’à l’Antiquité tardive, le long du chaland, ou présentées en fonction de leurs lieux de production. Sur les cols de certaines, des inscriptions peintes indiquent la provenance ou encore la qualité des produits, essentiellement des conserves de poissons ou de la saumure. Des vitrines abritent des bouchons dont certains sont encore en place dans le col de l’amphore. Cinq vitrines permettent de découvrir les principaux vases de transport et la vaisselle de table provenant de Gaule, d’Italie, d’Espagne, d’Afrique du Nord et de Méditerranée orientale. La Gaule se distingue par divers types de céramiques produites en très grandes quantités : communes, sigillées, claires B, des lampes à huile, mais également deux vases en bronze et de nombreux verres. L’Italie est représentée par plusieurs vases précieux en bronze provenant de Campanie, notamment des pichets, une casserole et une grande amphore de bronze dont les anses sont décorées de chiens de mer. Parmi les céramiques figurent de nombreuses lampes à huile ainsi qu’un gobelet sur lequel le Dossier de presse MDAA - 63 potier s’est plu à modeler un visage. Des verres exceptionnels d’époque augustéenne, une assiette mosaïquée et une coupe imitant l’onyx résultent de fouilles réalisées à Cadillan, près de Graveson. L’Espagne offre une superbe collection de parois fines et l’Afrique du Nord des céramiques dont de magnifiques lampes à huile tardives. Les objets provenant de Méditerranée orientale révèlent l’importance du commerce arlésien. Parmi les objets remarquables, on distingue des céramiques, un vase plastique avec une tête de Bacchus ou une lampe anthropomorphe à tête et pattes de chat, ainsi que de la verrerie. Un ensemble de matières premières varié est aussi présenté. De nombreuses pièces en bronze ont été remontées par des pêcheurs des Saintes-Maries-de-la-Mer et pourraient attester de la présence, au débouché du Petit Rhône, d’une épave chargée de bronzes de récupération. Des objets de grande qualité en proviennent, notamment une série d’anses, divers vases ou encore un couvercle à poignée en forme de dauphin. D’autres éléments en bronze provenant du Rhône, bras de statue, élément de toge dorée, résultent de sculptures mises en morceaux, certainement pour les refondre. Les minerais sont représentés par des lingots de cuivre, d’étain, de plomb et de fer, ces derniers représentant un trafic important, à destination de la frontière germanique. Des pierres provenant du chaland Arles-Rhône 3 et un sarcophage inachevé de Beaucaire, transportés par bateau, montrent l’importance des carrières locales. 64 - Dossier de presse MDAA Ce vase en forme de chien couché, une importation italienne, a été découvert au milieu des vestiges archéologiques accumulés au-dessus du bateau. Un goulot situé sur le dos du canidé, maintenu par une anse, permettait d’introduire un liquide qui était ensuite versé par l’orifice pratiqué dans le museau. De tels vases d’apparat venaient orner les tables romaines pour le plus grand amusement des convives (photo Rémi Benali) De nombreux vases ayant séjourné deux mille ans au fond du Rhône ont néanmoins conservé des inscriptions peintes. Sur cette amphore, il est ainsi indiqué qu’elle contenait une préparation à base de poisson, qualifiée de vierge et excellente et qu’elle provenait d’Antibes. Le nom du négociant figure sur la dernière ligne (photo Rémi Bénali) Dossier de presse MDAA - 65 Avant d’être placé dans une vitrine, ce plat de type « italique » a été nettoyé, photographié, restauré, marqué, inventorié, analysé et étudié, nécessitant, comme tous les objets de la fouille Arles-Rhône 3, l’intervention de nombreux spécialistes (photo Rémi Bénali) Des plombs attestent du paiement des frais de douane et de l’importance du commerce arlésien dans l’Antiquité. L’un, provenant de Palestine est décoré d’une menorah (le chandelier à sept branches) et l’autre, arborant les portraits d’une famille impériale du IIIe siècle, porte une légende mentionnant Djerba (photo Rémi Benali) Le port antique et ses métiers La section consacrée au port est dominée par la statue de Neptune. La sculpture du dieu fut choisie pour être dédiée à une corporation de bateliers, les lenunclarii, ce qu’atteste une dédicace inscrite sur le socle. Cette section permet d’évoquer les métiers liés au port, et à ses infrastructures : les chantiers navals, les entrepôts, les ateliers, les bureaux pour l’administration, etc. Outre les lenunclarii, une autre corporation, les utriculaires, liée au transport de marchandises au moyen d’outres, est évoquée par le sarcophage de l’un de ses membres. La stèle honorifique d’Agricola, procurateur des Augustes pour le service de l’annone (le ravitaillement de Rome en céréales) en Narbonnaise à la fin du IIe siècle, distingue le travail des marins au long cours, les naviculaires, 66 - Dossier de presse MDAA en mentionnant un de leurs patrons. Enfin, la représentation d’un bateau sur la stèle funéraire d’Hermia laisse penser que ce personnage exerçait une activité en relation avec les bateaux. Sur les quais s’activaient dockers et manutentionnaires. Un relief montre des emballeurs ficelant un ballot et deux terres cuites présentent un personnage portant une outre et un second serrant une amphore entre ses jambes. Des plaquettes en bois, qui servaient peut-être à comptabiliser les chargements, accompagnent ces figurines. Les petits métiers du port sont illustrés par une hache, des semelles et de nombreuses alènes qui servaient à raccommoder voiles et filets. Deux seaux complètent la présentation. Le premier, pro- venant du Rhône, est constitué d’un cordage enroulé et d’une poignée en bois. Couvert de poix, il est très certainement le témoignage d’un ouvrier calfateur, tout comme le tampon de chiffon contenant des cailloux ayant servi à étaler la poix sur les coques des bateaux. Le second, en bois, découvert aux Saintes-Maries-de-la-Mer, est rempli de clous en fer. Le musée a la chance de conserver l’épitaphe d’un « douanier », Apronianus, chargé de percevoir le « 40eme des Gaules », un impôt levé sur toutes les marchandises importées. Des poids et balances, instruments de mesures contrôlés par l’administration, servaient à vérifier les échanges. Les services administratifs sont également évoqués par des plombs qui scellaient les marchandises. Certains donnent des indications sur la provenance des chargements : la Palestine, Djerba ou encore l’Anatolie. L’activité commerciale sur le fleuve a perduré tout au long de l’Histoire et les visiteurs peuvent découvrir, grâce à la longue ouverture pratiquée dans la façade de l’extension, des péniches et des bateaux fluviomaritimes allant vers le port actuel de la ville, installé plus au nord. Deux mille ans plus tard, Arles est toujours un port et le Rhône continue à jouer un rôle essentiel dans la vie de la cité. Dossier de presse MDAA - 67 Le chaland Arles-Rhône 3 un Trésor National Fouil ée depuis 2008 et prélevée des eaux du Rhône en 2011, l’épave Arles-Rhône 3 a été étudiée par de nombreux chercheurs. Le fruit de leurs travaux nous livre aujourd’hui une vision très complète de ce chaland, unique au monde. La coque du chaland Arles-Rhône 3 remonté (Photographies Rémi Bénali ; assistants Nicolas Lacave et Heather Robinson. Photogrammétrie 3D Sylvestre Bénard et Nicolas De Boni/SINTEGRA) 68 - Dossier de presse MDAA Dossier de presse MDAA - 69 Par Sabrina Marlier Archéologue, en charge de la fouil e et du suivi de l’opération de relevage, restauration et remontage de l’épave Arles-Rhône 3 Chargée de mission au musée départemental Arles antique es études conduites sur l’ épave ArlesRhône 3 depuis sa découverte réunissent une vingtaine de collaborateurs scientifiques (archéologues navals, dendrologues, céramologue, épigraphiste, géologues, palynologue, numismate…). Elles permettent aujourd’hui de reconstituer l’histoire de ce bateau et d’en révéler toute l’importance. L Pour en savoir plus sur le chaland Arles-Rhône 3 et accéder à de nombreuses images de la fouille et du chaland : www.atlaspalm.fr Et à paraître (2014), Arles-Rhône 3. Un chaland gallo-romain du Ier s. apr. J.-C., sous la direction de Sabrina Marlier, dans Archaeonautica 18, CNRS Editions, Musée départemental Arles antique. Mesure des cernes de croissance d’une pièce de sapin par Frédéric Guibal. La date d’abattage approchée, pour cet arbre, se situe peu après 47 apr. J.