Balades dans les sites et paysages de la pierre sèche

Transcription

Balades dans les sites et paysages de la pierre sèche
Balades
dans les sites et paysages
de la pierre sèche Dix itinéraires pour tous
entre Mont Ventoux et Monts de Vaucluse
Denis Lacaille
Une civilisation
de la pierre sèche
Ici en Ventoux, habitant au pied du Géant, nous savons bien qu’il n’y a pas de petit ou de grand
patrimoine. Sous le vocable de « vernaculaire », les constructions en pierre sèche furent longtemps
occultées et délaissées. C'est toute la force d’une association régionale comme l’APARE d’avoir
su et pu faire reconnaître à sa juste valeur cet « art des paysans » qui marque en profondeur
nos paysages. Avec la Route de la Pierre sèche, l’APARE jette des ponts entre les territoires de
Provence -Alpes-Côte d’Azur, car ces constructions sont un véritable marqueur de notre identité
régionale.
Nous sommes fiers en Ventoux de posséder, et de faire partager, une grande diversité de témoignages de ce qui fut une véritable civilisation de la pierre sèche : aiguiers, terrasses, jas, bories,
autant de solutions et d’innovations architecturales qui ont su apporter une réponse au manque
d’eau, à la rareté des terres cultivables, tout en tirant profit de la ressource géologique.
Le Syndicat Mixte d’Aménagement et d’Equipement du Mont Ventoux (SMAEMV) se devait d’être
un facilitateur pour la réalisation de ce travail de mise en lumière à destination des habitants mais
aussi des nombreux visiteurs que nous accueillons chaque année. En effet, les thèmes et les
lieux du guide, que vous avez entre les mains, illustrent une partie des nombreuses actions de
préservation et de valorisation de sites naturels, d’amélioration des conditions d’accueil du public
ou de sauvegarde de la mémoire forestière du massif que met en place le SMAEMV en particulier
au travers des missions du programme « Réserve de Biosphère » de l’UNESCO. Fort de son engagement au service du développement soutenable du massif, le SMAEMV s’investit également
pour promouvoir une agriculture de terroir qui valorise et contribue à des paysages de grande
qualité. L’entretien des murs en pierre sèche a toute sa place dans cette prise de conscience qui
s’amplifie. Des artisans se spécialisent et une économie se structure. La pierre sèche se conjugue
désormais au présent et je souhaitais rendre hommage à un des pionniers de cette reconquête,
Roger Bouvier, maire du Beaucet. Par son inaltérable optimisme, il continue à mobiliser les énergies en faveur de ce patrimoine.
Bonnes randonnées sur les traces vivantes de la pierre sèche autour du Ventoux.
Alain Gabert
Président du Syndicat Mixte d’Aménagement et d’Equipement du Mont Ventoux,
conseiller régional, maire de Monieux
Image de couverture : le mur de la peste, que l'on découvre à partir de Saint-Hubert
Trente années
au service d'un patrimoine
Il y a des thèmes fondateurs, celui du patrimoine en pierre sèche est à l’origine de l’Association
pour la Participation et l’Action Régionale. En effet, c’est par la remise en valeur des terrasses de
culture, la restauration des bergeries, l’inventaire des bories que débuta le chemin d’aventure des
chantiers de volontaires de l’APARE, dès 1981.Très symboliquement, nos premières interventions
dans ce domaine furent honorées du 1er Prix de la Caisse Nationale des Monuments Historiques,
réhabilitant ainsi un art des paysans, trop longtemps négligé.
C’est en Vaucluse, terre d’origine de l’APARE, que nous fêtons nos trente années d’intervention
autour de notre première passion. La rencontre du Syndicat Mixte d’Aménagement et d’Equipement du Mont Ventoux et de l’initiative européenne LEADER nous en fournit l’opportunité grâce
au Programme Ventoux – Monts de Vaucluse – Pays de la pierre sèche.
Ce guide vous permettra de cheminer au pied du géant de Provence pour découvrir des sites
intimes hors des sentiers battus. Ainsi vous dénicherez de véritables théâtres d’agriculture en terrasses, des cabanons dans les collines, des bergeries et des drailles de transhumance, des bories
et des aiguiers construits comme des chapelles, des fermes fortifiées, des oppidums antiques et
jusqu’à l’extraordinaire mur de la Peste : ligne frontière de 27 km entre les Etats du Pape et du Roi
de France. Ce guide n’est pas que la découverte des traces du passé, il est aussi révélateur d’un
patrimoine agraire, qui fait des terrasses du Ventoux un paysage agricole de grande qualité pour
des produits d’exception.
À vous rencontrer donc sur les chemins de la pierre sèche.
Mario
MORETTI
Roger
BOUVIER
Jean-Baptiste
LANASPÈZE
Président de l’Association
pour la Participation
et l’Action Régionale
Président d’honneur
de l’Association pour la Participation
et l’Action Régionale
Président du
Centre Méditerranéen
de l’Environnement
03
1
5
4
2
3
6
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9
8
10
Idées de balades, selon que vous aimeriez plutôt voir :
Des cabanes agricoles, dites « bories »:
Balades n° 3, 7, 10.
Des sites originaux de par leur situation,
leur histoire, leur mystère:
Balades n° 1, 2, 7, 9, 10.
Des bergeries ou « jas »:
Balades n°4, 5, 6, 7.
Des grands paysages de la pierre:
Balades n° 1,4, 6, 8, 9.
Des terrasses agricoles ou « bancaous »:
Balades n° 1, 2, 3, 10.
Dix itinéraires pour tous
1
Le Barroux, les terrasses des Ambrosis et l'oppidum de Clairier
Durée idéale : une petite demi-journée
2
Caromb, carrière, manoir et restanques à la Pré-Fantasti !
Durée idéale : une petite demi-journée
Caromb, cabanes, restanques et chapelle :
le sentier du patrimoine rural du Paty
3
Durée idéale : une demi-journée
4
Bédoin, de jas en jas : grande transhumance au Ventoux
Durée idéale : une journée
Bédoin, petite transhumance au Ventoux :
à la découverte de quelques jas
5
Durée idéale : une petite demi-journée
Villes-sur-Auzon, la bergerie de Pié-Gros :
transhumance au Plateau de Vaucluse
6
Durée idéale : une demi-journée
Blauvac, La Lauze : cabanes, clapas et centrale solaire,
courte balade environnementale
7
Durée idéale : une petite demi-journée
Monieux, séjour patrimoine à Saint-Hubert :
l'habitat des hautes-terres
8
Durée idéale : une demi-journée
Monieux, séjour patrimoine à Saint-Hubert :
le mur-frontière contre la peste
9
Durée idéale : une petite demi-journée
10
Venasque, le vallon de Carroufra : amphithéâtre agro-géologique
Durée idéale : une petite demi-journée
05
Informations pratiques
CHEMINS ET SENTIERS
Les balades proposées sont, pour 9 d'entreelles, des itinéraires en boucle. Comme l'indique
le sommaire, elles présentent des longueurs et
des durées variées et s'adressent à tous les
publics. Elles empruntent, en règle générale,
outre quelques GR ou GR de Pays (GRP),
des chemins officiellement balisés dans le
cadre du Plan départemental des itinéraires de
promenade et de randonnée (PDIPR) que sont
les « PR » balisés en jaune. Quelques balisages
ont pu être réalisés par des organismes locaux,
en accord avec des propriétaires privés. Dans
tous les cas, il est précisé que les édifices en
pierre sèche sont eux privés et demandent le
plus grand respect, quel que soit leur état de
conservation ; il est donc demandé de ne pas
les escalader.
CARTES DES BALADES
Les itinéraires pierre sèche sont indiqués, dans ce guide, par des
filets oranges reportés sur des fonds cartographiques IGN Top 25,
reproduits à des échelles diverses selon la longueur du parcours. Il peut
en résulter des imprécisions ou des difficultés de lecture, il est donc
vivement recommandé de se munir des cartes IGN originales, qui sont
les suivantes :
Balades 1 à 3 : IGN 3040 ET « Carpentras-Vaison »
Balades 4 à 9 : IGN 3140 ET « Mont Ventoux »
Balade 10 : IGN 3142 « Cavaillon »
GUIDES ET TOPO-GUIDES
Pour compléter la découverte de la pierre sèche par d'autres sites,
consulter la bibliographie en fin de volume, ainsi que deux des topoguides régionaux de la Fédération française de randonnée :
« Les Monts de Vaucluse à pied » et « Le Mont Ventoux à pied ».
OFFICES DE TOURISME
Sont susceptibles de vous renseigner les OTSI territorialement concernés par les itinéraires proposés:
BEDOIN - Tél : 04 90 65 63 95
CAROMB - Tél : 04 90 62 36 21
CARPENTRAS - Tél : 04 90 63 00 78
MALAUCENE - Tél : 09 77 78 62 20
MONIEUX - Tél : 04 90 64 14 14
MORMOIRON - Tél 09 65 32 47 36
SAULT - Tél : 04 90 64 01 21
VENASQUE - Tél : 04 90 66 11 66
INFORMATIONS SCIENTIFIQUES
DE LA MONTAGNE AUX MURS,
les milieux naturels et bâtis de la pierre sèche
VRAIS MURS ET FAUSSES-VOUTES,
des techniques savantes pour matériaux pauvres
BANCAOUS D'AUJOURD'HUI,
l'opération terrasses de la coopérative viticole de Beaumont du Ventoux
GLOSSAIRE, des milieux et ouvrages en pierre sèche
BIBLIOGRAPHIE : ouvrages généraux et guides de découverte
p: 50
p: 54
p: 56
p: 58
p : 59
crédits
Ce guide a été réalisé par l'Association pour la Participation et l'Action Régionale (APARE),
dans le cadre du programme européen LEADER, Groupe d'action locale Ventoux, portant sur
les années 2009-2011. Il a bénéficié de l'appui de différentes institutions et associations telles
que : le Syndicat Mixte d'Aménagement et d'Équipement du Mont Ventoux (SMAEMV), l'Université populaire du Ventoux, les Offices de tourisme (OTSI) concernés par les itinéraires de
promenade décrits, ainsi que les nombreux bénévoles investis localement dans la valorisation
du patrimoine rural.
