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La liberté de la presse et de la culture - Liban, Syrie, Jordanie et Palestine La liberté de la presse et de la culture Liban, Syrie, Jordanie et Palestine Rapport annuel Centre SKeyes pour la liberté de la presse et de la culture Fondation Samir Kassir © 2012 Fondation Samir Kassir Adresse: 63, Rue Zahrani, Sioufi, Achrafieh, Beyrouth - Liban Tel/Fax: (961)-1-397331 Email: [email protected] http://www.skeyesmedia.org Le contenu de ce rapport relève de la seule responsabilité de la Fondation Samir Kassir et ne peut en aucun cas être considéré comme reflétant la position de l’Union Européenne. Le contenu de ce rapport relève de la seule responsabilité de la Fondation Samir Kassir et ne peut en aucun cas être considéré comme reflétant la position de la Fondation pour le Futur. Traduction: Nada Sleiman Correction et relecture anglaise: Shane Kevin Farrell Statistiques: Marwan Khoury Graphic design: Jamal Awada Impression: Chemaly & Chemaly, Beyrouth La liberté de la presse et de la culture - Liban, Syrie, Jordanie et Palestine Table des matières PrÉface 53 Liban 55 Syrie 61 Jordanie 69 Gaza 73 Cisjordanie 77 Territoires de 1948 83 conclusion 87 statistiques 89 51 La liberté de la presse et de la culture - Liban, Syrie, Jordanie et Palestine Préface La liberté de la presse et de la culture au Proche-Orient face à la répression, la censure, le racisme et le meurtre Ayman Mhanna « ‘Répression’ a été le mot de l’année écoulée… Jamais le travail de journaliste n’a autant gêné les ennemis des libertés. Jamais les actes de censure et les atteintes à l’intégrité physique des journalistes ne semblent avoir été si nombreux ». C’est par ces termes que Reporters Sans Frontières a résumé l’état de la liberté de la presse en 2011 dans son dernier rapport. Ce constat amer a été particulièrement vrai dans les quatre pays couverts par le travail du Centre SKeyes pour la liberté de la presse et de la culture : le Liban, la Syrie, la Jordanie et la Palestine. L’état de la liberté de la presse et de la culture au Proche-Orient en 2011 a été caractérisé par les tendances suivantes : Au Liban, deux phénomènes ont soulevé l’inquiétude des défenseurs des libertés. Tout d’abord, l’agression physique des journalistes par des acteurs non-étatiques, membres de partis politiques, manifestants, ou bien cette nouvelle catégorie d’activistes couramment appelée « les habitants » (Al-Ahali) qui a sévi dans certaines zones délicates. Les deux bords du spectre politique libanais n’ont pas été innocents de cette forme d’exaction. De nombreux journalistes ont été attaqués par des partisans de l’ancien premier ministre Saad Hariri le 25 janvier 2011, lors de ce qui a été appelé « la journée de la colère sunnite », suite à la nomination de Najib Mikati à la tête du gouvernement. De même, les partisans du Hezbollah dans le village de Lassa, dans la banlieue sud de Beyrouth et dans des villages du Sud-Liban, s’en sont pris à plusieurs reporters et photographes qui couvraient les dossiers des constructions illégales et des différends liés à la propriété foncière. Le second phénomène est celui de la censure qui a particulièrement marqué le cinéma au Liban en 2011, avec plus de dix films interdits ou dont des séquences ont été coupées. Pour ce faire, la censure a principalement évoqué des justifications d’ordre politique, comme le maintien de la stabilité, les relations du Liban avec la Syrie et l’Iran et l’assassinat de l’ancien premier ministre Rafic Hariri. Toujours au Liban, il convient de s’arrêter sur les prémices d’une volonté gouvernementale de « réguler » le secteur des médias électroniques. Le Liban a toujours été le seul pays du Moyen-Orient où Internet ne subit aucun filtrage. Il est donc naturel de s’inquiéter de toute velléité de contrôle de ce média, qu’elle provienne de desseins politiques ou d’un manque de connaissances techniques. En Jordanie, le début de l’année a été marqué par des agressions répétées contre les journalistes, qui ont été spécifiquement ciblés par les services de sécurité et des partisans du gouvernement, durant les manifestations qui réclamaient des réformes politiques à Amman et dans d’autres villes du pays. Et c’est l’ingérence du pouvoir politique dans les affaires médiatiques qui a affecté la liberté de la presse dans la deuxième moitié de l’année, notamment à travers la pression gouvernementale pour nommer les conseils d’administration des journaux, limoger certains rédacteurs en chef, et influencer la 53 PrÉface décision de publier ou d’occulter certaines informations dans les quotidiens et sur les sites Internet. La situation en Palestine était grandement affectée par le conflit entre les mouvements Fatah et Hamas. Aussi bien à Gaza qu’en Cisjordanie, les autorités en place se sont servies des journalistes proches du bord opposé pour envoyer des messages à leurs adversaires politiques, en multipliant les arrestations, les convocations et les poursuites judiciaires politisées. De plus, la police du Hamas n’a pas hésité à agresser les journalistes, blogueurs et militants des droits de l’homme avec une rare violence, quand un groupe de jeunes palestiniens a lancé un mouvement réclamant la fin des divisions interpalestiniennes en mars 2011. En Cisjordanie, les journalistes sont restés la cible des grenades lacrymogènes et des balles en caoutchouc israéliennes, lors des manifestations hebdomadaires contre la clôture de séparation et la colonisation ; un sort partagé par leurs homologues arabes dans les Territoires de 1948. Par ailleurs, les citoyens arabes dans les Territoires de 1948 ont fait face à une recrudescence dangereuse du nombre de lois et de mesures israéliennes racistes, limitant leurs droits linguistiques et culturels fondamentaux, et restreignant la marge d’action des organisations arabes de défense des droits de l’homme. Mais la véritable plaie béante de la région a été la Syrie, avec des centaines d’arrestations, des dizaines de cas d’agression physique, ainsi que onze journalistes, écrivains, militants des droits et de l’homme et universitaires tués. Ces exactions ont été caractérisées par un degré de barbarie rarement atteint, pour servir de leçon à toutes les personnes engagées dans la lutte pour la démocratie et la liberté. Les yeux du photographe Ferzat Jerban ont été arrachés, le chanteur Ibrahim Kachouch a été égorgé, et les mains du caricaturiste Ali Ferzat ont été brisées. La Syrie a sans doute été en 2011 l’un des lieux les plus dangereux au monde pour les journalistes. A cause de l’interdiction d’accès imposée par le gouvernement syrien lors des premiers mois du soulèvement, de nombreux reporters internationaux ont dû s’infiltrer en Syrie, s’exposant ainsi à de graves dangers. Ce sont donc les journalistes citoyens et les blogueurs qui ont été les principaux vecteurs de l’information, reflétant notamment la réalité sur le terrain et la violence des massacres et des bombardements, malgré la difficulté de confirmer la véracité et la précision des vidéos postées sur les blogs et les sites de partage. L’année 2011 a ainsi été l’un des pires millésimes pour la liberté de la presse et de la culture dans la région. Si, depuis le début de l’année 2012, une certaine amélioration semble s’opérer en Palestine, les ingérences officielles dans les médias en Jordanie doivent rester sous haute surveillance, afin de ne pas laisser l’autocensure s’installer de manière irréversible dans l’esprit des journalistes. Au Liban, il est temps de prendre les mesures les plus courageuses et les plus efficaces pour faire face à la censure et aux tentatives des acteurs non-étatiques d’imposer leurs critères culturels sur l’ensemble des Libanais. Il faudra également faire face à toute atteinte aux libertés électroniques. Cependant, les yeux, les cœurs et les esprits resteront tournés vers la Syrie, où la sécurité des journalistes et des reporters syriens et étrangers connaît une détérioration alarmante. Sans tarder, il est primordial que les organisations juridiques internationales prennent toutes les mesures pour traduire en justice les responsables des tueries et s’attribuer une compétence universelle pour juger les crimes contre les journalistes, à l’instar des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité. Partant du principe cher à Samir Kassir, que « la frustration n’est pas un destin», SKeyes souhaite que les douleurs de 2011 ne fassent qu’annoncer la naissance d’une ère de liberté et de dignité pour chaque citoyen arabe. 54 Liban 2011 Censure et agressions de journalistes en nette hausse Rima Awad La lutte des peuples arabes pour la liberté et la démocratie n’a pas engendré une amélioration de l’état des libertés médiatiques et culturelles au Liban en 2011. La couverture médiatique libanaise des soulèvements populaires qui se sont propagés d’un pays à l’autre, a révélé l’impact du clivage politique sur les journalistes. Celui-ci s’est notamment manifesté à travers la couverture des événements en Syrie, en Egypte, au Bahreïn et en Libye. Les attaques directes et les menaces proférées contre les journalistes ont nettement augmenté en 2011. Nombre de journalistes ont été menacés pour avoir exprimé des positions à l’égard des événements en Syrie. Le journaliste Nadim Koteich a reçu des avertissements explicites sur sa page Facebook, menaçant de s’en prendre à lui et à sa fille. De même, des inconnus ont versé de l’essence sur la voiture de retransmission en direct de la chaîne Al-Jadeed (New TV), dans une tentative d’intimider l’équipe qui couvrait une manifestation de solidarité avec le soulèvement populaire en Syrie au Liban-Nord. L’accès aux régions frontalières libano-syriennes pour s’enquérir de la situation des réfugiés syriens a été interdit aux journalistes. Certains reporters et journalistes étrangers ont été victimes d’intimidation et la Direction de l’Orientation de l’armée libanaise a interdit aux journalistes l’accès à Wadi Khaled sans autorisation écrite préalable. Ainsi, plusieurs équipes télévisées ont été stoppées au point de contrôle de l’armée à Chadra (au Nord), et forcées de rebrousser chemin, sans pouvoir rendre compte de la réalité sur le terrain. Les militants des droits de l’homme n’ont pas non plus été épargnés. En août, une bande de Libanais et de Syriens a attaqué plusieurs militants lors d’une manifestation pacifique devant l’ambassade syrienne dans le quartier de Hamra en solidarité avec le peuple syrien, à coups de pierre, de bâton, de ceinture et même de couteau, occasionnant de graves blessures à plusieurs manifestants. Par ailleurs, les bureaux de First Link, société de production jumelée avec la chaîne pro-Jamaa Islamiya, Hayatona alFada’iyya, ont été incendiés dans le quartier de Karakol Al-Druze à Beyrouth. Si les événements en Syrie ont eu un impact direct majeur sur les médias et journalistes libanais, il n’en demeure pas moins que les révolutions en Egypte, en Tunisie, au Bahreïn et en Libye ont également eu des répercussions importantes. En effet, des pressions politiques ont été exercées sur la journaliste Rimielle Nehmé pour l’inciter à «modérer ses propos» au cours d’une émission dans laquelle elle a exprimé son soutien à la révolution populaire en Egypte, ce qui l’a poussée à démissionner en direct de Radio Orient. Le journaliste tunisien Moncef Ben Ali et le militant Idriss Al-Mliti qui résident au Liban, ont été roués de coups par des membres des Forces de Sécurité Intérieure et les gardiens du «Metropolitan Hotel», pour avoir distribué un communiqué de soutien à la révolution tunisienne, mettant en garde contre la contre-révolution. Les informations diffusées sur douze chaînes télévisées et trois stations radio ont été brouillées de manière préméditée et par intermittence, en raison de leur couverture des événements en Libye et au Bahreïn. L’impact du clivage politique libanais était également clair sur le corps médiatique : des journalistes ont été battus et agressés aussi bien par les partisans des forces du 8 que celle du 14 Mars. D’autres ont été empêchés de couvrir les événements, à l’instar du correspondant de la radio Al-Fajr, Abdel-Rahman Arabi, qui n’a pas pu rapporter les détails de la rixe qui a eu lieu à l’hôpital Makassed. Ce jour-là, l’équipe de la chaîne OTV a été attaquée au même endroit. Ceci a prouvé que l’opinion publique ne perçoit le journaliste que comme le représentant du parti politique auquel son institution médiatique appartient. Les journalistes subissent, depuis 2005, les conséquences de la profonde division au sein de la société. Le regard porté par l’opinion publique sur les journalistes a donc considérablement changé ; ceux-ci peuvent donc être attaqués, selon l’affiliation politique de leur média, en toute impunité. 