Revue belge de numismatique et de sigillographie

Transcription

Revue belge de numismatique et de sigillographie
REVUE
DE hk
NUMISMATIQUE
BELGE,
PUBLIEE SOUS LES AUSPICES OE LA SOCIETE NUMISMATIQUE
PAR MM.
R.
CHALON,
2» SÉRIE.
L.
DE COSTER ET CH.
—
TOME
1
PIOT.
V.
gX^-Çi.
BRUXELLES,
LIBR.\IRIE
POLYTECHNIQUE D'AUG, DECQ,
9,
RUE DE LA MADELEINE.
1855
,
22 -—
PLUSIEURS MONNAIES ÉPISCOPALES INÉDITES,
DE LANGRES.
I'(..\Ncirii II.
ne nous
Il
a pas
paru déplacé de soumettre au congrès
scientifique ouvert à Dijon,
10 août ISoi, plusieurs
le
monnaies nouvelles de Langres, à cause des
existé entre ces
tique
comme
La
deux
villes
au point de vue de
siècle,
réunie dans
cession de Charles le
Langres,
C'est
deux
numisma-
ateliers
même main
la
Chauve au
et la science constate
charte royale datée de l'an
la
la
à celui de Ihisloire.
fabrication monétaire de ces
neuvième
liens qui ont
lut,
par une con-
profit d'Isaac,
évèque de
avec bonheur l'existence de
874
(').
en laveur de labbaye de Saint-Etienne de Dijon
que révèque de Langres obtint
le
droit de forger des espè-
ces dans la ville qui devint depuis la capitale de la
gogne,
de
le
i)L
et
nous pensons
l'olïicine dijonnaivSe
Chauve, par
(I)
au
MM.
qu'il faut
dans
le
Fougères
reconnaître un produit
denier catalogué à Charles
et
Manuel de numismatique du moyen
Baiithélemv. p. 136.
Bour-
Conbrouse, sous
ûijc et
moderne ,
p;ir
la rubri-
M. Aw\xotK
—
i>â
—
peu attributive de Saint-Etienne
«jne trop
monogramme de Charles
qui porte d'un côté le
GRATIA D ^ 1 REX, présente
STEPHANI MONE (TA).
mule
Ce denier,
(').
avec
la for-
au revers ces
trois
mots SCI
Quoique
de Langres (Andematunum, Antoma-
l'origine
tunum, Lingones)
se perde dans la nuit des temps,
malgré
l'importance des Lingons à l'époque où, de concert avec
Senonais,
les
allaient porter leurs
ils
armes jusque dans
Rome, aucune monnaie
gauloise ne saurait être attribuée
spécialement à cette
Peut-être en
ville.
tiennent parmi celles qui sont
chefs inconnus de la Lyonnaise
est-il
qui
lui
classées sous les
(') et l'on
appar-
noms de
peut espérer qu'il
sera donné, dans l'avenir, de les reconnaître d'une
manière
positive.
Pour l'époque mérovingienne, Langres
à présent, beaucoup plus riche.
nous paraît être
dans
sa
giens.
la
le
seul
numismate qui en
nomenclature des
Encore
ateliers
nom du monnayer
le
n'est pas,
pièce indiquée par cet auteur
quant
M. Anatole de Barthélémy
fasse
mention
monétaires mérovinn'est-il
pas
lisible
sur
(*).
L'ère carlovingienne offre plus de ressourcés. Toutes les
n'ont pas l'avantage de posséder
villes
sion royale
;
une base certaine
c'est là
un
titre
de conces-
d'oii résultent
bien
des conséquences.
Pour en
linir
avec
les
documents
Chauve^ 4* planche,
{')
Villes de Charles le
(^)
M. DucuALAis, Deseriplion
écrits qui
l'« col., n» 3.
des médailles gauloises de la liiùliulhcque
royale, 110*373, 574, iib, H^J, 452, 455, 4(50 à 4o9.
(*)
M. A.
i>E
concernent
Bautiielemy, Manuel, p. 22, uo51I.
