Dossier pédagogique - Percussions Claviers de Lyon
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Dossier pédagogique - Percussions Claviers de Lyon
Dossier pédagogique www.lespcl.com Contact : Maud Binet Tél : 04 78 37 02 52 – [email protected] L’Hameçon 65-73 rue du Bourbonnais, 69009 Lyon 1 Avec Le Coq d’Or, Pouchkine s’empare de la tradition populaire du conte russe pour inventer une forme poétique brève, alerte et malicieuse. Nicolaï Rimsky Korsakov, au tournant du 20ème siècle, s’en inspire pour composer un grand opéra d’une invention mélodique débordante. A l’origine de ce spectacle, l’idée de revenir aux sources du conte en mêlant le texte de Pouchkine à la musique de Korsakov dans une scénographie évocatrice de la Russie légendaire toute faite de chevauchée et de mystère. Délaissant la version de l’opéra, Gérard Lecointe réalise une partition en puisant dans toute l’œuvre de Nicolaï Rimsky Korsakov. Les cinq instrumentistes, en virtuoses, portent le récit et bâtissent une cathédrale de son pour cette Russie fantastique. Une rencontre complice entre deux géants de la culture russe qui embarque un public jeune et familial vers un voyage merveilleux et énigmatique. Dans un lointain royaume, un roi guerrier, un mage, un coq en or et une princesse mystérieuse… Distribution Texte : Alexandre Pouchkine Musique : Nicolaï Rimsky-Korsakov Image : Etienne Guiol Adaptation, conception : Jean Lacornerie Direction musicale, transcription : Gérard Lecointe Scénographie : Bruno de Lavenère Assistant images et animations : Nicolas Rolland Lumières : Christophe Braconnier Régie générale et vidéo : Arnaud Perrat Avec Les Percussions Claviers de Lyon Raphaël Aggery, Sylvie Aubelle, Jérémy Daillet, Gilles Dumoulin, Gérard Lecointe Directeur artistique: Gérard Lecointe Durée approximative : 55mn Dès 7 ans Production: Percussions Claviers de Lyon En coproduction: Théâtre de la Croix-Rousse 2 Sommaire Introduction p. 3 I/ Le Coq d’Or p. 4 A. C. Un conte, un opéra, un spectacle p. 4 Présentation du spectacle p. 6 Le texte La musique La scène L’image II/ Entrées et pistes pédagogiques p. 9 A. B. C. D. Le conte de Pouchkine p. 9 Au temps d’Alexandre Pouchkine p. 9 Les musiques du Coq d’Or p. 10 Nicolai Rimsky-Korsakov La transcription Les œuvres musicales Les instruments p. 11 Le xylophone Le marimba Le vibraphone Le glockenspiel III/ Les Percussions Claviers de Lyon p. 15 A. B. Un répertoire ouvert et éclectique p. 15 Transcription et création Les spectacles musicaux Une démarche de transmission p. 16 Annexes p. 17 1. 2. 3. 4. Assister à un spectacle p. 17 Texte du Coq d’Or p. 18 Les ateliers-création p. 21 Disque associé au dossier pédagogique p. 24 3 Introduction Le Coq d’Or est un spectacle musical interprété sur scène par un ensemble instrumental composé de percussions mélodiques : les Percussions Claviers de Lyon. La conception du spectacle associe musiques, textes et images pour donner une nouvelle version du conte d’Alexandre Pouchkine. Ecrit par ce géant de la littérature russe, Le Coq d’Or est une belle porte d’entrée dans l’imaginaire russe du début du XIXeme siècle. On y retrouvera la magnificence des tsars et de leurs palais mais aussi la cruauté du destin, mélangé à un certain humour slave et un goût pour le merveilleux. Pour un public d’enfants ou d’adolescents, une préparation peut aider à la lecture de ce spectacle. Sans l’analyser ou le décrire par avance, elle peut placer cette venue au théâtre sous le signe de la disponibilité, de l’ouverture et de la curiosité. Cette préparation doit cependant laisser le champ libre au plaisir de la découverte ; c’est pourquoi la forme que prendra cette préparation nous paraît des plus importantes. Pour notre part, nous animons des ateliers musicaux qui constituent une forme de préparation (cf. Annexe 3). En lien avec les choix artistiques du Coq d’Or, nous privilégions durant ces ateliers une approche d’ordre sensible et musical, en abordant notamment la créativité et l’écoute. Pour autant ce n’est qu’une forme de préparation parmi d’autres, souvent complémentaire de celle que peuvent proposer des enseignants en cadre scolaire. Un des objectifs de ce dossier est donc de vous proposer des pistes dont vous pourrez vous servir pour élaborer la préparation qui correspondra le mieux à vos élèves et à vous-mêmes. Vous trouverez ci-dessous la présentation du spectacle (I), des différentes ‘entrées’ possibles (II), puis celle des interprètes (III). Nous joignons aussi au dossier un disque illustrant la partie musicale ; il contient des morceaux issus du répertoire des Percussions Claviers de Lyon (cf. Annexe Tous ces éléments sont bien sûr à choisir, à panacher, organiser, développer en fonction des aspirations du (des) enseignant(s), du profil et de l’âge des élèves, voire de l’intégration du Coq d’Or dans un projet pédagogique plus large. 