55 Liban 2011 La censure a également joué un rôle primordial dans la violation des libertés médiatiques et culturelles au Liban. Le ministre de l’Énergie et de l’Eau, Gebran Bassil a empêché le correspondant de la Future News TV, Rabih Chantaf, d’entrer au ministère à trois reprises, parce qu’il lui avait «posé des questions inappropriées» au cours d’une conférence de presse. La Sûreté Générale a également interdit l’exportation du livre «Trahisons de la langue et du silence – mon expérience dans les geôles des services syriens» de Faraj Bayrakdar en Suède, sachant que le livre est en vente au Liban depuis 2006. Le film iranien «Journées vertes» (Green Days), qui montre les manifestations de l’opposition iranienne après les élections présidentielles de 2009 ainsi que le film «Beirut Hotel», qui évoque l’assassinat de Rafic Hariri en 2005, ont été interdits de diffusion. L’Agence Nationale d’Information a censuré plusieurs passages d’une conférence de presse tenue par le député Mohammad Kabbara, qui a appelé les autorités syriennes à mettre fin au massacre des civils. Kabbara s’est également plaint de visites des services secrets aux institutions médiatiques arabes opérant au Liban, leur demandant des copies des déclarations faites par des citoyens syriens qui ont fui les violences en Syrie pour s’installer au Liban. La diffusion du documentaire libanais «Chou Sar» (Que s’est-il passé), portant sur les massacres commis durant la guerre civile libanaise, a également été interdite pour la troisième fois consécutive. De plus, le nom du réalisateur Steven Spielberg a été dissimulé sur l’affiche de son film «Tintin» puisqu’il figure sur la liste noire du boycott d’Israël de la Sûreté Générale ; la décision a cependant été révoquée suite aux pressions exercées par les organisations de la société civile. D’autre part, la censure religieuse directe, exercée à la fois par les camps chrétien et musulman, a considérablement augmenté par rapport aux années précédentes. Le groupe musical LMFAO a annulé son concert au Liban après avoir été menacé par des «groupes d’extrémistes chrétiens» ; plusieurs campagnes de boycott avaient été lancées sur les réseaux Facebook et Twitter, sous prétexte que le groupe musical «porte atteinte à la religion chrétienne». Des dirigeants de la Jamaa Islasmiya ont tenté d’interdire la pièce de théâtre «Scene Scene» à Saïda, la considérant comme immorale et incitant à la débauche ; à noter cependant que le spectacle s’est tenu normalement. 56 Plusieurs événements ont ainsi engendré un déclin des libertés au Liban, à l’instar de l’arrestation du chanteur Zeid Hamdan, qui a appelé au départ du «Général Suleiman» dans l’une de ses chansons. De même, des dirigeants du Centre libanais des droits de l’homme (CLDH) ont été convoqués, après avoir publié un rapport comportant les témoignages de prisonniers qui ont affirmé avoir été détenus et torturés aux mains des membres du mouvement Amal, avant d’être remis aux services de sécurité. Les services de renseignements de l’armée libanaise ont également arrêté le chef du bureau de l’organisation internationale «Al-Karama (Dignité) pour les droits de l’homme», Saadeddine Chatila, puis l’ont relâché sous caution après un interrogatoire qui a duré plusieurs heures. Chatila avait rédigé des rapports sur la torture pratiquée dans les prisons libanaises et en avait informé les Nations Unies en 2010. L’Inspection criminelle du Palais de Justice de Beyrouth a arrêté l’auteur du livre «Al-Maassara» (Le pressoir), Georges Alam, en vertu d’une plainte déposée contre lui par le ministère de la Défense, en réaction à son livre dans lequel il a relaté les tortures qu’il a subies à la prison du ministère ; Alam a par la suite été libéré avec interdiction de quitter le territoire. De plus, l’ONG Kafa a affirmé que des députés et des autorités religieuses ont exercé des pressions sur plusieurs chaînes de télévision afin qu’elles retirent un spot publicitaire lancé par la campagne de protection des femmes contre les violences domestiques. Toutes ces mesures ont cependant été mises à mal par la disponibilité de ces œuvres sur Internet et sur le site YouTube en particulier. La censure s’est également manifestée par le piratage de dizaines de sites web, traitant de sujets délicats ayant trait à la politique ou aux droits de l’homme, tel l’ancien site du Centre SKeyes piraté en février 2011. Ces violations ont eu lieu dans un contexte technique où la vitesse d’accès à Internet ainsi que la qualité du service demeurent très limitées. Le projet de loi relatif aux médias électroniques préparé par le ministre de l’Information Walid Daouk n’arrange en rien la situation : il ne garantit ni la liberté d’expression, ni les droits des journalistes et des employés du secteur, et ne met pas l’accent sur la protection de la propriété intellectuelle. Ce projet de loi ressemblerait davantage à une tentative de contrôler les médias avec l’augmentation effrénée du nombre d’utilisateurs, qui n’a jamais été prévue par les autorités ou les censeurs. La liberté de la presse et de la culture - Liban, Syrie, Jordanie et Palestine Le fil des exactions Janvier 18/1 Le bureau de l’Organisation palestinienne des droits de l’homme «Rassed» attaqué. 25/1 Agression de 16 journalistes lors de leur couverture des manifestations du «jour de la colère» après la désignation de Najib Mikati au poste de premier ministre. Février 5/2 17/2 22/2 La présentatrice Rimielle Nehmé démissionne de Radio Orient suite à des pressions qu’elle a subies à cause de son soutien à la révolution égyptienne. Brouillage du signal de douze chaînes de télévision et de trois radios en raison de leur couverture des événements en Libye et au Bahreïn. Le reporter de Radio Al-Fajr empêché de couvrir une rixe près de l’Hôpital Makassed et l’équipe de tournage de la OTV agressée. Mars 10/3 10/3 15/3 17/3 21/3 22/3 27/3 Disparition de deux militants syriens de la famille Jassem. Le journaliste Ibrahim Dsouki menacé de mort suite aux critiques qu’il a adressées au président du Parlement Nabih Berri. Les responsables du CLDH convoqués dans le cadre d’une enquête concernant un rapport révélant des cas de torture perpétrés par des membres du Mouvement Amal contre des prisonniers. Le journaliste Hussein Saad agressé à Tyr. Agression et arrestation du journaliste tunisien Moncef Ben Ali et du militant Idriss Al-Mliti devant l’hôtel Metropolitan. Détonation de bâtons de dynamite près du bâtiment de Radio Liban Libre. Le photographe Waël Al-Ladki agressé et la journaliste Nadine El-Ali harcelée lors de la manifestation appelant à la chute du système confessionnel à Amchit. Avril 3/4 3/4 Agression des journalistes Amir Choumar et Mohammad Al-Zaatari lors de la manifestation appelant à la chute du système confessionnel à Saida. Le journaliste et blogueur Assaad Thebian agressé par les gardes du corps du député Kassem Hachem lors de la manifestation appelant à la chute du système confessionnel à Saida. 57 Liban 2011 Le fil des exactions 15/4 Menaces contre le journaliste Nadim Koteich postées sur sa page Facebook. 17/4 La voiture du journaliste Haidar Hawila caillassée à Tyr. 22/4 L’équipe de tournage de la MTV composée du reporter Georges Eid et du caméraman Roger Hanna agressée à Ghobeiri. 22/4 Le véhicule de transmission de la New TV aspergé d’essence à Tripoli. 23/4 Le caméraman de la New TV Hassan Bazzi agressé à Haddatha (Liban-Sud). Mai 11/5 22/5 Le ministre de l’Energie Gebran Bassil interdit au correspondant de la Future News TV l’accès au bâtiment du ministère. L’équipe de tournage de la MTV composée du reporter Georges Eid et des caméramans Fadi Skaff et Dany Antonio agressée à Wata Al-Jowz au Kesrwan. Juin 20/6 20/6 22/6 24/6 27/6 La Sûreté Générale interdit la projection du film iranien «Green Days». La Middle East Airlines suspend la distribution du journal Al-Akhbar sur ses vols. La Sûreté Générale interdit la projection du film libanais «Chou Sar» du réalisateur De Gaulle Eid. Agression du caméraman de la chaîne Al-Manar Mohammad Harb à Sabra à Beyrouth. Tirs sur la voiture du correspondant de la LBC dans la Békaa, Mohammad Ali Ahmad, à l’ouest de Baalbeck. Juillet 6/7 17/7 18/7 19/7 22/7 58 Le correspondant d’Al-Jazeera Ali Hachem agressé par des membres de la police du Parlement au centre-ville de Beyrouth. Le photographe Marwan Bou Haidar agressé par des gendarmes. Des membres du Hezbollah séquestrent la reporter de la MTV Joëlle Kozaïli et le caméraman Khalil Akiki dans la banlieue sud de Beyrouth. L’équipe de tournage de la MTV composée de Pierre Karam et Jonathan Al-Hajj agressée à Lassa. Menaces proférées contre le journaliste Anas Mohsen. La liberté de la presse et de la culture - Liban, Syrie, Jordanie et Palestine 25/7 27/7 Les services de renseignement de l’armée arrêtent le militant des droits de l’homme Saadeddine Chatila. Le chanteur Zeid Hamdan arrêté suite à sa chanson «General Suleiman, Go Home». Août 2/8 4/8 19/8 22/8 Les blogueurs et militants des droits de l’homme Ali Chreim, Nabil Abdo, Ghassan Makarem, Nisrine Al-Chaer, Sara Wansa, Samer Abou Saïd, Bassem Chit, Saad Kurdi et Khodr Salamé agressés lors d’un sit-in pacifique devant l’ambassade syrienne à Beyrouth. Agression du photographe du journal Al-Liwaa Mahmoud Youssef à Tarek Jdidé à Beyrouth. Jets de pierre contre l’équipe de tournage de la LFTV à Lassa. Le journaliste britannique Nicholas Blanford convoqué suite à l’entretien qu’il a publié dans le Time Magazine avec l’un des membres du Hezbollah inculpés dans l’assassinat de Rafic Hariri. Septembre 16/9 16/9 Le livre de l’écrivain syrien Faraj Bayrakdar «Les trahisons de la langue et du silence» interdit d’exportation. Annulation du concert du groupe américain LMFAO suite à des menaces lancées sur Internet par des groupes chrétiens intégristes. Octobre 4/10 5/10 5/10 8/10 11/10 La journaliste Maria Maalouf menacée suite à la publication d’une enquête sur la tentative d’assassinat du Général Michel Aoun à Chypre à la fin des années 1980. Menaces de mort contre le journaliste Ali Hamadé. La Sûreté Générale interdit la projection du film autrichien «Michael» lors du Festival international du cinéma de Beyrouth. L’Iran interdit à plusieurs réalisateurs de se rendre au Liban pour assister au Festival international du cinéma de Beyrouth, poussant les organisateurs du festival à déprogrammer la projection des films «Le rouge, le blanc, le vert» de Nader Daoudi et «J’aime Téhéran» de Suhand Samadian. La municipalité de Dhour Choueir interdit à l’acteur égyptien Adel Imam de tourner sa nouvelle série dans le village, en réaction à ses positions hostiles au Hezbollah suite à la guerre de juillet 2006. 59 Liban 2011 Le fil des exactions 13/10 21/10 24/10 31/10 Les journalistes interdits d’accès à la région de Wadi Khaled au Akkar sans autorisation préalable de l’armée libanaise. Le Conseil National de l’Audiovisuel ouvre un registre d’inscription pour les sites Internet au Liban. Menaces contre le rédacteur en chef du site Saida.Net. Les bureaux de la société de production First Link, liée à la Jamaa Islamiya, incendiés à Beyrouth. Novembre 1/11 8/11 17/11 19/11 Agression du caméraman de la Future News TV Mahmoud Badran devant la Lebanese American University à Beyrouth. Le nom du réalisateur Steven Spielberg dissimulé sur l’affiche du film «Tintin» au Cinema City à Beyrouth. La Sûreté Générale autorise la projection du film «Rue Huvelin» après la suppression d’une séquence montrant des étudiants libanais brûlant le drapeau syrien. Interpellation du correspondant d’Al-Arabiya Adnan Ghamlouch et des caméramans Kamel Abdin et Mohammad Darwich lors de leur tournage d’une simulation d’enlèvement de chauffeurs de taxi à Beyrouth, en raison d’un manque de coordination entre les services de sécurité ; ceux qui étaient au courant du tournage n’avaient pas informé leurs homologues des autres services. Décembre 5/12 Interpellation de l’écrivain Georges Alam dans le cadre de la plainte déposée contre lui par le ministère de la Défense en raison de son livre «Al-Maassara». 