Conception, rédaction et illustration : MédiaSites, Denis Lacaille, novembre 2011.
Infographie et mise en page : Agence Klar - www.agence-klar.com
Fonds de cartes IGN, Source : SCAN 25® - © IGN PFAR 2009
07
Le Barroux , les terrasses des
1 Ambrosis et l’oppidum de Clairier
Carte IGN TOP 25 n°3040 ET, Carpentras-Vaison
Indice pierre sèche : ++
Indice paysager : +++
Difficulté : moyenne
Danger : le passage par l’oppidum est sportif et délicat, non recommandé avec des enfants en
bas âge.
Temps : 2h30 minimum
Longueur : 4 km
Dénivelée positive : 220 m
Accès : Abbaye N.-D. de l’Annonciation. Accès par la D.938, entre le Barroux et Malaucène.
GR 4
3
4
A
2
5
B
6
P
1
Ici l’homme, depuis des millénaires,
travaille et le sol et la pierre
Vous êtes ici dans un haut-lieu de l’histoire et de la géographie vauclusiennes. Sur la
barre rocheuse en dentelle dort un village gaulois. En dessous s’étagent les terrasses
de culture d’une plante qui fait, depuis l’antiquité, le bonheur de nos paysages : la
vigne. Sur l’horizon découvert, s’offre la vision grandiose d’une nature bouleversée : les
Dentelles de Montmirail, « la Montagne admirable ».
1 Laisser votre véhicule au parking de l’abbaye. Suivre la route bitumée sur 250 mètres et
prendre à droite le chemin du hameau des Ambrosis. On reste ensuite continuellement à niveau
en suivant un chemin de terre conduisant au site des terrasses, sur environ 500 mètres. Un mur
de soutènement le borde à droite, sur lequel on observe l’appareil des pierres, souvent de grandes
dimensions. À main gauche, le paysage s’ouvre subitement sur les Dentelles de Montmirail, les
plus élevées au centre étant les « Sarrasines » (627 m).
2 On trouve à droite un raidillon aussitôt marqué par un repère facile à identifier : le totem signalant les terrasses viticoles de Christine et Pierre Rivet, vignerons de la Cave de Beaumont du
Ventoux et auteurs de la réhabilitation des terrasses situées en pied de pente A . On y accède en
longeant le verger de cerisiers, en direction d’un chêne vert isolé, en forme de boule. Après visite
du site, on reprend le chemin principal sur 400 mètres, pour déboucher sur le GR n°4.
3 Le GR n° 4 longe la barre rocheuse de Clairier dont l’érosion a dégagé un puissant modelé et
des blocs épars. Au col, descendre le versant nord sur une centaine de mètres.
4 Après un court replat, prendre à droite un sentier escarpé conduisant à l’oppidum. On pénètre
dans le site par une brèche dans un mur de restanque* qui annonce un site de la pierre sèche important, mais dans lequel il n’y a pas que des murs historiques ! Arrivé en crête, prendre à gauche
et suivre un sentier en corniche, parfois vertigineux.
5 Panorama sur la vallée qui concentre les principales vignes du Barroux, dont on distingue
la silhouette du château. Larges terrasses aux modelés récents et aux talus enherbés. Géologiquement, le sol de cette vallée est une roche très ancienne, meuble et colorée, datant du Trias
(vers -250 millions d’années) et dont la plasticité a facilité le soulèvement des Dentelles. Au long
du sentier, la densité de murs et de clapas augmente, indiquant la position de l’ancien oppidum,
agglomération villageoise dont il ne reste pas de vestige d’habitat visible, mais une puissance
d’évocation certaine B . Passé l’oppidum, poursuivre le sentier et s’arrêter à une insolite cabane
bâtie en grand appareil, adossée à une barre rocheuse au modelé sculptural.
6 On quitte le milieu minéral en descendant un éboulis en forme d’escalier. La balade se termine
sur une large terrasse enfrichée où se dessine un chemin rural qui bifurque devant le château
d’eau et descend à une ferme. On retrouve facilement la route principale qui ramène à l’abbaye.
09
A
Les terrasses
Sous la barre rocheuse de Clairier (oppidum), les terrasses viticoles des Ambrosis.
Apprivoiser la montagne à mains nues : tel a été le dur labeur des paysans sans terre qui ont bâti
ces banquettes ou «bancaous»*, retenues par des murs de restanque*, pour des cultures de subsistance : du blé, du fourrage pour les bêtes.
On s’avance prudemment sur une de ces banquettes pour apprécier la composition des murs, un
mélange de blocs bruts pris dans l’éboulis et de moellons taillés, posés en assises les plus régulières possibles. Les murs enjambent, ça et là, de très gros blocs tombés de la barre rocheuse. La
maçonnerie à pierre sèche laisse passer l’eau de ruissellement tout en contenant la terre ; c’est là
son rôle irremplaçable. Vigneron de la cave de Beaumont, Pierre Rivet a restauré et replanté ces
terrasses dans les années 2000. (cf. informations scientifiques).
Vendanges dans l'étagement des terrasses.
Sur l'horizon, les Dentelles de Montmirail. Au centre, celles dites « Sarrasines ».
B
L’oppidum
Partie ruinée de l'oppidum de Clairier
On appelle ainsi une agglomération fortifiée, à l’époque protohistorique. Clairier était occupé par
la peuplade celto-ligure des Méminiens, présente entre Carpentras et le Ventoux dans le courant
du premier millénaire avant notre ère. Paysans autant que chasseurs, ils cultivaient les terres à
l’entour et échangeaient par la voie antique qui reliait Carpentras à Vaison, par Malaucène.
Protégé par l’escarpement naturel sud, le site est bordé au nord par d’importants vestiges de
murailles qui disparaissent sous la végétation et les éboulements. Il aurait été occupé jusqu’au
moyen-âge puis déserté à l’époque moderne, avant de susciter l’intérêt des chercheurs au XIXe
siècle. Il est vain de vouloir identifier aujourd’hui telle ou telle partie d’un ensemble qui gagne à
être vu, plutôt, comme un site où plane l’esprit des ruines.
11
Caromb, carrière, manoir et
2 restanques à la Pré-Fantasti !
Carte IGN TOP 25 n°3040 ET, Carpentras-Vaison
Indice pierre sèche : +++
Indice paysager : +
Difficulté : moyenne
Danger : aucun
Temps : 2 à 3h
Longueur : 4 km
Dénivelée positive : 160 m
Accès : à 1,5 km au nord du village, parking du pont du Lauron, au carrefour de la D.13 et de la
route du lac du Paty.
5
4
3
A
6
7
2
P 1
Un belvédère de pierre, un théâtre d’agriculture
Caromb était célèbre pour la pierre de ses carrières, aujourd’hui abandonnées. Lieu de
légende et de mystère, la « Pré‑Fantasti » exhume aujourd’hui des richesses longtemps
enfouies : des fronts de taille, des vergers en terrasses, une maison inscrite dans
l’imaginaire local… le tout dans un théâtre d’agriculture propice à la contemplation du
paysage comtadin. Des moments privilégiés dans un site remarquable.
1 Laisser votre véhicule au parking du Lauron. Monter la route sur 50 m et prendre le sentier fléché « Pré-Fantasti ». Traverser une colline boisée de pins, caractéristique de l’abandon des reliefs
par l’agriculture du XXe siècle.
2 Point de vue sur le site agricole rouvert et réhabilité après des incendies récents. Traverser
l’oliveraie en direction de la ruine. Après le rucher transhumant*, franchir une butte pour découvrir
un chemin creux bordé de murs : une roubine* d’écoulement des eaux du ravin supérieur. Banc de
roche taillé, trace de l’ancienne carrière locale.
3 Ancien manoir dit « des frères Barberini » A , résidence campagnarde installée face au paysage. Entourée d’une légende et « d’espirit fantasti », elle a donné son nom au lieu. On la dépasse
pour accéder aux terrasses de culture.
4 Oliviers : pour la plupart sont des rejets issus des souches brûlées par l’incendie du site, remis
en culture et entretenu par un organisme d’insertion : l’Université populaire du Ventoux. Construits
en petit appareil*, les murs de restanque* ont été bâtis à pierre sèche avec des rebuts de l’ancienne carrière de pierres de taille. Accéder à l’escalier jouxtant un front de carrière.
5 Colline des Coupinottes : la monter sur une vingtaine de mètres pour une lecture du paysage rural et du site de piémont, de l’étagement traditionnel des cultures : en haut, la colline
sèche vouée au pacage des troupeaux ; en pied de pente les terrasses ou « bancaous »* vouées
aux cultures sèches ; en plaine les grandes cultures, aujourd’hui presque exclusivement viticoles
(AOC Côtes du Ventoux).
6 Descendre en bas du site en traversant l’oliveraie, noter le sol pauvre, caillouteux. Traverser
la roubine* sur la gauche puis remonter le chemin bordé de vieux oliviers. En haut de la vigne,
prendre à droite vers l’ancienne carrière.
7 Autrefois très importante, abandonnée au XVIIIe siècle au profit de celle de Crillon, la carrière
de Caromb (noter le préfixe « car » : pierre) est d’origine antique et a servi à édifier les villes et villages du Comtat avec la fameuse « mollasse »* ou pierre du Midi. Dans la partie taillée en escalier,
on distingue les traits obliques des coups de pic des carriers.
13
A
Le manoir dit « des Barberini »
La bâtisse en ruine qui trône au milieu des oliviers n’est
pas une ferme ; c’est, comme l’indique la qualité particulière des fenêtres « à croisillon », divisées par des
meneaux, une résidence campagnarde édifiée à la fin du
XVe ou au début du XVIe siècle. Si la mémoire locale veut
qu’elle ait abrité les frères Barberini, neveux du pape
Urbain VIII au XVIIe siècle, les archéologues pensent
qu’elle aurait pu être édifiée par le riche carrier qui exploitait, en contrebas, les pierres de taille dont une partie
de la maison est bâtie.