4 I. Le Coq d’Or A/ Un conte, un opéra, un spectacle Un roi guerrier, un mage, un coq en or, une princesse mystérieuse sont les principaux personnages de ce conte en forme d’énigme. Le mage donne au roi Dadon un coq magique pour protéger les frontières de son royaume. Le coq chante à chaque fois qu’une armée ennemie se présente, il indique comme une girouette dans quelle direction elle arrive. Le roi, ainsi prévenu, a le temps d’organiser son armée et résister à l’envahisseur. Le mage ne demande pour prix de son coq que la promesse de réaliser un vœu qu’il formulera plus tard. Grâce au coq d’or, le royaume vit deux années en paix jusqu’au jour où l’animal signale l’arrivée de la princesse Schamakha. Le Roi part à la rencontre de cette mystérieuse ennemie et tombe éperdument amoureux d’elle. C’est alors que le mage vient formuler le vœu que le Roi lui avait promis d’exaucer. Et ce vœu, c’est la princesse ellemême. Avec le Coq d’Or, A. Pouchkine s’empare de la tradition populaire du conte russe pour inventer une forme poétique brève, alerte et malicieuse. Nicolaï Rimsky Korsakov, au tournant du XXeme siècle, s’en est emparé pour composer un grand opéra d’une invention mélodique débordante. L’idée est venue à l’équipe artistique qui avait monté le concert West Side Story en 2011 de revenir aux sources de ce livret, en mêlant images, musique et texte. Jean Lacornerie et l’illustrateur Etienne Guiol conçoivent un scénario et plongent le spectateur dans un univers graphique projeté sur différentes surfaces : écrans, corps des musiciens, instruments de percussion. Gérard Lecointe puise dans toute l’œuvre de Nicolaï Rimsky Korsakov des pages au fort pouvoir évocateur : musique dramatique, musique guerrière, musique pour la danse, musique féerique extraites de Shéhérazade, du Conte du Tsar Saltan, de La Grande Pâque Russe, de La Demoiselle des Neiges et du Coq d’Or, bien sûr. Les Percussions Claviers de Lyon, qui se sont fait une réputation dans de grandes transcriptions de Ravel ou de Debussy, ne pouvaient manquer de s’attaquer à ce maître des couleurs de l’orchestre. Les cinq instrumentistes, en virtuoses, bâtissent à leurs claviers une cathédrale de son pour cette Russie fantastique où Pouchkine répand un parfum d’encens oriental. Le Coq d’Or est créé en octobre 2012 au Théâtre de la Croix-Rousse à Lyon. 5 B / Présentation du spectacle Le texte Le cas d’Alexandre Pouchkine (1799-1837) est unique dans l’histoire de la littérature universelle. En effet, s’il est possible d’étudier les lettres françaises, anglaises, allemandes, italiennes, espagnoles, sans se référer constamment au même écrivain pour expliquer les travaux de ceux qui lui ont succédé, il est impossible de parler des grands auteurs russes sans évoquer celui à qui ils doivent tout. Certes, il existait une littérature en Russie avant Pouchkine, mais la littérature russe proprement dite est née avec lui. Très jeune, il s’imposa à l’admiration de ses contemporains et ouvrit de tous côtés les voies où s’engouffrèrent, plus tard, les héritiers de sa pensée. Il ne se contenta pas d’être le plus pur poète lyrique de son siècle. Le théâtre russe était encore bien pauvre : il lui donna Boris Godounov. Il inaugura le roman historique russe avec La Fille du Capitaine, le roman fantastique russe avec La Dame de Pique, et la poésie populaire russe avec ses contes en vers du Tsar Saltan et du Coq d’Or. La musique On retrouve dans l’œuvre de A. Pouchkine et N. Rimsky Korsakov – nourris de la même culture russe - la puissance de la Russie, de l’empire des tsars, mais aussi souvent l’étrangeté, le surnaturel, la féerie et la magie. Nicolaï Rimsky Korsakov s’est inspiré de A. Pouchkine pour composer et créer son opéra Le Coq d’Or (Vladimir I. Bielski en a composé le livret intégral). N. Rimsky Korsakov en a fait un opéra puissant, dramatique, politique et guerrier, tout en composant une musique toujours imprégnée des influences indo-asiatiques qui affleurent alors en Russie. Cette musique au chromatisme audacieux témoigne d’une invention mélodique débordante, usant notamment des échelles orientales, et d’une technicité de l’orchestration qui marquera à plus d’un titre toute une génération de musiciens russes, dont le jeune I. Stravinsky. Pour ce nouveau Coq d’Or, la trame musicale se nourrit bien sûr d’extraits de l’opéra, mais la musique seule de cette œuvre ne pourrait servir complètement le propos de cette nouvelle production. De l’œuvre complète du compositeur russe sont extraites les pages les plus imagées et les plus signifiantes pour couvrir l’intégralité du récit. Pour finir, s’il est vrai que N. Rimsky Korsakov n’a pas composé pour la percussion seule, il utilisait avec brio dans ses orchestrations, souvent source de virtuosité, toute la famille des instruments à percussions. Pour cette nouvelle transcription destinée aux Percussions Claviers de Lyon, on retrouve cette belle virtuosité, synonyme de la singularité de son écriture souvent largement inspirée des musiques populaires de son pays qui se prêtent, par essence, aux possibilités sonores et orchestrales de l’ensemble. 6 La scène Seuls les cinq musiciens des Percussions Claviers de Lyon sont sur scène. Ils l’animent par leurs jeux musicaux. Le public peut suivre l’histoire grâce à la projection des dessins d’Etienne Guiol. Le récit est porté essentiellement par l’image et la musique. Les voix des personnages sont enregistrées ou interprétées au plateau par les musiciens qui interviennent tour à tour dans le récit. Les dessins, projetés sur différentes surfaces, écrans, corps des musiciens, instruments de percussion, éléments scénographiques, façonnent la scène. Le but est de permettre aux jeunes spectateurs d’écouter la musique de N. Rimsky Korsakov en leur fournissant un support d’images qui stimule leur imagination musicale. La scène est en partie « mobile ». L’instrumentarium imposant et architectural des Percussions Claviers de Lyon est assumé. Les matières, les couleurs, les lignes habillent et organisent l’espace. Deux niveaux seront organisés. Le premier, à la face, composé de deux marimbas et d’un vibraphone, tous trois mobiles, dessinent par leur structure les lieux des actions de l’histoire. Les projections finissent d’habiller ces instruments transformés en éléments de décor. Le deuxième, au lointain, remplit son rôle musical et orchestral. Là, point de mobilité, mais de la majesté, de l’éclat, de la brillance, de la féérie musicale. Pour compléter la scénographie, des éléments de décors recevant tout ou parties des projections, se trouvent à cour comme à jardin, à la face comme au lointain. 