19/12 La Sûreté Générale interdit la projection du film «Beirut Hotel» de la réalisatrice Danielle Arbid, et impose la suppression de deux séquences du film «Out Loud» du réalisateur Samer Daaboul. 30/12 Pression sur des chaînes de télévision pour arrêter la diffusion d’un spot de la campagne pour la protection des femmes des violences domestiques. 60 Syrie 2011 Les murs du «royaume du silence» brisés malgré la violence de la répression Wajih Ajouz Si le début de l’année 2011 était tunisien, sa fin a sans doute été syrienne. La vague des soulèvements populaires qui ont secoué la Tunisie, provoquant la chute du régime policier, s’est très vite propagée vers l’Est, vers des régimes considérés par les manifestants de Libye, d’Égypte, du Yémen et du Bahreïn comme oppressants et illégitimes. La fuite du président tunisien Zine El-Abidine Ben Ali le 14 janvier n’a fait que renforcer la détermination des peuples arabes, quant à l’organisation de manifestations en vue de renverser les régimes en place. Plusieurs dates importantes ont marqué ce durcissement de l’opposition contre le pouvoir du parti unique ou de la famille régnante. Entre le 14 janvier tunisien, le 25 janvier égyptien et le 17 février libyen, le calendrier syrien est resté au départ dépourvu de dates marquantes. Lorsque tous les regards se sont braqués sur la seule république héréditaire au Proche-Orient, le Président Bachar Al-Assad, confiant, a déclaré dans un entretien au Wall Street Journal, que le peuple était en paix avec son régime. Mais le vent du changement a réussi à s’infiltrer dans le «royaume du silence» et les Syriens ont réussi, après maintes tentatives, à lancer un appel historique à la manifestation le 15 mars 2011. Des rassemblements sans précédent, appelant à la chute du régime, se poursuivent depuis. Les services secrets syriens n’ont pas réussi à mettre fin au soulèvement populaire, en dépit de la violence de la répression qu’ils ont menée contre les manifestants. Au début, les médias officiels syriens ont ignoré jusqu’à l’existence même de ce mouvement de contestation. Pour les manifestants, le défi le plus important, et par lequel le mouvement populaire syrien s’est caractérisé, était de faire parvenir les informations aux médias arabes et internationaux. En effet, la Syrie avait toujours fait preuve de cruauté à l’égard des journalistes, puisque l’exercice de la profession et la liberté de déplacement des journalistes y est inexistante. Au moment où les médias officiels ont fermé les yeux sur les protestations, les militants syriens se sont rendu compte que la non-circulation de l’information étoufferait le soulèvement populaire et empêcherait sa propagation à travers les régions syriennes. Ainsi, la fonction principale des militants était, en plus d’organiser les manifestations, de diffuser les nouvelles et de documenter les exactions commises par le régime. Les reporters dépêchés en Syrie ont vite fait face aux restrictions imposées par le régime contre les journalistes étrangers, à l’instar de la correspondante de la chaîne Al-Jazeera, Dorothy Parvaz, qui a été arrêtée par les services secrets. En conséquence, un nouveau genre de correspondants a spontanément vu le jour : des citoyens ordinaires et des militants politiques se sont chargés de documenter les violations passées sous silence par la presse officielle, et de faire parvenir les faits aux médias arabes et étrangers par le biais des médias alternatifs (Internet principalement) ou des téléphones satellitaires Thuraya, afin de contourner l’utilisation, très risquée, des téléphones portables. Le black-out médiatique a poussé certains médias étrangers, à l’instar des chaînes BBC et France 24, à entrer secrètement en Syrie pour mener des enquêtes sur le mouvement de contestation et les violations dont les militants sont victimes. Il va sans dire que les services de sécurité n’ont pas été tolérants avec les journalistes citoyens. Les militants ont pu, malgré les difficultés, recenser les meurtres, détentions et arrestations de citoyens syriens, ayant couvert les manifestations ou filmé les violations perpétrées par les forces de sécurité, en particulier celles visant les journalistes et les libertés médiatiques. Un autre défi, lié à l’absence de critères précis qui séparent 61 Syrie 2011 le travail de journalisme et de documentation d’une part du mouvement de protestation d’autre part, est également apparu. Plusieurs militants ont été tués alors qu’ils filmaient les événements au moyen de leurs téléphones portables, à l’instar de Bassel Al-Sayed, qui filmait le bombardement de Baba Amr à Homs, et du photographe Ferzat Jerban que les services de sécurité ont tué après lui avoir arraché les yeux. Les blogueurs et les citoyens actifs sur les réseaux sociaux n’ont pas non plus été épargnés ; la blogueuse Razan Ghazzawi a été arrêtée et la blogueuse Tal AlMallouhi a entamé une grève ouverte de la faim, pour marquer le deuxième anniversaire de son arrestation. Cependant, il convient de rester conscient quant aux limites du journalisme citoyen, notamment en ce qui a trait aux critères de professionnalisme et d’objectivité des informations diffusées, vu que certains journalistes citoyens, n’étant pas suffisamment qualifiés ou ne disposant pas de l’expérience professionnelle requise, sont tombés dans le piège de l’exagération et des émotions dans leurs récits, sans compter la transmission de fausses informations. La blogueuse Amina Abdallah qui prétendait relater, en anglais, les événements et les violations sur son blog «Une lesbienne à Damas» (Gay Girl in Damascus) a rapidement suscité l’intérêt de plusieurs médias étrangers. Mais très vite, il s’est avéré que ce blog n’était qu’une imposture, tenu par Tom MacMaster, un Américain de 40 ans, qui poursuivait ses études en Écosse. Les médias syriens ont recouru à tous les moyens possibles pour réfuter les informations diffusées par les médias arabes et étrangers, remettant en question leur crédibilité, en qualifiant les manifestants de fondamentalistes islamistes ou en niant l’existence des mouvements de protestation en Syrie. Ils ont en effet affirmé que les images diffusées à la télé n’étaient que des fabrications médiatiques filmées dans les pays voisins ou dans des studios spécialisés, sans permettre toutefois aux médias arabes et étrangers de se déplacer librement pour s’enquérir de la réalité des faits ou pour s’assurer des informations relatives aux violations des droits de l’homme. Plusieurs personnes ont démissionné des médias officiels, en protestation contre leur rôle dans la lutte contre le soulèvement populaire et dans 62 l’incitation au meurtre des manifestants. Le directeur du bureau de l’Agence Arabe Syrienne d’Information (SANA), Alaa Al-Khodr a présenté sa démission ainsi que l’écrivain et journaliste Ibrahim Al-Jabin, qui a démissionné de la télévision syrienne. Ainsi, il n’existe aucune opinion différente de celle des autorités dans les médias syriens. Les artistes et intellectuels ont également joué un rôle primordial dans le soutien au mouvement populaire, mais ils ont été violemment réprimés par les services secrets, comme l’écrivain et opposant kurde Mechaal Tamo, qui a été tué à Qamishli. De même, le chanteur de la révolution à Hama, Ibrahim Kachouch, a été sauvagement assassiné et sa gorge tranchée. Les services secrets ont également tenté d’assassiner le sportif Abdel-Basset Al-Sarout qui est devenu chanteur, accompagnant les manifestations à Homs. Le caricaturiste syrien, Ali Ferzat, connu pour ses dessins hostiles au régime, a été agressé par des hommes armés et masqués qui lui ont brisé les mains en guise d’avertissement. Il suffit simplement de soutenir la réforme en Syrie pour être menacé d’arrestation ou de meurtre. Alors que l’intellectuelle Samar Yazbek et l’écrivaine Rima Fleihan ont décidé de quitter la Syrie, d’autres ont préféré se cacher à l’intérieur du pays, à l’instar de l’écrivain et opposant Yassine Al-Hajj Saleh. Cependant, ces attaques atroces n’ont pas eu l’effet désiré et la Syrie, où il était quasi-impossible de trouver un travail artistique hostile au régime, a abondé en œuvres défiant le pouvoir en place et plusieurs créations littéraires et audiovisuelles dans ce sens ont proliféré sur Internet et sur les chaînes de télévision. La future carte politique de la Syrie ne semble pas encore claire et l’incertitude plane toujours sur le sort du mouvement de contestation et les solutions à la crise. Mais, comme l’a si bien écrit la figure de proue de l’opposition syrienne, Riyad Al-Turk, au début du soulèvement : «La Syrie n’est plus le royaume du silence». En effet, le peuple n’acceptera jamais de retourner à la période qui a précédé le 15 mars 2011. La lutte pour recouvrer les libertés, notamment la liberté d’opinion, sera au cœur de la nouvelle phase. Il va sans dire que le mérite en cela est loin de revenir aux autorités syriennes... La liberté de la presse et de la culture - Liban, Syrie, Jordanie et Palestine Le fil des exactions Janvier 12/1 Arrestation de l’écrivain kurde Hawas Mahmoud. Février 2/2 4/2 14/2 20/2 L’écrivain Abdel-Salam Hajji Ibrahim condamné à trois mois de prison. Arrestation de l’écrivain Abdel-Nasser Al-Ayed. La blogueuse Tal Al-Mallouhi condamnée à cinq ans de prison. Arrestation du blogueur Ahmad Mohammad Hadifé. Mars 5/3 13/3 15/3 19/3 22/3 Arrestation de l’avocat et militant des droits de l’homme Mohammad Issa. L’écrivain Ali Al-Abdallah condamné à trois ans de prison. La militante Hermine Oussi agressée puis arrêtée. Arrestation du poète Mohammad Dibo. Arrestation de trois journalistes de l’Agence France Presse et de l’Associated Press pour les empêcher de couvrir les manifestations à Deraa. 23/3 Arrestation du blogueur Ahmad Mohammad Hadifé pour la seconde fois en quarante jours, ainsi que le journaliste et militant Mazen Darwish. 24/3 Arrestation du journaliste Maan Akil. 29/3 Arrestation du directeur du bureau de Reuters à Amman Sleiman Al-Khalidi. Avril 1/4 6/4 9/4 9/4 10/4 11/4 13/4 14/4 16/4 17/4 Arrestation des journalistes Amer Matar et Georges Baghdadi. Arrestation du journaliste Mohammad Misto. Arrestation du journaliste algérien Khaled Mohannad. Limogeage de la rédactrice en chef du journal Tishrin Samira Al-Massalma pour avoir critiqué le comportement des forces de sécurité à Deraa. Arrestation du militant des droits de l’homme Ahmad Maatouk. Arrestation du journaliste Fayez Sara. Arrestation du blogueur Wassim Hassan. Arrestation du blogueur Khaled Al-Mubarak. Arrestation du militant des droits de l’homme Mohammad Daghmash. Arrestation du poète Ibrahim Barakat. 