De : Syndicat des Orthophonistes de Nouvelle Calédonie
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De : Syndicat des Orthophonistes de Nouvelle Calédonie
De : Syndicat des Orthophonistes de Nouvelle Calédonie BP 16771 98804 Nouméa cedex A : Direction de l’Enseignement, de la Formation, de l’Insertion et de la Jeunesse (DEFIJ) Monsieur Fons, directeur adjoint de l'enseignement BP 41 98860 Koné Lettre recommandée A/R Copies : Madame la Membre du gouvernement chargée la santé Monsieur le Membre du Congrès chargé de la santé Monsieur le président de la Province Nord Monsieur le membre de l’exécutif provincial chargé de la santé Madame la secrétaire générale de la Province Nord Monsieur le directeur de la DPASS en Province Nord Monsieur le Directeur de la DASS Monsieur le Président du Conseil de l’Ordre des Médecins Madame la présidente de la CGPME Madame la Présidente de la FPLS Les adhérents du SONC Nouméa le : 15 avril 2015 Objet : Recrutement d’orthophonistes en milieu scolaire Monsieur le Directeur, Nous avons été informés de la volonté de votre administration de recruter des orthophonistes salariés pour exercer au sein des établissements scolaires. En tant que syndicat professionnel, représentant les orthophonistes de Nouvelle- Calédonie, nous regrettons de ne pas avoir été consultés. La tenue de notre assemblée générale du 27/03/2015 nous a permis de nous concerter avec nos collègues et de faire émarger les réflexions suivantes. Cette démarche, louable à première vue, car elle résout en partie les difficultés d’accès aux soins dans votre province, va à l’encontre de la définition de notre profession dans le Code de la Santé Publique et de notre décret de Compétences (cf. pièces jointes). En tant que professionnel de Santé, l’orthophoniste dépend d’une structure de soins telle que : centres hospitaliers, centres de rééducation fonctionnelle, cabinets privés…). De ce fait, il ne peut être rattaché au personnel du système éducatif. L’orthophoniste est chargé de diagnostiquer, de prévenir et de rééduquer les troubles du langage et de la communication. L’orthophonie ne se limite donc pas à la prise en charge du langage oral et écrit chez l’enfant (retard de parole et langage, dyslexie-dysorthographie). Elle inclut aussi la prise en charge des troubles de la sphère ORL (voix, déglutition), des handicaps (surdité, autisme, infirmité motrice cérébrale…), des pathologies neurologiques chez l’adulte et l’enfant. L’orthophonie ne peut donc être assimilée à du soutien scolaire. Elle n’a pas vocation à résoudre toutes les situations d’échec scolaire. Elle ne concerne que les personnes atteintes d’un trouble du langage et de la communication. L’école dispose de moyens pour soutenir les élèves dans leurs apprentissages scolaires au sein des écoles (enseignants spécialisés, DESED, psychologues scolaires…). L’orthophoniste exerce sur prescription médicale et décide en fonction du bilan qu’il a réalisé des modalités de la rééducation (fréquence, contenu, durée….) si elle s’avère nécessaire. Le contenu du bilan orthophonique et des séances de rééducation sont soumis au secret médical. Syndicat des Orthophonistes de Nouvelle Calédonie page 1sur 2 Si nous concevons que pour des raisons pratiques, l’orthophoniste puisse intervenir au sein des écoles, il semble que, dans le cas où il serait salarié du système éducatif, il pourrait perdre son indépendance professionnelle. De plus, l’exercice de l’orthophonie dans les établissements scolaire semble incompatible avec le respect du secret médical, inhérent aux professions de santé. En outre, l’intégration d’orthophonistes au sein des établissements scolaires soulève un certain nombre de questions éthiques et déontologiques : - le recours à l’orthophonie est une démarche volontaire et ne saurait être imposée aux enfants et à leurs parents - les patients conservent le libre de choix du praticien, ce qui n’est pas garanti dans le cadre scolaire. - l’école est un lieu d’enseignement et non de soins - en intervenant dans les écoles, l’orthophoniste perd le contact avec l’entourage du patient, notamment la famille. Or notre intervention gagne clairement en efficacité si elle comprise et soutenue au quotidien par la famille du patient. - les enfants pris en charge au sein de l’école risqueraient d’être stigmatisés vis-à-vis de leurs camarades et du personnel éducatif. - comme l’orthophonie est un soin, la rééducation ne peut être limitée au temps scolaire, les longues interruptions pouvant être préjudiciables. Au final, il y a là deux problématiques distinctes : - la problématique de l’échec scolaire qui ne se réglera pas en mettant en place des orthophonistes dans les écoles puisque l’échec scolaire ne fait pas partie du champ de compétences des orthophonistes - l’accès aux soins en Province Nord : nous sommes conscients du manque de professionnels. Il nous parait souhaitable de réfléchir ensemble aux possibilités d’encourager les installations d’orthophonistes dans votre province par des mesures incitatives telles que : facilité d’agrément, mise à disposition de locaux professionnels, réduction des charges par exemple. D'autre part, il nous semble également intéressant de réfléchir à la mise en place d'un réseau de prévention en province nord. Nous espérons que ces remarques vous permettront d’avoir une meilleure connaissance de notre profession et qu’elles vous permettront d’amender votre projet en conséquence. Nous restons à votre disposition pour étudier avec vous les différentes modalités d’exercice possible pour les orthophonistes en Province Nord. Nous vous prions d’agréer, Monsieur le Directeur, l’expression de notre haute considération Pour le Syndicat des Orthophonistes de Nouvelle Calédonie Madame Alexia Vibert, Présidente. PJ : - Extrait du code de la Santé Publique - Décret de compétences des orthophonistes Syndicat des Orthophonistes de Nouvelle Calédonie page 2sur 2