Quelques observations sur le personnel du laboratoire J. A.
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Quelques observations sur le personnel du laboratoire J. A.
Toulouse, dimanche 29 novembre 2009 Quelques observations sur le personnel du laboratoire J. A. Dieudonné de Nice Le présent récit relate certains comportements édifiants qu’il m’a été donné d’observer aux cours de séjours au sein du laboratoire de mathématiques de l’Université de Nice. Il peut être distribué sans restriction à toute personne qui s’intéresse aux interactions fructueuses que peuvent entretenir l’incompétence, la jalousie, les abus de pouvoir et la lâcheté ordinaire dans une unité d’enseignement et de recherche. A l’origine de cette affaire, il y eut la chaire d’excellence obtenue à Nice par Persi Diaconis, une célébrité dans le domaine de la statistique et des probabilités. J’étais alors en poste à Marseille et il m’invita pour une collaboration de six mois. Au terme de celle-ci, j’avais émis le souhait de rester dans le laboratoire qui m’avait accueilli, suivant en cela une suggestion de quelques collègues et avec le soutien de Persi Diaconis, ma démarche ne faisant que poursuivre sa tentative de développement des probabilités à Nice. Force est de concéder que l’équipe de probabilités avait été mise à mal par le départ de ses meilleurs éléments, dont Pierre Del Moral, qui avait réussi à convaincre Persi Diaconis d’accepter sa chaire d’excellence. Mais cette prétention de venir à Nice heurta la mentalité de petit chef, Yannick Baraud, statisticien local qui crut déceler en moi un intérêt pervers pour ses platebandes ... Son intelligence obtuse est reconnue de ses pairs et entre autres exploits, elle l’avait fait s’opposer ridiculeusement à la chaire d’excellence de Persi Diaconis et elle est à l’origine du départ de Pierre Del Moral, excédé de ses harcèlements sournois et du laissé faire partial du directeur du laboratoire, Philippe Maisonobe. Il ne faut pas longtemps pour se rendre compte que Yannick Baraud appartient à cette catégorie d’enseignants-chercheurs dont la volonté d’influer sur la politique scientifique (en cherchant à truster toutes sortes de comités et de conseils) est inversement proportionnelle à l’ouverture d’esprit. Ne partageant pas son hypocrisie et n’ayant pas la réputation de mâcher mes mots, je l’ai informé de ce que je pensais de son comportement et j’ai questionné son bilan en tant que chef de l’équipe de statistique-probabilités, sans trop sacrifier aux ambages traditionnels, je le reconnais. Me rappelant, trop tard malheureusement, que souvent dans notre milieu il n’est de plus mauvais goût que celui qui consiste à remettre en cause des choix passés, aussi insatisfaisants soient-ils, je me suis rétracté et empreint d’un esprit de conciliation je suis allé présenter mes excuses à Yannick Baraud et lui faire des propositions de collaboration. Peine perdue, la stupidité de certaines personnes est d’une rigidité à toute épreuve ... Je me demande quel traumatisme est à l’origine de cette soif pathologique à vouloir tout contrôler et de cette peur fantasque qui lui fait croire que j’aurais pu chercher à lui faire de l’ombre, peut-être un petit complexe d’infériorité mal géré ? 1 Entretemps mon attrait pour Nice avait dépassé la sphère professionnelle car j’y avais rencontré “l’âme soeur”. J’ai vraiment joué de malchance, car ceci provoqua une jalousie maladive de la part d’un chimiste hébergé par le laboratoire de mathématiques, Patrick Cassam-Chenaı̈, qui avait des vues secrètes sur cette personne. Se considérant, sans plaisanter, comme “le summum de la sélection naturelle”, il jura qu’il me détruirait par tous les moyens ! Diantre, j’aurais dû commencer à me douter que les dieux n’étaient pas très favorables à ma venue à Nice et qu’ils devaient avoir d’autres projets pour moi. L’égo blessé de Patrick Cassam-Chenaı̈ lui fit donc perdre son masque habituel de flagorneur obséquieux et la raison avec. Ainsi pendant presque un an il m’abreuva de harcèlements obscènes, de menaces (par exemple de me rendre paraplégique) et d’invitations à venir me battre, proférées devant des collègues médusés. Pour essayer de le calmer, j’ai dû aller jusqu’à contacter sa femme suivant les conseils (pas toujours avisés ...) de la police. Toutefois je restais optimiste et je pensais que tout finirait par rentrer sereinement dans l’ordre quand Patrick Cassam-Chenaı̈ se rendrait compte de l’immaturité