63 Syrie 2011 Le fil des exactions 19/4 22/4 23/4 24/4 25/4 26/4 27/4 30/4 Arrestation du militant des droits de l’homme Mohammad Issa. Arrestation des militants des droits de l’homme Nawaf Hassan, AbdelHalim Hussein, Lokman Hussein et Abou Anwar Hajj Mawloud. Arrestation du président des Comités de défense des droits de l’homme Daniel Saoud. Arrestation du poète Hozan Karkondi. Arrestation du militant des droits de l’homme Abdel-Rahman Sleiman. Arrestation du militant des droits de l’homme Kassem Azzawi. Arrestation du militant des droits de l’homme Rassem Al-Atassi. Enlèvement du réalisateur Firas Fayad et arrestation du militant des droits de l’homme Abdel-Kader Al-Khaznawi. Mai 1/5 2/5 3/5 5/5 6/5 7/5 9/5 12/5 13/5 23/5 25/5 27/5 29/5 64 Arrestation du militant des droits de l’homme Abdallah Al-Khalil et du poète Medhat Kaddour, et agression du journaliste Iyad Khalil. La correspondante d’Al-Jazeera Dorothy Parvaz portée disparue, et arrestation des journalistes Omar Koush et Dana Jawabra. Arrestation du militant des droits de l’homme Manhal Barish et du photographe Akram Darwish. Arrestation du militant des droits de l’homme Ahmad Bakour et du journaliste Jihad Jamal. Arrestation du militant des droits de l’homme Akram Hussein et du journaliste libanais Ghassan Saoud. Arrestation de la journaliste libanaise Ghadi Francis. Arrestation de la journaliste Malak Shanwani, de l’écrivain Al-Ammar Diob et du militant des droits de l’homme Chadi Kurdieh. Arrestation du poète Ali Derbak et du militant des droits de l’homme Mohammad Najati Tayyara. Arrestation de la militante des droits de l’homme Catherine Al-Talli et des journalistes Raafat Al-Rifai et Moussa Al-Khatib. Arrestation du militant des droits de l’homme Ahmad Al-Khafaji. Arrestation du militant des droits de l’homme Ahmad Al-Kurdi et du poète Farhan Abdel-Kader Ben Jamil. Arrestation du militant des droits de l’homme Mohammad Sleiman. Arrestation du militant des droits de l’homme Tamer Al-Jahmani. La liberté de la presse et de la culture - Liban, Syrie, Jordanie et Palestine Juin 7/6 10/6 12/6 25/6 27/6 29/6 Arrestation du membre de l’Organisation arabe des droits de l’homme (OADH) Mohammad Safi Hammoud à Qamishli. Arrestation du membre de l’OADH Majid Al-Adl à Idleb. Révélation de l’imposture du blog «Gay Girl in Damascus», lancé par l’Américain Tom MacMaster qui s’est présenté comme une blogueuse syrienne du nom d’Amina Abdallah. Arrestation de l’écrivain Khalil Hajj Saleh. Arrestation du membre de l’OADH Mohammad Abdel-Majid Charif à Alep. Arrestation du militant des droits de l’homme Ahmad Hajji Khalaf. Juillet 1/7 Arrestation des militants des droits de l’homme Bissan Hamed Al-Jassem, Adham Al-Kak et Ola Ramadan, et du blogueur Anas Al-Maarrawi. 3/7 Arrestation du journaliste Omar Al-Assaad et attaque contre la maison de l’écrivain Nabil Sleiman. 5/7 Agression du militant des droits de l’homme Mohammad Najati Tayyara dans la prison de Homs, et arrestation du militant Hassan Hassan. 6/7 Le chanteur Ibrahim Kachouch égorgé. 8/7 Arrestation du metteur en scène Oussama Ghanam. 11/7 Interdiction de projection des films «Al-Dajaj» (Les poules) et «Muhawalat An Sadd Al-Furat» (Essai sur le barrage de l’Euphrate) du réalisateur décédé Omar Amiralay. 11/7 Le domicile d’Ali Jamalo, directeur du site Sham Press, incendié. 12/7 Arrestation du journaliste Afia Al-Battah. 13/7 Arrestation de plus de 15 journalistes, artistes et intellectuels lors de la manifestation des «intellectuels pour la Syrie» à Damas, dont Iyad Charbaji, Bulent Hamza, Mohammad et Ahmad Malas, May Skaff, Rima Fleihan, Majdoline Hassan, Guevara Nemr, Nidal Hassan, Yam Machhadi, Mozaffar Salman, Bassel Chéhadé, Nabil Al-Maleh et Rami Al-Achek. 17/7 Arrestation de l’écrivain Ali Al-Abdallah quelques semaines après sa libération. 18/7 Les autorités syriennes interdisent la diffusion des journaux libanais Al-Akhbar et As-Safir sur le territoire syrien. 20/7 Arrestation du journaliste Jamal Tahhan et du photographe Khaldoun Al-Batal. 23/7 Enlèvement du réalisateur Chadi Abou Fakhr. 65 Syrie 2011 Le fil des exactions Août 1/8 3/8 4/8 Arrestation de la comédienne Yara Nseir. Arrestation du militant des droits de l’homme Mohammad Al-Bitar. Arrestation des journalistes Ibaa Munzer, Omar Al-Assaad, Assem Hamcho et Rudy Othman et des militants des droits de l’homme Mohdine Bananeh et Hanadi Zahlout. 6/8 Arrestation du militant des droits de l’homme Walid Bunni. 7/8 Arrestation du militant des droits de l’homme Mohammad Hajji Darwish. 9/8 Interdiction de diffusion de la série télévisée «Chiffon» du réalisateur Najdat Anzour. 9/8 Assassinat du militant des droits de l’homme Maan Al-Awdat à Deraa. 11/8 Arrestation du militant des droits de l’homme Abdel-Karim Al-Rihawi, du poète Fouad Kehl et de la journaliste Myriam Haddad. 12/8 Arrestation des militants des droits de l’homme Ahmad Al-Kurdi et Ruchdi Rachid. 13/8 Arrestation du journaliste Sami Al-Halabi. 14/8 Arrestation du journaliste Mohammad Al-Tahhan. 16/8 Arrestation des militants des droits de l’homme Islam Al-Dabbas et Majd Al-Kholani. 17/8 Arrestation du metteur en scène Daham Al-Sattam, de l’artiste Mawloud Daoud et du journaliste Adel Kharsa. 20/8 Arrestation de la militante des droits de l’homme Malak Sayed Mahmoud. 22/8 Interdiction de diffusion de la série télévisée «Fawk Al-Sakf» (Sur le toit) du réalisateur Samer Barkawi. 22/8 Arrestation du militant des droits de l’homme Maamoun Nido et du journaliste Mohammad Al-Kayal. 23/8 Arrestation du journaliste Abdel-Majid Rached Al-Rahmoun et des militants des droits de l’homme Abdallah Khalil et Mohammad Zaghloul. 24/8 Arrestation du militant des droits de l’homme Radwan Sido. 25/8 Agression du caricaturiste Ali Ferzat lui causant des fractures aux mains. 25/8 La chaîne MBC déprogramme l’émission «Anta Tastahel» (Tu mérites) en réaction aux positions pro-régime du présentateur Georges Cordahi. 28/8 Les écrivains Fayez Sara, Michel Kilo et Louay Hussein interdits de voyage au Liban. 28/8 Arrestation du membre de l’OADH Abdel-Razzak Al-Howaidi. 29/8 Arrestation du journaliste Amer Abdel-Salam. 30/8 Agression et enlèvement du photographe de l’agence SANA Samer Al-Shami. 66 La liberté de la presse et de la culture - Liban, Syrie, Jordanie et Palestine Septembre 4/9 6/9 9/9 9/9 11/9 16/9 17/9 20/9 2/9 27/9 29/9 30/9 Arrestation du militant des droits de l’homme Juan Sleiman Ayo. Arrestation du militant des droits de l’homme Yehya Charbaji. Agression violente des parents du pianiste Malek Jandali à Homs. Le militant des droits de l’homme Ghayath Matar décède sous la torture. Arrestation du militant des droits de l’homme Delbrin Farhan Mohammad. Arrestation du militant des droits de l’homme Mohammad Ibrahim et de l’écrivain Ibrahim Mustapha. Le site de blogs Wordpress bloqué en Syrie. Arrestation de l’écrivain Moussa Zakhourani. Arrestation des militants des droits de l’homme Mohammad Saleh et Chibal Mohammad Amin Ibrahim. Assassinat des universitaires Naël Al-Dakhil et Mohammad Ali Akil. Assassinat de l’universitaire Ouss Khalil. Arrestation du réalisateur Ali Al-Sheikh Khodr. Octobre 1/10 2/10 7/10 7/10 15/10 Arrestation du militant des droits de l’homme Mansour Al-Atassi. Assassinat de l’universitaire Mohammad Al-Omar. Agression de l’ancien député syrien Riyad Seif. Assassinat de l’écrivain kurde Mechaal Tamo à Qamishli. Assassinat du militant des droits de l’homme Ziad Al-Obeidi à Deir Ez-Zor. 16/10 Arrestation de l’écrivain Ihsan Taleb. 24/10 Arrestation du blogueur Hussein Ghrer. 25/10 Arrestation de la journaliste Lina Saleh Ibrahim. Novembre 3/11 3/11 Arrestation de l’avocate Asma Al-Sassa. Le réalisateur Nidal Hassan porté disparu dans des circonstances mystérieuses. 13/11 Attaque d’une salle d’exposition à Soueïda et destruction des livres et œuvres d’art qu’elle contenait. 18/11 Arrestation du directeur du bureau de l’agence SANA à Deir Ez-Zor Alaa Al-Khodr et du militant des droits de l’homme Bahr Abdel-Razzak. 20/11 Le photographe Ferzat Jerban assassiné à Homs et ses yeux arrachés. 67 Syrie 2011 Le fil des exactions 21/11 23/11 30/11 Arrestation du militant des droits de l’homme Mustapha Osso. Le journal Baladna retiré de la circulation à cause d’un article du journaliste Bassem Juneid critiquant le parti Baath. Disparition du réalisateur Firas Fayad à l’aéroport de Damas. Décembre 4/12 8/12 14/12 19/12 20/12 27/12 68 Arrestation de la blogueuse Razan Ghazzawi. Arrestation de la photographe et productrice Guevara Nemr et de l’acteur Mohammad Al Rashi. Arrestation du journaliste Ammar Moussareh. Agression de l’artiste Jalal Al-Tawil. Arrestation du journaliste Mohammad Dahnoun. Assassinat du photographe Bassel Al-Sayed par une balle à la tête à Baba Amr à Homs. Jordanie 2011 Le défi des agressions physiques et de l’ingérence gouvernementale Firas Talhouk L’année 2011 a certes pris fin, mais le corps médiatique jordanien garde les séquelles des attaques physiques et morales répétitives qu’il a subies, et des tentatives de restreindre, voire d’étouffer les libertés de diverses manières. Les autorités ont recouru à la violence, très souvent de manière directe, pour empêcher la presse d’attirer l’attention sur les questions importantes. Rouer de coups les journalistes, prendre d’assaut les institutions médiatiques, menacer les employés, s’ingérer dans les médias en nommant les journalistes ou en les démettant de leurs fonctions... les exactions n’ont pas connu de répit. Les tentatives de promulguer des lois limitant les libertés médiatiques ont poussé le ministre d’Etat aux Médias et à la Communication Taher Al-Adwan à présenter sa démission le 6 juin 2011, en protestation contre les amendements apportés aux lois, qui « limitent la liberté de la presse et d’expression ». L’exemple le plus flagrant demeure l’article 23 de la loi anti-corruption qui a provoqué une vague d’indignation dans les rangs de la presse jordanienne. Cet article restreint la capacité des journalistes à dénoncer les actes de corruption. Les agressions physiques individuelles ou collectives, menées à l’encontre des journalistes, se sont multipliées. Les membres de la police et les civils se sont relayé ce rôle sur un pied d’égalité. Le 25 mars a été l’un des jours les plus violents, lorsque des agents de sécurité et des partisans du gouvernement ont attaqué les journalistes de manière préméditée, lors de la couverture d’une manifestation revendiquant des réformes constitutionnelles et la fin de l’ingérence des services secrets dans la vie politique. Le correspondant de l’agence Reuters, Abdel-Hadi Al-Ramhi a été battu par un civil, avant qu’une vingtaine de personnes ne prennent la relève, le rouant de coups ainsi que son assistant, après leur avoir cassé la caméra. Le chef du bureau de la chaîne AlArabiya, Saad Al-Silawi, ainsi que son équipe, ont aussi été battus par des civils et des agents de sécurité. L’équipe a également essuyé des jets de pierre et les agresseurs ont brisé les caméras et interdit au journaliste Ghassan Abou Loz de filmer. Quant au blogueur et journaliste Mohammad Omar, il a été blessé à l’œil et à la main, après avoir été roué de coups. Le 15 mai 2011, les forces de sécurité ont tiré sur nombre de journalistes qui couvraient la manifestation du droit au retour, commémorant le 63ème anniversaire de la Nakba ; les agents de sécurité et de la police ainsi que les partisans du gouvernement les ont également agressés et brisé leurs caméras. Le correspondant du site Al-Jazeera.Net à Amman, Mohammad Al-Najjar a été attaqué alors qu’il était dans sa voiture. Des civils ont pris d’assaut le bureau du journaliste Jihad Abou Baidar, le menaçant de brûler ses locaux et de le tuer. Le journaliste Youssef Damra a également été menacé de mort suite à la publication d’une enquête faisant éclater une affaire de fraude massive contre les citoyens jordaniens. Le journaliste Omar Al-Maharma a été blessé d’une pierre à la cornée de l’œil alors qu’il couvrait une manifestation à Amman le 14 octobre. Le siège de la chaîne Al-Jazeera a été attaqué à plusieurs reprises en 2011, et ses employés ont été poursuivis et menacés. La voiture du correspondant de la chaîne, Ahmad Jarrar, a été caillassée. L’Agence France Presse 69 Jordanie 2011 (AFP) a elle aussi eu son lot de violations : la correspondante Randa Habib a été attaquée par le quotidien Al-Ra’i au mois de juin dernier pour diffusion de « fausses informations » et non-respect de la neutralité, suite à la publication d’un article révélant que le cortège royal avait essuyé un jet de pierres. Habib a reçu plusieurs coups de fil, menaçant de « lui faire payer cher » ses écrits et des inconnus ont pris d’assaut le siège de l’agence. Le député jordanien Yehya Al-Saoud a même demandé que la correspondante en question soit traduite en justice et que les bureaux de l’AFP soient fermés en Jordanie. Les menaces se sont poursuivies jusqu’en juillet dernier lorsque des dizaines de personnes ont manifesté devant les bureaux de l’agence, exigeant leur fermeture. Des inconnus ont également pris d’assaut les locaux du quotidien Al-Ghad, dans une tentative de stopper la distribution du journal ; ils ont même attaqué l’un des distributeurs, lui fracturant la jambe. Les ingérences politiques et sécuritaires