Pour un syndicalisme des valeurs

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Pour un syndicalisme des valeurs
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portrait
Pour un syndicalisme des valeurs
Chef de service bibliothèque courrier au sein du Corporate
Research Center (CRC) du groupe EADS (ex-Aerospatiale-Matra)
à Suresnes (92), Anne-Catherine Cudennec est déléguée
syndicale centrale d’EADS France. Elle est aussi présidente
du Comité national France d’EADS, instance de dialogue
et d’information pour plus de quarante sociétés du groupe EADS
situées sur le territoire français. Un beau parcours syndical
qui n’est pas encore arrivé à son terme…
EM : Comment considérez-vous
votre mission syndicale ?
ACC : C’est d’abord un engagement qui
exige une foi inébranlable dans les valeurs
que nous défendons car nous nous retrouvons souvent contrés par nos homologues d’autres syndicats plus « contestataires ». C’est aussi un véritable métier
pour lequel il faut avoir une formation
réelle. Les représentants des ressources
humaines, que j’ai été amenée à rencontrer, sont, eux, de véritables professionnels
des relations sociales et il faut pouvoir se
situer au même niveau, sans quoi on se
laisse vite déborder. C’est aussi, quelquefois, un combat, quand on sent qu’il
y a une véritable mise en danger des droits
ou des emplois des salariés et que la négociation devient une lutte point par point !
© EADS CCR 2003
EM : Quels sont vos objectifs
syndicaux ?
Encadrement magazine : EADS regroupe
105 000 salariés répartis sur trois pays,
la France, l’Allemagne et l’Espagne mais
avec des projets communs avec la
Grande-Bretagne et l’Italie. Il est le leader européen, au deuxième rang mondial, en matière aéronautique, spatiale et
de défense (Airbus, Eurocopter, Ariane),
avec 30 milliards d’euros de chiffre d’affaires). Quelle est l’origine de votre engagement syndical à la CFE-CGC ?
ACC : La CFE-CGC correspondait
complètement à la vision que j’avais du
syndicalisme responsable, privilégiant
le dialogue et la concertation. Pragmatique, indépendante, elle me paraît la
seule organisation capable d’appréhender le rôle difficile de l’encadrement qui
est tiraillé entre sa mission de réaliser
les objectifs de l’entreprise et ses droits
et devoirs de salarié à part entière.
À l’origine, j’ai été particulièrement surprise par le côté "râleur" de la plupart
de mes collègues de travail qui critiquaient toujours sans agir. Je me suis dit
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EM 111 - mars 2004
que le meilleur moyen de changer les
choses était d’agir soi-même. Le syndicalisme me paraissait la voie incontournable. De plus, les femmes étaient peu
présentes sur le terrain syndical, a fortiori
dans l’encadrement…
EM : Comment se positionne
la CFE-CGC dans votre entreprise ?
ACC : La CFE-CGC est la deuxième
organisation syndicale de l’établissement, tous collèges confondus. Elle est
bien perçue par les salariés. Ils reconnaissent la compétence de ses représentants à des postes différents. Il faut
cependant parfois remettre les pendules
à l’heure et expliquer que la CFE-CGC,
ce n’est pas seulement le syndicat des
cadres – et encore moins celui de la
direction – mais surtout le syndicat
représentant toute personne se reconnaissant dans les valeurs défendues par
la CFE-CGC. À la différence des autres syndicats, elle accepte la pluralité
des points de vue, elle recherche le
consensus le plus large.
ACC : Maintenant que j’ai bien appréhendé
la dimension du syndicalisme au niveau
français, en exerçant plusieurs types de
mandats, je souhaiterais étendre mes compétences au niveau européen. Ensuite, j’aimerais être plus présente sur le terrain dans
les sociétés qui relèvent du Comité national et, en particulier, celles qui doivent faire
face à des plans de restructuration industrielle avec des suppressions d’emploi. Il
faut trouver le juste compromis entre la
sauvegarde de l’emploi dans les entités
françaises et la pérennité du groupe européen EADS. C’est une tâche ardue !
Autre objectif : conserver notre place aux
prochaines élections représentatives, en
octobre prochain. Nous avions, lors du
dernier scrutin, réussi à écarter des rênes
du CE la CGT, en place depuis plus de
vingt ans. Conforter ce résultat nous permettra de redynamiser la section après
deux années de relations intersyndicales
tendues sur l’établissement. Vous voyez
que 24 heures dans une journée, c’est peu
pour réussir tout cela !
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