LE HAUT-IXELLES Développement urbanistique

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LE HAUT-IXELLES Développement urbanistique
Les textes d’introduction
LE HAUT-IXELLES
Développement urbanistique
La porte de Namur avant sa démolition en 1784 (Collection de cartes postales Dexia Banque).
Inventaire du Patrimoine architectural de la Région de Bruxelles-Capitale
Sommaire
Introduction …………………………………………………… 3
Développement du quartier
au nord de la chaussée de Wavre …………… 7
Développement du quartier
Saint-Boniface ……………………………… 8
Développement des quartiers
de l’abattoir et Marie-Henriette ……………... 11
Développement de la zone entre
la chaussée d’Ixelles et l’avenue Louise ……. 14
Développement du quartier
de l’Ermitage ………………………………… 17
Les interventions importantes de l’après-guerre ……………… 19
Rédaction :
Christophe Deschaumes
2011
© Ministère de la Région de
Bruxelles-Capitale, Direction
des Monuments
et des Sites,
CCN - Rue du Progrès, 80
1035 Bruxelles
Éditeur responsable :
P. Piéreuse
Ouvrages ……………………………………………………… 21
Le Haut-Ixelles – Développement urbanistique
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2
INTRODUCTION
Le Haut-Ixelles désigne la partie du territoire communal située entre
le boulevard du Régent et l’avenue de la Toison d’Or – l’avenue
Louise, la chaussée de Vleurgat – la rue des Cygnes et la rue Gray –
et la rue du Trône. Cette circonscription correspond
approximativement à la frontière que formaient autrefois le
Roodebeek et le Maelbeek (qui coule désormais sous la rue Gray), et
qui séparait les hameaux d’Ixelles-sous-Bruxelles et d’Ixelles-leChâtelain.
Dressé aux pieds de la seconde enceinte de Bruxelles, à hauteur de la
porte de Namur, Ixelles-sous-Bruxelles (ou Haut-Ixelles) se
développe à l’époque de la construction de l’enceinte, à la fin du
XIVe siècle. Hameau relevant de la compétence de la Ville de
Bruxelles, ce faubourg de la porte de Namur s’étend au croisement et
le long des chaussées d’Ixelles et de Wavre qui, depuis des siècles,
font partie du réseau des principales voies de communication
d’Ixelles.
Le Haut-Ixelles aux abords de la porte
de Namur (en haut) et Ixelles-Village
sur les rives des étangs (en bas) reliés
par la chaussée d’Ixelles. Détail de la
carte de Bruxelles et de ses environs
dressée par J. van DEVENTER, milieu
du XVIe siècle (© KBR, Cabinet des
Manuscrits).
La chaussée d’Ixelles relie Bruxelles à Ixelles-le-Châtelain, village
qui se développe dès le XIIIe siècle aux abords des étangs d’Ixelles.
Le village exporte principalement, vers Bruxelles, du bois de
chauffage extrait de la Forêt de Soignes et de la bière produite par les
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nombreuses brasseries. La chaussée de Wavre ne mène initialement
qu’à Etterbeek et Tervuren, et plus tard à Wavre. Quant à la chaussée
d’Ixelles, elle est prolongée en 1554 jusqu’au hameau de Vleurgat à
Uccle. Cette nouvelle voie, rapidement dénommée chaussée de
Vleurgat, est prolongée en 1662 jusqu’à Waterloo et, un peu plus
tard, jusqu’à Namur et Charleroi.
Les enceintes du XIVe siècle sont modernisées entre 1671 et 1690,
sur ordre du comte de MONTEREY ; elles sont dotées de ravelins, de
lunettes et de bastions avancés (entre autres, les bastions d’Adam1,
de la Porte de Namur2, du Roy3 et de Sainte-Gudule4). Les chaussées
sont pavées à la même époque. Plus tard, au XVIIIe siècle, les
chaussées de Wavre et d’Ixelles seront redressées et élargies.
Le prolongement de la chaussée de Waterloo jusqu’à la porte de Hal
n’étant réalisé qu’en 1711, le Haut-Ixelles constitue une zone de
passage importante entre la ville de Bruxelles et les villes de Namur
et de Charleroi. Mais le Haut-Ixelles n’en demeure pas moins rural.
