dossier pédagogique - Opéra de Saint

Transcription

dossier pédagogique - Opéra de Saint
ALEXANDRE POUCHKINE
NIKOLAÏ RIMSKI-KORSAKOV
dossier pédagogique
.
Contact Marie-Anne Mazza
Chargée de la médiation et de l’action culturelle
04 77 47 87 54
marie-anne.mazza@saint-etien
Dossier pédagogique
1
Sommaire
Introduction p. 3
I/ Le Coq d’Or p. 4
A.
B.
C.
Un conte, un opéra, un spectacle p. 4
Distribution p. 5
Présentation du spectacle p. 6
Le texte
La musique
La scène
L’image
II/ Entrées et pistes pédagogiques p. 9
A.
B.
C.
Le conte de Pouchkine p. 9
Au temps d’Alexandre Pouchkine p. 9
Les musiques du Coq d’Or p. 10
Nicolai Rimsky-Korsakov
La transcription
Les œuvres musicales
Les instruments p. 11
Le xylophone
Le marimba
Le vibraphone
Le glockenspiel
D.
III/ Les Percussions Claviers de Lyon p. 15
A.
Un répertoire ouvert et éclectique p. 15
Transcription et création
Les spectacles musicaux
Une démarche de transmission p. 16
B.
Annexes p. 17
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2
Introduction
Le Coq d’Or est un spectacle musical interprété sur scène par un ensemble instrumental composé
de percussions mélodiques : les Percussions Claviers de Lyon. La conception du spectacle associe
musiques, textes et images pour donner une nouvelle version du conte d’Alexandre Pouchkine.
Ecrit par ce géant de la littérature russe, Le Coq d’Or est une belle porte d’entrée dans l’imaginaire
russe du début du XIXeme siècle. On y retrouvera la magnificence des tsars et de leurs palais mais
aussi la cruauté du destin, mélangé à un certain humour slave et un goût pour le merveilleux.
Pour un public d’enfants ou d’adolescents, une préparation peut aider à la lecture de ce spectacle.
Sans l’analyser ou le décrire par avance, elle peut placer cette venue au théâtre sous le signe de la
disponibilité, de l’ouverture et de la curiosité. Cette préparation doit cependant laisser le champ libre
au plaisir de la découverte ; c’est pourquoi la forme que prendra cette préparation nous paraît des
plus importantes.
Pour notre part, nous animons des ateliers musicaux qui constituent une forme de préparation (cf.
Annexe 3). En lien avec les choix artistiques du Coq d’Or, nous privilégions durant ces ateliers une
approche d’ordre sensible et musical, en abordant notamment la créativité et l’écoute.
Pour autant ce n’est qu’une forme de préparation parmi d’autres, souvent complémentaire de celle
que peuvent proposer des enseignants en cadre scolaire. Un des objectifs de ce dossier est donc de
vous proposer des pistes dont vous pourrez vous servir pour élaborer la préparation qui
correspondra le mieux à vos élèves et à vous-mêmes.
Vous trouverez ci-dessous la présentation du spectacle (I), des différentes ‘entrées’ possibles (II),
puis celle des interprètes (III).
Nous joignons aussi au dossier un disque illustrant la partie musicale ; il contient des morceaux issus
du répertoire des Percussions Claviers de Lyon (cf. Annexe
Tous ces éléments sont bien sûr à choisir, à panacher, organiser, développer en fonction des
aspirations du (des) enseignant(s), du profil et de l’âge des élèves, voire de l’intégration du Coq d’Or
dans un projet pédagogique plus large.
