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La liberté de la presse et de la culture - Liban, Syrie, Jordanie et Palestine
La liberté de la presse et de la culture
Liban, Syrie, Jordanie et Palestine
Rapport annuel
Centre SKeyes pour la liberté de la presse et de la culture
Fondation Samir Kassir
© 2012 Fondation Samir Kassir
Adresse: 63, Rue Zahrani, Sioufi, Achrafieh, Beyrouth - Liban
Tel/Fax: (961)-1-397331
Email: [email protected]
http://www.skeyesmedia.org
Le contenu de ce rapport relève de la seule responsabilité de la Fondation Samir Kassir et
ne peut en aucun cas être considéré comme reflétant la position de l’Union Européenne.
Le contenu de ce rapport relève de la seule responsabilité de la Fondation Samir Kassir et
ne peut en aucun cas être considéré comme reflétant la position de la Fondation pour le
Futur.
Traduction: Nada Sleiman
Correction et relecture anglaise: Shane Kevin Farrell
Statistiques: Marwan Khoury
Graphic design: Jamal Awada
Impression: Chemaly & Chemaly, Beyrouth
La liberté de la presse et de la culture - Liban, Syrie, Jordanie et Palestine
Table des matières
PrÉface
53
Liban
55
Syrie
61
Jordanie
69
Gaza
73
Cisjordanie
77
Territoires de 1948
83
conclusion
87
statistiques
89
51
La liberté de la presse et de la culture - Liban, Syrie, Jordanie et Palestine
Préface
La liberté de la presse et de la culture au Proche-Orient
face à la répression, la censure, le racisme et le meurtre
Ayman Mhanna
« ‘Répression’ a été le mot de l’année écoulée… Jamais le travail de journaliste n’a autant
gêné les ennemis des libertés. Jamais les actes de censure et les atteintes à l’intégrité
physique des journalistes ne semblent avoir été si nombreux ». C’est par ces termes
que Reporters Sans Frontières a résumé l’état de la liberté de la presse en 2011 dans
son dernier rapport. Ce constat amer a été particulièrement vrai dans les quatre pays
couverts par le travail du Centre SKeyes pour la liberté de la presse et de la culture : le
Liban, la Syrie, la Jordanie et la Palestine.
L’état de la liberté de la presse et de la culture au Proche-Orient en 2011 a été
caractérisé par les tendances suivantes :
Au Liban, deux phénomènes ont soulevé l’inquiétude des défenseurs des libertés. Tout
d’abord, l’agression physique des journalistes par des acteurs non-étatiques, membres de
partis politiques, manifestants, ou bien cette nouvelle catégorie d’activistes couramment
appelée « les habitants » (Al-Ahali) qui a sévi dans certaines zones délicates. Les deux
bords du spectre politique libanais n’ont pas été innocents de cette forme d’exaction. De
nombreux journalistes ont été attaqués par des partisans de l’ancien premier ministre
Saad Hariri le 25 janvier 2011, lors de ce qui a été appelé « la journée de la colère
sunnite », suite à la nomination de Najib Mikati à la tête du gouvernement. De même,
les partisans du Hezbollah dans le village de Lassa, dans la banlieue sud de Beyrouth et
dans des villages du Sud-Liban, s’en sont pris à plusieurs reporters et photographes qui
couvraient les dossiers des constructions illégales et des différends liés à la propriété
foncière.
Le second phénomène est celui de la censure qui a particulièrement marqué le cinéma
au Liban en 2011, avec plus de dix films interdits ou dont des séquences ont été
coupées. Pour ce faire, la censure a principalement évoqué des justifications d’ordre
politique, comme le maintien de la stabilité, les relations du Liban avec la Syrie et l’Iran
et l’assassinat de l’ancien premier ministre Rafic Hariri.
Toujours au Liban, il convient de s’arrêter sur les prémices d’une volonté gouvernementale
de « réguler » le secteur des médias électroniques. Le Liban a toujours été le seul pays du
Moyen-Orient où Internet ne subit aucun filtrage. Il est donc naturel de s’inquiéter de
toute velléité de contrôle de ce média, qu’elle provienne de desseins politiques ou d’un
manque de connaissances techniques.
En Jordanie, le début de l’année a été marqué par des agressions répétées contre les
journalistes, qui ont été spécifiquement ciblés par les services de sécurité et des partisans
du gouvernement, durant les manifestations qui réclamaient des réformes politiques à
Amman et dans d’autres villes du pays. Et c’est l’ingérence du pouvoir politique dans
les affaires médiatiques qui a affecté la liberté de la presse dans la deuxième moitié de
l’année, notamment à travers la pression gouvernementale pour nommer les conseils
d’administration des journaux, limoger certains rédacteurs en chef, et influencer la
53
PrÉface
décision de publier ou d’occulter certaines informations dans les quotidiens et sur les
sites Internet.
La situation en Palestine était grandement affectée par le conflit entre les mouvements
Fatah et Hamas. Aussi bien à Gaza qu’en Cisjordanie, les autorités en place se sont
servies des journalistes proches du bord opposé pour envoyer des messages à leurs
adversaires politiques, en multipliant les arrestations, les convocations et les poursuites
judiciaires politisées. De plus, la police du Hamas n’a pas hésité à agresser les journalistes,
blogueurs et militants des droits de l’homme avec une rare violence, quand un groupe
de jeunes palestiniens a lancé un mouvement réclamant la fin des divisions interpalestiniennes en mars 2011. En Cisjordanie, les journalistes sont restés la cible des
grenades lacrymogènes et des balles en caoutchouc israéliennes, lors des manifestations
hebdomadaires contre la clôture de séparation et la colonisation ; un sort partagé par
leurs homologues arabes dans les Territoires de 1948.
Par ailleurs, les citoyens arabes dans les Territoires de 1948 ont fait face à une
recrudescence dangereuse du nombre de lois et de mesures israéliennes racistes, limitant
leurs droits linguistiques et culturels fondamentaux, et restreignant la marge d’action
des organisations arabes de défense des droits de l’homme.
Mais la véritable plaie béante de la région a été la Syrie, avec des centaines d’arrestations,
des dizaines de cas d’agression physique, ainsi que onze journalistes, écrivains, militants
des droits et de l’homme et universitaires tués. Ces exactions ont été caractérisées par un
degré de barbarie rarement atteint, pour servir de leçon à toutes les personnes engagées
dans la lutte pour la démocratie et la liberté. Les yeux du photographe Ferzat Jerban ont
été arrachés, le chanteur Ibrahim Kachouch a été égorgé, et les mains du caricaturiste
Ali Ferzat ont été brisées.
La Syrie a sans doute été en 2011 l’un des lieux les plus dangereux au monde pour
les journalistes. A cause de l’interdiction d’accès imposée par le gouvernement syrien
lors des premiers mois du soulèvement, de nombreux reporters internationaux ont dû
s’infiltrer en Syrie, s’exposant ainsi à de graves dangers. Ce sont donc les journalistes
citoyens et les blogueurs qui ont été les principaux vecteurs de l’information, reflétant
notamment la réalité sur le terrain et la violence des massacres et des bombardements,
malgré la difficulté de confirmer la véracité et la précision des vidéos postées sur les
blogs et les sites de partage.
L’année 2011 a ainsi été l’un des pires millésimes pour la liberté de la presse et de la
culture dans la région. Si, depuis le début de l’année 2012, une certaine amélioration
semble s’opérer en Palestine, les ingérences officielles dans les médias en Jordanie
doivent rester sous haute surveillance, afin de ne pas laisser l’autocensure s’installer
de manière irréversible dans l’esprit des journalistes. Au Liban, il est temps de prendre
les mesures les plus courageuses et les plus efficaces pour faire face à la censure et aux
tentatives des acteurs non-étatiques d’imposer leurs critères culturels sur l’ensemble
des Libanais. Il faudra également faire face à toute atteinte aux libertés électroniques.
Cependant, les yeux, les cœurs et les esprits resteront tournés vers la Syrie, où la sécurité
des journalistes et des reporters syriens et étrangers connaît une détérioration alarmante.
Sans tarder, il est primordial que les organisations juridiques internationales prennent
toutes les mesures pour traduire en justice les responsables des tueries et s’attribuer une
compétence universelle pour juger les crimes contre les journalistes, à l’instar des crimes
de guerre et des crimes contre l’humanité.
Partant du principe cher à Samir Kassir, que « la frustration n’est pas un destin», SKeyes
souhaite que les douleurs de 2011 ne fassent qu’annoncer la naissance d’une ère de
liberté et de dignité pour chaque citoyen arabe.
54
Liban 2011
Censure et agressions de journalistes en nette hausse
Rima Awad
La lutte des peuples arabes pour la liberté et la
démocratie n’a pas engendré une amélioration
de l’état des libertés médiatiques et culturelles
au Liban en 2011. La couverture médiatique
libanaise des soulèvements populaires qui se sont
propagés d’un pays à l’autre, a révélé l’impact du
clivage politique sur les journalistes. Celui-ci s’est
notamment manifesté à travers la couverture des
événements en Syrie, en Egypte, au Bahreïn et
en Libye.
Les attaques directes et les menaces proférées
contre les journalistes ont nettement augmenté
en 2011. Nombre de journalistes ont été menacés
pour avoir exprimé des positions à l’égard des
événements en Syrie. Le journaliste Nadim
Koteich a reçu des avertissements explicites sur
sa page Facebook, menaçant de s’en prendre à
lui et à sa fille. De même, des inconnus ont versé
de l’essence sur la voiture de retransmission en
direct de la chaîne Al-Jadeed (New TV), dans une
tentative d’intimider l’équipe qui couvrait une
manifestation de solidarité avec le soulèvement
populaire en Syrie au Liban-Nord.
L’accès aux régions frontalières libano-syriennes
pour s’enquérir de la situation des réfugiés
syriens a été interdit aux journalistes. Certains
reporters et journalistes étrangers ont été victimes
d’intimidation et la Direction de l’Orientation de
l’armée libanaise a interdit aux journalistes l’accès
à Wadi Khaled sans autorisation écrite préalable.
Ainsi, plusieurs équipes télévisées ont été stoppées
au point de contrôle de l’armée à Chadra (au
Nord), et forcées de rebrousser chemin, sans
pouvoir rendre compte de la réalité sur le terrain.
Les militants des droits de l’homme n’ont pas
non plus été épargnés. En août, une bande
de Libanais et de Syriens a attaqué plusieurs
militants lors d’une manifestation pacifique
devant l’ambassade syrienne dans le quartier
de Hamra en solidarité avec le peuple syrien, à
coups de pierre, de bâton, de ceinture et même
de couteau, occasionnant de graves blessures à
plusieurs manifestants. Par ailleurs, les bureaux
de First Link, société de production jumelée
avec la chaîne pro-Jamaa Islamiya, Hayatona alFada’iyya, ont été incendiés dans le quartier de
Karakol Al-Druze à Beyrouth.
Si les événements en Syrie ont eu un impact direct
majeur sur les médias et journalistes libanais, il
n’en demeure pas moins que les révolutions en
Egypte, en Tunisie, au Bahreïn et en Libye ont
également eu des répercussions importantes. En
effet, des pressions politiques ont été exercées
sur la journaliste Rimielle Nehmé pour l’inciter
à «modérer ses propos» au cours d’une émission
dans laquelle elle a exprimé son soutien à la
révolution populaire en Egypte, ce qui l’a poussée
à démissionner en direct de Radio Orient. Le
journaliste tunisien Moncef Ben Ali et le militant
Idriss Al-Mliti qui résident au Liban, ont été roués
de coups par des membres des Forces de Sécurité
Intérieure et les gardiens du «Metropolitan Hotel»,
pour avoir distribué un communiqué de soutien à
la révolution tunisienne, mettant en garde contre
la contre-révolution. Les informations diffusées
sur douze chaînes télévisées et trois stations radio
ont été brouillées de manière préméditée et par
intermittence, en raison de leur couverture des
événements en Libye et au Bahreïn.
L’impact du clivage politique libanais était
également clair sur le corps médiatique : des
journalistes ont été battus et agressés aussi bien
par les partisans des forces du 8 que celle du 14
Mars. D’autres ont été empêchés de couvrir les
événements, à l’instar du correspondant de la
radio Al-Fajr, Abdel-Rahman Arabi, qui n’a pas
pu rapporter les détails de la rixe qui a eu lieu
à l’hôpital Makassed. Ce jour-là, l’équipe de la
chaîne OTV a été attaquée au même endroit.
Ceci a prouvé que l’opinion publique ne perçoit
le journaliste que comme le représentant du
parti politique auquel son institution médiatique
appartient. Les journalistes subissent, depuis
2005, les conséquences de la profonde division
au sein de la société. Le regard porté par
l’opinion publique sur les journalistes a donc
considérablement changé ; ceux-ci peuvent donc
être attaqués, selon l’affiliation politique de leur
média, en toute impunité.