-C. (photo Rémi Benali, Studio Atlantis, Mdaa/CG13) 70 - Dossier de presse MDAA Les études d’archéologie navale, initiées par Michel Rival (CNRS/CCJ) et poursuivies par Sabrina Marlier et Pierre Poveda, montrent que l’épave Arles-Rhône 3 correspond à un chaland – un bateau à fond plat destiné à naviguer en milieu fluvial – dont la construction est complexe. L’assemblage des éléments constitutifs de la coque est assuré par 1700 clous en fer et sa proue est ceinturée par une véritable armature métallique. Analysés par la société A-Corros, les clous ont été réalisés avec un alliage de fer et de carbone de très bonne qualité. L’étanchéité de la coque est assurée par des tissus poissés disposés entre les planches de la coque. L’étude de Fabienne Médard (Anatex) montre que les tissus employés étaient des chiffons de laine récupérés et trempés dans de la poix. Cette même substance, une résine de pin chauffée, était également répandue sur le bois de la coque. Le travail de restitution, conduit par Pierre Poveda (Ipso Facto), révèle un bateau long de 31 m et large de moins de 3 m, soit un bateau long et très étroit qui présente une proue filiforme, jamais rencontrée sur les autres chalands gallo-romains d’Europe. Une autre singularité de cette épave est celle d’avoir conservé tous ses aménagements internes. En relation avec la cargaison, c’est un véritable caisson, constitué d’éléments amovibles, qui a été mis en place dans la partie centrale du chaland. L’étude xylologique, conduite par Sandra Greck (Ipso Facto) montre une sélection raisonnée des bois avec le chêne pour la construction du fond de la coque et du résineux (sapin, épicéa, pin) pour les flancs et les aménagements internes. Le chêne, dense et durable, est bien adapté pour supporter des charges importantes et résister à l’échouage. La faible densité des essences résineuses permet, au contraire, d’alléger l’embarcation. Les analyses dendrochronologiques de Frédéric Guibal (CNRS/IMBE) révèlent que c’est un sapin de 40 m de hauteur et de plus de 300 ans d’âge qui a été abattu, puis fendu ou scié en deux dans sa longueur pour former l’essentiel du corps des flancs. La dendrochronologie, avec la mesure de l’épaisseur des cernes, permet aussi de dater assez précisément l’abattage des arbres employés à la construction du bateau que l’on situe début des années 50. Les études dendrologiques devraient aussi venir préciser les provenances de ces différentes essences. A l’évidence, les résineux ne proviennent pas du sud du bassin rhodanien. Cela n’exclut pas que ce bateau ait pu être construit dans les chantiers navals d’Arles car il était fréquent, dans l’Antiquité, d’acheminer les billes de bois par flottage. De fait, l’étude des poix d’étanchéité (Pauline Burger, British Museum) montre que ces substances ont été produites dans un environnement méditerranéen et l’étude des pollens piégés dans ces poix (Valérie Andrieu-Ponel, Aix-Marseille Université/IMBE) révèle la présence de taxons d’olivier, étayant ainsi l’hypothèse d’une construction locale. Les chantiers navals d’Arles sont bien connus dans l’Antiquité, rendus notamment célèbres par César qui leur a passé commande de douze vaisseaux de guerre « achevés et armés en trente jours à compter du moment où le bois pour leur construction a été abattu » (Bell. Gall. I, 36, 4). La rapidité avec laquelle ces navires sont fournis et leur nombre montrent le dynamisme de ces chantiers au Ier siècle av. J.-C. Dossier de presse MDAA - 71 Sur une assiette et un col de bouilloire, des initiales (AT) ont été gravées : elles marquent sans doute l’appartenance de cette vaisselle à l’un des bateliers. Une lampe à huile vient compléter ce service. Le comptage de cet ensemble, étudié par David Djaoui (Mdaa), permet de déterminer la présence de trois bateliers à bord. Parmi les outils, Sandra Greck (Ipso Facto) a identifié une serpe, une houe, un fer plat à douille ainsi qu’un réa de poulie. A la proue du bateau, deux perches de sonde, du bois de chauffage, pour l’alimentation du braséro, et un gros cordage ont également été découverts. C’est aussi à la proue, coincée entre deux pièces d’architecture, que la monnaie votive du bateau a été découverte (cf. photo p. 3 du 2ème article Lison). Mise en place au moment de la construction, cette pièce en argent était destinée à assurer au bateau la bienveillance des dieux. C’est l’archéologue amateur Othello Badan qui a orienté les archéologues et les géologues vers les carrières de St-Gabriel d’où proviennent les pierres de chargement du chaland (photo Rémi Benali, Studio Atlantis, Mdaa/CG13) Un siècle plus tard, les mêmes chantiers devaient être encore très actifs pour construire un bateau tel que le chaland Arles-Rhône 3. On imagine un foisonnement d’activités et d’artisans. L’approvisionnement en bois devait être important. De nombreuses inscriptions, imprimées dans les bois du chaland, sembleraient ainsi correspondre, selon l’étude qu’en a réalisée Nicolas Tran (Université de Poitier), à des logiques d’approvisionnement ou de stockage des bois. Des forges et des ateliers de corderie devaient également se trouver à proximité tandis que devaient être entreposés des ballots de chiffons de laine et des marmites bouillonnantes de poix. Les caractéristiques d’Arles-Rhône 3 l’inscrivent dans la famille des chalands gallo-romains du bassin rhodanien. Etudiée par Eric Rieth (CNRS/LAMOP-Musée national de la Marine), cette famille se caractérise par des influences d’origine maritime et par des éléments architecturaux originaux : le recours au lutage est un procédé d’étanchéité typiquement méditerranéen tandis que l’utilisation de demi-troncs de sapin, pour la construction des flancs, est commune à quelques épaves de ce groupe. A l’interface entre la Méditerranée et le Rhône, les chantiers navals d’Arles ont sans doute joué le rôle de creuset de ces influences maritimes qui se sont ensuite propagées par la voie fluviale au moins jusqu’à hauteur de Lyon. 72 - Dossier de presse MDAA Une coque conservée à plus de 90% avec l’ensemble de ses aménagements internes suffit déjà à faire de cette épave une découverte exceptionnelle. La mise au jour de ses appareils de navigation conduit à la considérer comme une des épaves de bateau parmi les plus complètes au monde. Rangé dans le fond du caisson, c’est un mât en frêne qui a aussi été découvert lors des fouilles. Il s’agit bien d’une pièce exceptionnelle si on considère que très peu de mâts de bateaux antiques ont été découverts et qu’aucun mât de halage n’avait jamais été mis au jour jusque-là. La petite taille de ce mât (3,70 m) et les traces de passage de cordages permettent en effet de l’interpréter comme un mât de halage destiné à la traction du bateau depuis les berges du fleuve. En arrière de l’épave, une rame-gouvernail en chêne a été découverte. Avec une datation et des dimensions (7,20 m de longueur) qui concordent avec celles du bateau, cette pelle de gouverne a été associée au chaland dont elle s’est sans doute détachée. Disposée à l’origine dans l’axe arrière de la coque, cette rame permettait d’assurer la direction du chaland. Une zone de vie était enfin aménagée à bord. Située sur l’arrière, cet espace comprenait du mobilier céramique et des outils. Organisés autour d’un fond de dolium (grande jarre) réutilisé comme foyer, des bouilloires, un mortier, des bols et des assiettes attestent d’une activité de cuisine. Ainsi construit et équipé, ce chaland était destiné au transport de marchandises dans un espace de navigation circonscrit pour l’essentiel à la section inférieure du Rhône. Lors de son dernier voyage, c’est une cargaison de pierres calcaires que transportait le chaland pour un poids estimé entre 21 et 31 tonnes, soit l’équivalent d’environ soixante charrettes. L’équipe de géologues de Philippe Bromblet (CICRP) a confirmé que ces blocs provenaient des carrières de Saint-Gabriel (Tarascon), situées à 15 km au nord d’Arles. Selon Pierre Excoffon, l’archéologue qui a étudié le chargement, ces pierres relativement ordinaires pourraient illustrer un commerce mal connu de l’époque, mais pourtant important, destiné à alimenter en partie le marché arlésien mais plus probablement en lien avec la construction de villas agricoles en Camargue, vaste zone totalement dépourvue de pierres. D’autres types de marchandises ont pu être transportés sur ce chaland en relation, notamment, avec le sens de navigation. S’il était plus rentable d’acheminer des pierres en navigation descendante, une cargaison moins pondéreuse devait être privilégiée à la remonte. A la descente, le chaland se laissait en effet porter par le courant alors que pour remonter, le bateau devait être halé. Par conséquent, plus le bateau était chargé, plus il fallait d’hommes. Dans l’Antiquité, le halage sur le Rhône était en effet assuré par des hommes, sans doute des esclaves, et on estime qu’il fallait 26 haleurs pour tracter le chaland chargé au maximum. Si le chargement était moins lourd à la remonte, il pouvait en revanche être volumineux. Ballots de laine, céréales et sel auraient pu être transportés par le chaland au retour de Camargue si on envisage cette région comme point de destination du chargement de pierres. Dans ce cas, le chaland aurait alors fait une halte dans le port d’Arles avant de reprendre la descente du fleuve. Il ne repartit cependant jamais puisqu’il fut englouti dans les eaux du Rhône. Quel évènement a pu causer un naufrage aussi rapide pour que les bateliers n’aient pas le temps de récupérer leurs effets personnels et que le chargement soit définitivement perdu ? Une crue est sans doute la cause de cet épisode tragique. En atteste l’épaisse couche d’argile retrouvée sur le fond de la coque et provenant, selon le géomorphologue Claude Vella (Aix-Marseille Université/CEREGE), d’une phase de décrue qui aurait succédée à une crue. Près de 2 000 ans plus tard, le chaland Arles-Rhône 3 est à nouveau en situation de navigation. Avec son mât de halage et sa pelle de gouverne remis en place, le mobilier de bord de son équipage et une partie de son chargement (en fac-similé), cet ensemble représente un témoin précieux de la batellerie gallo-romaine. Il constitue également une des plus belles épaves antiques jamais renflouée et présentée dans un musée. En classant le chaland Arles-Rhône 3 « Trésor National », le Ministère de la Culture ne s’y est pas trompé. La monnaie votive du chaland découverte entre deux pièces d’architecture, à la proue du chaland. La restauration et l’étude numismatique conduites par Joël Françoise (Arc-Numismatique) permettent d’identifier un denier républicain en argent frappé en 123 av. J.