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I. Le Coq d’Or
A/ Un conte, un opéra, un spectacle
Un roi guerrier, un mage, un coq en or, une princesse mystérieuse sont les principaux personnages
de ce conte en forme d’énigme. Le mage donne au roi Dadon un coq magique pour protéger les
frontières de son royaume. Le coq chante à chaque fois qu’une armée ennemie se présente, il indique
comme une girouette dans quelle direction elle arrive. Le roi, ainsi prévenu, a le temps d’organiser
son armée et résister à l’envahisseur. Le mage ne demande pour prix de son coq que la promesse de
réaliser un vœu qu’il formulera plus tard. Grâce au coq d’or, le royaume vit deux années en paix
jusqu’au jour où l’animal signale l’arrivée de la princesse Schamakha. Le Roi part à la rencontre de
cette mystérieuse ennemie et tombe éperdument amoureux d’elle. C’est alors que le mage vient
formuler le vœu que le Roi lui avait promis d’exaucer. Et ce vœu, c’est la princesse elle-même.
Avec le Coq d’Or, A. Pouchkine s’empare de la tradition populaire du conte russe pour inventer une
forme poétique brève, alerte et malicieuse. Nicolaï Rimsky Korsakov, au tournant du XXeme siècle,
s’en est emparé pour composer un grand opéra d’une invention mélodique débordante. L’idée est
venue à l’équipe artistique qui avait monté le concert West Side Story en 2011 de revenir aux sources
de ce livret, en mêlant images, musique et texte.
Jean Lacornerie et l’illustrateur Etienne Guiol conçoivent un scénario et plongent le spectateur dans
un univers graphique projeté sur différentes surfaces : écrans, corps des musiciens, instruments de
percussion.
Gérard Lecointe puise dans toute l’œuvre de Nicolaï Rimsky Korsakov des pages au fort pouvoir
évocateur : musique dramatique, musique guerrière, musique pour la danse, musique féerique
extraites de Shéhérazade, du Conte du Tsar Saltan, de La Grande Pâque Russe, de La Demoiselle
des Neiges et du Coq d’Or, bien sûr. Les Percussions Claviers de Lyon, qui se sont fait une
réputation dans de grandes transcriptions de Ravel ou de Debussy, ne pouvaient manquer de
s’attaquer à ce maître des couleurs de l’orchestre. Les cinq instrumentistes, en virtuoses, bâtissent à
leurs claviers une cathédrale de son pour cette Russie fantastique où Pouchkine répand un parfum
d’encens oriental.
Le Coq d’Or est créé en octobre 2012 au Théâtre de la Croix-Rousse à Lyon.
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B/ Distribution
Musique : Nicolaï Rimsky Korsakov
Texte : Alexandre Pouchkine
Direction musicale, transcription : Gérard Lecointe
Mise en espace, adaptation : Jean Lacornerie
Image : Etienne Guiol
Scénographie : Bruno de Lavenère
Lumière : Christophe Braconnier
Régie générale, régie vidéo : Arnaud Perrat
Avec les Percussions Claviers de Lyon : Raphaël Aggery, Sylvie Aubelle, Jérémy Daillet, Gilles
Dumoulin, Gérard Lecointe
Durée : 1h
Dès 7 ans
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C / Présentation du spectacle
Le texte
Le cas d’Alexandre Pouchkine (1799-1837) est unique dans l’histoire de la littérature universelle. En
effet, s’il est possible d’étudier les lettres françaises, anglaises, allemandes, italiennes, espagnoles,
sans se référer constamment au même écrivain pour expliquer les travaux de ceux qui lui ont
succédé, il est impossible de parler des grands auteurs russes sans évoquer celui à qui ils doivent
tout. Certes, il existait une littérature en Russie avant Pouchkine, mais la littérature russe proprement
dite est née avec lui. Très jeune, il s’imposa à l’admiration de ses contemporains et ouvrit de tous
côtés les voies où s’engouffrèrent, plus tard, les héritiers de sa pensée. Il ne se contenta pas d’être le
plus pur poète lyrique de son siècle. Le théâtre russe était encore bien pauvre : il lui donna Boris
Godounov. Il inaugura le roman historique russe avec La Fille du Capitaine, le roman fantastique
russe avec La Dame de Pique, et la poésie populaire russe avec ses contes en vers du Tsar Saltan et
du Coq d’Or.