55
Liban 2011
La censure a également joué un rôle primordial
dans la violation des libertés médiatiques et
culturelles au Liban. Le ministre de l’Énergie et de
l’Eau, Gebran Bassil a empêché le correspondant
de la Future News TV, Rabih Chantaf, d’entrer
au ministère à trois reprises, parce qu’il lui avait
«posé des questions inappropriées» au cours
d’une conférence de presse. La Sûreté Générale
a également interdit l’exportation du livre
«Trahisons de la langue et du silence – mon
expérience dans les geôles des services syriens» de
Faraj Bayrakdar en Suède, sachant que le livre est
en vente au Liban depuis 2006. Le film iranien
«Journées vertes» (Green Days), qui montre les
manifestations de l’opposition iranienne après
les élections présidentielles de 2009 ainsi que
le film «Beirut Hotel», qui évoque l’assassinat
de Rafic Hariri en 2005, ont été interdits de
diffusion. L’Agence Nationale d’Information
a censuré plusieurs passages d’une conférence
de presse tenue par le député Mohammad
Kabbara, qui a appelé les autorités syriennes à
mettre fin au massacre des civils. Kabbara s’est
également plaint de visites des services secrets aux
institutions médiatiques arabes opérant au Liban,
leur demandant des copies des déclarations faites
par des citoyens syriens qui ont fui les violences
en Syrie pour s’installer au Liban.
La diffusion du documentaire libanais «Chou Sar»
(Que s’est-il passé), portant sur les massacres
commis durant la guerre civile libanaise, a
également été interdite pour la troisième fois
consécutive. De plus, le nom du réalisateur Steven
Spielberg a été dissimulé sur l’affiche de son
film «Tintin» puisqu’il figure sur la liste noire du
boycott d’Israël de la Sûreté Générale ; la décision
a cependant été révoquée suite aux pressions
exercées par les organisations de la société civile.
D’autre part, la censure religieuse directe, exercée
à la fois par les camps chrétien et musulman,
a considérablement augmenté par rapport aux
années précédentes. Le groupe musical LMFAO
a annulé son concert au Liban après avoir été
menacé par des «groupes d’extrémistes chrétiens» ;
plusieurs campagnes de boycott avaient été lancées
sur les réseaux Facebook et Twitter, sous prétexte
que le groupe musical «porte atteinte à la religion
chrétienne». Des dirigeants de la Jamaa Islasmiya
ont tenté d’interdire la pièce de théâtre «Scene
Scene» à Saïda, la considérant comme immorale et
incitant à la débauche ; à noter cependant que le
spectacle s’est tenu normalement.
56
Plusieurs événements ont ainsi engendré un déclin
des libertés au Liban, à l’instar de l’arrestation du
chanteur Zeid Hamdan, qui a appelé au départ du
«Général Suleiman» dans l’une de ses chansons.
De même, des dirigeants du Centre libanais des
droits de l’homme (CLDH) ont été convoqués,
après avoir publié un rapport comportant les
témoignages de prisonniers qui ont affirmé avoir
été détenus et torturés aux mains des membres du
mouvement Amal, avant d’être remis aux services
de sécurité. Les services de renseignements
de l’armée libanaise ont également arrêté le chef du
bureau de l’organisation internationale «Al-Karama
(Dignité) pour les droits de l’homme», Saadeddine
Chatila, puis l’ont relâché sous caution après un
interrogatoire qui a duré plusieurs heures. Chatila
avait rédigé des rapports sur la torture pratiquée
dans les prisons libanaises et en avait informé les
Nations Unies en 2010. L’Inspection criminelle du
Palais de Justice de Beyrouth a arrêté l’auteur du
livre «Al-Maassara» (Le pressoir), Georges Alam,
en vertu d’une plainte déposée contre lui par le
ministère de la Défense, en réaction à son livre dans
lequel il a relaté les tortures qu’il a subies à la prison
du ministère ; Alam a par la suite été libéré avec
interdiction de quitter le territoire. De plus, l’ONG
Kafa a affirmé que des députés et des autorités
religieuses ont exercé des pressions sur plusieurs
chaînes de télévision afin qu’elles retirent un spot
publicitaire lancé par la campagne de protection
des femmes contre les violences domestiques.
Toutes ces mesures ont cependant été mises à mal
par la disponibilité de ces œuvres sur Internet et
sur le site YouTube en particulier. La censure s’est
également manifestée par le piratage de dizaines de
sites web, traitant de sujets délicats ayant trait à la
politique ou aux droits de l’homme, tel l’ancien site
du Centre SKeyes piraté en février 2011.
Ces violations ont eu lieu dans un contexte technique
où la vitesse d’accès à Internet ainsi que la qualité
du service demeurent très limitées. Le projet de
loi relatif aux médias électroniques préparé par le
ministre de l’Information Walid Daouk n’arrange
en rien la situation : il ne garantit ni la liberté
d’expression, ni les droits des journalistes et des
employés du secteur, et ne met pas l’accent sur la
protection de la propriété intellectuelle. Ce projet
de loi ressemblerait davantage à une tentative de
contrôler les médias avec l’augmentation effrénée
du nombre d’utilisateurs, qui n’a jamais été prévue
par les autorités ou les censeurs.
La liberté de la presse et de la culture - Liban, Syrie, Jordanie et Palestine
Le fil des exactions
Janvier
18/1
Le bureau de l’Organisation palestinienne des droits de l’homme
«Rassed» attaqué.
25/1 Agression de 16 journalistes lors de leur couverture des manifestations du
«jour de la colère» après la désignation de Najib Mikati au poste de premier
ministre.
Février
5/2
17/2 22/2 La présentatrice Rimielle Nehmé démissionne de Radio Orient suite à des
pressions qu’elle a subies à cause de son soutien à la révolution égyptienne.
Brouillage du signal de douze chaînes de télévision et de trois radios en
raison de leur couverture des événements en Libye et au Bahreïn.
Le reporter de Radio Al-Fajr empêché de couvrir une rixe près de l’Hôpital
Makassed et l’équipe de tournage de la OTV agressée.
Mars
10/3
10/3 15/3 17/3 21/3 22/3 27/3 Disparition de deux militants syriens de la famille Jassem.
Le journaliste Ibrahim Dsouki menacé de mort suite aux critiques qu’il a
adressées au président du Parlement Nabih Berri.
Les responsables du CLDH convoqués dans le cadre d’une enquête
concernant un rapport révélant des cas de torture perpétrés par
des membres du Mouvement Amal contre des prisonniers.
Le journaliste Hussein Saad agressé à Tyr.
Agression et arrestation du journaliste tunisien Moncef Ben Ali et du
militant Idriss Al-Mliti devant l’hôtel Metropolitan.
Détonation de bâtons de dynamite près du bâtiment de Radio Liban Libre.
Le photographe Waël Al-Ladki agressé et la journaliste Nadine El-Ali
harcelée lors de la manifestation appelant à la chute du système
confessionnel à Amchit.
Avril
3/4
3/4
Agression des journalistes Amir Choumar et Mohammad Al-Zaatari lors
de la manifestation appelant à la chute du système confessionnel à Saida.
Le journaliste et blogueur Assaad Thebian agressé par les gardes du corps
du député Kassem Hachem lors de la manifestation appelant à la chute du
système confessionnel à Saida.
57
Liban 2011
Le fil des exactions
15/4 Menaces contre le journaliste Nadim Koteich postées sur sa page
Facebook.
17/4 La voiture du journaliste Haidar Hawila caillassée à Tyr.
22/4 L’équipe de tournage de la MTV composée du reporter Georges Eid et
du caméraman Roger Hanna agressée à Ghobeiri.
22/4 Le véhicule de transmission de la New TV aspergé d’essence à Tripoli.
23/4 Le caméraman de la New TV Hassan Bazzi agressé à Haddatha
(Liban-Sud).
Mai
11/5
22/5 Le ministre de l’Energie Gebran Bassil interdit au correspondant de la
Future News TV l’accès au bâtiment du ministère.
L’équipe de tournage de la MTV composée du reporter Georges Eid et
des caméramans Fadi Skaff et Dany Antonio agressée à Wata Al-Jowz
au Kesrwan.
Juin
20/6
20/6 22/6 24/6 27/6 La Sûreté Générale interdit la projection du film iranien «Green Days».
La Middle East Airlines suspend la distribution du journal Al-Akhbar sur
ses vols.
La Sûreté Générale interdit la projection du film libanais «Chou Sar» du
réalisateur De Gaulle Eid.
Agression du caméraman de la chaîne Al-Manar Mohammad Harb à
Sabra à Beyrouth.
Tirs sur la voiture du correspondant de la LBC dans la Békaa, Mohammad
Ali Ahmad, à l’ouest de Baalbeck.
Juillet
6/7
17/7 18/7 19/7 22/7 58
Le correspondant d’Al-Jazeera Ali Hachem agressé par des membres de
la police du Parlement au centre-ville de Beyrouth.
Le photographe Marwan Bou Haidar agressé par des gendarmes.
Des membres du Hezbollah séquestrent la reporter de la MTV Joëlle
Kozaïli et le caméraman Khalil Akiki dans la banlieue sud de Beyrouth.
L’équipe de tournage de la MTV composée de Pierre Karam et Jonathan
Al-Hajj agressée à Lassa.
Menaces proférées contre le journaliste Anas Mohsen.
La liberté de la presse et de la culture - Liban, Syrie, Jordanie et Palestine
25/7 27/7 Les services de renseignement de l’armée arrêtent le militant des droits de
l’homme Saadeddine Chatila.
Le chanteur Zeid Hamdan arrêté suite à sa chanson «General Suleiman,
Go Home».
Août
2/8
4/8 19/8
22/8 Les blogueurs et militants des droits de l’homme Ali Chreim, Nabil Abdo,
Ghassan Makarem, Nisrine Al-Chaer, Sara Wansa, Samer Abou Saïd,
Bassem Chit, Saad Kurdi et Khodr Salamé agressés lors d’un sit-in
pacifique devant l’ambassade syrienne à Beyrouth.
Agression du photographe du journal Al-Liwaa Mahmoud Youssef à
Tarek Jdidé à Beyrouth.
Jets de pierre contre l’équipe de tournage de la LFTV à Lassa.
Le journaliste britannique Nicholas Blanford convoqué suite à l’entretien
qu’il a publié dans le Time Magazine avec l’un des membres du Hezbollah
inculpés dans l’assassinat de Rafic Hariri.
Septembre
16/9
16/9 Le livre de l’écrivain syrien Faraj Bayrakdar «Les trahisons de la langue et
du silence» interdit d’exportation.
Annulation du concert du groupe américain LMFAO suite à des menaces
lancées sur Internet par des groupes chrétiens intégristes.
Octobre
4/10
5/10 5/10 8/10 11/10 La journaliste Maria Maalouf menacée suite à la publication d’une enquête
sur la tentative d’assassinat du Général Michel Aoun à Chypre à la fin des
années 1980.
Menaces de mort contre le journaliste Ali Hamadé.
La Sûreté Générale interdit la projection du film autrichien «Michael» lors
du Festival international du cinéma de Beyrouth.
L’Iran interdit à plusieurs réalisateurs de se rendre au Liban pour assister
au Festival international du cinéma de Beyrouth, poussant les organisateurs
du festival à déprogrammer la projection des films «Le rouge, le blanc, le
vert» de Nader Daoudi et «J’aime Téhéran» de Suhand Samadian.
La municipalité de Dhour Choueir interdit à l’acteur égyptien Adel Imam
de tourner sa nouvelle série dans le village, en réaction à ses positions
hostiles au Hezbollah suite à la guerre de juillet 2006.
59
Liban 2011
Le fil des exactions
13/10 21/10 24/10 31/10 Les journalistes interdits d’accès à la région de Wadi Khaled au Akkar sans
autorisation préalable de l’armée libanaise.
Le Conseil National de l’Audiovisuel ouvre un registre d’inscription pour
les sites Internet au Liban.
Menaces contre le rédacteur en chef du site Saida.Net.
Les bureaux de la société de production First Link, liée à la Jamaa Islamiya,
incendiés à Beyrouth.
Novembre
1/11
8/11 17/11 19/11 Agression du caméraman de la Future News TV Mahmoud Badran
devant la Lebanese American University à Beyrouth.
Le nom du réalisateur Steven Spielberg dissimulé sur l’affiche du film
«Tintin» au Cinema City à Beyrouth.
La Sûreté Générale autorise la projection du film «Rue Huvelin» après la
suppression d’une séquence montrant des étudiants libanais brûlant le
drapeau syrien.
Interpellation du correspondant d’Al-Arabiya Adnan Ghamlouch et des
caméramans Kamel Abdin et Mohammad Darwich lors de leur tournage
d’une simulation d’enlèvement de chauffeurs de taxi à Beyrouth, en raison
d’un manque de coordination entre les services de sécurité ; ceux qui
étaient au courant du tournage n’avaient pas informé leurs homologues
des autres services.
Décembre
5/12
Interpellation de l’écrivain Georges Alam dans le cadre de la plainte
déposée contre lui par le ministère de la Défense en raison de son livre
«Al-Maassara».
19/12 La Sûreté Générale interdit la projection du film «Beirut Hotel» de la
réalisatrice Danielle Arbid, et impose la suppression de deux séquences du
film «Out Loud» du réalisateur Samer Daaboul.
30/12 Pression sur des chaînes de télévision pour arrêter la diffusion d’un spot
de la campagne pour la protection des femmes des violences domestiques.