À partir du XVIIe siècle, des potagers bordés de haies remplacent
progressivement les champs de blé. Sur le Careelveld et le
Wayenberg se concentrent des briqueteries tandis que des plâtreries
s’installent dans les rues Longue Vie, de la Croix et du Berger. Cette
zone très peu construite, est occupée par une chapelle et un moulin
ainsi que par de modestes hameaux installés au croisement d’artères.
Le bâti se résume à des habitations, des relais ou des auberges
Plan des fortifications entre la porte
de Namur et la porte de Hal, 1782
(© AGR, Cartes et plans manuscrits,
1617).
1
Bastion à hauteur des actuelles rues du Champ de Mars, du Trône, d’Egmont et
de Hornes.
2
Ce bastion s’étendait jusqu’au croisement des chaussées de Wavre et d’Ixelles et
au début de la rue de Stassart.
3
Ce bastion se situait à hauteur des rues de Stassart et des Chevaliers.
4
Ce bastion s’étendait de la rue du Capitaine Crespel à l’avenue Louise.
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comme le Tulipant (à hauteur de l’actuelle place Fernand Cocq5) –
une auberge datant vraisemblablement du XVIIe siècle, et remplacée
en 1833 par le Pavillon Malibran – ou encore des guinguettes
connues sous le nom de La Rose Blanche, Le Petit Lattis ou Le
Mayeur (chaussée de Wavre).
La suppression des ouvrages de fortifications sous Joseph II marque
le début de l’urbanisation du Haut-Ixelles. Les enceintes et leurs
portes sont démantelées dès 1782 – la porte de Namur est abattue en
1785. Les ouvrages défensifs sont progressivement nivelés, les
terrains sur lesquels ils avaient été érigés vendus et, pour la plupart,
rendus à l’exploitation agricole.
À la fin du XVIIIe siècle, certains de ces terrains font l’objet de
lotissements. L’un des premiers promoteurs à investir la zone est
l’entrepreneur Joseph Francart qui commande à l’ingénieur CYFFLE
un plan de lotissement pour un terrain qu’il acquiert en 1792, le
Helhof (Jardin de l’Enfer), au croisement des chaussées d’Ixelles et
de Wavre. À la même époque, Bernard DE NEYER investit une partie
des terrains situés entre l’actuelle avenue de la Toison d’Or et la rue
de Stassart. L’ouverture de l’actuelle rue de Naples est décrétée en
1794 mais demeure inachevée. Elle ne se développera véritablement
(1841) qu’avec la construction du quartier Léopold.
La zone urbanisée autour de la porte
de Namur. Détail du Plan-routier de
la ville de Bruxelles et ses
environs… par G. JACOWICK,
1812 (© KBR, Cartes et plans).
Au cours du XVIIIe et, surtout, du XIXe siècle, l’aristocratie
bruxelloise se fait construire des maisons de campagne le long des
principaux axes de circulation. Vers 1812, les abords de la porte de
Namur sont presque entièrement bâtis, à l’exception des boulevards
5
Une auberge remontant au XVIIe siècle et remplacée en 1833 par le Pavillon
Malibran.
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de ceinture. Il faut en effet attendre 1823 pour que soient ouvertes les
artères reliant la porte de Namur à la porte de Hal, suivant les plans
de l’ingénieur Jean-Baptiste VIFQUIN. Même démantelées, les
enceintes restent perceptibles dans le paysage urbain puisque
l’ancienne rue du Bastion (aujourd’hui disparue), la rue du Champ de
Mars, la rue de Stassart et la butte entre l’avenue de la Toison d’Or et
la rue Capitaine Crespel en épousent le tracé.
En raison de la perception de droits d’octroi, des palissades sont
établies entre la ville de Bruxelles et ses faubourgs. À hauteur de
l’ancienne porte de Namur sont construits, au milieu du XIXe siècle,
deux pavillons d’octroi (architecte Auguste PAYEN). Avec la
suppression de l’octroi en 1861, ces pavillons sont désaffectés puis
déplacés à l’entrée du bois de La Cambre. Une fontaine
monumentale conçue par Henri BEYAERT en l’honneur de Charles DE
BROUCKERE, ancien bourgmestre de Bruxelles, est édifiée en lieu et
place des pavillons en 1867.