7 L’image Avec Le Coq d'Or, je veux intégrer l’art du dessin et de l’animation dans le spectacle vivant. Mes dessins et animations façonnent la scène donnant aux spectateurs des supports qui stimulent l’imagination, favorisant l’écoute de la musique de Rimsky Korsakov et le texte de Pouchkine. Un dispositif de double projection, permet de créer un nouvel espace, une intégration des musiciens dans le dessin et de fait, un nouveau rapport entre musique et image. Mes tableaux deviennent une réelle composante de scène; ils la modèlent, la transforment, la font vivre a chaque instant. Pour ce travail, l'une de mes sources d'inspiration provient des réalisations de Michel Ocelot (Kirikou et la Sorcière, Princes et Princesses, Les Contes de la nuit...) merveilleux faiseur de contes enluminés, créateur d’un trait de dessin à la fois traditionnel et moderne. L’iconographie traditionnelle russe aura été aussi pour moi, une véritable mine d’or. En étudiant ces images, en les imaginant vivre sur scène par des procèdes d’animations, j’ai réussi à créer un visuel tout à fait moderne et saisissant. Étienne Guiol, octobre 2012 8 II. Entrées et pistes pédagogiques Nous proposons dans cette partie des pistes éventuelles dans le cadre d’une préparation au Coq d’Or. Vous y trouverez diverses suggestions à choisir, agrémenter et développer en fonction notamment de l’âge des élèves. Elles peuvent être utiles à la collaboration entre professeurs de musique, de français, d’histoire, de russe et/ou d’art plastique. A. Le conte de Pouchkine Le Coq d’Or correspond au programme de français et d’histoire de 4e : la préparation peut être l’occasion d’un travail en binôme français - musique ou français - histoire etc. Pour préparer la venue des élèves au spectacle, le texte du Coq d’Or est une entrée toute naturelle mais pas absolument nécessaire, car la forme de ce conte est concise et facile à comprendre. En revanche, une recherche sur l’interprétation et le sens de cette histoire sera profitable après le spectacle car le texte, en lui-même, reste relativement énigmatique. Une lecture en amont peut cependant permettre aux élèves d’intégrer quelques éléments de vocabulaire (cf. ANNEXE 2) et d’être plus disponibles aux autres éléments du spectacle : images et musiques. Cette approche peut s’accompagner d’un travail de lecture à haute voix ou d’un atelier d’écriture qui rapprocheront les élèves de ces textes anciens. Pouchkine peut aussi être abordé par d’autres de ses œuvres. Le Conte du Tsar Saltan, de son fils Gvidon le preux et puissant chevalier et de la belle princesse cygne ; le Conte du Pêcheur et du petit poisson permettront une étude comparée à travers ce genre littéraire. On pourra aussi aborder des nouvelles comme les Récits de feu Ivan Pétrovitch Bielkine ; ou La Dame de Pique qui, plus encore que les contes, donnent à voir la Russie du XIXeme siècle B. Au temps d’Alexandre Pouchkine Une approche historique de la fin du XVIIème siècle peut permettre aux élèves de mieux saisir les éléments des contes sur lesquels s’appuie A. Pouchkine pour enraciner le récit dans son époque (la guerre, le pouvoir du tsar), et ainsi de les distinguer de ceux qui, au contraire, en font une histoire intemporelle (le mage, le coq d’or). La forme du conte sera abordée plus facilement par les élèves s’ils ont en mémoire des repères historiques : Napoléon et la campagne de Russie, l’exil de Pouchkine et son rapport à l’autorité. 9 C/ Les musiques du Coq d’Or Nicolai Rimski-Korsakov Quel que soit l’âge des élèves, l’écoute et/ou l’analyse de la musique de N. Rimsky-Korsakov peuvent être une bonne préparation au Coq d’Or. On pourra par exemple l’aborder sous l’angle des éléments issus de la musique populaire russe, qui reflète l’engagement du compositeur face aux courants artistiques de son époque. Cette influence se retrouve dans les œuvres des autres compositeurs du « groupe des cinq » et, entre autres, de son élève Igor Stravinski. Un autre angle d’attaque peut être celui de l’orchestration (voir aussi paragraphe suivant) pour laquelle N. Rimsky-Korsakov est considéré comme un génie. Son talent d’orchestrateur donnent à ses œuvres symphonique (Shéhérazade ; Capriccio espagnol ; La Grande Pâque Russe) un relief saisissant même pour des auditeurs peu familiarisés avec la musique symphonique. Il peut être intéressant de faire en classe une écoute d’œuvres écrite par un autre compositeur russe mais orchestrées par N. Rimsky-Korsakov : La Nuit sur le mont chauve de M. Moussorgsky par exemple. On retrouvera ses qualités d’orchestration au service d’une autre musique, et le lien avec le procédé de transcription sera plus naturel. La transcription La transcription est l’adaptation d’une musique pour des instruments différents de ceux pour lesquels elle a été conçue. Les Percussions Claviers de Lyon ont utilisé ce procédé depuis la création de l’ensemble, et joué ainsi des œuvres de compositeurs comme Debussy, Stravinsky, Prokofiev etc. Cette approche du procédé de transcription peut donner lieu à l’écoute de différentes versions d’une même musique. Les pièces de Ma Mère l’Oye, par exemple, ont été réalisées pour piano quatre mains et pour orchestre par Ravel lui-même, puis pour percussions à claviers par Gérard Lecointe (cf. disque plages 1 à 7). Ces séances d’écoute peuvent aussi être l’occasion de reconnaissance de timbres, voire d’une étude des procédés d’adaptation à travers d’autres musiques et d’autres époques. On trouvera sur l’album Point Bak des Percussions Claviers de Lyon les trois Nocturnes de Debussy, écrits à l’origine pour orchestre et chœur de femmes. 