Le monsieur météo de Guipavas

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Le monsieur météo de Guipavas
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RENCONTRE // KEJADENN
BiO'
1989
Michel Aïdonidis
intègre pour quelques mois
le centre météo à Guipavas
2011
après avoir travaillé pour le SHOM,
il prend la direction
du centre météo
1h30
temps d’ascension du ballon
sonde avant d’exploser
Michel Aïdonidis
Le monsieur
météo
de Guipavas
« Ce sont 70 ans d’histoire qui s’envolent » a joliment
résumé Michel Aïdonidis, le chef du centre météorologique de Brest. En effet, le 18 avril dernier s’est déroulé
le dernier lancement manuel d’un ballon de radiosondage,
mettant ainsi fin à plus d’un siècle de pratique en
France. Une page vient de se tourner...
D
epuis 1945, c’est à Guipavas, près de l’aéroport
que se situe le centre météorologique de Brest. À sa
tête : Michel Aïdonidis entouré de
25 personnes qui travaillent dans
des domaines aussi variés que le
radiosondage, l’aéronautique et les
prévisions pour la SNCF et la Marine.
Aller - retour
Michel Aïdonidis dans son bureau de Météo France à Guipavas
Si Michel Aïdonidis est à son poste
depuis cinq ans, il connaissait
cependant déjà la maison : en
1989, fraîchement arrivé de la
région paloise, il intègre l’ancien centre météo, à l’époque
juste en dessous de la tour de
contrôle de l’aéroport. Alors technicien, il conserve un « excellent
souvenir » de cette période : « ça a
duré seulement six mois, puis j’ai
été reçu à un concours d’ingénieur.
J’ai dû partir à Toulouse pour 3 ans
d’études supplémentaires ». Bien
lui en a pris, puisqu’il passera 20
ans à travailler pour le ministère
de la défense, tout en gardant « un
étroit contact avec Météo France »,
en tant que chargé d’études d’impact de la météo sur les opérations
aéronavales. En 1992, il intègre le
service hydrographique et océanographique de la marine (SHOM)
d’abord à Toulouse puis à Brest en
1996. Un poste qui lui offre son lot
de voyages.
Guipavas : dernier centre
de lancer manuel
De retour sur Guipavas, Michel
Aïdonidis est aujourd’hui fier d’être
à la tête du centre météo breton,
une des cinq bases de lancement
en métropole, mais surtout celui
qui « restera dans l’histoire comme
étant le dernier à avoir lancé manuellement le radiosondage ». En
effet qu’il pleuve, qu’il vente ou
qu’il neige, deux fois par jour, depuis 1945, un radiosondeur s’est
rendu dans un discret local de
l’aéroport pour gonfler un énorme
ballon en latex. Rempli d’hélium,
celui-ci s’envolait emportant avec
lui un petit capteur, enfermé dans
un emballage de polystyrène qui
transmettait des informations,
toutes les demi-heures, au technicien météo resté au sol.
« La fin d’une époque »
Depuis le 18 avril, la machine a pris
le relais pour un lâcher automatisé
ou plutôt « semi-automatique »,
comme le précise Michel Aïdonidis, « à nous d’apporter l’expertise
humaine ». La machine gonfle un
ballon d’hydrogène, le lâche et récupére les données automatiquement. Et si le vent est trop fort, le
robot attend une accalmie. Mais il
reste néanmoins tributaire des humains en cas de panne et pour se
faire réapprovisionner en ballon !
pauline bourdet