La musique
On retrouve dans l’œuvre de A. Pouchkine et N. Rimsky Korsakov – nourris de la même culture russe
- la puissance de la Russie, de l’empire des tsars, mais aussi souvent l’étrangeté, le surnaturel, la
féerie et la magie. Nicolaï Rimsky Korsakov s’est inspiré de A. Pouchkine pour composer et créer son
opéra Le Coq d’Or (Vladimir I. Bielski en a composé le livret intégral). N. Rimsky Korsakov en a fait un
opéra puissant, dramatique, politique et guerrier, tout en composant une musique toujours
imprégnée des influences indo-asiatiques qui affleurent alors en Russie. Cette musique au
chromatisme audacieux témoigne d’une invention mélodique débordante, usant notamment des
échelles orientales, et d’une technicité de l’orchestration qui marquera à plus d’un titre toute une
génération de musiciens russes, dont le jeune I. Stravinsky.
Pour ce nouveau Coq d’Or, la trame musicale se nourrit bien sûr d’extraits de l’opéra, mais la
musique seule de cette œuvre ne pourrait servir complètement le propos de cette nouvelle
production. De l’œuvre complète du compositeur russe sont extraites les pages les plus imagées et
les plus signifiantes pour couvrir l’intégralité du récit. Pour finir, s’il est vrai que N. Rimsky Korsakov
n’a pas composé pour la percussion seule, il utilisait avec brio dans ses orchestrations, souvent
source de virtuosité, toute la famille des instruments à percussions. Pour cette nouvelle transcription
destinée aux Percussions Claviers de Lyon, on retrouve cette belle virtuosité, synonyme de la
singularité de son écriture souvent largement inspirée des musiques populaires de son pays qui se
prêtent, par essence, aux possibilités sonores et orchestrales de l’ensemble.
La scène
Seuls les cinq musiciens des Percussions Claviers de Lyon sont sur scène. Ils l’animent par leurs jeux
musicaux. Le public peut suivre l’histoire grâce à la projection des dessins d’Etienne Guiol. Le récit
6
Le marimba moderne possède jusqu'à cinq octaves, le bois de ces lames est de padouk ou de
palissandre, les tubes résonateurs sont en métal.
Dans Le Coq d’Or, deux marimbas jouent souvent les parties principales. La partie aiguë de leur
tessiture peut être utilisée pour tenir un rôle mélodique particulièrement percussif, tandis que la partie
grave permet un jeu plus legato. Le marimba basse est un instrument légèrement plus grave que les
deux autres. En général joué avec deux baguettes à têtes très douces, il remplit le rôle de basse.
Trois timbales, adjointes à la partie de marimba basse, sont jouées par la même musicienne.
A écouter sur le CD :
•
Petit Poucet (plage 2). L’introduction est jouée par deux marimbas, dont les lignes conjointes se
prolongent pendant toute la pièce.
•
Le Jardin Féerique (plage 3). La première partie du morceau est jouée par les deux marimbas et le
marimba basse. La continuité des sons est obtenue par le jeu en roulement, de manière analogue au roulement
d’un tambour.
Le Vibraphone
C'est l'instrument dont la conception est la plus moderne. II naquit en 1916 de l'initiative d'un
fabriquant de marimba qui voulait confectionner un clavier avec des lames en acier.
Aujourd’hui en alliage métallique, les lames sont jouées avec des
baguettes douces, d’une manière analogue au marimba mais le
son obtenu est bien plus long. C’est pourquoi l’instrument
possède une pédale qui, comme au piano, permet de stopper ou
de laisser résonner le son. Un vibrato est produit par la rotation
d’une série de disques placés entre la lame et le tube résonateur.
A partir des années 20, on connaîtra de grands vibraphonistes de
jazz tels que Lionel Hampton, Milt Jackson ou Gary Burton dont
la technique phénoménale a apporté aux claviers de percussion
de nouvelles possibilités musicales.
En France, le vibraphone s’est répandu plus tôt que le marimba (à
partir du milieu du XXème siècle) grâce à des compositeurs comme
Edgar Varèse ou Pierre Boulez.