Le choix de restauration fait par les spécialistes a été,
dans les années 2000, de conserver un témoin architectural assez rare ici par fixation des vestiges sans tentative de reconstitution. C’est pourquoi des colonnettes
métalliques soulagent les linteaux du porche, au-dessus
duquel on distingue la voûte d’ogives de ce qui était une
petite chapelle. La partie contigüe, en forme de tour,
accueille un escalier en vis dont le départ est encore
visible. Comme l’indique un panneau d’information, l’édifice ainsi que le mur de soutènement de sa terrasse ont
été confortés par des chantiers européens menés par
l’APARE, de 2002 à 2006.
L'ancien manoir dit « Des Barberini », maison de campagne sise au milieu des oliviers, a retrouvé son cadre rural. La colline
des Coupinottes, défrichée et repâturée,
est un superbe belvédère paysager.
La renaissance du site
Le génie d’un lieu se construit avec le temps ; il
résulte de la sédimentation de projets réussis :
l’exploitation d’une richesse minérale, l’édification
d’une maison pour jouir du paysage, la plantation
d’une oliveraie. À elle seule, la ruine est un symbole : édifiée à la Renaissance, elle défie le temps
pour nous convier quatre siècles plus tard à une
autre renaissance : celle du site dans son environnement paysager.
On doit à un incendie sa réouverture, alors qu’il
était depuis longtemps abandonné à la broussaille. On doit ensuite à la commune d’avoir acquis, en 2009, une partie des collines du Paty (260 ha, balades n° 1 et 2) au titre des Espaces
Naturels Sensibles (ENS), mode de protection et
de gestion publique des sites à valeur naturelle et
culturelle pour les ouvrir à la visite. Débutée par la
réhabilitation des oliveraies, l’opération a été poursuivie par la restauration des murs de restanque*,
le confortement du manoir, l’aménagement du parking et du chemin d’accès, la mise en pâture de la
colline etc, le tout ayant mobilisé pas moins d’une
dizaine d’organismes publics ou associatifs.
15
Caromb, cabanes, restanques et chapelle : 3 le sentier du patrimoine rural du Paty Carte IGN TOP 25 n°3040 ET, Carpentras-Vaison
Indice pierre sèche : ++
Indice paysager : +++
Difficulté : sans
Danger : aucun
Temps : 2h environ
Longueur : 1,5 km
Dénivelée positive : négligeable
Accès : à 1,5 km au nord du village, parking du pont du Lauron, au carrefour de la D.13 et de la
route du lac du Paty.
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1
P
01
12
La pierre sèche, mémoire de la colline
Un « pâti », selon la tradition rurale, est un espace non cultivé et réservé au parcours
et à l’alimentation du bétail. Celui-ci a une histoire mouvementée : d’origine seigneuriale,
le foncier s’est ensuite partagé entre une pâture publique, communale, et des cultures
privées en raison de la présence de sources, générant ainsi de nombreux conflits
d’usage !... Abandonné à la friche au début du XXe siècle, le site fait désormais l’objet
d’un projet consensuel et d’une nouvelle culture : celle de la mémoire.
01 Laisser votre véhicule au parking du Lauron, en bas de la route menant au lac du Paty. Traverser
à pied le pont du Lauron sur la route de Caromb et prendre le premier sentier à gauche. Après la
traversée des cultures, prendre à gauche et suivre le balisage (traits verts) jusqu’au point n°1 du
« sentier du petit patrimoine rural » (dépliant disponible à l’office du tourisme ou ici même, dans
un distributeur).
1 Mur de soutènement ou de « restanque »* de facture récente et formant un point d’accueil.
2 À partir des restes d’une cabane, s’avancer jusqu’à un site de terrasses (anciennes cultures)
avec une belle cabane d’angle à plan carré. Noter dans un mur un « escalier volant » fait de pierres
fichées. Retour au sentier principal.
3 Jambages monolithiques de l’ancien portail d’un parc à moutons.
4 Petite cabane ayant servi d’abri de berger.
5 à 6 Vues vers l’ouest en direction de la colline dénudée des Coupinottes (balade n° 2). Déforestée par un incendie et retournée au pacage, elle montre la physionomie des collines provençales avant leur abandon économique et leur colonisation par les pins, comme celle où vous êtes.
Plus en amont, vues sur le ravin du Lauron, ruisseau capté à la fin du XVIIIe siècle par le barrage
dit du Paty, pour faire tourner les moulins hydrauliques de Caromb.
7 Ancienne source ceinte de murs. Le site du Paty possédait un système hydraulique permettant
l’arrosage gravitaire des cultures légumières (voir point n° 8). Chapelle Notre-Dame de la Victoire :
elle a été édifiée au XVIIIe siècle pour célébrer…la victoire des paysans de Caromb dans leur
conflit avec la municipalité pour l’usage des sols. Les nombreux procès intentés au cours des
siècles au sujet des droits d’eau ou de pacage, témoignent de l’importance économique qu’avait
le site pour les habitants. La partie communale était « mise en défense » tous les dix ans, interdisant le pacage pour la reconstitution du sol pâturable, par ailleurs réservé à un berger communal
par adjudication.
8 Cabane ayant servi d’abri de berger. Sa forme en tas de pierre ou clapas* indique un épierrage
du sol.
9 Ancienne roubine* d’arrosage par gravité, en particulier pour les cultures légumières : salades,
pois, pois-chiches.
10 Cabane en forme de tas d’épierrage, semblable à la n° 7, mais celle-ci est intégrée à un enclos.
11 Mur et sol caladé*, réalisés dans le cadre d’une formation à la technique de la pierre sèche.
12 Cabane de berger, accompagnée du grand mur d’un parc à moutons.
13 Cabane pastorale ou agricole.
17
Le sentier du patrimoine rural de la colline du Paty présente
une grande variété d'édifices en pierre sèche...ainsi qu'une chapelle liée à l'histoire agricole du site. Clichés de droite: cabane
et bancaous du point n°3, avec un « escalier volant » pris dans
le mur de restanque.
L'invention du patrimoine
Ouvert au public en 2010, le « sentier du petit patrimoine rural » est le résultat d’une synergie
locale qui a remplacé les conflits des époques antérieures. Ce ne sont pas moins d’une dizaine
d’organismes publics et associatifs qui ont œuvré, au premier rang desquels la commune qui a
acquis une partie des collines du Paty en 2009 (260 ha, balades n° 2 et 3) au titre des Espaces
Naturels Sensibles (ENS), ici pour leur valeur patrimoniale.
C’est l’ensemble du bâti pierre sèche, caractéristique d’une ancienne et intense activité humaine,
agricole et pastorale, qui a été inventorié : des cabanes ou « bories », des murs d’enclos ou de
soutènement, des canaux d’irrigation. À l’aménagement d’un sentier de visite par des bénévoles
locaux, se sont associés des chantiers de restauration des cabanes et des murs par des chantiers
de volontaires de l’APARE ou par des chantiers de qualification du centre de formation professionnelle et de promotion agricole (CFPPA) du lycée de Carpentras – Serres.
19
Bédoin, de jas en jas :
4 grande transhumance au Ventoux
Carte IGN n°3140 ET, Mont Ventoux
Indice pierre sèche : ++
Indice paysager : +++
Difficulté : montée sportive
Danger : aucun
Temps : 6h
Longueur : 15 km
Dénivelée positive : 850 m
Accès : à partir du hameau des Colombets, au nord-est du village de Bédoin.
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1
P
Une séquence méditerranéenne
Le Ventoux était déjà peuplé de bergers il y a des millénaires. L’escalader aujourd’hui
remet nos pas dans l’antique tradition pastorale méditerranéenne. Les troupeaux y
sont moins nombreux qu’avant mais Virgile et ses Bucoliques planent sur nos têtes.
La montée au niveau 1300 vous propose un Chant de la Terre qui vous dispense d’aller
gravir l’Olympe. Seule restriction : la montée est sportive.
1 Laisser votre véhicule au départ de la Combe de Curnier. On pénètre dans la substance
minérale du Ventoux : lit de cailloux de l’oued, parois rocheuses sculptées par le gel. Etonnant
phénomène d’érosion : la gorge se resserre en un très mince passage, dangereux si survient un
orage violent : climat méditerranéen !
2 Au débouché d’une draille*, chemin bâti sur un soutènement en pierre sèche, suivre le balisage
jaune. Vue sur le paysage comtadin : villages installés en limite de plaine et de la montagne (deux
économies complémentaires).
3 Attention ! À une centaine de mètres, prendre le sentier jaune, à gauche. On entre dans le
monde de la forêt, dans une zone de transition entre l’étage méditerranéen marqué par le chêne vert,
qui disparaît peu à peu au profit du chêne blanc de l’étage collinéen. Les ouvertures paysagères
élargissent l’horizon sur les Monts de Vaucluse et le Luberon, les Alpilles tout au fond. Dans la plaine,
les taches claires des ressources minérales : les sables siliceux de Bédoin, le gypse de Mazan.
4 Jas de Landérot, 1005 m. Bergerie classique à charpente sur piliers centraux. Ici commence
le niveau 1000 – 1100 m des bergeries, toutes semblables et occupant une clairière dans un
milieu forestier qui s’épaissit. Elles ne sont plus occupées que quelques jours par an, pour des
passages. Attention : on quitte le balisage jaune au profit de celui rouge et blanc du GR 91 B,
dont il faut bien repérer les premières balises.
5 Jas de Baumasson, le bien nommé : il utilisait une citerne rupestre* intégrée à la baume*.
Vallon de la Fougasse : le milieu est plus minéral, la forêt plus clairsemée, le sol plus caillouteux,
la montée plus rude.
6 Jas du Toumple, 1285 m. On l’atteint après avoir suivi un court morceau de piste forestière,
toujours sur le GR 91 B. On est là au sommet de la balade. Site de la pierre sous toutes ses
formes : l’érosion du vallon (toumple = trou, aven*), les parois rocheuses fracturées et les murs
à pierre sèche qui font corps avec elles. Site étrange et ombragé, propice au pique-nique de
mi-parcours. Continuer en direction de la combe Fiole, que l’on traverse pour la direction de la
Couanche.
7 Jas de la Couanche, 1130 m. Assez ruiné, il sert d’étape aux troupeaux dans un site vaste et
ouvert. Ombrages agréables aux marcheurs.