—
cetUJ:
concession, disons qu'elle fut confirmée pqr Cliorles
Gros en 887,
le
—
iJ4
nialions,
comme
Ces deux confir-
et
par Euiies en 889
la
charte originaire, sont d'un grand poids
(').
dans une question d'attribution qui divise
Deux systèmes
de
nom ou un monogramme
sont-eUes royales elles-mêmes, ou bien émanent-
de Tollicine épiscopalc?
elles
,
numismates.
sont en présence. Les monnaies carlovin-
giennes langroises qui portent un
roi,
les
>|lest remarquable de constater que, jusqu'au denier
Hugues que nous
jus(|u'au
aspect
faisons connaître aujourd'hui, c'est-à-dire
onzième
purement
de
siècle
,
la
monnaie de Langres a un
loyal.
L'explication de cette particularité nous semble facile,
ceux qui considèrent cette monnaie
comme
.ei
royale nous
paraissent surtout déterminés par le désir de combler de
regrettables lacunes dans les séries des rois
Nous partageons complètement
(').
l'opinion de
MM. Anatole
de Barthélémy et Poey-d' Avant, qui restituent aux évèques
toutes les pièces de Langres.;
En
qiie ait
effet, la
eu
concession de
le droit d'inscrire
'
<
.
874 n'implique pas que réyô-
son
nom
sur la monnaie. C'était
au contraire une conséquence de l'uniformité établie naguère par Charlemagne, dans l'administration, que toutes
les
espèces portassent
Les concessions
le
faites, à
nom ou
le
monogrannne du
roi.
l'époque carlovingiennc, n'ont pas,
selon nous, d'autre sens que d'attribuer aux concessionnfiires le bénéfice et la responsabilité
(')
M. A. DE Bartuélemy, AJunvel,
(')
M. I'oet-d'Avant. Description de sa
de
la fabrication, tout
p. 137.
coHcctiov, p.
3,3 1.
25
en rcsorvanl au prince Thonneur
produits.
Pour nous
n'est pas applicable
et le droit d'en
signer les
moderne, qui
servir d'une expression
dans toute son étendue, mais qui rend
bien notre pensée, l'évèque de Langres n'était que
teur de
la
fabrication de sa ville.
ce n'ait pas été
supposant
même que
l'esprit de ces libéralités, lintérèt de ceux
là
qui en étaient
En
le direc-
l'objet
leur conjniandait impérieusement
d'ouvrer à des types connus, estimés du peuple, et auxquels
la
Comment
raison commerciale les eneliainait.
au surplus, que
l'on
considère
les
la
admettre,
espèces de Langres soient royales lorsque
cbarte de 874, et qu'on voit deux rois
dif-
férents se plaire successivement à la conlirmer?
C'est à des types d'apparence royale
ou impériale qu'ont
premiers deniers connus de Langres
été frappés les quatre
à l'époque carlovingienne, savoir: 1" celui
monogranime de Cbarles, empereur, qui
dessiné par
M. de Longpérier sous
des monnaies de
M. J Rousseau;
.
qui a été décrit par
le
livir^yS** le.detîiei'au
dailler
de
la
même
nom de; Raoul
nom
n° 471 de
le
2" celui au
auteur sous
le
indiqué par M. de Longpérier sous
\sl
nom
Notice
de Louis
n°556 du
même
qui existe dans lenié-
3" plancbe des Villes
les raisons
le
été
;
Cbauve par MM. Foula 3"
de ce prince. Ne
faut-il
le n" 1
a;
précédent numéro
de
gères et Conbrouse sous
au
et
liibliotbêque inipériale de France et.qui
4" le denier catalogué à Cbarles le
par
au
a été décrit et
que nous avons données, en
colonne de
la
pas cependant^
faire
des
mon-
naies épiscopales?
C est
les
ici le
termes
lieu
de placer un soupçon que nous suggèrent
mêmes de
la
concession de 874, non pas sur
la
qualité de râtelier, mais sur l'époque exacte de son établis-
—
—
Lu diarte originaire porlc, en
scinont.
corde à Isaac, pour
pour
2()
celle
l'église
que
le roi ac-
de Saint-Mamniès de Langres
de Saint-Étienne de Dijon,
ne possédaient pas antérieurement
habere non consueverant.
effet,
Ne
»
«
la
monnaie
et
qu'elles
monetam quam antea
peut-on pas induire de cette
précaution (nimia praecautio dolus) que ces ateliers avaient
au contraire, fondés auparavant par l'évèque,
été,
roi
ne
fit
cas
où
il
que
le
que leur donner une existence légale? Dans
le
en aurait été
ainsi, le
et
denier dont nous venons de
parler pourrait être le résultat de l'usurpation postérieu-
rement légitimée de l'évèque, ou pourrait,
mes, avoir été fabriqué avant
la
date de
la
en- d'autres ter-
émis des deniers au
est impossible
même
de distinguer
nom
y
qu'il
lisés (').
là
un ou
Parmi
pièces
,
être
qu'il
sujet, c'est
plusieurs types continués ou
ces
dû
les pièces langroises
de Louis. Tout ce qu'on peut dire à ce
a
a
uns des autres.