-C. à Rome (photo Rémi Benali, Studio Atlantis, Mdaa/CG13). Dossier de presse MDAA - 73 Le chaland Arles-Rhône 3 un puzzle de 31 mètres de long A Grenoble, une équipe de restaurateurs et de chaudronniers relève le défi de conserver et présenter au public le chaland Arles-Rhône 3 en moins de deux ans A Grenoble, sur le site du CEA, le nucléaire est au service du patrimoine. Pour assurer sa conservation, la proue du chaland Arles-Rhône 3 est en cours d’installation dans la cellule d’irradiation pour être exposée aux rayonnements gamma (photo Remi Benali) 74 - Dossier de presse MDAA Dossier de presse MDAA - 75 Juin 2013 : après huit mois d’immersion, le banc de mât et diverses pièces du bateau, disposés sur des plateaux, sortent des bassins remplis de polyéthylène glycol (photo Remi Benali) Par Henri Bernard-Maugiron, Responsable de la restauration des bois Arc Nucléart – Grenoble Quel traitement de conservation pour une épave de 31 mètres de long alors que vous vous ne disposez que de deux ans ? Essayez de sortir un bois archéologique qui a séjourné 2000 ans au fond du Rhône et laissez le sécher à l’air. Le résultat sera catastrophique ! Gorgé d’eau comme une éponge, le bois, en séchant, se rétractera et se fissurera dramatiquement. Pour éviter ce résultat irréversible, quelques rares ateliers disséminés dans le monde entier ont développé des techniques spécifiques de consolidation et de séchage de ces bois si fragiles. Lorsque la décision de conserver le chaland par l’atelier ARC-Nucléart a été confirmée, l’équipe de Grenoble a dû concevoir un projet permettant de trouver les solutions techniques pour la conservation d’une très grande embarcation dont le bois gorgé d’eau avait perdu une grande partie de sa solidité. A cette difficulté s’ajoutait celle de pouvoir s’inscrire dans le délai extraordinairement tendu de deux années. En conséquence, la majorité des installations d’imprégnation et les deux lyophilisateurs principaux - ces grandes enceintes de séchage sous vide - de l’atelier a été mobilisée pour le traitement prioritaire du chaland. Il a aussi été décidé de découper l’épave en tronçons dont les dimensions étaient compatibles avec celles de toutes les installations de traitement. La résine nécessaire à la conso- 76 - Dossier de presse MDAA lidation du bois a été sélectionnée avec un faible poids moléculaire pour une plus grande vitesse d’imprégnation. Enfin, un calendrier prenant en compte l’ensemble des éléments de l’épave et le temps de passage dans chaque installation a rendu évident le recours partiel à une aide extérieure, celle d’un industriel de la lyophilisation (Lyofal), pour mener à bien tous les cycles de séchage prévus. Le démantèlement partiel de l’épave dès sa sortie de l’eau ou, comment, sur les bords du fleuve, la préparation du traitement du bois commence déjà Fouillée, l’épave a été découpée en dix tronçons qui ont été remontés successivement à la surface du Rhône, entre juillet et octobre 2011, selon un plan de découpage défini par les archéologues, en concertation avec les restaurateurs. Une fois à terre, les côtés de l’embarcation ont été désassemblés. Afin de préparer le traitement du bois, l’équipe de restauration du musée, sous la direction de Marie-Laure Courboulès, a nettoyé chaque fragment préalablement numéroté par les archéologues pour faciliter la reconstitution du bateau. Pendant toute la durée des opérations, l’équipe a assuré également la bonne conservation des bois par arrosage régulier sous des rampes d’aspersion. A la fin de toutes ces opérations, un conditionnement adapté a permis le calage et le maintien des bois humides pendant le transfert par camion vers l’atelier de conservation ARC-Nucléart. L’imprégnation du bois par polyéthylène glycol ou comment remplacer l’eau d’un bois archéologique par une résine ? A sa sortie du Rhône, le bois était si mou qu’on pouvait y enfoncer un doigt. Pour le consolider, les restaurateurs de Grenoble ont immergé les bois pendant un an dans des bassins afin de l’imprégner dans une résine liquide, le polyéthylène glycol. Le reliquat d’eau encore présent a ensuite été éliminé par lyophilisation. Pour y parvenir, les éléments de l’épave ont été placés à tour de rôle dans un lyophilisateur où une congélation à -30°C a transformé l’eau en glace. Une mise sous vide a provoqué ensuite le phénomène physique de « sublimation » de la glace, qui se caractérise par son évaporation. En moins de deux mois, toute la glace avait disparu et le bois était désormais totalement sec et sans déformation grâce à la cristallisation de la résine. Les pièces les plus massives pesaient 400 kg quand elles étaient humides. A la sortie du lyophilisateur, elles n’en faisaient plus que 200 kg. Il aura fallu pas moins de trente cycles de lyophilisation pour sécher les 10 tonnes de bois gorgés d’eau de l’épave. 1700 clous en fer et des sulfures de fer… : le spectre du Vasa plane sur l’épave Arles-Rhône 3 La coque du chaland était assemblée par près de 1700 clous en fer forgé. Par précaution, les chimistes de l’atelier de Grenoble ont vérifié l’éventuelle présence de sulfures de fer dans le bois à proximité des clous. Des échantillons prélevés autour des clous ont été analysés. Les conclusions ont été sans appel : le sulfure de fer était présent dans le bois à proximité des clous. L’expérience malheureuse de l’épave suédoise du Vasa, ce splendide vaisseau royal du 17e siècle conservé au musée du Vasa de Stockholm, nous a appris que la forte teneur du bois en sulfure de fer, combinée à l’humidité de l’air, provoquait un spectaculaire processus d’acidification du bois. Ce phénomène se manifeste par une diffusion progressive et inexorable de l’acide sulfurique depuis les zones cloutées vers les zones saines du bois. Pour bloquer le processus, des restaurateurs de la société A-Corros, spécialisés dans le domaine des métaux archéologiques, ont procédé à l’enlèvement de la majorité des clous de fer, en l’associant systématiquement à un curettage préventif. Celui-ci éliminait les premiers millimètres de bois au contact des clous, soustrayant ainsi de l’épave les ingrédients susceptibles de la détruire sournoisement. Dossier de presse MDAA - 77 La restauratrice Ethel Bouquin assure au pinceau les finitions pour la présentation du chaland (photo Remi Benali) Séance d’enlèvement des clous par les restaurateurs d’A-Corros (photo Remi Benali) Le chaland en cours de remontage, sur son support, au musée départemental Arles antique par les régisseuses d’ARC-Nucléart et les chaudronniers de CIC-Orio (photo Remi Benali) Les clous retirés ont été remplacés par des copies en résine. En plus des clous d’assemblage, la partie avant du chaland présente des renforts ferreux, aux remarquables formes lancéolées, disposés de part et d’autre de la proue. Ces parties métalliques, bien que capables de générer une source de sulfures de fer, ont été conservées en raison de leur grand intérêt technique et de leur valeur esthétique. Afin d’assurer la stabilité de cette partie « composite », un traitement complémentaire a été réalisé grâce au procédé « Nucléart ». Développé par l’atelier grenoblois implanté sur le site du Commissariat à l’Energie Atomique de Grenoble, ce procédé consiste à imprégner le bois au moyen d’une résine liquide polyester dont le durcissement est obtenu en quelques heures par irradiation au rayonnement gamma. Le bois ainsi traité devient hydrophobe et donc impropre à la diffusion d’une éventuelle acidification. Restaurer le bois et reconstituer le chaland Arles-Rhône 3 sur un support sur mesure pour évoquer son ultime voyage Une fois le bois séché, de nombreux mois d’un long et très patient travail de restauration ont été nécessaires. Des centaines de fragments encore fragiles ont été manipulés avec le plus grand soin pour être recollés et consolidés. La 78 - Dossier de presse MDAA reconstitution du chaland n’a pu être réalisée qu’après la conception puis la réalisation, par les chaudronniers de CICOrio, d’un support métallique adapté sur mesure aux bois replacés progressivement. Les parties disparues de l’arrière de l’embarcation ont été reconstituées en bois contemporains. Le mât de halage a été dressé dans son emplanture. La longue pelle de gouverne a retrouvé sa position d’usage à l’arrière du chaland. Des blocs de pierre (des copies en résine légère) viennent s’entasser dans le caisson central pour figurer le dernier chargement du chaland. Tout au long du travail de restauration et de remontage du chaland, une étroite collaboration a uni constamment les chaudronniers, les régisseurs, les ébénistes, les restaurateurs et les archéologues – en tout, une vingtaine de personnes – pour un seul objectif : offrir au public la reconstitution du chaland lors de son dernier voyage. Aujourd’hui, le chaland gallo-romain Arles-Rhône 3 est la plus grande des embarcations archéologiques présentées en France. Dossier de presse MDAA - 79 Arles-Rhône 3 une épave inscrite dans l’histoire de l’archéologie sous-marine française, un projet muséographique emblématique Michel L’Hour Conservateur général du Patrimoine. Directeur du Département des recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines, membre de l’Académie de marine Le Drassm : un service d’Etat unique et exemplaire Grâce à André Malraux, alors ministre des Affaires Culturelles, la France dispose depuis 1966 d’un Département des recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines (Drassm) apte à gérer scientifiquement et administrativement l’ensemble des biens culturels maritimes