Vibraphone (au second plan,
glockenspiel et xylophone)
Dans Le Coq d’Or, les vibraphones jouent des parties mélodiques ou harmoniques. Leur longue
résonance permet de jouer aisément des parties mélodiques, notamment dans le registre aigu.
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L’un des musiciens jouant le vibraphone joue également divers instruments à percussion dont le
xylophone et le glockenspiel.
A écouter sur le CD :
•
Petit Poucet (plage 2). Après l’introduction jouée par les marimbas, le thème est joué par le vibraphone.
•
The Little Shephard (plage 9). Le morceau commence par une phrase jouée au vibraphone seul.
Le Glockenspiel
Le Glockenspiel (jeu de clochettes) ou en français jeu de timbres vient directement du métallophone
d'Asie et de Polynésie. Ses lames métalliques l’apparentent au vibraphone, mais sa tessiture très
aiguë et sa sonorité brillante l’en distinguent nettement.
Employé pour la première fois par Mozart dans sa Flûte Enchantée, il est devenu essentiellement un
instrument d'orchestre utilisé ensuite par de nombreux compositeurs, rajoutant ainsi à l'orchestre
symphonique un timbre supplémentaire et une nouvelle couleur aiguë.
Dans Le Coq d’Or, le glockenspiel est souvent utilisé pour apporter une couleur brillante ou féerique
aux orchestrations. Il est joué sur le même poste qu’un marimba ou qu’un vibraphone.
A écouter sur le CD :
•
Le Jardin féerique (Plage 4). La mélodie est jouée par le glockenspiel, rejoint puis remplacé par un
vibraphone.
En savoir plus sur les instruments à percussion : Daphnis et Chloé de Maurice Ravel, édité par le
Scéren-CNDP
En savoir plus sur le groupe : http://www.lespcl.com
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III - Les Percussions Claviers de Lyon
Cinq musiciens passionnés et exigeants relèvent depuis 1983 le défi de faire exister un ensemble
toujours innovant dédié aux claviers de la percussion, un quintette unique qui développe un répertoire
sans cesse en évolution.
Associant marimbas, vibraphones et xylophones, et toujours dans une volonté d’excellence et
d’échange avec le public, les musiciens, audacieux et virtuoses, explorent et dépassent les genres,
les formes et les techniques, s’approprient et recréent avec talent les musiques de notre patrimoine,
suscitent l’intérêt des compositeurs actuels, et proposent au final un répertoire éclectique constitué
de transcriptions reconnues et de créations.
Leur orchestre à cinq musiciens surprend et séduit les publics de Lyon à Shanghai avec ses rythmes
enlevés, ses mélodies toutes en nuances et construit l’histoire d’un spectacle définitivement inachevé
où se rencontrent Bach, Ravel, Bernstein et les créateurs de notre temps.
……………………………………………………………………………………………………………………….
Les interprètes - musiciens percussionnistes : Raphaël Aggery, Sylvie Aubelle, Gilles Dumoulin,
Jérémy Daillet et Gérard Lecointe.
Direction artistique - Gérard Lecointe
Coordination des Actions culturelles – Gilles Dumoulin
……………………………………………………………………………………………………………………….
A/ Un répertoire ouvert et éclectique
Composé aujourd’hui d’une centaine d’œuvres, le répertoire des PCL est sans cesse en évolution…
Chaque saison fait exister des créations, des spectacles et des transcriptions au gré des rencontres
et des projets avec les compositeurs, les artistes, les œuvres, à la recherche de liaisons entre les
imaginaires, les formes, les écritures, les époques...
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Transcription et création
En 1983, en créant les PCL, les jeunes musiciens du CNSM de Lyon venaient de proposer une
nouvelle formation avec un instrumentarium en plein devenir, mais dont les publics et les
compositeurs n’avaient pas encore une grande connaissance.
Les PCL ont donc souhaité très tôt travailler avec les créateurs d’aujourd’hui, écrire leur propre
musique et interpréter les œuvres du XXème siècle pour constituer un répertoire éclectique, inscrivant
de nouveaux horizons dans l’évolution artistique et culturelle de la percussion et de la musique de
chambre.
