Gilles Barbier

Transcription

Gilles Barbier
© Marc Domage
Gilles Barbier
Still library, 2014
FIAC HORS LES MURS - JARDIN DES PLANTES
Enfouis dans une réplique d’une proliférante nature
« shootée aux amphétamines » (d’après les mots
de l’artiste), un bureau et des piles de volumes de
l’Encyclopédia Universalis attirent le regard du
spectateur qui pénètre dans la Ménagerie du Jardin des
Plantes. Sa première réaction est souvent celle d’une
surprise intéressée face à la veine hyperréaliste de
l’oeuvre qui cherche à nous faire oublier son caractère
pourtant artificiel. Tenté de vérifier si ces plantes sont
réelles ou non, la curiosité tactile est particulièrement
mise à contribution. L’œuvre composée de plantes en
plastique et de moulages en résine, met en scène une
fausse nature anarchique en opposition à celle bien
réelle du Jardin des Plantes, mais dominée et maîtrisée
par l’Homme.
Still Library fait écho à la biographie de son auteur : né
au Vanuatu, en Océanie, Gilles Barbier s’est ici inspiré
de la forêt tropicale de sa jeunesse. Il a aussi repris
une thématique qui lui tient à cœur, celle des livres,
et plus particulièrement des encyclopédies et des
dictionnaires dont la copie à la gouache sur de grands
formats lui a permis une première reconnaissance dans
le milieu artistique. Passionné de bandes dessinées
et de science-fiction, Gilles Barbier donne à son
œuvre une dimension qui pourrait être prémonitoire
: Still Library peut se lire comme un avertissement
écologique.
à partir d’éléments signifiants tels que les livres, les
lampes (bougies modernes), et les fragiles éléments
en verre récurrents dans les vanités du XVIIe siècle.
Mais le terme anglais « still » évoque aussi l’impression
paradoxale de calme que l’on éprouve en contemplant
l’œuvre, et l’idée d’une certaine continuité : il s’agirait
de souligner la permanence de la culture, symbolisée
par cette « library », ainsi que celle de l’art. Le bureau
recouvert est en effet figé par le processus artistique.
Et de conclure avec les mots équivoques de Gilles
Barbier lui-même : « Aujourd’hui, quand on me parle
de l’art et de la vie, de l’art c’est la vie ou de ce genre de
choses, je me demande toujours si l’on parle de la vie
ordonnée et lisible ou de l’autre, grouillante, emmêlée
et sauvage. »
Clémence Bidot, Marie Boudeele, Lili Davenas
Elèves de l’Ecole du Louvre
Le titre, polysémique, renvoie à la « still life » anglaise
(nature morte) et à son sous-genre pictural de la vanité.
Cette œuvre proposerait ainsi au spectateur de méditer
sur la disparition de l’Homme et de la civilisation
Depuis 2010, les étudiants de l’école du Louvre participent à une opération originale de médiation, en lien avec le plus large
public. Cet exercice pédagogique de terrain, est également l’opportunité pour l’Ecole de réaffirmer son implication dans l’étude
et la diffusion de l’art contemporain. Retrouvez toutes les notices rédigées par les étudiants à cette occasion sur www.fiac.com

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