60
Syrie 2011
Les murs du «royaume du silence» brisés malgré
la violence de la répression
Wajih Ajouz
Si le début de l’année 2011 était tunisien,
sa fin a sans doute été syrienne. La vague
des soulèvements populaires qui ont secoué
la Tunisie, provoquant la chute du régime
policier, s’est très vite propagée vers l’Est, vers
des régimes considérés par les manifestants
de Libye, d’Égypte, du Yémen et du Bahreïn
comme oppressants et illégitimes. La fuite du
président tunisien Zine El-Abidine Ben Ali le
14 janvier n’a fait que renforcer la détermination
des peuples arabes, quant à l’organisation de
manifestations en vue de renverser les régimes en
place. Plusieurs dates importantes ont marqué ce
durcissement de l’opposition contre le pouvoir
du parti unique ou de la famille régnante. Entre
le 14 janvier tunisien, le 25 janvier égyptien et le
17 février libyen, le calendrier syrien est resté au
départ dépourvu de dates marquantes. Lorsque
tous les regards se sont braqués sur la seule
république héréditaire au Proche-Orient, le
Président Bachar Al-Assad, confiant, a déclaré
dans un entretien au Wall Street Journal, que le
peuple était en paix avec son régime.
Mais le vent du changement a réussi à s’infiltrer
dans le «royaume du silence» et les Syriens ont
réussi, après maintes tentatives, à lancer un
appel historique à la manifestation le 15 mars
2011. Des rassemblements sans précédent,
appelant à la chute du régime, se poursuivent
depuis. Les services secrets syriens n’ont pas
réussi à mettre fin au soulèvement populaire,
en dépit de la violence de la répression qu’ils
ont menée contre les manifestants. Au début,
les médias officiels syriens ont ignoré jusqu’à
l’existence même de ce mouvement de
contestation. Pour les manifestants, le défi le
plus important, et par lequel le mouvement
populaire syrien s’est caractérisé, était de faire
parvenir les informations aux médias arabes et
internationaux. En effet, la Syrie avait toujours
fait preuve de cruauté à l’égard des journalistes,
puisque l’exercice de la profession et la liberté de
déplacement des journalistes y est inexistante.
Au moment où les médias officiels ont fermé les
yeux sur les protestations, les militants syriens
se sont rendu compte que la non-circulation
de l’information étoufferait le soulèvement
populaire et empêcherait sa propagation à
travers les régions syriennes. Ainsi, la fonction
principale des militants était, en plus d’organiser
les manifestations, de diffuser les nouvelles et
de documenter les exactions commises par le
régime.
Les reporters dépêchés en Syrie ont vite fait
face aux restrictions imposées par le régime
contre les journalistes étrangers, à l’instar
de la correspondante de la chaîne Al-Jazeera,
Dorothy Parvaz, qui a été arrêtée par les services
secrets. En conséquence, un nouveau genre de
correspondants a spontanément vu le jour : des
citoyens ordinaires et des militants politiques
se sont chargés de documenter les violations
passées sous silence par la presse officielle, et
de faire parvenir les faits aux médias arabes
et étrangers par le biais des médias alternatifs
(Internet principalement) ou des téléphones
satellitaires Thuraya, afin de contourner
l’utilisation, très risquée, des téléphones
portables.
Le black-out médiatique a poussé certains médias
étrangers, à l’instar des chaînes BBC et France
24, à entrer secrètement en Syrie pour mener des
enquêtes sur le mouvement de contestation et les
violations dont les militants sont victimes. Il va
sans dire que les services de sécurité n’ont pas
été tolérants avec les journalistes citoyens. Les
militants ont pu, malgré les difficultés, recenser
les meurtres, détentions et arrestations de
citoyens syriens, ayant couvert les manifestations
ou filmé les violations perpétrées par les forces
de sécurité, en particulier celles visant les
journalistes et les libertés médiatiques. Un autre
défi, lié à l’absence de critères précis qui séparent
61
Syrie 2011
le travail de journalisme et de documentation
d’une part du mouvement de protestation d’autre
part, est également apparu. Plusieurs militants
ont été tués alors qu’ils filmaient les événements
au moyen de leurs téléphones portables, à l’instar
de Bassel Al-Sayed, qui filmait le bombardement
de Baba Amr à Homs, et du photographe Ferzat
Jerban que les services de sécurité ont tué après
lui avoir arraché les yeux. Les blogueurs et les
citoyens actifs sur les réseaux sociaux n’ont
pas non plus été épargnés ; la blogueuse Razan
Ghazzawi a été arrêtée et la blogueuse Tal AlMallouhi a entamé une grève ouverte de la faim,
pour marquer le deuxième anniversaire de son
arrestation.
Cependant, il convient de rester conscient quant
aux limites du journalisme citoyen, notamment
en ce qui a trait aux critères de professionnalisme
et d’objectivité des informations diffusées, vu
que certains journalistes citoyens, n’étant pas
suffisamment qualifiés ou ne disposant pas de
l’expérience professionnelle requise, sont tombés
dans le piège de l’exagération et des émotions
dans leurs récits, sans compter la transmission
de fausses informations. La blogueuse Amina
Abdallah qui prétendait relater, en anglais, les
événements et les violations sur son blog «Une
lesbienne à Damas» (Gay Girl in Damascus)
a rapidement suscité l’intérêt de plusieurs
médias étrangers. Mais très vite, il s’est avéré
que ce blog n’était qu’une imposture, tenu par
Tom MacMaster, un Américain de 40 ans, qui
poursuivait ses études en Écosse.
Les médias syriens ont recouru à tous les
moyens possibles pour réfuter les informations
diffusées par les médias arabes et étrangers,
remettant en question leur crédibilité, en
qualifiant les manifestants de fondamentalistes
islamistes ou en niant l’existence des
mouvements de protestation en Syrie. Ils ont
en effet affirmé que les images diffusées à la
télé n’étaient que des fabrications médiatiques
filmées dans les pays voisins ou dans des
studios spécialisés, sans permettre toutefois
aux médias arabes et étrangers de se déplacer
librement pour s’enquérir de la réalité des faits
ou pour s’assurer des informations relatives
aux violations des droits de l’homme. Plusieurs
personnes ont démissionné des médias
officiels, en protestation contre leur rôle dans
la lutte contre le soulèvement populaire et dans
62
l’incitation au meurtre des manifestants. Le
directeur du bureau de l’Agence Arabe Syrienne
d’Information (SANA), Alaa Al-Khodr a
présenté sa démission ainsi que l’écrivain et
journaliste Ibrahim Al-Jabin, qui a démissionné
de la télévision syrienne. Ainsi, il n’existe aucune
opinion différente de celle des autorités dans les
médias syriens.
Les artistes et intellectuels ont également joué un
rôle primordial dans le soutien au mouvement
populaire, mais ils ont été violemment réprimés
par les services secrets, comme l’écrivain et
opposant kurde Mechaal Tamo, qui a été tué à
Qamishli. De même, le chanteur de la révolution
à Hama, Ibrahim Kachouch, a été sauvagement
assassiné et sa gorge tranchée. Les services
secrets ont également tenté d’assassiner le
sportif Abdel-Basset Al-Sarout qui est devenu
chanteur, accompagnant les manifestations à
Homs. Le caricaturiste syrien, Ali Ferzat, connu
pour ses dessins hostiles au régime, a été agressé
par des hommes armés et masqués qui lui ont
brisé les mains en guise d’avertissement.
Il suffit simplement de soutenir la réforme
en Syrie pour être menacé d’arrestation ou
de meurtre. Alors que l’intellectuelle Samar
Yazbek et l’écrivaine Rima Fleihan ont décidé
de quitter la Syrie, d’autres ont préféré se cacher
à l’intérieur du pays, à l’instar de l’écrivain et
opposant Yassine Al-Hajj Saleh. Cependant, ces
attaques atroces n’ont pas eu l’effet désiré et la
Syrie, où il était quasi-impossible de trouver un
travail artistique hostile au régime, a abondé en
œuvres défiant le pouvoir en place et plusieurs
créations littéraires et audiovisuelles dans ce
sens ont proliféré sur Internet et sur les chaînes
de télévision.
La future carte politique de la Syrie ne semble
pas encore claire et l’incertitude plane toujours
sur le sort du mouvement de contestation et
les solutions à la crise. Mais, comme l’a si bien
écrit la figure de proue de l’opposition syrienne,
Riyad Al-Turk, au début du soulèvement : «La
Syrie n’est plus le royaume du silence». En effet,
le peuple n’acceptera jamais de retourner à la
période qui a précédé le 15 mars 2011. La lutte
pour recouvrer les libertés, notamment la liberté
d’opinion, sera au cœur de la nouvelle phase. Il
va sans dire que le mérite en cela est loin de
revenir aux autorités syriennes...
La liberté de la presse et de la culture - Liban, Syrie, Jordanie et Palestine
Le fil des exactions
Janvier
12/1 Arrestation de l’écrivain kurde Hawas Mahmoud.
Février
2/2 4/2 14/2 20/2 L’écrivain Abdel-Salam Hajji Ibrahim condamné à trois mois de prison.
Arrestation de l’écrivain Abdel-Nasser Al-Ayed.
La blogueuse Tal Al-Mallouhi condamnée à cinq ans de prison.
Arrestation du blogueur Ahmad Mohammad Hadifé.
Mars
5/3 13/3 15/3 19/3 22/3 Arrestation de l’avocat et militant des droits de l’homme Mohammad Issa.
L’écrivain Ali Al-Abdallah condamné à trois ans de prison.
La militante Hermine Oussi agressée puis arrêtée.
Arrestation du poète Mohammad Dibo.
Arrestation de trois journalistes de l’Agence France Presse et de
l’Associated Press pour les empêcher de couvrir les manifestations à Deraa.
23/3 Arrestation du blogueur Ahmad Mohammad Hadifé pour la seconde fois
en quarante jours, ainsi que le journaliste et militant Mazen Darwish.
24/3 Arrestation du journaliste Maan Akil.
29/3 Arrestation du directeur du bureau de Reuters à Amman Sleiman
Al-Khalidi.
Avril
1/4 6/4 9/4 9/4 10/4 11/4 13/4 14/4 16/4 17/4 Arrestation des journalistes Amer Matar et Georges Baghdadi.
Arrestation du journaliste Mohammad Misto.
Arrestation du journaliste algérien Khaled Mohannad.
Limogeage de la rédactrice en chef du journal Tishrin Samira Al-Massalma
pour avoir critiqué le comportement des forces de sécurité à Deraa.
Arrestation du militant des droits de l’homme Ahmad Maatouk.
Arrestation du journaliste Fayez Sara.
Arrestation du blogueur Wassim Hassan.
Arrestation du blogueur Khaled Al-Mubarak.
Arrestation du militant des droits de l’homme Mohammad Daghmash.
Arrestation du poète Ibrahim Barakat.
63
Syrie 2011
Le fil des exactions
19/4 22/4 23/4 24/4 25/4 26/4 27/4 30/4 Arrestation du militant des droits de l’homme Mohammad Issa.
Arrestation des militants des droits de l’homme Nawaf Hassan, AbdelHalim Hussein, Lokman Hussein et Abou Anwar Hajj Mawloud.
Arrestation du président des Comités de défense des droits de l’homme
Daniel Saoud.
Arrestation du poète Hozan Karkondi.
Arrestation du militant des droits de l’homme Abdel-Rahman Sleiman.
Arrestation du militant des droits de l’homme Kassem Azzawi.
Arrestation du militant des droits de l’homme Rassem Al-Atassi.
Enlèvement du réalisateur Firas Fayad et arrestation du militant des droits
de l’homme Abdel-Kader Al-Khaznawi.
Mai
1/5 2/5 3/5 5/5 6/5 7/5 9/5 12/5 13/5 23/5 25/5 27/5 29/5 64
Arrestation du militant des droits de l’homme Abdallah Al-Khalil et du
poète Medhat Kaddour, et agression du journaliste Iyad Khalil.
La correspondante d’Al-Jazeera Dorothy Parvaz portée disparue, et
arrestation des journalistes Omar Koush et Dana Jawabra.
Arrestation du militant des droits de l’homme Manhal Barish et du
photographe Akram Darwish.
Arrestation du militant des droits de l’homme Ahmad Bakour et du
journaliste Jihad Jamal.
Arrestation du militant des droits de l’homme Akram Hussein et du
journaliste libanais Ghassan Saoud.
Arrestation de la journaliste libanaise Ghadi Francis.
Arrestation de la journaliste Malak Shanwani, de l’écrivain Al-Ammar
Diob et du militant des droits de l’homme Chadi Kurdieh.
Arrestation du poète Ali Derbak et du militant des droits de l’homme
Mohammad Najati Tayyara.
Arrestation de la militante des droits de l’homme Catherine Al-Talli et des
journalistes Raafat Al-Rifai et Moussa Al-Khatib.
Arrestation du militant des droits de l’homme Ahmad Al-Khafaji.
Arrestation du militant des droits de l’homme Ahmad Al-Kurdi et du
poète Farhan Abdel-Kader Ben Jamil.
Arrestation du militant des droits de l’homme Mohammad Sleiman.
Arrestation du militant des droits de l’homme Tamer Al-Jahmani.