10 Les œuvres musicales Dans le spectacle, les pièces qui suivent le déroulement de l’action sont issues d’œuvres de N. Rimsky-Korsakov très diverses. On trouvera donc facilement parmi celles-ci un parcours adapté pour une introduction à son univers musical. Voici les œuvres, adaptées pour quintette de percussions, qui sont jouées pendant le concert, en intégralité ou non : Le Coq d’Or Mlada La Demoiselle des neiges (Snegourotchka) Shéhérazade. La Grande Pâque Russe Sadko La Nuit de Noël La Fiancée du Tsar D/ Les instruments Les Percussions Claviers de Lyon jouent habituellement les instruments suivants : deux vibraphones (claviers jaune doré sur la photo), deux marimbas (à droite et à gauche), un marimba basse (au fond à droite), un xylophone (au fond à gauche) et trois glockenspiels (petits claviers argentés au fond) – tous instruments mélodiques. Cet assemblage d’instruments est une base qui est adaptée en fonction de la musique jouée. Les autres instruments à percussion dans toute leur diversité peuvent ainsi être ajoutés ou substitués, de la timbale aux gongs en passant par les bendirs, maracas, batteries ou encore d’autres claviers de percussion… Ces claviers, joués avec deux ou quatre baguettes, sont conçus de la même manière : des lames en bois ou en métal accordées et rangées chromatiquement, sous lesquelles se placent des tubes résonateurs en rapport avec la note correspondante. 11 Le Xylophone Le xylophone est l’instrument le plus connu de la famille des claviers car il est utilisé par les compositeurs européens depuis le XIXème. Camille Saint-Saëns l'employa pour la première fois dans la Danse des fossiles du Carnaval des Animaux en 1874. C'est cependant au cours des deux premières décennies du vingtième siècle que le xylophone eut son heure de gloire, en partie grâce à son répertoire de ragtime, galops, charlestons... très populaires à cette période (cf. disque Rags des PCL). Le xylophone est un instrument véloce et brillant par son jeu et son timbre. Il se joue généralement avec des baguettes à têtes dures en bois ou en plastique, d'où une sonorité caractéristique claquante et aiguë. C'est d'ailleurs pour sa couleur et sa sonorité particulière qu'il a été très souvent employé par les compositeurs du XXème siècle (Ravel, Stravinsky, Bartok, Prokofiev etc.). Dans Le Coq d’Or, le xylophone est souvent utilisé pour donner de l’éclat à la sonorité de l’ensemble, à l’image des cuivres dans un orchestre symphonique, ou dans un rôle de soliste pour se détacher des autres instruments. A écouter sur le CD : • Laideronnette (disque plage 1). Après l’introduction, le thème est donné par le xylophone, dont la sonorité est ici assez douce (proche de celle d’un marimba). • Xylophonia (plage 8). Dans ce morceau les baguettes dures utilisées donnent au xylophone un son plus caractéristique. Le Marimba Le marimba se présente comme le "grand frère" du xylophone : il possède des lames en bois et des résonateurs analogues, mais sa tessiture est plus grave. Ce n'est qu'à la fin du XIXème siècle que le marimba commence à être connu du public aux USA sous une forme alors répandue dans toute l’Amérique centrale et utilisée pour la musique populaire. On construit ensuite un marimba moderne, ressemblant à un xylophone grave mais joué, comme les marimbas d'Amérique Centrale, avec des baguettes à têtes douces. Dans les années vingt à quarante, cet instrument séduit les américains lors de nombreux concerts d’ensembles de marimbas (jusqu'à cent marimbas à la fois !). Au premier plan, un Marimba basse et Marimba au second, plan. 12 Le marimba connaît depuis une trentaine d'années un essor extraordinaire dans le monde, grâce à l'intérêt des compositeurs mais surtout grâce à l'évolution de la technique instrumentale sur cet instrument (technique à quatre baguettes). Le marimba moderne possède jusqu'à cinq octaves, le bois de ces lames est de padouk ou de palissandre, les tubes résonateurs sont en métal. Dans Le Coq d’Or, deux marimbas jouent souvent les parties principales. La partie aiguë de leur tessiture peut être utilisée pour tenir un rôle mélodique particulièrement percussif, tandis que la partie grave permet un jeu plus legato. Le marimba basse est un instrument légèrement plus grave que les deux autres. En général joué avec deux baguettes à têtes très douces, il remplit le rôle de basse. Trois timbales, adjointes à la partie de marimba basse, sont jouées par la même musicienne. A écouter sur le CD : • Petit Poucet (plage 2). L’introduction est jouée par deux marimbas, dont les lignes conjointes se prolongent pendant toute la pièce. • Le Jardin Féerique (plage 3). La première partie du morceau est jouée par les deux marimbas et le marimba basse. La continuité des sons est obtenue par le jeu en roulement, de manière analogue au roulement d’un tambour. Le Vibraphone C'est l'instrument dont la conception est la plus moderne. II naquit en 1916 de l'initiative d'un fabriquant de marimba qui voulait confectionner un clavier avec des lames en acier. Aujourd’hui en alliage métallique, les lames sont jouées avec des baguettes douces, d’une manière analogue au marimba mais le son obtenu est bien plus long. C’est pourquoi l’instrument possède une pédale qui, comme au piano, permet de stopper ou de laisser résonner le son. Un vibrato est produit par la rotation d’une série de disques placés entre la lame et le tube résonateur. A partir des années 20, on connaîtra de grands vibraphonistes de jazz tels que Lionel Hampton, Milt Jackson ou Gary Burton dont la technique phénoménale a apporté aux claviers de percussion de nouvelles possibilités musicales. En France, le vibraphone s’est répandu plus tôt que le marimba (à partir du milieu du XXème siècle) grâce à des compositeurs comme Edgar Varèse ou Pierre