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DEVELOPPEMENT DU QUARTIER AU NORD DE LA
CHAUSSEE DE WAVRE
Le développement urbanistique du quartier situé entre la rue du
Champ de Mars et la chaussée de Wavre débute en 1820 avec le
percement de la rue d’Edimbourg, dans le prolongement de la rue
Francart. Une dizaine d’années plus tard, l’urbanisation se poursuit
sur les terrains entourant la place de Londres, les rues de Dublin,
d’Alsace-Lorraine et René Dubreucq.
Au nord de la porte de Namur s’étend, à cette époque, la zone de
l’Esplanade, vaste terrain vague utilisé comme plaine des
manœuvres. La construction de la petite ceinture rendant les
manœuvres d’artillerie impossible, l’Esplanade reste longtemps à
l’état d’abandon jusqu’à son annexion à la Ville de Bruxelles6. La
limite territoriale entre Bruxelles et Ixelles se voit dès lors fixée dans
la longueur des rues du Champ de Mars et de l’Esplanade.
En 1853, Bruxelles annexe pour la seconde fois une portion du
territoire ixellois : le quartier Léopold. Ce quartier résidentiel, la
première extension territoriale de Bruxelles au-delà de la clôture de
l’octroi, est aménagé selon un plan de rues en damier approuvé par
l’arrêté royal du 01.10.1838 et dressé par l’architecte TilmanFrançois SUYS. La première partie de la rue du Trône – entre
l’avenue Marnix et la chaussée de Wavre – fait également partie du
Plan général du Quartier Léopold.
L’essor du quartier Léopold stimule le développement urbanistique
du Nord de la commune. Mais contrairement au plan bien structuré
dessiné par T.-F. SUYS et au plan de la future avenue Louise, le
Haut-Ixelles se développe de manière spontanée, en l’absence d’un
plan général d’alignement.
6
Arrêté royal du 23.08.1851.
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DEVELOPPEMENT DU QUARTIER SAINTBONIFACE
Le développement urbanistique de ce quartier débute au
XVIIIe siècle, lorsqu’un dénommé FRANCART fait ouvrir la rue
Francart et la petite rue Francart7. Jusqu’au milieu du XIXe siècle,
l’urbanisation se poursuit vers l’est pour atteindre la rue de la Paix.
Des ruelles s’ouvrent progressivement : la très ancienne rue Longue
Vie (un ancien chemin redressé en 1846), l’actuelle rue Ernest
Solvay (1800) et la rue de la Paix (1831). L’accroissement de la
population est tel que la création d’une nouvelle église paroissiale
s’impose. Érigée rue de la Paix, celle-ci est solennellement consacrée
en 1849.
Le développement du quartier se déroule cependant de manière
organique, sans intervention des autorités communales ni plan
général d’alignement. Les maisons sont occupées par une population
modeste, vivant dans des conditions d’hygiène précaires, dans des
ruelles au tracé sinueux. Cette situation préoccupe les autorités
communales qui se pencheront à plusieurs reprises sur la
réorganisation urbanistique du quartier. Dès 1860, on projette de
doter l’église d’un parvis et d’une véritable perspective, grâce à
l’élargissement de la Petite rue Francart. On prévoit en outre
l’élargissement et la prolongation de la rue des Mineurs (actuelle rue
Ernest Solvay) vers la chaussée de Wavre et la chaussée d’Ixelles.
Pour faciliter la circulation entre le quartier Léopold (1837) et
l’avenue Louise (1866), les autorités communales décident dès 1856
de prolonger la rue de la Paix en la mettant en communication avec
la rue de Dublin. Mais ces travaux se révèlent impossibles à réaliser
pour diverses raisons, et le projet est enterré pendant une dizaine
d’années.
7
La petite rue Francart disparaît en 1899, lors du réaménagement urbanistique du
quartier Saint-Boniface.