dans les médias se sont multipliées durant l’année. Le palais royal jordanien a fermement condamné AFP et Reuters, pour avoir publié des rapports, faisant état de critiques directes et sans précédent contre la reine Rania. Par ailleurs, le député jordanien Mohammad Suleiman AlShawabkeh a proféré des menaces contre le site Khaberni, insultant ses correspondants à deux reprises, alors que les services secrets jordaniens ont « demandé » aux sites d’information de supprimer un article rapportant une attaque contre une marche organisée par les Frères musulmans dans le gouvernorat de Mafraq au nord de la Jordanie. Le journaliste Omar Al-Assaf a porté plainte auprès du Centre national des droits de l’homme contre le chef des renseignements généraux, Mohammad Al-Rakkad ; ce dernier était intervenu pour empêcher Al-Assaf d’occuper un poste de direction au sein de son journal. Le nouveau ministre d’Etat aux Médias et à la Communication Rakan Al-Majali a démis de ses fonctions le rédacteur en chef du quotidien Al-Ra’i, Samih Al-Maayta, nommant à sa place le journaliste Majid Asfour, un ami du chef du gouvernement. Le rédacteur en chef du quotidien Al-Ghad, Moustapha Saleh a 70 présenté sa démission, sans donner de raisons. De même, le comité de rédaction du quotidien jordanien Al-Arab Al-Yaoum, qui comprend le président du journal et ex-ministre, Taher AlAdwan, le rédacteur en chef Fahd Al-Khitan et le directeur économique Salamah Al-Darawi, a présenté sa démission, en protestation contre la politique adoptée par le nouveau propriétaire Elias Jreissat ; la direction du journal les a directement remplacés. Le mouvement culturel a organisé une manifestation regroupant poètes et intellectuels jordaniens au cœur de la capitale, en protestation contre le traitement des journalistes et manifestants par les membres des services de sécurité. Ils ont par ailleurs réclamé l’ouverture des dossiers de corruption dans le secteur culturel et la levée de la censure imposée aux publications. Par ailleurs, plus de 40 artistes peintres jordaniens ont signé et soumis au ministre de la Culture une pétition exigeant des réformes pour améliorer l’image de leur art en Jordanie. L’écrivain Walid Hosni a porté plainte contre la Ligue des écrivains jordaniens qui lui a refusé l’adhésion. Plusieurs membres de la Ligue ont présenté leur démission en raison du « retard dans la publication d’un communiqué condamnant les actes de répression et de meurtre des manifestants en Syrie ». L’Association des artistes jordaniens a par ailleurs exprimé son mécontentement quant à la décision de l’écarter du haut comité du festival de Jerash. Tel a été l’état des libertés médiatiques en Jordanie en 2011. Les violations, qui ternissent l’image du pays, sont considérées par les artistes jordaniens comme « complètement étrangères à la société jordanienne ». La question se pose de savoir quelles sont les raisons qui ont engendré ces exactions dangereuses. Pour parvenir à une solution, il faudrait promouvoir un changement radical qui aille de pair avec les aspirations des peuples arabes en général, et des Jordaniens en particulier. Un tel changement nécessite de briser les tabous sociaux et politiques et d’abolir les lois restreignant les libertés médiatiques et culturelles. La liberté de la presse et de la culture - Liban, Syrie, Jordanie et Palestine Le fil des exactions Janvier 14/1 L’équipe de tournage d’Al-Jazeera agressée à Al-Karak. Février 11/2 Agression de plusieurs journalistes lors d’une manifestation dans la ville de Dhiban réclamant la chute du gouvernement. Mars 25/3 Agression des journalistes Abdel-Hadi Al-Ramhi, Saad Al-Silawi, Ghassan Abou Loz, Mohammad Omar, Nour Al-Amad, Alaa Al-Fazzaa et Charhabil Sweilem durant un sit-in réclamant des réformes constitutionnelles. Avril 18/4 20/4 Des partisans du général à la retraite Khaled Jamil Al-Sarayra menacent de mort le journaliste Jihad Abou Baidar et font irruption dans son bureau. Le journal Al-Ra’i interdit la publication d’un article du journaliste Sami Al-Zubaidi dans lequel il critique le silence du Syndicat des journalistes suite à l’attaque du bureau de Jihad Abou Baidar. Mai 12/5 15/5 Coups de feu sur le domicile du journaliste Bassem Sakjaha. Agression des journalistes Mohammad Al-Najjar, Mohammad Al-Ramhi, Rasha Al-Wahsh, Linda Al-Maayaa, Habib Abou Mahfouz, Ashraf Al-Shiab, Rabih Al-Saoub et Rana Al-Wahsh lors des manifestations du droit au retour. Juin 1/6 11/6 Le Tribunal de la sûreté d’Etat met le journaliste Alaa Al-Fazzaa en détention durant 14 jours dans le cadre d’une enquête concernant des informations qu’il avait postées sur sa page Internet. Un inconnu pirate l’adresse électronique du journaliste Qossai Al-Jaaroun et lui adresse des menaces. 71 Jordanie 2011 Le fil des exactions 15/6 Attaque du bureau de l’Agence France Presse à Amman et menaces proférées contre la correspondante Randa Habib. 21/6 Démission du ministre d’Etat aux Médias et à la Communication Taher Al-Adwan, en protestation contre les amendements visant à restreindre la liberté de la presse et d’expression. 22/6 La voiture d’Ahmad Jarrar, correspondant en Jordanie d’Al-Jazeera, caillassée. Juillet 15/7 Agression des journalistes Anas Damra, Ahmad Melkawi, Sami Mahasneh, Raëd Ouratni, Yasser Abou Hilaleh, Mona Al-Joulani, Khalil Mazraawi, Mohammad Al-Kaswani, Yazan Khawas, Ali Al-Zoabi et Ahmad Keblawi durant un sit-in à Ras Al-Aïn. Octobre 14/10 22/10 Le journaliste Omar Maharmeh blessé à l’œil lors d’une manifestation à Amman. Menaces de mort contre le journaliste Youssef Damra. Novembre 11/11 12/11 Les bureaux du journal Al-Ghad attaqués et plusieurs employés agressés. Irruption de partisans du régime syrien dans les bureaux d’Al-Jazeera à Amman. Décembre 20/12 72 Le ministre d’Etat aux Médias et à la Communication Rakan Al-Majali limoge le rédacteur en chef du journal Al-Ghad Samih Al-Maayta. Gaza 2011 Les grenades lacrymogènes israéliennes et les couteaux du Hamas… Ou comment réprimer les libertés médiatiques et culturelles à Gaza Widad Jarbouh L’année 2011 s’est achevée sans que la bande de Gaza ne parvienne à surmonter les conséquences du blocus aérien, terrestre et maritime quasi intégral imposé par les autorités israéliennes. Quant à l’ouverture du passage de Rafah, le seul poumon qui permet aux habitants de Gaza de respirer, elle ne dépend que de l’humeur des autorités égyptiennes. Au moment où le printemps arabe fleurit aux quatre coins de la région, la Palestine n’a toujours pas connu de véritable printemps. Témoins des soulèvements populaires qui ont émergé à travers le monde arabe, les jeunes Palestiniens ont lancé une campagne avec pour seul slogan : «Le peuple veut mettre un terme à la division», comme signe annonciateur d’un éventuel printemps palestinien. Mais cette ébauche de liberté ne fut hélas que de courte durée. Les services de sécurité du gouvernement destitué du Hamas ont adopté une politique de répression, notamment au cours des manifestations de jeunes et des mouvements populaires qui ont accompagné l’initiative pour la reconnaissance par l’ONU de l’Etat palestinien en septembre 2011. Pour justifier cela, le Hamas a entonné la même rengaine de «la protection de l’intérêt national général». L’enlèvement et l’exécution en avril du militant italien Vittorio Arrigoni par un groupe salafiste a été l’exaction la plus violente contre les libertés à Gaza en 2011 ; une année qui a connu une augmentation significative des violations contre les journalistes, intellectuels et militants des droits de l’homme. Le mouvement Hamas a poursuivi ses arrestations, agressions et détentions arbitraires, en ayant recours à l’intimidation, à l’humiliation et aux insultes pendant les interrogatoires. Les autorités israéliennes ont également poursuivi leurs agressions, en lançant délibérément des grenades lacrymogènes et en ouvrant le feu sur les reporters et photographes. Le journaliste Mohammad Othman a été atteint d’une balle à la poitrine, le journaliste Mohammad Al-Madhoun a été grièvement blessé à la tête, et bien d’autres ont souffert de troubles respiratoires aigus et d’empoisonnement en raison des grenades lacrymogènes que les forces israéliennes ont lancées au cours des manifestations pacifiques. Dans son approche, le mouvement Hamas a adopté la politique du double discours. Au moment où plus d’un responsable du bureau de presse gouvernemental a insisté sur la nécessité de ne pas s’en prendre aux journalistes, de mettre fin aux convocations et de libérer tout journaliste arrêté, l’ampleur des violations était claire sur la scène gazaouie. Les services secrets du Hamas ont poursuivi leur campagne de répression : coups de poing, coups de pied, matraques en bois ou en fer, pistolets à décharge électrique et coups de poignard... Plus de 55 agressions contre les journalistes, intellectuels, artistes, blogueurs et militants ont été recensées. Certains ont même été attaqués plus d’une fois, à l’instar de la correspondante du Centre SKeyes Asmaa Al-Ghoul, qui a été bousculée, insultée, battue et fouillée de manière humiliante dans la rue et au cours de son interrogatoire. Mais l’exaction la plus dangereuse a été perpétrée contre la journaliste et photographe Samah Al-Rawagh : celle-ci a été poignardée dans le dos, alors qu’elle couvrait la manifestation populaire visant à mettre fin à la division inter-palestinienne. De plus, le photographe de l’agence Reuters, Mohammad Shanaa, a failli être renversé du balcon de l’agence et un pistolet a été pointé sur la tempe du photographe Mohammad Jadallah. C’est par les menaces et l’intimidation que le gouvernement destitué du Hamas a forcé les journalistes à s’abstenir de «propos provocateurs» dans leurs écrits. Il a multiplié les pressions exercées sur les journalistes, les convocations, les arrestations et les investigations sans aucun justificatif légal ; des cas de torture ont même été enregistrés pendant leur détention. Plus de treize journalistes ont été arrêtés cette année, dont certains plus d’une fois, comme Salah Abou Saleh. Pour procéder à leur arrestation, le gouvernement du Hamas n’a trouvé pour seule 73 Gaza 2011 excuse que la «coopération avec le mouvement Fatah», à l’instar de Ziad Awad, Mahmoud AlBarbar et Hani Al-Agha. Pour intimider les journalistes et les empêcher d’exercer leur travail, les services du Hamas ont également eu recours aux convocations pour une durée de plusieurs heures. Plus de 27 cas de détention provisoire ont été recensés, et certains ont même été convoqués plus de trois fois, comme le blogueur et poète Mahmoud AlMounirawi, qui a été accusé de «propager la laïcité à travers ses articles et poèmes». Réalisateurs et artistes n’ont pas été épargnés par les services de sécurité, comme le rappeur Mohammad Antar et le réalisateur Jamal Aboul-Komsan. Le gouvernement du Hamas a fermé les yeux sur les harcèlements dont les reporters ont été victimes au cours d’interventions télévisées en direct, comme Abdallah Mikdad, le correspondant de la chaîne Al-Quds. Les services de sécurité ont également fait irruption dans plusieurs bureaux de presse à Gaza, dont ceux de l’agence Al-Mayadin, la télévision japonaise et l’agence Reuters ; ils ont à cette occasion roué les employés de coups et saccagé les bureaux. Le gouvernement du Hamas ne s’est pas contenté de recourir à ses services de sécurité pour mener sa politique de répression contre les journalistes ; il a fait appel aux journalistes affiliés au Hamas et au mouvement du Jihad Islamique, qui ont pris d’assaut le Syndicat des journalistes deux fois cette année, forçant les membres du Syndicat à quitter les lieux sous la menace des armes, et sous prétexte que le Syndicat est illégal. L’année a pris fin et les membres du Syndicat sont toujours incapables d’entrer dans leurs bureaux. Le gouvernement du Hamas a de même empêché plusieurs journalistes et blogueurs de voyager sans raison convaincante. Par ailleurs, l’accès à la bande de Gaza a été interdit à certains journalistes étrangers, sauf sur signature d’un papier, par le biais duquel ils s’engageaient à ne pas porter atteinte au mouvement Hamas dans leurs écrits. La poursuite des attaques contre les