Boulez. Vibraphone (au second plan, glockenspiel et xylophone) 13 Dans Le Coq d’Or, les vibraphones jouent des parties mélodiques ou harmoniques. Leur longue résonance permet de jouer aisément des parties mélodiques, notamment dans le registre aigu. L’un des musiciens jouant le vibraphone joue également divers instruments à percussion dont le xylophone et le glockenspiel. A écouter sur le CD : • Petit Poucet (plage 2). Après l’introduction jouée par les marimbas, le thème est joué par le vibraphone. • The Little Shephard (plage 9). Le morceau commence par une phrase jouée au vibraphone seul. Le Glockenspiel Le Glockenspiel (jeu de clochettes) ou en français jeu de timbres vient directement du métallophone d'Asie et de Polynésie. Ses lames métalliques l’apparentent au vibraphone, mais sa tessiture très aiguë et sa sonorité brillante l’en distinguent nettement. Employé pour la première fois par Mozart dans sa Flûte Enchantée, il est devenu essentiellement un instrument d'orchestre utilisé ensuite par de nombreux compositeurs, rajoutant ainsi à l'orchestre symphonique un timbre supplémentaire et une nouvelle couleur aiguë. Dans Le Coq d’Or, le glockenspiel est souvent utilisé pour apporter une couleur brillante ou féerique aux orchestrations. Il est joué sur le même poste qu’un marimba ou qu’un vibraphone. A écouter sur le CD : • Le Jardin féerique (Plage 4). La mélodie est jouée par le glockenspiel, rejoint puis remplacé par un vibraphone. En savoir plus sur les instruments à percussion : Daphnis et Chloé de Maurice Ravel, édité par le Scéren-CNDP En savoir plus sur le groupe : http://www.lespcl.com 14 III - Les Percussions Claviers de Lyon Depuis trente ans, les Percussions Claviers de Lyon poursuivent leur itinéraire à la rencontre du public en France et dans le monde, affirmant le potentiel de la percussion par l’alliance inédite des marimbas, vibraphones et xylophones. En concert et dans des spectacles, les cinq musiciens de l’ensemble interprètent des œuvres éclectiques, expressions des écritures contemporaines ou du patrimoine musical. Engagés et reconnus dans leur travail avec des compositeurs (Gavin Bryars, Graham Fitkin, Thierry Pécou) et des metteurs en scène (Jean Lacornerie), croisant les arts et les esthétiques, ils font redécouvrir Bernstein, Debussy ou encore Ravel et créent avec les artistes d’aujourd’hui. www.lespcl.com Les Percussions Claviers de Lyon sont conventionnés par le Ministère de la Culture - DRAC Rhône-Alpes, la Région RhôneAlpes et la Ville de Lyon. L’ensemble reçoit l’aide de la SPEDIDAM et de la SACEM. Avec le soutien de son Club d’Entreprises. ………………………………………………………………………………………………………………………. Les interprètes - musiciens percussionnistes : Raphaël Aggery, Sylvie Aubelle, Gilles Dumoulin, Jérémy Daillet et Gérard Lecointe. Direction artistique - Gérard Lecointe Coordination des Actions culturelles – Gilles Dumoulin ………………………………………………………………………………………………………………………. A/ Un répertoire ouvert et éclectique Composé aujourd’hui d’une centaine d’œuvres, le répertoire des PCL est sans cesse en évolution… Chaque saison fait exister des créations, des spectacles et des transcriptions au gré des rencontres et des projets avec les compositeurs, les artistes, les œuvres, à la recherche de liaisons entre les imaginaires, les formes, les écritures, les époques... 15 Transcription et création En 1983, en créant les PCL, les jeunes musiciens du CNSM de Lyon venaient de proposer une nouvelle formation avec un instrumentarium en plein devenir, mais dont les publics et les compositeurs n’avaient pas encore une grande connaissance. Les PCL ont donc souhaité très tôt travailler avec les créateurs d’aujourd’hui, écrire leur propre musique et interpréter les œuvres du XXème siècle pour constituer un répertoire éclectique, inscrivant de nouveaux horizons dans l’évolution artistique et culturelle de la percussion et de la musique de chambre. Garder la puissance, se délecter dans le factice et l'artificiel au point d'en faire une réalité plus vraie que nature… sans hésiter à provoquer une virtuosité diabolique pour les percussionnistes… En réhabilitant le procédé de la transcription, les PCL montrent que l'art de l'illusion a encore de beaux jours devant lui… Depuis ses débuts, l’ensemble se prête à cet exercice de style où l'instrumentation, au final, devient le vecteur innovant d'une pensée musicale pour un instant donné. Les transcriptions des PCL, pour la plupart réalisées par Gérard Lecointe, sont reconnues tant par le public que les professionnels. On y retrouve aussi bien Bach que Debussy, Ravel, ou Bernstein. Parallèlement ce sont aussi les œuvres de compositeurs d’aujourd’hui tels que Denis Badault, Gavin Bryars, Thierry Pécou, Thierry De Mey… qui se retrouvent sous leurs milliers de coups de baguettes. Les spectacles musicaux Grand mouvement artistique de la fin du XXème siècle, le spectacle musical est un espace où le musicien s’épanouit en trouvant un investissement supplémentaire et novateur à son seul jeu instrumental, renouvelé au contact de la matière d’autres disciplines artistiques. Depuis les années 1990, les PCL proposent des spectacles musicaux. Après Blok en 2004, Les Folies d’Offenbach en 2007 et Trois contes en 2008, ce sont aujourd’hui deux nouveaux concertsspectacles qui sont proposés au public : West Side Story et Le Coq d’Or. B/ Une démarche de transmission Les Percussions Claviers de Lyon ont à cœur de développer des actions pédagogiques et culturelles en direction de tous les publics. Dans les centres sociaux ou culturels, dans les conservatoires, dans les écoles, les collèges ou les lycées, ils proposent des ateliers et diverses formes de rencontre autour de leur répertoire ou à de la musique improvisée. Lors de leurs tournées en France et à l’étranger, les PCL accompagnent et prolongent leur présence sur scène par ces moments de partage et de sensibilisation. De la sensibilisation artistique à l’accompagnement de jeunes musiciens, ces actions s’adressent à tous les publics en mettant l’accent sur une pratique créative de la musique. Dans le monde entier à l’occasion des tournées, ou sur leur territoire d’implantation à Lyon, les actions proposées par les PCL sont toujours encadrées par un ou plusieurs des cinq musiciens, qui ont à cœur de transmettre leur passion. 