Viennent ensuite chronologiquement
au
il
nous croyons
type, mais
les
Nous
concession.
admettons cependant qu'après cette concession,
les
immobi-
unes sont antérieures au
denier épiscopal de Hugues, les autres paraissent être postérieures. Gela
rait se faire
que
que cet évêque
aussi
été
ne nous paraît pas inexplicable, car
la tentative
de Hugues
ait été
cette
même
pour-
réprimée et
ait repris la fabrication d'aspect royal
on peut admettre que
il
;
comme
tentative n'ait pas
couronnée du succès attendu, en ce sens que
le
peuple,
n'accordant pas sa confiance à ces espèces nouvelles au
nom
de Hugues, aurait contraint ce dernier à revenir au type
précédent.
(')
Il
n'y a
qu'un numismate de
M. I'oet-d'Avant,
la localité
Dc6crij)liu)i de sa collcdivn, p. 351.
qui puisse
—
l'aire jaillir la
27
—
Uiinièrc de ces dillérenles variélés de iiiomi-
ments réunies avec
soin.
nom
Celte fabrication an
de Louis
prolongée sans
s'est
doute longtemps, mais M. Anatole de Barthélémy l'élend
beaucoup
que
trop. Cet auteur pense
les
émissions au type
royal durèrent jusqu'à Manassès de liar-sur-Seine, évoque
en 1179;
c'est ce
son manuel, de
qui résulte du tableau qu'il a formé, dans
la série
des évèques dcLangrcs
(»).
Cette notice a pour but de faire remonter le terme extrême
de
la
première partie de ce monnayage jusqu'à Hugues de
Breteuil, et, au plus tard, jusqu'à Bernard
sur-Seine exclusivement.
certaine
que
On
Hugues de Bar-
ne saurait dire d'une manière
cette limite est définitive, parce qu'il peut sur-
gir quelque denier d'un
évèque antérieur qui vienne
la
changer.
')iEn attendant, voici la description
monnaie connue maintenant sur
Langres, un
HUGO
>ï<
nom
Hh
,.
EPISCOPV,
laquelle se rencontre, à
;
entre deux grènetis aplatis et
dans
le
.
ȕ<
champ une
l*""^
LINCONIS CVTS,
aj)latis;
dans
le
et
deux
au 4° d'une
);»!
croisette.
entre deux grènetis également
champ une
laquelle sont placés
croix carlo-
.^
,
vingieiine cantonnée au
Kev.
plus ancienne
la
d'évèquc.
en légende rétrograde
;i!
de
croix fichée, au-dessus de
traits
en forme de chevron
désuni.
D. Ar.
—
M.
comte deVesvrottc, numismate distingué,
(>)
le
I».
l'age 137.
gr. 1.52
('25
grains forts).
— Diam.
21
«M.
à Dijon,
—
<|ui
28
—
possède ce denier, possède aussi Tohole que nous repro-
duisons sous
Mais celle-ci, dont
le n° 2.
incohérentes, parait être postérieure
cl elle pèse
nom
ces
deux pièces à
de Louis
portent
le
qu'elles
en sont
de
la
et
de Langres, qui
celles
qui sont plus anciennes, on sent
continuation. Si Ton rapproche le denier
que M. Conhrouse
celui
métal est analogue
onze grains.