libertés publiques et les droits des intellectuels a eu des répercussions négatives sur la vie culturelle. La marginalisation de la démocratie et du pluralisme intellectuel a favorisé une sensibilité culturelle unique, celle de l’institution religieuse. La police du Hamas a en effet retiré les romans «Chicago» de l’écrivain égyptien Alaa Al-Aswany et «Walima Li Aachab Al-Bahr» (Le festin des algues) de l’écrivain syrien Haidar Haidar, sous prétexte qu’ils «portaient atteinte à la morale et insultaient l’Islam». Il est également impossible de monter des troupes de théâtre ou de danse mixtes ; une atteinte aux principes de la religion musulmane selon le Hamas. Les représentations théâtrales sont également soumises au contrôle du gouvernement avant de pouvoir être jouées. Les événements de l’année 2011 dans la bande de Gaza ont eu un impact direct sur la liberté d’expression. En réaction au printemps arabe et au conflit inter-palestinien, la répression n’a fait que gagner en ampleur. Mais des signes d’espoir sont apparus en fin d’année suite au début de réconciliation entre les mouvements Hamas et Fatah : la distribution des journaux cisjordaniens a repris à Gaza et ceux de Gaza sont à nouveau disponibles en Cisjordanie, après plus d’un an d’interdiction, idem pour la diffusion des chaînes de télévision satellitaires proches des deux camps. Le fil des exactions Janvier 26/1 31/1 74 Les romans «Chicago» de l’auteur égyptien Alaa Al-Aswany et «Walima Li Aachab Al-Bahr» de l’écrivain syrien Haidar Haidar interdits de vente. La police du Hamas agresse la correspondante de SKeyes Asmaa Al-Ghoul et plusieurs autres journalistes et blogueuses, dont Nazek Abou Rahmé, Razan Al-Madhoun, Abir Ayoub et Ibaa Zulfikar Swirjo. La liberté de la presse et de la culture - Liban, Syrie, Jordanie et Palestine Le fil des exactions Février 11/2 Agression du correspondant de la télévision allemande Shawki Yehya Al-Ghorra. Mars 8/3 Des journalistes proches du Mouvement Hamas occupent le siège du Syndicat des journalistes palestiniens. 15/3 Agression de la correspondante de SKeyes Asmaa Al-Ghoul, de la photographe Samah Al-Rawagh et 20 autres journalistes lors de leur couverture des manifestations réclamant la fin de la division palestinienne. 17/3 Agression des journalistes Issam et Mahmoud Al-Ajrami, Mohammad Al-Baba, Wissam Yassine, Khodr Abou Kweik et Ismaïl Al-Zaanoun et du chercheur Mohammad Abdallah durant un sit-in devant le siège de l’UNRWA. 19/3 Agression des journalistes Manal Hassan Al-Nawajha, Mustapha Al-Bayed, Sami Abou Salem, Khaled Al-Ashkar, Mohammad Jadallah, Mohammad et Abdel-Rahman Shanaa, Munzer Khalil Al-Sharafi et Nasr Aboul-Foul, lors d’une descente de la police du Hamas dans plusieurs bureaux de presse à Gaza. 27/3 Agression du journaliste Mohammad Abdel-Nabi. 30/3 Agression des journalistes Ted Nieters, Wissam Mohammad Yassine, Iyad Talal Taha, Mohammad Al-Hassoum, Mamdouh Al-Sayed et Wajih Al-Najjar. Avril 7/4 Le journaliste Mohammad Al-Madhoun blessé lors d’un bombardement israélien. 14/4 Exécution du journaliste et militant de la paix italien Vittorio Arrigoni par un groupe islamiste intégriste. Mai 3/5 15/5 Agression du journaliste Zakaria Al-Talmas. Les journalistes Mohammad Othman, Hussein Karsoua et Mohammad Bakr Al-Lawh blessés par les soldats israéliens. 75 Gaza 2011 Le fil des exactions Juin 13/6 Agression du militant des droits de l’homme Samer Abou Rahmé durant son interrogatoire. 15/6 Arrestation du journaliste Majed Abou Salameh. 22/6 Agression de l’écrivain Assaad Al-Saftawi durant son interrogatoire. 26/6 Agression du correspondant de France 24 Salameh Atallah durant son interrogatoire. Juillet 6/7 Agression du journaliste Samir Hamto par des responsables du journal Falastin. 10/7 Tentative d’incendie du bureau de l’agence WAFA à Gaza. Août 21/8 Arrestation du journaliste Fathi Mahmoud Tubail et des blogueurs Arafat Al-Hajj, Mohammad Siam, Mohammad Ismaïl, Fadi Al-Shafeï et Khalil Al-Wazir. Septembre 23/9 27/9 30/9 Arrestation du metteur en scène Jamal Aboul-Komsan. Le correspondant de la BBC Jon Donnison interdit d’accès à Gaza. Agression du journaliste Youssef Al-Hélou. Octobre 11/10 27/10 Des journalistes du Hamas et du Jihad Islamique occupent le siège du Syndicat des journalistes palestiniens. Arrestation du journaliste Salah Abou Saleh. Novembre 22/11 23/11 24/11 27/11 29/11 76 Arrestation du journaliste Ziad Awad. Arrestation du blogueur Mahmoud Al-Barbar. Arrestation du journaliste Hani Al-Agha. Cambriolage du bureau de l’agence de presse SAMA. Arrestation du journaliste Salah Abou Saleh pour la seconde fois en un mois. Cisjordanie 2011 Les journalistes, cibles vivantes des soldats israéliens et victimes des abus de l’Autorité palestinienne Widad Jarbouh Au moment où le printemps arabe fleurit aux quatre coins de la région, les libertés médiatiques et culturelles ont poursuivi leur déclin en Cisjordanie, en dépit de l’existence de lois et règlements censés les garantir. La réalité politique complexe a eu un impact négatif sur les journalistes et intellectuels palestiniens qui ont énormément souffert de l’occupation israélienne. Les soldats israéliens les ont souvent attaqués délibérément, afin de les intimider et les empêcher d’exercer leur devoir professionnel, sans compter les violations perpétrées par les services de sécurité de l’Autorité palestinienne. Au milieu de cette réalité difficile, le meurtre de l’acteur et réalisateur Juliano Saliba Khamis, à Jénine, par des inconnus armés au début du mois d’avril, a déclenché une large vague de condamnations dans les milieux populaires et culturels palestiniens. Les journalistes ont constitué une «cible vivante» pour les soldats israéliens, qui les ont empêchés de rapporter les violations commises à l’encontre du peuple palestinien. Balles en caoutchouc, grenades lacrymogènes et assourdissantes, pulvérisation d’eaux usées mélangées à des produits chimiques... 34 attaques directes et préméditées ont été recensées cette année, notamment au cours de la couverture des manifestations hebdomadaires contre la colonisation et la clôture de séparation ; plusieurs journalistes, reporters, photographes et militants des droits de l’homme ont souffert de troubles respiratoires aigus et de brûlures. Les soldats israéliens ont également confisqué et détruit les équipements de plusieurs bureaux de presse, après y être entrés par effraction. Les artistes et les théâtres n’ont pas non plus échappé aux attaques. Les soldats israéliens ont pris d’assaut le théâtre Al-Hurriya (La Liberté) et en ont détruit l’enceinte après avoir cassé les fenêtres vitrées. Ils ont également procédé à l’arrestation de son directeur Adnan Ibrahim Naghnaghieh et du président du conseil d’administration Bilal Khaled Al-Saadi. Les membres de l’équipe du théâtre Al-Ahlam (Les Rêves) ont été fouillés de manière humiliante et les autorités israéliennes ont interdit à nombre de journalistes et d’intellectuels palestiniens de voyager, sans raison valable. Israël a également interdit la diffusion du livre «Pilier du trône de Dieu, sur la religion et la politique en Israël» de l’écrivain Ahmad Rafic Awad dans les territoires palestiniens, un livre qui «met en relief le phénomène d’intégrisme religieux dont la société israélienne est fortement imprégnée». Les autorités israéliennes ont arrêté et interpelé plus de 19 journalistes et ont relâché 12 après les avoir interrogés. La «détention administrative» a pris une ampleur considérable cette année ; c’est une pratique qui consiste à arrêter une personne sans quelconque acte d’accusation ni procès, avec possibilité de renouveler plusieurs fois la détention pour une période pouvant atteindre les six mois; tel a été le cas du journaliste Walid Khaled dont la détention administrative a été prolongée à deux reprises. L’année 2011 a pris fin et les journalistes Nawaf Al-Amer, Walid Khaled et Raëd Al-Sharif sont toujours détenus dans les geôles israéliennes. Sur le plan interne, le conflit politique entre les mouvements Fatah et Hamas a eu des répercussions négatives sur la liberté d’expression en Cisjordanie. Certes, un accord de réconciliation a été conclu en fin d’année et les services de sécurité des deux mouvements ont changé de comportement vis-àvis des journalistes et intellectuels, cependant les violations se sont poursuivies aussi bien à Gaza qu’en Cisjordanie. Le système politique palestinien a joué un rôle primordial dans le renforcement de l’autocensure appliquée par les journalistes, de crainte qu’ils ne soient attaqués. Plus de 20 cas d’arrestation et de convocation ont été recensés et certaines personnes ont même été convoquées plus d’une fois par les services de sécurité de l’Autorité palestinienne, à l’instar du journaliste Sami Al-Assi et du photographe Asiad Amarneh. De même, plusieurs journalistes, appartenant à des institutions médiatiques opposées à l’Autorité palestinienne ont été attaqués et interrogés et 77 Cisjordanie 2011 leurs équipements confisqués, comme les mouvement Hamas. au Contrairement à l’article 19 de la loi fondamentale palestinienne qui garantit les libertés d’opinion et d’expression à l’intérieur des territoires palestiniens, des poursuites judiciaires ont été menées à l’encontre de plusieurs journalistes, accusés notamment de «porter atteinte au prestige de l’État» ; la plupart d’entre eux travaillent au sein d’institutions médiatiques proches du mouvement Hamas. Et pour mener à bien cette politique d’intimidation psychologique, voire de torture morale, les procès ont été retardés et les jugements ont été reportés sans justification légale, parfois même jusqu’à six fois, à l’instar de l’écrivain Issam Shawar et du journaliste Alaa Al-Titi, qui ont été acquittés par la suite. La violation des libertés culturelles en Cisjordanie a pris de l’ampleur avec la décision du procureur général palestinien de mettre fin à la diffusion de l’émission satirique «Watan Aa Watar», sous prétexte qu’elle porte atteinte au rôle des services de sécurité, des autorités judiciaires et des professions médicales ; c’est la première fois que le procureur général décide de mettre fin à un programme diffusé sur la télévision nationale palestinienne. Ainsi, les libertés médiatiques et culturelles en Cisjordanie en 2011 ont été tantôt bafouées par l’occupation israélienne, et tantôt laissées à la merci du conflit inter-palestinien. Mais rien ne semble décourager le Palestinien ; il puise du printemps arabe, en plein essor dans les pays voisins, la force qu’il lui faut pour poursuivre sa lutte, dans l’espoir de pouvoir goûter à son tour au printemps, et de confirmer une croyance profonde, selon laquelle le véritable printemps arabe débute en Palestine, et s’achève en Palestine. Le fil des exactions Janvier 17/1 La Sécurité préventive palestinienne (SPP) arrête le journaliste Issam Shawar. 24/1 La SPP arrête le chercheur à l’Université nationale An-Najah Adnan Aoudeh. 24/1 Le bureau d’Al-Jazeera à Ramallah attaqué. 26/1 Le bureau de l’agence Pal Media à Naplouse attaqué. Février 4/2 15/2 17/2 Le photographe Haitham Al-Khatib blessé lors d’une manifestation hostile à la clôture de séparation à Bilin. La SPP arrête le journaliste Sami Al-Assi. Les forces israéliennes bloquent la reconstruction du siège du Syndicat des journalistes palestiniens à Hébron. Mars 16/3 L’émission satirique «Watan Aa Watar» déprogrammée pour empêcher la diffusion d’un sketch critiquant le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi. 17/3 Les chaînes de télévision arabes interdites dans la prison israélienne de Shata. 78 La liberté de la presse et de la culture - Liban, Syrie, Jordanie et Palestine Le fil des exactions Avril 4/4 15/4 17/4 19/4 21/4 Assassinat du metteur en scène Juliano Khamis à Jénine. Les forces israéliennes font irruption dans le théâtre Al-Ahlam à Hébron. La SPP prolonge la détention du journaliste Islam Al-Halaika. Le photographe Wajdi Ashtieh agressé. Les forces israéliennes arrêtent l’écrivain Ahmad Katamesh. Mai 15/5 Les autorités israéliennes placent le journaliste Walid Khaled Ali en détention administrative pour une période de six mois. 15/5 La police israélienne agresse le journaliste Hisham Abdel-Hafiz Al-Sharabati. 