des eaux françaises, de l’Atlantique au Pacifique et de l’Indien à la Méditerranée. Exerçant sa tutelle sur le second espace maritime le plus vaste du monde, le Drassm joue en outre un rôle privilégié sur le patrimoine immergé des eaux intérieures françaises depuis sa fusion en 1996 avec le Centre national de la recherche archéologique subaquatique (CNRAS). Service à compétence nationale (SCN) du ministère de la Culture, le Drassm assure ainsi depuis près de 50 ans la mise en valeur, l’étude et la protection de tous les biens culturels maritimes, qu’il s’agisse d’objets isolés, d’épaves homogènes ou de sites terrestres aujourd’hui submergés. Il a notamment pour mission d’appliquer, en liaison avec les administrations compétentes, la législation et la réglementation relatives aux épaves à caractère patrimonial, recenser et expertiser l’ensemble des découvertes sous-marines, conduire ou superviser les fouilles sous-marines, gérer les collections d’objets découverts fortuitement ou au cours des fouilles, établir un rapport scientifique détaillé de chaque découverte de bien culturel maritime afin d’instruire les demandes de récompense présentées par les inventeurs, recueillir et diffuser l’information et la documentation, participer aux expositions et aux manifestations sur le patrimoine sous-marin et, enfin, former aux techniques de l’archéologie sous-marine en accueillant des stagiaires, français et étrangers. Parmi ces missions, toutes incontestablement fondamentales, il en est deux toutefois qui apparaissent chaque jour 80 - Dossier de presse MDAA plus cruciales pour le développement de la recherche archéologique sous-marine et le maintien de l’efficience française dans cette discipline : la formation et l’expertise. La formation : un enjeu de taille où intervient Arles Rhône 3 La pénurie de spécialistes pénalise aujourd’hui dans le monde entier la protection d’un patrimoine immergé que menacent pourtant de manière sans cesse plus impérative les activités industrielles ou de pêche, voire un pillage toujours mieux organisé. Face au besoin croissant de spécialistes il convient donc de créer des centres internationaux de formation à l’archéologie sous-marine vers lesquels l’on recentrerait la demande et où l’on réunirait des formateurs venus de tous les horizons. La ratification par un nombre toujours plus important d’États - dont la France depuis février 2013 - de la Convention Unesco de 2001 sur la protection du patrimoine culturel subaquatique a accentué depuis une décennie la pression amicale qu’exercent de nombreux pays sur la France pour l’inciter à créer une telle filière de formation. En septembre 2013, l’Université d’Aix-Marseille a donc inauguré une formation de haut niveau à l’archéologie maritime et sous-marine. Largement ouvert à l’international, le cursus de niveau master 1 et 2 mis en place a l’ambition de satisfaire tant à la formation scientifique et technique qu’à l’apprentissage à la logistique des futurs cadres de l’archéologie sous-marine mondiale. Réunissant des formateurs venus de tous les horizons, ce cursus entend bien sûr mettre aussi - et d’abord - à contribution les savoirs patiemment édifiés par les chercheurs instruits en France sur des chantiers phares, comme ceux de la Natière, en Bretagne, et d’Arles-Rhône 3, dans le Rhône. Car, pendant des décennies, c’est très essentiellement L’André Malraux, navire de recherche du Drassm, et le sous-marin canadien Aquarius, en opération en août 2013 sur les épaves du D-Day. Lors de cette campagne préparatoire aux commémorations du 70e anniversaire du débarquement de Normandie, le Malraux a également mis en œuvre le sous-marin monoplace Deep Worker (Cliché Sébastien Legrand/ Drassm) Le Drassm exerce sa tutelle sur un espace maritime aux dimensions planétaires, près de 11 millions de km² répartis dans tous les océans. Il est de ce fait amené à programmer des expertises très loin de sa base de Marseille. Ici, la prospection d’un cimetière d’esclaves du XIXe siècle situé en bordure du fleuve Mahury, face à Degrad des Cannes, port de Cayenne, Guyane (Cliché Guy Dauphin/MCC) Dossier de presse MDAA - 81 par l’accueil de « stagiaires » au sein d’équipes de fouilles d’ores et déjà constituées que se sont transmis en France les savoirs. Il en fut ainsi pour la plupart des archéologues sous-marins aujourd’hui en activité et ce fut aussi la filière empruntée par la grande majorité des spécialistes qui ont eu, depuis 2008, la charge de l’étude du site Arles Rhône 3. Enregistrer et expertiser : un acte fondateur de toute démarche scientifique L’une des premières attributions du Drassm réside dans l’inventaire et l’expertise systématiques des nouvelles découvertes de biens culturels maritimes. Doté pour ce faire, dès 1967, d’un navire de recherche archéologique sous-marine, L’Archéonaute, le Drassm a profondément modernisé ses moyens d’intervention en 2012 en accueillant au service opérationnel un nouveau navire de recherche, l’André Malraux. Conçu par et pour des spécialistes de l’archéologie sous-marine, ce bâtiment de 37 m et 300 tonneaux est apte à naviguer depuis la frange littorale jusqu’à 200 milles des côtes. Parfaitement équipé pour accueillir et mettre en œuvre tant des plongeurs, à l’air et au nitrox, que des sous-marins habités, des robots ou des systèmes de détection électronique, l’André Malraux a déjà parcouru en deux campagnes près de 20 000 nautiques. Depuis la Corse jusqu’à la mer du Nord, il ainsi réalisé en moins de deux ans l’expertise de plusieurs dizaines d’épaves localisées jusqu’à 500 mètres de profondeur. La mission d’expertise, dont s’acquitte le Drassm avec opiniâtreté, est une contrepartie logique à l’obligation faite à tout « inventeur » d’un bien culturel maritime de le laisser en place et d’en faire la déclaration dans les 48 heures de la découverte ou du retour au premier port. Le résultat de cette disposition juridique et scientifique est qu’en un peu moins de cinquante années, l’analyse systématique du patrimoine immergé découvert a entraîné le Drassm à enregistrer comme biens culturels maritimes plus de 1350 gisements sous-marins. Elle l’a aussi conduit à exercer la tutelle d’un très grand nombre de chantiers de fouille programmée qui ont permis de faire progresser la recherche et ont assuré à la France la première place dans la discipline. Sans l’enregistrement et l’expertise systéma- tiques des découvertes, des épaves comme celles de la Madrague de Giens, la Pointe Lequin 1, Aber Wrac’h 1, Tatihou A/B, et E, Natière 1 et 2 ou Arles-Rhône 3 n’auraient sans doute jamais révélé leur potentiel et ne se seraient jamais affirmées comme les sites de référence qu’elles sont devenues. Enregistrer et expertiser sont donc deux fonctions historiques essentielles du Drassm autant qu’un préalable incontournable et irréductible à tout projet de fouille programmée. Arles-Rhône3 : une vie exemplaire au long d’un fleuve non tranquille Née à l’histoire contemporaine lors de sa découverte au cours d’une mission de carte archéologique conduite en 2004 par Luc Long (Drassm), expertisée en 2005 et 2006 par la même équipe, objet en 2007 d’un sondage approfondi mené par Sabrina Marlier, fouillée de manière méthodique, de 2008 à 2011, par une équipe de jeunes chercheurs auxquels le Drassm mit autrefois le « pied à l’étrier », l’épave Arles-Rhône 3 a resurgi en 2011 des flots boueux du Rhône pour finalement intégrer, en 2013, dans un écrin conçu spécifiquement pour elle, les prestigieuses collections du musée départemental Arles antique. Après l’étude des épaves de la Natière à Saint-Malo ou la fouille du dépotoir sous-marin de Trinquetaille et l’exposition en 2010, à Arles, de ses résultats, le site Arles-Rhône 3 apparaît ainsi comme l’une des matérialisations les plus exemplaires de ce qu’une gestion scientifique et administrative coordonnée et raisonnée du patrimoine immergé peut offrir. Désormais inscrite à la meilleure place dans la jeune histoire de l’archéologie sous-marine, elle offre ce faisant l’image magistrale d’un trait d’union fulgurant jeté tout à la fois entre les hommes de l’Antiquité et nos contemporains, entre une institution expérimentée voulue par Malraux et un monde de chercheurs en devenir, entre des archéologues, enfin, et un grand musée dont le discours inspiré et renouvelé s’impose de jour en jour comme emblématique. On voudrait qu’il en soit toujours ainsi ! On recherchera obstinément d’en pérenniser le modèle. Conduit par le Drassm de 1999 à 2008, le chantier de fouille de la Natière, à Saint-Malo, a permis l’étude de deux épaves de navires corsaires perdus l’un en 1704, la Dauphine, l’autre en 1749, L’Aimable Grenot. Cette opération a offert un témoignage unique sur la vie des corsaires et des marchands du début du XVIIIe siècle (Cliché Teddy Seguin) 82 - Dossier de presse MDAA Dossier de presse MDAA - 83 (1) Tel Atlas portant la voute Céleste, Vincent Castello, du service technique du musée départemental Arles antique, range une amphore à huile de Bétique (Andalousie) dans les rayonnages des réserves du musée (photo Rémi Bénali) (double page d’ouverture) Des objets par milliers le dépotoir portuaire recouvrant l’épave Arles-Rhône 3 2 000 ans après le naufrage du chaland Arles-Rhône 3, les archéologues découvrent une épave recouverte par une montagne d’objets qui livrent quantité d’informations sur le commerce dans l’Antiquité et l’Arles romaine. 