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Plan d’aménagement du quartier
Saint-Boniface selon l’arrêté royal
du 26.05.1875 (ACI/TP 266).
Après les élections communales de 1875, les plans de travaux
d’embellissement du quartier reviennent à l’ordre du jour. Le
directeur des travaux publics, Louis COENRAEDTS, les adapte
légèrement et dresse le Plan d’alignement et d’expropriation par
zones pour la transformation du quartier dit de Saint-Boniface, situé
entre la rue Francart et la chaussée d’Ixelles, la rue du Conseil et la
chaussée de Wavre, approuvé l’année suivante. La Commune inclut
dans le plan la construction d’une école primaire, d’un marché
couvert et l’agrandissement de l’église. Pour mener à bien sa
politique d’urbanisme, la Commune acquiert les terrains nécessaires
à la voirie projetée par le biais de l’expropriation. Les excédents de
terrains sont destinés à la vente comme parcelles à bâtir par le biais
d’un plan de lotissement.
Les travaux commencent derrière l’église paroissiale dans une zone
quasi rurale, occupée par des potagers et quelques fermes. Vers
1880, la rue de l’Athénée et la rue Bouré sont ouvertes au départ de
la chaussée d’Ixelles et de la rue Longue Vie pour se rejoindre rue
Jules Bouillon, percée dans l’axe du nouveau chœur de l’église. À la
même époque, la rue Anoul naît d’une initiative privée.
Les travaux prévus dans la zone déjà urbanisée tardent plusieurs
années encore, en raison notamment des coûts élevés qu’entraînent
les expropriations. Les travaux débutent finalement en 1897, avec la
création du parvis et l’élargissement des rues Saint-Boniface (1898)
et Ernest Solvay, cette dernière assurant la communication avec
l’avenue Louise via la rue du Prince Royal.
L’emplacement prévu pour l’école, face aux Halles, est abandonné
pour des raisons pédagogiques et on lui trouve un terrain plus
approprié, rue de l’Athénée. Le luxueux marché couvert qui, en
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1876-1879, avait suscité tant d’attentes de la part de la Commune, est
un échec, et trouver un nouveau locataire s’avère difficile.
En 1900, les travaux de voiries sont achevés et le quartier est presque
entièrement construit. Les nombreux immeubles de rapport de style
éclectique et Art nouveau impriment au quartier une vocation
commerciale.
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DEVELOPPEMENT DES QUARTIERS DE
L’ABATTOIR ET MARIE-HENRIETTE
Le quartier de l’abattoir jouxte le quartier Saint-Boniface et est
délimité par la rue du Trône et la rue Malibran – la chaussée
d’Ixelles et la place Fernand Cocq. Situé de l’autre côté de la rue
Malibran, le quartier Marie-Henriette est quant à lui délimité par
cette dernière rue ainsi que par la place E. Flagey, la rue des Cygnes
– la rue Gray (sous laquelle coule le Maelbeek) et le premier tronçon
de l’avenue de la Couronne (avant le viaduc).
Outre la chaussée d’Ixelles, les rues Longue Vie, du Viaduc (qui
faisait autrefois partie de la rue de la Croix), du Collège, de Venise et
la petite rue Malibran appartiennent elles aussi au réseau de voiries
d’origine. Ces voies formaient un lacis sinueux de routes de
campagne, redressées au cours du XIXe siècle. Seul le tracé de la
petite rue Malibran est demeuré inchangé depuis le XVIIIe siècle.
En 1839, Goffart fait ouvrir sur ses terres la rue qui porte son nom, et
relie la chaussée de Wavre à la rue du Viaduc. Dans les années 1840,
la veuve Cans souhaitant augmenter la valeur de ses terrains, fait
percer les rues Cans, du Conseil et Van Aa. Les rues de la Tulipe, du
Collège, de Venise, du Viaduc et Sans Souci sont quant à elles
partiellement élargies et reçoivent un nouvel alignement8. En 1847,
on prolonge la rue Van Aa jusqu’à la rue de la Cité où se situe la cité
Gomand, l’un des premiers programmes de logements ouvriers à
Bruxelles.