22/5 Une unité israélienne fait irruption dans le domicile de Murad Al-Sudani, secrétaire général de l’Union générale des écrivains palestiniens. 26/5 Une unité israélienne fait irruption dans le domicile du journaliste Alaa Al-Titi. 27/5 L’écrivain Firas Jaber arrêté par les forces israéliennes. Juin 13/6 13/6 17/6 18/6 28/6 Les services de renseignement palestiniens séquestrent le journaliste Ahmad Al-Khatib et confisquent des photos lui appartenant. La journaliste Ibtihal Mansour violemment agressée. L’artiste Rabih Turkman atteint d’une balle en caoutchouc lors de la manifestation hebdomadaire à Bilin contre la clôture de séparation et la colonisation. Le photographe Wajdi Ashtieh blessé à la main par une grenade lacrymogène à Naplouse. Les forces israéliennes arrêtent le journaliste Nawaf Al-Amer et le directeur du Centre d’études Al-Ahrar Fouad Al-Khafash. Juillet 5/7 9/7 10/7 Un tribunal israélien condamne le journaliste Nawaf Al-Amer à cinq mois de prison. Le photographe Hazem Badr agressé à Hébron. Les forces israéliennes arrêtent le journaliste Mohammad Bisharat. 79 Cisjordanie 2011 Le fil des exactions 22/7 25/7 27/7 29/7 Le photographe Haitham Al-Khatib blessé par une grenade lacrymogène lors de la manifestation de Bilin. Israël interdit la diffusion dans les territoires palestiniens d’un livre écrit par Ahmad Rafic Awad. Les forces israéliennes font irruption dans le théâtre Al-Hurriya à Jénine et arrêtent son directeur Adnan Ibrahim Naghnaghieh et le président du conseil d’administration Bilal Khaled Al-Saadi. Agression du journaliste Mouhib Al-Barghouthi lors d’une manifestation à Nabi Saleh. Août 9/8 16/8 21/8 22/8 25/8 Les services de renseignement israéliens arrêtent le correspondant d’Al-Jazeera en Afghanistan Samer Allawi. Le procureur général palestinien décide l’interdiction de l’émission satirique «Watan Aa Watar» diffusée sur la télévision palestinienne. Les forces israéliennes arrêtent le journaliste Asiad Amarneh. Les forces israéliennes arrêtent le journaliste Amer Abou Arfeh. L’universitaire Abdel-Sattar Kassem détenu pendant 15 jours sur ordre du Parquet palestinien. Septembre 9/9 Les forces israéliennes arrêtent Mohammad Breijieh, porte-parole du Comité populaire de résistance contre la clôture et la colonisation. 9/9 Le reporter de Palestine TV Haroun Amayra et le photographe Fadi Al-Jayoussi atteints de troubles respiratoires durant la répression israélienne de la manifestation de Bilin. 10/9 Le journaliste Georges Canawati détenu pendant deux jours par le Parquet palestinien. 16/9 Le photographe Alaa Badraneh blessé lors de l’irruption israélienne dans le village de Kasra. 20/9 Le photographe Ayman Al-Noubani blessé lors de l’attaque par les colons israéliens d’un village proche de Naplouse. 22/9 Les services de renseignement palestiniens arrêtent le journaliste Mohammad Mona. 23/9 Un journaliste français blessé lors de la manifestation de Nabi Saleh. 27/9 La SPP arrête le journaliste Mohammad Bisharat. 80 La liberté de la presse et de la culture - Liban, Syrie, Jordanie et Palestine Octobre 5/10 La SPP arête le journaliste Mohammad Mona pour la seconde fois en deux semaines. 6/10 Le Parquet palestinien prolonge la détention du journaliste Sodki Moussa. 11/10 Les journalistes Firas Tnaineh, Achraf Katkat, Sara Al-Adra et Mohammad Radi atteints de troubles respiratoires lors de la répression israélienne d’un sit-in devant la prison d’Ofer. 26/10 Le photographe Majdi Al-Safadi atteint d’une pierre lancée par des colons israéliens à l’ouest de Ramallah. 29/10 Les journalistes Fidaa Nasr, Hussam Abou Allan, Abdel-Hafiz Al Hashlamoun et Hazem Badr blessés lors de la répression israélienne d’une manifestation à Beit Ummar. Novembre 14/11 18/11 Les forces israéliennes arrêtent le journaliste Raëd Al-Sharif. Les journalistes Majdi Ashtieh, Issam Al-Rimawi et Mohammad Turkman blessés lors de la manifestation de Nabi Saleh. Décembre 2/12 7/12 9/12 19/12 28/12 30/12 31/12 31/12 Le photographe Walid Maamoun blessé par une grenade lacrymogène lors de la manifestation de Bilin, et le journaliste Majid Ashtieh agressé par les forces israéliennes durant la manifestation de Nabi Saleh. Les forces israéliennes arrêtent le coordinateur du forum culturel Tanwir Youssef Abdel-Haq. Les photographes Najib Farawneh et Ali Abou Rahmé blessés lors des manifestations de Nabi Saleh et Bilin. La journaliste Linda Shalash blessée par une grenade lacrymogène tirée par les forces israéliennes devant la prison d’Ofer. Les forces israéliennes arrêtent le journaliste Amine Abou Wardé. Le journaliste Issam Al-Rimawi atteint d’une grenade lacrymogène lors de la manifestation de Nabi Saleh. Le photographe Ashraf Abou Shawish atteint d’une grenade lacrymogène lors de l’irruption de colons israéliens dans le village d’Assira Al-Qiblia. La police palestinienne empêche le chanteur Bassel Zayed de compléter sa chanson lors des célébrations du Nouvel An à Ramallah. 81 Territoires de 1948 Politique de répression et lois racistes contre les Palestiniens des Territoires de 1948 Firas Talhouk L’année 2011 s’est refermée sur des lois racistes votées par la Knesset et des violations continues contre le droit des journalistes arabes dans les Territoires de 1948... Au cours des douze mois de l’année, les autorités israéliennes ont inlassablement poursuivi leurs violations à l’encontre des libertés médiatiques et culturelles, faisant fi des conventions internationales pour la protection des libertés et de la diversité culturelle. Attaques physiques, convocations, arrestations, éloignement forcé sans chef d’accusation ni procès, interdiction d’accès aux journalistes, irruption dans les institutions médiatiques, confiscation ou destruction de matériel... les forces israéliennes ont fait preuve d’une grande violence à l’encontre des journalistes, photographes et reporters. Les autorités israéliennes n’ont pas hésité à arrêter les journalistes à bord de la «Flottille de la liberté pour Gaza» et ont essayé de faire passer un projet de «loi sur la diffamation», perçu par les journalistes arabes et israéliens comme une tentative de museler la presse. Les autorités israéliennes ont poursuivi leurs attaques à l’encontre des journalistes de Jérusalem, leur interdisant régulièrement d’exercer leur devoir professionnel, notamment dans la cour de la mosquée Al-Aqsa, dans le quartier palestinien de Ras Al-Amoud et dans le village de Selwan à Jérusalem. Le 28 janvier 2011, les autorités israéliennes ont interdit à plus de 21 journalistes et reporters de couvrir les affrontements entre les soldats et les habitants de Selwan. Le 11 mars, les soldats israéliens ont attaqué plus de 17 journalistes à coups de gaz lacrymogène, avant de leur barrer le passage et de les asperger d’eau boueuse. La journaliste Diala Jwaihan, les photographes Ahmad Jalajel, Ahmad Siam et Moammar Awad ainsi que des dizaines de leurs collègues ont été plus d’une fois agressés et interdits d’accès à la ville. Le 16 janvier, des membres de la police ont roué de coups le journaliste Hussein Al-Abra, et un policier a même essayé de lui rouler dessus, pour l’empêcher de filmer la destruction du village d’Al-Araqib dans le Néguev, bien qu’Al-Abra lui ait montré sa carte de journaliste. Les autorités israéliennes ont même menacé les journalistes étrangers de les empêcher d’entrer en Israël au cas où ils participaient à la «Flottille de la liberté», et les violations ont atteint leur apogée lorsque la marine israélienne a pris d’assaut les bateaux de la flottille «Vagues de liberté pour Gaza» ; elle a brutalisé et menacé les journalistes et militants à bord avant de les arrêter puis de les relâcher, les forçant à signer un document dans lequel il reconnaissaient être entrés illégalement en Israël. De nouvelles techniques immorales pour humilier les journalistes ont également été adoptées : les membres du Shin Beth, le service de contre-espionnage et de sécurité intérieure de l’État d’Israël, ont soumis les journalistes à une inspection humiliante et cruelle, notamment les Turcs et les Arabes parmi eux, alors qu’ils s’apprêtaient à couvrir la conférence annuelle pour la presse étrangère, tenue par le Premier ministre Benjamin Netanyahu à l’occasion du Nouvel An. La sécurité israélienne a forcé la correspondante de l’Agence France Presse, Sarah Hussein, à retirer son soutien-gorge, après lui avoir fait subir une palpation humiliante derrière un rideau. Tout au long de l’année 2011, les autorités israéliennes ont empêché les journalistes d’entrer à la mosquée Al-Aqsa pour y couvrir les événements, notamment quand les colons israéliens en ont envahi l’enceinte. Le Parquet a émis un acte d’accusation à l’encontre du journaliste Mahmoud Abou Ata en mars 2011, pour avoir couvert les événements à la mosquée Al-Aqsa en 2009. De même, le photographe Farid Saleh a été arrêté lors de la couverture d’un festival, et il a été éloigné de la vieille ville pour 83 Territoires de 1948 une période de 15 jours. Les journalistes Mona Al-Kawasimi et Mayssa Abou Ghazaleh ont été arrêtées alors qu’elles filmaient l’intrusion de colons israéliens dans la mosquée Al-Aqsa ; à noter que leurs téléphones portables et caméras ont été confisqués. Les autorités israéliennes ont pris d’assaut le bureau du site web Hon Falastin, après avoir arrêté le reporter Moaz Qaymari et confisqué toutes les caméras. Elles ont par ailleurs mis fin à la diffusion de la radio Sawt Al-Salam (Voix de la Paix) après avoir fait irruption dans les bureaux de la station et menacé son directeur. Les forces israéliennes ont également procédé à l’arrestation du propriétaire du site web Baladee, Imad AlMerhi, et l’ont contraint à la réclusion à domicile loin de son village natal et de son lieu de travail. Son procès a été ajourné à plusieurs reprises. Des membres de la police israélienne ont également pris d’assaut le théâtre Al-Hakawati à Jérusalem, sur ordre du ministre de la Sécurité, et ont par ailleurs procédé à l’arrestation de son directeur Jamal Ghosheh. Nombre de lois racistes visant à éradiquer l’histoire et l’identité des citoyens arabes dans les Territoires de 1948 ont accompagné cette politique de répression. Les lois les plus importantes demeurent celles visant à interdire l’appel à la prière des muezzins et la nomination de juges arabes à la Cour suprême. Un projet de loi obligeant les citoyens arabes à signer un serment d’«allégeance à l’État d’Israël» comme condition pour l’obtention d’une carte d’identité, d’un passeport ou d’un permis de conduire, a également été proposé. Le rideau est tombé sur l’année 2011 marquée par des violations graves contre les libertés médiatiques et culturelles dans les Territoires de 1948. Les autorités israéliennes semblent plus déterminées que jamais à faire passer à la Knesset de nouvelles lois racistes. Avec l’éventualité d’élections législatives anticipées en Israël, les libertés médiatiques et culturelles risquent d’être, une fois de plus, victimes de la course effrénée au pouvoir et des positions extrémistes des partis israéliens. Le fil des exactions Janvier 4/1 Arrestation du directeur du Centre d’information de Wadi Hilweh Jawad Siam. 10/1 Menaces de mort adressées au journaliste Zuhair Andraos. 16/1 Agression du journaliste Hussein Al-Abra par la police israélienne. 22/1 Le photographe Hamza Naaji blessé par une balle en caoutchouc. 28/1 La journaliste Diala Jwaihan et le photographe Ahmad Jalajel blessés par une grenade lacrymogène. 