ridicule que révélait son attitude de macho psychorigide. Mais j’ai été trop confiant en ses possibilités, car manifestement n’en pouvant plus, il a fini par passer à l’acte à l’entrée même du laboratoire de mathématiques et devant ma fille, en me frappant sans prévenir au visage puis en me tabassant dans le dos. Quand j’ai réussi à m’extraire de ses coups, il n’est même pas redescendu de son délire et a continué à vociférer que ma place n’était pas ici (pour lui ce n’est pas un problème que de s’ériger en décideur suprême du laboratoire) et que la prochaine fois ce serait pire ! On aurait pu pourtant s’attendre à un minimum de maı̂trise de soi de la part de quelqu’un qui pratique intensivement le kung-fu depuis plus de vingt ans et qui se dit imprégné de pensée taoiste ! Un petit trait d’humour de Philippe Maisonobe “s’il pratique les arts martiaux, c’est qu’il en a vraiment besoin pour garder son sang froid ...” m’a éclairé : Patrick Cassam-Chenaı̈ trouve dans cette pratique un exutoire au fait que sa réussite dans la vie n’a pas été à la hauteur de sa prétention hypertrophiée. Il est vrai que cette disposition d’esprit rend l’existence douloureuse et je comprends que l’Université de Nice n’ait pas voulu lui interdire sa pratique du kung-fu sur le campus (si vous y passez, jetez-y un oeil, c’est un spectacle assez consternant) : il ne faudrait pas qu’il se détraque encore plus ! D’ailleurs je ne saurais trop conseiller à ses collègues d’être très gentils avec lui ... Par contre, je n’ai pas pu me résoudre à être aussi indulgent, j’ai donc porté plainte à la police et l’affaire suit son cours, les témoins ont été auditionnés et je viens d’apprendre qu’après plusieurs mois de non réponse aux convocations qui lui étaient faites, Patrick Cassam-Chenaı̈ avait heureusement retrouvé un peu de courage et s’était rendu au commissariat. Mais la rage obsessionnelle de Patrick Cassam-Chenaı̈, bien qu’impressionnante au début, n’aura pas été la caractéristique la plus affligeante de cette affaire. Voyez plutôt la réaction de Philippe Maisonobe, toujours directeur du laboratoire. Celui-ci a commencé par refuser à m’aider à localiser les témoins (c’est un autre collègue, André Galligo, qui a dû envoyer le courriel collectif qui a permis de les retrouver, action qui a évidemment été désapprouvée par Philippe Maisonobe !). Ensuite il m’a interdit l’accès au laboratoire alors que j’y étais en mission, l’agresseur lui n’a été inquiété d’aucune sanction ... Enfin quand j’ai officiellement demandé un changement d’affectation sur Nice, selon les recommandations du comité national du CNRS (qui est l’organisme chargé d’évaluer le travail des chercheurs du CNRS), il l’a refusé. Quel dommage qu’il n’ait pas à justifier sa décision, je me réjouissais pourtant d’admirer comment son argumentation se faufilerait pour éviter l’écueil de ses véritables motifs ! Toutefois cette déception a été largement compensée par 2 l’heureuse surprise de constater que Philippe Maisonobe avait finalement été capable de prendre une décision : ayant plusieurs fois eu l’occasion de le voir complètement désemparé et bégayer en face de situations difficiles, j’avais fini par ne plus voir en lui que velléité et poltronnerie, allant jusqu’à vilainement le soupçonner de confondre la direction d’un laboratoire de mathématiques avec celle d’une maison de retraite pour copains (parmi les pratiques qui y sont d’usage, figure celle d’attirer des directeurs de recherche par le recrutement pas trop sourcilleux de leur conjoint ... petite devinette distrayante : un des personnages de ce récit en aurait-il profité ?). Mais le véritable mérite de cette évolution remarquable revient à Jean-Marc Gambaudo, ex-directeur adjoint pour les mathématiques au CNRS, car c’est lui qui, après m’avoir suggéré d’attendre un an, avait fini par me conseiller de demander officiellement un changement d’affectation pour obliger Philippe Maisonobe à sortir du flou dans lequel il avait une tendance naturelle à se réfugier. Il ne fait aucun doute que Jean-Marc Gambaudo est, lui, un grand chef. Il sait parler avec éloquence de la politique scientifique, de la mobilité des chercheurs et d’autres blagues du même tonneau. Il sait prêter une oreille attentive, presque compatissante, aux diverses revendications. Que ses beaux discours ne se retrouvent pas dans sa pratique, qu’il soit impossible de séparer en lui la bonne foi de la mauvaise ou qu’il puisse prendre des décisions