84 - Dossier de presse MDAA Dossier de presse MDAA - 85 Regroupement d’archéologues autour de la découverte de gobelets miraculeusement retrouvés intacts et encore empilés (photo Rémi Bénali) Mathilde Carrive, doctorante, étudie plus de 2000 fragments d’enduits peints. Les restes de matières conservés derrière les fragments d’enduits attestent l’usage de torchis, de lattis de bois et éventuellement de briques de terre crue. Ils devaient orner des habitats modestes ou des zone d’ateliers (photo Rémi Bénali) Par David Djaoui, Archéologue, Responsable de fouil es sous-marines et subaquatiques Après que les eaux boueuses du Rhône eurent englouti le chaland Arles-Rhône 3, la vie économiq ue et commerciale de l’antiq ue Arelate a repris son cours normal. Les nombreux rejets issus des activités portuaires sont venus recouvrir l’ épave pour constituer un véritable « dépotoir». L’étude de cet amas détritiq ue permet ainsi d’appréhender partiel ement l’activité portuaire et artisanale de la rive droite du Rhône. A travers les 900 m3 de sédiments fouil és et déplacés pour atteindre et renflouer l’ épave, ont été extraits plus de 4 000 amphores, des dizaines de mil iers de céramiq ues, 816 lampes, 428 monnaies, un mil ier d’objets en verre, une centaine d’objets en bois appartenant à des gréements de navire. 86 - Dossier de presse MDAA Le briefing conduit par Mourad El Amouri (Ipso Facto), co-responsable scientifique de l’opération, et Benoît Poinard (O’Can), chef de chantier, permet d’organiser la journée et de répartir les postes entre la fouille subaquatique Constitution du dépotoir C’est avant tout la découverte de milliers d’amphores qui matérialisent un commerce rassemblant des produits issus de l’ensemble de la Méditerranée (vin, huile, sauces de poisson). Une fois les produits arrivés à destination et transvasés dans différentes céramiques de stockage, les amphores, simples conteneurs de transport, étaient généralement rejetées dans le Rhône. Cette accumulation amphorique constitue ce que les archéologues appellent une « zone de rupture de charge ». L’étude de ces amphores, dont les formes correspondent assez fidèlement à une provenance et un produit, permettent ainsi de mieux mesurer les flux commerciaux dans l’Antiquité. De nombreuses inscriptions peintes, véritables étiquettes commerciales, permettent de valider la nature et la qualité des produits transportés. Ainsi, peut-on lire sur une amphore de Bétique (Andalousie) qu’elle renferme du jeune thon de moins d’un an qualifié d’excellent et dont il est mentionné que ce dernier a vieilli pendant quatre ans. Plus étonnante est la mention inédite de Mala Cotonia c’est-à-dire du coing. Pline l’Ancien, écrivain et naturaliste romain du Ier s. apr. J.-C., précise que ce fruit offrait de nombreuses vertus médicinales et se trouvait exploité sous différentes formes. On les connaît cuits dans du vin, confits dans du miel ou pilé avec des feuilles de roses bouillies (Hist. Nat., II, 23.2). A cet abondant mobilier amphorique, qui témoigne de l’intense activité commerciale et du trafic fluviomaritime à Arles, à l’époque romaine, s’ajoutent également des milliers d’objets qui nous renseignent autant sur les importations de céramiques fines que sur le matériel de bord des bateaux. Les quantités importantes de sigillées sud-gauloise (production de l’Aveyron) et des parois fines de Bétique (Andalousie) retrouvées sans aucune trace d’usage témoignent de la circulation de vases-marchandises. Ces derniers, ébréchés et cassés durant le transport, auraient été jetés dans le Rhône à leur arrivée. Le stationnement prolongé des bateaux amarrés en rive droite du Rhône a entrainé également le rejet d’une partie des vaisselles et des conserves qui, cassées ou consommées par les marins, ont été ensuite basculées par-dessus bord. Il est étonnant de constater que certains de ces petits conteneurs en céramique participent de la même logique commerciale que les amphores : une forme correspond à un produit. C’est le cas pour une soixantaine de pots, produits dans le Latium (région centrale d’Italie), et Dossier de presse MDAA - 87 qui contenait systématiquement un produit halieutique (à base de poisson). On a pu ainsi identifier des sardines, des araignées de mer, du thon voire même des préparations élaborées à partir de petits poissons. Après avoir filtré l’un des pots, l’ichtyologue Gaël Piquès (CNRS/Archéologie des Sociétés méditerranéennes) a ainsi isolé une trentaine de jeunes aloses, six petits maquereaux, quelques anchois et une petite sole. À cela s’ajoutaient huit parties antérieures de têtes tranchées de maquereau dont il manquait assez curieusement le reste du corps. Cette découpe précise permet en réalité de vider les maquereaux de leur sang afin d’éviter la corruption rapide des chairs pour en améliorer la conservation. La tête des maquereaux devait être tranchée au dessus du pot, de manière à faire écouler le sang dans le récipient pour le mêler directement aux autres ingrédients dont le sel. A la lecture des textes antiques, cette préparation pourrait correspondre à la définition que Pline l’Ancien fait de l’hallec à partir d’une multitude d’espèces et notamment de petits poissons : « l’alex, rebut du garum, est une lie grossière et mal filtrée, cependant on commence à le préparer séparément avec un tout petit poisson, du reste sans usage ; c’est l’apua (IX, 74, 5) des Latins, l’aphye des Grecs (anchois)… » (Hist. Nat., XXXI, 44). De manière ponctuelle, certaines découvertes peuvent laisser envisager une manipulation malencontreuse des portefaix, hommes dont le métier était de porter des fardeaux. C’est sans doute le cas pour quatre-vingt-dix-sept gobelets retrouvés encore empilés les uns dans les autres Leur concentration bien ordonnée au fond du Rhône signale que ces récipients devaient être contenus dans une caisse en bois, aujourd’hui disparue. L’environnement proche commence à se dessiner Les fouilles ont mis également au jour des fragments d’enduits peints, de marbre, des rejets d’ateliers de boucherie, des moutons de tuiles et des parois de four dont l’origine est à rechercher, sinon à proximité immédiate de la zone de rejet, du moins dans un secteur assez proche. L’un des premiers constats établi par Mathilde Carrive (Aix-Marseille Université/Institut de Recherche sur l’Archi- tecture Antique), en charge de l’étude regroupant plus de 2000 fragments d’enduits peints, porte sur l’homogénéité de la série qui pourrait servir l’hypothèse d’une appartenance à une construction proche ou adjacente au Rhône. Certains types de déchets proviennent de structures artisanales (boucheries, tuileries…) qui ont probablement profité de la proximité du fleuve pour y rejeter leurs rebuts. Une découverte exceptionnelle On signalera enfin une découverte exceptionnelle, celle d’un cratère en céramique. Sur ce dernier, une frise constituée de médaillons d’appliques présente une Vénus dont le nom a été gravé dessous. Au-dessus de deux grappes de raisin, deux graffiti réalisés avant cuisson, c’est-à-dire contemporains de la fabrication du cratère, portent les noms Aminea et Cavara. La mention Aminea ne peut désigner que le célèbre cépage campanien, bien connu par les textes antiques. Pline l’Ancien donne justement la première place aux vignes aminnéennes pour la force de leur vin qui gagne toujours du corps en vieillissant. (Hist. Nat., XIV, 21). Plus étonnant, et devant suivre la même logique, la mention Cavara doit également désigner un cépage. Cavara fait référence au nom des Cavares, un peuple que l’on situe au-delà de Cavaillon-Avignon-Orange. Or aucune source écrite, ni même archéologique, ne fait mention de la présence d’un vignoble et d’un tel cépage. Sous les deux poissons, deux personnages barbus identiques sont entourés et coiffés par des serpents qui s’étendent jusqu’aux grappes. Par comparaison avec des cratères découverts à Pompéi, ce personnage énigmatique pourrait correspondre au dieu thraco-phrygien Sabazios, venu de la Phrygie anatolienne et représenté le plus souvent barbu. Engagées depuis à peine un an, les études conduites par une vingtaine de chercheurs sur l’ensemble de ce mobilier révèlent d’ores et déjà tout le potentiel de ce site archéologique subaquatique devenu, en quelques années, un site archéologique de référence au même titre que celui de Pompéi. Assia Veleva (Ipso Facto) dessine la frise d’un immense cratère. Ce cratère, servant à mélanger le vin et l’eau, devait accueillir des banquets rituels où l’ivresse devait tenir une place de choix dans la célébration de ce culte (photo Rémi Bénali) 88 - Dossier de presse MDAA Dossier de presse MDAA - 89 Rendre visible l’invisible Par Fabrice DENISE A chaque relevage de tronçons de l’épave, les visiteurs affluaient sur les berges du Rhône. Sur place, plusieurs médiateurs du musée commentaient l’opération (© Remi Benali) Attaché de conservation Responsable du département des publics du musée départemental Arles antique, L’archéologie sous-marine attire un public nombreux, stimulé par cette rencontre spectaculaire des sciences humaines et de la plongée en scaphandre autonome. Depuis l’apparition de ce nouveau domaine d’investigation dans les années 1950, à Marseille, les possibilités d’informations se sont multipliées : expositions temporaires dans les musées, films documentaires, festivals cinématographiques, reportages télévisés, sites internet dédiés… Cette valorisation a également pu se faire au travers d’expériences « immersives » : plongées guidées sur des sites immergés, implantation de panneaux didactiques reliés par un fil d’Ariane ! Mais dans l’ensemble, l’accès du grand public aux chantiers de fouilles archéologiques subaquatiques reste difficile, voire impossible, à la différence des opérations terrestres et de leurs désormais traditionnelles « journées portes ouvertes ». Avec l’opération Arles-Rhône 3, le musée départemental Arles antique a imaginé plusieurs façons de rendre accessible les résultats des fouilles. Il faut dire que la valorisation de la recherche archéologique est inscrite dans les missions fondamentales de ce musée qui, depuis son ouverture en 1995, n’a cessé d’être une vitrine très active pour la discipline dans son ensemble. Depuis les premières fouilles de l’été 2008, jusqu’à la présentation de l’épave complète en octobre 2013, plusieurs milliers de personnes ont eu la possibilité de « rentrer » directement dans cette extraordinaire aventure scientifique, technique et humaine. Six années qui ont vu toute une population de résidents, de promeneurs, de scolaires, d’amateurs éclairés… s’approprier peu à peu une épave antique et se familiariser avec une équipe scientifique pluridisciplinaire, fortement engagée dans ces activités de médiation. 