30/1 Le président de la Commission des libertés dans les Territoires de 1948 Amir Makhoul condamné à neuf ans de prison. Février 4/2 84 Les journalistes Diala Jwaihan, Mahmoud Olayan, Mohammad Abou Sneineh, Moammar Awad et Mahfouz Abou Turk blessés par des grenades lacrymogènes israéliennes à Ras Al-Amoud. La liberté de la presse et de la culture - Liban, Syrie, Jordanie et Palestine Le fil des exactions 17/2 L’artiste Fidaa Al-Chaer condamné à trois ans de prison. Mars 16/3 25/3 Agression et arrestation du photographe Ahmad Jalajel. Arrestation du photographe Nour Karameh pour avoir pris des photos de l’affrontement entre la police israélienne et des militants de la paix à Selwan. Avril 5/4 22/4 24/4 27/4 29/4 Poursuite judiciaire contre des enseignants arabes ayant pris part à la grève de la «Journée de la Terre». Interdiction d’un festival dans la ville de Qalansuwa à l’occasion de la Journée du prisonnier palestinien. Arrestation du photographe Farid Saleh pour avoir pris des photos d’un rassemblement dans la mosquée Al-Aqsa. Irruption des forces israéliennes dans le théâtre Al-Hakawati de Jérusalem. Le photographe Ahmad Siam blessé par une balle en caoutchouc. Mai 15/5 15/5 17/5 27/5 Agression de l’équipe de tournage d’Al-Jazeera composé de Shirine Abou Akleh, Najwan Samri, Nabil Mazzawi, Maamoun Othman et Majid Safadi par des partisans du régime syrien. L’Université Hébraïque interdit la projection du film «Maaloul» à l’occasion de la journée de la Nakba, et l’Université de Haïfa interdit une conférence sur la Nakba. La sécurité de l’Université Hébraïque interdit aux étudiants arabes de participer au festival du patrimoine palestinien. Les journalistes Diala Jwaihan, Ata Owaissat et Sleiman Khodr agressés lors d’une manifestation à Ras Al-Amoud. Juin 1/6 5/6 5/6 Arrestation des journalistes Mona Al-Kawasimi et Mayssa Abou Ghazaleh. Interdiction d’une conférence intitulée «Oui à Jérusalem palestinienne et arabe». Agression du photographe Ahmad Siam. 85 Territoires de 1948 Le fil des exactions Août 14/8 Arrestation du président de l’association Hurriyat (Libertés) Mohammad Kanaana. Septembre 5/9 Fermeture de l’organisation palestinienne An-Najah (La réussite) à Jérusalem. 23/9 Le photographe Moammar Awad grièvement blessé à Ras Al-Amoud. 23/9 Arrestation du directeur du Club des prisonniers palestiniens à Jérusalem Nasser Qaws. 28/9 Arrestation du photographe Ahmad Jalajel. Octobre 10/10 23/10 Le journaliste Abdel-Latif Ghaith interdit d’accès à la Cisjordanie pour une période de six mois. Irruption des forces israéliennes dans les locaux du site Hon Falastin et séquestration du reporter Moaz Kaymari. Novembre 3/11 16/11 17/11 Abordage de la flottille «Vagues de liberté pour Gaza» et interpellation violente des journalistes Lina Atallah, Casey James, Ayman Zubair, Jihane Hafez et Hassan Ghani. Arrestation de la journaliste Israa Salhab. Arrêt de la diffusion de la radio Voix de la Paix. Décembre 21/12 86 Interdiction des chants en arabe et d’un concert à l’Université de Haïfa à l’occasion de la fête de Noël. conclusion Que faire, face aux violations de la liberté d’expression ? Joseph Melhem Al-Hachem Les violations menées contre les libertés médiatiques et culturelles dans chacun des quatre pays couverts par l’activité du Centre SKeyes, à savoir le Liban, la Syrie, la Palestine et la Jordanie, ont pris différentes formes. Le nombre significatif de violations recensées par le Centre SKeyes en 2011 va à l’encontre des aspirations du printemps arabe et des peuples assoiffés de liberté et de démocratie, après de longues décennies de répression. Plusieurs journalistes et intellectuels des quatre pays concernés ont été traduits en justice et soumis à des interrogatoires devant les tribunaux civils et militaires. Leurs procès ont très souvent été ajournés et les jugements prononcés étaient, pour le moins, injustes et illégitimes, portant même atteinte au pouvoir judiciaire et favorisant un climat d’autocensure qui inhibe la liberté d’expression et le potentiel de créativité. En contrepartie, les agressions menées à l’encontre des journalistes, intellectuels et blogueurs ont rarement fait l’objet d’un suivi judiciaire digne de ce nom. Les attaques ont pris diverses formes, allant de la violence physique au meurtre, en passant par les coups, les menaces, les convocations répétées, les détentions et les enlèvements. Mais l’exaction la plus atroce fut certes la mutilation des corps, notamment en Syrie. Les violations perpétrées à l’encontre des médias électroniques ne furent pas moins nombreuses : piratage, mise en place de lois restrictives, utilisation de sites web affiliés aux autorités et à leurs services secrets en vue de nuire à la réputation des journalistes et menaces postées sur leur page personnelle. Nombre de blogueurs ont également été arrêtés sous des prétextes fallacieux, et les autorités, notamment à Gaza et en Syrie, ont même interdit à certains d’entre eux de voyager pour assister à des conférences à l’étranger. Tous ces abus imposent aux journalistes, artistes, intellectuels et blogueurs de prendre certaines mesures indispensables, afin de consolider les moyens de prévention contre les violations de toutes sortes : 1. Documenter tous les actes de violence, menaces et attaques et les soumettre aussi vite que possible aux organisations de défense des droits de l’homme et aux autorités compétentes. 2. Renforcer les liens et favoriser la coopération entre les différents membres du corps médiatique, culturel et artistique. 3. Reconnaître que la liberté et l’impartialité de l’autorité judiciaire sont des conditions essentielles au libre exercice de la profession journalistique, culturelle et artistique. Il serait donc important de trouver un lien, même moral, entre le corps judiciaire d’une part et le corps médiatique et culturel de l’autre, en dénonçant toute pression exercée sur le pouvoir judiciaire et en révisant les textes de loi afin d’en combler les failles et promouvoir les libertés. 87 conclusion 4. Prendre conscience qu’il existe des idées préconçues à l’origine des violations contre les libertés, à savoir toutes les idéologies qui justifient les attaques menées contre les journalistes et intellectuels ou celles, non moins dangereuses, qui incitent à l’extrémisme religieux, fondées sur une interprétation des textes religieux pour « diviniser » ces attaques. 5. Accorder une importance particulière aux attaques perpétrées contre les femmes journalistes, intellectuelles et artistes, et les considérer comme une forme particulière des violations des droits de la femme et de sa liberté. 6. Prendre conscience que ces violations ne ciblent pas uniquement les journalistes, intellectuels et artistes arabes, mais également les étrangers, y compris les Européens et les Américains ; les dernières victimes étant les journalistes français Gilles Jacquier et Rémi Ochlik, et la journaliste américaine Mary Colvin, tués en Syrie. 7. Prendre conscience du phénomène des prétendus journalistes et intellectuels, chargés par les autorités d’inciter contre leurs collègues journalistes, les idées libérales, les droits de l’homme et la liberté d’expression. Le corps médiatique doit donc faire face à ces personnes qui ne sont pas moins cruelles que les censeurs et les agresseurs, de part leur violation de la sacralité de la profession. 8. Coordonner les efforts de toutes les parties concernées par la lutte pour les libertés médiatiques et culturelles et trouver des idées pratiques pour organiser des ateliers de travail périodiques et des conférences spécialisées pour étudier les violations, leurs causes et les moyens d’y remédier. Il serait également indispensable de former les journalistes et intellectuels à leurs droits. 9. Intégrer les principes relatifs aux libertés dans les curriculums des facultés de droit, de sciences politiques, de journalisme et de documentation. 10. Œuvrer pour l’adoption de nouvelles lois qui accompagnent le développement technologique et empêcher toute forme de restriction et de censure électronique. Ces recommandations, ou « dix commandements », ne constituent que les premiers pas, dans le long chemin que doivent entreprendre les militants des droits de l’homme et les défenseurs de la liberté d’expression, pour protéger la scène médiatique et culturelle des violations de toutes formes. 88 Statistiques Les violations des libertés de la presse et de la culture… en chiffres 1- Assassinat de journalistes, intellectuels et militants des droits de l’homme Journalistes Artistes Militants des droits de l’homme Académiciens 4 4 1 2 Syria 1 Gaza 1 Cisjordanie Aucun journaliste, intellectuel ou militant des droits de l’homme n’a été assassiné au Liban et en Jordanie en 2011, mais cette année fut particulièrement sanglante en Syrie, où les journalistes Ferzat Jerban et Bassel Al-Sayed, le chanteur Ibrahim Kachouch, l’écrivain et dirigeant politique Mechaal Tamo, les militants des droits de l’homme Maan Al-Awdat, Ghayath Matar et Ziad Al-Obeidi, ainsi que les universitaires Naël Al-Dakhil, Mohammad Ali Akil, Ouss Khalil et Mohammad Al-Omar ont été sauvagement tués. A Gaza, le journaliste et militant de la paix italien Vittorio Arrigoni a été exécuté par un groupe islamiste extrémiste, et le metteur en scène Juliano Khamis a été assassiné en Cisjordanie. 89 Statistiques 2- Peines de prison contre les journalistes, intellectuels et militants des droits de l’homme 3 3 Syrie 2 Cisjordanie Territoires de 1948 3- Arrestations de journalistes, intellectuels et militants des droits de l’homme Liban; 5 Territoires de 1948; 29 Cisjordanie; 23 Gaza; 3 Jordanie; 1 90 Syrie; 157 La liberté de la presse et de la culture - Liban, Syrie, Jordanie et Palestine En Cisjordanie: par les forces israéliennes 15 8 par l’Autorité palestinienne 0 2 4 6 8 10 12 14 16 Quinze journalistes, intellectuels et militants des droits de l’homme ont été arrêtés en Cisjordanie par les forces israéliennes et huit par les services de l’Autorité palestinienne. 4- Agression de journalistes, intellectuels et militants des droits de l’homme Acteurs non-étatiques Services officiels Forces israéliennes 4 4 14 51 3 8 Liban Syrie 21 55 1 Jordanie Gaza 34 38 1 2 5 Cisjordanie Territoires de 1948 Le nombre de cas d’agression de journalistes, intellectuels et militants des droits de l’homme relativement faible en Syrie ne doit pas être interprété comme un signe positif, car les cas effectivement enregistrés en Syrie ont été particulièrement violents, à l’instar de l’agression du caricaturiste Ali Ferzat, des parents du pianiste Malek Jandali et de l’artiste Jalal Al-Tawil. 91 Statistiques 5- Journalistes, intellectuels et militants des droits de l’homme interrogés Services officiels Forces israéliennes 4 27 13 11 6 5 3 Liban Syrie Gaza Jordanie Cisjordanie Territoires de 1948 6- Menaces proférées contre les journalistes, intellectuels et militants des droits de l’homme 11 11 3 1 Liban 92 Syrie Jordanie Cisjordanie 2 Territoires de 1948 La liberté de la presse et de la culture - Liban, Syrie, Jordanie et Palestine 7- Bureaux de presse et centres artistiques attaqués Cisjordanie; 2 Liban; 2 Cisjordanie; 2 Syrie; 4 Gaza; 5 Jordanie; 5 8- Jugements rendus au Liban dans des procès impliquant des journalistes 20 12 Perdus Gagnés En 2011, le Tribunal des imprimés au Liban a statué à 20 reprises en faveur des plaignants contre des journalistes ou des institutions médiatiques, et à 12 reprises en faveur des journalistes ou institutions médiatiques accusés. 93 Statistiques 9- Censure contre les médias et les arts Livres Journaux Représentations artistiques Cinéma Emissions 2 2 1 10 1 6 2 1 1 Liban - censure officielle 1 1 Liban - censure non officielle 6 Syrie Jordanie 1 2 Gaza 1 1 Cisjordanie Territoires de 1948 Ce graphe montre le nombre d’œuvres d’art et de médias totalement ou partiellement censurés en 2011 par les autorités officielles. Il montre également un trait spécifique au Liban : la censure imposée par des acteurs non étatiques, comme dans les cas de la Middle East Airlines qui a interdit la distribution du journal Al-Akhbar à bord de ses avions, les menaces proférées contre le groupe LMFAO qui a par conséquent annulé son concert à Beyrouth, et la décision de dissimuler le nom de Steven Spielberg sur les affiches du film « Tintin ». Cependant, ce graphe ne permet pas de comparer l’ampleur de la censure dans la région, étant donné que les films, livres ou séries télévisées censurés dans un pays ne l’étaient pas dans d’autres. Un bon outil de comparaison présenterait l’attitude des autorités à l’égard de la même œuvre dans chacun des pays ; un tel cas ne s’est pas présenté en 2011. 94 La liberté de la presse et de la culture - Liban, Syrie, Jordanie et Palestine 10- Sites internet piratés Cisjordanie; 2 Territoires de 1948;2 Gaza; 1 Jordanie; 7 Liban; 17 Syrie; 10 95