Garder la puissance, se délecter dans le factice et l'artificiel au point d'en faire une réalité plus vraie
que nature… sans hésiter à provoquer une virtuosité diabolique pour les percussionnistes…
En réhabilitant le procédé de la transcription, les PCL montrent que l'art de l'illusion a encore de
beaux jours devant lui… Depuis ses débuts, l’ensemble se prête à cet exercice de style où
l'instrumentation, au final, devient le vecteur innovant d'une pensée musicale pour un instant donné.
Les transcriptions des PCL, pour la plupart réalisées par Gérard Lecointe, sont reconnues tant par le
public que les professionnels. On y retrouve aussi bien Bach que Debussy, Ravel, ou Bernstein.
Parallèlement ce sont aussi les œuvres de compositeurs d’aujourd’hui tels que Denis Badault, Gavin
Bryars, Thierry Pécou, Thierry De Mey… qui se retrouvent sous leurs milliers de coups de baguettes.
Les spectacles musicaux
Grand mouvement artistique de la fin du XXème siècle, le spectacle musical est un espace où le
musicien s’épanouit en trouvant un investissement supplémentaire et novateur à son seul jeu
instrumental, renouvelé au contact de la matière d’autres disciplines artistiques.
Depuis les années 1990, les PCL proposent des spectacles musicaux. Après Blok en 2004, Les
Folies d’Offenbach en 2007 et Trois contes en 2008, ce sont aujourd’hui deux nouveaux concertsspectacles qui sont proposés au public : West Side Story et Le Coq d’Or.
B/ Une démarche de transmission
Les Percussions Claviers de Lyon ont à cœur de développer des actions pédagogiques et culturelles
en direction de tous les publics. Dans les centres sociaux ou culturels, dans les conservatoires, dans
les écoles, les collèges ou les lycées, ils proposent des ateliers et diverses formes de rencontre
autour de leur répertoire ou à de la musique improvisée. Lors de leurs tournées en France et à
l’étranger, les PCL accompagnent et prolongent leur présence sur scène par ces moments de
partage et de sensibilisation.
De la sensibilisation artistique à l’accompagnement de jeunes musiciens, ces actions s’adressent à
tous les publics en mettant l’accent sur une pratique créative de la musique. Dans le monde entier à
l’occasion des tournées, ou sur leur territoire d’implantation à Lyon, les actions proposées par les
PCL sont toujours encadrées par un ou plusieurs des cinq musiciens, qui ont à cœur de transmettre
leur passion.
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Annexe 1 - Assister à un spectacle
1
Permettre l’accès des enfants à des spectacles vivants est une mission essentielle de l’école.
« … les élèves bénéficient de rencontres sensibles avec des œuvres qu’ils sont en mesure
d’apprécier »
« l’histoire des arts porte à la connaissance des élèves des œuvres de référence qui appartiennent au
patrimoine ou à l’art contemporain ».
Or, pour mettre nos élèves en situation d’ « apprécier » effectivement ces œuvres, un parcours sera
nécessaire. En effet, les formes de spectacle auxquelles ils peuvent être confrontés leurs sont parfois
totalement étrangères. L’expression « spectacle pour enfants » ne devrait en effet avoir aucune
signification de caractère esthétique. « Au même titre que l’expression « théâtre populaire », illustrée
par Jean Vilar, elle désigne un public et non un genre théâtral différent ».
Il nous appartient donc de leur permettre une approche à la fois sensible et raisonnée qui leur
permettra « d’entrer » plus facilement dans le spectacle pour en retirer toute l’émotion et la richesse
culturelle qui peuvent s’en dégager.