8 Jas du Mourre, 1041 m. Ruiné, il a été en partie réhabilité en refuge ouvert par l’APARE, dans l’environnement très particulier de la Cédraie du Ventoux , plantée à partir de 1861 par les Eaux et Forêts. Attention : abandonner le GR 91 B au profit du PR jaune que l’on trouve en contrebas sur la piste forestière
(suivre les flèches « cédraie »). Descente dans le Massif des Cèdres. Suivre une piste sur 200 mètres.
9 Attention : au panneau « Cédraie, réserve de biosphère », poursuivre à droite sur le PR jaune.
Rejoindre la Combe d’Ansis par les balises « Les Cèdres » (882 m) et « Guibert » (841 m). En bas
de la combe, prendre à droite le GR 91 pour revenir au point de départ.
21
Emprunter le chemin de la montagne par la combe de Curnier vous
immerge dans le monde puissant
de la pierre, naturelle puis bâtie
avec la science de l'adaptation au
lieu.
le pastoralisme,
une histoire ancienne
Le promeneur le constate de lui-même : par nature
ouvert, l’espace pastoral n’apparaît guère au niveau
des bergeries. Où sont passés les moutons ? Le
pastoralisme a connu ici son âge d’or avant que le
reboisement ne s’empare du massif, l’usage des
sols devenant réglementé à partir de 1860. Jusquelà le pacage était surtout local, les troupeaux venaient du Comtat et occupaient en été les jas échelonnés vers 1100 m que nous visitons aujourd’hui.
Les plus vastes, qui pouvaient contenir une centaine
de bêtes, étaient la Couanche, Les Mélettes, Le
Roussas et Le Toumple. Les moutons étaient élevés
pour leur laine, tissée à Bédoin pour des vêtements
de laine grossière mais étanche : le tissu de cadi.
C’est, outre l’exode rural et la concurrence de la forêt, la concurrence de la laine australienne aux cours
économiques plus bas qui va entraîner le déclin progressif du pastoralisme dans la première moitié du
XXe siècle. Aujourd’hui, cette activité se maintient
sur le versant nord, au Mont-Serein, et plus au sud
sur le plateau de Vaucluse (voir balade n° 6). (Note
établie d’après C. Durbiano, in : le Mont Ventoux,
encyclopédie d’une montagne provençale) .
23
Bédoin , petite transhumance au Ventoux :
5 à la découverte de quelques jas
Carte IGN n°3140 ET, Mont Ventoux
Indice pierre sèche : ++
Indice paysager : ++
Difficulté : sans
Danger : aucun
Temps : 3h pour un A/R
Longueur : 7 km si A/R
Dénivelée positive : 100 m
Accès : prendre la D.974, route du Ventoux. 600 m. après la borne n°26, « sommet à 10 km »,
aire de stationnement au lieu-dit Jas des Mélettes, 1156m. Prendre le GR 91 B de l’autre côté
de la route.
3
5
2
A
1
4
P
Une transhumance familiale
Le jas est le lieu de repos des brebis dans une bergerie : voici donc une balade
reposante dans un Ventoux agreste et paisible. De hêtraie en cédraie, au long d’un
parcours presque horizontal, on chemine en rêvant d’histoires bucoliques. On s’arrête
pour quelque pique-nique et on revient sur ses pas, quand on le désire…
1 Jas des Mélettes : on le trouve au début du chemin. On voit, à le regarder attentivement, que
son bâti était très long, occupé par deux grandes bergeries, des cabanes de bergers et des murs
d’enclos pour les bêtes. Il ne reste de bien identifiable que la citerne, seul moyen d’approvisionnement en eau dans ce milieu aride. Les vestiges sont confortés par des chantiers de bénévoles
de l’APARE, depuis 2010 A .
2 Jas du Roussas, 1149 m. C’est une des rares bergeries du Ventoux encore en état de fonctionner. On note le grand volume de la bergerie, au toit peu pentu, et le modeste cabanon du
berger. Autour, espace bien dégagé avec de beaux arbres procurant de l’ombrage. Ouverture
paysagère sur la plaine du Comtat ; on distingue au loin les méandres du Rhône au sud d’Avignon.
Abandonner la piste pour suivre le GR 91 B en direction du coteau du Roussas.
3 Descente dans le vallon de Serre. On remarque le changement de milieu naturel : à la hêtraie,
qui croît au dessus, se substitue la chênaie blanche qui ne monte pas au-delà de 1200 m. On
note la présence de chênes blancs, d’érables, de sorbiers et, un peu plus loin, de cèdres. On
note aussi la présence de quelques replats noirâtres : d’anciennes charbonnières. Attention ! au
poteau « Jas de Serre, 1056 m », prendre à droite en direction du Reillas (GR 91 B).
4 Jas de Serre. Ruiné, il laisse voir un plan semblable à celui des Mélettes, en moins grand :
une bergerie rectangulaire, flanquée d’une cabane de berger de plan carré, l’ensemble entouré
d’un mur d’enclos. Poursuite par le GR en direction du Reillas. Entrée dans le massif des cèdres,
caractéristique du flanc sud de la montagne au‑dessous de 1000 m. Introduits par les Eaux et
Forêts au XIXe siècle pour arrêter l’érosion des sols, ils couvrent aujourd’hui plusieurs centaines
d’hectares et sont issus de graines provenant de l’Atlas algérien.
5 Jas du Mourre, 1041 m. Très ruinée, sa cabane de berger a été restaurée en refuge de montagne, au carrefour du GR 91 B et d’un PR, sur un circuit des bergeries qui se prolonge en direction du nord-ouest (voir balade n° 4). C’est un lieu très agréable pour un pique-nique au milieu de
la balade. Retour par le même chemin.
25
Les chantiers de l’APARE
dans le Ventoux
A
Forte de ses 6300 ha, la forêt communale de
Bédoin est à ce titre une des plus étendues
de France. Les édifices qui la parsèment sont
communaux et une collaboration de vingt années avec la municipalité marque la publication
de ce guide.
Après la reconstruction du Jas des pèlerins
(bâtiment proche du sommet, qui servit aussi
au commerce de la glace), de 1991 à 1993,
l’APARE et la commune ont engagé un programme de sauvegarde de plusieurs jas : les
Mélettes, le Mourre, Perrache. Réhabilité en
refuge de montagne sur le GR 911 B, le jas
du Mourre a retrouvé en 2009 une fonction au
nom d’une moderne transhumance : celle des
marcheurs. Le jas des Mélettes a pris la suite
en 2010 et 2011.
Le jas de Roussas: à mi-chemin,
un point d'arrêt agréable pour
un pique-nique ombragé.
Les chantiers réalisés sur les bergeries visent à conforter les ruines dans leur rôle de mémoire de la montagne et de restaurer
les cabanes de berger pour abriter les randonneurs et promeneurs. À gauche, le site des Mélettes et ci-dessus celui du Mourre.
27
Villes-sur-Auzon , la bergerie de Pié-Gros :
6 transhumance au plateau de Vaucluse
Carte IGN TOP 25 n° 3140 ET, Mont Ventoux
Indice pierre sèche : +++
Indice paysager : ++
Difficulté : sans
Danger : aucun
Temps : 4h
Longueur : 10 km
Dénivelée positive : 350 m
Accès : Par la D1 (route de Sault), à 2 km de la sortie du village, aire d’arrêt des Escampeaux.
3
4
P
1
6
2
5
7
A
8
Le haut-plateau, paysage autre
Dans une ambiance paysagère différente de celle du Ventoux, on aborde ici le
« plateau » de Vaucluse. Le « Pié » Gros, que l’on écrit ailleurs Puy ou Puech (du latin
« podium ») n’y est guère qu’une petite bosse sur l’immensité. En vue du plateau de
Sault, on transhume (on traverse les terres) du « saltus », l’espace pastoral antique
toujours pâturé. Mais désormais la forêt, la « silva » le recouvre, qui confère à la belle
bergerie une aura romantique…
1 Laisser votre véhicule sur l’aire. Suivre la piste balisée GR 91. Au premier virage, prendre en
face, un sentier à droite mène aux ruines de l’ermitage. Vue d’ensemble sur le plateau (étagement
végétal, chêne vert puis chêne blanc) et son entaille par l’érosion : succession de méandres d’un
cours d’eau très ancien, parois élargies par l’action du gel. Reprendre le GR 91.
2 Ferme des Escampeaux : nom peut-être tiré des champs cultivés, à l’écart, sur un fond alluvionnaire. Balise PR : suivre Pié-Gros par la combe. On distingue la végétation du fond, humide, de celle du plateau aride.
3 Quitter la combe, suivre le PR jaune, le paysage s’élargit en gagnant le plateau. Citerne voûtée,
alimentée par une rigole périphérique. Le sol du chemin laisse apparaître un calcaire très blanc
accompagné d’une terre rouge : la terra-rossa, argile de décalcification.
4 Aiguier* taillé dans le rocher et comportant deux cuves : l’une ouverte, l’autre voûtée. L’état
d’abandon ne permet pas d’établir le mode d’alimentation par ruissellement, ainsi que les modes
de fonctionnement respectifs.
5 Piste forestière du Pas du Loup, balise Pié-Gros, 705 m. Espace ouvert par un large pare-feux,
véritable champ de pierres : clapas* d’épierrage du sol pour la pousse de l’herbe à mouton. Voir,
sur la gauche, un lieu hérissé de cailloux : un lapiaz*, sol calcaire strié par l’érosion physico-chimique de l’eau, (plus loin, possibilité d’abri à l’ancien jas du Pas du Loup, aménagé en refuge).
Revenir sur vos pas jusqu’à la balise Pié-Gros, prendre la direction de Perrin. Entrée dans la futaie
communale de cèdres de l’Atlas.
6 Balise de Perrin, 697 m. Prendre la direction de La Lauze, dépasser la citerne de DFCI* et
300 mètres plus loin, prendre à gauche (croix jaune) en direction de la bergerie. Après une centaine de pas, sentier à droite.
7 Bergerie de Pié-Gros, point d’orgue de la balade A , site à visiter attentivement avant de revenir sur ses pas jusqu’à la citerne DFCI. Prendre à gauche pour retrouver la piste forestière et la
descendre sur 2 km environ.
8 Balise du Grand Défens, 567 m. Deux citernes : une ancienne et une moderne. Prendre à
droite en direction des Escampeaux. À l’approche de la combe, vue intéressante sur le bassin
agricole entre Villes-sur-Auzon et Bédoin.