La liberté de la presse et de la culture - Liban, Syrie, Jordanie et Palestine
Juin
7/6 10/6 12/6 25/6 27/6 29/6 Arrestation du membre de l’Organisation arabe des droits de l’homme
(OADH) Mohammad Safi Hammoud à Qamishli.
Arrestation du membre de l’OADH Majid Al-Adl à Idleb.
Révélation de l’imposture du blog «Gay Girl in Damascus», lancé par
l’Américain Tom MacMaster qui s’est présenté comme une blogueuse
syrienne du nom d’Amina Abdallah.
Arrestation de l’écrivain Khalil Hajj Saleh.
Arrestation du membre de l’OADH Mohammad Abdel-Majid Charif
à Alep.
Arrestation du militant des droits de l’homme Ahmad Hajji Khalaf.
Juillet
1/7 Arrestation des militants des droits de l’homme Bissan Hamed Al-Jassem,
Adham Al-Kak et Ola Ramadan, et du blogueur Anas Al-Maarrawi.
3/7 Arrestation du journaliste Omar Al-Assaad et attaque contre la maison de
l’écrivain Nabil Sleiman.
5/7 Agression du militant des droits de l’homme Mohammad Najati Tayyara
dans la prison de Homs, et arrestation du militant Hassan Hassan.
6/7 Le chanteur Ibrahim Kachouch égorgé.
8/7 Arrestation du metteur en scène Oussama Ghanam.
11/7 Interdiction de projection des films «Al-Dajaj» (Les poules) et «Muhawalat
An Sadd Al-Furat» (Essai sur le barrage de l’Euphrate) du réalisateur
décédé Omar Amiralay.
11/7 Le domicile d’Ali Jamalo, directeur du site Sham Press, incendié.
12/7 Arrestation du journaliste Afia Al-Battah.
13/7 Arrestation de plus de 15 journalistes, artistes et intellectuels lors de la
manifestation des «intellectuels pour la Syrie» à Damas, dont Iyad Charbaji,
Bulent Hamza, Mohammad et Ahmad Malas, May Skaff, Rima Fleihan,
Majdoline Hassan, Guevara Nemr, Nidal Hassan, Yam Machhadi,
Mozaffar Salman, Bassel Chéhadé, Nabil Al-Maleh et Rami Al-Achek.
17/7 Arrestation de l’écrivain Ali Al-Abdallah quelques semaines après sa
libération.
18/7 Les autorités syriennes interdisent la diffusion des journaux libanais
Al-Akhbar et As-Safir sur le territoire syrien.
20/7 Arrestation du journaliste Jamal Tahhan et du photographe Khaldoun
Al-Batal.
23/7 Enlèvement du réalisateur Chadi Abou Fakhr.
65
Syrie 2011
Le fil des exactions
Août
1/8 3/8 4/8 Arrestation de la comédienne Yara Nseir.
Arrestation du militant des droits de l’homme Mohammad Al-Bitar.
Arrestation des journalistes Ibaa Munzer, Omar Al-Assaad, Assem
Hamcho et Rudy Othman et des militants des droits de l’homme Mohdine
Bananeh et Hanadi Zahlout.
6/8 Arrestation du militant des droits de l’homme Walid Bunni.
7/8 Arrestation du militant des droits de l’homme Mohammad Hajji Darwish.
9/8 Interdiction de diffusion de la série télévisée «Chiffon» du réalisateur
Najdat Anzour.
9/8 Assassinat du militant des droits de l’homme Maan Al-Awdat à Deraa.
11/8 Arrestation du militant des droits de l’homme Abdel-Karim Al-Rihawi, du
poète Fouad Kehl et de la journaliste Myriam Haddad.
12/8 Arrestation des militants des droits de l’homme Ahmad Al-Kurdi et
Ruchdi Rachid.
13/8 Arrestation du journaliste Sami Al-Halabi.
14/8 Arrestation du journaliste Mohammad Al-Tahhan.
16/8 Arrestation des militants des droits de l’homme Islam Al-Dabbas et Majd
Al-Kholani.
17/8 Arrestation du metteur en scène Daham Al-Sattam, de l’artiste Mawloud
Daoud et du journaliste Adel Kharsa.
20/8 Arrestation de la militante des droits de l’homme Malak Sayed Mahmoud.
22/8 Interdiction de diffusion de la série télévisée «Fawk Al-Sakf» (Sur le toit)
du réalisateur Samer Barkawi.
22/8 Arrestation du militant des droits de l’homme Maamoun Nido et du
journaliste Mohammad Al-Kayal.
23/8 Arrestation du journaliste Abdel-Majid Rached Al-Rahmoun et des
militants des droits de l’homme Abdallah Khalil et Mohammad Zaghloul.
24/8 Arrestation du militant des droits de l’homme Radwan Sido.
25/8 Agression du caricaturiste Ali Ferzat lui causant des fractures aux mains.
25/8 La chaîne MBC déprogramme l’émission «Anta Tastahel» (Tu mérites) en
réaction aux positions pro-régime du présentateur Georges Cordahi.
28/8 Les écrivains Fayez Sara, Michel Kilo et Louay Hussein interdits de voyage
au Liban.
28/8 Arrestation du membre de l’OADH Abdel-Razzak Al-Howaidi.
29/8 Arrestation du journaliste Amer Abdel-Salam.
30/8 Agression et enlèvement du photographe de l’agence SANA Samer
Al-Shami.
66
La liberté de la presse et de la culture - Liban, Syrie, Jordanie et Palestine
Septembre
4/9 6/9 9/9 9/9 11/9 16/9 17/9 20/9 2/9 27/9 29/9 30/9 Arrestation du militant des droits de l’homme Juan Sleiman Ayo.
Arrestation du militant des droits de l’homme Yehya Charbaji.
Agression violente des parents du pianiste Malek Jandali à Homs.
Le militant des droits de l’homme Ghayath Matar décède sous la torture.
Arrestation du militant des droits de l’homme Delbrin Farhan Mohammad.
Arrestation du militant des droits de l’homme Mohammad Ibrahim et de
l’écrivain Ibrahim Mustapha.
Le site de blogs Wordpress bloqué en Syrie.
Arrestation de l’écrivain Moussa Zakhourani.
Arrestation des militants des droits de l’homme Mohammad Saleh et
Chibal Mohammad Amin Ibrahim.
Assassinat des universitaires Naël Al-Dakhil et Mohammad Ali Akil.
Assassinat de l’universitaire Ouss Khalil.
Arrestation du réalisateur Ali Al-Sheikh Khodr.
Octobre
1/10 2/10 7/10 7/10 15/10 Arrestation du militant des droits de l’homme Mansour Al-Atassi.
Assassinat de l’universitaire Mohammad Al-Omar.
Agression de l’ancien député syrien Riyad Seif.
Assassinat de l’écrivain kurde Mechaal Tamo à Qamishli.
Assassinat du militant des droits de l’homme Ziad Al-Obeidi à Deir
Ez-Zor.
16/10 Arrestation de l’écrivain Ihsan Taleb.
24/10 Arrestation du blogueur Hussein Ghrer.
25/10 Arrestation de la journaliste Lina Saleh Ibrahim.
Novembre
3/11 3/11 Arrestation de l’avocate Asma Al-Sassa.
Le réalisateur Nidal Hassan porté disparu dans des circonstances
mystérieuses.
13/11 Attaque d’une salle d’exposition à Soueïda et destruction des livres et
œuvres d’art qu’elle contenait.
18/11 Arrestation du directeur du bureau de l’agence SANA à Deir Ez-Zor Alaa
Al-Khodr et du militant des droits de l’homme Bahr Abdel-Razzak.
20/11 Le photographe Ferzat Jerban assassiné à Homs et ses yeux arrachés.
67
Syrie 2011
Le fil des exactions
21/11 23/11 30/11 Arrestation du militant des droits de l’homme Mustapha Osso.
Le journal Baladna retiré de la circulation à cause d’un article du journaliste
Bassem Juneid critiquant le parti Baath.
Disparition du réalisateur Firas Fayad à l’aéroport de Damas.
Décembre
4/12 8/12 14/12 19/12 20/12 27/12 68
Arrestation de la blogueuse Razan Ghazzawi.
Arrestation de la photographe et productrice Guevara Nemr et de l’acteur
Mohammad Al Rashi.
Arrestation du journaliste Ammar Moussareh.
Agression de l’artiste Jalal Al-Tawil.
Arrestation du journaliste Mohammad Dahnoun.
Assassinat du photographe Bassel Al-Sayed par une balle à la tête à Baba
Amr à Homs.
Jordanie 2011
Le défi des agressions physiques et de
l’ingérence gouvernementale
Firas Talhouk
L’année 2011 a certes pris fin, mais le corps
médiatique jordanien garde les séquelles des
attaques physiques et morales répétitives qu’il
a subies, et des tentatives de restreindre, voire
d’étouffer les libertés de diverses manières.
Les autorités ont recouru à la violence, très
souvent de manière directe, pour empêcher
la presse d’attirer l’attention sur les questions
importantes. Rouer de coups les journalistes,
prendre d’assaut les institutions médiatiques,
menacer les employés, s’ingérer dans les
médias en nommant les journalistes ou en les
démettant de leurs fonctions... les exactions
n’ont pas connu de répit. Les tentatives de
promulguer des lois limitant les libertés
médiatiques ont poussé le ministre d’Etat aux
Médias et à la Communication Taher Al-Adwan
à présenter sa démission le 6 juin 2011, en
protestation contre les amendements apportés
aux lois, qui « limitent la liberté de la presse
et d’expression ». L’exemple le plus flagrant
demeure l’article 23 de la loi anti-corruption
qui a provoqué une vague d’indignation dans
les rangs de la presse jordanienne. Cet article
restreint la capacité des journalistes à dénoncer
les actes de corruption.
Les agressions physiques individuelles
ou collectives, menées à l’encontre des
journalistes, se sont multipliées. Les membres
de la police et les civils se sont relayé ce rôle
sur un pied d’égalité. Le 25 mars a été l’un des
jours les plus violents, lorsque des agents de
sécurité et des partisans du gouvernement ont
attaqué les journalistes de manière préméditée,
lors de la couverture d’une manifestation
revendiquant des réformes constitutionnelles
et la fin de l’ingérence des services secrets dans
la vie politique. Le correspondant de l’agence
Reuters, Abdel-Hadi Al-Ramhi a été battu par
un civil, avant qu’une vingtaine de personnes
ne prennent la relève, le rouant de coups ainsi
que son assistant, après leur avoir cassé la
caméra. Le chef du bureau de la chaîne AlArabiya, Saad Al-Silawi, ainsi que son équipe,
ont aussi été battus par des civils et des agents
de sécurité. L’équipe a également essuyé des
jets de pierre et les agresseurs ont brisé les
caméras et interdit au journaliste Ghassan
Abou Loz de filmer. Quant au blogueur et
journaliste Mohammad Omar, il a été blessé à
l’œil et à la main, après avoir été roué de coups.
Le 15 mai 2011, les forces de sécurité
ont tiré sur nombre de journalistes qui
couvraient la manifestation du droit au retour,
commémorant le 63ème anniversaire de la
Nakba ; les agents de sécurité et de la police
ainsi que les partisans du gouvernement les
ont également agressés et brisé leurs caméras.
Le correspondant du site Al-Jazeera.Net à
Amman, Mohammad Al-Najjar a été attaqué
alors qu’il était dans sa voiture. Des civils ont
pris d’assaut le bureau du journaliste Jihad
Abou Baidar, le menaçant de brûler ses locaux
et de le tuer. Le journaliste Youssef Damra
a également été menacé de mort suite à la
publication d’une enquête faisant éclater une
affaire de fraude massive contre les citoyens
jordaniens. Le journaliste Omar Al-Maharma a
été blessé d’une pierre à la cornée de l’œil alors
qu’il couvrait une manifestation à Amman le
14 octobre.
Le siège de la chaîne Al-Jazeera a été attaqué
à plusieurs reprises en 2011, et ses employés
ont été poursuivis et menacés. La voiture du
correspondant de la chaîne, Ahmad Jarrar,
a été caillassée. L’Agence France Presse
69
Jordanie 2011
(AFP) a elle aussi eu son lot de violations :
la correspondante Randa Habib a été attaquée
par le quotidien Al-Ra’i au mois de juin dernier
pour diffusion de « fausses informations »
et non-respect de la neutralité, suite à la
publication d’un article révélant que le cortège
royal avait essuyé un jet de pierres. Habib a
reçu plusieurs coups de fil, menaçant de « lui
faire payer cher » ses écrits et des inconnus ont
pris d’assaut le siège de l’agence. Le député
jordanien Yehya Al-Saoud a même demandé
que la correspondante en question soit traduite
en justice et que les bureaux de l’AFP soient
fermés en Jordanie. Les menaces se sont
poursuivies jusqu’en juillet dernier lorsque des
dizaines de personnes ont manifesté devant les
bureaux de l’agence, exigeant leur fermeture.
Des inconnus ont également pris d’assaut
les locaux du quotidien Al-Ghad, dans une
tentative de stopper la distribution du journal ;
ils ont même attaqué l’un des distributeurs, lui
fracturant la jambe.