Plan de la prolongation de
l’ancienne rue Gomand, aujourd’hui
rue Van Aa, indiquant le nouvel
abattoir et la Cité Gomand, 1850
(ACI/TP 267).
8
Arrêté royal du 26.07.1844.
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La rue du Trône ainsi que la rue Goffart sont prolongées jusqu’à
l’actuelle place Blyckaerts, selon les plans de Victor BESME, datant
de 1847.
En 1849, la Commune achète le pavillon Malibran et les jardins
avoisinants, qu’elle fait transformer en place publique. Cette même
année, la veuve Cans fait légèrement modifier l’axe de la rue du
Conseil afin d’assurer la jonction avec la rue Mercelis, de l’autre côté
de la place.
Jean Van Volsem, cofondateur de la construction du nouvel abattoir,
fait prolonger la rue Van Aa jusqu’à ce dernier. On ouvre en même
temps une nouvelle voie de communication perpendiculaire à la
chaussée d’Ixelles et parallèle à l’abattoir, artère qui reçoit le nom de
rue Jean Van Volsem.
En 1854, Georges Lorand fait ouvrir une rue portant son nom entre
les rues de la Tulipe et du Conseil.
En 1857, le tracé de la chaussée d’Ixelles, qui déviait depuis des
siècles à travers le Zwaerenberg (actuelle rue de Vergnies), est
rectifié pour assurer une meilleure communication avec la chaussée
de Vleurgat. La même année, la rue Gray est aménagée à
l’emplacement du sentier qui longeait le Maelbeek (voûté en 1873).
Elle porte alors de nom de chaussée d’Ixelles à Etterbeek. Lorsque
l’on procède quelques années plus tard au comblement du Grand
Étang sous l’actuelle place Eugène Flagey, la plupart des voies entre
la chaussée d’Ixelles, la chaussée de Wavre, la rue Gray et le chemin
de fer du Luxembourg sont élargies et redressées. On ouvre
également trois nouvelles rues : les rues Marie-Henriette, Wéry et
Dillens. En 1864, l’aménagement de la rue Malibran assure la liaison
directe entre la place E. Flagey et la rue du Trône. De même que
pour la plupart des rues, les excédents de terre provenant des travaux
de nivellement servent au comblement de l’étang. La rue Malibran,
perçue comme étant le prolongement de la chaussée de Vleurgat,
assure de cette manière une liaison directe avec le quartier Léopold
et l’avenue Louise.
En 1872, le dernier tronçon de la rue Sans Souci est renommé rue
Clémentine.
En 1874, Vergnies élargit et assainit le très ancien Zwaerenberg ou
rue du Centenaire. L’aménagement de la jonction actuelle avec la
chaussée d’Ixelles et la rue du Couloir ne date cependant que de
1904-1906.
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Plan général d’aménagement de
nouvelles rues dans le quartier de
l’abattoir, 1875 (ACI/TP 75).
L’aménagement du quartier de l’abattoir s’achève avec l’élaboration
du Plan général d’alignement et d’expropriation par zone pour
l’ouverture de plusieurs voies de communication dans le quartier de
l’abattoir (arrêté royal du 08.07.1875). La nouvelle rue Maes assure
une communication directe avec la chaussée d’Ixelles et la rue
Malibran, tandis que l’on prolonge la rue du Collège jusqu’à cette
dernière. Le carrefour entre les rues du Collège, Maes et Van Volsem
devient la place Henri Conscience, qui n’acquiert sa forme circulaire
actuelle qu’en 1883. Plus bas, à hauteur de la rue de Vergnies, les
rues Scarron et du Couloir sont tracées dans le cadre du même arrêté
royal. Enfin, dès 1885, la rue Kerckx assure la liaison entre la rue
Maes et la rue Gray.
La construction du quartier se déroule quasi simultanément à
l’aménagement des diverses artères. Le néoclassicisme et
l’éclectisme prédominent dans ce quartier de maisons bourgeoises
pour petits indépendants. Au sein des îlots du quartier de l’ancien
abattoir s’installent de très nombreux ateliers. Le long des axes
commerciaux comme la rue Malibran et la chaussée d’Ixelles, les
immeubles (de rapport) dotés de rez-de-chaussée commerciaux sont
dominés par le style néoclassique.