29
A
La bergerie
Elle appartient à un vaste espace depuis longtemps pâturé : le communal de Villes-sur-Auzon,
dont 800 des 1 470 hectares sont toujours parcourus, au printemps, par un éleveur du Comtat
qui dispose d’une bergerie moderne. Restaurée par l’APARE de 2007 à 2009, la vieille bergerie
occupe un site qui mérite examen : il avait été choisi pour sa forme en conque, dans laquelle des
terrasses cultivées recueillant l’humidité du vallon pouvaient assurer une subsistance. Un document de 1708 faisait état en ce lieu d’un « grangeon », bâtiment agricole qui aurait pu précéder
la bergerie.
Edifice ancien le mieux conservé dans sa catégorie, la bergerie présente un ensemble compact
de six cabanes adossées au rocher, seules deux d’entre elles ayant conservé leur voûte en encorbellement. Elles abritaient les bergers (les deux volumes de droite) et les bêtes, qui disposaient
aussi des deux grands enclos. À proximité, une grande citerne recueille toujours l’eau de ruissellement. Dans ce site de la mémoire pastorale, on s’attarde volontiers à observer les subtilités de
l’aménagement, de l’adaptation au lieu.
Dans le paysage en apparence lisse du plateau,
on découvre sous la végétation un sol hérissé de
pierres saillantes : le « lapiaz », surface calcaire
striée par l'érosion.
À Pié-Gros, on s'attarde longuement à observer les
pierres sous toutes formes possibles : sol excavé
d'un aiguier, strate naturelle surmontée d'un mur
appareillé, murs droits ou courbes...
31
Blauvac , La Lauze : cabanes, clapas et centrale
7 solaire, courte balade environnementale
Carte IGN TOP 25 n° 3140 ET, Mont Ventoux
Indice pierre sèche : ++
Indice paysager : ++
Difficulté : sans
Danger : aucun
Temps : 2h30
Longueur : 5 km
Dénivelée positive : 70 m
Accès : Route de la Nesque depuis Villes-sur-Auzon. À 5 Km, prendre la direction de La Lauze.
Au 2e panneau « La Lauze », prendre à gauche la route de la centrale solaire. Se garer à la fin de
la partie bitumée.
5
4
3
A
P
2
1
De l’agro-pastoral au solaire, une nouvelle économie rurale
L’abandon des cultures ancestrales en montagne sèche (lavande, céréales, élevage) a
contribué à enfricher puis fermer un paysage autrefois diversifié. Mais La Lauze est
le théâtre d’un changement dans la continuité : le maintien d’un environnement ouvert
et l’exploitation d’une énergie régionale : le soleil !... Cabanes et clapas* y sont un utile
rappel d’une économie du passé.
1 Centrale solaire, mise en service en 2011 par EDF-énergies nouvelles sur un terrain en majorité communal A . À la balise PR « Passichaud », traverser la centrale en direction du sud.
2 Au sud-ouest de celle-ci, une abondance de tas de pierres en forme de clapas* rappelle que le site
est depuis longtemps épierré, pour des cultures de subsistance à proximité du hameau. Cabanes de plan
intérieur rectangulaire, bien conservées au milieu d’un paysage lunaire (zone périphérique de la centrale,
débroussaillée pour sa fonction de pare-feu). Revenir à la balise Passichaud, prendre en direction des
Peyrards.
3 Les Peyrards, 596 m. Monter à gauche en direction de Perrin.
4 Dans un virage, cabane à deux pièces flanquée d’un mur d’enclos doté d’une meurtrière.
Attention : 400 mètres plus loin, ne pas manquer le sentier à droite (croix jaune, point bleu) menant à la bergerie de Pié-Gros.
5 Bergerie de Pié-Gros : un ouvrage d’exception méritant une visite attentive, voir balade n° 6
(A). Après la visite, retour par le même chemin.
33
Tradition et modernité sont ici associées dans l'harmonie d'un site rural qui aura été, de tout temps,
voué à l'exploitation des ressources naturelles : la
terre et maintenant le soleil.
Le pare-feu protégeant la centrale du vent dominant (panoramique du haut) a révélé lors de son
débroussaillement un beau conservatoire d'édifices
en pierre sèche.
En bas, la grande bergerie de Pié-Gros.
A
Centrale solaire photovoltaïque
La centrale, une atteinte au paysage ? On peut la voir ainsi. Il n’est pas interdit, non plus, de s’interroger sur son sens dans l’environnement rural. Elle résulte d’un projet porté par la Communauté
de communes, dont la commune de Blauvac. Le site était en friche (échec d’une plantation de
chênes truffiers) et se prêtait à tout aménagement à valeur économique : la centrale en était un.
D’une capacité installée de 2,6 mégawatts (l’équivalent d’une éolienne ou deux), elle équivaut à
la consommation électrique, chauffage compris, de 1 500 habitants – soit trois fois la population
de la commune. Elle rapporte aux collectivités publiques (commune et autres) 100 000 euros par
an environ, sous la forme de location du sol et de taxes. Elle s’inscrit dans l’objectif du Grenelle
de l’environnement de doubler la production d’électricité verte d’ici 2020.
Important détail de l’histoire : le grand pare-feu, créé par débroussaillement à l’ouest de la centrale et sous le vent dominant qu’est le mistral, a remis en lumière une douzaine d’hectares de
clapas* et de cabanes en pierre sèche, témoins d’une valorisation ancestrale du territoire.
35
Monieux , séjour patrimoine à Saint-Hubert :
8 l ’habitat des hautes-terres
Cartes IGN TOP 25 n° 3140 ET, Mont Ventoux / n° 3242 OT, Apt Luberon
Indice pierre sèche : ++
Indice paysager : +++
Difficulté : facile
Danger : aucun
Temps : 2 fois 2h30
Longueur : 2 fois 4,5 km
Dénivelée positive : négligeable
Accès : Le gîte d’étape de Saint-Hubert, sur la départementale n° 5, au sud des Gorges de la Nesque.
B
1
6
5
2
3
4
A
Un génie rural pas très ancien
On est ici dans le Très haut Vaucluse habité. Non plus celui du Mont Ventoux où
l’habitat permanent est en piémont*, mais sur un haut plateau sauvage où des
paysans s’installèrent pour le défricher à partir du XVIe siècle. On y découvre tout un
génie des lieux, dans un milieu naturel particulièrement dur : l’absence d’eau.
1 Saint-Hubert, prendre à l’ouest de l’auberge l’allée de chênes qui prolonge la route. Balise PR
« Mur de la Peste » : prendre à gauche le sentier botanique, que l’on suit tout au long. Allée de
chênes bordée d’un clapas* résultant de l’épierrage du champ.
2 Balise PR « Grand Adrech » : suivre Lausemolan et les balisages botanique et jaune.
3 Attention : quitter momentanément ces balisages au niveau d’un affleurement rocheux, poursuivre sur 100 mètres en direction de l’aiguier de La Jaille, haut lieu du plateau avec son grand
impluvium calcaire taillé pour récupérer l’eau. « Aqui, l’aigo es d’or ». Revenir en arrière pour reprendre les balisages en direction de la ferme de Lausemolan.
4 Lausemolan : un site éminemment « gionnien », typique des contextes paysans des romans
comme Colline, Un de Baumugnes, Regain… A . Après la visite, poursuivre le balisage en direction de Saint-Hubert.
5 Saint-Hubert : poursuivre la balade en direction des aiguiers du Champ de Sicaude. Descendre la route sur 300 mètres et suivre le balisage du GR 9. Balise PR « Chemin de Berbery » :
prendre à droite, suivre le GR 9. Au virage, entrée du domaine privé de Cassoulin, pénétration
autorisée sur 100 mètres pour la visite des aiguiers.
6 Aiguiers* du Champ de Sicaude : un site à haute valeur ethnologique, conçu pour la récupération de l’eau en milieu aride B . Ne pas pénétrer plus avant dans la propriété. Retour à SaintHubert par le même chemin.
37
LA FERME
DE LAUSEMOLAN
A
À l’origine de l’exploitation
agricole se trouvent être les
« Actes d’habitation », baux
délivrés par les seigneurs
dès la fin du Moyen Âge pour
mettre en valeur leurs terres
sur un plateau alors sauvage
et boisé, pour faire face aussi
à la pression démographique
du bas pays. Lausemolan apparaît ainsi dans la forêt de
Javon au milieu du XVIIe siècle, dans un de ces espaces défrichés toujours présents dans le paysage, petites tâches blanches dans l’immensité verte des cartes IGN…
Malgré l’état de ruine – provisoirement stoppé par des confortements ponctuels réalisés par
l’APARE de 2004 à 2006 – la ferme a un plan très lisible, organisé selon trois espaces fonctionnels : au nord, un vaste enclos pour battre le blé ou enfermer le troupeau ; au centre le bloc
d’habitation sur cour pour les gens et les bêtes ; au sud le potager également enclos et arrosé par
l’eau d’un grand aiguier.
Le bloc d’habitation est divisé en deux parties bien distinctes, mais liées par la cour centrale :
le bâtiment ouvert au sud pour les gens et l’autre ouvert au nord pour les bêtes, fractionné en
plusieurs écuries : chevaux, mulets, moutons. Des pièces plus petites abritent porcs et volailles.
De plan ramassé, l’ensemble a le caractère fortifié des fermes très isolées : seuls, deux portails
l’ouvrent sur l’extérieur.
« Aqui, l'aigo es d'or »: ici, l'eau est d'or, tel a
été durant des siècles le principe même de la
possibilité de vivre sur le plateau de Vaucluse,
monde d'aridité et de soif. La dalle aiguière de
La Jaille, la citerne et l'aiguier de la ferme de
Lausemolan sont là pour nous rappeler que
l'eau était et sera toujours un bien précieux.
39
LES AIGUIERS
DU CHAMP DE
SICAUDE
B
C’est un ensemble assez exceptionnel de quatre cuves
taillées dans une dalle rocheuse servant d’impluvium,
elle-même creusée de rigoles
d’alimentation et de bassins.