Les ingérences politiques et sécuritaires dans les
médias se sont multipliées durant l’année. Le
palais royal jordanien a fermement condamné
AFP et Reuters, pour avoir publié des rapports,
faisant état de critiques directes et sans
précédent contre la reine Rania. Par ailleurs,
le député jordanien Mohammad Suleiman AlShawabkeh a proféré des menaces contre le site
Khaberni, insultant ses correspondants à deux
reprises, alors que les services secrets jordaniens
ont « demandé » aux sites d’information de
supprimer un article rapportant une attaque
contre une marche organisée par les Frères
musulmans dans le gouvernorat de Mafraq
au nord de la Jordanie. Le journaliste Omar
Al-Assaf a porté plainte auprès du Centre
national des droits de l’homme contre le chef
des renseignements généraux, Mohammad
Al-Rakkad ; ce dernier était intervenu pour
empêcher Al-Assaf d’occuper un poste de
direction au sein de son journal.
Le nouveau ministre d’Etat aux Médias et à la
Communication Rakan Al-Majali a démis de
ses fonctions le rédacteur en chef du quotidien
Al-Ra’i, Samih Al-Maayta, nommant à sa
place le journaliste Majid Asfour, un ami du
chef du gouvernement. Le rédacteur en chef
du quotidien Al-Ghad, Moustapha Saleh a
70
présenté sa démission, sans donner de raisons.
De même, le comité de rédaction du quotidien
jordanien Al-Arab Al-Yaoum, qui comprend le
président du journal et ex-ministre, Taher AlAdwan, le rédacteur en chef Fahd Al-Khitan et
le directeur économique Salamah Al-Darawi, a
présenté sa démission, en protestation contre
la politique adoptée par le nouveau propriétaire
Elias Jreissat ; la direction du journal les a
directement remplacés.
Le mouvement culturel a organisé une
manifestation
regroupant
poètes
et
intellectuels jordaniens au cœur de la capitale,
en protestation contre le traitement des
journalistes et manifestants par les membres
des services de sécurité. Ils ont par ailleurs
réclamé l’ouverture des dossiers de corruption
dans le secteur culturel et la levée de la censure
imposée aux publications. Par ailleurs, plus de
40 artistes peintres jordaniens ont signé et
soumis au ministre de la Culture une pétition
exigeant des réformes pour améliorer l’image
de leur art en Jordanie.
L’écrivain Walid Hosni a porté plainte
contre la Ligue des écrivains jordaniens qui
lui a refusé l’adhésion. Plusieurs membres
de la Ligue ont présenté leur démission
en raison du « retard dans la publication
d’un communiqué condamnant les actes de
répression et de meurtre des manifestants en
Syrie ». L’Association des artistes jordaniens
a par ailleurs exprimé son mécontentement
quant à la décision de l’écarter du haut comité
du festival de Jerash.
Tel a été l’état des libertés médiatiques en
Jordanie en 2011. Les violations, qui ternissent
l’image du pays, sont considérées par les
artistes jordaniens comme « complètement
étrangères à la société jordanienne ». La
question se pose de savoir quelles sont
les raisons qui ont engendré ces exactions
dangereuses. Pour parvenir à une solution, il
faudrait promouvoir un changement radical
qui aille de pair avec les aspirations des
peuples arabes en général, et des Jordaniens
en particulier. Un tel changement nécessite
de briser les tabous sociaux et politiques
et d’abolir les lois restreignant les libertés
médiatiques et culturelles.
La liberté de la presse et de la culture - Liban, Syrie, Jordanie et Palestine
Le fil des exactions
Janvier
14/1
L’équipe de tournage d’Al-Jazeera agressée à Al-Karak.
Février
11/2
Agression de plusieurs journalistes lors d’une manifestation dans la ville
de Dhiban réclamant la chute du gouvernement.
Mars
25/3
Agression des journalistes Abdel-Hadi Al-Ramhi, Saad Al-Silawi, Ghassan
Abou Loz, Mohammad Omar, Nour Al-Amad, Alaa Al-Fazzaa et
Charhabil Sweilem durant un sit-in réclamant des réformes
constitutionnelles.
Avril
18/4
20/4 Des partisans du général à la retraite Khaled Jamil Al-Sarayra menacent de
mort le journaliste Jihad Abou Baidar et font irruption dans son bureau.
Le journal Al-Ra’i interdit la publication d’un article du journaliste Sami
Al-Zubaidi dans lequel il critique le silence du Syndicat des journalistes
suite à l’attaque du bureau de Jihad Abou Baidar.
Mai
12/5
15/5
Coups de feu sur le domicile du journaliste Bassem Sakjaha.
Agression des journalistes Mohammad Al-Najjar, Mohammad Al-Ramhi,
Rasha Al-Wahsh, Linda Al-Maayaa, Habib Abou Mahfouz, Ashraf
Al-Shiab, Rabih Al-Saoub et Rana Al-Wahsh lors des manifestations
du droit au retour.
Juin
1/6
11/6
Le Tribunal de la sûreté d’Etat met le journaliste Alaa Al-Fazzaa en
détention durant 14 jours dans le cadre d’une enquête concernant des
informations qu’il avait postées sur sa page Internet.
Un inconnu pirate l’adresse électronique du journaliste Qossai Al-Jaaroun
et lui adresse des menaces.
71
Jordanie 2011
Le fil des exactions
15/6
Attaque du bureau de l’Agence France Presse à Amman et menaces
proférées contre la correspondante Randa Habib.
21/6
Démission du ministre d’Etat aux Médias et à la Communication Taher
Al-Adwan, en protestation contre les amendements visant à restreindre la
liberté de la presse et d’expression.
22/6
La voiture d’Ahmad Jarrar, correspondant en Jordanie d’Al-Jazeera,
caillassée.
Juillet
15/7
Agression des journalistes Anas Damra, Ahmad Melkawi, Sami Mahasneh,
Raëd Ouratni, Yasser Abou Hilaleh, Mona Al-Joulani, Khalil Mazraawi,
Mohammad Al-Kaswani, Yazan Khawas, Ali Al-Zoabi et Ahmad Keblawi
durant un sit-in à Ras Al-Aïn.
Octobre
14/10
22/10
Le journaliste Omar Maharmeh blessé à l’œil lors d’une manifestation
à Amman.
Menaces de mort contre le journaliste Youssef Damra.
Novembre
11/11
12/11
Les bureaux du journal Al-Ghad attaqués et plusieurs employés agressés.
Irruption de partisans du régime syrien dans les bureaux d’Al-Jazeera
à Amman.
Décembre
20/12
72
Le ministre d’Etat aux Médias et à la Communication Rakan Al-Majali
limoge le rédacteur en chef du journal Al-Ghad Samih Al-Maayta.
Gaza 2011
Les grenades lacrymogènes israéliennes et les couteaux du Hamas…
Ou comment réprimer les libertés médiatiques et culturelles à Gaza
Widad Jarbouh
L’année 2011 s’est achevée sans que la bande de
Gaza ne parvienne à surmonter les conséquences
du blocus aérien, terrestre et maritime quasi
intégral imposé par les autorités israéliennes.
Quant à l’ouverture du passage de Rafah, le
seul poumon qui permet aux habitants de Gaza
de respirer, elle ne dépend que de l’humeur
des autorités égyptiennes. Au moment où le
printemps arabe fleurit aux quatre coins de la
région, la Palestine n’a toujours pas connu de
véritable printemps. Témoins des soulèvements
populaires qui ont émergé à travers le monde
arabe, les jeunes Palestiniens ont lancé une
campagne avec pour seul slogan : «Le peuple
veut mettre un terme à la division», comme
signe annonciateur d’un éventuel printemps
palestinien. Mais cette ébauche de liberté ne fut
hélas que de courte durée. Les services de sécurité
du gouvernement destitué du Hamas ont adopté
une politique de répression, notamment au cours
des manifestations de jeunes et des mouvements
populaires qui ont accompagné l’initiative pour la
reconnaissance par l’ONU de l’Etat palestinien
en septembre 2011. Pour justifier cela, le Hamas
a entonné la même rengaine de «la protection de
l’intérêt national général».
L’enlèvement et l’exécution en avril du militant
italien Vittorio Arrigoni par un groupe salafiste
a été l’exaction la plus violente contre les libertés
à Gaza en 2011 ; une année qui a connu une
augmentation significative des violations contre
les journalistes, intellectuels et militants des droits
de l’homme. Le mouvement Hamas a poursuivi ses
arrestations, agressions et détentions arbitraires,
en ayant recours à l’intimidation, à l’humiliation
et aux insultes pendant les interrogatoires. Les
autorités israéliennes ont également poursuivi
leurs agressions, en lançant délibérément des
grenades lacrymogènes et en ouvrant le feu sur
les reporters et photographes. Le journaliste
Mohammad Othman a été atteint d’une balle à la
poitrine, le journaliste Mohammad Al-Madhoun
a été grièvement blessé à la tête, et bien d’autres
ont souffert de troubles respiratoires aigus et
d’empoisonnement en raison des grenades
lacrymogènes que les forces israéliennes ont
lancées au cours des manifestations pacifiques.
Dans son approche, le mouvement Hamas
a adopté la politique du double discours. Au
moment où plus d’un responsable du bureau de
presse gouvernemental a insisté sur la nécessité
de ne pas s’en prendre aux journalistes, de mettre
fin aux convocations et de libérer tout journaliste
arrêté, l’ampleur des violations était claire sur la
scène gazaouie. Les services secrets du Hamas
ont poursuivi leur campagne de répression :
coups de poing, coups de pied, matraques en
bois ou en fer, pistolets à décharge électrique
et coups de poignard... Plus de 55 agressions
contre les journalistes, intellectuels, artistes,
blogueurs et militants ont été recensées. Certains
ont même été attaqués plus d’une fois, à l’instar
de la correspondante du Centre SKeyes Asmaa
Al-Ghoul, qui a été bousculée, insultée, battue et
fouillée de manière humiliante dans la rue et au
cours de son interrogatoire. Mais l’exaction la plus
dangereuse a été perpétrée contre la journaliste et
photographe Samah Al-Rawagh : celle-ci a été
poignardée dans le dos, alors qu’elle couvrait
la manifestation populaire visant à mettre fin
à la division inter-palestinienne. De plus, le
photographe de l’agence Reuters, Mohammad
Shanaa, a failli être renversé du balcon de
l’agence et un pistolet a été pointé sur la tempe
du photographe Mohammad Jadallah.
C’est par les menaces et l’intimidation que le
gouvernement destitué du Hamas a forcé les
journalistes à s’abstenir de «propos provocateurs»
dans leurs écrits. Il a multiplié les pressions
exercées sur les journalistes, les convocations,
les arrestations et les investigations sans aucun
justificatif légal ; des cas de torture ont même
été enregistrés pendant leur détention. Plus de
treize journalistes ont été arrêtés cette année,
dont certains plus d’une fois, comme Salah
Abou Saleh. Pour procéder à leur arrestation, le
gouvernement du Hamas n’a trouvé pour seule
73
Gaza 2011
excuse que la «coopération avec le mouvement
Fatah», à l’instar de Ziad Awad, Mahmoud AlBarbar et Hani Al-Agha.
Pour intimider les journalistes et les empêcher
d’exercer leur travail, les services du Hamas
ont également eu recours aux convocations
pour une durée de plusieurs heures. Plus de 27
cas de détention provisoire ont été recensés, et
certains ont même été convoqués plus de trois
fois, comme le blogueur et poète Mahmoud AlMounirawi, qui a été accusé de «propager la laïcité
à travers ses articles et poèmes». Réalisateurs et
artistes n’ont pas été épargnés par les services de
sécurité, comme le rappeur Mohammad Antar et
le réalisateur Jamal Aboul-Komsan.
Le gouvernement du Hamas a fermé les yeux
sur les harcèlements dont les reporters ont été
victimes au cours d’interventions télévisées
en direct, comme Abdallah Mikdad, le
correspondant de la chaîne Al-Quds. Les services
de sécurité ont également fait irruption dans
plusieurs bureaux de presse à Gaza, dont ceux
de l’agence Al-Mayadin, la télévision japonaise et
l’agence Reuters ; ils ont à cette occasion roué les
employés de coups et saccagé les bureaux.
Le gouvernement du Hamas ne s’est pas contenté
de recourir à ses services de sécurité pour mener
sa politique de répression contre les journalistes ;
il a fait appel aux journalistes affiliés au Hamas et
au mouvement du Jihad Islamique, qui ont pris
d’assaut le Syndicat des journalistes deux fois
cette année, forçant les membres du Syndicat
à quitter les lieux sous la menace des armes, et
sous prétexte que le Syndicat est illégal. L’année a
pris fin et les membres du Syndicat sont toujours
incapables d’entrer dans leurs bureaux. Le
gouvernement du Hamas a de même empêché
plusieurs journalistes et blogueurs de voyager
sans raison convaincante. Par ailleurs, l’accès à la
bande de Gaza a été interdit à certains journalistes
étrangers, sauf sur signature d’un papier, par
le biais duquel ils s’engageaient à ne pas porter
atteinte au mouvement Hamas dans leurs écrits.
La poursuite des attaques contre les libertés
publiques et les droits des intellectuels a eu des
répercussions négatives sur la vie culturelle.