compare
Si l'on
le
;
légendes sont
les
a dessiné, sous le n° 3 de la
planche XLIll du catalogue des monnaies nationales de
France, l'analogie est frappante. Le
nom
de l'évèque est
disposé en sorte de trompe-l'œil, c'est une espèce de con-
du nom de Louis. Pour simuler
trefaçon
LVDOVICVS
le
croisette qui est
graveur a
en
même temps
serait-ce point encore
du peuple que
le
suivre le
fait
pour mettre en défaut
champ,
môme
part de
(Jet
une innovation pour
tré
que
dans
et
le
Il
cette croix,
ne
s'agissait
nom
sur
succès de laquelle
monnaie
cette circonstance aussi
Dans notre système,
il
qu'un
le
nom
trait;
certainement
la
monnaie
fallait
était
beaucoup
le
locale antérieure avait été
complète que possible.
denier de Hugues que nous
venons de décrire a succédé au type royal
nons à penser que
son
dans
de précautions. Nous croyons avoir démon-
l'imitation de la
ait inscrit
;
évêque d'une usurpation proprement
mais l'introduction de son
de prudence
revers le
croix fichée; seulement le denier, au
denier de Hugues en a deux.
dite,
Au
semblablement
de Louis, ne présente, au-dessus de
la
d'une
la perspicacité
sens rétrograde a été adopté?
la ville est écrit et figuré
le
HVGO
l'emblème de l'évèque. Ne
nom de
pas de
cruciforme de
l'o
mot
nom
c'est
réellement
le
,
et
nous
incli-
premier évêque qui
sur les espèces. Maintenant quel est
—
de ce denier?
l'ùge
pièces
à
du onzième
Wtte époque;
29
vraiment de
Il sufllit
siècle
—
pour se convaincre
largeur du
la
placer à côté de
le
rpi'il
appartient
flane> Taloi, le style, tout
concourt à aous donner raison. Mais
il
y a un embarras,
qu'au onzième siècle on trouve deux évèques du
c'est
de iJugucs. L'un occupa
Hugues
c'est
de Breteuil;
I",
Bar-sur-Seine, occupa
Nous
îcsitimons
le siège
que
c'est
le
Bernard Hugues, de
l'autre
même
de 1065 à 1085.
siège
au premier
qu'il
le
nom
second joint à son
Bernard; d'autre part, sur
donner
faut
préférence, et nous nous fondons pour cela
sur ce que
,
dune
que dans
la
du denier, qui nous
l'aspect
cette pièce qui est capitale
numismatique de Langres
siècle
pour
nous passons en revue tous
,
produits connus de cet atelier, nous ne voulons pas
les
omettre, pour être complet
1" le
est
:
denier de billon de Guillaume H, de Joinville, qui
faisait partie
Il
du
dernière.
Puisque à l'occasion de
la
la
part,
de Hugues celui de
paraît devoir être classé dans la première moitié
plutôt
nom
cpiscopal de 1032 à 1049,
de
la
riche collection de
compris entre
l'épiscopat
les
M. Poey-d'Avant
années 1209
de cet évêque. Son
et
style exclut
(').
1219, durée de
entièrement l'idée
d'attribuer à son prédécesseur et h son successeur médiat,
tous deux
que nous
2°
du nom de Hugues,
faisons connaître
le
pour
denier portant ce
la
et
fois.
Nous ne voulons pas non plus omettre un autre denier
inédit qui fait encore partie de la
de M.
(')
première
nom
le
comte de Vesvrotte;
remarquable collection
cette dernière pièce qui porte
Voy. sa Description, p. 353, n° IS 37.
—
\e
nom
50
—
de Gui no saurait être, en labsence de preuves et de
('ocuincnts, attribuée plutôt à
Gui
de 1250 à 1266, qu'à Gui
de Genève
à
II
I""^
de Hoehefort, évèque
,
évèque de 1266
1296, Elle ressemble au denier de Guillaume décrit par
M. Poey-d'Avant
seul est chanj^é,
même
manière
de
Pour
lys.
lieu
et
indiqué par nous. Pour l'avers,
GVIDO
est
orné sur
le revers,
la
de LLXGOîVENSIS,
sans ornements dans
d'une étoile
et
au
les
lieu
les
la
GVL;
légende est
Guillaume en pèse
la
fleurs
lieu d'être
cantons est cantonnée au premier
est gothique.
la
forme
Voy. if 3.
Gui pèse 14 grains, tandis que
1
nom
de
VRBS LINGOiMS au
du champ, au
au troisième d'un croissant; de plus,
pièce de
le
l'écu divisé
deux pièces de quatre
et la croix
du premier n de lingonensis
Enfin
de
7.
Ph. Salmon.
celle
de