Deux des aiguiers ont conservé leur voûtement, destiné à
protéger l’eau de la pollution
et de l’évaporation. Lire le parcours de l’eau sur la roche, au
besoin en chassant les feuilles
qui encombrent les rigoles,
est un jeu comparé au labeur
jadis lié à l’eau : aménager le
rocher, protéger et transporter
le précieux liquide à la ferme
voisine… L’eau courante n’a
été amenée dans ce secteur
qu’en 1985.
Vu en hiver, le site du Champ de Sicaude montre un espace épierré où les tas de
cailloux ou « clapas » dégagent le plus d'espace possible pour de maigres cultures
ou de l'herbage pour les bêtes.
D'un intérêt exceptionnel, le site des aiguiers mérite un décryptage attentif des incisions de l'impluvium, des trajets de
l'eau de ruissellement et des multiples vasques ou réservoirs.
41
Monieux , séjour patrimoine à Saint-Hubert :
9 le mur-frontière contre la peste
Cartes IGN TOP 25 n° 3140 ET, Mont Ventoux / n° 3242 OT, Apt Luberon
Indice pierre sèche : ++
Indice paysager : +++
Difficulté : facile
Danger : aucun
Temps : 2h
Longueur : 3,5 km
Dénivelée positive : 130 m
Accès : Le gîte d’étape de Saint-Hubert, sur la départementale n° 5, au sud des Gorges de la Nesque.
A
3
B
6
4
5
2
1
Une frontière et un belvédère
C’est un monument très singulier que ce mur historique édifié en 1721, long de 27
kilomètres et faisant frontière entre le Comté de Provence et le Comtat Venaissin.
Sortis de l’oubli par les bénévoles de l’association Pierre Sèche en Vaucluse, le mur et
ses guérites sont, à près de 900 m d’altitude, un magnifique point d’observation des
paysages vauclusiens : le plateau de Vaucluse, le Mont Ventoux...
1 Saint-Hubert, prendre à l’ouest de l’auberge l’allée de chênes qui prolonge la route. Balises PR
« Mur de la peste » et « Saint-Hubert », poursuivre en direction du Pas du Viguier.
2 Balise PR « Pas du Viguier, 863 m ». début du mur, à la frontière entre le Comtat et la Viguerie de Sault :
vue sur son plateau, prolongement naturel de celui de Vaucluse, A . À droite du mur, enclos qui servait
d’entrepôt de vivres pour les gardes et de fourrage pour les animaux.
3 Guérites, corps de garde : ouvrages d’accompagnement du mur,
B
.
4 Longer le mur sur 1 km, dans une de ses plus belles séquences architecturale et paysagère.
Le paysage : à droite, au nord-ouest, le Comtat Venaissin centré sur Carpentras sa capitale, barré
au nord par le Ventoux (son territoire s’étend jusqu’à la Drôme), délimité au sud par le rebord du
plateau de Vaucluse où nous sommes. À gauche, on aperçoit la chaîne du Luberon et la vallée du
Calavon.
5 Attention : en bas de pente, le mur rejoint la piste forestière dite « des Indochinois », réfugiés
politiques employés à l’aménagement de la forêt domaniale de Saint-Lambert. Quitter le mur en
le franchissant au niveau du carrefour, suivre un sentier peu marqué qui descend dans le vallon
jusqu’à la ferme d’Alleman.
6 Après la ferme, prendre à droite le GR 91 qui ramène au départ du mur et à Saint-Hubert.
Chaussée du chemin naturellement caladée* par un hérisson de pierres résultant de l’érosion de
la roche calcaire par l’action de l’eau, le lapiaz*.
43
Carte du mur de la peste, ouvrage long de 27 km traversant les Monts de Vaucluse
Lecture du paysage :
l’aquifère vauclusien
A
Vue du « Pas » (passage) du Viguier et
en direction de l’ancienne viguerie de
Sault, s’impose l’unité géologique du
grand panneau calcaire qui lie ensemble
la chaîne Ventoux-Lure et le plateau de
Vaucluse qui, englobant les plateaux de
Sault et d’Albion, constitue le grand impluvium Haut-provençal. Strié de failles
et de fissures, creusé d’avens*, cet ensemble karstique* recueille les eaux qui
alimentent la grande source vauclusienne
de la Vallée close.
Les ouvrages en pierre sèche rencontrés sont :
• Le mur-frontière, haut d’environ 2 m et large
de 0,6 m, long de 27 km.
• Les guérites, destinées à abriter les sentinelles. On
en compte une quarantaine au total. Elles étaient probablement non voûtées et couvertes de branchages.
• Les corps de garde, qui abritaient chacun cinq à six
hommes dans une ou deux pièces. On en compte une
cinquantaine.
À gauche, l'ancien relais de chasse de Saint-Hubert
occupe une position stratégique au niveau du col :
c'est là que l'on tirait le gibier poussé dans le vallon
par les rabatteurs.
B
Le mur de la peste
Il est situé sur une frontière historique entre le Comté de Provence, au sud, et le Comtat Venaissin
au nord. Partage du territoire dans le courant du XIIIe siècle : jusque-là propriété du comte de
Toulouse, le Comtat revient au roi de France après la défaite des Albigeois, pour devenir ensuite
propriété du Pape qui le revendiquait. Ce n’est qu’en 1791, à la Révolution, que la France se l’approprie au travers du nouveau département de Vaucluse.
Pourquoi ce mur ? Parce qu’un peu plus tôt, en 1720, le virus de la peste entre à Marseille par un
bateau venu du Levant, dévaste la ville et gagne la Provence. Pour protéger le Comtat, le Légat
du Pape fait édifier par la population un mur-frontière sur l’ensemble du plateau, de Lagnes à
Monieux, long de 27 km. Dans la vallée du Calavon et jusqu’à la Durance, un fossé-frontière est,
lui, creusé. Peine perdue : une contrebande permet au virus de franchir la Durance, à Avignon.
Haut de 2 mètres et jusque-là gardé par les Comtadins, il va cette fois servir aux troupes provençales du roi, qui craignent un retour de la peste par le nord : c’est pourquoi les guérites qu’ils ont
édifiées sont tournées dans cette direction !... Si le Comtat fut sévèrement touché, c’est Avignon
et ses six mille morts qui paya le plus lourd tribut au fléau. L’épidémie cessa en 1723 et le mur fut
alors abandonné.
45
Venasque , le vallon de Carroufra :
10 amphithéâtre agro-géologique
Cartes IGN n°3142 OT, Cavaillon
Indice pierre sèche : ++
Indice paysager : +++
Difficulté : sans
Danger : limité (bord de falaise)
Temps : 2h environ
Longueur : 3 km environ
Dénivelée positive : 80 m
Accès : en voiture par la D247, entre le Beaucet et Venasque. Sur le plateau, prendre le chemin de la
combe de la Peyrière puis, à la deuxième fourche, le chemin de La Lauze que l’on monte jusqu’à limite
de la chaussée bitumée. Petites places de stationnement.
P
1
A
6
2
3
5
4
Dans l’intimité d’un lieu d’exception
Les qualificatifs se disputent pour définir ce lieu discret et retiré, bout du monde
aussi spectaculaire qu’intimiste. Géologique ? Agronomique ? Romantique ? Tout
cela, sans doute, mais on vous le souhaite avant tout « initiatique » : une initiation à
ce que peuvent être les accords subtils de l’homme et du rocher, de la terre et de la
pierre, de la plaine et de la montagne.
1 Suivre le chemin de pierre, marqué ici et là par de belles dalles. À la balise PR « La Nauque »,
suivre la direction « Ribastié ». Prendre le premier chemin à droite (X jaune) pour arriver immédiatement sur une grande dalle calcaire, belvédère privilégié sur l’amphithéâtre de Carroufra – la
Vachère A . Sur la dalle, s’avancer de quelques mètres à main droite dans la broussaille, pour accéder à une pointe rocheuse vertigineuse (danger !) permettant de voir un habitat troglodytique*
accroché à la paroi. Accès interdit.
2 Sur la dalle-belvédère, s’engager sur le chemin en direction du fond du vallon. De part et d’autre,
murs en grand appareil* soutenant d’anciennes terrasses ou « bancaous »*. À droite, petite cabane
adossée au chemin. À gauche, chaos rocheux de blocs détachés de la paroi, d’où sort épisodiquement une source. En face, au départ d’un chemin, bassin taillé dans le rocher (privé, ne pas pénétrer).
3 Rejoindre une route bitumée, prendre à gauche et aller jusqu’au balisage PR et GRP, que l’on
va suivre en sous-bois sur environ 500 mètres. Vue sur la ferme de La Vachère, où jadis paissaient
des troupeaux bovins et contre laquelle on aperçoit une grande cabane de plan rectangulaire. Ne
pas manquer le carrefour avec la combe Mayaud. On emprunte ses premiers mètres, havre de
fraîcheur sous les chênes verts (yeuses) et blancs (blacas). Continuer sur le chemin déjà emprunté, cette fois non balisé. Montée jusqu’à une clairière et un embranchement de chemins, marqué
par des murs de soutènement en grand appareil*.
4 Prendre le chemin descendant qui longe la paroi rocheuse en sous-bois. Observer sans y pénétrer (danger !) les habitats semi-troglodytiques adossés au rocher. Long mur de soutènement en
grand appareil* et pourvu d’un escalier intégré. À droite, adossées au chemin, deux cuves vinaires
taillées dans la roche, dont l’une encore voûtée en encorbellement. Vue à l’amont sur l’évasement
du vallon et ses grandes terrasses aménagées par endiguement.
5 Rejoindre une route bitumée, prendre à droite et suivre continuellement le balisage du GR91.
Dépasser la ferme. Admirer à droite le très grand mur-digue, rareté du vallon, à la fois mur de restanque et support d’un chemin de traverse. Observer, sur les parois en face, des traces d’habitats
anciens et celui toujours occupé portant le nom de Carroufra.
6 Prendre à droite le raidillon balisé GR. Montée à travers d’anciennes terrasses. Épingle à cheveux ; suivre le GR. Ne pas manquer, à main gauche, l’ancienne ferme composite, assemblage
d’un bâtiment toituré sur un plan à abside et d’une cabane à trois pièces voûtées en encorbellement. Poursuivre le sentier pour retrouver la route et le point de départ.