La marginalisation de la démocratie et du
pluralisme intellectuel a favorisé une sensibilité
culturelle unique, celle de l’institution religieuse.
La police du Hamas a en effet retiré les romans
«Chicago» de l’écrivain égyptien Alaa Al-Aswany
et «Walima Li Aachab Al-Bahr» (Le festin des
algues) de l’écrivain syrien Haidar Haidar, sous
prétexte qu’ils «portaient atteinte à la morale et
insultaient l’Islam». Il est également impossible
de monter des troupes de théâtre ou de danse
mixtes ; une atteinte aux principes de la religion
musulmane selon le Hamas. Les représentations
théâtrales sont également soumises au contrôle
du gouvernement avant de pouvoir être jouées.
Les événements de l’année 2011 dans la bande
de Gaza ont eu un impact direct sur la liberté
d’expression. En réaction au printemps arabe et
au conflit inter-palestinien, la répression n’a fait
que gagner en ampleur. Mais des signes d’espoir
sont apparus en fin d’année suite au début de
réconciliation entre les mouvements Hamas et
Fatah : la distribution des journaux cisjordaniens
a repris à Gaza et ceux de Gaza sont à nouveau
disponibles en Cisjordanie, après plus d’un
an d’interdiction, idem pour la diffusion des
chaînes de télévision satellitaires proches des
deux camps.
Le fil des exactions
Janvier
26/1
31/1
74
Les romans «Chicago» de l’auteur égyptien Alaa Al-Aswany et «Walima Li
Aachab Al-Bahr» de l’écrivain syrien Haidar Haidar interdits de vente.
La police du Hamas agresse la correspondante de SKeyes Asmaa Al-Ghoul
et plusieurs autres journalistes et blogueuses, dont Nazek Abou Rahmé,
Razan Al-Madhoun, Abir Ayoub et Ibaa Zulfikar Swirjo.
La liberté de la presse et de la culture - Liban, Syrie, Jordanie et Palestine
Le fil des exactions
Février
11/2
Agression du correspondant de la télévision allemande Shawki Yehya
Al-Ghorra.
Mars
8/3
Des journalistes proches du Mouvement Hamas occupent le siège du
Syndicat des journalistes palestiniens.
15/3
Agression de la correspondante de SKeyes Asmaa Al-Ghoul, de la
photographe Samah Al-Rawagh et 20 autres journalistes lors de leur
couverture des manifestations réclamant la fin de la division palestinienne.
17/3
Agression des journalistes Issam et Mahmoud Al-Ajrami, Mohammad
Al-Baba, Wissam Yassine, Khodr Abou Kweik et Ismaïl Al-Zaanoun et du
chercheur Mohammad Abdallah durant un sit-in devant le siège de
l’UNRWA.
19/3
Agression des journalistes Manal Hassan Al-Nawajha, Mustapha Al-Bayed,
Sami Abou Salem, Khaled Al-Ashkar, Mohammad Jadallah, Mohammad
et Abdel-Rahman Shanaa, Munzer Khalil Al-Sharafi et Nasr Aboul-Foul,
lors d’une descente de la police du Hamas dans plusieurs bureaux de
presse à Gaza.
27/3
Agression du journaliste Mohammad Abdel-Nabi.
30/3
Agression des journalistes Ted Nieters, Wissam Mohammad Yassine, Iyad
Talal Taha, Mohammad Al-Hassoum, Mamdouh Al-Sayed et Wajih
Al-Najjar.
Avril
7/4
Le journaliste Mohammad Al-Madhoun blessé lors d’un bombardement
israélien.
14/4
Exécution du journaliste et militant de la paix italien Vittorio Arrigoni par
un groupe islamiste intégriste.
Mai
3/5
15/5
Agression du journaliste Zakaria Al-Talmas.
Les journalistes Mohammad Othman, Hussein Karsoua et Mohammad
Bakr Al-Lawh blessés par les soldats israéliens.
75
Gaza 2011
Le fil des exactions
Juin
13/6
Agression du militant des droits de l’homme Samer Abou Rahmé durant
son interrogatoire.
15/6
Arrestation du journaliste Majed Abou Salameh.
22/6
Agression de l’écrivain Assaad Al-Saftawi durant son interrogatoire.
26/6
Agression du correspondant de France 24 Salameh Atallah durant son
interrogatoire.
Juillet
6/7
Agression du journaliste Samir Hamto par des responsables du journal
Falastin.
10/7
Tentative d’incendie du bureau de l’agence WAFA à Gaza.
Août
21/8
Arrestation du journaliste Fathi Mahmoud Tubail et des blogueurs Arafat
Al-Hajj, Mohammad Siam, Mohammad Ismaïl, Fadi Al-Shafeï et Khalil
Al-Wazir.
Septembre
23/9
27/9
30/9
Arrestation du metteur en scène Jamal Aboul-Komsan.
Le correspondant de la BBC Jon Donnison interdit d’accès à Gaza.
Agression du journaliste Youssef Al-Hélou.
Octobre
11/10
27/10
Des journalistes du Hamas et du Jihad Islamique occupent le siège du
Syndicat des journalistes palestiniens.
Arrestation du journaliste Salah Abou Saleh.
Novembre
22/11
23/11
24/11
27/11
29/11
76
Arrestation du journaliste Ziad Awad.
Arrestation du blogueur Mahmoud Al-Barbar.
Arrestation du journaliste Hani Al-Agha.
Cambriolage du bureau de l’agence de presse SAMA.
Arrestation du journaliste Salah Abou Saleh pour la seconde fois en un mois.
Cisjordanie 2011
Les journalistes, cibles vivantes des soldats israéliens
et victimes des abus de l’Autorité palestinienne
Widad Jarbouh
Au moment où le printemps arabe fleurit aux
quatre coins de la région, les libertés médiatiques et
culturelles ont poursuivi leur déclin en Cisjordanie,
en dépit de l’existence de lois et règlements censés
les garantir. La réalité politique complexe a eu un
impact négatif sur les journalistes et intellectuels
palestiniens qui ont énormément souffert de
l’occupation israélienne. Les soldats israéliens les ont
souvent attaqués délibérément, afin de les intimider
et les empêcher d’exercer leur devoir professionnel,
sans compter les violations perpétrées par les
services de sécurité de l’Autorité palestinienne. Au
milieu de cette réalité difficile, le meurtre de l’acteur
et réalisateur Juliano Saliba Khamis, à Jénine, par
des inconnus armés au début du mois d’avril, a
déclenché une large vague de condamnations dans
les milieux populaires et culturels palestiniens.
Les journalistes ont constitué une «cible vivante»
pour les soldats israéliens, qui les ont empêchés de
rapporter les violations commises à l’encontre du
peuple palestinien. Balles en caoutchouc, grenades
lacrymogènes et assourdissantes, pulvérisation
d’eaux usées mélangées à des produits chimiques...
34 attaques directes et préméditées ont été
recensées cette année, notamment au cours de la
couverture des manifestations hebdomadaires
contre la colonisation et la clôture de séparation ;
plusieurs journalistes, reporters, photographes
et militants des droits de l’homme ont souffert
de troubles respiratoires aigus et de brûlures. Les
soldats israéliens ont également confisqué et détruit
les équipements de plusieurs bureaux de presse,
après y être entrés par effraction.
Les artistes et les théâtres n’ont pas non plus
échappé aux attaques. Les soldats israéliens ont pris
d’assaut le théâtre Al-Hurriya (La Liberté) et en
ont détruit l’enceinte après avoir cassé les fenêtres
vitrées. Ils ont également procédé à l’arrestation
de son directeur Adnan Ibrahim Naghnaghieh
et du président du conseil d’administration Bilal
Khaled Al-Saadi. Les membres de l’équipe du
théâtre Al-Ahlam (Les Rêves) ont été fouillés de
manière humiliante et les autorités israéliennes ont
interdit à nombre de journalistes et d’intellectuels
palestiniens de voyager, sans raison valable. Israël
a également interdit la diffusion du livre «Pilier
du trône de Dieu, sur la religion et la politique en
Israël» de l’écrivain Ahmad Rafic Awad dans les
territoires palestiniens, un livre qui «met en relief
le phénomène d’intégrisme religieux dont la société
israélienne est fortement imprégnée».
Les autorités israéliennes ont arrêté et interpelé
plus de 19 journalistes et ont relâché 12 après les
avoir interrogés. La «détention administrative» a
pris une ampleur considérable cette année ; c’est
une pratique qui consiste à arrêter une personne
sans quelconque acte d’accusation ni procès, avec
possibilité de renouveler plusieurs fois la détention
pour une période pouvant atteindre les six mois;
tel a été le cas du journaliste Walid Khaled dont
la détention administrative a été prolongée à deux
reprises. L’année 2011 a pris fin et les journalistes
Nawaf Al-Amer, Walid Khaled et Raëd Al-Sharif
sont toujours détenus dans les geôles israéliennes.
Sur le plan interne, le conflit politique entre les
mouvements Fatah et Hamas a eu des répercussions
négatives sur la liberté d’expression en Cisjordanie.
Certes, un accord de réconciliation a été conclu
en fin d’année et les services de sécurité des deux
mouvements ont changé de comportement vis-àvis des journalistes et intellectuels, cependant les
violations se sont poursuivies aussi bien à Gaza
qu’en Cisjordanie. Le système politique palestinien
a joué un rôle primordial dans le renforcement
de l’autocensure appliquée par les journalistes, de
crainte qu’ils ne soient attaqués. Plus de 20 cas
d’arrestation et de convocation ont été recensés
et certaines personnes ont même été convoquées
plus d’une fois par les services de sécurité de
l’Autorité palestinienne, à l’instar du journaliste
Sami Al-Assi et du photographe Asiad Amarneh.
De même, plusieurs journalistes, appartenant à
des institutions médiatiques opposées à l’Autorité
palestinienne ont été attaqués et interrogés et
77
Cisjordanie 2011
leurs équipements confisqués, comme les
mouvement Hamas.
au
Contrairement à l’article 19 de la loi fondamentale
palestinienne qui garantit les libertés d’opinion et
d’expression à l’intérieur des territoires palestiniens,
des poursuites judiciaires ont été menées à l’encontre
de plusieurs journalistes, accusés notamment de
«porter atteinte au prestige de l’État» ; la plupart
d’entre eux travaillent au sein d’institutions
médiatiques proches du mouvement Hamas. Et
pour mener à bien cette politique d’intimidation
psychologique, voire de torture morale, les procès
ont été retardés et les jugements ont été reportés
sans justification légale, parfois même jusqu’à
six fois, à l’instar de l’écrivain Issam Shawar et du
journaliste Alaa Al-Titi, qui ont été acquittés par
la suite. La violation des libertés culturelles en
Cisjordanie a pris de l’ampleur avec la décision
du procureur général palestinien de mettre fin à la
diffusion de l’émission satirique «Watan Aa Watar»,
sous prétexte qu’elle porte atteinte au rôle des services
de sécurité, des autorités judiciaires et des professions
médicales ; c’est la première fois que le procureur
général décide de mettre fin à un programme diffusé
sur la télévision nationale palestinienne.
Ainsi, les libertés médiatiques et culturelles en
Cisjordanie en 2011 ont été tantôt bafouées par
l’occupation israélienne, et tantôt laissées à la merci
du conflit inter-palestinien. Mais rien ne semble
décourager le Palestinien ; il puise du printemps
arabe, en plein essor dans les pays voisins, la force
qu’il lui faut pour poursuivre sa lutte, dans l’espoir
de pouvoir goûter à son tour au printemps, et de
confirmer une croyance profonde, selon laquelle
le véritable printemps arabe débute en Palestine, et
s’achève en Palestine.
Le fil des exactions
Janvier
17/1
La Sécurité préventive palestinienne (SPP) arrête le journaliste Issam
Shawar.
24/1
La SPP arrête le chercheur à l’Université nationale An-Najah Adnan
Aoudeh.
24/1
Le bureau d’Al-Jazeera à Ramallah attaqué.
26/1
Le bureau de l’agence Pal Media à Naplouse attaqué.
Février
4/2 15/2
17/2
Le photographe Haitham Al-Khatib blessé lors d’une manifestation
hostile à la clôture de séparation à Bilin.
La SPP arrête le journaliste Sami Al-Assi.
Les forces israéliennes bloquent la reconstruction du siège du Syndicat des
journalistes palestiniens à Hébron.
Mars
16/3 L’émission satirique «Watan Aa Watar» déprogrammée pour empêcher la
diffusion d’un sketch critiquant le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi.
17/3
Les chaînes de télévision arabes interdites dans la prison israélienne de
Shata.
78
La liberté de la presse et de la culture - Liban, Syrie, Jordanie et Palestine
Le fil des exactions
Avril
4/4 15/4
17/4
19/4
21/4
Assassinat du metteur en scène Juliano Khamis à Jénine.
Les forces israéliennes font irruption dans le théâtre Al-Ahlam à Hébron.
La SPP prolonge la détention du journaliste Islam Al-Halaika.
Le photographe Wajdi Ashtieh agressé.
Les forces israéliennes arrêtent l’écrivain Ahmad Katamesh.