16 Annexe 1 - Assister à un spectacle 1 Permettre l’accès des enfants à des spectacles vivants est une mission essentielle de l’école. « … les élèves bénéficient de rencontres sensibles avec des œuvres qu’ils sont en mesure d’apprécier » « l’histoire des arts porte à la connaissance des élèves des œuvres de référence qui appartiennent au patrimoine ou à l’art contemporain ». Or, pour mettre nos élèves en situation d’ « apprécier » effectivement ces œuvres, un parcours sera nécessaire. En effet, les formes de spectacle auxquelles ils peuvent être confrontés leurs sont parfois totalement étrangères. L’expression « spectacle pour enfants » ne devrait en effet avoir aucune signification de caractère esthétique. « Au même titre que l’expression « théâtre populaire », illustrée par Jean Vilar, elle désigne un public et non un genre théâtral différent ». Il nous appartient donc de leur permettre une approche à la fois sensible et raisonnée qui leur permettra « d’entrer » plus facilement dans le spectacle pour en retirer toute l’émotion et la richesse culturelle qui peuvent s’en dégager. Il s’agit d’un véritable parcours d’initiation, en amont et en aval, prolongeant largement le cadre strict des représentations. Le but n’est pas d’ « infantiliser » le spectacle, mais au contraire de donner à l’enfant quelques clés d’accès à un mode d’expression complexe (d’autant plus, dans le cas qui nous intéresse, qu’il est au carrefour entre plusieurs modes d’expression artistique). Il ne s’agit pas pour autant de « tout dévoiler » (ce serait d’ailleurs une prétention bien vaine), mais de laisser subsister chez le jeune spectateur la part d’interrogation, de mystère, qui donnera toute sa dimension au spectacle auquel il va assister. « Autrement dit, il reste judicieux de « préparer » [sa] venue sans jamais risquer de [le] priver du plaisir d’une découverte personnelle du spectacle, sans jamais induire ou contrarier le libre cours de [son] plaisir et la perspective d’une lecture de la représentation qui doit toujours être vécue comme une démarche pleinement individuelle ». Il s’avérera donc utile de procurer aux élèves quelques éléments d’information concernant la spécificité d’une représentation de spectacle vivant, son déroulement, son sens symbolique et ses « règles du jeu », ses rituels… Chaque spectateur a sa liberté, chacun ne s’intéresse pas de la même façon aux mêmes aspects du spectacle. Tous ne sont pas uniformément touchés par le propos, par l’esthétique, tous ne sont pas émus au même moment ni avec la même intensité. Malgré cela, il faut apprendre à respecter la présence de tous, ne pas gâcher le plaisir des autres en affichant ou en refusant ostensiblement le sien. 1 Cf L’art de devenir spectateur, édité en 2002 par le Théâtre Nouvelle Génération 17 Annexe 2 – Texte du Coq d’Or Le Coq d’Or d’Alexandre Pouchkine - Traduction de Jean Chuzeville Là-bas, très loin, dans un certain royaume vivait le glorieux tzar Dadon. Jeune il s’était montré un roi cruel et peu commode envers ses voisins, auxquels il avait infligé mainte offense. Mais avec l’âge il ne demandait qu’à demeurer en repos. C’est alors que ses voisins commencèrent, à leur tour, d’inquiéter sa vieillesse en dévastant son territoire. Afin de défendre les frontières du royaume contre leurs incursions, il dut maintenir sur le qui-vive des forces nombreuses. Les voyévods ne chômaient point ; et toutefois rien n’y fit : quand ils avaient l’œil sur le midi, c’est de l’orient que venait la menace. Le tzar Dadon en pleurait de rage, il en perdait le sommeil. Etait-ce une vie, que ces alarmes continuelles ? Un jour donc il résolut de s’adresser à un mage eunuque, réputé pour sa science des étoiles, et d’implorer son secours. Il lui dépêche un cavalier porteur d’un message. Le mage vient se présenter à Dadon, et voilà qu’il tire de son sac un petit coq d’or. - Tiens, dit-il au roi, prends cet oiseau et place-le sur un perchoir. Mon petit coq sera pour toi une sentinelle vigilante. Aussi longtemps que tout sera tranquille alentour, il restera coi ; mais dès qu’une menace de guerre se fera sentir, d’où qu’elle vienne, qu’il s’agisse d’une invasion ou de tout autre péril, mon petit coq aussitôt dressera sa crête, jettera un cri et, battant des ailes, se tournera du côté d’où menace le danger. Le tzar remercia le mage en lui faisant donner des monceaux d’or… - Pour te remercier d’une si grande faveur, lui dit-il enthousiasmé, je satisferai ton premier désir… Le petit coq, du haut de son perchoir, commença de surveiller les frontières. A peine un danger menaçait-il, qu’aussitôt, veilleur tiré de son sommeil, il se mettait à secouer ses ailes, se tournait vers le lieu menacé en criant : « Cocorico ! Tzar, lève-toi. » Et les voisins, n’osant plus se battre, faisaient la paix. Ainsi le roi Dadon repoussait-il l’agresseur. Un an s’écoula sans que le coq vînt à bouger. Or, voici qu’un beau matin le tzar Dadon est réveillé par une affreuse rumeur : - O roi notre père ! Vous le père du peuple ! s’écrie le voyévod, Sire, éveillez-vous ! Un malheur fond sur nous !... - Voyons, messieurs, qu’y a-t-il ? demande la tzar