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A
Le site agro-géologique
Le vallon de Carroufra (de car : pierre*) est une très vieille aventure de pierre et d’eau. On distingue parfaitement le plateau horizontal et échancré (1) qui s'arrime aux Monts de Vaucluse (2).
L’eau, descendue de la montagne, a creusé sa roche tendre, la mollasse* et, associée à l’érosion
des parois par le gel, a pour finir dessiné le vallon en déposant une épaisse couche d’alluvions
fertiles (3).
L’aménagement agricole du vallon repose sur la valeur des sols, piégés par les grands murs-digues (4) bâtis en restanques*, qui retiennent les terres et filtrent les eaux de ruissellement. Riche,
le site était autrefois beaucoup plus peuplé, comme en témoignent les habitats troglodytiques*
présents au pied des baumes (5) pour profiter des sources et des cavités faciles à creuser pour
stocker les ressources (huile, vin, eau). Les sols profonds et labourables des terrasses étaient
réservés aux cultures céréalières, ceux plus pauvres du plateau aux vergers, au pacage des troupeaux et à l’exploitation des bois.
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De la montagne aux murs,
les milieux naturels et bâtis de la pierre sèche
Le plaisir des yeux, la beauté des choses dissimulent les trahisons de la géologie et
du climat méditerranéens. Ils font trop facilement oublier que la Méditerranée n’a
pas été un paradis gratuitement offert à la délectation des hommes. Il a fallu tout
y construire, souvent avec plus de peine qu’ailleurs.(1)
Fernand Braudel
Les substrats géologiques
Ce que nous dit F. Braudel dans une citation lapidaire est particulièrement vrai pour les zones
montagneuses comme celle du Ventoux et des Monts de Vaucluse, massif unique dont la nature
géologique a été une contrainte déterminante de l’économie rurale et du patrimoine qui en témoigne. Sans entrer dans des détails ici superflus, il est utile de savoir que ces reliefs résultent, à
l'origine, de la même couche sédimentaire déposée à l’ère secondaire dans la Mer de corail, il y a
environ 115 millions d'années (Ma)
Leur surrection sous la forme du vaste anticlinal Ventoux-Monts de Vaucluse s’est faite au cours
de l'ère tertiaire, il y a 65 Ma, livrant des roches d'un calcaire dur et gris bleuté, la pierre froide dite
« pierre de Provence ». A la suite, une nouvelle phase sédimentaire elle aussi d’origine marine mais
plus courte et moins profonde, est venue déposer autour des reliefs émergés une roche tendre et
jaunâtre, un calcaire coquillier appelé mollasse* ou « pierre du Midi », il y a environ 20 Ma.
Les paysages du calcaire
Débutée il y a 2,5 Ma, l’ère quaternaire, est, elle marquée par des phénomènes d’érosion qui vont
nous laisser, peu ou prou, les reliefs actuels. C’est ainsi que l’on parcourt aujourd’hui un vaste et
épais massif calcaire, prolongé à l'Est par le plateau de Sault, zébré de failles et d’avens, creusé
de combes, aride et quasi désert. Les villages se sont majoritairement installés en périphérie du
massif, profitant des eaux venues des hauteurs et des bancs de pierre tendre faciles à exploiter et
propices au perchement : Venasque en est l’exemple le plus parfait.
(1)Braudel (Fernand), LA MEDITERRANEE, L’ESPACE ET L’HISTOIRE, 1. La Terre, Flammarion, 1985, p.26
Carte géologique simplifiée. En bleu, l'ensemble
de calcaire crétacé, dur, déposé à l'ère secondaire. En jaune, le banc de calcaire tendre ou
« mollasse », déposé au tertiaire et aujourd'hui
support des villages perchés de l'arc comtadin.
Deux paysages du calcaire : les gorges de la Nesque, entaille profonde dans le massif géologique Ventoux-Monts de Vaucluse.
En piémont nord des Monts de Vaucluse, le village de Venasque perché sur un banc de « mollasse ».
51
Les milieux du bâti en pierre sèche
En montagne
Selon l’altitude des balades proposées, on se trouve dans tel ou tel milieu
calcaire, déterminant pour le bâti rural. Les bergeries du Mont Ventoux, à 1100 m d’altitude, sont
construites avec les pierres des éboulis résultant de la fracturation de la roche par le gel. La présence pour chacune d’elles d’une indispensable citerne recueillant l’eau des toits nous rappelle
que la surface de la montagne, entaillée par le ruissellement, génère un milieu aride commun à
celui des Monts de Vaucluse où des aiguiers*, taillés dans le rocher, rappellent qu’au pays de la
soif « l’aigo es d’or ». Les deux balades proposées aux abords des gorges de la Nesque, au cœur
de l’immensité calcaire du Haut-Vaucluse, illustrent particulièrement les aménagements agro-pastoraux de la montagne sèche.
Dans le Ventoux, éboulis résultant de la fracturation de la roche par le gel. Les murs des édifices ont de ce fait des appareils irréguliers.
Dans les Monts de Vaucluse, dalle de mollasse taillée pour la récupération de l'eau dans un aiguier. Présente en strates
souvent régulières et faciles à tailler, cette roche donne des pierres plus faciles à mettre en oeuvre dans un mur.
En piémont À l’articulation de la montagne et de la plaine, le « pied des monts » est dans nos ba-
lades celui des bas de pente et des versants aménagés en gradins cultivés : les terrasses ou « bancaous »*.
Apparues en Provence et dans l’ensemble du bassin méditerranéen au Moyen Âge, pour cause de pression
démographique, les cultures en terrasses que nous voyons aujourd’hui se sont développées, pour la même
raison, aux XVIIIe et XIXe siècles : ils fallait augmenter considérablement les surfaces de production agricole
et les préserver de la forte érosion des pentes.
Aménagement d’une pente en forme d’escalier, un site de terrasses a pour fonction de ralentir le ruissellement des fortes précipitations dues au climat méditerranéen, de drainer cette eau à travers des murs filtrants
bâtis « à pierre sèche » donc sans mortier, de diriger au besoin cette eau vers des citernes pour l’arrosage
des cultures, en particulier légumières, tout en retenant le matériau le plus précieux : la terre, augmentée des
parties fines apportées par le ruissellement. C’est, on le voit, un aménagement complexe, précieux et fragile :
Que l’homme relâche un moment son attention et ses soins, et les terrasses
patiemment édifiées à flanc de montagne s’effondrent, envahies par les broussailles,
le maquis repousse sur la forêt incendiée, les plaines retournent au marécage(2).
Maurice Aymard
Abandonnées dans le courant du XXe siècle les terrasses de culture connaissent ici et là un regain d’intérêt,
notamment aux abords des villages perchés où la réhabilitation de vergers (oliveraies, etc.) valorise des
productions traditionnelles, éloigne la forêt et les risques d’incendie. Sur ces terrasses, on trouve un édifice
incontournable qui est devenu l’emblème de l’architecture en pierre sèche : la borie*.
Oliveraie en terrasse et mur de restanque présentant un bel appareil. Cabane des champs, édifice typique des sites de la pierre sèche .
(2) Aymard (Maurice), ibid 6. Espaces, p.191
53
Vrais murs et fausses-voûtes,
des techniques savantes pour matériaux pauvres
Un art de nécessité
De tradition très ancienne, l'architecture de pierre sèche est un « art de nécessité », celui d'édifier avec les
seuls matériaux livrés par des montagnes calcaires souvent nues et dépourvues de bois et d'eau. Ni charpente pour couvrir, ni mortier pour lier les pierres des murs : les cabanes en pierre sèche résultent d'un art
de l'adaptation au milieu naturel qui mérite d'être observé, admiré et compris, à une époque où des principes
d'économie de la construction s'imposeront de plus en plus à nous. Au delà de ça, les murs de restanque
et les fausses-voûtes des cabanes s'imposent à notre regard par la justesse de leur mise en oeuvre, par le
fait d'un art qui atteint souvent une perfection plastique.
Le mur de restanque
Estanquer vient d'ester, qui signifie « être debout ». Tel est bien le rôle de l'estanco provençal, mur de soutènement des terres agricoles retenues en terrasses sous la forme de banquettes ou bancaous*. S'il retient la
terre, ce mur doit aussi laisser passer l'eau qui ruisselle souvent fortement sur la pente : il joue alors un rôle
de drain, bloquant la terre et laissant filtrer l'eau à travers les interstices des pierres... bâties sans mortier !
Pour bien saisir cet aspect fonctionnel, on suit les différentes étapes de construction d'un mur de restanque.
Fondation
1
La base, faite de gros blocs, s'incline vers la partie du sol à retenir
afin de « donner du pied » au mur. Ce dévers ou « fruit » encaissera
d'autant mieux la poussée des terres. L'inclinaison sera d'autant
plus marquée que le mur sera haut.
Elévation
2
La vue en coupe montre un empilement de pierres qui demande
le plus grand soin. La face extérieure du mur doit être régulière et
plane, au contraire de la face intérieure qui présente des pierres
saillantes, les boutisses, dont le rôle est d'aller s'accrocher profondément. Les joints des pierres sont croisés pour obtenir une
bonne cohésion de l'édifice maçonné.
Finition
3
Le corps du mur et son « remplissage » arrière sont montés simultanément afin d'être en lien étroit, sans laisser de vide entre
les pierres, générateur d'instabilité. Ce remplissage est assuré par
du tout-venant, un blocage de cailloux qui draînera l'eau de ruissellement (flèches). Un couronnement de grosses pierres assure,
enfin, la stabilité haute de l'édifice.
La fausse-voûte
Mode de couvrement très ancien, le « tas de charge » est un empilement de pierres saillant les unes sur les
autres, « en corbeau », déterminant une coupole bâtie en encorbellement (figure A). C'est une technique
très différente de la vraie voûte (du latin volvere, « tourner »), bâtie sur cintre et dont l'arrondi est fermé par
une clé, d'où le terme de « voûte clavée » (figure B).
Ne nécessitant pas de moyen de construction particulier et à priori facile à édifier, la fausse-voûte a servi à
couvrir une floraison d'édifices ruraux, depuis les grandes bergeries de la région de Gordes jusqu'aux plus
sommaires abris de berger. Mais que l'on ne s'y trompe pas : les premières ont été édifiées par des maçons
expérimentés, les seconds par les bergers eux-mêmes et ne sont pas dans le même état de conservation.