90 - Dossier de presse MDAA Au final, le programme imaginé par le musée a été d’une incroyable richesse, tant sur le lieu de la fouille que dans les espaces muséographiques : des rencontres chaque semaine avec les équipes de fouille, des échanges en direct du fond du fleuve avec les plongeurs équipés de caméra et micros, des projections et conférences de plein air dans le cadre festif des soirées « Rhône Movie Party », des visites du chantier de fouille ou des locaux de conditionnement des collections, des conférences-croisières à proximité des zones de fouille, une exposition de plein air, des blogs, des vidéos, un site dédié (www.arles-rhone3.fr)... De quoi rendre véritablement visible l’invisible, avant même que le chaland ne trouve une nouvelle vie au milieu des collections et des publics du musée. Découvrez sur www.arles-antique.CG13.fr un ensemble de reportages (5mn par épisode) très didactiques qui retracent l’intégralité de l’opération, de la fouille à l’installation du chaland dans le musée (réalisation : Kaléo) Sabrina Marlier (responsable de l’opération) présente la proue du chaland à de jeunes collégiens lors d’une visite des locaux de conditionnement de l’épave (© Lionel Roux) Le rendez-vous hebdomadaire de la médiation entre le public et les divers responsables du chantier. Des écrans permettaient de suivre en temps réel certaines opérations subaquatiques (© Philippe Robin) Dossier de presse MDAA - 91 Les partenaires 92 - Dossier de presse MDAA Dossier de presse MDAA - 93 La Compagnie Nationale du Rhône En 2007, la Compagnie Nationale du Rhône menait des travaux pour construire l’appontement du quai de la Gabelle à Arles. Parallèlement, des fouilles archéologiques poussées aboutissaient à la découverte de nombreux trésors enfouis dans le Rhône. Parmi eux, l’épave d’une trentaine de mètres du chaland Arles-Rhône 3. La CNR, partenaire incontournable des collectivités territoriales de la vallée du Rhône, a décidé de contribuer à la valorisation de ce vestige, classé Trésor National : apport financier et apport de ses compétences techniques, de sa connaissance du fleuve pour l’extraction du chaland, sa restauration et l’installation dans le nouvel espace du Musée Départemental Arles Antique dédié aux activités fluviomaritimes. À travers ce mécénat, la Compagnie témoigne de son attachement à préserver et valoriser le patrimoine rhodanien. Il trouve entièrement sa place dans le volet « ancrage local » de nos Missions d’Intérêt Général, démarche volontaire engagée dès 2004 pour soutenir des projets durables de développement des territoires aux côtés des collectivités et des riverains. Emblèmes de notre modèle de développement, solidaire et redistributif, les Missions d’Intérêt Général s’inscrivent dans la démarche de Responsabilité Sociétale des Entreprises de la Compagnie vis-à-vis des territoires où elle exerce son activité. Elisabeth Ayrault Présidente du directoire Présidente directrice générale Compagnie Nationale du Rhône L a Compagnie Nationale du Rhône est le deuxième producteur français d’électricité et le premier d’énergie exclusivement renouvelable. Elle produit et valorise plus de 15 TWh issus de l’hydraulique, de l’éolien et du photovoltaïque. Son capital est majoritairement public : la Caisse des Dépôts et Consignations ainsi que des collectivités locales détiennent plus de 50% des actions et GDF-SUEZ, actionnaire de référence, 49,97%. Créée en 1933, elle a reçu de l’État en 1934 la concession du fleuve pour l’aménager et l’exploiter selon trois missions indissociables et solidaires financièrement : la production d’hydroélectricité, l’amélioration de la navigation, l’irrigation et autres usages agricoles. Elle a ainsi réalisé des centrales, barrages et écluses offrant 330 km de voie navigable à grand gabarit jalonnée de sites industriels et portuaires, ports de plaisance, haltes nautiques et zones de loisirs. La Compagnie Nationale du Rhône mène une stratégie industrielle performante axée sur l’entretien de son patrimoine, le développement d’un mix énergétique exclusivement renouvelable (hydraulique, éolien et photovoltaïque) et, depuis 2004, la réalisation de programmes ambitieux et volontaires de Missions d’Intérêt Général élaborés en concertation avec les collectivités territoriales et les riverains. Ce modèle d’entreprise, le modèle CNR, référent dans le domaine des concessions hydroélectriques, est basé sur la redistribution des fruits de la croissance et le 94 - Dossier de presse MDAA développement durable des territoires dont est issue la production d’électricité. Maîtrisant en interne l’ensemble des activités liées à l’énergie, elle propose des prestations en gestion et commercialisation d’électricité renouvelable sur les marchés européens ainsi qu’en ingénierie fluviale et hydroélectrique en France et dans une trentaine de pays. En 2012 la CNR a initié une démarche de Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) pour mesurer les impacts sociaux et environnementaux de l’ensemble de ses actions ainsi que la pertinence et la solidité de son modèle. Patrimoine •19 barrages •19 centrales hydroélectriques • 9 petites centrales hydrauliques et 8 mini-centrales (3022 MW de puissance installée) • 27 parcs éoliens (301 MW) • 6 parcs photovoltaïques (14,9 MWc) • 14 écluses à grand gabarit • 3 écluses de plaisance • 400 km de digues • 32 stations de pompage • 330 km de voies navigables à grand gabarit • 27 000 ha de domaine concédé • 18 plateformes industrielles multimodales dont le Port de Lyon Edouard Herriot (PLEH) et 9 sites d’activités où sont implantés 230 clients industriels et logisticiens, représentant 4 500 emplois directs Production 2012 15,46 TWh soit ¼ de l’hydroélectricité nationale Plus de 500 GWh en éolien et photovoltaïque La CNR : mécène de la restauration du chaland gallo-romain et partenaire du Musée Départemental Arles Antique La Compagnie Nationale du Rhône s’est engagée volontairement en 2004 dans des plans ambitieux de Missions d’Intérêt Général, emblème de son modèle de développement, solidaire et redistributif. Elle accompagne des projets durables de développement des territoires d’ordre culturel, économique, environnemental ou sportif dans le cadre d’une approche concertée du fleuve et de son domaine concédé. Au titre du volet « ancrage local », la Compagnie contribue à la mise en valeur et à la découverte culturelle, patrimoniale et naturelle du fleuve et de ses trésors, aux côtés des acteurs locaux. En août 2007, alors que la CNR était maître d’ouvrage dans la construction de l’appontement du quai de la Gabelle à Arles, des fouilles archéologiques menées au même moment en collaboration avec le département de Recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines (Drassm) et l’association archéologique sous-marine (2ASM) ont abouti à la découverte de plus de 250 amphores, du flotteur d’un radeau de l’époque gallo-romaine et enfin de l’épave du chaland Arles-Rhône 3 en rive droite du Rhône. Il a rapidement été décidé de restaurer ce chaland et d’agrandir le musée départemental Arles antique pour l’accueillir. La CNR a naturellement souhaité s’associer à ce projet qui met en lumière la «Petite Rome des Gaules », réputée dès l’Antiquité pour son commerce de longue distance. Sollicitée par le Conseil général des Bouches-du-Rhône pour le financement de l’opération de levage et de valorisation du chaland gallo-romain, la Compagnie a apporté une contribution de 2,5 M€ qui a permis : • la remise au jour du chaland gallo-romain, ainsi que sa fouille subaquatique et l’inventaire photogrammétrique qui en a découlé ; • son transport vers un atelier de conservation et sa restauration ; • son rapatriement, soclage et installation dans l’aile nouvellement créée du Musée Départemental Arles Antique, dédiée aux échanges fluviomaritimes au temps de l’Antiquité romaine ; • sa mise en valeur au plan scénographique et la présentation d’une nouvelle muséographie. Au-delà de l’appui financier, la CNR a également apporté à ce projet ses compétences techniques en matière de travaux fluviaux et sa connaissance approfondie du Rhône. C’est une opération d’envergure, liée directement au fleuve considéré ici non seulement comme espace de fouille et d’innovation mais aussi comme témoin incontournable de l’Histoire. Ce partenariat illustre l’action de la CNR qui contribue à la valorisation culturelle de toute une région et accompagne Marseille-Provence 