Dadon avec un bâillement. Quel est donc ce malheur ? Le voyévod lui répond : - Le petit coq de nouveau s’égosille à crier. Toute la capitale est sens dessus dessous. Le tzar s’élance vers la croisée. Il aperçoit le petit coq tout ébouriffé qui se démène, le bec tourné vers l’orient. Il n’y a pas une minute à perdre. Holà ! vite en selle ! Le tzar jette son armée vers l’orient, et c’est son fils aîné qui la dirige. Le petit coq se calme aussitôt, la rumeur s’éteint, et le tzar n’y pense plus. 18 A huit jours de là, on était encore sans nouvelles de l’armée. Une rencontre avait-elle eu lieu, oui ou non ? Et voilà que le coq se met à crier de nouveau. Le roi convoque une autre armée ; c’est son fils cadet qui, cette fois, la commande. Le petit coq se calme encore et, de nouveau, huit jours se passent où l’on n’entend plus parler de rien. Les habitants sont en proie à une véritable panique. Et le petit coq ayant claironné pour la troisième fois, le tzar fait appel à une troisième armée qu’il dirige luimême du côté de l’orient, sans trop savoir si sa présence est bien utile. L’armée avance jour et nuit, sans halte ni repos. Le tzar Dadon n’aperçoit aucune trace de champ de bataille, de cohortes en marche, ni de tertre élevé sur la tombe des guerriers. « Cela est étrange », se dit-il. Le huitième jour de marche est venu. Le tzar engage son armée dans la montagne et là, au milieu du cercle des monts, il voit se dresser une tente au pavillon de soie. Un prodigieux silence règne alentour. Une armée gît au fond du défilé. Le tzar court vers la tente… Horrible spectacle ! Ses deux fils, sans heaume ni cuirasse, transpercés l’un et l’autre de leur glaive, sont là, couchés morts sous ses yeux. Leurs chevaux errants paissent l’herbe et foulent le gazon ensanglanté de la prairie… Le tzar hurle de douleur : « O mes fils, mes fils ! Quelle chasse : mes deux brillants faucons sont tombés dans les rets de l’oiseleur. Ah ! quel chagrin. Je sens que je vais mourir. » Tous pleurent sur Dadon. Le fond des vallées s’emplit d’un gémissement, et le cœur même de la montagne a frémi. Quand, soudain, la tente s’ouvre toute grande… et une jeune fille, la princesse de Schamakha, resplendissante comme l’aurore, s’avance lentement vers le tzar. Lui, tel un oiseau nocturne en présence du soleil, se tait et à la contempler oublie la mort de ses deux fils. La jeune fille sourit à Dadon ; puis, avec une révérence, elle lui prend les mains et l’invite à pénétrer sous sa tente. Là, elle le fait asseoir devant une table chargée de vins et de liqueurs, et lui offre pour lit une couche royale. Et le tzar Dadon, charmé, ensorcelé, demeure chez elle à festoyer toute une semaine. A la fin, le tzar s’est décidé à prendre le chemin du retour, emmenant avec lui son armée et la jeune princesse. Une rumeur le précède, où il y a du faux et du vrai. Le peuple accourt et se presse aux portes de la capitale pour voir passer le cortège royal et Dadon et la tzarine. Dadon salue ses sujets… Tout à coup, il a reconnu parmi la foule son vieil ami à la barbe chenue, le mage, coiffé d’un blanc turban, vêtu d’une longue robe blanche, en tout pareil à un cygne très vieux. Le tzar l’interroge : - Qu’as-tu à me dire ? Approche, que désires-tu ? - Tzar, lui répond le mage, l’heure est venue de régler nos comptes. En reconnaissance de mes services, – tu t’en souviens ? – tu me promis alors aimablement de satisfaire mon premier désir. Donne-moi donc cette jeune fille, la princesse de Schamakha… Stupéfait, le tzar s’écrit : - Que dis-tu là ? Un diable te suggère-t-il cette pensée ou bien es-tu devenu fou ? Certes, je t’ai fait une promesse, mais il y a limites à tout. Pourquoi cette jeune fille ? Sais-tu bien qui je suis ? Demande-moi ce que tu voudras, fût-ce mon trésor, le titre de grand, mon cheval avec mes écuries royales, ou encore la moitié de mon royaume… - Je ne veux rien de tout cela, répond le mage : donne-moi la jeune princesse de Schamakha. Le tzar fait un geste de dépit : 19 - Eh bien ! C’est non et non ! Tu n’obtiendras rien et seras puni par ta faute. Hors d’ici, qu’on éloigne ce vieillard ! Le vieil homme voulut discuter, mal lui en prit. Le tzar d’un coup de sceptre lui fendit le crâne. Il tomba et rendit l’âme. Toute la ville eut un frémissement d’horreur. Mais la jeune princesse d’éclater de rire. « Hi ! hi ! hi ! hi ! ha ! ha ! ha ! ha ! » Un crime… elle ne s’effraie pas pour si peu. Le tzar, malgré sa vive émotion, lui sourit galamment. Puis il entre dans la ville… Tout à coup, un bruit léger se fait entendre, et voici qu’aux yeux de peuple entier, le coq, s’envolant de son perchoir, accourt droit vers le carrosse et vient se poser sur la tête du tzar… Il secoue ses ailes, plante son bec dans le crâne, avec un cri strident. A l’instant même Dadon s’affaisse hors du carrosse, pousse un soupir et meurt. Quant à la reine, elle avait subitement disparu sans laisser de traces. Tout conte est mensonge mais n’en contient pas moins quelque allusion. Puisse-t-il servir de leçon à maints braves jeunes gens. 20 Annexe 3 – Les Ateliers-création L’Atelier-création est l’occasion pour les participants de rencontrer des artistes dans une démarche active et créative. A la fois préparation au spectacle et parcours artistique autonome, ces ateliers sont liés au concert ou au spectacle auquel les participants assisteront, mettent en œuvre la sensibilité des participants et se construisent autour de l’échange. De tels ateliers proposent une véritable expérience artistique au cours de laquelle chacun cherche, s’exprime, échange avec les autres participants et avec les artistes. Ils peuvent aboutir à une courte performance au sein de laquelle des éléments musicaux se répondent et s’agencent