Mai
15/5 Les autorités israéliennes placent le journaliste Walid Khaled Ali en
détention administrative pour une période de six mois.
15/5
La police israélienne agresse le journaliste Hisham Abdel-Hafiz
Al-Sharabati.
22/5
Une unité israélienne fait irruption dans le domicile de Murad Al-Sudani,
secrétaire général de l’Union générale des écrivains palestiniens.
26/5
Une unité israélienne fait irruption dans le domicile du journaliste Alaa
Al-Titi.
27/5
L’écrivain Firas Jaber arrêté par les forces israéliennes.
Juin
13/6 13/6
17/6
18/6
28/6
Les services de renseignement palestiniens séquestrent le journaliste
Ahmad Al-Khatib et confisquent des photos lui appartenant.
La journaliste Ibtihal Mansour violemment agressée.
L’artiste Rabih Turkman atteint d’une balle en caoutchouc lors de la
manifestation hebdomadaire à Bilin contre la clôture de séparation et
la colonisation.
Le photographe Wajdi Ashtieh blessé à la main par une grenade
lacrymogène à Naplouse.
Les forces israéliennes arrêtent le journaliste Nawaf Al-Amer et le
directeur du Centre d’études Al-Ahrar Fouad Al-Khafash.
Juillet
5/7
9/7
10/7
Un tribunal israélien condamne le journaliste Nawaf Al-Amer à cinq mois
de prison.
Le photographe Hazem Badr agressé à Hébron.
Les forces israéliennes arrêtent le journaliste Mohammad Bisharat.
79
Cisjordanie 2011
Le fil des exactions
22/7
25/7
27/7
29/7
Le photographe Haitham Al-Khatib blessé par une grenade lacrymogène
lors de la manifestation de Bilin.
Israël interdit la diffusion dans les territoires palestiniens d’un livre écrit
par Ahmad Rafic Awad.
Les forces israéliennes font irruption dans le théâtre Al-Hurriya à Jénine
et arrêtent son directeur Adnan Ibrahim Naghnaghieh et le président du
conseil d’administration Bilal Khaled Al-Saadi.
Agression du journaliste Mouhib Al-Barghouthi lors d’une manifestation
à Nabi Saleh.
Août
9/8 16/8
21/8
22/8
25/8
Les services de renseignement israéliens arrêtent le correspondant
d’Al-Jazeera en Afghanistan Samer Allawi.
Le procureur général palestinien décide l’interdiction de l’émission
satirique «Watan Aa Watar» diffusée sur la télévision palestinienne.
Les forces israéliennes arrêtent le journaliste Asiad Amarneh.
Les forces israéliennes arrêtent le journaliste Amer Abou Arfeh.
L’universitaire Abdel-Sattar Kassem détenu pendant 15 jours sur ordre du
Parquet palestinien.
Septembre
9/9 Les forces israéliennes arrêtent Mohammad Breijieh, porte-parole du
Comité populaire de résistance contre la clôture et la colonisation.
9/9
Le reporter de Palestine TV Haroun Amayra et le photographe Fadi
Al-Jayoussi atteints de troubles respiratoires durant la répression
israélienne de la manifestation de Bilin.
10/9
Le journaliste Georges Canawati détenu pendant deux jours par le Parquet
palestinien.
16/9
Le photographe Alaa Badraneh blessé lors de l’irruption israélienne dans
le village de Kasra.
20/9
Le photographe Ayman Al-Noubani blessé lors de l’attaque par les colons
israéliens d’un village proche de Naplouse.
22/9
Les services de renseignement palestiniens arrêtent le journaliste
Mohammad Mona.
23/9
Un journaliste français blessé lors de la manifestation de Nabi Saleh.
27/9
La SPP arrête le journaliste Mohammad Bisharat.
80
La liberté de la presse et de la culture - Liban, Syrie, Jordanie et Palestine
Octobre
5/10
La SPP arête le journaliste Mohammad Mona pour la seconde fois en deux
semaines.
6/10
Le Parquet palestinien prolonge la détention du journaliste Sodki Moussa.
11/10
Les journalistes Firas Tnaineh, Achraf Katkat, Sara Al-Adra et Mohammad
Radi atteints de troubles respiratoires lors de la répression israélienne d’un
sit-in devant la prison d’Ofer.
26/10
Le photographe Majdi Al-Safadi atteint d’une pierre lancée par des colons
israéliens à l’ouest de Ramallah.
29/10
Les journalistes Fidaa Nasr, Hussam Abou Allan, Abdel-Hafiz Al
Hashlamoun et Hazem Badr blessés lors de la répression israélienne d’une
manifestation à Beit Ummar.
Novembre
14/11 18/11
Les forces israéliennes arrêtent le journaliste Raëd Al-Sharif.
Les journalistes Majdi Ashtieh, Issam Al-Rimawi et Mohammad Turkman
blessés lors de la manifestation de Nabi Saleh.
Décembre
2/12
7/12
9/12
19/12
28/12
30/12
31/12
31/12
Le photographe Walid Maamoun blessé par une grenade lacrymogène lors
de la manifestation de Bilin, et le journaliste Majid Ashtieh agressé par les
forces israéliennes durant la manifestation de Nabi Saleh.
Les forces israéliennes arrêtent le coordinateur du forum culturel Tanwir
Youssef Abdel-Haq.
Les photographes Najib Farawneh et Ali Abou Rahmé blessés lors des
manifestations de Nabi Saleh et Bilin.
La journaliste Linda Shalash blessée par une grenade lacrymogène tirée
par les forces israéliennes devant la prison d’Ofer.
Les forces israéliennes arrêtent le journaliste Amine Abou Wardé.
Le journaliste Issam Al-Rimawi atteint d’une grenade lacrymogène lors de
la manifestation de Nabi Saleh.
Le photographe Ashraf Abou Shawish atteint d’une grenade lacrymogène
lors de l’irruption de colons israéliens dans le village d’Assira Al-Qiblia.
La police palestinienne empêche le chanteur Bassel Zayed de compléter sa
chanson lors des célébrations du Nouvel An à Ramallah.
81
Territoires de 1948
Politique de répression et lois racistes contre les
Palestiniens des Territoires de 1948
Firas Talhouk
L’année 2011 s’est refermée sur des lois racistes
votées par la Knesset et des violations continues
contre le droit des journalistes arabes dans
les Territoires de 1948... Au cours des douze
mois de l’année, les autorités israéliennes ont
inlassablement poursuivi leurs violations à
l’encontre des libertés médiatiques et culturelles,
faisant fi des conventions internationales pour la
protection des libertés et de la diversité culturelle.
Attaques physiques, convocations, arrestations,
éloignement forcé sans chef d’accusation ni
procès, interdiction d’accès aux journalistes,
irruption dans les institutions médiatiques,
confiscation ou destruction de matériel...
les forces israéliennes ont fait preuve d’une
grande violence à l’encontre des journalistes,
photographes et reporters. Les autorités
israéliennes n’ont pas hésité à arrêter les
journalistes à bord de la «Flottille de la liberté
pour Gaza» et ont essayé de faire passer un
projet de «loi sur la diffamation», perçu par
les journalistes arabes et israéliens comme une
tentative de museler la presse.
Les autorités israéliennes ont poursuivi
leurs attaques à l’encontre des journalistes
de Jérusalem, leur interdisant régulièrement
d’exercer leur devoir professionnel, notamment
dans la cour de la mosquée Al-Aqsa, dans le
quartier palestinien de Ras Al-Amoud et dans
le village de Selwan à Jérusalem. Le 28 janvier
2011, les autorités israéliennes ont interdit à plus
de 21 journalistes et reporters de couvrir les
affrontements entre les soldats et les habitants
de Selwan. Le 11 mars, les soldats israéliens ont
attaqué plus de 17 journalistes à coups de gaz
lacrymogène, avant de leur barrer le passage et
de les asperger d’eau boueuse. La journaliste
Diala Jwaihan, les photographes Ahmad Jalajel,
Ahmad Siam et Moammar Awad ainsi que des
dizaines de leurs collègues ont été plus d’une
fois agressés et interdits d’accès à la ville. Le
16 janvier, des membres de la police ont roué
de coups le journaliste Hussein Al-Abra, et un
policier a même essayé de lui rouler dessus, pour
l’empêcher de filmer la destruction du village
d’Al-Araqib dans le Néguev, bien qu’Al-Abra lui
ait montré sa carte de journaliste.
Les autorités israéliennes ont même menacé les
journalistes étrangers de les empêcher d’entrer en
Israël au cas où ils participaient à la «Flottille de
la liberté», et les violations ont atteint leur apogée
lorsque la marine israélienne a pris d’assaut les
bateaux de la flottille «Vagues de liberté pour
Gaza» ; elle a brutalisé et menacé les journalistes
et militants à bord avant de les arrêter puis de les
relâcher, les forçant à signer un document dans
lequel il reconnaissaient être entrés illégalement
en Israël. De nouvelles techniques immorales
pour humilier les journalistes ont également été
adoptées : les membres du Shin Beth, le service
de contre-espionnage et de sécurité intérieure de
l’État d’Israël, ont soumis les journalistes à une
inspection humiliante et cruelle, notamment
les Turcs et les Arabes parmi eux, alors qu’ils
s’apprêtaient à couvrir la conférence annuelle pour
la presse étrangère, tenue par le Premier ministre
Benjamin Netanyahu à l’occasion du Nouvel An.
La sécurité israélienne a forcé la correspondante
de l’Agence France Presse, Sarah Hussein, à
retirer son soutien-gorge, après lui avoir fait subir
une palpation humiliante derrière un rideau.
Tout au long de l’année 2011, les autorités
israéliennes ont empêché les journalistes
d’entrer à la mosquée Al-Aqsa pour y couvrir
les événements, notamment quand les colons
israéliens en ont envahi l’enceinte. Le Parquet
a émis un acte d’accusation à l’encontre du
journaliste Mahmoud Abou Ata en mars 2011,
pour avoir couvert les événements à la mosquée
Al-Aqsa en 2009. De même, le photographe
Farid Saleh a été arrêté lors de la couverture d’un
festival, et il a été éloigné de la vieille ville pour
83
Territoires de 1948
une période de 15 jours. Les journalistes Mona
Al-Kawasimi et Mayssa Abou Ghazaleh ont
été arrêtées alors qu’elles filmaient l’intrusion
de colons israéliens dans la mosquée Al-Aqsa ;
à noter que leurs téléphones portables et caméras
ont été confisqués.
Les autorités israéliennes ont pris d’assaut le
bureau du site web Hon Falastin, après avoir
arrêté le reporter Moaz Qaymari et confisqué
toutes les caméras. Elles ont par ailleurs mis fin à
la diffusion de la radio Sawt Al-Salam (Voix de la
Paix) après avoir fait irruption dans les bureaux
de la station et menacé son directeur. Les forces
israéliennes ont également procédé à l’arrestation
du propriétaire du site web Baladee, Imad AlMerhi, et l’ont contraint à la réclusion à domicile
loin de son village natal et de son lieu de travail.
Son procès a été ajourné à plusieurs reprises. Des
membres de la police israélienne ont également
pris d’assaut le théâtre Al-Hakawati à Jérusalem,
sur ordre du ministre de la Sécurité, et ont par
ailleurs procédé à l’arrestation de son directeur
Jamal Ghosheh.
Nombre de lois racistes visant à éradiquer
l’histoire et l’identité des citoyens arabes
dans les Territoires de 1948 ont accompagné
cette politique de répression. Les lois les plus
importantes demeurent celles visant à interdire
l’appel à la prière des muezzins et la nomination
de juges arabes à la Cour suprême. Un projet
de loi obligeant les citoyens arabes à signer
un serment d’«allégeance à l’État d’Israël»
comme condition pour l’obtention d’une carte
d’identité, d’un passeport ou d’un permis de
conduire, a également été proposé.
Le rideau est tombé sur l’année 2011 marquée
par des violations graves contre les libertés
médiatiques et culturelles dans les Territoires
de 1948. Les autorités israéliennes semblent
plus déterminées que jamais à faire passer
à la Knesset de nouvelles lois racistes. Avec
l’éventualité d’élections législatives anticipées
en Israël, les libertés médiatiques et culturelles
risquent d’être, une fois de plus, victimes de
la course effrénée au pouvoir et des positions
extrémistes des partis israéliens.
Le fil des exactions
Janvier
4/1 Arrestation du directeur du Centre d’information de Wadi Hilweh Jawad
Siam.
10/1 Menaces de mort adressées au journaliste Zuhair Andraos.
16/1 Agression du journaliste Hussein Al-Abra par la police israélienne.
22/1 Le photographe Hamza Naaji blessé par une balle en caoutchouc.
28/1 La journaliste Diala Jwaihan et le photographe Ahmad Jalajel blessés par
une grenade lacrymogène.
30/1 Le président de la Commission des libertés dans les Territoires de 1948
Amir Makhoul condamné à neuf ans de prison.
Février
4/2 84
Les journalistes Diala Jwaihan, Mahmoud Olayan, Mohammad Abou
Sneineh, Moammar Awad et Mahfouz Abou Turk blessés par des grenades
lacrymogènes israéliennes à Ras Al-Amoud.