sans rien connaı̂tre d’une affaire (j’exagère en disant cela, au pire il dispose toujours de quelques ragots des copains), ne font que confirmer sa carrure. Le CNRS ne s’est d’ailleurs pas toujours montré dupe à propos du laboratoire de mathématiques de Nice et il avait exigé la création d’un conseil du laboratoire pour épauler le directeur (peut-être faut-il préciser ici que le poste de directeur d’un laboratoire de recherche est en général très peu couru, d’où le risque non négligeable que son occupation soit caractérisée par le manque d’envergure, surtout dans les petites universités). Malheureusement il semblerait que ce conseil demeure confidentiel, ce qui permet au processus décisionnel de continuer à bénéficier de toute l’obscurité nécessaire. Ce terreau favorise aussi toutes sortes de bruits, le plus récurrent est que Philippe Maisonobe ne serait qu’un homme de paille, le véritable patron étant Gilles Lebeau. Difficile d’y voir clair, quand l’intéressé lui-même se définit comme “très faux cul”. Mais pardonnons-le lui, car il est académicien de son état et ce statut le préserve d’avoir à se demander comment, à moi tout seul, je peux être aussi dérangeant, voire dangereux pour l’ordre établi de son laboratoire, au point qu’il faille m’en éloigner par tous les moyens, y compris ceux qui ne seraient même pas tolérés dans une cour de collège. Après tout il n’est pas à Nice pour s’occuper d’orientations scientifiques, et encore moins d’éthique, ce type de questions ne pouvant s’envisager sérieusement que sous la coupole. Pourtant à la cantine il lui arrivait parfois de s’indigner de certaines aberrations du système, c’était assez plaisant à écouter quand on sait le peu de consistance de ses convictions ... Malgré l’exposition de mes motivations initiales, vous devez maintenant vous demander pourquoi je me suis obstiné à vouloir nager à contre-courant d’autant d’hostilités. C’est qu’il se trouve tout de même dans ce laboratoire des personnes à l’esprit moins grégaire et moins enclins aux petites magouilles de renvoi d’ascenseur local. Pour terminer sur une note plus rassurante, je tiens donc à leur rendre hommage. J’ai déjà fait allusion à André Galligo, nous avons travaillé ensemble et il m’a toujours soutenu quand pour beaucoup d’autres, qu’il est inutile de mentionner ici, il était plus commode de faire l’autruche. Il a cherché à trouver des solutions, en favorisant les contacts entre les gens. C’est le seul à s’être inquiété de ce que les actes de Patrick Cassam-Chenaı̈ indiquaient de son état de 3 souffrance psychologique et à s’étonner que personne ne lui suggère d’avoir recours à une aide extérieure. Mais pourquoi s’en soucier, puisque la violence qui en découle arrange bien les affaires de certaines personnes sus-mentionnées. Un soutien qui sort du commun est celui de Yann Brenier. C’est l’une des rares personnes à Nice à s’être interrogé sur le fond de cette histoire et sur ce qu’elle révèle sur le manque d’esprit d’ouverture scientifique d’un laboratoire ou sur l’arbitraire suspect de la part de sa direction. Son analyse de la situation et des intérêts des différents acteurs, sur certains points plus cinglante et plus amusante que la mienne (pour Yann seulement : je ne te mettrai pas plus en porte-à-faux avec tes collègues en répétant en public tes propos) m’ont convaincu qu’il ne partageait pas la frilosité ambiante et qu’il ne s’accommodait pas de l’injustice, surtout quand elle devait s’allier à la violence physique pour s’imposer. Certes le monde universitaire, comme tous les milieux, recèle son lot de personnes peu respectables. Mais la particularité du laboratoire de mathématiques de Nice est qu’ils y font autorité et qu’il ne s’y trouve pas de personnalités suffisamment solides et dotées d’une vision scientifique exigeante pour faire taire leur revendications transpirantes de médiocrité. Dans tous les laboratoires que j’ai fréquenté auparavant, je n’avais pas encore été exposé aux relents de mentalités aussi étriquées, aussi aggripées à leur petits privilèges. Néanmoins, il aurait été dommage que je n’en eusse jamais fait l’expérience directe. D’autant plus que cette histoire m’assure un certain succès quand je la raconte, tout particulièrement auprès des étrangers qui ont du mal à me croire, et c’est dans l’espoir de vous divertir pareillement, ô patients lecteurs arrivés jusqu’ici, que j’ai affuté ma plume aujourd’hui. Laurent Miclo Directeur de Recherche CNRS 4