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DEVELOPPEMENT DE LA ZONE ENTRE LA
CHAUSSEE D’IXELLES ET L’AVENUE LOUISE
Cette zone est délimitée par l’avenue de la Toison d’Or, la chaussée
d’Ixelles, la rue de la Croix et l’avenue Louise.
Un grand nombre d’artères qui la traversent résulte de
l’aménagement de voies anciennes, comme les rues de Stassart,
Keyenveld, du Berger – où se trouvait le moulin –, les rues de la
Croix et de l’Arbre Bénit, qui mènent toutes deux à l’emplacement
de l’arbre sacré.
Après l’aménagement de la petite ceinture, celui de la future avenue
de la Toison d’Or, du début de l’avenue Louise et de la place
Stéphanie est achevé selon le projet de l’architecte Charles
VANDERSTRAETEN9. Le bastion situé au croisement de la rue de
Stassart et de l’avenue de la Toison d’Or (une partie des anciennes
enceintes) n’est démantelé qu’en 1863. Quelques traces du bastion de
Sainte-Gudule subsistent encore dans le paysage urbain, telle que la
pente entre la rue Capitaine Crespel et l’avenue Louise. À partir de
1850, l’avenue de la Toison d’Or est transformée en promenade
plantée de plusieurs rangées d’arbres. La construction ne débute
qu’en 1860, avec l’édification du couvent des Carmélites. Par la suite
s’y élèveront de luxueux hôtels particuliers.
Plan d’ouverture des rues
Souveraine et Longue Haie et de la
prolongation de la rue Mercelis
selon l’arrêté royal du 23.09.1843
(ACI/TP 21).
Plus tôt, en 1836, la première partie de la rue Mercelis (qui relie la
chaussée d’Ixelles à la rue de l’Arbre Bénit) naît d’une initiative
9
Arrêté royal du 30.08.1840.
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privée. Quatre ans après, la rue des Champs Élysées est prolongée
vers la rue Mercelis. L’élargissement de la rue de l’Arbre Bénit,
l’aménagement des rues Souveraine et de la Longue Haie et le
prolongement de la rue Mercelis jusqu’à cette dernière sont réalisés
dans le cadre de l’arrêté royal du 23.09.1843.
Sur un axe à peu près parallèle à ces rues sont projetées, en 1848, les
rues de la Concorde, Isidore Verheyden, du Président et Jean
d’Ardenne.
En 1846 sont tracées au départ de l’avenue de la Toison d’Or les rues
des Chevaliers et des Drapiers. La future rue du Prince Royal est
prolongée de la rue Keyenveld jusqu’à la nouvelle rue de la GrosseTour.
En 1861, la rue du Prince Albert est l’une des dernières à être
intégrée à la voirie du quartier. Elle constitue le chaînon manquant
permettant d’assurer une liaison directe entre la rue du Trône et
l’avenue Louise, en traversant le quartier Saint-Boniface. Elle ne sera
inaugurée qu’en 1874.
Diverses contraintes obligent les autorités communales à différer la
mise en œuvre du plan d’origine (DE JONCKER, 1844) destiné à la
prolongation de l’avenue Louise vers le bois de La Cambre. Le plan
est finalement revu et approuvé par l’arrêté royal du 11.01.1859.
C’est la Ville de Bruxelles qui assume les travaux. En 1862, on
procède au prolongement de la rue Souveraine jusqu’à la nouvelle
avenue Louise ; jusque là, seule la rue de la Concorde y débouchait.
Lorsque cette dernière artère, le bois de La Cambre et les zones
avoisinantes sont annexés à la Ville de Bruxelles, la rue Mercelis est
elle aussi prolongée dans le sillage du percement de l’avenue Louise,
tandis que la rue de la Longue Haie est prolongée en direction de la
rue du Beau Site (1867).
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Rue Capitaine Crespel, plan
d’aménagement de la rue selon l’arrêté
royal du 30.01.1877 (ACI/TP 58).