Il s’agit d’un véritable parcours d’initiation, en amont et en aval, prolongeant largement le cadre strict
des représentations. Le but n’est pas d’ « infantiliser » le spectacle, mais au contraire de donner à
l’enfant quelques clés d’accès à un mode d’expression complexe (d’autant plus, dans le cas qui
nous intéresse, qu’il est au carrefour entre plusieurs modes d’expression artistique). Il ne s’agit pas
pour autant de « tout dévoiler » (ce serait d’ailleurs une prétention bien vaine), mais de laisser
subsister chez le jeune spectateur la part d’interrogation, de mystère, qui donnera toute sa dimension
au spectacle auquel il va assister. « Autrement dit, il reste judicieux de « préparer » [sa] venue sans
jamais risquer de [le] priver du plaisir d’une découverte personnelle du spectacle, sans jamais induire
ou contrarier le libre cours de [son] plaisir et la perspective d’une lecture de la représentation qui doit
toujours être vécue comme une démarche pleinement individuelle ».
Il s’avérera donc utile de procurer aux élèves quelques éléments d’information concernant la
spécificité d’une représentation de spectacle vivant, son déroulement, son sens symbolique et ses
« règles du jeu », ses rituels…
Chaque spectateur a sa liberté, chacun ne s’intéresse pas de la même façon aux mêmes aspects du
spectacle. Tous ne sont pas uniformément touchés par le propos, par l’esthétique, tous ne sont pas
émus au même moment ni avec la même intensité. Malgré cela, il faut apprendre à respecter la
présence de tous, ne pas gâcher le plaisir des autres en affichant ou en refusant ostensiblement le
sien.
1 Cf L’art de devenir spectateur, édité en 2002 par le Théâtre Nouvelle Génération
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Annexe 2 – Texte du Coq d’Or
Le Coq d’Or d’Alexandre Pouchkine - Traduction de Jean Chuzeville
Là-bas, très loin, dans un certain royaume vivait le glorieux tzar Dadon. Jeune il s’était montré un roi
cruel et peu commode envers ses voisins, auxquels il avait infligé mainte offense. Mais avec l’âge il
ne demandait qu’à demeurer en repos. C’est alors que ses voisins commencèrent, à leur tour,
d’inquiéter sa vieillesse en dévastant son territoire. Afin de défendre les frontières du royaume contre
leurs incursions, il dut maintenir sur le qui-vive des forces nombreuses. Les voyévods ne chômaient
point ; et toutefois rien n’y fit : quand ils avaient l’œil sur le midi, c’est de l’orient que venait la
menace. Le tzar Dadon en pleurait de rage, il en perdait le sommeil. Etait-ce une vie, que ces alarmes
continuelles ? Un jour donc il résolut de s’adresser à un mage eunuque, réputé pour sa science des
étoiles, et d’implorer son secours. Il lui dépêche un cavalier porteur d’un message. Le mage vient se
présenter à Dadon, et voilà qu’il tire de son sac un petit coq d’or.
- Tiens, dit-il au roi, prends cet oiseau et place-le sur un perchoir. Mon petit coq sera pour toi une
sentinelle vigilante. Aussi longtemps que tout sera tranquille alentour, il restera coi ; mais dès qu’une
menace de guerre se fera sentir, d’où qu’elle vienne, qu’il s’agisse d’une invasion ou de tout autre
péril, mon petit coq aussitôt dressera sa crête, jettera un cri et, battant des ailes, se tournera du côté
d’où menace le danger.
Le tzar remercia le mage en lui faisant donner des monceaux d’or…
- Pour te remercier d’une si grande faveur, lui dit-il enthousiasmé, je satisferai ton premier désir…
Le petit coq, du haut de son perchoir, commença de surveiller les frontières. A peine un danger
menaçait-il, qu’aussitôt, veilleur tiré de son sommeil, il se mettait à secouer ses ailes, se tournait vers
le lieu menacé en criant : « Cocorico ! Tzar, lève-toi. » Et les voisins, n’osant plus se battre, faisaient
la paix.
Ainsi le roi Dadon repoussait-il l’agresseur.
Un an s’écoula sans que le coq vînt à bouger. Or, voici qu’un beau matin le tzar Dadon est réveillé
par une affreuse rumeur :
- O roi notre père ! Vous le père du peuple ! s’écrie le voyévod, Sire, éveillez-vous ! Un malheur fond
sur nous !...