Dans les deux cas, ce qui intrigue le plus est le principe de stabilité de la voûte en encorbellement : comment tient-elle ?...
A
Principe de stabilité de la voûte en
« tas de charge » :
• Les « murs-voûtes » s'inclinent symétriquement par rapport à un axe. Que
l'édifice soit de plan circulaire, carré ou
rectangulaire, ces murs se contrebutent mutuellement et de la même façon
qu'un groupe de personnes s'affrontant en cercle tout en se tenant par les
épaules.
• Epais, un mur-voûte aura d'autant
moins tendance à s'effondrer que son
centre de gravité (G) s'inscrira à l'intérieur ou non loin de sa base.
• Fréquemment, une dalle (D) large et
épaisse coiffe le haut des murs, qui ne
se rencontrent pas. Il ne s'agit pas d'une
clé mais d'une charge supplémentaire
apportée par le poids du faîtage. La
descente de charge qui en émane
(flèche) tasse les pierres du mur et augmente sa rigidité.
B
D
G
55
Bancaous d'aujourd'hui,
« l'opération terrasses » de la coopérative
viticole de Beaumont du Ventoux
Des sites en reconquête
La place occupée par les terrasses de culture dans nos balades n'est pas due au hasard. Au tournant des
années 80-90, l'APARE publiait un ouvrage inaugural dans sa thématique environnementale : « Paysages
de terrasses » (1), avec le soutien des Ministères de l'Agriculture et de l'Environnement, celui-ci attribuant un
label « Paysage de reconquête » à de nombreux sites de terrasses, dont un à Beaumes de Venise. L'objet
était de soutenir la réhabilitation, voire la création, de lieux de production porteurs de valeurs tout à la fois
économique, écologique et esthétique.
L'opération terrasses à Beaumont
Le site des Ambrosis,balade n°1
Situées au Barroux, les terrasses des Ambrosis (balade n° 1) sont exploitées par un vigneron adhérant à la
cave de Beaumont du Ventoux et initiateur, dans les années 2000, d'une « Opération terrasses ». Il estimait
avec raison qu’au double plan œnologique et esthétique (le site des Dentelles est célèbre) la production
aurait tout à gagner en valorisant sa propre image paysagère : celle d’une viticulture de montagne. S’inspirant d’une opération semblable dans les célèbres coteaux de l’AOC St-Joseph, dans les Côtes du Rhône,
il entraîna une dizaine de vignerons dans l’opération, remontant lui-même ses bancaous* pour les replanter
avec des cépages adaptés : Grenache, Cinsault, Syrah.
Adopté en 2005, un cahier des charges s'imposa alors aux vignerons qui adhéraient à l'opération, qu'il
s'agisse d'aménager des nouvelles terrasses ou d'en réhabiliter des anciennes. Les règles sont, en résumé,
les suivantes :
- Respect du modelé topographique existant et de la technique de construction des murs de restanque ;
valorisation souhaitable du patrimoine d'accompagnement (cabanon, puits...).
- Agrément du site réhabilité, par une commission technique ad-hoc de la cave coopérative, d'abord pour la
replantation de la vigne (bonne adaptation des cépages au sol, densité des ceps à l'hectare, etc.) et ensuite
pour la production : contrôle de qualité avant et après la vendange, pour enfin obtenir l'agrément « vin des
terrasses » dans l'appellation Côtes du Ventoux. La distinction « Apogée », en rouge et en blanc, est considérée par la cave comme son haut de gamme et rémunérée en conséquence.
1 (cf bibliographie. Ouvrage épuisé mais disponible à : [email protected])
Dans quelques vignes de l'opération terrasses. Panoramique du haut : dans le vallon de Sainte-Marguerite, parmi les plus hautes
vignes du Vaucluse. Au centre : vendanges 2011 aux Ambrosis ; parvis caladé* de la chapelle du Saint- Sépulcre.
Détail d'une étiquette du cru
« Apogée, vin des terrasses ».
Le magnifique site du Saint-Sépulcre, près du hameau des Valettes à Beaumont du Ventoux. La parcelle est plantée en « Roussane », cépage blanc d'une grande finesse. Accrochée à la pente, la chapelle romane restaurée par l'APARE.
57
Glossaire
Aiguier
Du provençal « aigo », eau. Réservoir
creusé dans la roche pour récupérer l'eau de ruissellement.
Appareil
Type d'assemblage des pierres dans
un ouvrage de maçonnerie.
Aven
Gouffre caractéristique des reliefs karstiques, communiquant avec un réseau hydro-géologique souterrain.
Bancaou
Prononciation de « bancau », mot
provençal désignant une terrasse agricole ou « banquette ». Voir : restanque.
Lapiaz Formation géologique de surface due à
l'érosion. Voir : karst.
Mollasse « Pierre à faire des meules ». Formation géologique de l'ère tertiaire, d'origine sédimentaire. Calcaire gréseux tendre et facile à tailler,
se délitant en bancs, très utilisé dans les différentes
architectures de piémont.
Piè Du latin « podium », colline basse et trapue.
A donné en d'autres régions : pioch, puech, puy, etc.
Piémont Pied d'un mont, zone de contact
entre plaine et montagne.
Baume Du provençal « baumo », cavité naturelle Pierre Matière
à flanc de falaise ayant souvent servi d'abri sous
roche.
Borie Cabane en pierre sèche, du latin « boria »,
grange. Mot introduit en Provence par des folkloristes, lui préférer « cabane ».
minérale dure, omniprésente
dans les paysages comme dans le vocabulaire désignant les choses et les lieux. La racine pré-indo-européenne « kar/kal » se retrouve aussi bien dans calcaire, caillou, calade ou carrière que dans Caromb
ou Carpentras.
Restanque Du provençal « estanco » ou
Calade Aire ou chemin pavé de pierres, posées « restanco »
: barrage, mur de soutènement. Edifice
de chant sur un lit de terre ou de sable mélangé à
de la chaux.
Clapas
Tas de pierres résultant de l'épierrage
d'un champ ; terrain jonché de cailloux.
Colluvion Dépôt détritique amené par ruissellement à la base d'un versant.
DFCI
Défense de la forêt contre l'incendie », ouvrage établi dans ce but (piste, citerne, etc.).
maçonné à pierre sèche, retenant la terre d'une terrasse agricole ou « bancau ».
Roubine
Canal de draînage, tranchée d'écou-
lement.
Rupestre Du latin « rupes », rocher. Se dit des
sites d'escarpements calcaires.
Transhumance Du latin « trans » : au delà,
et « humus »: terre. Déplacement saisonnier d'un
troupeau.
Draille Chemin de transhumance.
Jas Du latin « jacere », être couché. Bergerie ser- Troglodytique Du latin « troglodyta » : habivant lors de la transhumance des troupeaux.
Karst Ensemble calcaire de l'ère secondaire,
marqué par un phénomène de dissolution de la
roche par le CO2 contenu dans l'eau de ruissellement et provoquant des crevasses externes (lapiaz)
et des cavités internes (avens, galeries).
tant d'une grotte. Par extension, habitat utilisant une
cavité rocheuse.
Bibliographie : ouvrages généraux
et guides de découverte
Ouvrages généraux
sur la pierre sèche :
R. Ambroise, P. Frapa, S. Giorgis,
Paysages de terrasses
Edisud, 1989 et 1993.
L. Cagin, L.Nicolas,
Construire en pierre sèche
Eyrolles, 2008
P. Coste, P. Martel,
Pierre sèche en Provence
Les Alpes de lumière, 1986.
D. Larcena et al. ,
La Muraille de la Peste
Les Alpes de lumière et Association Pierre sèche en
Vaucluse, 1993 et 2007.
Ouvrages généraux
sur le paysage régional
et le patrimoine rural :
G. Barruol, N. Dautier, B. Mondon,
Le Mont Ventoux
Encyclopédie d’une montagne provençale
Les Alpes de lumière, 2007.
P. Coste, C. Cornu, D. Larcena, R. Sette,
Pierre sèche
Le bec en l’air, 2008.
G. Barruol et al. ,
Les gorges de la Nesque
dans les Monts de Vaucluse
Les Alpes de lumière, 1998.
C. Lassure,
Cabanes en pierre sèche de France
Edisud, 2004.
M. Di Liello et M. Gravier,
À la découverte du Mont Ventoux
Editions du Toulourenc - CME, 2008.
Collectif,
Bories
Parc du Luberon-Edisud, 1994.
F. Dominique,
Le guide des aiguiers du Pays de Sault
et des Monts de Vaucluse
APARE – CME, 2000.
Guides locaux sur la pierre sèche :
F. Dominique,
25 balades sur les chemins de la pierre sèche
Le bec en l’air, 2008.
D. Lacaille, D. Larcena,
La ligne dans le paysage,
promenades géographiques dans les Monts de
Vaucluse autour du Mur de la Peste
Association Pierre sèche en Vaucluse, 2003.
M. Gravier,
Paysans et paysages de l’arc comtadin
Edisud - CME, 2002.
M. Gravier,
Paysans et paysages du Ventoux
Editions du Toulourenc - CME, 2006
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Balades
dans les sites et paysages
de la pierre sèche Dix itinéraires pour tous
entre Mont Ventoux et Monts de Vaucluse
L'art de la pierre sèche témoigne d'un génie du
lieu : l'emploi d'une technique savante en milieu
pauvre, celui des montagnes arides de haute
Provence. C'est un art de nécessité : bâtir avec
des cailloux comme seule ressource.
A une époque -la nôtre- où écologie et économie de l'aménagement du territoire et de la
construction tentent des rapprochements bénéfiques, l'art de la pierre sèche est très probablement porteur d'enseignements. A vous de voir.
Mais outre cette vision, transhumer dans les
grands paysages de la Provence calcaire, dans
un monde de paix, de nature et de silence, sera
pour vous un pur bonheur.
Un bonheur offert à tous, au promeneur comme
au randonneur, au visiteur attentif qui, l'espace
d'un instant, entrevoit dans le dessin d'une pierre
la courbe d'une montagne. Ces dix balades sont
faites pour vous enchanter.
Denis Lacaille
Avec le soutien de :