En 1877, la rue Capitaine Crespel, la plus récente du quartier, est
aménagée. Le krach boursier oblige Fortamps, propriétaire d’une
maison de campagne avenue de la Toison d’Or, à lotir la plus grande
partie de son domaine le long de la nouvelle avenue.
En raison de la proximité immédiate des avenues Louise et de la
Toison d’Or, le quartier voit s’ériger de grandes maisons bourgeoises
et des hôtels particuliers, le plus souvent dans les styles néoclassique
et éclectique, typiques des années 1860 à 1880.
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DEVELOPPEMENT DU QUARTIER DE L’ERMITAGE
Le quartier de l’Ermitage s’étend entre la chaussée d’Ixelles, la
chaussée de Vleurgat, l’avenue Louise et la rue de l’Ermitage.
Son nom fait référence au manoir ter Kluyse, un site entouré d’un
étang qui disparaît au milieu du XIXe siècle pour faire place à
l’aménagement des rues Dautzenberg et Gachard.
L’Ermitage. Ph.
VANDERMAELEN, Atlas
cadastral du royaume de Belgique –
Plan parcellaire de la commune
d’Ixelles avec les mutations
jusqu’en 1836. Détail (©MRBCDMS, photo A. Guillaume).
Le quartier fait partie du Plan général d’alignement des faubourgs de
Bruxelles de Victor BESME (1846). L’ancienne et sinueuse
Doelestraet disparaît, mais d’autres rues sont maintenues, comme la
rue Belle-Vue (actuelle rue de la Vanne), la rue des Champs-Élysées
(début du XIXe siècle), la Pastoorstraet (actuelle rue de l’Ermitage)
et la chaussée de Vleurgat qui date du XVIe siècle. Les rues de
Hennin et Lesbroussart sont ouvertes, cette dernière artère ayant
surtout pour objectif d’assurer la communication entre l’actuelle
place E. Flagey et l’avenue Louise.
Le Plan d’ouverture de plusieurs rues dans le quartier de l’Ermitage
entre l’avenue du Bois de la Cambre et les chaussées de Vleurgat et
d’Ixelles de 1863 modifie quelque peu l’ancien plan de Besme,
complété par la création des rues Van Elewyck et du Couvent. Après
d’importants travaux de nivellement, la rue Lesbroussart est
finalement inaugurée en 1865.
Pendant toute cette période, la rue de l’Ermitage se limite au tronçon
entre les rues du Couvent et de la Vanne. Ce n’est qu’en 1867 que
l’on s’attèle à son prolongement jusqu’à la rue Lesbroussart (en
ouvrant l’actuelle rue Paul Spaak). Trois ans plus tard est inaugurée
la rue Lens, sur le tracé de l’ancien chemin qui menait au manoir ter
Kluyse.
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Malgré le plan de 1863, la rue de Hennin n’est achevée qu’en 1880.
La rue Van Elewyck n’acquiert son tracé actuel qu’en 1886,
lorsqu’elle reçoit son dernier tronçon la reliant à l’avenue Louise,
tronçon baptisé rue Dautzenberg dès 1889.
La rue Gachard, qui relie la rue Lesbroussart à l’avenue Louise, est
également tracée en 1886, plus ou moins parallèlement à la rue
Dautzenberg. En 1882, la rue du Couvent perd sa partie centrale. Dès
lors, son tracé se transforme en deux rues indépendantes, d’une part,
la rue du Couvent et d’autre part la rue Charles Decoster.
Plan des dernières transformations
du quartier de l’Ermitage selon
l’arrêté royal du 21.04.1907
(ACI/TP Q14 Quartier de
l’Ermitage).
L’adoption du Plan général d’alignement et d’expropriation par
zone pour l’aménagement du quartier de l’Ermitage de 1907 donne
au quartier son aspect définitif. Dans ce cadre, le dernier tronçon de
la rue de Hennin est prolongé, entre la rue Charles Decoster et la
chaussée d’Ixelles ; la rue de l’Ermitage est reliée à cette même
chaussée par une courbe en S, et la rue des Champs-Élysées est reliée
à la rue Van Elewyck à partir du carrefour formé avec la rue de
l’Ermitage.