- Voyons, messieurs, qu’y a-t-il ? demande la tzar Dadon avec un bâillement. Quel est donc ce
malheur ?
Le voyévod lui répond :
- Le petit coq de nouveau s’égosille à crier. Toute la capitale est sens dessus dessous.
Le tzar s’élance vers la croisée. Il aperçoit le petit coq tout ébouriffé qui se démène, le bec tourné
vers l’orient. Il n’y a pas une minute à perdre. Holà ! vite en selle ! Le tzar jette son armée vers l’orient,
et c’est son fils aîné qui la dirige. Le petit coq se calme aussitôt, la rumeur s’éteint, et le tzar n’y
pense plus.
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A huit jours de là, on était encore sans nouvelles de l’armée. Une rencontre avait-elle eu lieu, oui ou
non ? Et voilà que le coq se met à crier de nouveau. Le roi convoque une autre armée ; c’est son fils
cadet qui, cette fois, la commande. Le petit coq se calme encore et, de nouveau, huit jours se
passent où l’on n’entend plus parler de rien. Les habitants sont en proie à une véritable panique. Et le
petit coq ayant claironné pour la troisième fois, le tzar fait appel à une troisième armée qu’il dirige luimême du côté de l’orient, sans trop savoir si sa présence est bien utile.
L’armée avance jour et nuit, sans halte ni repos. Le tzar Dadon n’aperçoit aucune trace de champ de
bataille, de cohortes en marche, ni de tertre élevé sur la tombe des guerriers. « Cela est étrange », se
dit-il. Le huitième jour de marche est venu. Le tzar engage son armée dans la montagne et là, au
milieu du cercle des monts, il voit se dresser une tente au pavillon de soie. Un prodigieux silence
règne alentour. Une armée gît au fond du défilé. Le tzar court vers la tente… Horrible spectacle ! Ses
deux fils, sans heaume ni cuirasse, transpercés l’un et l’autre de leur glaive, sont là, couchés morts
sous ses yeux. Leurs chevaux errants paissent l’herbe et foulent le gazon ensanglanté de la prairie…
Le tzar hurle de douleur : « O mes fils, mes fils ! Quelle chasse : mes deux brillants faucons sont
tombés dans les rets de l’oiseleur. Ah ! quel chagrin. Je sens que je vais mourir. » Tous pleurent sur
Dadon. Le fond des vallées s’emplit d’un gémissement, et le cœur même de la montagne a frémi.
Quand, soudain, la tente s’ouvre toute grande… et une jeune fille, la princesse de Schamakha,
resplendissante comme l’aurore, s’avance lentement vers le tzar. Lui, tel un oiseau nocturne en
présence du soleil, se tait et à la contempler oublie la mort de ses deux fils. La jeune fille sourit à
Dadon ; puis, avec une révérence, elle lui prend les mains et l’invite à pénétrer sous sa tente. Là, elle
le fait asseoir devant une table chargée de vins et de liqueurs, et lui offre pour lit une couche royale.
Et le tzar Dadon, charmé, ensorcelé, demeure chez elle à festoyer toute une semaine.
A la fin, le tzar s’est décidé à prendre le chemin du retour, emmenant avec lui son armée et la jeune
princesse. Une rumeur le précède, où il y a du faux et du vrai. Le peuple accourt et se presse aux
portes de la capitale pour voir passer le cortège royal et Dadon et la tzarine. Dadon salue ses
sujets… Tout à coup, il a reconnu parmi la foule son vieil ami à la barbe chenue, le mage, coiffé d’un
blanc turban, vêtu d’une longue robe blanche, en tout pareil à un cygne très vieux. Le tzar
l’interroge :
- Qu’as-tu à me dire ? Approche, que désires-tu ?
- Tzar, lui répond le mage, l’heure est venue de régler nos comptes. En reconnaissance de mes
services, – tu t’en souviens ? – tu me promis alors aimablement de satisfaire mon premier désir.