La liberté de la presse et de la culture - Liban, Syrie, Jordanie et Palestine
Le fil des exactions
17/2 L’artiste Fidaa Al-Chaer condamné à trois ans de prison.
Mars
16/3 25/3 Agression et arrestation du photographe Ahmad Jalajel.
Arrestation du photographe Nour Karameh pour avoir pris des photos de
l’affrontement entre la police israélienne et des militants de la paix
à Selwan.
Avril
5/4 22/4 24/4 27/4 29/4 Poursuite judiciaire contre des enseignants arabes ayant pris part à la grève
de la «Journée de la Terre».
Interdiction d’un festival dans la ville de Qalansuwa à l’occasion de la
Journée du prisonnier palestinien.
Arrestation du photographe Farid Saleh pour avoir pris des photos d’un
rassemblement dans la mosquée Al-Aqsa.
Irruption des forces israéliennes dans le théâtre Al-Hakawati de Jérusalem.
Le photographe Ahmad Siam blessé par une balle en caoutchouc.
Mai
15/5 15/5 17/5 27/5 Agression de l’équipe de tournage d’Al-Jazeera composé de Shirine Abou
Akleh, Najwan Samri, Nabil Mazzawi, Maamoun Othman et Majid Safadi
par des partisans du régime syrien.
L’Université Hébraïque interdit la projection du film «Maaloul» à l’occasion
de la journée de la Nakba, et l’Université de Haïfa interdit une conférence
sur la Nakba.
La sécurité de l’Université Hébraïque interdit aux étudiants arabes de
participer au festival du patrimoine palestinien.
Les journalistes Diala Jwaihan, Ata Owaissat et Sleiman Khodr agressés
lors d’une manifestation à Ras Al-Amoud.
Juin
1/6 5/6 5/6 Arrestation des journalistes Mona Al-Kawasimi et Mayssa Abou Ghazaleh.
Interdiction d’une conférence intitulée «Oui à Jérusalem palestinienne
et arabe».
Agression du photographe Ahmad Siam.
85
Territoires de 1948
Le fil des exactions
Août
14/8 Arrestation du président de l’association Hurriyat (Libertés) Mohammad
Kanaana.
Septembre
5/9 Fermeture de l’organisation palestinienne An-Najah (La réussite) à
Jérusalem.
23/9 Le photographe Moammar Awad grièvement blessé à Ras Al-Amoud.
23/9 Arrestation du directeur du Club des prisonniers palestiniens à Jérusalem
Nasser Qaws.
28/9 Arrestation du photographe Ahmad Jalajel.
Octobre
10/10 23/10 Le journaliste Abdel-Latif Ghaith interdit d’accès à la Cisjordanie pour
une période de six mois.
Irruption des forces israéliennes dans les locaux du site Hon Falastin et
séquestration du reporter Moaz Kaymari.
Novembre
3/11 16/11 17/11 Abordage de la flottille «Vagues de liberté pour Gaza» et interpellation
violente des journalistes Lina Atallah, Casey James, Ayman Zubair, Jihane
Hafez et Hassan Ghani.
Arrestation de la journaliste Israa Salhab.
Arrêt de la diffusion de la radio Voix de la Paix.
Décembre
21/12 86
Interdiction des chants en arabe et d’un concert à l’Université de Haïfa à
l’occasion de la fête de Noël.
conclusion
Que faire, face aux violations de la liberté d’expression ?
Joseph Melhem Al-Hachem
Les violations menées contre les libertés médiatiques et culturelles dans chacun des quatre pays
couverts par l’activité du Centre SKeyes, à savoir le Liban, la Syrie, la Palestine et la Jordanie, ont pris
différentes formes. Le nombre significatif de violations recensées par le Centre SKeyes en 2011 va à
l’encontre des aspirations du printemps arabe et des peuples assoiffés de liberté et de démocratie, après
de longues décennies de répression.
Plusieurs journalistes et intellectuels des quatre pays concernés ont été traduits en justice et soumis à
des interrogatoires devant les tribunaux civils et militaires. Leurs procès ont très souvent été ajournés
et les jugements prononcés étaient, pour le moins, injustes et illégitimes, portant même atteinte au
pouvoir judiciaire et favorisant un climat d’autocensure qui inhibe la liberté d’expression et le potentiel
de créativité.
En contrepartie, les agressions menées à l’encontre des journalistes, intellectuels et blogueurs ont
rarement fait l’objet d’un suivi judiciaire digne de ce nom. Les attaques ont pris diverses formes, allant
de la violence physique au meurtre, en passant par les coups, les menaces, les convocations répétées,
les détentions et les enlèvements. Mais l’exaction la plus atroce fut certes la mutilation des corps,
notamment en Syrie.
Les violations perpétrées à l’encontre des médias électroniques ne furent pas moins nombreuses :
piratage, mise en place de lois restrictives, utilisation de sites web affiliés aux autorités et à leurs services
secrets en vue de nuire à la réputation des journalistes et menaces postées sur leur page personnelle.
Nombre de blogueurs ont également été arrêtés sous des prétextes fallacieux, et les autorités,
notamment à Gaza et en Syrie, ont même interdit à certains d’entre eux de voyager pour assister à des
conférences à l’étranger.
Tous ces abus imposent aux journalistes, artistes, intellectuels et blogueurs de prendre certaines mesures
indispensables, afin de consolider les moyens de prévention contre les violations de toutes sortes :
1. Documenter tous les actes de violence, menaces et attaques et les soumettre aussi vite que possible
aux organisations de défense des droits de l’homme et aux autorités compétentes.
2. Renforcer les liens et favoriser la coopération entre les différents membres du corps médiatique,
culturel et artistique.
3. Reconnaître que la liberté et l’impartialité de l’autorité judiciaire sont des conditions essentielles
au libre exercice de la profession journalistique, culturelle et artistique. Il serait donc important de
trouver un lien, même moral, entre le corps judiciaire d’une part et le corps médiatique et culturel
de l’autre, en dénonçant toute pression exercée sur le pouvoir judiciaire et en révisant les textes de
loi afin d’en combler les failles et promouvoir les libertés.
87
conclusion
4. Prendre conscience qu’il existe des idées préconçues à l’origine des violations contre les libertés, à
savoir toutes les idéologies qui justifient les attaques menées contre les journalistes et intellectuels ou
celles, non moins dangereuses, qui incitent à l’extrémisme religieux, fondées sur une interprétation
des textes religieux pour « diviniser » ces attaques.
5. Accorder une importance particulière aux attaques perpétrées contre les femmes journalistes,
intellectuelles et artistes, et les considérer comme une forme particulière des violations des droits
de la femme et de sa liberté.
6. Prendre conscience que ces violations ne ciblent pas uniquement les journalistes, intellectuels
et artistes arabes, mais également les étrangers, y compris les Européens et les Américains ; les
dernières victimes étant les journalistes français Gilles Jacquier et Rémi Ochlik, et la journaliste
américaine Mary Colvin, tués en Syrie.
7. Prendre conscience du phénomène des prétendus journalistes et intellectuels, chargés par les
autorités d’inciter contre leurs collègues journalistes, les idées libérales, les droits de l’homme
et la liberté d’expression. Le corps médiatique doit donc faire face à ces personnes qui ne sont
pas moins cruelles que les censeurs et les agresseurs, de part leur violation de la sacralité de la
profession.
8. Coordonner les efforts de toutes les parties concernées par la lutte pour les libertés médiatiques
et culturelles et trouver des idées pratiques pour organiser des ateliers de travail périodiques et
des conférences spécialisées pour étudier les violations, leurs causes et les moyens d’y remédier. Il
serait également indispensable de former les journalistes et intellectuels à leurs droits.
9. Intégrer les principes relatifs aux libertés dans les curriculums des facultés de droit, de sciences
politiques, de journalisme et de documentation.
10. Œuvrer pour l’adoption de nouvelles lois qui accompagnent le développement technologique et
empêcher toute forme de restriction et de censure électronique.
Ces recommandations, ou « dix commandements », ne constituent que les premiers pas, dans le long
chemin que doivent entreprendre les militants des droits de l’homme et les défenseurs de la liberté
d’expression, pour protéger la scène médiatique et culturelle des violations de toutes formes.
88
Statistiques
Les violations des libertés de la presse
et de la culture… en chiffres
1- Assassinat de journalistes, intellectuels et militants des droits de l’homme
Journalistes
Artistes
Militants des droits de l’homme
Académiciens
4
4
1
2
Syria
1
Gaza
1
Cisjordanie
Aucun journaliste, intellectuel ou militant des droits de l’homme n’a été assassiné au Liban et en Jordanie en 2011,
mais cette année fut particulièrement sanglante en Syrie, où les journalistes Ferzat Jerban et Bassel Al-Sayed, le
chanteur Ibrahim Kachouch, l’écrivain et dirigeant politique Mechaal Tamo, les militants des droits de l’homme
Maan Al-Awdat, Ghayath Matar et Ziad Al-Obeidi, ainsi que les universitaires Naël Al-Dakhil, Mohammad Ali
Akil, Ouss Khalil et Mohammad Al-Omar ont été sauvagement tués. A Gaza, le journaliste et militant de la paix
italien Vittorio Arrigoni a été exécuté par un groupe islamiste extrémiste, et le metteur en scène Juliano Khamis a
été assassiné en Cisjordanie.
89
Statistiques
2- Peines de prison contre les journalistes, intellectuels et militants
des droits de l’homme
3
3
Syrie
2
Cisjordanie
Territoires de 1948
3- Arrestations de journalistes, intellectuels et militants des droits de
l’homme
Liban; 5
Territoires de 1948; 29
Cisjordanie; 23
Gaza; 3
Jordanie; 1
90
Syrie; 157
La liberté de la presse et de la culture - Liban, Syrie, Jordanie et Palestine
En Cisjordanie:
par les forces
israéliennes
15
8
par l’Autorité
palestinienne
0
2
4
6
8
10
12
14
16
Quinze journalistes, intellectuels et militants des droits de l’homme ont été arrêtés en Cisjordanie par les forces
israéliennes et huit par les services de l’Autorité palestinienne.
4- Agression de journalistes, intellectuels et militants des droits de
l’homme
Acteurs non-étatiques
Services officiels
Forces israéliennes
4
4
14
51
3
8
Liban
Syrie
21
55
1
Jordanie
Gaza
34
38
1
2
5
Cisjordanie
Territoires de 1948
Le nombre de cas d’agression de journalistes, intellectuels et militants des droits de l’homme relativement faible
en Syrie ne doit pas être interprété comme un signe positif, car les cas effectivement enregistrés en Syrie ont été
particulièrement violents, à l’instar de l’agression du caricaturiste Ali Ferzat, des parents du pianiste Malek Jandali
et de l’artiste Jalal Al-Tawil.
91
Statistiques
5- Journalistes, intellectuels et militants des droits de l’homme
interrogés
Services officiels
Forces israéliennes
4
27
13
11
6
5
3
Liban
Syrie
Gaza
Jordanie
Cisjordanie
Territoires de 1948
6- Menaces proférées contre les journalistes, intellectuels et militants
des droits de l’homme
11
11
3
1
Liban
92
Syrie
Jordanie
Cisjordanie
2
Territoires de 1948
La liberté de la presse et de la culture - Liban, Syrie, Jordanie et Palestine
7- Bureaux de presse et centres artistiques attaqués
Cisjordanie; 2
Liban; 2
Cisjordanie; 2
Syrie; 4
Gaza; 5
Jordanie; 5
8- Jugements rendus au Liban dans des procès impliquant des
journalistes
20
12
Perdus
Gagnés
En 2011, le Tribunal des imprimés au Liban a statué à 20 reprises en faveur des plaignants contre des journalistes
ou des institutions médiatiques, et à 12 reprises en faveur des journalistes ou institutions médiatiques accusés.
93
Statistiques
9- Censure contre les médias et les arts
Livres
Journaux
Représentations artistiques
Cinéma
Emissions
2
2
1
10
1
6
2
1
1
Liban - censure
officielle
1
1
Liban - censure
non officielle
6
Syrie
Jordanie
1
2
Gaza
1
1
Cisjordanie
Territoires de 1948
Ce graphe montre le nombre d’œuvres d’art et de médias totalement ou partiellement censurés en 2011 par les
autorités officielles. Il montre également un trait spécifique au Liban : la censure imposée par des acteurs non
étatiques, comme dans les cas de la Middle East Airlines qui a interdit la distribution du journal Al-Akhbar à bord
de ses avions, les menaces proférées contre le groupe LMFAO qui a par conséquent annulé son concert à Beyrouth,
et la décision de dissimuler le nom de Steven Spielberg sur les affiches du film « Tintin ».
Cependant, ce graphe ne permet pas de comparer l’ampleur de la censure dans la région, étant donné que les
films, livres ou séries télévisées censurés dans un pays ne l’étaient pas dans d’autres. Un bon outil de comparaison
présenterait l’attitude des autorités à l’égard de la même œuvre dans chacun des pays ; un tel cas ne s’est pas présenté
en 2011.
94
La liberté de la presse et de la culture - Liban, Syrie, Jordanie et Palestine
10- Sites internet piratés
Cisjordanie; 2 Territoires de 1948;2
Gaza; 1
Jordanie; 7
Liban; 17
Syrie; 10
95