2013, capitale européenne de la culture. Contacts presse : Anne MERY, directeur de la Communication Tél. 04 72 00 68 96 / [email protected] Marie-Cécile GRISARD, responsable des Relations Presse - 04 72 00 69 48 / [email protected] Dossier de presse MDAA - 95 La Région soutient le Musée départemental Arles antique La culture joue un rôle fondamental dans la constitution d’une société du vivre ensemble et de la connaissance. C’est pourquoi la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur soutient la culture, vecteur d’échange et de partage entre les citoyens de toutes générations et de toutes origines, et travaille au développement culturel de son territoire. En la matière, l’engagement de la collectivité se fait en articulation avec les communes, les intercommunalités, les départements et l’Etat. En contribuant à la richesse culturelle de Provence-Alpes-Côte d’Azur, la Région favorise également son développement économique et touristique. • Ainsi, concernant les musées, la Région soutient : - la restauration ou la réhabilitation ainsi que l’extension ou la construction des musées labellisés Musées de France pour un montant moyen de 1,5 M€ par an. C’est dans ce cadre que la Région a soutenu l’extension du musée départemental Arles antique à hauteur de 501 672 €. La construction de l’extension du Musée pour l’accueil du chaland antique a été assurée par l’Atelier de maîtrise d’œuvre du Conseil général des Bouches-du-Rhône avec pour objectif une intégration optimale dans l’architecture d’ensemble conçue à l’origine par l’architecte Henri Ciriani. Cette nouvelle aile de 900 m² se développe en prolongement des espaces d’exposition existants. Elle privilégie une muséographie innovante dont le chaland restauré est l’élément central et ouvre une nouvelle thématique fondée sur Arles comme port antique, et plus largement sur la navigation et le commerce fluvio-maritime dans la Provence antique. La Région est partenaire de l’Etat pour la construction du MUCEM qu’elle a financée à hauteur de 19,35 M€. - l’enrichissement des collections de ces mêmes musées par le financement du Fonds Régional d’Acquisition des Musées pour un montant moyen de 260 000 € par an. - les projets de médiatisation à échelle régionale ou interdépartementale : expositions d’intérêt régional, numérisation des collections pour leur diffusion par internet. • Dans le domaine de la conservation de l’ensemble des patrimoines, la Région est membre fondateur et co-financeur du CICRP (Centre interdisciplinaire de conservation et de restauration du patrimoine) implanté à Marseille à la Belle de Mai. Ce groupement d’intérêt public culturel (qui rassemble également l’Etat, le département des Bouches-du-Rhône et la Ville de Marseille) a pour mission de mettre à la disposition des collectivités et des restaurateurs : - une expertise sur toutes les questions relatives à la conservation préventive et la restauration des œuvres d’art. Cette expertise est assurée par des techniciens et des scientifiques mis à disposition du CICRP par l’Etat et la Ville de Marseille, elle est gratuite pour toutes les collectivités de la région. - un plateau technique regroupant des instruments d’expertise scientifique de pointe avec les techniciens compétents à leur manipulation, des volumes adaptés aux très grands formats pour l’analyse et la restauration. Cette structure comparable au laboratoire de recherche des Musées de France est unique en Provence-Alpes-Côte d’Azur. Contact presse : Valérie Miletto 06 86 53 56 77 [email protected] 96 - Dossier de presse MDAA Dossier de presse MDAA - 97 Organigramme Espace presse / images Conseil général des Bouches-du-Rhône Direction de la Culture Musée départemental Arles antique COMMUNICATION Corinne FALASCHI Anne-Céline BOLARD Vanessa Fraquet DÉPARTEMENT DES PUBLICS DIRECTION Claude SINTÈS SECRÉTARIAT GÉNÉRAL Secrétariat de Direction Ginette JOMAIN DÉPARTEMENT DES COLLECTIONS Chef de Département Fabrice DENISE Secrétaire générale Marion CASTIGLI Chef de Département/Adjoint au Directeur Alain CHARRON SECTEUR ACCUEIL SECTEUR ADMINISTRATIF SECTEUR conservation Responsable du secteur Zohra SAYAH Audrey VANHOORDE Carine CAUDRON Edith BEYNET Khadija DERNAOUI Sandrine FERRAND Valérie Clenas Aurélie COSTE Jessy RUIZ Pôle accueil/billetterie Marie-Hélène BENSON Mireille FINIELS Brigitte GIMONET Patrice GISONTI Philippe KERT(50%) Joël MALLET Joëlle OTALORA Stéphanie PITON Richard PUNZANO Noëlle TELLE Julien TRANIER Anne-Laure VERDIER espaces verts Fabien BABASSUT secteur technique Vincent CASTELLO Guy PALENZUELLA Soizic TOUSSAINT Responsable du secteur Patrick BLANC Adjointe au responsable Marie Laure COURBOULÈS Aurélie MARTIN – Michel MARQUE Ali ALIAOUI Gilles GHIRINGHELLI Patricia JOUQUET Hafed RAFAI SECTEUR archÉologie Annie FACCHIN Françoise JOMAIN Marie-Pierre ROTHÉ fouilles terrestres/documentation Alain GENOT fouilles terrestres David DJAOUI fouilles sous marines/ subaquatiques Sabrina MARLIER responsable de SECTEUR MÉDIATION Responsable du secteur Marie VACHIN Foreign policy : Use of the images only in the French Press. Foreign medias should contact the Museum communication department before any uploading. Mail : [email protected] Arrivée de la première Reconstruction du partie du chaland AR3 / chaland romainAR3 au ©Remi Benali MDAA MDAA / ©Remi Benali MDAA Ethel Bouquin Restauratrice / ©Remi Benali MDAA Relevage du dernier troncon AR3 / ©Remi Benali MDAA Levage du chaland romain AR3 / ©Remi Benali MDAA Levage du chaland romain AR3 / R©Remi Benali MDAA Levage du troncon 7 AR3 / ©Remi Benali MDAA lyophilisation Arc Nucleart / ©Remi Benali MDAA Neptune dans l’aile fluvio-maritime / ©Remi Benali MDAA D’autres visuels sont disponibles sur le site internet du musée : www.arles-antique.fr Musée départemental Arles antique SECTEUR restauration Pôle réservations/accueil téléphonique Régie Auditorium / huissier Philippe KERT (50%) Les documents de l’espace presse sont réservés aux journalistes et iconographes des médias qui en font la demande. Les documents, textes et images sont protégés par les droits d’auteur. Ils sont uniquement destinés à la presse, pour la promotion du musée départemental Arles antique. Toute autre utilisation, notamment commerciale, est formellement exclue. Toute reproduction totale ou partielle de ces documents à usage collectif est strictement interdite sans autorisation expresse de leurs auteurs. Le musée départemental Arles antique ne peut être considéré comme responsable de l’inexactitude des informations ni de l’utilisation qui en sera faite par les internautes. Ces visuels sont protégés par des droits réservés. Corinne Falaschi Responsable service communication tél : 04 90 13 31 51 08 [email protected] Vanessa Fraquet Webmaster tél : 04 13 31 51 24 [email protected] Service presse du Conseil général des Bouches-du-Rhône Eugénie Marcoux tél : 04 13 31 15 29 Fax : 04 13 31 18 95 [email protected] Le musée la nuit / ©Remi Benali MDAA Palette aluminium / ©Remi Benali MDAA Le musée / C. Rombi Vue aérienne du musée / ©Remi Benali MDAA l'opération Arles Rhône 3 Neptune dans l’aile fluvio-maritime / M. Lacanaud bibliothèque Lorène LINARES-HENRY Médiatrices Elise BONNEFILLE Chantal CLASERT Geneviève VERGOS-ROZAN 98 - Dossier de presse MDAA Le chaland dans le musée / ©Remi Benali MDAA Dossier de presse MDAA - 99 La politique culturelle du Conseil général des Bouches-du-Rhône Véritable acteur dans le domaine culturel, le Conseil général des Bouches-du-Rhône développe des interventions fondées sur des valeurs d’humanisme et d’universalité qui contribuent à favoriser une politiq ue culturelle répondant à des exigences d’aménagement du territoire, de cohésion sociale et de développement. Ses deux objectifs prioritaires portent sur : • la détermination à élargir et à diversifier les publics signifiant une forte volonté de démocratiser l’accès à la culture sur tout le territoire et dans tous les milieux sociaux, notamment en initiant des mesures incitatives à l’égard des publics prioritaires mais aussi en insérant la culture dans une réflexion visant à un aménagement du territoire équilibré. • la défense et la promotion d’une grande exigence de qualité et de professionnalisation dans les actions soutenues ou conduites ainsi ouvertes à tous, seule garante notamment d’une contribution réelle de l’action culturelle à l’intégration sociale et au renforcement de la démocratie. Cette exigence de qualité doit se traduire dans les relations que le Conseil général a avec les acteurs culturels et dans les actions qu’il décide de soutenir et d’organiser. Des moyens en conséquence Les établissements culturels départementaux (Archives et bibliothèque départementales Gaston Defferre, Museon Arlaten, Musée départemental Arles antique et Galerie d’art du Conseil général) sont positionnés en tête de réseau dans une dynamique d’aménagement du territoire, d’exigence qualitative et de préservation du patrimoine. Les domaines départementaux tels que le Château d’Avignon aux Saintes-Maries-de-la-Mer, le Domaine de l’Étang des Aulnes qui accueille une résidence d’artistes et bientôt d’autres espaces remarquables, propriétés du Conseil général, s’inscrivent dans cette dynamique. Partenaire de nombreux acteurs culturels du département, artistes professionnels, lieux permanents de création et de diffusion artistiques, le Conseil général tend à consolider ces liens sous la forme de conventions triennales de partenariat. Ces conventions baptisées “Culture 13” s’adressent aux associations d’artistes et compagnies, aux opérateurs culturels, aux producteurs, diffuseurs et médiateurs. Le Conseil général met en place des dispositifs depuis plusieurs années. 