Donne-moi donc cette jeune fille, la princesse de Schamakha…
Stupéfait, le tzar s’écrit :
- Que dis-tu là ? Un diable te suggère-t-il cette pensée ou bien es-tu devenu fou ? Certes, je t’ai fait
une promesse, mais il y a limites à tout. Pourquoi cette jeune fille ? Sais-tu bien qui je suis ?
Demande-moi ce que tu voudras, fût-ce mon trésor, le titre de grand, mon cheval avec mes écuries
royales, ou encore la moitié de mon royaume…
- Je ne veux rien de tout cela, répond le mage : donne-moi la jeune princesse de Schamakha.
Le tzar fait un geste de dépit :
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- Eh bien ! C’est non et non ! Tu n’obtiendras rien et seras puni par ta faute. Hors d’ici, qu’on éloigne
ce vieillard !
Le vieil homme voulut discuter, mal lui en prit. Le tzar d’un coup de sceptre lui fendit le crâne. Il
tomba et rendit l’âme. Toute la ville eut un frémissement d’horreur. Mais la jeune princesse d’éclater
de rire. « Hi ! hi ! hi ! hi ! ha ! ha ! ha ! ha ! » Un crime… elle ne s’effraie pas pour si peu.
Le tzar, malgré sa vive émotion, lui sourit galamment. Puis il entre dans la ville… Tout à coup, un
bruit léger se fait entendre, et voici qu’aux yeux de peuple entier, le coq, s’envolant de son perchoir,
accourt droit vers le carrosse et vient se poser sur la tête du tzar… Il secoue ses ailes, plante son bec
dans le crâne, avec un cri strident. A l’instant même Dadon s’affaisse hors du carrosse, pousse un
soupir et meurt. Quant à la reine, elle avait subitement disparu sans laisser de traces.
Tout conte est mensonge mais n’en contient pas moins quelque allusion. Puisse-t-il servir de leçon à
maints braves jeunes gens.
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Annexe- Disque associé au dossier pédagogique
Voici un lien permettant d’accéder aux enregistrements du disque :
http://www.lespcl.com/load/dossier-pedagogique-coq-dor/
Pièces extraites de Ma Mère L’Oye de Maurice Ravel,
Par les PCL :
1 : Laideronnette Impératrice des Pagodes
3’22
2 : Petit Poucet
2’56
3 : Le Jardin Féerique
3’18
4 : Le Jardin Féerique (extrait)
0’56
Par l’Orchestre National de France, dir. Eliahu Inbal (orchestration originale) :
5 : Laideronnette Impératrice des Pagodes (extrait)
1’09
6 : Petit Poucet (extrait)
1’06
7 : Le Jardin Féerique (extrait)
0’50
Pièces extraites du répertoire des PCL :
8 : Xylophonia (arr. Bob Becker) de Joe Green
3’50
9 : The Little Shephard tiré des Children’s Corner de Claude Debussy (tr. G. Lecointe) 1’44
10 : Fêtes tiré des Nocturnes de Claude Debussy (transcr. G. Lecointe)
6’01
11 : Mutante tiré de Circus de Jean-Luc Rimey-Meille
3’35
12 : Les Regrets du Poisson / Haute Tension tiré de Mix de J-L Rimey-Meille
4’03
13 : Point Bak (1er mouvement) de G. Lecointe
5’03
14 : One Last Bar Then Joe Can Sing de Gavin Bryars
18’02
Annexe 4 - Discographie des Percussions Claviers Lyon
Tremendum (septembre 2012)
(harmonia mundi)
West Side Story (1992)
(BNL 112830)
New York (2010)
(GB Records - distribution France par Coadex)
Créations de Gavin Bryars
Point Bak (2008)
(Eloquentia - Harmonia Mundi)
Blok (DVD-2007)
(Zhalys distribution)
Mix (2004)
(ORNORM 2)
Circus (2003)
(PAS 1008)
The Desert Music (2001)
(ORNORM 1)
Xu Yi (1999)
(Radio France, MFA)
Debussy – Ravel (1988)
(BNL 112743)
Rags (1987)
(BNL 112733)
Crédit images : Etienne Guiol, photo des Percussions Claviers de Lyon : Ariane Mestre
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