En raison de l’urbanisation tardive du quartier, le bâti qui s’y érige se
caractérise par des maisons bourgeoises de style plutôt éclectique et
d’inspiration Art nouveau.
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LES INTERVENTIONS IMPORTANTES DE L’APRESGUERRE
À l’exception de quelques maisons situées dans le quartier de
l’Ermitage, le bâti du Haut-Ixelles n’a pas subi de dommage pendant
la Seconde Guerre mondiale. Les transformations les plus radicales
dans ce paysage urbain, qui date surtout du XIXe siècle,
n’interviendront que dix ans plus tard.
En 1955, la belle fontaine de Brouckère, cœur du quartier mondain
de la porte de Namur, est démontée et entreposée dans un dépôt
communal. Un an plus tard, un tunnel est creusé sous la porte de
Namur et les jolies promenades des avenues de la petite ceinture
cèdent la place à de véritables autoroutes.
Dix ans après, le quartier commercial et culturel du haut de la ville,
lieu de rencontre de la bourgeoisie aisée et des artistes avec ses cafés,
ses boutiques de luxe et ses salles de spectacle, disparaît dans le
cadre du réaménagement du square du Bastion et de la démolition de
la rue du Bastion (1965). En lieu et place du théâtre Molière et
d’autres attractions culturelles, comme le café L’Horloge, s’érige
désormais une tour de 90 mètres, la Tour AG ou Bastion Tower. La
zone située à l’arrière de ces nouveaux aménagements, vers la rue du
Trône, subit également de sérieuses transformations engendrées par
la construction de bureaux.
Porte de Namur, Photo aérienne de
la place, peu avant les
transformations des années 1950
(Collection de cartes postales Dexia
Banque).
À la fin des années 1950 s’érige le long de l’avenue de la Toison
d’Or – dont le caractère résidentiel se mue, dès l’entre-deux-guerres,
en l’un des plus prestigieux haut-lieu commercial de Bruxelles –, la
Galerie de la Porte Louise, partiellement souterraine. Plus loin, un
pan entier de rue disparaît pour permettre la construction de la
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Galerie de la Toison d’Or, une galerie marchande d’une architecture
plutôt banale qui s’étend jusqu’à la chaussée d’Ixelles. Récemment,
en 2002, l’aspect de l’avenue s’est encore dégradé avec la démolition
de la moitié de l’îlot du XIXe siècle limité par l’avenue de la Toison
d’Or et les rues des Chevaliers, de Stassart et des Drapiers.
La modernisation radicale qui marque les années d’après-guerre se
limite essentiellement aux axes principaux, comme les avenues
Louise, de la Toison d’Or et la rue du Trône. Les rues et bâtiments
des zones intérieures demeurent presque intacts, sauf à hauteur de
l’ancien site Solvay, où l’on démolit entre 1960 et 1990 la plus
grande partie de l’îlot entre la chaussée d’Ixelles et les rues de
l’Arbre Bénit, Keyenveld et du Prince Albert pour y construire des
parkings réservés à l’entreprise.
Dans les années 1970 enfin, les anciennes halles d’Ixelles,
désaffectées depuis 1936, sont détruites au profit de tours de
logements sociaux d’aspect plutôt médiocre.
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OUVRAGES
DEL MARMOL, B., DELSAUTE, J.-L., et al., Le quartier SaintBoniface, Ministère de la Région de Bruxelles-Capitale, Bruxelles,
1998 (Bruxelles, Ville d’Art et d’Histoire, 23).
GONTHIER, A., Histoire d’Ixelles, Le Folklore Brabançon, Impr.
De Smedt, Bruxelles, 1960, pp. 123, 124, 139, 144-146.
GUILLAUME, A., MEGANCK, M., et al., Atlas du sous-sol
archéologique de la région de Bruxelles : 15 Ixelles, Bruxelles,
2005.
Ixelles, Ensembles urbanistiques et architecturaux remarquables,
ERU, Bruxelles, 1990.
LE ROY, P., Monographie de la commune d’Ixelles, Imprimerie
Générale, Bruxelles, 1885.
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