100 - Dossier de presse MDAA Saison 13, les tournées des Chants de Noël, l’opération Collège au cinéma, les tournées « Littératures du monde », « Bibliothèques en herbe », « Cinéma documentaire », « Musiques », les conférences « Echanges et diffusions des savoirs » ont été complétées par d’autres initiatives : un itinéraire « Arts plastiques » départemental, des “Tournées découvertes 13”, l’élaboration d’un schéma départemental d’enseignement artistique, la création et la diffusion artistiques au collège etc. Le Conseil général a également mis en œuvre des partenariats privilégiés pour des opérations culturelles exemplaires, telles que le Festival international d’Art lyrique d’Aix-en-Provence, le Festival international de piano de la Roque d’Anthéron, la Fiesta des Suds, les Rencontres d’Arles. L’ensemble de ces partenariats s’accompagne d’une véritable démarche de concertation avec l’ensemble des acteurs du monde culturel notamment au travers des Assises de la culture organisées régulièrement à l’Hôtel du Département. Dans ce cadre, le Conseil général a créé un groupe de travail pour réfléchir à des mesures concrètes d’accompagnement pour les artistes dans la précarité, bénéficiaires du RSA. En 2012, le Conseil général consacre à sa politique culturelle un budget de près de 30 M€, auquel il ajoute une ligne spécifique destinée à financer les projets liés à Marseille Capitale Européenne de la Culture 2013. Marseille-Provence 2013 : les clés d’une réussite collective Les enjeux de l’événement “Marseille Provence 2013Capitale Européenne de la Culture” (MP 2013) croisant ces priorités et venant conforter la politique départementale, le Conseil général s’est fortement engagé dans le soutien de la candidature de l’aire marseillaise. Au total la collectivité investit près de 83 millions d’euros pour la réussite de ce rendez-vous. Au-delà de son engagement financier, le Conseil général, s’investit pleinement dans ce projet transversal. Quoi de plus logique pour un des opérateurs incontournables de la culture dans les Bouches-du-Rhône ? En prenant la mesure des effets d’un formidable challenge, l’institution accompagne lucidement un légitime élan de créativité et d’audace, en associant toujours rigueur et efficacité car nul n’ignore que la crise économique et sociale, conjuguée au désengagement de l’Etat, ne sera pas sans conséquence sur la scène culturelle. Au Conseil général, tout est mis en œuvre, dés aujourd’hui pour que cette réussite collective soit partagée par le plus grand nombre, pour le plus grand nombre. Des investissements conséquents et des projets d’envergures La collectivité est un financeur de premier plan pour le fonctionnement de l’association (12,5 M€) mais également un partenaire essentiel de projets d’équipements qui structurent “Marseille Provence 2013 - Capitale Européenne de la Culture” notamment : • le MUCEM, musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée : 19,35 M€, • le Museon Arlaten, musée ethnographique départemental, dont le Conseil général a engagé la rénovation dans le cadre d’un projet de niveau européen, pour un montant global estimé de 30 M€, • le Camp des Milles à Aix-en-Provence : 2,9 M€ • d’importants monuments arlésiens tels que le Théâtre Antique ou l’Amphithéâtre, dans le cadre de la participation du Conseil général au Plan Patrimoine Antique. Cette aide est financée par une autorisation de programme de 6,896 M€ qui permettra également le financement des travaux portant sur la stabilisation de l’église Saint Victor par des confortements (piliers, fondations) et des contrebutements supplémentaires dans la crypte et dans l’église haute et d’un montant s’élevant à 418 060€. Un effort supplémentaire Le Conseil général des Bouches-du-Rhône, conscient de l’enjeu majeur que représente le projet de Marseille Provence 2013 Capitale Européenne de la Culture (MP2013) pour faire du territoire Marseille-Provence une véritable métropole euro-méditerranéenne est déterminé à tout mettre en œuvre pour contribuer à son succès. Il a ainsi décidé de dégager une enveloppe supplémentaire de 11 M€ d’investissement en faveur d’équipements indispensables à la réussite du projet. A Marseille 5 M€ en faveur d’équipements structurants parmi lesquels : • la participation à une première tranche du schéma directeur de la Friche de la Belle de Mai, • la rénovation du Musée des Beaux Arts au Palais Longchamp, l’aménagement de l’espace du J1 • la restauration et l’aménagement du projet Borély Ces lieux emblématiques marseillais permettront de présenter, à un large public, les manifestations d’envergure imaginées par l’équipe de MP 2013 comme des grandes expositions d’art moderne ou contemporain. Le J1, au-delà des expositions et spectacles qu’il accueillera est destiné à être un lieu d’information, de rencontre, de convivialité, l’un “des cœurs” de l’année capitale. A Arles 6 M€ en faveur de l’extension du Musée départemental Arles antique (MDAA). En effet, les fouilles conduites dans le Rhône depuis maintenant une vingtaine d’années par l’État (DRASSM, Département des recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines) en association avec le Conseil général des Bouches-du-Rhône ont permis de découvrir un matériel archéologique tout à fait extraordinaire, ayant donné lieu à une médiation hors norme et à un engouement public de premier ordre. Mais le fleuve recèle encore beaucoup de trésors dont un chaland romain de 30 mètres de long datant du 1er siècle de notre ère, récemment sorti du fleuve et en cours d’installation. L’extension du MDAA permettra donc de sauvegarder et de présenter cette collection de manière cohérente et permanente. En effet, la création, au sein du musée, de cette nouvelle aile dédiée à l’activité fluviomaritime illustre le rôle qu’Arles et la basse vallée du Rhône ont joué dans les échanges euro-méditerranéens dans l’Antiquité. Compte tenu de l’attractivité du musée auprès de visiteurs toujours plus nombreux et de la thématique que cette extension permet de valoriser, ce projet est particulièrement pertinent dans le cadre de MP2013. Le coût global de l’opération - levage et restauration de la barge, extension du Musée, adaptation muséographique - représente un montant estimé à plus de 8 M€, hors fonctionnement supplémentaire induit. Le Conseil général assure la maîtrise d’ouvrage de l’extension du musée (6 M€) et participe à la mise en œuvre du projet global en lien avec les organismes publics et privés concernés par le levage et la restauration de la barge (DRASSM, DRAC, Compagnie Nationale du Rhône, Région PACA…) avec pour objectif l’ouverture de cette extension en 2013. Dossier de presse MDAA - 101 Infos pratiques Musée départemental Arles antique Presqu’île du Cirque-Romain, BP 205, 13635 Arles cedex www.arles-antique.cg13.fr [email protected] Standard : 04 13 31 51 03 Le musée est sur HORAIRES Tous les jours de 10h à 18h, sauf le mardi Fermeture : 1er janvier, 1er mai, 1er novembre et 25 décembre TARIFS Entrée plein tarif : 8 € Entrée tarif réduit : 5 € Visite guidée : 2 € (30 places avec casque audio) Tous les dimanches à 11h (visite thématique) et 15h (visite générale) Tous les jours à 15h (visite générale), sauf le mardi, pendant les vacances scolaires (A, B, C) Visites thématiques : tous les dimanches à 11h. 2 € en plus du billet d’entrée. Réservation obligatoire pour tous les groupes (à partir de 10 personnes) Tél. 04 13 31 51 48 GRATUITé Chaque premier dimanche du mois Moins de 18 ans Demandeur d’emploi, bénéficiaire du RSA, carte d’invalidité, ICOM, étudiant, Pass éducation, Presse, Ministère de la Culture, conférenciers MH, membres de l’Association des « Amis du Vieil Arles » VENIR AU MUSÉE Navia A, la navette gratuite du centre ville (arrêts : gare sncf, amphithéâtre, musée Réattu, quais du Rhône, mdaa). Tous les jours, sauf dimanches et jours fériés. Passage toutes les 30 minutes devant le musée. www.tout-envia.com Taco & Co service arlésien de vélo taxi 06 50 29 60 00/ www.tacoandco.fr HORTUS (jardin d’inspiration romaine) Le jardin (accessible indépendamment du musée) est gratuit pour tous les publics Il est ouvert tous les jours SAUF LE MARDI Fermeture : 1er janvier, 1er mai, 1er novembre et 25 décembre. De 10h à 19h du 1er avril au 30 septembre De 10h à 17h30 du 1er octobre au 31 mars Prêt d’un « Kit à jouer » à l’accueil du musée sur remise d’une pièce d’identité (réservé aux individuels). PHOTOGRAPHIES ET VIDEOS AUTORISEES SANS PIED DANS LES COLLECTIONS PERMANENTES Pour mieux assurer la sécurité du public cet établissement est placé sous vidéosurveillance, conformément aux textes en vigueur. Loi N° 95.73 du 21 janvier 1995 - Décret n° 96.929 du 17 octobre 1996 ABONNEMENT ANNUEL 15 € (tarif unique) Accès illimité au musée + expositions temporaires Accès gratuit aux visites guidées Validité 1 an à date d’émission 102 - Dossier de presse MDAA Dossier de presse MDAA - 103 Crédits photos : Rémi Bénali -Studio Atlantis : couverture + pages : 1, 4, 11, 12, 13, 16 (panoramique), 18, 1920, 21, 27, 28, 29, 30, 31, 34, 36, 42, 43, 45, 50, 52, Michel Lacanaud : pages 2 ,3, 6, 14, 16, 22, 23, 32, 33, 44, 97 / Christian Rombi – CG13 : pages 5, 7, 8, 9, Jean -Luc Maby - Lionel Roux : p15 / Lionel Roux : p 25 / Service communication Arles Patrick Mercier p 47 / MDAA : p 43, 46, 47, 48, 49 104 - Dossier de presse MDAA Dossier de presse MDAA - 105