selon l’imaginaire des participants. Ils peuvent s’intégrer à un projet mené par des enseignants en relation avec les artistes et s’articuler avec le travail d’un Musicien-Intervenant (dumiste). Dans un premier temps, l’intervenant présente aux participants les instruments à percussions, le spectacle ou le concert, le dispositif scénique ainsi que l’univers esthétique des Percussions Claviers de Lyon. Puis l’artiste propose un parcours dont le contenu est adapté à chaque production de l’ensemble, à la préparation des participants et à leurs affinités : jeux autour du silence, des sons, des mots, de l’image, d’un thème… La musique reste la matière première de ces ateliers, abordée par le jeu improvisé sur des instruments de percussion apportés par le musicien. Au-delà d’une sensibilisation aux percussions, les participants créent un univers sonore et le mettent au service du parcours musical qu’ils construisent avec l’artiste. Par cet échange ludique, ceux-ci abordent la pratique des instruments à percussion, la manipulation de différents supports, les interactions du travail en équipe et le plaisir du jeu. Le travail réalisé aboutit à une création collective dans laquelle les participants se reconnaissent et où ces ressources forment un ensemble cohérent. 21 L’Atelier-création autour du Coq d’Or L’objet des ateliers est d’aborder le rapport texte - musique dans le même esprit que le spectacle Le Coq d’Or. Les musiciens présentent le spectacle, le dispositif scénique, le texte de A. Pouchkine et la musique de N. Rimsky-Korsakov, le rôle des musiciens sur scène par rapport aux images, les instruments. Un support littéraire (conte, poème ou autre) est le point de départ du travail musical : mélodie et rythme d’une phrase, intonations, illustrations sonores etc. Le texte est abordé en amont dans son contenu comme dans son interprétation. Ce support peut être un texte d’auteur ou être créé par les participants lors d’un atelier d’écriture. Ces ateliers peuvent s’intégrer à un projet interdisciplinaire porté par des professeurs de français et de musique. Selon les projets, les séances peuvent être encadrées par deux percussionnistes, par un percussionniste et un compositeur / électroacousticien, ou par un percussionniste et un vidéaste. A partir d’un texte (conte russe ou toute autre narration préparée par les enseignants), les participants explorent les liens musique / texte, ou musique / image. Dans le cas des deux percussionnistes, les deux musiciens des Percussions Claviers de Lyon utilisent leur connivence pour la transmettre aux participants. Concrètement, l’un des deux musiciens guide les participants et propose des pistes pour les improvisations musicales, tandis que l’autre joue avec eux de son instrument habituel : marimba ou vibraphone. Le dialogue qui se noue entre le jeu du musicien professionnel et celui des participants est la base de séquences musicales propres à chaque parcours. Dans le cas du percussionniste et du compositeur / électroacousticien, les artistes proposent aux participants d’explorer les possibilités musicales des percussions Improvisations et et des matériaux objets sonores. sonores sont enregistrés, et chaque participant est amené à les écouter au casque. La création collective peut aboutir à l’enregistrement d’un CD ou à un spectacle où se mêlent musique « live » et musique enregistrée. 22 Dans le cas de la présence du vidéaste, le travail de l’image est abordé à partir d’éléments graphiques préparés par les enseignants et intégrés par le vidéaste comme les éléments de base d’un film d’animation. L’intervenant présente aux participants les principes de l’animation, le rôle de l’outil informatique et prépare des courtes séquences en groupes restreints. Musiques et images sont conçues avec une ouverture les unes sur les autres afin de faciliter leur association sous différentes formes : juxtaposition, superposition, interaction etc. La dernière phase du parcours est la construction d’un film d’animation où les musiques, jouées en live par les participants, ont une importance égale aux images. Ces ateliers peuvent s’intégrer dans un projet interdisciplinaire porté par des professeurs de français, de musique, d’informatique et/ou de dessin. Dispositif Intervenants : Un musicien des Percussions Claviers de Lyon et un compositeur/électroacousticien ; ou un musicien des Percussions Claviers de Lyon et un vidéaste ; ou deux musiciens des Percussions Claviers de Lyon Public : 30 élèves de collège ou de lycée Durée : 2 à 6 séances de 3h 23 Annexe 5 - Disque associé au dossier pédagogique Voici un lien permettant d’accéder aux enregistrements du disque : http://www.lespcl.com/load/dossier-pedagogique-coq-dor/ Pièces extraites de Ma Mère L’Oye de Maurice Ravel, Par les PCL : 1 : Laideronnette Impératrice des Pagodes 3’22 2 : Petit Poucet 2’56 3 : Le Jardin Féerique 3’18 4 : Le Jardin Féerique (extrait) 0’56 Par l’Orchestre National de France, dir. Eliahu Inbal (orchestration originale) : 5 : Laideronnette Impératrice des Pagodes (extrait) 1’09 6 : Petit Poucet (extrait) 1’06 7 : Le Jardin Féerique (extrait) 0’50 Pièces extraites du répertoire des PCL : 8 : Xylophonia (arr. Bob Becker) de Joe Green 3’50 9 : The Little Shephard tiré des Children’s Corner de Claude Debussy (tr. G. Lecointe) 1’44 10 : Fêtes tiré des Nocturnes de Claude Debussy (transcr. G. Lecointe) 6’01 11 : Mutante tiré de Circus de Jean-Luc Rimey-Meille 3’35 12 : Les Regrets du Poisson / Haute Tension tiré de Mix de J-L Rimey-Meille 4’03 13 : Point Bak (1er mouvement) de G. Lecointe 5’03 14 : One Last Bar Then Joe Can Sing de Gavin Bryars 18’02 Crédit images : Etienne Guiol, photo des Percussions Claviers de Lyon : Ariane Mestre 24